• 23.09.2009. HONDURAS. LE PRESIDENT ZELAYA DÉNONCE UN PLAN POUR L´ASSASSINER ET DEMANDE DE SOUTENIR CONCRÈTEMENT SON PEUPLE

    mardi 22 septembre 2009

    Le président du Honduras, Manuel Zelaya, a dénoncé ce mardi les plans du gouvernement putschiste de prendre d´assaut l’ambassade du Brésil où il se trouve depuis lundi, pour le capturer et l’assassiner et pour que des médecins légistes déclarent ensuite que le mandataire s’est suicidé.

    « Nous sommes menacés d´une attaque cette nuit contre l’ambassade du Brésil (...). Ils planifient ma capture et mon assassinat pour que des médecins déclarent que je me suis suicidé », a déclaré le Président lors d´une interview exclusive à teleSUR depuis Tegucigalpa.

    « Je veux dire à la xommunauté internationale que Manuel Zelaya Rosales ne se suicide pas, qu´il est vivant et qu´il va continuer à se battre pour ses principes avec fermeté, et qu´il préfère mourir avec fermeté plutot que de s’agenouiller devant cette dictature. Que cela soit bien clair pour ces tyrans qui veulent gouverner ce pays avec la force des armes », a-t-il ajouté.

    Il a exprimé son souhait que les annonces par le Brésil et les Etats-Unis (EE.UU.) de convoquer pour ce jeudi le Conseil de Sécurité de l’ONU afin de traiter le thème du Honduras, ainsi que la pression qu’exerce la Communauté internationale, se traduisent par un soutien concret au peuple hondurien en train de souffrir et "qui ne mérite pas ce destin après tant de sacrifices, tant d’exploitation durant des décennies, il temps que justice lui soit rendue ».

    « Nous remercions sincèrement la Communauté internationale et les présidents de tous les gouvernements qui nous ont soutenus sincèrement et nous allons les remercier davantage quand la démocratie et la paix seront rétablies dans le pays » a-t-il ajouté.

    Via Campesina, dans une note diffusée mardi, explique que la répression policière se poursuit et dénoncent des centaines d´arrestations, des personnes blessées et des morts. Certains stades sont transformés comme au Chili en 1973, en camps de concentration. Le coup d´État médiatique se prolonge : les médias se chargent de rejeter la faute de ce tout qui se passe sur le président Zelaya et sur la résistance et tente de faire croire que "l´ordre règne" et que rien ne se passe pour freiner la mobilisation.

    Le mouvement social informe également de ce que les personnes qui accompagnaient le président Zelaya ont abandonné l´Ambassade du Brésil où elles ètaient pratiquement emprisonnées - privées d’aliments, d`eau et depuis hier d’énergie, un petit groupe de personnes est resté avec le président Zelaya.

    Manfestation populaire de soutien au peuple hondurien, hier dans les rues de Caracas.

    Sources : TeleSur et Via Campesina


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  • Le Honduras, ou comment l'oligarchie reprend le pouvoir

    Alors que l’Europe continue avec persévérance à s’enfoncer dans le paroxysme de l’ultra libéralisme qu’est la crise actuelle, on occulte ce qui se passe en Amérique Latine. Les évènements politiques et sociaux qui s’y déroulent, qu’ils aillent dans le sens de l’intérêt général ou bien dans celui des détenteurs de capitaux, pourraient préfigurer ce que sera l’après libéralisme : social ou carrément anti social. En plusieurs volets, on va essayer de faire un tour de la situation.

    Honduras
     
    Un peu d’histoire
     
    Commençons par ce qui devrait être une actualité chaude pour nos grands pays démocratiques : un coup d’Etat organisé par une élite parce que des réformes sociales se profilaient à l’horizon. Un bon vieux coup d’Etat à l’américaine comme on n’en avait plus vus depuis le dernier en date en avril 2002 contre Chavez, au Venezuela.
    Eh bien que nenni. Aucune réaction indignée en Europe. Aucun de nos grands démocrates de dirigeant n’est monté sur ses grands chevaux, en appelant à la mobilisation de la « communauté internationale » contre les vilains putschistes. Au contraire, on étouffe l’affaire et on accepte ce « gouvernement de facto », nouveau concept fort intéressant qu’il conviendrait de préciser dans un cadre constitutionnel.
     
    Situons d’abord les choses : le Honduras est un petit pays très montagneux d’Amérique centrale, de plus de 7 millions d’habitants (contre 700.000 en 1926), troisième pays le plus pauvre d’Amérique Latine dont 60% de la population vit sous le seuil de pauvreté. La délinquance est prégnante au Honduras, où le taux d’homicides, un des plus élevés au monde, est de 57 pour 1.000 habitants.
    Le pays est essentiellement exportateur de café, de minerai et de bananes grâce à cette philanthropique multinationale qu’est Chiquita, ex United Fruits. L’appellation contrôlée de « république bananière » doit d’ailleurs beaucoup à l’interventionnisme de la quasi monopolistique  United Fruits (69% des importations US de bananes en 1899) mais aussi de ses concurrentes de l’époque dans les

    affaires du Honduras notamment, et ce depuis un bon siècle.

    Comme ses voisins, le pays a connu tout au long du XIX è et du XXè siècles (et surtout depuis la doctrine Monroe en 1823) des successions de guerres civiles et de coups d’Etat, entre libéraux et conservateurs, ces derniers réussissant à se maintenir au pouvoir jusque dans les années 70. Mais en gros, les libéraux qui arrivaient au pouvoir s’alignaient bien vite sur les conservateurs, souvent très proches des pays étrangers.
    Un des grands coups d’Etat qu’a connus le Honduras, en 1912, a été provoqué par un exploitant de bananes US dénommé Zémurray qui s’est appuyé sur un ancien président hondurien en exil aux Etats-Unis, le général Bonilla, pour prendre le contrôle du pays. Grâce à quelques mercenaires, le coup d’Etat a pu se faire en l’espace d’un an, et Bonilla a donné à Zemurray 10.000 hectares pour 20 ans.
     
    Comme dans beaucoup de pays latino américains, l’Etat offrait en fait des concessions plus ou moins longues aux entreprises. Un bel exemple est constitué par l’extraction minière, fin XIXè : pas de taxe sur l’exportation de l’or, de l’argent, du cuivre, et les entreprises pouvaient aussi utiliser toutes les ressources en eau et en bois qu’elles voulaient dans le pays. Le gouvernement a même fourni à ces entreprises des listes de travailleurs, histoire de fournir la nombreuse main d’œuvre nécessaire. Et cela leur a bien servi : en 1905, les métaux précieux représentaient, tout comme la banane, 43,7% de la valeur des exportations du pays.
     
    Les compagnies et l’Etat ont aussi construit des lignes de chemin de fer : pour les gouvernements il s’agissait de développer le transport et l’économie du pays, hélas pour les bananières il était seulement question d’acheminer les cargaisons vers les ports. Et c’était le jackpot pour les bananières : elle devaient construire les lignes (mais, au final, suivant le tracé qui les arrangeait) et en échange le gouvernement leur donnait des terres (d’après le livre d’André Marcel d’Ans, 71.000 hectares ont été donnés à United Fruits par le Honduras soi disant pour le chemin de fer). Dans les années 20, United fruits accapare un bon quart des meilleures terres cultivables du pays. Au passage précisons qu’a capital d’United Fruits, on retrouve le trust Morgan et la famille Meiggs, qui a pris comme créneau la construction de chemins de fer.


    Les bananières pouvaient aussi exploiter le bois qu’elles voulaient dans tout le pays, récolter de l’eau à 50 km des lignes, bénéficier d’un détaxage de toutes les activités de construction etc. En 1935, les 1.450 km de voies ferrées du Nord est étaient ainsi toutes en zone de production bananière.
    Les concessions, en outre, étaient prévues pour une longue durée : 99 ans pour la Standard Fruits (soit jusqu’en 2009), et ad vitam eternam pour United Fruits, et les bananes n’étaient pas taxées au départ avant de l’être légèrement.


    En 1920, Zémurray, patron de la Cuyamel, obtient du successeur de Bonilla, le général Gutierrez, un « contrat d’antichrèse » un peu spécial lui donnant la main sur l’ensemble du chemin de fer du Honduras, et ce pour pas un rond ! Zémurray a proposé au Honduras de prêter, via une société créée pour cela, de quoi rénover le chemin de fer à 8% d’intérêts. En échange, ladite entreprise recevait le chemin de fer en gérance. Et l’Etat, qui s’était endetté pour ces infrastructures, ne pouvait plus rien en espérer. Par contre, il devait rembourser sa dette envers Zemurray, ce qui a pris une trentaine d’années.
     
    Tout cela a énervé United Fruits, qui décide de mettre en place son propre dictateur, le général Andino. Si bien qu’en 1923 le pays est déchiré par les factions rivales de Cuyamel et de United Fruits. Les Etats-Unis convoquèrent tout le monde en croisière sur le Milwaukee et commencent à mettre le Honduras sous la coupe US. En 1929, Zemourray fait absorber Cuyamel par United Fruits et en devient l’un des plus gros actionnaires puis le PDG dans les années 40. Cette année-là, les exportations de bananes représentaient 85% de la valeur des exportations honduriennes. Le monopole pouvait commencer, déstructurant au passage la vie politique du Honduras.


    Les conditions de travail dans ces exploitations seront quant à elles à l’origine de la création clandestine du Parti Communiste vers 1926. Puis avec la crise de 29, les baisses de salaires et les licenciements massifs, le PC sort de l’ombre lors des grandes grèves qui éclatent dans les exploitations en sous activité. Les affrontements sont nombreux avec les milices des bananières et la police.
     
    A la suite de la grande dépression, les Etats-Unis parviennent à installer des alliés au pouvoir dans de nombreux pays d’Amérique latine : Ubico au Guatémala, Martinez au Salvador, Somoza au Nicaragua, Batista à Cuba, Trujillo en Rép. Dominicaine et au Honduras, Tiburcio Carias Andino, qui a su réprimer les mouvements populaires, jugés trop nombreux par les multis US pendant que le PNB du pays revient à son niveau de 1937, le plus bas.
     
    Sous la coupe US


    Après le pillage des conquistadors puis celui de la bourgeoisie locale, vint donc celui des multinationales, puis l’avènement du populisme dans l’après guerre. Les tensions sociales sont inévitables, surtout dans les villes.
    Au début des années 50, le président guatémaltèque Arbenz, avec sa réforme agraire qui reprend aux bananières et consorts plusieurs dizaines de milliers d’hectares, fait peur à United Fruits et aux US. Les potiches mis au pouvoir par les Américains s’empressent alors de faire front commun pour bloquer le communisme et les réformes sociales. Le Honduras, par exemple, permet en 1951 à un putschiste guatémaltèque soutenu par la CIA d’entraîner ses troupes sur son sol, pour qu’en juin 1954 cette petite armée renverse Arbenz.
    Quelque temps avant, le Honduras passe un accord de coopération militaire avec les US, qui pourront envoyer des troupes dans le pays, officiellement pour former l’armée hondurienne. C’est d’ailleurs le rôle qu’a encore joué le Honduras dans les années 70, servant de base arrière US pour déstabiliser le Salvador et le Nicaragua.
    A partir de là, la contestation est réduite à peau de chagrin au Honduras et United Fruits ne cède à aucune revendication sociale. D’autant plus que les syndicats US bidons prennent en main la propagande anti marxiste.

    Puis une junte militaire dirigée par le général Rivera et le colonel Moncada s’installe au pouvoir en 1954, après diverses péripéties électorales. Immédiatement, un accord d’assistance bilatéral est signé avec les US. Les militaires restent jusqu’en 1981.
    Dans les années 70, Suazo, anti communiste fervent, s’oppose aux sandinistes au Nicaragua, et le Honduras sert de base arrière aux opérations militaires des contras et des US pendant que le pays s’enfonce dans la crise économique et que la répression s’abat sur tout contestataire.
     
    Le "très bref" épisode Zelaya



     Bref, le Honduras n’échappe pas au schéma qui règne d’une manière générale en Amérique latine : la mainmise US et les gouvernements fantoches ont traversé l’histoire du pays jusqu’à aujourd’hui.
    De fait, si la dernière élection régulière a vu le libéral à forte tendance conservatrice Manuel Zelaya, un grand propriétaire foncier, arriver au pouvoir en novembre 2005 (avec 50% d’abstention), il est arrêté le 28 juin 2008 par l’armée et expulsé au Costa Rica (puis au Nicaragua et au Salvador), le jour même d’une « consultation populaire » pour savoir s’il fallait ou non convoquer une assemblée afin de faire une nouvelle constitution.
     
    Elu avec un programme qui pourtant n’avait pas grand-chose de social, Zelaya misait sur la sécurité et la lutte contre les gangs en proposant le désarmement ou la prison à leurs membres (dont les deux principaux, également présents aux Etats-Unis, la Mara Salvatrucha et la Mara 18). Hélas, l’insécurité n’a pas diminué et la crédibilité du gouvernement a commencé à être sérieusement mise en cause par l’opposition, qui a mené des campagnes afin de convaincre les électeurs que Zelaya laissait faire, et même était complice d’une vague d’assassinats impunis de jeunes hommes des quartiers pauvres. Car, des motifs d’inquiétude se font jour, comme l’augmentation de 60% du salaire minimum ou la gratuité scolaire.
    Il convient de préciser que le FMI, au même moment et fidèle à lui-même et à ses « politiques d’ajustement structurels » qui ont plongé plusieurs continents dans la crise, préconisait la privatisation de Hondutel, l’entreprise nationale de téléphone, mais aussi de l’ENEE (Empresa Nacional de Energia Electrica), l’entreprise de fourniture d’énergie, afin de combler la dette du pays.
     
    Pendant ce temps, Zelaya célèbre avec Chavez et Ortega la révolution sandiniste, ce qui fait passer notre libéral pour un gauchiste aux yeux de beaucoup de monde qui avait cru mettre au pouvoir un vrai gugusse de droite. Sacrilège s’il en est, il se rend même à Cuba. Dans une interview au quotidien espagnol El Pais, il a expliqué la raison de son virage à gauche : “ J’ai pensé faire des changements depuis l’intérieur du schéma néo libéral. Mais les riches ne cèdent pas un penny. Les riches ne cèdent rien de leur argent. Ils veulent tout pour eux. Alors, logiquement, pour faire les changements il faut intégrer le peuple ».
     
    Ce qui n’arrange rien pour Zelaya, c’est quand début 2008 Chavez a proposé, via la compagnie pétrolièrevénézuelienne à vocation « sociale » Petrocaribe, des produits pétroliers à bas prix avec des   facilités de paiement, incluant des formes de troc de produits agricoles contre le pétrole. L’accord portait sur 20.000 barils de brut par jour pendant deux ans ce qui représentaient 100% des besoins en fioul pour faire de l’électricité, et 30% du gasoil nécessaire au pays. Le Honduras a donc rejoint le consortium Petrocaribe, faisant craindre aux pétrolières traditionnellement installées au Honduras (Exxo, Texaco, Shell) pour leurs petites affaires.
    Ensemble, elles ont donc rejoint la coalition putschiste de Micheletti.
    Même s’il fallait bien reconnaître que l’accord passé avec le Venezuela était bénéfique pour le Honduras, d’aucuns se sont inquiétés de savoir s’il n’y avait pas derrière un accord politique à tendance socialiste, d’autant plus que Zelaya avait intégré le Honduras à l’Alternative Bolivarienne (ALBA) de Chavez en août 2008. Les « grands médias » le patronat s’excitent, et les 150 multinationales US implantées au Honduras, idem.
     
    En plus de cela, Zelaya a dit qu’il comptait virer les américains de leur QG hondurien de Soto Cano (Palmerola) pour transformer la base en aéroport international.
    Il convenait donc de circonscrire l’incendie, malgré (ou surtout à cause) des résultats plutôt satisfaisants de Zelaya en ce qui concerne les conditions de vie des plus pauvres.
    Très vite, la campagne de désinformation fut si virulente que Zelaya a tenté d’obliger une dizaine de radios et TV à diffuser des informations sur les actions du gouvernement, pendant 10 jours entre 22 h et minuit. Evidemment, il a été traité de totalitariste et, pire encore, de chaviste.
    Du côté de Micheletti, on retrouvait l’armée (dont les cadres ont été formés par les US), le Congrès, l’Eglise (comme la cardinal Oscar Rodriguez) , la Cour suprême (qui a fortement contribué au putsch), l’ambassadeur US Llorens, les médias nationaux privés et bien sûr la plupart des patrons de multinationales. Depuis près d’un an, des réunions avaient lieu entre certains de ces protagonistes afin –au moins- de freiner Zelaya. En face de Micheletti et sa clique, une grande partie de la population et les chefs d’Etat de tendance de gauche du continent.
     
      C’est donc le jour d’une grande consultation au sujet de l’Assemblée constituante, le 28 juin 2009, que Zelaya est arrêté par les militaires, menés par le général Velasquez afin dit-il de « sauver la démocratie ». D’après lui, le coup était même préparé de longue date en raison des relations de Zelaya avec des pays comme le Venezuela ou la Bolivie, où la tension avec les US est forte.
     
    Les Etats-Unis, malgré moult dénégations, auraient été au courant du projet de putsch depuis le début. De mauvaises langues, d’après les coups d’Etat précédents, pourraient même dire qu’il y a de fortes chances pour qu’ils en aient été les instigateurs. D’ailleurs, ça serait même parti de la base US de Soto Cano, à une centaine de kilomètres de la capitale, où squatte une troupe sous commandement du Southern Command (division de l’armée US qui gère l’Amérique Latine). D’ailleurs, quelques Contras en sont partis jadis. Des gens très bien, comme l’ambassadeur US au Honduras, Hugo Llorens, ou le conseiller d’Hillary (Clinton) John Négroponte, qui a été dans ce pays au moment de la lutte contre la guérilla sandiniste, ont discuté âprement de virer Zelaya. Llorens a d’ailleurs reconnu avoir participé à des réunions au sujet du fameux putsch.
     
    Le 28 juin au petit matin, donc, Zelaya est arrêté dans la résidence présidentielle. Au passage, les ambassadeurs de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua sont séquestrés également. Pas besoin de décision de justice, on verra ça plus tard. D’ailleurs, rien dans tout ce cirque n’est légal.
    On fait signer à Zelaya une lettre de renonciation à la présidence, et la Cour suprême déclare qu’il a voulu modifier la Constitution pour se faire réélire, ce qui est très mal (Sarko en sait quelque chose, lui qui nous a modifié la constitution une bonne dizaine de fois en 2 ans). Cependant, Zelaya ne pouvait pas se faire réélire puisque les élections suivantes étaient encore soumises à l’ancienne Constitution, qui limite à un seul mandat de quatre ans. Par ailleurs, on notera qu’Uribe, président colombien ami des américains, a fait réviser la Constitution pour être réélu en 2006, et cela a recommencé cette année grâce au Congrès. Enfin, bref. Au passage, on accuse aussi Zelaya d’usurpation d’autorité et de trahison à la patrie.
     
    Les manifestations populaires sont réprimées (ce qui est encore la cas pour toute manif de soutien à Zelaya), et c’est donc le président du Congrès, un collègue du parti libéral concurrent de Zelaya, qui est mis sur le trône par le Congrès, justement, sans que les médias commerciaux n’aient rien à redire, dans leur ensemble. Immédiatement, Micheletti déclare le couvre-feu.
    Très vite, la cour suprême retire à Zelaya le pouvoir de commander l’armée, et donne ce pouvoir au général putschiste Vasquez Velasquez. Dès le 23 juin, le Congrès interdit tout référendum ou consultation durant les 180 jours précédant ou suivant une élection, ce qui empêche Zelaya de demander aux électeurs de lui confirmer leur confiance, et qui rend illégale la consultation qui était prévue le 28 juin.

     Au départ, il y a eu comme une sorte d’attentisme à l’international. Mais, face aux critiques qui se sont faites entendre de plus en plus fort, l’ONU a refusé de reconnaître le gouvernement putschiste, et Obama aussi. Toutefois, en négociant avec Micheletti et consorts pour arranger le retour de Zelaya, Obama donne une légitimité certaine à ce gouvernement non sorti des urnes. L’Organisation des Etats Américains a également refusé cette reconnaissance, ce qui a été jugé « illégitime » par Micheletti.
    Contrairement à la Banque Interaméricaine de Développement, le FMI et notre ami de la démocratie DSK ont quant à eux ouvertement soutenu Micheletti, qui lui au moins, va faire les réformes demandées par l’ultra libérale institution, et laissera le FMI (en très mauvaise position en Amérique Latine du fait du rachat des dettes des pays par le Venezuela) faire un prêt de 150 millions de dollars (+13 milliards)  au Honduras.
     
    Actuellement, la Cour suprême a donné le feu vert pour le début de la campagne électorale des législatives le 29 novembre, et ce avant même d’avoir rétabli l’ordre démocratique dans le pays. Mais Hillary Clinton vient d’annoncer la suspension de l’aide au Honduras, dont le versement est conditionné au « retour d’un gouvernement démocratique et constitutionnel au Honduras ».
     
    Pas de « coup » sans les médias
     

    Comme on l’avait déjà constaté à maintes reprises, les médias commerciaux adhèrent immédiatement à la version officielle du coup d’Etat, et légitiment les putschistes ne serait-ce qu’en leur donnant exclusivement la parole. Le jour du coup d’Etat, la seule chaîne TV publique a été fermée, puis rouverte quelques jours plus tard, ainsi que les radios jugées dangereuses par l’armée, comme Radio Globo (accusée actuellement « d’inciter à l’insurrection » et menacée de fermeture ainsi que de la saisie de tout son matériel). L’électricité a même été coupée pour que personne n’émette ni ne reçoive d’infos.
     
    Car, l’un des miracles des médias, surtout les grands médias bien commerciaux, c’est qu’il suffit qu’ils disent quelque chose dans la case « infos » pour que tout le monde prenne cela pour argent comptant. Ainsi, en avril 2002 au Venezuela, les chaînes privées ont immédiatement avalisé les putschistes en leur donnant la parole pendant que Chavez était détenu par l’armée. Eh bien là, on a refait exactement pareil : on a montré Micheletti, on l’a laissé développer ses arguments, on a fait des reportages allant dans son sens, et tout le monde s’est dit « ah ben on a changé de gouvernement » sans savoir pour quoi et surtout pour qui.


    On voit ainsi le quotidien espagnol El Pais, le jour même du coup d’Etat, qualifier Zelaya de populiste dans l’introduction d’une interview réalisée deux jours plus tôt pour justifier la destitution du général Vasquez Velasquez car celui-ce refusait de faire distribuer le matériel électoral (la Cour suprême l’a rétabli juste après). Comme par hasard, on demande à Zelaya s’il « a le contrôle du pays », s’il contrôle l’armée aussi… ce à quoi il doit bien répondre qu’ « en ce moment les forces armées sont insubordonnées ». C’est le moins qu’on puisse dire. Comme une prémonition, Zelaya explique qu’une « conspiration » s’est mise en place, et évoque « la Cour [qui] a confectionné trois résolutions afin de déclarer illégale la consultation de dimanche », le 28 juin, et « le Congrès qui tente de me déclarer incompétent pour gouverner (…) pour pouvoir demander ensuite aux Forces Armées de faire un coup d’Etat ». Pour autant, personne n’a bronché, l’info est passée comme une lettre à la poste du temps du service public.


    Innocemment, Zelaya répond au journaliste qu’il ne pense pas que l’ambassade US soit dans la conspiration, car, dit-il, « si l’ambassade des Etats-Unis l’avait approuvé, ils auraient déjà fait le coup d’Etat. Mais l’ambassade des Etats-Unis n’a pas approuvé le coup d’Etat. Et croyez-moi », ajoute le chef d’Etat, sûr de lui « si en ce moment même je suis ici, dans la résidence présidentielle, en train de parler avec vous, c’est grâce aux Etats-Unis ». Il faut croire qu’ils ont changé d’avis dans les 48 heures suivantes ! Zelaya explique même qu’ « on » l’a averti qu’à trois heures du matin on viendrait le capturer et l’envoyer loin ou même pire. Du coup, 1.000 à 2.000 personnes tournent autour de la résidence : « pour pouvoir me capturer, ils devraient faire un massacre », assurait alors le président.
     
    A part Tele Sur, dont les journalistes ont été renvoyés du pays, peu de médias ont réellement tenté de rétablir les choses ou au moins de les recadrer. Pendant que les journalistes dissidents se font virer, reçoivent des menaces de mort (comme le directeur de El Liberador), se font agresser (voire sont liquidés, comme Gabriel Fino Noriega de Radio Estelar et Radio America, qui a été criblé de balles le 3 juillet 2009 en sortant de la radio où il prenait position contre le putsch, ce qui n’empêche pas Reporters Sans Frontières de préciser que ce meurtre n’a rien à voir avec le coup d’Etat), ou se font même arrêter,  comme quatre journalistes de la TV Canal 5, détenus par les militaires, les médias commerciaux passent en boucle la propagande mélangée à des programmes insipides.
    Les radios et TV un peu indépendantes qui osaient critiquer le nouveau régime ont été fermées et/ ou mitraillées par l’armée, comme Radio Justicalpa. Celles qui soutenaient la consultations populaire, comme Radio Globo, Canal 8, Canal 36, Maya TV, Radio Progreso et d’autres ont été occupées par l’armée le 28 juin et parfois après.
     
    A d’autres, les militaires ont bien spécifié qu’il était interdit de diffuser des infos qui ne venaient pas de Micheletti.
    L’ambiance au Honduras est donc loin d’être propice à la liberté d’expression, et les journalistes non alignés sont les premières cibles des putschistes, qui tiennent bien sûr à contrôler entièrement l’information dans le pays si ce n’est à l’extérieur. Aujourd’hui, tout n’est pas rentré dans l’ordre, loin de là. La chaîne Canal 36, par exemple, dénonce le fait que son signal soit saboté par le gouvernement avec l’aide de Hondutel et de la Commission Nationale des Télécommunications.
     
    Quand Zelaya est parvenu à rentrer brièvement au Honduras le 24 juillet, les chaînes privées ont diffusé des feuilletons et une manif en faveur de Micheletti.
     
    Les médias privés qui continuent font, comme on l’a vu en France sous l’Occupation, de la propagande (même RSF le dit !), mêlant campagnes de dénigrement de Chavez et du Venezuela à des pseudo revendications démocratiques. La Tribuna, l’un des principaux quotidiens, appartient à un ami de Micheletti, Carlos Flores Facussé, qui a été président du Honduras de 1998 à 2002. La Prensa et El Heraldo appartiennent quant à eux à Jorge Canahuati, président de la commission internationale et de la Société Interaméricaine de Presse. La Prensa, un peu comme Paris Match qui fait disparaître les bourrelets de sarko, fait disparaître les traces de sang sur un jeune manifestant mort lors d’un défilé de soutien à Zelaya.


    Aujourd’hui, on apprend que Canahuati et son frère, Jesus, président des maquiladoras, ainsi que quelques entreprises importantes, ont versé de l’argent (28.000 dollars paraît-il, mais ça fait peu) à des lobbyistes US pour préparer le coup d’Etat.
     
    L’Université Leticia Salomon a même réalisé une étude montrant que Facussé, proprio de La Tribuna, Canahuati, mais aussi les chaînes de TV 2, 3, 5 et 9 « étaient les piliers fondamentaux du coup d’Etat ». Une bonne partie des télévisions (Grupo Televicentro, Telecadena, 7y4, Telesistema, 3y7, Multivisión, Multidata, Multifon, Televicentro Online) et des radios (Emisoras Unidas, HRN, Radio Norte, Suave FM, Rock n' Pop, Vox FM, XY, 94 FM, Radio Satélite, Radio Caribe, Radio Centro) appartiennent à Rafael Ferrari, un autre comploteur. Il est vrai que, sans la propagande médiatique, les choses auraient été bien plus difficiles.


    De hauts cadres de Grupo Continental, qui chapeaute la banque du Honduras, l’agro industrie et de nombreux moyens de communication, Gilberto Goldstein et Jaime Rosenthal (parmi les hommes les plus riches du pays), étaient aussi dans le coup, ainsi que des familles qui contrôlent une grande partie des richesses du pays comme le banquier Camilo Atala, Fredy Nasser, le sucrier Guillermo Lippman et d’autres du même acabit.
     
    Bilan
     
    A l’heure actuelle, aucun gouvernement n’a eu le culot de reconnaître Micheletti et ses copains, contrairement à ce qui s’était produit lors du coup d’Etat au Venezuela (en effet, Bush et Aznar se sont empressés de reconnaître le gouvernement putschiste).
    Tout l’été et encore aujourd’hui, des manifestations de soutien à Zelaya ont lieu, dans la capitale et ailleurs, et sont réprimées dans la violence. Les syndicats, regroupés dans le Front Syndical Contre le Coup d’Etat, ont aussi lancé une grève générale la semaine dernière, et des marches vers la capitale sont organisée par le Front de Résistance Contre le Coup d’Etat. Les manifestants, parfois, s’en prennent à des symboles de l’entreprise capitaliste, comme les magasins Burger King, signe qu’ils savent très bien à qui ils doivent le putsch.
     
    Une mission internationale d’observation est venue constater que le nouveau gouvernement ne respectait pas les droits de l’homme, et recommandait la rupture des relations diplomatiques avec le
    Honduras.
    Doucement, l’Europe commence à faire les gros yeux à Micheletti, et tente de l’amener à négocier une sortie de crise pacifique, en faisant par là même un interlocuteur acceptable.
    Le gouvernement « de facto » a donc pris un sérieux plomb dans l’aile, mais cela ne l’empêche pas de camper sur ses positions, tel une bernique sur son rocher. Gardé, certes, par l’armée et les détenteurs de capitaux nationaux. Cependant, pas de bol, l’opinion publique comme les honduriens se sont mobilisés pour dénoncer cette usurpation de pouvoir, obligeant les gouvernements, comme ce fut le cas pour le Venezuela, à condamner le coup d’Etat. Même si, on le voit à la longueur du temps de réaction, lesdits gouvernements n’étaient (et ne sont toujours) pas pressés de demander le retour de Zelaya.
    A l’international, c’est toujours Zelaya qui représente le Honduras, où il ne peut mettre les pieds, et il nomme encore les ambassadeurs du Honduras un peu partout.
    Micheletti, lui, a comme objectif les élections de novembre, dont la campagne vient de démarrer.
     
    Aujourd’hui, on parle des accords de San José, organisés par l’OEA et censés permettre une sortie négociée de la crise, sous la médiation d‘Oscar Aria, président du Costa Rica. Cependant, il y a désormais cinq candidats qui demandent à ce que leur légitimité soit reconnue après les élections de novembre, mais qui ne demandent pas, par contre, le retour de Zelaya (menacé d’être poursuivi en justice s’il rentre au Honduras, car la Cour suprême considère que le gouvernement de facto est légitime).
    L’un des candidats, Felicito Avila du parti démocrate chrétien, a ainsi expliqué dans La Tribuna en rentrant de San José que « Nous ne prétendons pas faire revenir Zelaya au pouvoir, il s’agit de renforcer la démocratie et que la communauté internationale reconnaisse le gouvernement ainsi que le résultat des élections régionales de novembre ». Au cas où quelqu’un a cru qu’il était encore question de remettre les choses en ordre, voilà qui sera plus clair. Toujours dans La Tribuna, un autre candidat, Elvin Santos du parti libéral, demande instamment (et dans le titre du papier) à Zelaya de « cesser immédiatement les menaces, les hostilités, la diffamation et le mensonge qu’on a vus augmenter ces derniers jours », et dénonce un Zelaya qui se bat « contre les intérêts du Honduras ». Rappelons seulement que Zelaya est exilé bien loin et n’a pas, lui, les médias à sa botte. Son pouvoir de nuisance reste donc limité.

     
    De fait, la question s’est déplacée du coup d’Etat illégitime et illégal vers le concept beaucoup plus flou et général de « crise ». Aujourd’hui, comme par magie, le débat ne porte plus vraiment sur le retour de Zelaya, mais sur la sortie de crise, si possible sans effleurer les susceptibilités de l’oligarchie hondurienne qui a usurpé le pouvoir. On se réunit, on discute, on tergiverse, mais depuis le début de l’été force est de constater que c’est bien Micheletti qui tient les rênes du pays. Etrangement, il a refusé (parce que oui, on lui a poliment demandé son avis) un accord prévoyant le retour de Zelaya.
    Pendant ce temps-là, on lit dans la presse alignée, comme La Prensa de Canahuati, que Zelaya cherche (encore) à « créer l’anarchie et détruire le parti libéral ». Le combat de la propagande et contre-propagande n’est certes pas fini, et cela encore une fois au détriment de la légitimité démocratique du moins ce qu’il en reste. Les prochaines élections promettent donc de se dérouler dans un climat des plus tendus, voire des plus malsains pour la démocratie.



    SOURCE DONDE VAMOS 


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  • Mythes et réalités de la lutte contre la drogue au Venezuela

    La fin des accords qu’entretenait au Venezuela le Gouvernement Bolivarien avec la Drug Enforcement Administration (DEA) a été la pierre angulaire d’une guerre médiatique et psychologique contre la Révolution Bolivarienne. Nombreuses sont les déclarations du gouvernement des Etats-Unis qui laissent croire que les mafias de la drogue règnent en paix sur le Venezuela.

    Ces calomnies, pourtant contredites par de nombreux rapports d’organismes internationaux sont amplifiées par les grandes entreprises transnationales de communication. Le consommateur de ce type d’information a alors tendance à dénigrer le gouvernement bolivarien.

    Or c’est bien là l’effet recherché : faire passer la Révolution Socialiste vénézuélienne pour un complice du trafic de drogue international au yeux de l’opinion publique mondiale, et ce, à fin de justifier n’importe quelle action belliqueuse mené au nom de la légitime guerre contre ce problème de santé public. Le récent accord que les Etats-Unis viennent de conclure pour pouvoir utiliser sept bases colombiennes afin de lutter contre le trafic de drogue et le terrorisme concrétisent ces menaces guerrières.

    Mais plutôt que de tirer à boulets rouges sur le gouvernement bolivarien, il convient de se demander d’où vient notre information, et que vaut la crédibilité des sources principales de cette campagne continue de mensonges médiatiques, à savoir le gouvernement des Etats-Unis et les multinationales qui voient dans la Révolution Bolivarienne un obstacle à leurs intérêts. Nous revenons ci-dessous sur les cinq principaux mythes qui font du Venezuela un allié du narcotrafic (1).

    1°) Le Venezuela ne collabore pas à la lutte internationale contre le trafic de drogue

    Le 8 août 2005, le gouvernement vénézuélien mettait fin à la collaboration qu’entretenaient, au Venezuela, ses services de lutte contre la drogue avec leurs homologues étatsuniens de la Drug Enforcement Administration (DEA). La raison invoquée : les agents nord-américains passaient le plus clair de leur temps à des activités d’espionnage au lieu de la dite coopération. La DEA possédait notamment des bureaux au sein même du Bureau National Antidrogue vénézuélien (ONA, en espagnol, Oficina Nacional Antidrogas), auxquels le propre directeur de l’ONA n’avait même pas accès.

    Or le renvoie des agents de la DEA installés à Caracas n’isole pas le Venezuela dans la lutte anti-drogue puisque d’une part, ce pays maintient 50 accords internationaux dans ce domaine avec 37 pays, la plupart européens, et d’autre part, le Venezuela continue d’établir un lien permanent avec les autorités étasuniennes pour combattre ce fléau comme en témoigne l’extradition de trafiquants de drogue vers les Etats-Unis.

    De même, afin d’honorer les accords de collaboration que les autorités vénézuéliennes maintiennent avec de nombreux pays, plusieurs trafiquants internationaux, quand ils ne sont pas jugés au Venezuela, sont remis aux mains de la Justice des pays qui en font la demande comme ce fut le cas en 2008 lors d’extraditions vers la Colombie, l’Italie, les Etats-Unis, la Belgique et la France.

    En plus des accords bilatéraux, le Venezuela collabore pleinement avec la Commission Interaméricaine pour le Contrôle de l’abus de Drogues, instance rattachée à l’Organisation des Etats Américains (dans laquelle siège les Etats-Unis), avec la Commission des Stupéfiants de l’Organisation des Nations Unis (ONU) ainsi qu’avec INTERPOL.

    Durant l’année 2008, les ambassadeurs d’Espagne, d’Allemagne et de France au Venezuela ont réalisé conjointement avec la ONA plusieurs séminaires et réunions de travail durant lesquels fut réaffirmé l’engagement commun dans la lutte contre la drogue.

    En septembre 2009, le Venezuela accueillera la réunion annuelle, pour Amérique Latine et les Caraïbes, des Directeurs des Agences Nationales chargés de combattre le trafic de drogue (HONLEA par ses sigles en anglais ; Head of National Drug Law Enforcement Agencies). Ces réunions placées sous l’auspice de l’ONU ont pour but de renforcer la coopération entre les pays et coordonner la répression du trafic de drogue à l’échelle régionale. Les pays européens, asiatiques et africains participent à cette réunion en qualité d’observateurs.

    Dire que le Venezuela ne collabore pas à la lutte internationale contre le trafic de drogue est une contrevérité qui ne résiste pas un seul instant à l’examen objectif du travail du Venezuela en la matière, et des accords que le pays bolivarien honore avec de nombreux pays et organismes internationaux.

    2°) Le président Chavez est un facilitateur du trafic de drogue international

    Le 20 janvier 2008, lors d’une visite en Colombie, l´ancien directeur du Bureau de la Politique de Contrôle des Drogues de la Maison Blanche, John Walters, a déclaré "qu’Hugo Chavez est en train de devenir un important facilitateur du trafic de Cocaïne vers l’Europe et d’autres régions de l’Hémisphère", comprendre les Etats-Unis. Si aucune preuve ne viendra jamais étayer l’affirmation du fonctionnaire étasunien, son intention est facilement compréhensible. Il s’agit d’accuser Hugo Chavez de collusion avec le trafic de drogue international. Cette accusation fut la pierre angulaire médiatique qui avait légitimé l’intervention des Etats-Unis au Panama en 1989, et dans une moindre mesure l’invasion de l’Afghanistan en 2001 (en plus du terrorisme). Ce fut aussi la raison invoquée pour la mise en place du Plan Colombie et le renforcement de l’aide militaire au gouvernement colombien dans sa guerre contre la guérilla. En bref, c’est une puissante arme dans la propagande de guerre préalable à toute intervention militaire.

    Or, selon l’ONU, 50% de la cocaïne présente sur le territoire étatsunien entrent par la côte Pacifique et 38% entrent en longeant le littoral des pays d’Amérique centrale. Autrement dit, 88% de la cocaïne présente aux Etats-Unis ne transitent pas par le Venezuela.

    Si Hugo Chavez et le Venezuela ne facilite en rien le trafic de drogue international (en 2008, le nombre de détenus vénézuéliens en Europe pour trafic de drogue a même diminué passant de 121 à 30 condamnations), en revanche on ne peut dire la même chose pour les Etats-Unis.

    Le rapport mondial sur les drogues de l’ONU pour 2008 rappelle quelques chiffres éclairants. Le plus grand producteur de cocaïne est la Colombie avec 61% de la production mondiale, le plus grand producteur d’opium au monde est l’Afghanistan qui concentre 92.5% de la production. Ces deux pays comptent sur une présence massive de l’armée des Etats-unis sur leur territoire, par le Plan Colombie pour l’un et l’opération "Liberté Immuable" pour l’autre. Malgré l’occupation militaire étasunienne, le rapport de l’ONU nous enseigne que les résultats en matière de lutte anti-drogue dans ces pays sont catastrophiques. En ce qui concerne la Colombie, la production de cocaïne n’a pratiquement pas baissé en 10 ans d’aide technique et militaire des Etats-Unis à travers le Plan Colombie. Dans le cas de l’Afghanistan, la production d’opium a, selon l’ONU, augmenté de 141% depuis la présence de troupes militaires étasuniennes et de la DEA dans ce pays. Qui est le "facilitateur" ?

    3°) Le Venezuela héberge et protège des trafiquants de drogue internationaux

    Il ne fait pas bon être trafiquant de drogue au Venezuela depuis que le gouvernement a décidé de renvoyer les fonctionnaires de la DEA. Les chiffres parlent d’eux même. En 2004, avec l’aide des fonctionnaires étatsunien, la justice vénézuélienne a condamné 1179 trafiquants (dont 273 étrangers). Quatre années plus tard, et sans la présence de la DEA, le Venezuela mis sous les verrous 9133 trafiquants (dont 419 étrangers). Sans les fonctionnaires de la DEA, les condamnations ont augmenté de 675% pour l’année 2008 !

    Si nous cumulons les résultats des quatre dernières années de coopération avec la DEA et que nous les comparons aux quatre premières années d’une politique vénézuélienne indépendante et souveraine de lutte contre le trafic de drogue, les résultats sont éloquent et encourageant pour l’Etat vénézuélien. Lors des quatre dernières années de présence de la DEA, 8823 personnes ont été arrêtées. Lorsque le Venezuela assume seul sa politique antidrogue, 15174 délinquants ont été traduits en justice. Soit une augmentation de 72%. Pour la seule année 2007, 68 fonctionnaires de police accusés de collaborer avec le crime organisé ont eux aussi été mis en détention.

    En cours de l’année 2008, quatorze parrains de la drogue qui pensaient avoir trouvé refuge au Venezuela furent arrêtés et extradés, principalement vers la Colombie et les Etats-Unis. Parmi eux se trouvaient, entre autres, les colombiens Marcos Orozco Wilches, Aldo Alvarez Duran, Farid Dominguez, et Gustavo Otero Borrero, recherchés pour trafic de drogue et blanchiment d’argent. Mais surtout, le Venezuela peut être fier de l’arrestation de Hermagoras Gonzalez Polanco alias "Le Gros", chef du cartel de La Guarija et principal dirigeant de l’organisation paramilitaire colombienne Autodefensas Unidas de Colombia (AUC) dans cette région. Quant au chef du cartel colombien de l’Atlantique Nord, Libardo de Jesus Parra Gonzalez, il fut interpellé à Maracaibo. Ces criminels internationaux ont tous été extradés en Colombie ou remis à INTERPOL.

    De même, l’italien Giovanni Civile, arrêté en septembre 2008 et sollicité par la France pour trafic de stupéfiant est en attente d’extradition.

    Malgré la fermeture des bureaux de la DEA à Caracas, les autorités vénézuéliennes continuent de collaborer avec la Justice des Etats-Unis. Les narcotrafiquants Daniel Ervin Davis et le mexicain Luis Ramon Guerra en savent quelque chose : ils ont été extradé vers le grand voisin du Nord.

    Alors que, durant les années de collaboration avec la DEA, l’organisme étasunien se réservait l’exclusivité du traitement des sollicitudes d’extraditions sans en aviser leurs partenaires vénézuéliens, depuis la rupture des accords avec cette organisme, le Venezuela a expulsé ou extradé 23 barons internationaux du trafic de drogue.

    En récupérant sa souveraineté dans la lutte contre le narcotrafic, le Venezuela est aujourd’hui plus un véritable enfer qu’un havre de paix pour les trafiquants internationaux.

    4°) La consommation de drogues a explosé au Venezuela depuis le renvoie des agents de la DEA

    Une des orientations de la ONA est de considérer que "les saisies de drogue doivent se mesurer en gramme, et non en tonne". En effet, si les saisies record de drogue effectuées par l’agence vénézuélienne sont des coups très durs portés au narcotrafic, il n’en demeure pas moins qu’une attention première doit être porté sur le consommateur, et pas seulement en terme de répression sinon en insistant sur la prévention.

    Dans ce domaine, la ONA a tissé des partenariats avec toutes les organisations et les secteurs de la vie sociale vénézuélienne afin de sensibiliser la population aux effets dévastateurs de la consommation de drogue. Pour systématiser ses différentes politiques de prévention, la ONA a lancé, en 2008, le Plan "Semons des Valeurs pour la Vie" dont le but est de former des citoyens vénézuéliens pour qu’ils combattent la racine du fléau de la drogue.

    Ainsi, des ateliers de formation ont été réalisés au sein des écoles de la République pour perfectionner le message pédagogique que les enseignants délivrent à leurs élèves. Dans les Universités, des bureaux internes antidrogue ont été crées pour développer des projets de prévention au plus proche de la communauté universitaire.

    Dans le monde du travail, la ONA collabore avec toutes les entreprises publiques et privées de plus de 50 employés afin de réduire l’absorption de drogues et d’alcool sur les lieux de travail. De juillet à novembre 2008, une formation a été dispensé à des représentants du patronat vénézuélien dans le but leur aider dans la prévention de la consommation et pour qu’ils répercutent l’information au sein de leurs entreprises.

    Des nombreux événements sportifs, comme des tournois de basket-ball, de football, de boxe ou d’échec, ont été organisé par la ONA dans les communautés populaires des grandes villes du pays pour encourager les jeunes à s’investir dans une activité sportive régulière et se détourner ainsi des vices de la drogue. Ces rencontres sportives furent aussi le scénario idéal pour propager le message de la ONA en matière de prévention.

    De plus, l’agence vénézuélienne s’est particulièrement investi dans le travail auprès des populations les plus exposées au problème de drogues pour des raisons socio-culturel : enfants et adolescents des rues, population carcérale, Peuples Premiers, personnes soufrant d’handicap moteur ou physique, ou encore communautés vivant à la frontière avec la Colombie, premier producteur de cocaïne au monde.

    Comme agence gouvernementale, la ONA a su s’adapter aux changements structurels de l’appareil étatique vénézuélien en véritable Etat Révolutionnaire en donnant priorité à la collaboration avec les Conseils Communaux. En accord avec les articles 8 et 9 de la Loi sur les Conseils Communaux, la ONA participe à l’élaboration de Comité de Prévention Communal afin de déléguer aux organisations de base, la réalisation du travail local d’information sur les dangers de la drogue. De plus, pour renforcer son réseau social, la ONA a institutionnalisé avec l’aide des communautés organisées, la figure de responsable antidrogue à tout les niveaux de l’Etat vénézuélien (Régional, Municipal et Parroquial) incorporant ainsi 11.296 citoyens au travail préventif de lutte contre la drogue.

    Ce travail quotidien de prévention s’est traduit par de bons résultats. Selon les chiffres de l’ONU, le Venezuela a une faible consommation de drogue par habitant nettement inférieure à celle des pays européens et sans aucune comparaison possible avec le premier pays consommateur de drogue au monde : les Etats-Unis. A titre d’exemple, la ville de New York a une consommation de cocaïne par habitant prés de 12 fois supérieure à celle de la ville de Paris, et l’emporte de très loin sur n’importe quelle grande ville vénézuélienne.

    5°) Les résultats obtenus par le Venezuela dans la lutte contre la drogue sont déplorables

    S’il y a bien des personnes qui ne croient plus à ce mensonge médiatique, ce sont bien les trafiquants eux même. Les résultats du gouvernement bolivarien en matière de lutte contre le narcotrafic n’a eu de cesse de croître depuis le renvoi des fonctionnaires de la DEA.

    Alors que le gouvernement vénézuélien avait saisi 43 tonnes de drogue en 2004, grâce à la collaboration de la DEA, ce chiffre allait augmenter à 77.5 tonnes en 2005 lorsque les fonctionnaires étasuniens étaient expulsés. Les bons résultats de cette politique souveraine en matière de lutte contre le narcotrafic se trouvent confirmés dés lors que l’on analyse les saisis des quatre premières années sans la collaboration de la DEA (250.298,19 kilos de drogues saisis) avec les quatre dernières qui ont précédé (153.884,65 kilos de drogues saisis). On constatera une augmentation de prés de 63% des tonnes de drogues saisis sur le territoire vénézuélien lorsque la DEA ne pratique pas d’ingérence dans les affaires du pays.

    Mais les bons résultats du Venezuela ne s’arrêtent pas là. Lors de l’Opération Boquete, qui a eu lieu au cours de l’année 2008, 223 pistes d’atterrissage clandestines utilisées par les trafiquants de drogue ont été détruites. Cette Opération a été menée conjointement par 600 fonctionnaires provenant de la ONA, des Forces Armées Nationales Bolivariennes et de la Garde Nationale Bolivarienne, appuyés en cela par des hélicoptères MI-17, par des avions de chasse F-16 ainsi que par dix nouveaux radars chinois récemment acquis pour lutter contre le narcotrafic.

    De même, la destruction de laboratoires clandestins, généralement installés le long de la frontière avec la Colombie, est une priorité du gouvernement vénézuélien. Pour la seule année 2007, le Venezuela a démantelé 12 laboratoires clandestins qui produisaient jusqu’à une tonne de cocaïne par mois.

    En règle générale, les bons résultats du Venezuela en matière de lutte contre le trafic de drogue sont fréquemment salués autant par des organismes internationaux comme l’ONU ou l’Organisation des Etats Américains (OEA) à travers son mécanisme d’évaluation multilatéral, que par les nombreux pays qui maintiennent des accords bilatéraux avec le Venezuela dans ce domaine.

    Romain Migus ICI 

    Notes

    [1] Les chiffres que nous utilisons sont extraits du Rapport Mondial sur les Drogues réalisés par l’ONU en 2007, et 2008 ainsi que sur les résultats du Bureau National Antidrogue vénézuélien.

    WDR 2007 : http://www.unodc.org/pdf/research/wdr07/WDR_2007.pdf

    WDR 2008 : http://www.unodc.org/documents/wdr/WDR_2008/WDR_2008_eng_web.pdf

    Oficina Nacional Antidrogas : http://www.ona.gob.ve


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  • Honduras : l’avant et l’après-coup d’État
    par Arnold August*

    Deux mois et demi après le coup d’État militaire, les manifestations populaires continuent au Honduras. La crédibilité de l’administration Obama a été atteinte par la révélation de son implication dans le renversement du président Zelaya, contrairement à ses dénégations publiques. L’opinion publique sud-américaine en conclut que ce n’était pas l’administration Bush qui était malade, ce sont les États-Unis. La perte de prestige de Washington a ouvert un débat sur l’absence de démocratie authentique aux USA.


    Le Frente Nacional de Resistencia mène la courageuse lutte du peuple au Honduras. Depuis maintenant 70 jours, des Honduriens de tous les horizons font face à une brutale répression militaire et policière. De manière pacifique, avec une politique cohérente et une organisation de plus en plus sophistiquée, ils réclament des changements. Parmi ceux-ci, on compte la restauration de l’ordre constitutionnel au pays et le retour du président Zelaya. À mesure que la situation évolue, la population exige de plus en plus vigoureusement la tenue d’une assemblée constituante, afin de refonder la démocratie et la nation. Le peuple affirme d’ailleurs que ces revendications sont devenues l’objectif même de la résistance actuelle, que Zelaya revienne ou non.

    Maintenant que les instigateurs du coup d’État ont déclenché des élections, le Frente Nacional de Resistencia invite le peuple à les boycotter. Cette non-reconnaissance des élections, conjuguée au mouvement de masse continuel dans les rues pour réclamer un nouveau Honduras, constitue une phase cruciale de cette lutte. Les syndicats, groupes de femmes, paysans, étudiants, intellectuels et citoyens issus d’autres couches de la société sont tous montés au front. Les putschistes espèrent légitimer le coup d’État en tenant des élections.

    Des forces politiques non-reliées au régime militaire s’associent également au mouvement de masse. La résistance a acquis un tel prestige qu’elle a réussi à gagner l’adhésion d’un vaste éventail de forces politiques. Par exemple, le 18 juillet (il y a plus d’un mois et demi), dans une entrevue avec Raimundo López, de la Prensa Latina, le député et candidat à la présidentielle (au moment de l’article) pour le Partido de Unificación Democrática (UD), César Ham, a affirmé qu’il y a avait maintenant un « Honduras pré-coup d’État, et un Honduras post-coup d’État ».

    En peu de mots, sa déclaration a cristallisé la situation actuelle et fourni un contexte historique au Honduras. L’UD est descendu dans la rue avec le Frente Nacional de Resistencia. Deux de ses membres importants ont d’ailleurs été assassinés par le régime militaire. Selon un communiqué de la Prensa Latina datant du 31 août, M. Ham ainsi que d’autres membres de l’UD ont confirmé qu’ils boycottaient les élections.

    D’autres forces politiques issues des courants non-traditionnels et même traditionnels en font autant. « Le mouvement de base », a dit Zelaya [tel que rapporté par le quotidien The Nation, le 4 septembre 2009], n’a qu’un seul objectif : la transformation du Honduras, avec des changements structurels en profondeur. « Ce mouvement est devenu très fort et ne saurait être anéanti » a-t-il dit [1]. Par ailleurs, le 5 septembre, alors que la résistance populaire contre le coup d’État militaire durait depuis 70 jours, le Frente Nacional de Resistencia se préparait à prendre de nouvelles mesures.

    Le Honduras post-coup d’État fait maintenant partie du mouvement qui s’est répandu comme une traînée de poudre à travers l’Amérique du sud, même si le Président Zelaya n’est pas encore rentré chez lui. Ce mouvement de base sud-américain représente une poussée vers le pouvoir populaire, ainsi qu’une opposition aux politiques néolibérales et à la domination états-unienne. L’objectif de ces activistes est de se servir des urnes afin de susciter des changements radicaux dans leurs pays respectifs. Plusieurs d’entre eux, tels le Venezuela, la Bolivie et l’Équateur, ont déjà procédé à l’élection d’assemblées constituantes et à la création de nouvelles constitutions modernes. D’autres, comme le Nicaragua, le Salvador et le Paraguay, pour ne nommer que ceux-là, sont en voie de refonder leur nation. Cuba est le pionnier de ces changements, même si ceux-ci se sont déroulés dans un contexte historique complètement différent et avec d’autres moyens. Par ailleurs, le triomphe de la Révolution de 1959 et la transformation révolutionnaire totale qui en a découlé sont issus de la tradition cubaine Mambisi du XIXème siècle. Parmi ses caractéristiques, celle-ci permettait au peuple de rédiger ses propres constitutions en tant que République en armes, alors que Cuba était encore une colonie espagnole.

    Le Honduras constitue un exemple de que les États-Unis qualifient, avec arrogance et mépris, de « république bananière ». Le Honduras est le troisième pays le plus pauvre de toute l’Amérique latine et des Caraïbes. Une grande partie de sa population est analphabète, comme c’était le cas en Bolivie avant l’élection d’Evo Morales et la restructuration du système politique. Néanmoins, c’est maintenant le peuple du Honduras qui donne des leçons à Washington quant à la nécessité actuelle, soit la création d’une nouvelle constitution moderne.

    Présentement, aux États-Unis, la situation politique et économique est grave. En fait, les choses vont tellement mal que certains commentateurs américains vont jusqu’à affirmer —avec ironie, bien sûr— que les États-Unis eux-mêmes sont devenus une république bananière, en raison de leur immense dette étrangère. Les États-Unis ont vu se dérouler deux victoires électorales frauduleuses sous le règne de la famille Bush. Comment est-ce possible qu’une réforme du système de santé divise le pays si profondément, tout en créant des conflits entre citoyens, et que les opposants d’extrême-droite menacent même d’avoir recours à la violence ? Bien qu’en théorie, l’esclavage et la discrimination raciale réglementée aient été éliminés au profit des droits civiques, non seulement le racisme fait-il des ravages dans la société, mais il est même en hausse.

    Les États-uniens issus de l’Amérique latine sont de plus en plus victimes d’attaques racistes dans les grands médias, lesquelles s’insinuent ensuite dans toutes les couches de la société. Le racisme est institutionnalisé. Le président Obama lui-même est victime de menaces racistes et de tentatives d’intimidation par la droite. Bien que des procédures de destitution aient été engagées contre l’ancien vice-président Dick CheneyWashington Post approuve ouvertement la torture et rejoint la position de Cheney [2]. Le gouvernement états-unien n’a pas encore tout dit sur les dessous du 11 septembre. Les États-Unis sont les plus grands marchands d’armes et de drogue au monde. C’est tout cela et bien plus encore qui se déroule dans leurs marécages boueux, en conformité ou en violation avec leur Constitution. (sans jamais avoir été mises à exécution), pour crimes de guerre et pour avoir menti à ses concitoyens afin qu’ils entrent en guerre, on entend maintenant des rumeurs affirmant que Cheney puisse être candidat aux élections présidentielles de 2012 ! S’il s’avère toutefois que Cheney ne présente pas sa candidature, c’est tout de même lui qui mène le combat pour revenir aux politiques de l’époque de Bush. Le

    Les peuples du Sud avancent. Les sections les plus progressistes et les penseurs avant-gardistes de la société états-unienne ne pourraient-ils pas tenir compte de ce mouvement, et par conséquent, réfléchir à la nécessité d’adopter une nouvelle constitution à l’intérieur même des États-Unis, laquelle permettrait aux citoyens de maîtriser à la fois leur destinée et leurs politiques étrangères ? (La même question s’applique à d’autres pays de l’hémisphère nord.)

    Le peuple du Honduras, pour sa part, est assurément en faveur d’une assemblée constituante et d’une nouvelle constitution : un juste retour des choses plein d’une savoureuse ironie pour une « république bananière ». Pendant la période précédant le coup d’État, le président Zelaya construisait un nouveau pays pour son peuple, c’est pourquoi on l’a expulsé. Néanmoins, le Honduras d’après le coup d’État s’est transformé. Le mouvement amorcé le 28 juin est encore plus profond et novateur que celui du Honduras d’avant le coup d’État. Plus que jamais, le pays s’intègre au vaste mouvement latino-américain en faveur de nouvelles politiques économiques anti-néolibérales et de nouvelles institutions politiques, et contre la domination états-unienne, le pillage de ses ressources naturelles ainsi que l’installation et l’agrandissement des bases militaires. Le Honduras connaîtra sans doute des hauts et des bas dans un avenir proche, mais à long terme, sa tendance est irréversible – comme elle l’est partout dans le sud, qui d’ailleurs, se soulève aujourd’hui.

     Arnold August

    Auteur, journaliste et conférencier spécialiste de Cuba. Livre Democracy in Cuba and the 1997-98 Elections. Chapitre « Socialism and Elections » du livre Cuban Socialism in a New Century : Adversity, Survival, and Renewal, (University Press of Florida, 2004) édité par les professeurs Max Azicri et Elsie Deal. Prochain volume Cuba : démocratie participative et élections au XXIème siècle (automne 2010 en français, anglais, et espagnol). Membre de la Latin American Studies Association (LASA)

    SOURCE VOLTAIRE NET 

     

     

     


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  • La stratégie orpheline

    Il manque encore à l’Amérique latine, continent de révolutions et de contre-révolutions, une pensée stratégique capable d’orienter des processus politiques riches et diversifiés, et qui soit à la hauteur des défis à relever. Malgré une forte capacité analytique, d’importants processus de transformation et des dirigeants révolutionnaires emblématiques, le continent n’a pas produit la théorie de sa propre pratique.

    Les trois stratégies historiques de la gauche ont pu compter sur des forces à la direction vigoureuse – partis socialistes et communistes, mouvements nationalistes, groupes de guérilla – et ont mené des expériences de profonde signification politique : la Révolution cubaine, le gouvernement d’Allende, la victoire sandiniste, les gouvernements post-néolibéraux au Venezuela, en Bolivie et en Equateur, la construction de pouvoirs locaux comme au Chiapas, et les pratiques de budgets participatifs, dont la plus importante eut lieu à Porto Alegre. Cependant, il n’existe pas de grande synthèse stratégique qui nous permette d’utiliser les bilans de chacune de ces stratégies, ni un ensemble de réflexions qui puisse favoriser la formulation de nouvelles propositions.

    Le fait même que ces trois stratégies aient été développées par des forces politiques distinctes a empêché la formation de processus communs d’accumulation, de réflexion et de synthèse. Tant que les partis communistes eurent une existence réellement concrète, ils promurent des processus de réflexion sur leurs propres pratiques. Tant qu’elle exista, la OLAS (Organisation Latino-américaine de Solidarité) fit de même pour les processus de lutte armée. Les mouvements nationalistes, au contraire, n’établirent pas suffisamment d’échanges entre eux pour susciter un phénomène similaire. Aujourd’hui, les nouvelles pratiques ne stimulent pas l’élaboration théorique ni la problématisation critique des nouvelles réalités.

    Les stratégies adoptées sur le continent, surtout dans les premiers temps, souffrirent du poids des liens internationaux de la gauche latino-américaine avec les partis communistes en particulier, mais aussi avec les sociaux-démocrates. On peut prendre l’exemple de la ligne de "classe contre classe", mise en place dans la seconde moitié des années vingt. Celle-ci rendit difficile la compréhension des formes politiques concrètes de réponse à la crise de 1929 – le gouvernement de Getúlio Vargas étant l’une des exceptions, avec l’éphémère gouvernement socialiste chilien de douze jours et des manifestations similaires à Cuba. Or, cette ligne de "classe contre classe" fut une importation directe de la crise d’isolement de l’Union Soviétique face aux gouvernements d’Europe occidentale, et non une situation née des conditions concrètes du continent américain.

    Les mobilisations menées par Farabundo Martí et par Augusto Sandino naquirent de conditions concrètes de résistance contre l’occupation américaine et furent l’expression de formes directes de nationalisme anti-impérialiste. Les processus d’industrialisation en Argentine, au Brésil et au Mexique surgirent en réponse à la crise de 1929. Elles ne s’appuyèrent pas, au moins au départ, sur des stratégies articulées. La Commission Economique por l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL) se mit à théoriser les situations lorsque, au début de la seconde période d’après-guerre déjà, elle commençait à envisager la théorie de l’industrialisation par substitution aux importations – et encore s’agissait-il d’une stratégie économique. La révolution bolivienne de 1952 n’élabora pas non plus de ligne d’action stratégique propre, et ne fit que mettre en pratique certaines revendications, comme l’universalisation du vote, la réforme agraire et la nationalisation des mines.

    Ainsi, ni le nationalisme ni le réformisme traditionnel n’appuyèrent leur action sur des stratégies ; ils ne firent que répondre à des demandes économiques, sociales et politiques. Quand l’Internationale Communiste définit sa position de Fronts Antifascistes, en 1935, l’application de la nouvelle orientation coïncida avec les conditions concrètes vécues par les pays de la région. Si la ligne de "classe contre classe" était une réponse aux conditions particulières de l’Union Soviétique, la nouvelle orientation répondait à l’expansion des régimes fascistes en Europe. Ni l’une ni l’autre ne prenaient en compte les conditions de l’Amérique latine, assimilée à une périphérie coloniale, sans identité particulière.

    Cette inadéquation eut plusieurs effets concrets. Le mouvement mené par Luís Carlos Prestes en 1935 resta à cheval entre deux lignes : d’un côté, il organisait un soulèvement centré sur les lieutenants ; d’un autre, il ne prônait pas un gouvernement ouvrier et paysan mais un front de libération national, en réponse à la ligne plus ample de l’Internationale Communiste. La forme de lutte correspondait à la ligne radicale de "classe contre classe", et l’objectif politique, au front démocratique. Le résultat fut que le mouvement s’isola de la "Révolution de 1930" dirigée par Getúlio Vargas, de caractère nationaliste et populaire.

    Le Front Populaire chilien importa l’étiquette "anti-fasciste" sans que le fascisme se soit étendu au continent. Le fascisme européen fut transposé mécaniquement sur l’Amérique latine, avec toutes les erreurs possibles que cela put entraîner. En Europe, le fascisme s’identifia au nationalisme et à l’anti-libéralisme, sans aucune significaton anti-impérialiste. Le nationalisme européen fut marqué par le chauvinisme, par la prétendue supériorité d’un Etat national sur les autres, et par l’anti-libéralisme, y compris contre la démocratie libérale. La bourgeoisie ascendante assuma l’idéologie libérale comme un instrument pour libérer la libre-circulation du capital de ses limites féodales.

    En Amérique latine, le nationalisme reproduisit l’anti-libéralisme politique et économique, mais il adopta une position anti-impérialiste, du fait de la localisation même de la région à la périphérie – des Etats-Unis, dans notre cas, ce qui nous situa dans le champ de la gauche. Cependant, la transposition mécanique des schémas européens conduisit certains partis communistes de l’époque (au Brésil et en Argentine, par exemple) à caractériser à certains moments Juan Domingo Perón et Getúlio Vargas de reproducteurs du fascisme en Amérique latine. Pour cette raison, ils furent identifiés comme les plus féroces adversaires à combattre. Ainsi, le Parti Communiste argentin,lors des élections de 1945, s’allia contre Perón non seulement avec le candidat libéral du Parti Radical, mais aussi avec l’Eglise et l’ambassade des Etats-Unis, appliquant l’idée selon laquelle toute alliance contre le plus grand ennemi, le fascisme, était valide.

    La plus grande confusion ne se produisit pas seulement en relation avec le nationalisme, mais aussi avec le libéralisme qui fut en Europe l’idéologie de la bourgeoisie ascendante, alors qu’en Amérique latine les politiques de libre-commerce du libéralisme était le patrimoine des oligarchies primo-exportatrices. Ici, le nationalisme n’est pas le seul à avoir le feu vert ; le libéralisme aussi.

    Ce fut ce phénomène qui dissocia questions sociales et questions démocratiques, et qui fit que les questions sociales furent prises en charge par le nationalisme, au détriment des questions démocratiques.

    Le libéralisme s’efforça toujours de s’approprier la question démocratique, et accusa les gouvernements nationalistes d’être autoritaires et dictatoriaux, tandis que ceux-ci accusaient les libéraux de gouverner pour les riches et de n’avoir aucune sensibilité sociale, revendiquant pour leur compte la défense des masses pauvres de la population.

    Seule une analyse concrète des situations concrètes aurait permis de s’approprier les conditions historiques spécifiques du continent et de chaque pays. Des analyses comme celles du Péruvien José Carlos Mariátegui, du Cubain Julio Antonio Mella, du Chilien Luis Emilio Recabarren et du Brésilien Caio Prado Jr., parmi d’autres : autant d’analyses autonomes que les directions des partis communistes auxquels leurs auteurs appartenaient ne prirent pas en compte. Au contraire, ce furent les idées de l’Internationale Communiste qui furent prédominantes, et qui contribuèrent à mettre en difficulté l’implantation des partis communistes dans ces pays.

    Quand le nationalisme fut assumé par la gauche, ce fut comme force subordonnée dans des alliances avec une direction populaire représentant un bloc pluriclasisste. Cette longue période ne fut pas théorisée par la gauche. Les alliances et les conceptions des fronts populaires ne rendaient pas compte de ce nouveau phénomène où l’anti-impérialisme remplaçait le fascisme avec des caractéristiques très différentes.

    La révolution bolivienne de 1952 fut l’objet d’interprétations contradictoires car elle comportait des éléments nationalistes, comme la nationalisation des mines d’étain, et populaires, comme la réforme agraire. Mais la participation active des milices ouvrières qui remplacèrent l’Armée, l’existence d’une alliance ouvrière et paysanne et les révolutions anti-capitalistes permirent d’autres théorisations sur ce qui existait de manière embryonnaire dans ce mouvement pluriclassiste : d’un mouvement nationaliste classique, national et antioligarchique, aux versions qui lui conféreraient un caractère anti-capitaliste.

    Il existe deux types d’analyse sur la Révolution cubaine : celle de Fidel, de type programmatique, dans L’histoire m’acquittera, et celle du Che dans La guerre de guérilla, sur la stratégie de construction de la force politico-militaire et la lutte pour le pouvoir. Le texte ébauché par Fidel pour sa défense lors du procès de l’attaque de la caserne de Moncada est une extraordinaire analyse de l’élaboration d’un programme politique à partir des conditions concrètes de la société cubaine de l’époque. L’analyse du Che décrit ponctuellement la manière dont la guerre de guérilla articula la lutte politique et militaire, depuis le noyau initial de la guérilla jusqu’aux grands détachements qui composèrent l’armée rebelle, comment elle résista à l’offensive de l’Armée régulière et lança l’offensive finale qui la mena à la victoire.

    Pourtant, soit parce qu’il n’existait pas de réflexion à ce sujet, soit parce qu’il fallait maintenir le facteur surprise, primordial pour la victoire, il n’y eut pas d’analyse publique sur le caractère du mouvement – qui déterminât s’il était seulement nationaliste, ou s’il était déjà embryonnairement anti-capitaliste. La révolution cubaine construisit peu à peu, à la lumière des affrontements concrets, sa stratégie de rapide passage de la phase démocratique et nationale à la phase anti-impérialiste et anti-capitaliste, au fur et à mesure que les définitions étaient imposées par la dynamique entre révolution et contre-révolution. Mais cette trajectoire ne fut pas l’objet d’une réflexion comme le furent les formes de la lutte, notamment la guerre de guérilla. Voilà ce qui fut le grand débat en Amérique latine après le triomphe cubain : les formes de la lutte. Voie pacifique ou voie armée ? Guerre de guérilla rurale ou guerre populaire ? L’articulation des questions nationale et anti-impérialiste avec les questions anti-capitaliste et socialiste fut moins discutée et élaborée.

    Les expériences de guérilla reproduisirent ce débat, tout comme le gouvernement de l’Unité Populaire au Chili. Les gouvernements nationalistes militaires, en particulier le gouvernement péruvien de Velasco Alvarado, mais aussi dans une moindre mesure ceux d’Equateur et du Honduras, réactivèrent la thématique du nationalisme ; cependant, leur caractère militaire ne favorisa pas sa théorisation, et il ne fut pas non plus considéré comme une alternative stratégique par la gauche de l’époque.

    Le processus nicaraguayen incorpora les expériences antérieures de lutte pour le pouvoir et élabora une plate-forme de gouvernement peu définie adaptée à des facteurs nouveaux, dont les plus importants furent l’intégration des chrétiens et des femmes au militantisme révolutionnaire et une politique extérieure plus flexible. Il fit face aux obstacles qu’il rencontra de manière empirique – en particulier, l’harcèlement militaire des Etats-Unis – sans contribuer par des théories à la pratique qu’il développait.

    Comme dans le cas de l’Unité Populaire, l’expérience sandiniste fut l’objet d’une vaste bibliographie, mais on ne peut pas dire que celle-ci mena à un bilan stratégique clair qui permît de laisser une expérience pour l’ensemble de la gauche. Le débat sur le Chili fut présent dans les discussions de la gauche du monde entier et, pour cette raison, il perdit sa spécificité comme phénomène chilien et latino-américain. Les débats sur le Nicaragua tendirent au contraire à se centrer sur des aspects importants comme, par exemple, les questions éthiques, mais ils ne produisirent pas un bilan stratégique des onze ans de gouvernement sandiniste.

    Au moment où la gauche traversait sa période de plus grande faiblesse, le Brésil apparaissait comme une exception, à contre-courant des tendances générales, en particulier des changements régressifs radicaux dans les corrélations de forces internationales. Lula se présenta comme une alternative de direction politique, déjà lors des premières élections, en 1989, en parvenant au second tour ; pour la première fois, la gauche apparaissait au Brésil comme une force alternative réelle de gouvernement – l’année de la chute du mur de Berlin et de la fin du camp socialiste, alors que l’Union Soviétique donnait de forts signes de désagrégation de et que les Etats-Unis semblaient triompher dans la Guerre Froide, et que l’on retournait à un monde unipolaire, sous l’hégémonie impériale des Etats-Unis.

    A ce moment là, Carlos Menem et Carlos Andrés Pérez triomphaient respectivement en Argentine et au Venezuela ; non seulement ils étendaient ainsi les expériences néolibérales à des forces nationalistes et sociales-démocrates, mais ils annonçaient aussi la généralisation de ces politiques à tout continent. Ce à quoi vint s’ajouter l’élection de Fernando Collor de Mello, qui avait battu Lula au Brésil, et la Concertación (alliance de la Démocratie Chrétienne et du Parti Socialiste) au Chili en 1990. En février de cette même année le sandinisme connut sa défaite électorale. Cuba était déjà entrée dans sa "période spéciale", au cours de laquelle elle ferait face, avec de grandes difficultés, aux conséquences de la fin du bloc socialiste auquel elle était structurellement intégrée.

    A ce moment, le Brésil concentrait des expériences qui semblaient témoigner d’un nouveau versant de la gauche – post-soviétique pour les uns, sociale-démocrate pour les autres. En plus de Lula et du PT, les années quatre-vingt avaient vu surgir la CUT, la première centrale syndicale légalisée de l’histoire brésilienne ; le MST, le mouvement social le plus fort et le plus innovateur du pays ; et l’essor des politiques de budget participatif dans les municipalités, en général sous la directive du PT. Tous ces facteurs motivèrent plus tard le choix de la ville brésilienne de Porto Alegre comme siège des Forums Sociaux Mondiaux.

    Un grand espoir de voir s’ouvrir un nouveau cycle d’une gauche renouvelée fut ainsi investi dans la gauche brésilienne, en particulier dans la direction de Lula et dans le parti du PT. Sans rentrer dans une analyse détaillée d’une expérience aussi complexe, il est nécessaire de souligner que, dès le début, on projeta sur Lula et le PT des attentes qui ne se fondaient pas sur des expériences concrètes ni sur les traits politiques et idéologiques assumés avec le temps par ces expériences.

    Des composants de la gauche antérieure et des courants internationaux firent de Lula non seulement un dirigeant ouvrier classiste, lié à la tradition des conseils ouvriers, mais aussi un dirigeant d’un parti de gauche gramscien, d’un nouveau genre, démocratique et socialiste. Lula n’était rien de tout cela, mais il n’était pas non plus un dirigeant à l’image de ce qu’était devenu le PT. Formé comme dirigeant syndical, de base, à une époque où les syndicats étaient interdits par la dictature, c’était un dirigeant qui négociait directement avec les entités patronales, un grand leader de masse, mais sans idéologie. Il ne se sentit jamais lié à la tradition de la gauche, ni à ses courants idéologiques, ni à ses expériences politiques historiques. Il s’affilia à une gauche sociale – si on peut la considérer ainsi – sans avoir nécessairement de liens idéologiques et politiques avec elle. Il chercha à améliorer les conditions de vie de la masse des travailleurs, du peuple ou du pays, et selon ses propres mots, il se transforma au cours de carrière. Il s’agit d’un négociateur, d’un ennemi des ruptures et, par conséquent, de quelqu’un sans aucune propension révolutionnaire radicale.

    Ces caractéristiques doivent être replacées dans les situations politiques auxquelles Lula fut confronté jusqu’à devenir le véritable Lula. Ce n’est qu’ainsi qu’on pourra tenter de déchiffrer l’énigme Lula.

    Un des éléments de la crise hégémonique latino-américaine est le manque de théorisation sur la question. A l’exception du cas bolivien, qui peut s’appuyer sur les productions du groupe Comuna, les avancées des processus post-néolibéraux se firent généralement par tâtonnements successifs, et sur les maillons de moindre résistance de la chaîne néolibérale. Ce processus avait déjà dépassé sa phase initiale, lorsque, comme nous l’avons dit, il obtint des avancées relativement faciles, jusqu’à ce que la droite se réorganise et retrouvre sa capacité d’initiative. Dès lors, les élaborations théoriques qui permettent la compréhension de la situation historique réelle qu’affronte le continent, avec ses éléments de force et de faiblesse, ses corrélations de forces réelles, concrètes et mondiales, ses défis et ses possibles lignes de dépassement sont devenues la condition indispensable pour l’affrontement et le dépassement des obstacles.

    Depuis la consolidation de l’hégémonie néolibérale, la résistance à ce modèle et les luttes des mouvements sociaux, y compris l’organisation du Forum Social Mondial, ont déplacé la réflexion vers le plan de la dénonciation et de la résistance, et ont évité la question politique et stratégique. Autrement dit, la tendance a été de définir un supposé espace de la société civile comme terrain d’action privilégié, au détriment de la politique, de l’Etat et avec eux, des thèmes de la stratégie et de la construction de projets hégémoniques alternatifs et de nouveaux blocs politiques et sociaux. Cette posture théorique a largement diminué la capacité d’analyse des forces anti-néolibérales, qui se sont pratiquement limitées à l’exaltation des postures de résistance et du courage des mobilisations de la base, au détriment des positions des partis et des gouvernements.

    Les nouveaux mouvements n’ont pas pu s’appuyer sur une actualisation de la pensée stratégique, et ils ne disposent pas même d’un bilan des expériences positives et/ou négatives antérieures. La situation a été encore aggravée par les changements radicaux à l’échelle mondiale : le passage d’un monde bipolaire à un monde unipolaire, sous l’hégémonie impériale des Etats-Unis, et du modèle régulateur au modèle néolibéral, deux évolutions qui eurent lieu dans une période historique lourde d’implications pour l’Amérique latine. Parmi elles, le retour des pays du continent dans les cadres d’insertion du marché mondial, résultat de l’ouverture néolibérale, et l’affaiblissement des Etats nationaux.

    Des théorisations comme celles de Holloway ou de Toni Negri apparaissaient comme des adéquations à des situations réelles qui, au lieu de proposer des situations stratégiques, tentèrent de faire de nécessité vertu. Quoique différentes dans leurs esquisses théoriques, toutes deux finirent par s’accomoder du manque congénital de stratégie de ceux qui rejetaient l’Etat et la politique, pour se réfugier dans une myhtique "société civile" et dans une "autonomie des mouvements sociaux" réductrice, renonçant aux réflexions et aux propositions stratégiques et laissant ainsi le camp anti-néolibéral sans armes pour répondre aux défis de la crise de l’hégémonie, qui se firent plus évidents quand la dispute hégémonique passa à l’ordre du jour.

    Nous avons déjà analysé comment ce facteur affecta le processus vénézuélien, comment le processus bolivien trouva une solution originale et comment l’équatorien s’appuya sur des solutions hybrides, quoique créatives. Le post-néolibéralisme a apporté de nouveaux défis théoriques qui, du fait des nouvelles conditions que les luttes sociales et politiques affrontent sur le continent, éclairent une pratique nécessairement novatrice et, plus qu’à tout autre moment, exigent des réflexions et des propositions stratégiques orientées en fonction des coordonnées des nouvelles formes de pouvoir. Les propositions du groupe bolivien Comuna, comme nous l’avons mentionné, sont une exception : ils constituent l’ensemble de textes le plus riche de la gauche latino-américaine, un exemple unique dans son histoire par sa capacité de conjuguer académiques et analyses individuelles de grande créativité théorique – par des auteurs comme Álvaro García Linera, Luis Tapia, Raúl Prada, entre autres – avec des interventions politiques directes. Dans ces conditions, García Linera devint le vice-président de la Repúblique et Prada fut un important parlementaire constituant.

    Les difficultés qu’éprouve aujourd’hui la gauche latino-américaine, à développer une théorie à partir de la pratique, s’expliquent par plusieurs facteurs. Parmi ceux-ci, on peut distinguer la dynamique adoptée par la pratique théorique, concentrée pour l’essentiel dans les universités, qui subit les effets du changement de période sur le plan académique : offensive idéologique du libéralisme, enfermement dans la division du travail interne des universités, en particullier du fait de la spécialisation, refuge dans des positions peu critiques, qui tendent à être doctrinaires et ne donnent pas lieu à des alternatives.

    D’un autre côté, les processus de dépassement réel du néolibéralisme introduisirent des thèmes éloignés de la dynamique de la réflexion académique, comme ceux des peuples originaires et des Etats plurinationaux, la nationalisation des ressources naturelles, l’intégration régionale, le nouveau nationalisme et le post-néolibéralisme, des questions très éloignées de celles qui sont habituellement abordées dans les cursus universitaires et de celles qui sont privilégiées par les institutions de recherche et développement. Celles-ci ont privilégié les propositions définies par les matrices fragmentées des réalités sociales, dévalorisant les interprétations historiques globales, et accentuant ainsi la fragmentation entre les différentes sphères – économique, sociale, politique et culturelle – de la réalité concrète.

    Ne perdons pas non plus de vue les effets de la crise idéologique qui affecta les pratiques théoriques dans la transition de la périoded historique antérieure à l’actuelle, avec la disqualification des dénommés méga-récits et l’utilisation généralisée de l’idée de crise des paradigmes. A la suite de cela, les modèles analytiques généraux furent abandonnés et on adhéra au post-modernisme, avec les conséquences signalées par Perry Anderson : structures sans histoire, histoire sans sujet, théories sans vérité, un véritable suicide de la théorie et de toute tentative d’explication rationnelle du monde et des relations sociales.

    Des thèmes essentiels pour les stratégies de pouvoir, tels que le pouvoir même, l’Etat, les alliances, la construction de blocs alternatifs de forces, les processus d’accumulation des forces, le bloc hégémonique, parmi d’autres, furent déplacés ou disparurent pratiquement, en particulier à mesure que les mouvements sociaux devinrent des protagonistes centraux dans les luttes anti-néolibérales. Le passage de la phase défensive à la phase de dispute hégémonique devra signifier – comme c’est le cas dans les textes du groupe Comuna et dans les discours de Hugo Chávez et Rafael Correa – une récupération de ces problématiques, une actualisation pour la période historique de l’hégémonie néolibérale et la lutte contre le mercantilisme. Se réfugier dans l’optique de la simple dénonciation, sans engagement par la formulation et la construction d’alternatives politiques concrètes, tend à distancier une part importante de l’intellectualité des processus historiques concrets auxquels les mouvements populaires sont confrontés sur le continent, ce qui les condamne à des tentatives empiriques d’essai et d’erreur, dans la mesure où ils ne peuvent pas compter sur l’appui d’une réflexion théorique engagée avec les processus de transformation existants.

    La tentation contraire est grande. Etant donné que Fidel Castro n’est pas Lénine, que le Che n’est pas Trosky, qu’Hugo Chávez n’est pas Mao Tse Dong, qu’Evo Morales n’est pas Ho Chi Minh et que Rafael Correa n’est pas Gramsci, il serait plus facile de rejeter les processus historiques réels, parce qu’ils ne correspondent pas aux rêves de révolution construits avec l’impulsion d’autres ères, que de tenter de déchiffrer l’histoire contemporaine avec ses énigmes spécifiques. En définitive, tenter de reconnaître les signes du nouveau topos latino-américain, ou en être relégué aux résumés auxquels sont réduits les textes classiques dans les mains puissantes et sectaires de ceux qui ont peur de l’histoire.

    Se réfugier dans les formulations des textes classiques est le chemin le plus commode, mais aussi celui qui mène le plus facilement à la défaite. Les défaites ne s’expliquent pas par des raisons politiques, mais morales – et la "trahison" en est la plus commune. Le manque de réponse politique mène à des visions infrapolitiques, morales. Le diagnostique de Trotsky sur l’Union Soviétique en est le modèle opposé : il s’agit de l’explication politique, idéologique et sociale des chemins ouverts par le pouvoir bolchevique. C’est pourquoi il est passé de la thèse de la révolution "trahie" à l’affirmation substantielle de l’Etat sous l’hégémonie de la bureaucratie.

    La défense des principes qui sont supposés être contenus dans les textes des classiques semble s’expliquer d’elle-même, mais elle ne rend pas compte de l’essentiel : pourquoi les visions de l’ultra-gauche, doctrinaires, extrémistes, ne triomphent-elles jamais, ne parviennent-elles jamais à convaincre la majorité de la population ? Pourquoi n’ont-elles jamais construit des organisations à même de diriger les processus révolutionnaires ? Elles s’identifient aux grands bilans des défaites, mais ne conduisent jamais à des processus de construction de forces politiques révolutionnaires. Ce n’est pas un hasard si leur horizon est habituellement celui de la polémique à l’intérieur de l’ultra-gauche et des critiques aux autres secteurs de la gauche, sans prendre part aux grands débats nationaux, sans faire face centralement à la droite ou participer à la dispute hégémonique. Ceux qui n’apparaissent que dans les espaces publics pour critiquer les secteurs de gauche, très souvent en utilisant les espaces médiatiques des organes de la droite, ont perdu de vue leurs ennemis fondamentaux, les grands face-à-face avec la droite.

    Le défi est d’affronter les contradictions de l’histoire dans les conditions concrètes des pays de l’Amérique latine d’aujourd’hui et de démêler les points d’appui pour construire ainsi le post-néolibéralisme. Le groupe Comuna a su le faire parce qu’il a relu l’histoire bolivienne, en particulier à partir de la révolution de 1952, en a déchiffré la signification, a fait les périodisations postérieures de l’histoire du pays, a compris les cycles qui menèrent à l’épuisement de la phase néolibérale, est parvenu à défaire les erreurs de la gauche traditionnelle en relation avec les sujets historiques et a réalisé le travail historique indispensable pour concerter le mariage entre la direction d’Evo Morales et la résurgence du mouvement indigène comme protagoniste historique essentiel de l’actuelle période bolivienne. Il a pu ainsi recomposer l’articulation entre la pratique théorique et la politique, et aider le nouveau mouvement populaire à ouvrir les chemins de la luttes pour les revendications économiques et sociales sur les plans ethniques et politiques.

    Ce travail théorique est indispensable et ne peut se faire qu’à partir des réalités concrètes de chaque pays, articulées avec la réflexion sur les interprétations théoriques et les expériences historiques accumulées par les mouvements populaires au fil du temps. La réalité est implacable avec les erreurs théoriques. L’Amérique latine du XXIe siècle requiert et mérite une théorie à la hauteur des défis présents.

    Notes :

    Secrétaire Exécutif du Conseil Latino-américain de Sciences Sociales (CLACSO). Directeur du projet LATINOAMERICANA - Encyclopédie Contemporaine d’Amérique latine y des Caraïbes.

    [CLACSO - Cahiers de Pensée Critique /Le Monde Diplomatique].

    * Philosophe, politologue et professseur à l’Université d’Etat de Rio de Janeiro (UERJ), où il dirige le Laboratoire de Politiques Publiques.

    Source : ADITAL

    LA REVOLUCION VIVE 

    Traduction : Katia Tosco


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  • 11.09.2009. Premiers titres de propriété remis aux Yukpa en octobre

     

    Conséquence des instructions du Président Chavez de défendre avec force les droits des peuples originaires du Venezuela, les premiers titres de propriété seront remis en octobre à la Communauté indigène Yukpa de la Montagne de Perijá, État du Zulia.


    C´est ce qu´a annoncé mercredi le ministre de l´Intérieur et la Justice, Tarek l’Aissami, après la réunion d´évaluation des avancées du plan national intégral de sécurité de la zone frontalière, effectuée à Machiques de Perijá, Zulia.

    « C´est un acte transcendantal pour nos frères indigènes après plus de 500 années d’exploitation, de manque de mémoire, d’exclusion. Cette Révolution bolivarienne revendique les droits de tous nos peuples originaires », a-t-il expliqué. “Il existe des résultats concrets, et plus de 20 projets intégraux en plein développement. En matière d’infrastructure on a réconstruit 47.7 kilomètres de la voie de Machiques de Perijá, entre autres travaux publics. Le Ministère du Pouvoir Populaire pour les Travaux publics et le Logement (Mopvi) fera don de deux ambulances à la Communauté du Tocuco.


    Le ministre a par ailleurs annoncé la création d´une équipe spéciale pour intensifier la recherche de l’assassin présumé du père du cacique indigéne Sabino Romarin, de la Communauté yukpa. « Ce meurtre ne restera pas impuni, nous ferons tout ce qui est possible pour rétablir l´autorité de la justice sur les acteurs (paramilitaires, trafiquants de drogues) qui génèrent la violence dans cette communauté », a-t-il souligné. Le 22 juillet 2008, avait été assassiné à Machiques, État du Zulia, le membre de la communauté indigéne yukpa Jose Manuel Romarin, de 109 ans, fondateur de la Communauté de Chaktapa.

    Source : Caracas, 09 Sep. Agencia Bolivariana de Noticias (Carolina Pérez).




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  • POUR SE DÉLIVRER DE "LA LATIFUNDIO" DES ONDES
    Nouveau site bilingue franco-espagnol sur la Révolution bolivarienne au Venezuela

    http://www.larevolucionvive.org.ve/

    Chers amis, chères amies,

    Nous vous écrivons du Venezuela, où nous vivons et travaillons à la démocratisation des ondes. Celles-ci, comme partout ailleurs dans le monde, restent à 80 % aux mains de grands groupes économiques privés. Depuis dix ans, notre pays est victime de la même désinformation qui faisait du Nicaragua sandiniste des années 1980 un pays "totalitaire". Les grands médias, acteurs de la globalisation néolibérale, doivent à tout prix faire de nos révolutions des dictatures en marche. Même dans des secteurs se réclamant de la gauche, un lavage de cerveau quotidien, efficace et n’offrant guère d’alternatives, a fini par sédimenter des catégories de débat obligées : "pour ou contre Chavez", "dérive autoritaire ou pas", "base contre bureaucratie", "Chavez-Iran", etc.

    D’autre part, la critique se prétendant « de gauche », qui domine largement la Toile, reste souvent faite par des "intellectuels" ou des groupes politiques qui ne vivent pas notre processus - mais en vivent parfois... Elle reflète peu les préoccupations de 90% des Vénézuéliens ou des Latino-Américains en général.

    Des amis du monde entier nous ont donc demandé de créer un site , qui deviendra progressivement bilingue français-espagnol, afin de rencontrer "en direct" les paysannes et paysans, les pêcheurs, artisans, travailleurs et travailleuses en lutte, mais aussi les communautés indigènes, les militantes des droits des femmes, les organisateurs et organisatrices de conseils communaux, de médias associatifs, etc. En bref, toutes celles et tous qui avancent et travaillent loin du Monde, de Libération, de El Pais ou de Reuters.

    Qu’ils n’aient pas le temps de publier sur Internet ne signifie pas qu’ils n’existent pas, qu’ils ne pensent pas, qu’ils ne vivent pas des contradictions et ne formulent pas des critiques bien différentes de toutes celles qu’on projette sur eux. Ils sont des millions. Ils n’ont de leçons à donner à personne, mais ils ont beaucoup à nous dire.

    A travers les programmes de Vive TV, télévision participative née de la Révolution bolivarienne, nous vous offrirons chaque jour, en français et en espagnol, les témoignages des secteurs populaires et des mouvements sociaux vénézuéliens, des analyses des mensonges du Parti de la Presse et de l’Argent (PPA), ainsi que des outils pour créer des médias enfin libres. Car il ne saurait y avoir de démocratie véritable sans appropriation populaire des médias et sans démocratisation du "latifundio" des ondes.

    L´équipe de http://www.larevolucionvive.org.ve/

    Caracas, le 24 août 2009


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  • Un politicien québécois, Joseph Facal, entonne un air connu

    Il est étrange de voir à quel point un pays relativement lointain comme le Venezuela, dérange. On dirait parfois que ce pays souverain qui se situe à des milliers de kilomètres de chez nous, est une de nos régions à l’intérieur même de nos frontières. On en parle comme si cette province (sic), ce département (sic), était une région "malade" dirigée par un "hérétique" ne respectant pas les préceptes de la religion du grand bien capitaliste.

    On fustige et condamne vertement ce président élu et soutenu par sa population comme si celui-ci causait une urticaire insoutenable aux bonnes gens vénérant le modèle consistant à exploiter l’Être Humain, les ressources de notre mère, la Terre, ainsi que notre environnement afin de maximiser le divin profit en mettant tout en œuvre pour maintenir la sainte croissance si dévastatrice. Une croissance jamais assez grande, une croissance « illimitée » comme si les ressources étaient « inépuisables » et pouvaient se renouveler au même rythme.

    Combien de fois a-t-on pu lire que le Président démocratique et socialiste du Venezuela est un grand démon ? Un démon dont il faudrait débarrasser le monde. Un démon néfaste qui donne un très mauvais exemple. Pensons à ce Zelaya du Honduras, un homme jadis (sic) "bon" (il s’est fait élire comme étant un "bon" libéral et même "néolibéral" et a virer soudainement comme atteint par la contamination de la démoniaque idéologie Chávez).

    On (les fidèles de l’idéologie capitaliste) a réussi à l’expulser de son pays avant que celui-ci ne puisse donner des outils démocratiques à la population du Honduras pour que celle-ci puisse enfin se prendre en main. On l’a chassé, manu militari, à la pointe des mitraillettes, dans sa tenue de nuit, hors de son pays. Un geste totalement anti-démocratique, totalement contraire à toutes les règles les plus élémentaires de la démocratie et de l’état de droit. Un Coup d’État militaire qui fut unanimement condamné par la communauté internationale, mais qui paradoxalement a été, de facto, accepté comme une bénédiction par l’oligarchie qui contrôle et exploite le monde et ses habitants.

    Récemment, c’était au tour de Joseph Facal, notre illustre (sic) politicien, de baver sur ce gros verrat de Chávez qui prêche si méchamment par l’exemple [1]. Ce n’est pas d’hier qu’on bave sur la « bête noire de Washington ». On devrait dire la « bête noire des oligarques mondiaux ainsi que de leurs laquais asservis ». La « bête noire » de cette caste d’exploiteurs-prédateurs économiques qui contrôle le monde médiatique dominant, le musclé pouvoir militaire ainsi que l’écrasant pouvoir financier. Chávez sans l’appui de sa population ne serait qu’un microbe qui aurait été rapidement éliminé (pensons au Coup d’État manqué du 11 avril 2002). L’appui massif et salutaire de ses électeurs lui a littéralement sauvé la vie.

    Monsieur Facal y va de son petit laïus maladif contre cet hérétique Chávez. Il dit :

    « N’importe quel leader politique qui s’oppose aux États-Unis jouira automatiquement d’un important capital de sympathie dans certains milieux prétendument progressistes. »

    Les « prétendument progressistes »… De toute évidence, Monsieur Facal ne fait pas partie de ces « prétendus progressistes ». Pour lui, le progrès consiste à maintenir les choses dans leur état déplorable actuel. Et pour le « capital de sympathie » de ceux qu’on pourrait décrire comme étant des « anti-américains primaires », c’est du cliché classique. Il faut peu de chose pour acquérir ce titre : « anti-américain primaire ». Il suffit simplement de décrire la réalité des choses [2].

    On a beau défendre les politiques (encore théoriques) de Obama, un Américain hors de tout doute, on demeure « anti-américain primaire ». Comme si Obama était un de ces maudits latino-américains qui sèment l’hérésie dans cette Amérique du Sud.

    Monsieur Facal poursuit en disant que la « dérive autoritaire est cependant de plus en plus alarmante. » Étrange que Monsieur Facal, en ce 19 août 2009, deux mois après le renversement par les armes du Président ÉLU du Honduras, ne parle pas de la « dérive autoritaire alarmante » du dictateur Micheletti.

    Comment peut-on expliquer une telle aberration ?

    Monsieur Facal nous peaufine l’idée du musèlement des médias au Venezuela pendant que la censure sévit outrageusement sous la nouvelle dictature de Micheletti au Honduras. Il nous frotte le lustre du préjugé concernant la censure vénézuélienne.

    Pour bien "relativiser" les propos de ce fidèle Facal combattant l’hérétique Chávez, je vous invite à consulter les éditoriaux et les pages "opinions" (ainsi que le traitement de la simple nouvelle) dans les multiples publications vénézuéliennes. Vous pouvez accéder à des dizaines de journaux vénézuéliens, toujours très actifs et très présents dans les kiosques vénézuéliens. Vous avez leur répertoire à l’adresse suivante :

    http://www.prensaescrita.com/america/venezuela.php

    Je vous invite à voir

    Globovision, http://globovision.com/channel.php?cha=1

    RCTV, http://elobservador.rctv.net/

    et à lire de nombreux journaux,

    Tal Cual (de l’ineffable Teodoro Petkoff), http://www.talcualdigital.com/index.html

    El Nacional, http://www.el-nacional.com/www/site/p_contenido.php?q=m/3/1002/nodo/1001/Columnistas#?q=m/3/1011/Zapatazo

    El Universal, http://opinion.eluniversal.com/

    Ultimas noticias, http://www.ultimasnoticias.com.ve

    La Razón, http://www.larazon.net/

    Ce ne sont que quelques-uns des médias libres et indépendants toujours bien vivants au Venezuela. Ces médias, bien souvent, abusent de leur pouvoir. Ils calomnient, mentent et désinforment de façon récurrente. La diffamation est constante. Jamais nous ne tolérions de tels manquements dans notre pays (pensons simplement à la fermeture de la station de Jeff Filion [3]).

    Il faut lire, voir et entendre les médias vénézuéliens, ensuite vous pourrez parler de façon plus réaliste dudit contrôle médiatique au Venezuela. Monsieur Facal ne fait que reprendre le cliché éculé de la censure vénézuélienne sans parler des dérives de ce pouvoir de l’opposition. Les médias vénézuéliens incitent à la violence et au renversement du gouvernement par tous les moyens. Ils ont été les maîtres d’oeuvre du Coup d’État (heureusement manqué grâce à la force de la population) du 11 avril 2002. Des exemples de dérives bien pires que celles de Jeff Filion sont monnaie courante.

    Le projet de loi vénézuélien vise à contrer ce terrorisme médiatique qui met en péril cette fragile démocratie. Le pouvoir médiatique est redoutable et peut facilement servir d’arme contre la démocratie. Les urnes électorales peuvent devenir caduques avec une campagne médiatique bien orchestrée. Pensons à l’Iran (qu’indiquaient donc les sondages avant l’élection et quels étaient réellement les résultats du vote ?), pensons au Honduras.

    Le projet de loi vénézuélien vise expressément ceux qui pourraient « porter atteinte à la stabilité des institutions de l’État », troubler « la morale publique », ou générer « un sentiment d’impunité ou d’insécurité dans la population ».

    Eh oui ! Ici, dans notre plusse beau pays du monde, nous avons exactement les mêmes critères. Les poursuites contre diffamation sont courantes. Les propos jugés haineux ou incitant à la violence sont sévèrement réprimandés et les nouvelles pouvant engendrer des réactions excessives d’une population à qui on inculquerait un sentiment intense d’insécurité sont rapidement dénoncées et corrigées.

    Monsieur Facal, qui ne dit mot de la censure au Honduras nous décrit avec les sanglots entre les mots la situation terrible que « LE RÉGIME » impose aux médias vénézuéliens.

    « Bref, les délits potentiels sont définis de façon si large et floue que n’importe quelle opinion pourra être jugée criminelle si elle déplaît au régime. Le projet de loi interdit même de « diffuser des nouvelles fausses ».

    L’utilisation du « futur qui fait peur » est une constante dans le dénigrement : « n’importe quelle opinion POURRA être jugée criminelle ». Monsieur Facal devrait mettre de côté les présomptions alarmantes du futur et parler plutôt du présent. Que se passe-t-il au Honduras présentement ?

    Et les fausses nouvelles. Peut-on diffuser des nouvelles fausses ? Qui donc peut décider que la nouvelle est fausse ? La réalité peut-être.

    Qui donc peut dire qu’il y a eu diffamation ? Le plaignant avec preuve à l’appui peut-être.

    Monsieur Facal préconise-t-il la diffusion de fausses nouvelles et l’acceptation de la diffamation ?

    Monsieur Facal nous dresse un bilan maladif du gouvernement Chávez. Il n’est pas le seul à être atteint de cette maladie. Une sorte de syndrome qui rend aveugle, qui renie l’Histoire latino-américaine et qui enlève toute référence aux valeurs fondamentales de la démocratie. Une obsession contre les gouvernements progressistes qui fait considérer une dictature comme celle de Micheletti au Honduras plus "légitime", plus "démocratique" (sic) qu’un gouvernement ÉLU et soutenu par la majorité de la population.

    Étrange de voir ce discours si viscéral contre un gouvernement si lointain qui dérange tant. Étrange de voir que Monsieur Facal considère que 60% de la population du Venezuela sont des abrutis qui se font "dicter" leur vote. Étrange les conclusions qu’on peut tirer d’un tel discours. Devrait-on renverser par les armes ce Chávez de malheur, monsieur Facal ?

    Considérez-vous que les Vénézuéliens et les Vénézuéliennes sont des abrutis qui ne savent pas voter et qu’il faudrait les sauver de la dictature qu’ils ne voient pas ?

    Pourquoi donc tant de barrios, favelas, bidonvilles dans tous ces riches pays de l’Amérique latine, monsieur Facal ? Cette indécente pauvreté endémique est-elle apparue avec les Chávez, Morales, Correa, Lula, Ortega, Funes, Lugo, Kirchner, Bachelet, Vázquez, Zelaya ? Voyons, Monsieur Facal.

    La Constitution vénézuélienne a été modifiée par une assemblée constituante et approuvée par la population avec 71,78 % des voies lors d’un référendum, le 15 décembre 1999. Monsieur Facal à travers sa maladie démonisant Chávez dit que la constitution a été modifiée pour « lui permettre de placer ses hommes là où il le désire », ce qui est terriblement simpliste et réducteur.

    « Placer "ses" hommes là où il le désire ! » Connaissez-vous ce qu’est la corruption ?

    Savez-vous à quel point la corruption fait partie de la politique dans ces pays qui ont toujours été contrôlés par « les intérêts étrangers » ? Et comment la corruption a été un "outil" (et le demeure partout où l’on veut contrôler la politique interne) important dans l’oppression et l’exploitation des populations latino-américaines ? Il est tout à fait "normal" dans ces pays où les gouvernements et les fonctionnaires étaient corrompus à l’os qu’un gouvernement voulant travailler au mieux-être de sa population au lieu d’être au service des prédateurs économiques élimine peu à peu ces laquais (bien entretenus) de l’oligarchie.

    Qui donc a renversé le Président ÉLU Zelaya au Honduras ? Ce sont exactement ces laquais corrompus qui sont au service d’une clique contrôlant et profitant des richesses du pays. Ce n’est pas la volonté populaire qui demandait le renversement du Président ÉLU. Les laquais corrompus du Honduras ont eu peur (une peur justifiée) de perdre le contrôle.

    Pour rendre le Venezuela aux Vénézuéliens et aux Vénézuéliennes, Chávez a dû (il n’avait absolument pas le choix) remplacer les éléments corrompus par des personnes de confiance, sans quoi jamais rien n’aurait pu être changé dans ce RICHE pays de misère.

    Partout, même aux États-Unis, lorsqu’un politicien décide de travailler pour les plus démunis ou pour une plus grande justice sociale, il doit remplacer les éléments corrompus. Si Obama veut changer les choses, il devra mettre "ses" hommes aux postes clefs sans quoi, jamais il ne pourra parvenir à mettre en place ses politiques « révolutionnaires ». Le retrait d’Irak, la fermeture de Guantanamo, la réforme de la santé, le rapprochement avec l’Amérique latine ainsi que toutes ces politiques contraires à cette longue histoire de domination impériale sur le monde sera toujours empêché par ces laquais au service des puissants qui dominent et contrôlent les gouvernements fantoches du monde entier. Obama ne pourra rien faire. Il a beau avoir de beaux discours, être porteur d’espoir, il a les mains liées. Sans "ses" hommes (et "ses" femmes) il ne pourra jamais réussir quoi que ce soit. On dira de lui qu’il est, tout simplement, un beau parleur et un puissant hypocrite qui endort le monde et ne fait rien.

    Monsieur Facal reproche à Chávez de s’occuper de ces gens qui ont eu faim.

    « Il [Chávez] augmente systématiquement le nombre d’électeurs qui dépendent de l’État pour survivre. Quand le ventre a faim, on est moins regardant sur les moeurs politiques du seul acteur qui a les moyens de vous nourrir. »

    Avant, l’argent du pétrole engraissait les portefeuilles des Exxon-Mobil, aujourd’hui il sert à nourrir et à rendre la dignité à tous ces laissés pour compte.

    Monsieur Facal dit : « En fournissant du pétrole bon marché à l’Équateur, à la Bolivie, au Nicaragua, au Salvador et à nombre d’îles des Caraïbes, Chavez s’est aussi constitué un réseau d’alliés régionaux. »

    La solidarité, voilà une des valeurs de Chávez. On peut toujours lui attribuer toutes sortes d’intentions, dans les faits, Chávez aide les pays qui sont dans le besoin et participent ainsi au mieux-être des plus démunis. Tout comme il a fourni du pétrole bon marché pour chauffer les quartiers pauvres du Bronx ou de Boston ou de Chicago [4] ou encore pour réduire les tarifs du transport en commun des plus démunis de Londres [5].

    Monsieur Facal, comme plusieurs, voit dans les gestes de Chávez une sorte de perfidie crasse, une perfidie que seul un Président de gauche peut avoir. Il considère que Chávez achète tout le monde pour régner et pour s’allier une clientèle qui boit à son auge bon marché :

    « … Cela décuple son influence, et lui permet de soutenir qu’une attaque contre lui est une attaque contre l’Amérique latine. Quiconque s’en prend à lui est évidemment un valet de Washington : un air connu. »

    Un « air connu ». Celui qui entonne un « air connu », c’est bien Monsieur Facal. Et quel air connu !

    Au lieu d’entonner les airs connus et éculés contre le grand satan Chávez, Monsieur Facal devrait tout simplement parler de la réalité. La réalité c’est que des gens vivent dans le besoin, souvent le très grand besoin et que Chávez, peu importe les motifs (dans le fond on s’en fout), soulage cette indigence. Partout Chávez apporte son humble grain de sel pour soulager la misère des plus pauvres.

    Parlez-en aux gens des barrios du Venezuela [6], parlez-en aux pauvres du Bronx ou à ceux qui pouvaient prendre l’autobus bon marché à Londres, pourquoi Chávez les aide, ils s’en foutent [7], cependant le fait demeure, Chávez rend leur vie un brin meilleure.

    Monsieur Facal nous parle aussi de la gauche « modérée » d’Amérique latine. Une fausse réalité qu’on nous inculque. La gauche latino-américaine n’est pas plus ou moins modérée, elle est tout simplement différente. Chacun suit sa voie qui lui est propre et qui correspond aux attentes des différentes populations. Tous ces pays sont démocratiques et souverains. Ils agissent indépendamment comme bon leur semble. Cependant, une chose les unit tous, c’est la solidarité. Tous travaillent pour affranchir l’Amérique latine de son asservissement plus que légendaire aux « intérêts étrangers ». Ils parviennent tous de manière à la fois semblable et différente à faire bénéficier leurs populations des richesses de leurs pays.

    Il est totalement inconcevable que des pays comme le Venezuela ou l’Équateur qui flottent sur le pétrole, ou la Bolivie qui pète le gaz, ou le Chili qui déborde de cuivre et de minerais ou le Brésil et l’Argentine qui ont des agricultures fantastiques soient des pays où 70% de la population vit dans le besoin.

    Monsieur Facal dans sa chronique du 18 août 2009, nous a chanté un air plus que connu. Un dénigrement classique du grand démon Chávez et un vibrant éloge au désastreux modèle néolibéral américain.

    Je ne crois pas que l’Amérique latine rate le XXIe siècle comme elle a raté le XXe. Je crois que c’est nous qui sommes en train de nous enliser dans un mode de vie qui nous mène à notre perte. Je crois que l’éveil que vit depuis 10 ans l’Amérique latine est un exemple éloquent de la voie à suivre.

    Il serait infiniment dommage que les gens s’enferment dans ces préjugés et ces fausses réalités entretenus par des gens qui sont atteints de la phobie maladive du changement et du progrès social, rate l’enseignement que nous offrent les gouvernements progressistes socialistes et solidaires de l’Amérique latine.

    Serge Charbonneau

    Québec

    P.S. : je vous invite sérieusement à mieux connaître ce grand satan de Chávez. Il existe plusieurs livres et articles. Voici quelques suggestions :

    « Les 7 péchés d’Hugo Chávez » de Michel Collon
    http://www.michelcollon.info/index.php?view=article&catid=80&id=2039&option=com_content&Itemid=26

    À lire l’introduction des 7 péchés d’Hugo Chávez :
    http://michelcollon.info/index.php?view=article&catid=80&id=1510&option=com_content&Itemid=26

    À voir la conférence du journaliste Michel Collon, auteur des 7 péchés d’Hugo Chávez.
    http://www.dailymotion.com/video/x9ee42_michel-collon-les-7-peches-de-chave_news

    et « L’assassinat d’Hugo Chávez » de Greg Palast
    http://libertesinternets.wordpress.com/2008/01/04/venezuela-l%E2%80%99assassinat-d%E2%80%99hugo-chavez-par-greg-palast/

    ainsi que son livre « Armed Madhouse » paru en juillet 2006
    http://www.palastinvestigativefund.org/armed-madhouse-signed

    Aussi Noam CHOMSKY
    Voisinage dangereux (Venezuelanalysis) http://www.legrandsoir.info/article3196.html

    [1] La chronique de Joseph Facal, « Les gros bras » (Journal de Montréal)
    http://fr.canoe.ca/infos/chroniques/josephfacal/archives/2009/08/20090819-101400.html

    [2] Une autre planète de Gil Courtemanche
    http://www.ledevoir.com/2009/08/15/262917.html

    Sur cette chronique de Gil Courtemanche, Le Devoir a censuré mon commentaire, sans doute trop « anti-américain primaire ».

    Au risque d’allonger votre lecture, je vous l’offre ici, en « primeur » :

    « Le communiste à Courtemanche persiste et signe »

    (Commentaire envoyé à trois reprises et censuré par le journal Le Devoir)

    Simplement décrire la réalité fait de vous un antiaméricain primaire, Monsieur Courtemanche.

    Les États-Unis sont pour certains une sorte d’idéal presque religieux. On ne peut même pas les décrire sans être taxé d’antiaméricain.

    La chose paradoxale, c’est que lorsqu’on défend (ou disons qu’on est conciliant) les politiques d’un Américain tel Barack Obama, ou encore Jimmy Carter, on peut se faire traiter d’antiaméricain. Pourtant, c’est bien un Américain US qu’on défend. Tout comme en religion, les réactions sont, disons, émotives et irrationnelles.

    Comme pour toutes les religions, les valeurs les plus fondamentales ne tiennent pas le haut du pavé face à l’adoration de ce pays qui croit en dieu (in God they trust, God bless you, God help me, etc.). Exactement comme il est interdit de critiquer la religion pour les adeptes des différentes croyances.

    Les fervents catholiques vont toujours dire que leur pape est infaillible et qu’il n’est pas un con.

    Les fervents islamistes vont toujours dire que leur ayatollah vomit la vérité et ils l’écoutent comme s’ils étaient des mahomets (qu’on interdit de caricaturer).

    Ou ces juifs à couettes qui s’attriquent et vivent comme des clowns et pour qui il ne faut pas blasphémer yahvé, le grand manitou.

    Même pour les adeptes de raël Vorilhon le grand, il ne faut pas rire de leur extra-terrestre.

    Eh oui ! Il ne faut pas grand-chose pour être étiqueté d’antiaméricain « primaire ».

    (primaire… à quoi donc ressemble un "secondaire" ou encore un "tertiaire" ?)

    Il est plus facile, plus accepté et dans certains cas, il est même requis de dire du mal des autres puissances ou gouvernements trop autonomistes ou trop indépendantistes (je ne fais pas allusion ni à l’ADQ ni au PQ).

    Monsieur Courtemanche tient un discours, disons, "hors norme" dans notre presse qui réagit à l’unisson pour tous les événements.

    Pensons à l’Iran, pensons à la Chine, pensons à Poutine, pensons à la Russie, pensons à Chávez, pensons à Zelaya (désinformation à l’unisson en ce qui a trait à la raison de son renversement par les armes), pensons à Mugabe, pensons à Al-Béchir, pensons à la Géorgie, pensons à tous ces gouvernements progressistes d’Amérique latine, pensons à Castro (l’incontestable grand démon).

    L’unisson médiatique…

    C’est presqu’un blasphème de lire :

    « L’Américain moyen connaît tout d’Oprah Winfrey ou des Sopranos, mais rien de la France ou du Canada. Il ne voyage pas, ne voit jamais un film étranger, ne lit pas et est profondément convaincu que le monde aspire à se transformer en États-Unis . »

    « Les Américains lisent peu et ne se nourrissent que de clips de 30 secondes à la télé, ils acceptent facilement des affirmations ridicules. »

    Calomnies, mensonges et désinformation, voilà les assauts que subissent les réformateurs US lorsqu’il y en a. Parce que, comme le souligne Monsieur Courtemanche, pour être en politique dans ce pays "démocratique", il faut beaucoup beaucoup beaucoup de sous. Et ceux qui donnent des sous s’attendent à en avoir pour leur argent.

    Les médias font de la calomnie, du mensonge et de la désinformation, et ce, impunément.

    Les médias sont une arme qui aiguille le "bon" peuple ignorant et crédule vers où on veut bien l’envoyer.

    Les gouvernements progressistes d’Amérique latine font face à ces mêmes escadrons médiatiques qui calomnient, mentent et désinforment. C’est pourquoi la plupart d’entre eux utilisent la même arme (les médias) pour se défendre. Les dirigeants progressistes n’ont pas le choix que de s’expliquer personnellement avec transparence et avec de multiples preuves incontestables à l’appui pour défendre leurs politiques, leurs réalisations et l’honnêteté de leurs démarches.

    Obama n’a pas d’autres choix que de s’adresser directement à la population pour répondre efficacement à ces escadrons médiatiques de la mort politique.

    Monsieur Courtemanche dit avec justesse : « campagne de terreur ».

    Au sud (oui encore l’Amérique latine) on parle de « terrorisme médiatique ». Le terrorisme médiatique est bel et bien réel. Terrorisme médiatique et acharnement médiatique vont de pair. L’efficacité de ces escadrons est redoutable.

    Par contre, la réalité a tout de même la vie dure. Généralement, la réalité prend le dessus et finit par être gagnante.

    Pensons à la déstabilisation de l’Iran. Nos soldats de l’information ont eu beau maquiller la réalité pour créer de toutes pièces une révolution "verte", l’Iran avec sa foi (antirationnel comme toutes les fois) et son Histoire, est un pays relativement stable depuis que la population a décidé de s’affranchir de l’ingérence étrangère. Il y a bien sûr une contestation normale du régime des dictateurs religieux, mais rien de vraiment à la hauteur de l’ampleur des reportages de nos (sic) soldats médiatiques qui luttent pour l’empire du grand bien.

    La lutte pour le « grand bien ».

    Concernant le Honduras [l’Iran en fait. correction a posteriori de l’auteur], Hilary Clinton a déclaré sur CNN [a] :

    « Je pense que, rétrospectivement, nous nous en sommes bien sortis. Ceci dit, en coulisses, nous avons beaucoup fait. Comme vous le savez, la jeunesse…, un de nos jeunes du département d’État a été twitté « Continuez », malgré le fait qu’ils avaient planifié un arrêt technique. Ainsi, « nous avons fait beaucoup pour renforcer les protestataires sans nous afficher ». « Et nous continuons à parler avec et à soutenir l’opposition. »

    On constate que nos soldats de l’information sont bien dirigés (consciemment ou inconsciemment, ce mystère demeure)

    Ce fut un autre excellent texte de ce "communiste" de Courtemanche.

    Serge Charbonneau

    Québec

    P.S. : Qu’est-ce qu’un communiste au XXIe siècle ? Tout simplement quelqu’un qui a le courage de bien décrire la réalité.

    [a] http://www.voltairenet.org/article161572.html

    [3] « Haine FM », Fermeture de CHOI
    http://www.voir.ca/publishing/article.aspx?zone=1§ion=11&article=32164

    [4] Chavez, le bon samaritain du Bronx
    http://archives.24heures.ch/VQ/LA_COTE/monde/article-2007-12-1644/js-est-nans-une-hlm-du-bronx-ew-york

    [5] Mettez un Chavez dans votre moteur : l’essence de Caracas pour les bus londoniens
    http://viktor.dedaj.perso.neuf.fr/spip.php?article681

    [6] La parole au peuple
    http://cybersolidaires.typepad.com/ameriques/2006/11/vnzuela_la_paro.html

    [7] J’avais écrit un article pour Cyberpresse : « Chavez révolutionnaire ou populiste ? Mais on s’en fout ! » (décembre 2006) en réaction à un article de Gwynne Dyer. Les archives de Gesca ont fait "disparaître" (momentanément dit-on) mon article.
    http://www.cyberpresse.ca/article/20061201/CPSOLEIL/61201089/5287/CPOPINIONS

    Par contre, il se retrouve dans une page de discussion sur le Venezuela. Un anonyme du nom de "Huile de Roche" a fait un "copier-coller" de mon texte.

    Si vous désirez le consulter : http://forums.oleocene.org/viewtopic.php?f=2&t=95&start=585

    C’est le sixième message à partir du haut de la page.

    Voici un extrait :

    « Certains, comme M. Dyer, s’en s’offusquent, laissant entendre que c’est du gaspillage ! Il ne faut pas vivre au Venezuela pour se demander ce qu’il peut bien faire de cet argent. Le Venezuela est dans un état lamentable, seul un fou peut penser pouvoir améliorer les conditions de vie de la population.

    J’oserais dire que Chavez est fou. Seul un fou peut s’attaquer à la colossale tâche de redresser la situation de la pauvreté des barrios, l’incroyable corruption installée depuis des décennies. Heureusement, il dispose d’un outil prodigieux, l’or noir. À chaque coin de rue, on peut constater l’effort de redressement.

    Notre « journaliste de Londres » le voudrait magicien en écrivant « après huit ans au pouvoir, Chavez n’a rien fait que l’on puisse qualifier de transformation révolutionnaire », mais s’il avait discuté avec les indigènes, les pauvres, les personnes âgées du Venezuela, il aurait vu un grand changement. Tous ces exclus ont retrouvé leur dignité humaine, devenant des citoyens à part entière. Ils ont maintenant des droits : droit de parole, droit de se faire soigner, droit d’avoir des médicaments, droit d’aller à l’école, droit de pouvoir manger à sa faim. »

    On parle de contrôle médiatique et de censure au Venezuela, par contre, ici, certains textes disparaissent des archives de Gesca.

    Serge CHARBONNEAU 


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  • les putschistes laissent pourrir la situation et gagnent du temps

    Alors que la communauté internationale tente toujours de faire revenir le président déchu, le nouveau régime a compris que le temps jouait en sa faveur. L’échec de la mission de l’Organisation des Etats américains (OEA), arrivée le 24 août, en est la triste illustration.


    Dans Technique du coup d’Etat, Curzio Malaparte expliquait déjà, en 1931, comment parvenir au pouvoir en renversant un gouvernement et en s’abritant ensuite derrière une prétendue légitimité démocratique. Roberto Micheletti et les putschistes honduriens, au pouvoir depuis deux mois, ont appliqué la technique à la lettre. Et ils ont donné le nom de “succession constitutionnelle” au coup d’Etat contre le président Manuel Zelaya - un euphémisme qui, comme disait Curzio Malaparte, peut finir par engloutir la réalité à force d’être répété.


    La délégation de l’Organisation des Etats américains (OEA) qui est arrivée au Honduras le 24 août a constaté à peu près la même chose que José Miguel Insulza, le secrétaire général de l’OEA, il y a un mois et demi : un gouvernement de facto qui fait la sourde oreille aux critiques de la communauté internationale et refuse le retour de Zelaya à son poste.


    Lors de sa première visite à Tegucigalpa, la capitale du Honduras, José Miguel Insulza a dénoncé le danger que constituait la réussite du coup d’Etat non seulement pour le pays, mais aussi pour toute la région. Sa hardiesse lui a valu la censure du régime de Roberto Micheletti, qui le taxe depuis de “communiste” et qui, jusqu’à présent, ne lui a permis d’accompagner les ministres des Affaires étrangères de l’OEA qu’en qualité d’“observateur”.



    La délégation de l’OEA devait relever le formidable défi de convaincre le gouvernement de facto d’accepter l’accord de San José, un plan en 11 points que le président du Costa Rica et médiateur du conflit Oscar Arias avait proposé aux parties il y a maintenant un mois pour sortir de la crise, et dont l’objectif ultime est le retour de Zelaya au pouvoir. Mais malgré le volontarisme du Prix Nobel de la paix 1987, le “plan Arias” est un échec. Les putschistes, à qui le médiateur avait accordé un délai de réponse de huit jours, savent que le temps joue en leur faveur. Il ne reste plus que trois mois avant la date clé du 29 novembre, où sera officiellement élu un président qui, selon la perspective des promoteurs du coup d’Etat civil et militaire, ne pourra plus être contesté par la communauté internationale.

     

    Pour que la délégation de l’OEA ne se fasse pas d’idées, le régime a fait savoir, à la veille de son arrivée, ce qu’il pensait de l’accord de San José. La Cour suprême a publié un rapport attendu - demandé par l’exécutif - dans lequel elle rejette plusieurs points du plan Arias. L’institution, dont le président, Jorge Rivera, avait donné son aval au coup d’Etat en se fondant sur l’argument juridique de “l’état de nécessité”, n’accepte pas la possibilité d’amnistier Zelaya pour les 18 chefs d’accusation dont il est l’objet et encore moins celle de le rétablir au pouvoir avant qu’il n’ait assumé ses prétendues responsabilités pénales.


    En outre, le tribunal suprême électoral a refusé d’avancer la date du scrutin (une autre demande d’Arias). La campagne électorale débutera bientôt sous les auspices du gouvernement de facto. Et le Congrès, qui devait se prononcer il y a déjà trois semaines sur la possibilité d’une amnistie politique pour tous ceux qui sont impliqués dans la crise, n’a toujours rien dit à ce sujet. Peut-être les membres du Congrès hondurien (en majorité favorables au coup d’Etat), la Cour suprême, le gouvernement de facto et Oscar Arias lui-même ont-ils oublié les délais de l’accord de San José ? Lors de la première réunion de médiation dans la capitale costaricaine, des sources du gouvernement d’Arias avaient indiqué que le président n’accepterait en aucun cas de s’impliquer dans un processus à long terme qui, selon ces mêmes sources, ternirait son prestige en tant que médiateur international. Mais le processus dure déjà depuis un mois et demi, et les négociations sont actuellement au point mort.


    Peu optimiste quant au succès de la mission de l’OEA, Manuel Zelaya prépare déjà une “nouvelle stratégie”. Jusqu’à présent, les critiques ou les sanctions de la communauté internationale et les tentatives ratées de revenir au pays par voie aérienne ou terrestre ne lui ont servi à rien. Il est conscient que le soutien dont il bénéficie dans le pays n’est pas suffisant pour renverser le régime par la force et qu’il ne lui reste plus beaucoup d’options. “Il va demander un effort supplémentaire à tous les gouvernements et organismes multilatéraux pour ‘asphyxier’les putschistes”, déclarent des sources proches du président déchu. Parmi ces gouvernements, celui de Barack Obama, que Manuel Zelaya accuse de ne pas se montrer assez ferme avec Roberto Micheletti.


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  • Les mobilisations de ces dernières semaines dans le cadre d’un processus de lutte menée par la nouvelle Alliance Territoriale Mapuche pour la récupération des territoires ancestraux aux mains des grands propriétaires et des entreprises forestières indiquent que le combat de ces populations autochtones est arrivé à un tournant. Le processus d’unification du peuple mapuche à travers cette organisation sociale territoriale débouche aujourd’hui sur un combat plus global : à travers la récupération des terres, ce qui est posé maintenant par ces mobilisations et les exigences formulées est bien la question politique de l’autodétermination, de l’autonomie, de l’autogouvernement du peuple-nation mapuche sur un territoire déterminé et de ses relations avec l’Etat chilien. L’assassinat de Jaime Mendoza Collio lors d’une intervention policière pour déloger les occupants d’une ferme n’a fait que jeter de l’huile sur le feu et resserrer les liens entre les différentes communautés.

    Les leaders de l’Alliance Territoriale Mapuche exigent maintenant de parler “d’égal à égal” et sans délai ni intermédiaire avec l’Etat chilien et son plus haut représentant, la présidente Bachelet. Demande que l’Etat chilien n’entend accorder en aucune manière en renvoyant tout dialogue à l’intermédiaire des habituels canaux institutionnels, en particulier la Corporación Nacional de Desarrollo Indígena (Conadi), sorte de secrétariat aux affaires indigènes. Retour sur cette Alliance Territoriale Mapuche et ses revendications

    L’Alliance Territoriale Mapuche, l’organisation qui mène actuellement le processus de mobilisation pour la récupération de leurs terres ancestrales 
 Les Autorités Mapunche de Pu Lof Trawün, qui ont organisé les dernières mobilisations mapuche dans le pays, sont venu au début du mois de juillet au palais de La Moneda à Santiago et n’ont pas été reçus par Michelle Bachelet. Aujourd’hui, ils sont parvenus à articuler derrière eux une grande partie du mouvement mapuche “dispersé”. Le lonko Juan Catrillanca Antin, leader de la nouvelle structure, rend compte de ses caractéristiques. 

Ils disent qu’ils s’ennuyaient d’attendre. Qu’ils ne veulent pas des miettes. Qu’ils veulent récupérer leurs territoires originaires.

    « Mais le gouvernement ne nous écoute pas. C’est pourquoi nous sommes unis pour nous mobiliser. Maintenant nous sommes 60 et bientôt nous atteindrons les 120 communautés qui demandent à se joindre à notre lutte », dit le Ñizol Longko de l’ Alliance Territoriale Mapuche, Juan Catrillanca Antin du Lof Temucuicui.

    Ce ne sont pas seulement les communautés qui ont réussi à s’articuler entre elles. Au cours des dernières semaines, d’importantes organisations mapuches ont rejoint les revendications de cette nouvelle référence organisée, la nouvelle migraine de La Moneda dans le sud du Chili. 

En juillet, une délégation d’entre eux s’est rendue à Santiago pour rencontrer la présidente Bachelet. Ils ont suivi la règle habituelle, envoyé d’innombrables lettres et remplis les formulaires de demande, se souvient le lonko Juan Carlos Curinao. Ils ont attendu plusieurs jours une audience qui n’est jamais venu. Ils ont insisté mais personne ne les a reçu. Et le jour où ils ont osé s’approcher du Palais de La Moneda, des forces spéciales de police les ont expulsés sans ménagement. Ils ont alors décidé de revenir dans le sud. Et de se mobiliser jusqu’aux ultimes conséquences.

    Le lonko de la communauté emblématique Temucuicui de Ercilla a expliqué l’importance de cette nouvelle organisation, qui, comme stratégie, va poursuivre plus avant les occupations de terres privées pour obtenir que le gouvernement leur transfère des terres. Ce sera une première étape. La seconde, sera de lutter pour la reconnaissance des droits politiques comme “nation” et d’aller vers l’auto-détermination. L’Alliance, qui revendique comme mapuche les régions du Biobío et la Araucania, est l’organisation qui est derrière les mobilisations les plus récentes.

    L’une d’elle a pris fin mercredi 12 août avec l’assassinat policier de Jaime Mendoza Collio lors de l’expulsion de la ferme “San Sebastian” à Angol. 

Dans la direction de l’Alliance Territoriale Mapuche en plus de Catrillanca on peut également remarquer le lonko Juan Carlos Curinao de la communauté Huañaco Millao de Ercilla et le lonko Jorge Calfuqueo celui-ci du secteur côtier de Budi. Le Werken ou porte-parole de l’organisation est Mijael Carbone Queipul, un jeune membre de la communauté Temucuicui.

    Catrillanca a révélé que cette Alliance, formalisée il y a trois semaines après de nombreuses réunions qui se sont déroulées à Ercilla, Temuko et au Budi, se compose des communautés Angol, Ercilla, Purén, Los Sauces, Freire, Villarrica, Puerto Saavedra, Teodoro Schmidt et Loncoche, pour n’en citer que certaines. « C’est cette alliance qui décide et va décider des futures mobilisations dans le sud », dit-il. Et Juan Catrillanca d’ajouter qu’après la mort de Jaime Mendoza Collio ils vont continuer à mener la récupération des terres plus unis que jamais, avec plus de force et de résistance, mais sans armes. 

Sur les actions attribuées par les autorités à des secteurs mapuche plus radicaux, en particulier la Coordinadora Arauco Malleco (CAM), Catrillanca a nié connaître leurs modes d’opération. « Je ne me prononce pas sur cette organisation. Je ne sais pas si elles utilisent des armes. Leurs décisions n’ont rien à voir avec nous », a indiqué le dirigeant traditionnel. Récemment, après une attaque contre un autobus sur la Route 5 Sud attribué à la CAM, l’Alliance n’a pas hésité à condamner l’attaque, se démarquant publiquement de leurs méthodes et leurs modes opératoire. 


    « Tant que les actions de la CAM ne causent pas de dommages aux personnes civiles, nous, clairement, n’allons rien dire. Mais nous sommes contre les dommages aux personnes ou d’attenter à la vie, même celle des carabiniers... Bien que je n’étais pas là, je m’excuse auprès de tout le monde pour ce qui est arrivé », a déclaré le werken Mijael Carbone. « Nous n’utilisons pas d’armes à feu ni n’avons l’intention de le faire. Que les forces de police les utilisent ne veut pas dire que nous devons nous armer », ajoute-t-il. 


    Le leader de Temucuicui a déclaré que la nouvelle Alliance Territorial invoque le traité de Tapihue signé en 1825 entre l’État chilien et les Mapuche pour le respect mutuel des frontières existantes dans ces années là et qui permet le transit, le commerce et l’amitié entre les peuples du Chili et le Wallmapu. Ce Traité du point de vue des Mapuche, a été violé par l’Etat lorsqu’il a envahi militairement leur territoire en 1881. « Nous voulons récupérer six millions d’hectares. Jusque là nous continuerons avec les prises de terres et nous nous défendrons seulement avec nos “wiños” (jeux rituels) et nos boleadoras [1] » dit Catrillanca. 
 TEMUKO, WALLMAPU, le 16 août 2009

    Les exigences de l’Alliance Territoriale Mapuche

    1.- Droits territoriaux

    a) Dévolution du territoire mapuche depuis la rivière Biobio au Sud, à partir de la reconnaissance explicite que l’État a fait de son existence dans le Traité de Tapihue (1825), Article 19. 


    b) Fin des mégaprojets à l’intérieur du territoire mapuche (barrages, centrales hydroélectriques, routes, aéroports, exploitation minière, forestière, de pêche, décharges, etc.) ainsi que toutes les installations des entreprises installées en territoire mapuche qui polluent notre environnement.

    2.- Droits politiques / Juridiques

    a) Abrogation de la loi raciste n°18.314 (Antiterroriste) et de toutes les lois qui affectent notre existence en tant que Peuple, en particulier dans le domaine des ressources naturelles (eau, air, écosystèmes, wigkul, etc.)

    b) Libération immédiate de tous les prisonniers politiques mapuche, emprisonnés pour la récupération de notre territoire. 


    c) Indemnisation de tous les prisonniers politiques mapuches et des proches de nos frères et sœurs tués et disparus (clandestins) dans la lutte pour la récupération de notre territoire depuis 1990. 


    d) Démilitarisation du territoire mapuche dans son intégralité. Autrement dit, retrait immédiat de la police militaire chilienne présente à proximité de nos communautés et qui défend les intérêts des grands propriétaires et des forestiers. 


    e) Reconnaissance du droit à l’Autonomie et à l’Autodétermination, à la recherche de mécanismes de représentation propre et d’interlocution politique avec l’État. 

Enfin, nous déclarons que pour la réalisation de ces exigences, notre démarche implique un dialogue direct d’urgence avec la chef de l’Etat du Chili, Mme Michelle Bachelet, sans aucun intermédiaire qui ferait obstacle à la recherche de mécanismes de solution appropriée à un conflit dont les Mapuche ne sont pas les initiateurs et duquel aujourd’hui nous sommes victimes.

    wigkul = colline

    = = = = = = = = = = =

    Après l’assassinat de Jaime Mendoza Collio
    L’Alliance Territorial Mapuche s’adresse à l’opinion mapuche, chilienne et internationale


    Après le Norvm Rvpu Xawvn (rencontre) qui s’est déroulé sur le territoire mapuche-lafkenches du Budi le samedi 22 août, les territoires (LOF) et communautés regroupés dans l’Alliance Territoriale du Peuple Mapuche sous la direction des Logko (chefs traditionnels) et werken (messagers, porte-paroles), donnent à connaître et informent les éléments suivants :

    1. Nous réitérons notre engagement à l’unification mapuche sur la base de la demande des terres ancestrales et historiques arrachées à notre nation il y a un peu plus de 100 ans par l’Etat national chilien. Cet engagement d’unité ne peut avoir d’autre expression distincte que la mobilisation, malgré les moments de douleur et de mort que nous continuons de subir après l’assassiner avec préméditation du peñi Collio. 



    2. Notre disposition aujourd’hui est la négociation au plus haut niveau de la direction de l’Etat, qui est celui de la présidente du Chili, Michelle Bachelet. Ici, et à partir de maintenant, les deux parties doivent chercher des moyens pour cette étape, pour laquelle les équipes technico-politiques respectives devront préalablement convenir des questions de procédures, conditions et agenda en rapport avec les thèmes fondamentaux ; si tant est que le gouvernement du Chili veut mettre en œuvre sa rhétorique et son expression euphémistique de “dialogue”. 



    3. Pour le moment, et puisque aucun membre du gouvernement ne nous a parlé clairement et directement, le mouvement de protestation se poursuivra simultanément dans les divers territoires qui composent et ont rejoint l’Alliance territoriale. 



    4. Enfin, nous maintenons notre appel à nos frères à rejoindre à ce large appel, et à ceux qui ne sont pas mapuches à se manifester et à exprimer leur solidarité avec notre cause. Cause pour laquelle il n’est pas demandé autre chose que la transparence, la volonté et la considération pour l’existence future de notre peuple Mapuche.

    Gozol Logko Juan Catrillanca Logko Lafkenche Jorge Calfuqueo Logko Pewenche Jorge Sandoval Werken Mijael C. Queipul

    PU LOF XAWVN 

ALLIANCE TERRITORIALE MAPUCHE

    Territoire lafkeche du Budi, 22 août 2009


    Notes
    [1] ndt : Arme traditionnelle de chasse par capture (entrave des membres) composée de 2 ou 3 boules reliées

    SOURCE OCL ET AZKINTUWE 


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