• Cuivre, Zambie et Katanga : le pillage complice de Glencore et la BEI

    Chien Guevara

    Le docu « Zambie : à qui profite le cuivre ? » mouille l’Europe

    C’est un film ahurissant qu’a diffusé France 5, mardi soir. L’enquête « Zambie, à qui profite le cuivre ? » montre comment la banque européenne d’investissement (BEI) finance en Afrique le leader mondial des matières premières, Glencore, soupçonné d’évasion fiscale. Afrique, pauvreté, pollution, comptes dissimulés, et pourtant, Alice Odiot et Audrey Gallet ont réussi, pour leur premier documentaire, à illustrer parfaitement ce qu’on appelle la « malédiction des ressources naturelles » :

    « Comment un pays riche en matière première peut-il être pauvre ? » (Voir la vidéo)

    http://www.pluzz.fr/zambie--a-qui-profite-le-cuivre--.html

    Ou ici les vidéos Arte ne restant pas longtemps en ligne

    Reprenons l’histoire au début : l’économie de la Zambie, l’ancienne Rhodésie du Nord devenue indépendante en 1964, repose en grande partie sur l’extraction du cuivre, dont le cours baisse drastiquement les années 80.

    Les mines sont privatisées dans les années 90, sous pression de la Banque Mondiale. La mine de Mopani tombe dans l’escarcelle de Glencore, leader mondial des matières premières.

    C’est ici qu’intervient la BEI, la banque publique de l’Europe, à laquelle souscrivent les 27 Etats membres. En 2005, elle accorde à la mine de Mopani un prêt de 48 millions d’euros, en vue de moderniser la fonderie, de réduire les émissions de dioxyde de soufre et de maintenir l’emploi.

    Glencore, un géant qui lève des milliards en bourse

    Or, en 2009, quand les journalistes arrivent sur place, que trouvent-elles ? Des milliers de salariés mis au chômage ou passés en contrat d’intérim, des problèmes de santé alarmants dus à une poussière persistante, la désertification des services publics et une révolte qui commence à gronder.

    Guidées par Christopher, licencié de la mine, et Savior, économiste courageux, elles partent en quête d’explications à ce désastre cautionné par la BEI. En remontant les filières opaques de l’évasion fiscale, elles découvrent :

    * que Mopani appartient à une société-écran, basée dans îles vierges britanniques et filiale de Glencore, le géant suisse des matières premières ;

    * que Glencore réussit l’exploit de ne déclarer aucun bénéfice en Zambie depuis dix ans, alors que les cours du cuivre sont au plus haut et l’extraction du minerai extrêmement rentable ;

    * malgré tout, l’introduction en bourse la semaine dernière a été saluée comme la troisième la plus importante de l’histoire européenne.

    Dans le salon de Christopher, qui se demande s’il va le mois prochain payer l’école de sa fille OU sa facture d’électricité, l’un des envoyés de Bruxelles admet qu’en Europe, « une entreprise ne serait pas autorisée à opérer ainsi ».

    Plaintes, audit, la BEI surveille Glencore

    Depuis fin mai, des députés européens se mobilisent. Cinquante d’entre eux demandent un moratoire sur les aides à l’extraction minière. Anne-Sophie Simpere, des Amis de la terre, qui a accompagné l’enquête du film, estime que :

    « La BEI n’a aujourd’hui ni les normes, ni les procédures, ni les capacités d’évaluer et de suivre les projets miniers qu’elle finance en Afrique. Tant que des normes et procédures strictes et contraignantes ne seront pas en place, des cas comme Mopani pourront se reproduire. »

    L’Europe va-t-elle entendre cet appel ? Sur le terrain judiciaire, cinq ONG, dont, en France, Sherpa, ont porté plainte contre Glencore pour évasion fiscale. Une plainte contre la pollution est déposée en Zambie, et une « class action » (recours collectif) va démarrer en Grande-Bretagne. Mais « c’est David contre Goliath », reconnait Anne-Sophie Simpere.

    Convoqué pour s’expliquer devant le parlement européen, le président de la BEI, Philippe Maystadt a déclaré :

    « Si la fraude fiscale, selon la loi zambienne, était avérée, cela exposerait Mopani à des pénalités financières en Zambie. »

    Il ajoute que la BEI refusera toute nouvelle demande de financement émanant de Glencore ou d’une de ses filiales. La BEI précise avoir « pris très au sérieux les soupçons d’évasion fiscale » et lancé une enquête indépendante.

    Chaque Européen engouffre 10 kg de cuivre par an

    La réalisatrice croit peu à des sanctions contre le géant Glencore. Et maintient qu’elle n’a pas eu de réponse à l’une des questions essentielles de son enquête :

    « J’ai demandé la preuve que les travaux ont bien réduit la
    pollution car sur place tout le monde me dit que c’est pire qu’avant. Or, la BEI m’a renvoyée vers Glencore, qui ne m’a pas
    fourni de comparatif avant-après.

    Les seules mesures indépendantes dont on dispose témoignent d’un taux de dioxyde de soufre en 2009 qui est 72 fois supérieur aux normes. »

    Aujourd’hui gênée par cette situation, la BEI répète que l’outil qu’elle a financé (un des fours de la mine) « fonctionne et qu’il est moins polluant ». Ce que la banque ne dit pas, ce sont les intentions cachées de ce type de prêts. Alice Odiot décrypte :

    « L’UE a besoin d’investir dans les mines afin de devenir client privilégié face à la concurrence des agences chinoises. Le cuivre s’épuise, alors qu’on en commande 10 kg par an par Européen, notamment pour les ordinateurs, les voitures… »

    ► « Zambie, à qui profite le cuivre ? » mardi 31 mai à 20h35 sur France 5 – film produit par Yami 2 – avec la participation de Stéphane Horel.

    Par Sophie Verney-Caillat

    Deux ONG suisses accusent Glencore de dépouiller la RDC

    La population congolaise du Katanga extrait les richesses de son sous-sol dans des conditions déplorables, selon l’enquête d’Action de Carême et de Pain pour le prochain

    Filiale du conglomérat établi en Suisse Glencore, la société Katanga Mining Limited (KML) exploite l’une des mines les plus dangereuses du bassin du cuivre en Afrique. Les cours d’eau et la nappe phréatique sont contaminés par de l’uranium, du soufre, des résidus d’explosifs et du diesel. Plus grand chiffre d’affaires en 2010 en Suisse avec 145 milliards de dollars, Glencore, qui a son siège à Baar (ZG), a été épinglé jeudi par Action de Carême et Pain pour le prochain (PPP) au niveau du respect des travailleurs, de l’environnement, comme de la fiscalité. Cette société, qui est l’un des plus grands fournisseurs et négociants de matières premières au monde, s’assure un approvisionnement exclusif de six gisements clés du Katanga. Et ne verserait entre 2010 et 2013 qu’un million de dollars d’impôts au Congo RDC, dénoncent les principales œuvres d’entraide suisses.

    « J’ai été extrêmement choquée au fil de cette enquête. Cela va bien au-delà de tout ce que j’avais vu et entendu jusque-là en termes d’indifférence aux droits humains et à tout principe d’éthique économique. » Engagée à PPP, Chantal Peyer vient de mettre un terme au rapport intitulé « Contrats, droits humains et fiscalité : comment une entreprise dépouille un pays. Le cas de Glencore en RDC ».

    « Nous prenons nos responsabilités »

    Après le textile et sa campagne Clean Clothes dans les années 1990, son étude sur l’industrie électronique en 2007, la Campagne de Carême des œuvres d’entraide s’est concentrée cette année sur les matières premières, « où l’on rencontre les abus les plus extrêmes », commente-t-elle. Le constat : les richesses minières des pays du Sud sont pillées par des entreprises comme le conglomérat zougois. En outre, « les mineurs creusent des trous et des tunnels, presque à mains nues et sans aucun équipement de sécurité. Pour descendre dans les mines, dont la profondeur peut aller jusqu’à 40 mètres, les mineurs n’ont pas d’échelle […] pour des salaires risibles, 3 à 5 dollars par jour en moyenne », détaille l’enquête menée au Katanga et rapportée dans la trentaine de pages qui ont été adressées à la presse comme à Glencore et KML. Interpellée à son sujet, la maison mère réfute les informations mentionnées dans le rapport. « Tous les employés de KML suivent des formations et des règles de sécurité, indique par courriel un porte-parole de Glencore. En ce qui concerne l’environnement, nous prenons nos responsabilités. […] KML paie des impôts à différents niveaux. Soit plus de 60 millions pour 2010. »

    Gabrielle Desarzens/Protestinfo

    L’article chez lui : Cuivre, Zambie et Katanga : le pillage complice de Glencore et la BEI


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  • La France-Afrique triomphe

    Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran


    A Yamoussoukro en Côté d’Ivoire, le premier rôle dans la cérémonie de l’investiture du président du pays n’est pas revenu à Alassane Ouattara, intronisé en la circonstance, mais au président français Nicolas Sarkozy en qui tout le monde voyait le parrain adoubeur du nouveau chef de l’État ivoirien.

    Sarkozy jubilait sans retenue et affichait un triomphalisme ostentatoire au côté d’un Ouattara ravalé au rang de vassal reconnaissant.

    Le président français était le seul chef d’État occidental présent à la cérémonie d’investiture alors qu’il est celui qui aurait dû ne pas être là s’il avait tenu à ce que son hôte n’apparaisse pas comme étant l’homme de l’étranger et de la France en particulier ainsi que le traitent près de la moitié du peuple ivoirien, ses adversaires politiques, beaucoup de personnalités africaines et pas mal de médias internationaux.

    Sarkozy ne s’est pas imposé cette retenue. Il lui fallait cette virée triomphaliste en Côte-d’Ivoire histoire de faire comprendre au monde que dans ce pays, c’est la France qui dicte sa loi. La France-Afrique, cette politique néocoloniale, s’étalait dans toute sa morgue méprisante à Yamoussoukro. Ceux qui ont eu la naïveté de croire que l’intervention française dans la crise ivoirienne ne découlait pas de cette politique ont découvert à l’occasion le cynisme qui en fut à l’origine en regardant Sarkozy parader et pavoiser aux côtés de Ouattara.

    Le nouveau président ivoirien a promis qu’il fera la réconciliation de son peuple que la lutte fratricide entre son camp et celui de son rival Laurent Gbagbo a divisé et fait s’entretuer. Le premier geste dans cette direction qu’il aurait dû faire était de persuader le chef de l’État français de laisser à un autre haut responsable le soin de représenter la France à la cérémonie d’investiture.

    Les rôles de la France et de Sarkozy en particulier dans la crise ivoirienne ont été troubles, d’où l’émergence d’un nationalisme ivoirien franchement antifrançais que Ouattara aura du mal à gérer et ce n’est pas l’annonce par le président français à Yamoussoukro que les militaires français vont rester en Côte d’Ivoire, même après la fin de la guerre civile, qui va l’aider à calmer le sentiment antifrançais d’une moitié de ses compatriotes et par conséquent leur détermination à le combattre parce que à leurs yeux entaché de la tare d’être l’homme de la France

    Sarkozy s’est offert donc un show médiatique en Côte d’Ivoire dont il espère certainement des retombées positives pour sa cote de popularité en berne dans les sondages à une année à peine de l’élection présidentielle en France.

    Il va s’en offrir un autre très prochainement à Benghazi en Libye où il ira là aussi se faire reconnaître en tant que « libérateur » du pays et parrain du Conseil national de transition acquis sans équivoque à l’extension de la politique de la France-Afrique à la Libye.

    A court terme, Sarkozy et la France apparaissent comme devoir engranger du bénéficie des interventions françaises en Côte-d’Ivoire et en Libye. Mais à moyen ou long terme, quand il va être avéré que ces interventions n’ont rien eu d’humanitaires et de défense de la démocratie et des libertés citoyennes, alors la France se retrouvera dans ces pays et par contagion ailleurs en très mauvaise posture, et son président rattrapé et à nouveau enfoncé par sa réputation d’homme d’État impulsif aux calculs politiques démesurés.


    Du même auteur :

    -  Un discours pas très convaincant
    -  La révolution arabe frappe aux portes d’Israël
    -  La Ligue arabe existe-t-elle encore ?
    -  Ben Laden, la fin d’un mythe mais pas de la menace terroriste
    -  Syrie : un enchaînement du type libyen
    -  L’impasse libyenne fait se souvenir Sarko du dossier palestinien
    -  Le Printemps arabe n’oubliera pas la Palestine


    23 mai 2011 - Le Quotidien d’Oran - Analyse


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  • La Gambie ne reconnaît pas Ouattara comme « Président de côte d'Ivoire »
     

    BANJUL – Le gouvernement  gambien a annoncé samedi dans un communiqué qu'il ne reconnaissait pas Alassane Ouattara comme Président de la Côte d'Ivoire, malgré la capture lundi par les forces françaises du Président Laurent Gbagbo qui le remettront aux forces de son rival.

    La Gambie, selon le communiqué, se refuse à reconnaître tout «président, le président Ouattara inclus, ni gouvernement africain qui aura été imposé par des forces extérieures au continent africain, peu en importe la raison ».

    Pour le Président Yahya Jammeh, Le Président Laurent Gbagbo reste « le président légitime de la Côte d'Ivoire selon la constitution». Aussi estime-t-il qu' « il ne peut pas être jugé alors qu'Alassane Ouattara, le président ivoirien choisi par la communauté internationale, est resté impuni après avoir massacré des milliers de civils, seulement pour être président ».

    « Il est aujourd'hui très clair, relève la Gambie, pour tous les Africains que le complot pour recoloniser l'Afrique est bien réel, et que nous devons nous y opposer ». Le gouvernement gambien qui craint «une guerre civile en Côte d'Ivoire » après la capture du Président légitime, souhaite l'organisation d' « une nouvelle élection le plus rapidement possible ».

    La Gambie devient ainsi le premier pays africain à s'opposer officiellement à l'intervention armée des forces françaises et de l'ONUCI, aux côtés des rebelles de Ouattara pour l'imposer à la tête du pays. Le Président Russe avait déjà critiqué l'intervention de l'ONU en Côte d'Ivoire, exigeant « des explications ».

    Le contentieux électoral né du scrutin du 28 novembre s'est transformé en une guerre avec l'ingérence armée de la France et de l'ONU (Organisation des Nations Unies) qui soutenaient Alassane Ouattara.

    Le Président Laurent Gbagbo, a été reconnu et investi Président par le Conseil Constitutionnel, plus haute juridiction chargée de proclamer les résultats définitifs  en Côte d'Ivoire alors qu'Alassane Ouattara, se fonde lui sur une certification « controversée et précipitée » du représentant de l'ONU à Abidjan.

    Source ici 


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  • Fin de mission pour Laurent Gbagbo : Intronisation du fidèle Ouattara

    « La France, gendarme de l’Afrique, c’est terminé, désormais, aucun soldat français ne tirera sur un Africain. (…) »
    Nicolas Sarkozy (discours au Cap)

    Lundi 11 avril, après-midi, Laurent Gbagbo est « capturé » et conduit à l’hôtel du Golf où il est fait prisonnier avec sa femme. Avec un rare cynisme, Alain Juppé sur RTL, implique l’Afrique dans la crise ivoirienne. « De grâce, essayons de ne pas faire toujours porter tout le chapeau à la France. Ce qui est en cause aujourd’hui, je le répète, c’est de savoir si le droit international, proclamé de façon tout à fait évidente par les Nations unies et par l’Union africaine est respecté, tous les chefs d’Etat africains ont fini par lâcher Gbagbo, ce n’est pas la France qui est seule en cause.

    C’est l’ensemble de l’Union africaine. Si en Afrique, on constate que des élections qui se sont correctement déroulées, qui ont été validées par l’Union africaine et par les Nations unies, sont bafouées par ceux qui ont été battus, alors c’en est fini de la démocratie en Afrique. C’est ça qui est en cause. » Après l’invasion, c’est la démocratie que les puissances occidentales veulent imposer par nouveaux serviteurs interposés. Ouattara est la personne désignée. Laurent Gbagbo a raison de dénoncer l’intervention militaire de la France dans son pays. « Je trouve, dit-il, vraiment ahurissant que la vie d’un pays se joue sur un coup de poker de capitales étrangères. »

    Qui est Laurent Gbagbo ?

    Pour l’histoire, Laurent Gbagbo n’a pas jailli du néant. Il devient en 1970 professeur d’histoire au lycée d’Abidjan. Chercheur à l’Institut d’Histoire, d’Art et d’Archéologie Africaine (IHAAA) à partir de 1974, il est également titulaire d’une maîtrise d’histoire de la Sorbonne. Il soutient enfin, en juin 1979, une thèse de doctorat. Parti en exil en France en 1985, il cherche à promouvoir le FPI et son programme de gouvernement visant à lutter contre la dictature du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, alors parti unique, et à promouvoir le multipartisme. Idéologiquement proche du Parti socialiste français.

    « La qualité peut-être dominante, écrit Philippe Bernard, est la personnalité. Le candidat a beaucoup réfléchi, il a un avis précis et le dit dans l’ensemble fort bien. » Le « candidat » en question s’appelle Gbagbo Laurent. Nous sommes le 22 juin 1979 et à l’université Paris VII-Jussieu, un jury de trois historiens salue ainsi la thèse de troisième cycle soutenue par cet étudiant déjà âgé de 34 ans, intitulée. « Les ressorts socio-économiques de la politique ivoirienne (1940-1960) ». Revenu à Abidjan après sa thèse, il fonde dans la clandestinité le futur Front Populaire Ivoirien (FPI), mais doit à nouveau s’exiler à Paris en 1982.

    Le premier président ivoirien, qui fut ministre de la IVe République française, est présenté par M.Gbagbo comme « le représentant d’une bourgeoisie terrienne (ivoirienne) qui n’a pas intérêt à rompre avec l’ordre colonial, car elle en a besoin pour l’écoulement de ses produits agricoles qui n’ont pas de débouchés sur le marché intérieur ». Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) d’Houphouët, « en pactisant avec l’occupant (français) et en adoptant les mots d’ordre collaborationnistes, poursuit la thèse, a permis la seconde pacification et a instauré un climat politique propice à l’exploitation économique de type néocolonial ». Quant à l’enseignement dispensé par les Français, il « permet à l’administration coloniale de pratiquer sur une vaste échelle le génocide culturel, prélude à la confiscation de la pensée des peuples soumis ». (1)

    Par qui a été arrêté Laurent Gbagbo ?

    Par la force, l’Occident a pris le pouvoir en Côte d’Ivoire, l’Otan sera sur place, la France coloniale et texane via Sarkozy a montré ses muscles et va continuer la politique françafricaine, le FMI pourra piller le pays et l’offrir aux multinationales et à Monsanto (à la clé, ruine des paysans, suicides, santé en péril), le sous-sol du pays le plus riche d’Afrique sera aux mains des Anglo-Saxons et des Israéliens, les Chinois seront boutés dehors, la pègre va diriger le pays, bref, à la tête du pays un sinistre valet de l’Occident criminel, à son image. Pauvres Africains !

    Une dépêche Reuters, agence de presse américaine peu soupçonnable d’être complice de Gbagbo, a annoncé le lundi 11 avril 2011 à 15h41 que Gbagbo a été arrêté par les forces spéciales françaises. Et ce ne sont pas des hommes de Laurent Gbagbo qui le lui avaient signalé, mais des hommes de Ouattara ! Un autre porte-parole du camp Ouattara, Hervé Cohx, basé à Paris, a précisé que Laurent Gbagbo avait été emmené à l’hôtel du Golf, QG des forces du vainqueur reconnu de l’élection présidentielle du 28 novembre. « Je vous confirme l’arrestation de Gbagbo qui se trouve actuellement à l’hôtel du Golf », a-t-il confié à Reuters. « Il a été arrêté par les forces françaises qui l’ont remis aux forces républicaines ». (2)

    Comment l’opinion internationale évalue la capture de Laurent Gbagbo ?

    Plusieurs médias occidentaux ont fait part de leur scepticisme concernant le scénario incanté par les chaînes françaises. « Que les bottes françaises aient foulé le sol du palais présidentiel ou pas, il est clair que les militaires français ont fait basculer la lutte pour le pouvoir en faveur de Ouattara », estime John Lichfield du journal The Independent. Pour le quotidien britannique, la position de la France était décidée avant même l’arbitrage de l’ONU et de la communauté internationale, qui ont déclaré Alassane Ouattara président élu : c’est Nicolas Sarkozy, lorsqu’il était maire de Neuilly, qui a marié le couple Ouattara. « Paris avait perdu patience avec Gbagbo depuis des années », croit savoir le journal, pour qui le rôle de la France en Côte d’Ivoire se résume à la « sale habitude » de la « Françafrique ».

    L’analyse est partagée par El Pais : selon le journal espagnol, cette « guerre » en Côte d’Ivoire est un héritage du passé colonial. Sous le couvert de l’ONU, Nicolas Sarkozy a joué le « rôle de gendarme néocolonial », commente El Pais. « Sarkozy a suivi la crise de très près en communiquant régulièrement avec Outtara par téléphone », souligne le journal.

    L’intervention de la France dans la crise ivoirienne pourrait coûter cher à Ouattara, estiment les analystes. Pour Ishaan Tharoor, du magazine Time, « Ouattara devra se défaire de l’étiquette de marionnette de la communauté internationale et surtout de la France, que ses opposants essaient de lui coller ». Mais l’arrestation de Laurent Gbagbo ne signe pas la fin de la crise, prévient le New York Times.

    Les frappes aériennes de l’ONU et de la France « vont nourrir la colère des pro-Gbagbo, mus par un sentiment anti-occidental », prédit le quotidien américain. (3) « Pour déloger le président sortant de son bunker, écrit Leslie Varenne de la Tribune de Genève, la France et l’ONU ont sorti l’artillerie lourde. Opération réussie. L’opération minutieusement préparée par les forces françaises et onusiennes a été un vrai succès. Laurent Gbagbo et ses proches ont été arrêtés lundi en début d’après-midi et conduit directement à l’hôtel du Golf, QG d’Alassane Ouattara. » (4)

    « Lundi en milieu de matinée, une quarantaine de blindés quittent le camp militaire français, direction Cocody, le quartier où se trouve le président sortant avec ses proches. Selon un autre témoin, au même moment, des parachutistes sont largués au-dessus du Palais présidentiel. Puis les forces spéciales entrent en action du côté du bunker. Une heure plus tard, l’arrestation du clan Gbagbo est réalisée et rendue officielle. Dans un premier temps, l’ambassadeur de France reconnaît que l’arrestation a été réalisée par les soldats français.

    Puis, dans la foulée, une source diplomatique dément : « Le président Ivoirien sortant, Laurent Gbagbo, a été arrêté lundi dans sa résidence d’Abidjan par les forces de son rival Alassane Ouattara et non par les forces spéciales françaises. » Une source militaire déclare : « Ce ne sont pas les forces de Ouattara qui ont arrêté Laurent Gbagbo, ce n’est pas possible, l’armée de Ouattara n’a jamais pu approcher le périmètre. » (4)

    En fait, la situation était arrivée à un blocage. Il fallait crever l’abcès. En fin de matinée de lundi, rapporte le Monde, M.Gbagbo et son entourage avaient tenté une sortie de leur résidence qui était en feu, touchée par un tir de missile français la veille au soir. Les partisans de Laurent Gbagbo avaient riposté et mis les assaillants pro-Ouattara en fuite. Laurent Gbagbo avait ensuite tenté de s’enfuir par une vedette au bord de la lagune. Il semble en avoir été dissuadé par l’hélicoptère français. Les diplomates français estiment que la situation s’était à ce point dégradée, qu’ils n’avaient pas d’autre choix que de précipiter la chute de Laurent Gbagbo.

    Ne rien faire, aurait précipité le pays dans la guerre civile (...). La présence des troupes françaises à Abidjan ne relève pas cependant d’un hasard. Il est évidemment lié au passé colonial de la France. Mais l’intervention de Licorne, en 2011, n’a absolument pas les mêmes bases que celle des soldats français en 2004. Il s’agissait alors des militaires du bataillon d’infanterie de marine basé à Abidjan qui avaient tiré sur la foule des « jeunes patriotes », lancés dans des manifestations anti-françaises. Le bombardement mortel de l’aviation ivoirienne sur le camp français de Bouaké avait conduit la France à détruire l’intégralité de l’aviation ivoirienne et déclenché en représailles des manifestations « patriotiques » ». (5)

    « La décision prise par Nicolas Sarkozy d’intervenir directement, même sous un clair mandat de l’ONU, contredit toutefois formellement ses discours antérieurs. L’interpellation de Laurent Gbagbo ne signifie pas nécessairement la fin du conflit, étant donné le nombre important d’armes qui a été distribué à ses partisans ces derniers jours. Le retour à la paix dépendra aussi de la capacité du nouveau président à enclencher un processus de justice visant les auteurs de violence, y compris dans son propre camp. Un autre grand défi sera la reconstitution d’une armée réellement nationale avec la fusion des forces qui viennent de s’entretuer.

    Cette fusion, qui devait être réalisée depuis plusieurs années, ne l’a pas été. Guillaume Soro, ancien chef de la rébellion du Nord, ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo, et actuel Premier ministre de M.Ouattara, a probablement pris encore de l’ascendant en tant que responsable militaire des opérations qui ont conduit à la reconquête de la totalité du territoire ivoirien. Chef militaire, connu pour son impulsivité, il pourrait, en effet, s’imposer face au très policé Alassane Ouattara ». (5)

    Le sort des civils

    La guerre civile qui a eu lieu s’est soldée par la mort de plusieurs centaines de civils. Les deux camps se rejettent mutuellement la responsabilité. Cependant, des informations font état de massacres perpétrés par les troupes de Ouattara. « Jusqu’à un millier de civils auraient été massacrés dans la ville de Duékoué en Côte d’Ivoire, pays d’Afrique de l’Ouest. C’est la plus forte perte en vies humaines dans l’ancienne colonie française depuis les élections présidentielles contestées de novembre 2010. (...) La résolution de l’ONU a donné le feu vert à une guerre civile aux conséquences désastreuses pour la population civile.

    Un million de personnes sont supposées avoir fui la Côte d’Ivoire ces derniers mois. La politique de la France en Côte d’Ivoire suit le modèle fixé en Libye où la France et la Grande-Bretagne ont obtenu une résolution de l’ONU pour une zone d’exclusion aérienne, sous prétexte de protéger les civils. L’action militaire en Libye et en Côte d’Ivoire reflète l’attitude de plus en plus agressive que les puissances occidentales sont en train d’adopter en Afrique où elles se trouvent confrontées à une concurrence de plus en plus acharnée de la part de la Chine et d’autres économies émergentes pour l’obtention de ressources.

    Paris a dépêché maintenant 300 troupes supplémentaires en faisant passer le nombre de soldats français à 1400. Ils ont pris le contrôle du principal aéroport. (...) L’aéroport s’était précédemment trouvé entre les mains de l’ONU et aurait pu servir à une évacuation en cas de besoin. La prise de contrôle de l’aéroport par les Français est un acte d’agression coloniale. Sous le couvert du droit international et de préoccupations humanitaires, la France est en voie de réaffirmer un contrôle direct sur la Côte d’Ivoire.

    Les victimes à Duékoué sont les conséquences immédiates de cette poussée de la France de ré-établir son pouvoir en Afrique. Washington a été obligé de critiquer Ouattara malgré son soutien politique à son égard. La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a exprimé des préoccupations au sujet du massacre à Duékoué, en appelant « les forces du président Ouattara à respecter les règles de la guerre et à cesser d’attaquer des civils. » Guillaume Ngéfa, directeur adjoint de l’Onuci, a dit que les forces de Ouattara avaient perpétré les meurtres à Duékoué. « Nous avons des preuves, nous avons des photos. C’était des représailles . »

    « Nous recevons des appels de partout, du nord, de l’Est, du sud, d’Abidjan et de villages aussi, » a dit Guillaume Ngéfa à la radio Deutsche Welle. La porte-parole de la Croix-Rouge (ICRC) Dorothea Krimitsas, a reconnu : « Il ne fait pas de doute que quelque chose s’est produit dans cette ville sur une grande échelle et sur quoi l’ICRC continue de recueillir des informations. Tout semble indiquer qu’il s’agissait de violence interethnique. » (6)

    Y aura-t-il une justice pour ces morts ? On aurait cru que le colonialisme c’est du passé. Il n’en n’est rien, il renaît de ses cendres sous les habits humanitaires. Farid Mellal écrit à ce propos : « La France l’a voulu, la France l’a obtenu. Laurent Gbagbo est tombé. Les intérêts français en Côte d’Ivoire sont sauvés. La fameuse force « Licorne », a montré ce lundi que ce n’était pas qu’une simple force d’interposition, mais une armée au service de l’Etat français pour sauver l’intérêt de la France dans un pays indépendant et souverain depuis le 7 août 1960. La Françafrique a de beaux jours devant elle. La France ne serait plus le « gendarme de l’Afrique », avait promis Sarkozy. Gbagbo est tombé...mais le gendarme français est de retour en Afrique ». (7) Nous sommes d’accord.

    Pr Chems Eddine CHITOUR
    Ecole Polytechnique enp-edu.dz

    1. Philippe Bernard. En 1979, la thèse marxiste de « l’étudiant » Gbagbo Le Monde 12.04.2011

    2. http://fr.reuters com/article/topNews/idFRPAE73AODU720110411

    3. Flora Genoux. Côte d’Ivoire : la presse internationale juge « néo-coloniale » l’action de la France. Le monde.fr 12.04.2011

    4. Leslie Varenne. Laurent et Simone Gbagbo, sont désormais aux mains de Ouattara, La tribune de Genève 11.04.2011

    5. Côte d’Ivoire : « L’interpellation de Laurent Gbagbo ne signifie pas nécessairement la fin du confit ». Le Monde. fr 12.04.2011 6. Ann Talbot : Des civils massacrés en Côte d’Ivoire par les forces soutenues par l’Occident. Mondialisation.ca 7.04.2011

    7. http://bellaciao org/fr/spip.php ?article116043

    URL de cet article 13419
    http://www.legrandsoir.info/Fin-de-mission-pour-Laurent-Gbagbo-Intronisation-du-fidele-Ouattara.html

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  • Côte d'Ivoire: Silence on tue! Images inédites...
     
    À la barbarie sans fin des rebelles de Ouattara s’oppose la résistance d’une Afrique digne. Images du massacre de Blolequin.
     
    Sévérine Toche
     Ici


    Que faut-il faire pour arrêter la folie meurtrière des rebelles d’Alassane Ouattara? Avec un chef délétère et très bon acteur devant les caméras, des soutiens puissants et des supporters sectaires, la solution ne vient que de la résistance, dont l’histoire nous vante les mérites qui font les grandes puissances d’aujourd’hui. Car à quoi sert-il de vivre enchaîné depuis 500 ans et se laisser mourir des malheurs qu’engendre le triomphe de l’injustice?

    Image 1: Des enfants,des femmes,des vieillards,tous ceux qui étaient réfugiés à la préfecture de Blolequin ont été purement et simplement exécutés

    Combien de preuves faudra-t-il? Combien de photos, de vidéos, de documents, de manifestations, combien d’articles objectifs et de déclarations révélatrices faudra-t-il pour que certains de nos frères se rendent compte de la barbarie de celui qu’ils supportent? On a beau tout dire du président Laurent Gbabgo, mais l’histoire retiendra qu’il a dit non à la violence, a en tout temps appelé au dialogue et a résisté à l’agresseur sans jamais lui vendre sa dignité. Cette résistance est à l’image d’un peuple prêt à servir de bouclier humain pour protéger son président, face à une force destructrice que décidément rien n’arrête, surtout quand il s’agit d’Africains. Les rebelles, épaulés par la France et l’ONU, oeuvrent à éloigner tout espoir de dialogue mais à s’imposer par la barbarie et la terreur. On dirait que la vie d’un Africain a si peu de valeur, et que l’homme Africain lui-même, quand il a le malheur de se faire endoctriner par des assoiffés de pouvoir violents et très riches, n’aide pas à valoriser cette vie, qui expire plus souvent en Afrique qu’ailleurs sur la planète.

    Image 2 : Blolequin après le passage des rebelles


    La résistance de l’Afrique, à travers Laurent Gbagbo, a démontré que les alliés de Ouattara ne veulent pas dialoguer. Et comme en temps de dictature, les défenseurs de la « démoncratie » sont prêts à tuer pour l’imposer à ces Africains à qui l’on prend tout mais on ne laisse rien, si oui, la mort. La libération de l’Afrique du joug impérialiste français passe indéniablement par une rupture nette des relations avec cette France coupable à tous les niveaux dans le dossier ivoirien. La résistance de l’Afrique de Laurent Gbabgo a malheureusement occasionné de nombreuses pertes en vies humaines, et une nouvelle fois, comme pour celler le pacte quasi mystique que nous imposent les colons, l’humiliation sous sa forme la plus médiatique et donc la plus cruelle.


       Image 3: Riveira vit dans la peur des rebelles

    Les grands médias, que contrôle un oligopole d’hommes et de femmes d’affaires peu scrupuleux quand il s’agit d’enrichissement, agissent en ventouses mentales pour assouvir l’appétit vorace de la bête impérialiste. L’histoire a toujours élevé au rang de héros ceux qui ont fait partie de la résistance, et en tyrans ceux qui ont faire preuve de toujours plus de violence. La Côte d’Ivoire n’en échappe pas, et le tyran a fait ses preuves avant même de s’asseoir enfin sur le fauteuil présidentiel pour lequel il a tant tué.

    Les tueries de Blolequin, celles de Duékoué ou encore celles souvent évoquées de la terre kidnappée du Nord, sont-elles la faute de Gbagbo? Faut-il accuser celui qui a dit NON à la guerre ou celui qui a imposé la guerre? La seule faute de Gbagbo est d’être fidèle à lui-même, vrai, authentique jusqu’au bout. Ouattara le gentleman avec beaucoup de squelettes dans le placard, a-t-il jamais été inquiété du fameux TPI, tribunal pantin de l’intimidation, depuis 2002? Quand l’absudre poussé à l’extrême arrive à coûter la vie à des milliers de personnes, l’on a peur de devenir fou soi-même tellement c’est... fou.

    Image 4: Cet adolescent est accusé d'être un milicien. Un petit d'à peine 15 ans humilié, battu par les rebelles


    Ces innombrables morts qui jonchent les caniveaux de Côte d’Ivoire sont la seule faute de ceux qui consentent à appuyer sur la gachette pour ôter la vie d’innocentes personnes qui pourtant - on les a vu par milliers voire par millions sur la regrettée RTI – ont manifesté leur désir de paix et de dialogue. À l’heure où l’espoir d’un dénouement rapide et pacifique faisait vivre le pays, l’on était loin, très loin de se rendre compte de l’extrême violence qui sévirait ensuite. L’on parlait déjà depuis des années de la violence sans nom dont étaient capables les rebelles acquis à Ouattara, mais l’on avait espéré, en vain, qu’une étincelle de compassion les saisirait. Il n’en est rien.

    Chaque jour, l’on apprend de nouveaux décès, de personnes connues et d’anonymes, avec un discours manipulateur qui malheureusement entraîne avec lui les adeptes sectaires de la politique du sieur Ouattara. On a dit des rebelles que ce sont des drogués et que, pire encore, ce sont des personnes dotées de toutes leurs facultés mentales qui posent des actes aussi abominables : égorgements, viols, pillages, braquages, exécutions sommaires, etc. C’est à se demander ce qui justifie une telle barbarie, quel programme politique, quel candidat mérite qu’on lui sacrifie autant d’âmes? Dans une Afrique qui est civilisée de culture - et non grâce aux colons « bien-intentionnés » qui déjà avilissaient et massacraient les « indigènes » africains – ce qui se passe en Côte d’Ivoire est tout simplement irréel d’absurdité.

     Image 6: A Yopougon, Les mercenaires traquent les pro Gbagbo de maison en maison 

    Le contexte dans lequel s’inscrivent les évènements tragiques de Côte d’Ivoire parlent d’eux-mêmes : La « célébration » du cinquantenaire des indépendances et la commémoration des 17 ans du génocide rwandais. Pour les croyants chrétiens, nombreux en Côte d’Ivoire, la semaine sainte avec à son apogée le dimanche de Pâques, commémoration des souffrances, de la mort et de la résurection d’un Jésus-Christ accusé à tort, humilié publiquement et crucifié injustement par l’occupant romain, exécution applaudie par une frange complice de la population. L’on peut comprendre la symbolique très marquante qu’ont ces évènements sur nombre d’Ivoiriens et d’Africains, qui voient en l’avancée des rebelles de Alassane Ouattara la souffrance de trop. Ceci ne peut être qu’annonciateur de profonds bouleversements en Afrique, qui passeront indéniablement par le vomissement de la France hors d’Afrique, de même que de toutes les politiques impérialistes occidentales qui n’ont fait qu’excéder au fil des âges les Africains, décidés à se sortir de cette prison invisible mais bien réelle.

     Image 7: Koné Zakaria de dos sur cette photo mettent en oeuvre le plan d'exécution dans les communes d'Abobo et yopougon


    Une chose est certaine : les tueries massives auxquelles s’adonnent les troupes de Alassane Ouattara, soutenues ouvertement par la Licorne française et « l’armée de la paix » ONUsienne, ne resteront pas impunies. L’homme africain ne servira plus de gibier à massacre à ceux qui n’hésitent pas à tuer pour préserver des intérêts acquis depuis 500 ans et que l’Occident tient à garder à tout prix, même au prix du sang. L’Afrique digne est en marche, et sa liberté lui reviendra dans un avenir plus proche qu’on ne le pense.


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  • Le peuple Omo sacrifié pour un barrage éthiopien



    Awa Ba

     Huit tribus d'Éthiopie et du Kenya sont menacées par la construction d’un énorme barrage sur la rivière Omo. Des ONG ont lancé une pétition à l’occasion de la journée mondiale de l’eau.  

     
     
    Le 22 mars, la Journée mondiale de l’eau, instituée par l’ONU après le sommet de la terre de Rio en 1992, a été marquée par la remise d’une pétition aux ambassades éthiopiennes en France, Allemagne, Belgique, Royaume-Uni, Italie et États-Unis, signée par plus de 400 organisations internationales de défense de l’environnement. Lancé il y a un an, en mars 2010, ce collectif d’ONG entend protester contre la construction du barrage hydro-électrique Gibe 3 sur la rivière Omo, qui prend sa source en Éthiopie et arrose le nord du Kenya.
     
    Une fois terminé, ce barrage devrait atteindre 240 mètres de haut. Il sera le plus élevé du continent africain et risque d’assécher en amont le lac Turkana, situé en territoire kenyan dans lequel l’Omo se jette. Pour les pétitionnaires, il y a urgence: selon le gouvernement éthiopien, 40% des travaux du barrage, commencés en 2006, sont déjà réalisés. Son coût, évalué à 1,4 milliard d’euros, ne comprend pas l’indemnisation des populations concernées par sa construction.

    Huit tribus menacées

    Pourtant, 500.000 personnes appartenant à au moins huit tribus de pêcheurs, agriculteurs et éleveurs semi-nomades Omo, qui vivent depuis toujours le long du fleuve, risquent de devoir quitter leur terre. «Si on n’arrête pas les travaux, le barrage va entraîner une pénurie alimentaire et même une famine», craignent les signataires de la pétition. Pour l’association Les Amis de la Terre, le projet viole les conventions internationales sur les droits des populations indigènes. Il aura des conséquences dramatiques sur l’économie locale en entraînant la destruction des pêcheries, en inondant les terres particulièrement fertiles des bords du fleuve et dont les crues sont essentielles à la survie. «Nous dépendons du poisson, il est notre bétail, si les crues de l’Omo disparaissent, nous mourrons», explique un chasseur-cueilleur de la tribu kwengu.
     
    Outre les dégâts sur les populations locales, le barrage menace également un site préhistorique de renommée mondiale ainsi que l’écosystème du lac Turkana qui risque l’assèchement. Or, les deux sites sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco.
     
    Les ONG signataires dénoncent également le fait que la construction du barrage Gibe 3 ait été confiée, sans appel d’offres, à la société italienne Salini Construttori, violant ainsi de façon flagrante la Constitution éthiopienne qui prévoit qu’avant d’engager des travaux les personnes concernées soient consultées.

    Manifestations au Kenya

    Construit surtout pour fournir de l’électricité au Kenya, le barrage ne fait pas que des heureux dans ce pays. Au début du mois de mars, des milliers de Kenyans sont descendus dans la rue pour protester contre la construction du barrage, qui, selon eux, «menace à terme d’anéantir des milliers de vies». Les associations internationales ont donc appelé le gouvernement éthiopien à suspendre le projet «tant que les peuples affectés n’auront pas donné leur consentement libre, préalable et informé».
     
    Sollicitées, la Banque européenne d’investissement et la Banque africaine de développement ont décidé de ne pas financer le projet mais elles ont été relayées par des banques chinoises qui se sont empressées de répondre à la demande éthiopienne. Italiens et Britanniques sont également sur les rangs.
     
    Les associations, parmi lesquelles Survival International, dénoncent un autre risque couru par les populations de la vallée de l’Omo. L’Éthiopie est en effet en passe de devenir un paradis pour les investisseurs étrangers. Le gouvernement d’Addis Abeba a récemment mis en location pour cinquante ans des millions d’hectares de terres agricoles vierges, dont 180.000 hectares situés le long de la rivière Omo. En faisant payer 150 livres sterling (172 euros) par semaine 2.500 km2 de terrain, le gouvernement espère ne plus dépendre de l’aide humanitaire pour faire vivre la population. Il en est à ce jour totalement tributaire.
     
    En attendant, pour le responsable éthiopien du dossier, Wondirad Manfredo, cité par le Guardian de Londres, il ne fait aucun doute que les tribus Omo seront amenées à terme à abandonner leur mode de vie ancestral.
     
     
    Photos Hans Silvester, Rapho
     
    Pour en savoir plus :

     





    Merci à SlateAfrique
    Source: http://www.slateafrique.com/991/ethiopie-peuple-omo-sacrifie-barrage
    Date de parution de l'article original: 23/03/2011
    URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=4459


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  • L’alternance du pouvoir en Afrique : l’ingérence continuelle de l’Occident


    Il faut soutenir les dictateurs africains sinon ils ne feraient pas d’élections »
    Jacques Chirac (confidence faite à Pierre Péan)

    28 novembre 2010, après plus de cinq ans d’attente, les élections ont eu lieu en Côte d’Ivoire. Le socialiste, Laurent Gbagbo, après 10 ans de règne dont cinq ans sans élection, n’accepte pas le verdict des urnes, battu par Alassane Ouattara sur le score sans appel de 54%, proclamé par la commission indépendante constituée à nombre égal d’observateurs des deux camps, il se fait proclamer vainqueur par un proche, le président du Conseil constitutionnel. Dès l’annonce de son élection, l’ensemble des grands commandements des forces armées avec à leur tête le général Philippe Mangou, chef d’état-major de l’armée, ont fait allégeance au président Laurent Gbagbo. Le Conseil de sécurité des Nations unies reconnaît Ouattara comme vainqueur. Ban Ki-moon invite Gbagbo à favoriser une transition en douceur.

    Une vieille règle toujours d’actualité

    Une Vieille, règle africaine veut qu’« on n’accepte les élections que si l’on est sûr de les gagner ». C’est dans les faits, vrai dans la plupart des élections à l’africaine exception faite de l’Afrique du Sud. Est-ce à dire que l’Afrique n’est pas mûre pour la démocratie et l’alternance ? Ou est-ce les intrigues et les soutiens occultes et les promesses aux parrains, notamment occidentaux, qui font que celui qui bafoue les élections a, d’une façon ou d’une autre protégé ses arrières. Pourtant, en l’occurrence Laurent Gbagbo a réussi le tour de force de se mettre à dos la « Communauté internationale », il faut entendre par là les pays occidentaux directement intéressés au premier rang desquels les Etats-Unis et en Europe la France qui ont des intérêts puissants que le président Gbagbo n’a pourtant pas perturbés. On parle aussi de nouvelles puissances, la Russie mais surtout la Chine qui se contentent « d’observer » pour le moment. Reste l’Union africaine et ses rodomontades plus pitoyables les unes que les autres. Où est-elle quand les Sahraouis se sont fait tabasser ? Quand Moubarek se concocte des élections législatives à sa pointure, quand enfin elle accepte que le Soudan sombre dans la partition et la Somalie qui n’est plus un Etat ?

    Les sanctions n’ont pas tardé à tomber : le président sortant doit « reconnaître la volonté du peuple de Côte d’Ivoire et entamer une transition pacifique » a exhorté Philip Crowley, le porte-parole de la diplomatie américaine. Les Etats-Unis ont appelé, mardi 7 décembre, le président ivoirien sortant, Laurent Gbagbo, à « entamer la transition pacifique » du pouvoir à Alassane Ouattara afin de sortir le pays de la crise. « Nous espérons que le président Gbagbo fera le bon choix dans les prochains jours », a exhorté Philip Crowley, le porte-parole de la diplomatie américaine. Le résultat du scrutin présidentiel du 28 novembre a été « clair », et le sortant doit « reconnaître la volonté du peuple de Côte d’Ivoire et entamer une transition pacifique », a-t-il continué. Le président américain Barack Obama a formellement mis en garde Laurent Gbagbo contre un « isolement accru » et dit qu’il subirait les « conséquences de ses actes injustes » s’il s’accrochait au pouvoir. (1)

    L’Europe n’est pas en reste : les ministres des Affaires étrangères de l’UE se sont mis d’accord lundi 12 décembre sur l’imposition de sanctions pour certaines figures dominantes en Côte d’Ivoire, mettant la pression sur Laurent Gbagbo afin que celui-ci renonce au pouvoir suite à une élection présidentielle contestée. (...) « Nous appelons à une passation de pouvoir immédiate et pacifique », a dit Catherine Ashton, haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, aux journalistes. « Nous avons décidé d’adopter, sans délais, des mesures de restriction à l’encontre de ceux qui font obstruction à la paix et à la réconciliation. » Son refus de démissionner menace de compromettre un paquet d’aide internationale d’une valeur de 3 milliards de dollars (soit 2,2 milliards d’euros). Le Fonds monétaire international a déclaré qu’il ne participerait pas au programme d’aide si le gouvernement de la Côte d’Ivoire n’est pas reconnu par les Nations unies. (...) L’Union africaine a suspendu la Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo a fait une ouverture en appelant à la « discussion » et rejeté l’idée d’un conflit armé avec les partisans de son rival. La tension actuelle fait pourtant craindre une confrontation armée dans le pays, théâtre d’une quasi-guerre civile après le coup d’Etat manqué de septembre 2002, qui l’a coupé en un Sud loyaliste et un Nord tenu par l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN). (2)

    Pourquoi cet acharnent étrange à vouloir la démocratie à tout prix en Côte d’Ivoire et pas en Somalie ou en Egypte ? Une première explication nous est donnée par les richesses et les chasses gardées. L’étude suivante est édifiante. Nous lisons : « (..) La lettre du mouvement communiste n°15 dans sa parution de janvier 2005 fait l’état des lieux de la compétition capitaliste aiguë autour de la répartition de la rente issue de l’exploitation des ressources naturelles ivoiriennes. Plus de mille sociétés en Côte d’Ivoire appartiennent à la France. Le rôle de la France dans la guerre de septembre 2002 est identifié comme celui du traditionnel maître qui ne veut pas que l’esclave s’émancipe. (...)

    Troisième puissance économique de l’Afrique sub-saharienne, derrière l’Afrique du Sud et le Nigeria, la Côte d’Ivoire est un pôle économique d’importance au sein de l’Afrique de l’Ouest. Notamment l’Uemoa, marché commun regroupant le Bénin, le Burkina-Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. D’après l’Irin, agence de presse de l’Onu, le Burkina-Faso dépend de la Côte d’Ivoire pour 80% de ses exportations et pour 60 à 70% de ses importations. (...)Riche en ressources naturelles (minérales et agricoles), la Côte d’Ivoire possède une industrie de transformation relativement réduite mais » sans équivalent en Afrique centrale et occidentale « selon Mission économique de l’ambassade de France, principalement dans les secteurs du cacao, du pétrole et de la conserverie de thon. (..) » (3)

    « L’Union européenne (UE) absorbe 52% de son commerce extérieur. Au sein de l’UE, la France se confirme être le premier client du pays avec 19% de ses exportations totales en 2003. La France est le premier pays fournisseur de la Côte d’Ivoire, avec près du quart des importations totales représentées, notamment par des produits alimentaires et des biens d’équipement. Ainsi, comme bon nombre de pays capitalistes périphériques, la Côte d’Ivoire est riche en forces productives (main d’oeuvre et ressources naturelles, aussi bien minérales qu’agricoles) mais pauvre en industrie développée (agriculture : 27,6% du PIB en 2003 ; industrie manufacturière : 12,5%). (...)

    A lui seul, en 2003, le cacao a représenté 43% des exportations de la Côte d’Ivoire (soit environ 20% de son PIB estimé par le FMI à 8000 milliards de francs CFA, correspondant à 12,2 milliards d’euros. Le coton et le café, les autres grandes ressources agricoles du pays, ne pèsent que 3% chacun dans les exportations totales. Les produits transformés du bois, 4%. La Côte d’Ivoire est aussi le premier exportateur africain de thon (2% de son commerce) et de caoutchouc (2%). Les gisements de pétrole sont rapidement montés en puissance parmi les marchandises d’exportation (+56,4% en volume en 2003). La production est encore en expansion, 32.970 barils/jour en juin 2004 » (3).

    « (...) Comme dans le cacao, la concurrence des géants étrangers du secteur y est très vive. Les intérêts français et américains s’entrechoquent. La société Total garde une longueur d’avance, comptant pour un gros tiers du raffinage et de la distribution totale de pétrole ivoirien. Bouygues, via sa filiale Saur, et EDF interviennent en amont, du côté de la production. Cependant, plusieurs firmes américaines importantes (Pioneer Oil Company et Africa Petroleum dans l’extraction ; Exxon Mobil dans la distribution) disputent l’influence française dans ce secteur. La France apparaît comme le premier investisseur direct étranger en Côte d’Ivoire, si on s’en tient aux statistiques du Cepici. En tout, ce sont 147 filiales d’entreprises françaises qui, selon le ministère des Finances, sont présentes dans le pays, employant 36.000 salariés ivoiriens.

    D’après les Échos, environ 51% des recettes fiscales de l’État ivoirien en sont issus. Parmi les sociétés françaises, on note avant tout : • Bouygues dans le BTP, via sa filiale Saur qui détient 47% de la Sodeci (eau) et 25% de la CIE (électricité) ; les aéroports, dont les concessions ont été confiées à la Chambre de commerce et d’industrie de Marseille et la Sofreavia. Le groupe Pinault dans la distribution de produits ; la BNP, le Crédit lyonnais, Axa et la Société générale dans le secteur financier ; France Télécom dans les télécommunications ; Castel dans le sucre et les boissons ; Accor dans l’hôtellerie. Air France, qui détient 51% d’Air Ivoire ; le groupe de négoce Touton (deuxième exportateur de fèves de cacao, avec 150.000 tonnes en 2003). D’autre part, plus de 1000 sociétés locales appartiennent à des ressortissants français. Pour les hydrocarbures : les intérêts américains sont représentés par les sociétés Foxtrot, Ranger Oil, Ocean Energy, et ceux des Canadiens par CNR International. Deux unités de blending (mélanges) opèrent en Côte d’Ivoire : la Sifal (détenue à 33% par Shell, 20% par Mobil) et la Texaco » (3).

    Pour une alternance endogène

    C’est à l’évidence, un pays qui ne s’appartient pas ! On comprend qu’il attise les convoitises.

    Il y a cependant une autre explication qui fait que la configuration du pays rend difficile une réconciliation durable. Pour Ahmed Cheniki : « La présence d’une multitude de tribus et de langues empêche toute conciliation durable et tout compromis politique et géographique. La colonisation a dramatiquement aggravé les choses en instrumentalisant des conflits intertribaux et en multipliant les lieux de pouvoir marqués par une certaine allégeance à l’espace colonial. Le contact tragique avec la colonisation a engendré de nombreux conflits et des réalités syncrétiques mettant en avant les jeux claniques et tribaux associés à des formes européennes éparses. (...) Il n’est nullement possible de comprendre les enjeux actuels en Côte d’Ivoire si on n’interroge pas l’histoire de l’Afrique noire, ses contingences historiques et les relations avec la France.

    Les Accords de Marcoussis et d’Accra, d’ailleurs organisés par la France, ne pouvaient être que fragiles et circonstanciels. (...) L’Union africaine est inoffensive et trop peu opératoire dans ce type de situations. La mission africaine conduite par le président sud-africain est incapable de résoudre un problème qui remonte finalement à plusieurs décennies. C’est vrai que Houphouet Boigny, installé grâce aux Français, a tout fait pour bâtir son pouvoir sur des équilibres précaires tout en privilégiant les relations avec la France. Sa mort en 1993 a mis fin à des décennies de pouvoir marqué par un compromis intertribal et une forte répression visant les diverses oppositions politiques. Laurent Gbagbo se fait élire grâce au soutien du Parti socialiste français. La droite a toujours considéré ce dirigeant comme un trublion, un personnage trop peu crédible.

    La Côte d’Ivoire semble condamnée à des violences continues d’autant plus que les acteurs ne sont pas disposés à dialoguer sérieusement. (...) Les acteurs actuels, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, ont toujours connu des relations très conflictuelles. (...) Les choses n’ont donc pas changé dans ce territoire marqué par de profondes césures ethniques et religieuses. L’exclusion de la candidature de Ouattara, il y a quelques années, a engendré un vent de contestation dans le Nord musulman, représentant plus de 40% de la population alors que les chrétiens ne dépassent pas les 30%. (...) Aujourd’hui, Gbagbo sait qu’il est très fragile et que Sarkozy et l’UMP ne lui feront pas de cadeau. Dans le contexte actuel, le président français aimerait se débarrasser ainsi de l’actuel président, connu pour son hostilité à la droite française qu’il a toujours soupçonnée de vouloir déstabiliser son pouvoir. (...) Plus de soixante mille Français résident toujours dans ce pays. Il faut ajouter à cela le millier de soldats et de conseillers militaires installés depuis 1960, année de l’« indépendance ». Les choses n’ont pas changé depuis Foccart ». (4)

    Pierre Beylou très optimiste écrit : « Deux présidents, deux gouvernements, une communauté internationale qui peine à faire reconnaître la légitimité de l’élection d’Alassane Ouattara, un pays au bord de l’explosion (...) Mais un vent nouveau se lève. Les populations en ont de plus en plus « assez des présidents fondateurs, des pères de la nation, des éclaireurs de pointe, des guides éclairés omniscients et omnipotents. » Ce constat est fait par Edem Kodjo dans un petit livre décapant (Lettre ouverte à l’Afrique cinquantenaire, Continents noirs, Gallimard). Cet ancien Premier ministre du Togo, ex-gouverneur du FMI et ancien secrétaire général de l’OUA, dresse un bilan sans complaisance du demi-siècle qui s’est écoulé depuis les indépendances dans les années soixante. « Nous, les fils aînés du monde, nous devenons les derniers de la classe », constate-t-il (...) ». (5)

    Pour Pierre Haski, le PS peine à prendre position sur le coup de force de Laurent Gbagbo, qui dénonce l’ingérence occidentale en Côte d’Ivoire. Les embarras du PS avec le coup de force de Laurent Gbagbo pour se maintenir au pouvoir en Côte d’Ivoire ne sont qu’un héritage d’une relation jamais réellement clarifiée : celle des socialistes avec l’Afrique. (...) La crise ivoirienne est la première à rappeler aux socialistes qu’ils n’ont pas soldé les comptes du passé et pas encore défini leur politique sur un continent qui a beaucoup changé. (...) Ils ont la chance que Nicolas Sarkozy n’ait rien compris à l’Afrique et a raté le coche dès son « discours de Dakar », en 2007. (6)

    Voilà donc un pays en coupe réglée qui ne crée pas de la richesse mais qui confie les richesses naturelles du pays aux multinationales occidentales qui, elles, ne transforment pas sur place, d’ailleurs le nombre d’emplois est très faible par rapport aux recettes engrangées. Par contre, le port d’Abidjan est l’un des plus importants de la région ! Les mêmes instances qui condamnent Gbagbo aujourd’hui, salueront demain la réélection en Egypte de Moubarak, C’est cela la vision démocratique de l’ultralibéralisme. A l’évidence, il n’y aura pas, du fait des interférences continuelles de l’Occident, d’alternance endogène. La boutade de Jacques Chirac est une fois de plus d’une brûlante actualité. Les heurts sanglants entre les deux rivaux risquant de déboucher sur une guerre civile, les Occidentaux qui ont armé les deux camps attendent de quel côté vont souffler les vents.

    On se dirigerait , vraisemblablement, vers une solution bancale, imposée, de partage du pouvoir à la kenyane avec le duo Kibaki-Lou Odinga ou à la Zimbabwe avec l’inoxydable Robert Mugabe et son adversaire devenu premier ministre Morgan Tsingaraye. « Quand les riches se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent » disait Jean Paul Sartre, en l’occurrence les dizaines de morts actuels en Côte d’Ivoire meurent pour des personnalités assoiffés de pouvoir et qui ne veulent pas passer la main. C’est là tout le drame de l’Afrique. Du fait des ingérences continuelles, les potentats au pouvoir se prennent pour des messies et à ce titre ils sont irremplaçables. Les successions sont généralement sanglantes et se règlent soit par l’émeute soit par le Darwinisme. A quand une Afrique où l’alternance sera inscrite dans le marbre ?

    Pr Chems Eddine CHITOUR
    Ecole Polytechnique enp-edu.dz

    2. Côte d’Ivoire : l’UE se met d’accord sur des sanctions EurActiv avec Reuters. 14.12.2010.

    3. Sériba Koné http://news.abidjan.net/article/index.asp ?n=349363 Exploitation des ressources naturelles en Côte d’Ivoire : 9 décembre 2009.

    4 .Ahmed Cheniki : Les Jeux troubles de la Côte d’Ivoire Le Soir d’Algérie 6/12/2010.

    5 .Pierre Beylau : L’Afrique qui pleure, l’Afrique qui rit. LePoint.fr. 08/12/2010.

    6. Pierre Haski : Le PS et Gbagbo : Rue89 13/12/2010.

    URL de cet article 12266
    http://www.legrandsoir.info/L-alternance-du-pouvoir-en-Afrique-l-ingerence-continuelle-de-l-Occident.html

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  • 25e Sommet Afrique-France: parler de tout, sauf des travailleurs sans-papiers!


    Le brûlot des africains sans-papiers: la honte à nos dirigeants !

    Tout au long de la rencontre avec leur Maître Sarko, les élèves africains tiers-mondistes, dociles, malléables, nantis et bien lotis, avaient tous droit tour à tour à la parole, à condition de ne pas taper du poing sur la table en évoquant le thème sensible des travailleurs sans-papiers. Des consignes bien respectées : ce thème a été sournoisement passé sous silence pendant tout le Sommet. Les présidents des pays très pauvres, à la peau éclatante, aux joues bien pommelées, aux chaussures brillantes de cirage, et surtout en costumes de milliardaire bien cravatés, assortis de chemises aux cols amidonnés, se sont mis à pavaner et à gambader face à la misère de leurs propres ressortissants en détresse. D’où le baroud d’honneur des trente mille sans-papiers, après le départ de nos présidents. En un mot, l’indifférence a été totale envers les soldats de l’aventure.



    25e Sommet Afrique-France: parler de tout, sauf des travailleurs 
sans-papiers!
    D’une manière concertée, les représentants de l’Union africaine, de l’Union européenne, de l’Organisation des Nations Unies, de l’Organisation Internationale de la Francophonie et de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture ont tenu un point de presse pour révéler les vingt quatre mesures d’une ‘Déclaration finale’. Ces mesures ne sont que des paillettes visant à leurrer encore une fois notre cher Continent toujours naïf et docile.
     
    Méfions-nous des grandes puissances prédatrices qui ne défendent que leurs propres intérêts : les Etats n’ont que des intérêts, martelait un ami ! Sarko ne disait-il pas à Bamako : ‘La France n’a pas besoin de l’Afrique’. Toutefois, les sans-papiers ont réussi leur coup. D’autant plus qu’ils ont fait découvrir au monde entier la face sombre d’une Europe de plus en plus hostile aux boucs émissaires d’une crise sans précédent. D’où le mécontentement et le rejet de l’autre qui vont crescendo. Le chômage est actuellement endémique en Europe. Ces grandes puissances malhonnêtes doivent arrêter de nous seriner leur insipide farce du thème de ‘l’immigration choisie’, insupportable et agaçante. Si cette crise élit domicile en Europe, les soldats de l’aventure n’y sont pour rien. De plus, la France est le pays qui en Europe subit le moins la vague d’immigration.

    Des émigrés sans-papiers, travailleurs ignorés et évités comme des pestiférés par une élite égoïste, investie pour plaider la cause du peuple et de toute la diaspora africaine. Mais il n’empêche que nos sœurs et nos frères victimes des contingences de la vie politique africaine ont été très déterminés à braver le silence et l’ingratitude de ces élèves dévoués à leur Seigneur métropolitain. Cependant, les élèves accrédités et toujours prêts à coopérer avec un Occident soucieux de damer le pion aux Chinois en Afrique, ont été surpris par l’attroupement et les sollicitations de leurs ressortissants piégés à la métropole par les ‘critères’ de régularisation et le ‘faux débat’ de l’identité nationale. De plus, ces mêmes autorités françaises mettent en avant l’immigration choisie, au détriment d’un Continent qui a plus que jamais besoin de ses cerveaux intrigués et apeurés par l’idée d’un éventuel retour au bercail non encadré.

    Les haussements d’épaules de nos dirigeants face aux sollicitations de leurs ressortissants déboussolés !

    Hélés et assaillis par les banderoles et les pancartes des manifestants soutenus par leur syndicat (la CGT) ainsi que par des associations, nos présidents n’ont même pas pris le temps de répondre aux ovations de leurs militants submergés in extremis par une foule immense, déterminée, digne et désireuse de ne plus vivre dans l’anonymat le quotidien de la clandestinité.

    Venus à pied des quatre coins de la France, nos compatriotes sont victimes des contrecoups de la corruption et de la mal-gouvernance de nos Chefs d’Etat. Ces derniers ont illico déféré à la convocation de leur Maître (Sarkozy) avec qui ils ont papoté ensemble deux jours durant en se faisant des accolades et des tapes dans le dos, loin des regards indiscrets de leurs ressortissants sans-papiers.
     
    Si seul le Sommet des Chefs d’Etat avait été annoncé, la surprise a été grande, au regard de la forte mobilisation et de l’ampleur de la manifestation de ces trouble-fêtes encombrants. En tout cas, ils ont bien fait d’envahir la Côte d’Azur où les caméras de la planète s’étaient donné rendez-vous. Résultat : les organisateurs du Sommet ont été déçus et choqués par cette omniprésence imprévue, malgré la complicité et les haussements d’épaules de nos dirigeants qui snobaient leurs propres ressortissants, désemparés et livrés à eux-mêmes.

    Le Sommet s’est déroulé sans la moindre évocation du sort des sans-papiers. Agglutinés sur les trottoirs où devaient passer nos éminents hôtes de la métropole, les trente mille sans-papiers se sont fait entendre à travers toute la ville azuréenne, malgré les regards fuyants et les têtes baissées de nos Chefs d’Etat vautrés dans des voitures de luxe rutilantes.

    Peuple d’Afrique

    Peuple d’Afrique et Jeunesse africaine, ne fuyons pas la misère de notre Continent à bout de souffle ! Rentrons une fois les diplômes en poche car un intellectuel ne doit jamais s’exiler volontairement. Le retour fait partie d’une des étapes les plus importantes afin de relever le défi du Millénaire, dans un continent où plus de la moitié de la population est analphabète! Si nous ratons cette opportunité, quelle génération encore relèvera-t-elle le défi ?

    L’Afrique a besoin de tout, sauf des ‘Conclusions de l’atelier présidé par Eric Besson’ clôturant ce Sommet: ‘Mobiliser les migrants par la création d’entreprise et l’investissement en Afrique’. Une aubaine pour seulement une poignée de ‘richissimes’ hommes d’affaires ! De plus, nous n’avons pas de leçons à recevoir du promoteur de ce ‘faux débat’ de l’identité nationale, incriminant les étrangers africains, et surtout ceux de la troisième génération nés sur le territoire français dont le seul handicap est d’être issue de la race négro-africaine ou maghrébine. Besson et Sarko ont-ils eux-mêmes oublié leurs origines respectivement libanaises et hongroises. Bref, à quoi servent nos Chefs d’Etat si la misère sociale de leurs administrés et de leurs ressortissants sont aux antipodes de leur programme gouvernemental ?

    Dame Diop

    ddiopdame@hotmail.com
    Publications : « Les rêves de la fleur », recueil de poésie publié aux éditions EDILIVRE, Paris, 2010 ; pages 164 ; prix 15 Euros.

    Lien pour consulter le livre :

    http://www.edilivre.com/doc/20343


    Samedi 12 Juin 2010

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