• Reporters sans frontières contre la démocratie vénézuélienne
    par Salim Lamrani

    Mondialisation.ca
    , Le 3 juillet 2009

    Reporters sans frontières (RSF) persiste et signe. Le 23 juin 2009, moins d’un mois après avoir rendu public son soutien à la chaîne de télévision putschiste Globovisión en répandant de nombreuses contrevérités sur la réalité vénézuélienne, l’association française tente de nouveau de tromper l’opinion publique à ce sujet1.

     

                RSF « redoute à brève échéance l’annulation de la fréquence hertzienne de Globovisión », en référence à la procédure engagée contre la chaîne le 16 juin 2009 et entérinée par le Tribunal suprême de Justice le 18 juin. L’organisation affirme que « le président Hugo Chávez a récemment averti que Globovisión quitterait les ondes faute de modifier sa ligne éditoriale […]. L’annulation de sa fréquence hertzienne marquerait le point d’orgue d’un véritable harcèlement procédurier, juridiquement contestable, contre la chaîne en raison de son contenu2 ».

     

                Puis RSF conclut : « Que la chaîne ne soit pas exempte de reproches n’enlève rien à la gravité du procédé. Il n’est pas digne d’une démocratie comme le Venezuela que le bon plaisir du chef de l’État décide seul de l’avenir d’un média. Débarrassé de Globovisión, Hugo Chávez disposera d’un espace télévisuel hertzien qui lui sera entièrement dévoué mais se prive d’un filtre médiatique, ce qui pourrait conduire à une radicalisation de l’opposition. Cette configuration est un revers pour le pluralisme et le débat3 »

     

                Tout d’abord, RSF essaye de faire croire que seule la « ligne éditoriale » extrêmement critique à l’égard du gouvernement démocratique d’Hugo Chávez serait la cause « d’un véritable harcèlement procédurier, juridiquement contestable, contre la chaîne ». Ensuite, elle affirme que la procédure engagée contre la chaîne est du fait du président Chávez4.

     

                Le mensonge est une nouvelle fois double. En effet, au Venezuela, seules la Commission nationale des télécommunications (Conatel) et la Justice ont le pouvoir de révoquer la fréquence hertzienne de Globovisión, uniquement en cas de violation grave de la Loi organique des télécommunications de 2000. Ce n’est en aucun cas une prérogative du pouvoir exécutif, contrairement à ce qu’affirme RSF5.

     

                Que s’est-il passé pour que la Conatel invoque l’article 171 de la loi organique des télécommunications, qui stipule que « quiconque aura utilisé les services de télécommunications, pour lesquels il a reçu une habilitation, dans le but de commettre des délits » sera sanctionné d’une révocation de la concession hertzienne, à l’encontre de Globovisión ? S’agit-il simplement du fait de « sa ligne éditoriale » comme l’affirme RSF6 ?

     

                La réalité est autre. Le 13 octobre 2008, le journaliste Rafael Poleo, directeur du quotidien El Nuevo País et de la revue Zeta, a lancé un appel à l’assassinat d’Hugo Chávez en direct sur Globovisión durant l’émission « Aló Ciudadano », en affirmant que ce dernier « finira comme Mussolini ». Voici la transcription exacte de son intervention :

     

    Rafael Poleo : « ... L’histoire se répète. Si l’on regarde la trajectoire de Benito Mussolini et celle de Chávez, ce sont les mêmes. C’est pour ça que je vous dis, avec inquiétude, qu’Hugo va finir comme Mussolini, pendu la tête en bas.

    Leopoldo Castillo : Vous ne pouvez pas dire cela, Poleo, ça pourrait être considéré comme une apologie du délit, ça peut être interprété, ça pourrait être une incitation.

    Rafael Poleo : …Moi, je le dis de manière préventive, fais attention Hugo, ne finis pas comme ton homologue Benito Mussolini, pendu la tête en bas, parce que toi tu ressembles à Mussolini et à Mussolini lors de l’étape initial du fascisme. Chávez c’est ça, parce que c’est une insulte au socialisme et au communisme de dire que Chávez est socialiste ou communiste, ce qu’il y a c’est que c’est plus simple et les gens ont déjà oublié au cours de l’Histoire ce qu’est le fascisme… Mais Chávez c’est un fasciste vieillot, Chávez c’est un fasciste7. »

     

                « Reporters sans frontières désapprouve sur le fond les déclarations de Rafael Poleo, mais estime qu’ils relèvent de la responsabilité de celui-ci et non de Globovisión ». L’organisation parisienne, loin de condamner de telles déclarations, se contente donc de les « désapprouver », illustrant ainsi clairement son caractère partisan en tentant de dédouaner la chaîne de sa responsabilité. Contrairement à ce qu’affirme RSF, la chaîne est responsable du contenu de ses programmes8..

     

                Dans quel pays du monde une telle instigation au crime serait-elle acceptée ? Que se passerait-il en France si la chaîne TF1 diffusait un message semblable à l’encontre du président Nicolas Sarkozy ? La justice interviendrait-elle ? RSF défendrait-elle de tels agissements ?

     

                Globovisión n’en est pas à sa première tentative de déstabilisation. Depuis 1998 et l’élection d’Hugo Chávez, elle a fait du dénigrement de la politique gouvernementale sa principale activité. Pis encore, en avril 2002, la chaîne avait activement participé au coup d’Etat contre Hugo Chávez en soutenant le putschiste Pedro Carmona Estanga. En décembre 2002, elle avait soutenu également le sabotage pétrolier orchestré par l’opposition qui avait coûté la bagatelle de 10 milliards de dollars à l’économie vénézuélienne. En mai 2007, Globovisión s’était déjà rendue coupable d’incitation à l’assassinat du président Chávez. En avril 2009, la chaîne a lancé un appel aux contribuables afin de ne pas s’acquitter de leurs impôts9.

     

    Les exemples pourraient se multiplier. Voici quelques messages transmis par Globovisión incitant les téléspectateurs à l’insurrection : « Nous devons sortir pour défendre notre pays, notre démocratie et notre liberté. C’est seulement ainsi que nous pourrons arrêter le régime dans son désir de nous réduire en esclavage », « Je veux lancer un appel ici à la classe ouvrière : ouvrez les yeux, je sais que vous êtes en train de les ouvrir, parce qu’il y a des protestations partout, mais ouvrez les yeux pour que cette protestation soit plus forte », « Ouvrez les yeux, ce gouvernement n’est pas démocratique », « Si on nous dit que ce gouvernement est autoritaire, est dictatorial, ou qu’il nous mène à l’échec, ce que l’on suggère aux gens c’est : on va renverser ce gouvernement ». « Nous sommes les adultes et nous devons virer ce dictateur pour nous enfants et nos petits-enfants10 ».

     

    Ensuite, Globovisión a multiplié les campagnes de dénigrement et les insultes en tout genre à l’encontre du gouvernement. Le 28 février 2004, la chaîne a diffusé une vidéo d’un discours d’Hugo Chávez mais a coupé le son pour le remplacer par des cris de singe et d’autres d’animaux sauvages, dans une claire référence raciste à la couleur de peau du président. Voici un autre florilège de déclarations typiques de la chaîne : « Les maires chavistes n’ont besoin que d’une pomme pour être des cochons », « N’importe quel âne bâté en sait plus sur le pétrole que Chávez », « Tu as ruiné le pays », « Les imbéciles ont voté pour Chávez », « Les chavistes ne pensent pas, ils braient », « PDVSA [l’entreprise pétrolière] est en faillite, les entreprises de base sont ruinées et le pays est militarisé. Que faire ? Se battre et plus encore », “Qu’attend-t-on pour agir ? Ca suffit », “La souveraineté agroalimentaire du pays est atteinte, parce que la production interne a diminué, il n’y pas de sécurité juridique ». Quel pays au monde accepterait de tels propos11 ?

     

    RSF a clairement fait un choix contre la démocratie vénézuélienne en prenant position en faveur d’une chaîne de télévision putschiste et en manipulant la réalité dans le but d’induire l’opinion publique en erreur. Mais cela n’est guère surprenant de la part d’une entité qui avait soutenu le coup d’Etat contre Chávez en avril 2002 et qui est financée par le National Endowment for Democracy, une officine écran de la CIA12.

    Notes

     

    1 Salim Lamrani, « Les mensonges de Reporters sans frontières sur le Venezuela », Voltaire, 19 juin 2009.
     
    (site consulté le 27 juin 2009).http://www.voltairenet.org/article160688.html

     

    2 Reporters sans frontières, « L’existence hertzienne de Globovisión est comptée : ‘Un remède pire que le mal’ », 23 juin 2009.
    (site consulté le 24 juin 2009).http://www.rsf.org/L-existence-hertzienne-de.html

     

    3 Ibid.

     

    4 Ibid.

     

    5 Ibid.

     

    6 Ley Orgánica de Telecomunicaciones, 4 juin 2001.
    http://www.analitica.com/BITBLIO/congreso_venezuela/ley_telecomunicaciones.asp
    (site consulté le 28 juin 2009).

     

    7 Youtube, « Chávez y Mussolini », 13 octobre 2008.
    (site consulté le 28 juin 2009).http://www..youtube.com/watch?v=Sgkeo0Dl3lk&feature=related

     

    8 Reporters sans frontières, « L’existence hertzienne de Globovisión est comptée : ‘Un remède pire que le mal’ », op. cit.

     

    9 Salim Lamrani, « Les mensonges de Reporters sans frontières sur le Venezuela », op. cit. ; Youtube, « Empleada de Globovisión hizo llamados implícitos a no pagar impuestos », 3 avril 2009. http://www.youtube.com/watch?v=CjN2sQ3QKK4&feature=related (site consulté le 27 juin 2009).

     

    10 Agencia Bolivariana de Noticias, « Aló Ciudadano y el lenguaje xenófobo, intolerante e instigador », 19 juin 2009.

     

    11 Ibid.

     

    12 Salim Lamrani, Cuba. Ce que les médias ne vous diront jamais (Paris : Editions Estrella, 2009).

      Salim Lamrani est enseignant chargé de cours à l’Université Paris-Descartes et l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée et journaliste français, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Il a publié, entre autres, Double Morale. Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme (Paris : Editions Estrella, 2008). Son nouvel ouvrage s’intitule Cuba. Ce que les médias ne vous diront jamais (Paris : Editions Estrella, 2009) et comporte un prologue de Nelson Mandela.

    Contact : lamranisalim@yahoo.fr ; salim.lamrani@parisdescartes.fr


    Salim Lamrani est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca.

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  • " Le 30 juin, Libération publie un article d’anthologie qui s’interroge : « Y a-t-il eu un véritable coup d’Etat militaire au Honduras ? ». On se le demande… En tout cas, la responsabilité de cet hypothétique coup d’Etat doit être imputée au président destitué. C’est ce qu’indique le titre de l’article : « Manuel Zelaya, le putsch au crime ». C’est ce que confirme son sous-titre : « Le président, destitué dimanche, avait scellé son sort en violant la Constitution ».

    Bref, Libération épouse la thèse de l’opposition et des militaires, sans fournir le moindre élément d’appréciation sur ce prétendu « viol », sur la nature de la procédure prévue par le président et sur ses motifs, y compris juridiques. En tout cas, la titraille a « scellé le sort » de Zelaya.

    L’article s’efforce en outre d’expliquer que, coup d’Etat ou pas, Zelaya a bien cherché ce qui lui arrive. Avec sa « tentative d’organiser (…) un référendum pour lui permettre de se représenter à la présidence » ce qui est faux... , le président « a incontestablement joué avec le feu », déclare M. Thomas, pompier de circonstance et auteur de l’article. Et M. Thomas de rappeler, à propos de « son programme sécuritaire et économique ambitieux » que « le président démis n’a par ailleurs pas convaincu ».

    On appréciera le « par ailleurs », en se demandant qui n’a pas été convaincu. Reste une question à aborder : « Quel rôle a joué Chávez dans la radicalisation au Honduras ? ». Et une réponse à apporter : « Hugo Chávez a conforté Manuel Zelaya dans sa volonté de perdurer à la présidence. » Autrement dit, un autre « putsch au crime ». Ainsi, non seulement il était impossible, même en croisant les sources françaises, de saisir la nature et le sens du conflit, sanctionné par un coup d’Etat, mais les médias français ont précieusement gardé pour eux les clés pour comprendre

    Dans son article du 6 juillet Libération attaque scandaleusement le président victime du coup d´État : "Homme de droite qui a dérivé vers un populisme nationaliste inspiré du modèle autocratique de Hugo Chávez (sic), Manuel Zelaya était au pouvoir depuis 2006. Il a été renversé par l’armée et les principaux corps constitués du pays pour avoir tenté d’organiser un référendum lui permettant de briguer un second mandat présidentiel, démarche déclarée illégale par la Cour suprême."

    Les pseudo-journalistes comme Gérard Thomas, en bons élèves de la langue de bois contre l´Alba ( = anti-Chavez) que pratiquent CNN, Reuters, El País ou les brutes formées a l´École des Amériques, cachent au lecteur que :

    - il ne s'agissait pas d'un référendum, mais d'une simple consultation sans aucune portée contraignante, s'appuyant sur 400 000 signatures, et en pleine conformité avec l'article 2 de la Constitution ;

    - dans l'hypothèse où le "oui" aurait été majoritaire, un référendum sur la convocation d'une assemblée constituante aurait pu avoir lieu le 29 novembre EN MÊME TEMPS que l'élection présidentielle prévue à cette date ;

    - par définition, Zelaya n'aurait donc pas pu se représenter puisque les scrutins auront lieu dans le cadre de l'actuelle Constitution ;

    - réduire une réforme constitutionnelle à la possibilité de réélection du président sortant est voir les choses par le très petit bout de la lorgnette. L'exemple des réformes constitutionnelles dans la région montre qu'il s'agit de tout autre chose : permettre des transformations sociales en profondeur.

    Lire le papier de Maurice Lemoine, rédacteur en chef du "Monde diplomatique" qui rétablit la vérité sur le prétendu "référendum" : lien 

    (avec l´aide de Mémoire des Luttes (France) et du collectif 13 avril (Belgique)


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  • Considérant les événements qui se passent à l’échelle régionale, il devient nécessaire que nous, les militants de gauche, nous nous attachions à élaborer quelques analyses permettant de dévoiler ce qui se cache réellement derrière le coup d’Etat survenu au Honduras.


    A ce propos, nous avons lu ou entendu certains raisonnements. Ils  évoquent la possibilité que ce qui s’est passé en Amérique centrale soit une tentative permettant à l’empire de mesurer, avant tout coup d’Etat, la capacité de réponse des nouveaux organismes internationaux créés dans le but d’intégrer les pays d’Amérique du Sud.
    D’autres points de vue, rejoignant cette prise de position, ajoutent une autre dimension. Elle consisterait, pour les intérêts capitalistes, à mesurer la capacité de réponse du mouvement populaire ainsi que les niveaux de solidarité. Elle consisterait, également, à identifier les stratégies employées afin de rompre le blocus médiatique qui accompagne habituellement la nouvelle génération des coups d’Etat .


    Bien, revoyant le contexte dans lequel se déroule l’événement, quelques autres éléments doivent être pris en compte.
    Nous référant aux événements récents qui précèdent un coup d’Etat, nous découvrons que dans notre région deux débats très importants ont eu lieu. Le premier concernait le renforcement de l’ALBA qui, en plus d’accueillir de nouveaux pays, a représenté un moment historique en rejetant les conclusions du « Sommet des Amériques ».Celui-ci, en effet, n’envisageait ni la cessation du blocus de Cuba, ni les actions concrètes à réaliser face à la crise du système capitaliste. De plus, et c’était l’objet du second débat, la possibilité de ce que les pays latino-américains se séparent de l’OEA  n’était pas non plus esquissée.


    Dans le courant des derniers mois, de graves questions se sont posées à propos du fonctionnement de l’OEA. Jusqu’à présent , cet organisme a servi de garde-fou  pour justifier les interventions répétées du gouvernement yankee dans nos pays. Cependant, depuis l’arrivée au pouvoir d'Obama, plusieurs efforts ont été faits pour redonner vie à cet organisme moribond. Le signe le plus évident  fut la « soudaine » prise en considération d’incorporer Cuba. Proposition qui fut rejetée par le pays caribéen.


    Bien, surgit soudain un coup d’Etat au Honduras. Les réactions des pays de l’ALBA et de l’UNASUR( organisations animées par des gouvernements de gauche)  sont immédiates. Etrangement, nous observons cependant que le gouvernement des USA d’abord, l’OEA ensuite,  se distinguent face à l’événement et accordent pleinement leur appui au gouvernement « démocratiquement élu » de Manuel Zelaya. Pour la première fois dans l’histoire, étrangement, ils s’indignent devant un coup d’Etat dirigé contre un gouvernement progressiste, dans un pays où les intérêts militaires nordistes sont pour le moins importants. Pour la première fois, étrangement, ils se présentent non pas en médiateurs, mais en garants, soutenant, avec l’ONU, le retour de Zelaya dans son pays. Etrange…


    Il est évident que tout ceci n’est pas innocent. Cela nous amène à nous demander ce qui se cache derrière cette soudaine crise de solidarité de l’OEA et de son tuteur, le gouvernement des USA ?
    Reconsidérant les événements, tout en partageant les analyses déjà mentionnées, l’on peut dire que le principal intérêt des USA pourrait résider dans la nécessité de récupérer l’image de l’OEA, la présentant comme celle d’un organisme qui aide à résoudre les conflits en Amérique.  Il s’agirait d’une mesure désespérée pour freiner sa disparition et lui faire retrouver son utilité dans le continent et ainsi empêcher les progrès des instances animées par les gouvernements de gauche, instances qui travaillent à la consolidation du projet politique bolivarien : l’unité de l’Amérique latine.


    Ce scénario rendrait possible la réouverture de la discussion sur le fait de savoir si l’OEA doit disparaître ou non, un point que l‘on considérait comme dépassé. Ce scénario pose à nouveau les USA – par l’intermédiaire de ses organismes multinationaux – comme le grand sauveur  dans le conflit et également comme un possible allié. Il sauvegarderait la thèse du panaméricanisme qui a fait tant de tort à nos peuples. Cette thèse que Bolivar a de tout temps combattue,  lui qui a toujours considéré que la flexibilité des positions face aux pays du Nord contrecarrait le processus d’unification, comme cela s’est passé lors du « Congreso Anfictionico » de Panama.
    En lisant  l’histoire avec un  esprit critique, pour en tirer les leçons, je crois qu’il est dangereux  de permettre l’intervention de ces organismes dans la solution du conflit au Honduras, sans tenir compte des conséquences de cette intervention. Si nous ajoutons à cela la possibilité d’envisager une intervention des « casques bleus » avant que le conflit ne se radicalise, et cela afin de sauvegarder la continuité constitutionnelle du Honduras, nous pourrions peut-être laisser le plein contrôle de la situation entre les mains de l’empire, jetant par dessus bord les efforts d’indépendance déjà entrepris.


    Il serait peut-être plus opportun de profiter de l’occasion pour consolider les alliances en matière de défense et cela à partir de nos propres organismes internationaux, comme l’ALBA par exemple. Ou bien de reprendre le débat sur l’organisation des peuples  en vue de cette défense. Il est évident que des décisions comme celles-ci sont quelque peu complexes en ce qui concerne le débat qui doit précéder.. Cependant , si nous n’ouvrons pas ce débat en ce moment, si nous l’envisageons comme un scénario possible , nous pourrions régresser en ce qui concerne les efforts accomplis pour obtenir un niveau de conscience plus élevé dans l’identification de l’ennemi commun, c’est – à – dire l’empire nord-américain et son système capitaliste.

    Surtout lorsqu’il s’agit de ces pays de centre gauche qui continuent à croire que le gouvernement des USA « n’est pas si mauvais », piégeant ainsi le processus d’unification.
    Nous, les peuples du monde, nous sommes fatigués des héroïsmes à la « gringo » et nous sommes prêts à défendre au péril de nos vies les processus consolidés grâce à nos leaders. Je crois que nous devons avoir foi en cette conscience qui est également cultivée dans nos corps militaires et crier au monde que notre Amérique latine ne connaît plus de frontières, que nous nous lançons à la défense de n’importe lequel de nos frères, car nous avons le droit, qui est même ancestral, d’agir ainsi.


    Traduit par Jean-Pierre Plumat et révisé par Magali Urbain pour Investig'Action.
    Source: Envoyé par Osly Hernandez


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  • Les médias passent l'essentiel sous silence ! Voici ce qui s'est réellement produit sur l'aéroport.


    Coup d'Etat. Ce qui s'est passé
    sur l'aéroport le 6 juillet 2009,
    quand le Pt Zelaya tente de
    rentrer dans son pays.
    Par Eva R-sistons :



    Rappel:

    "Le président de l´assemblée générale de l´ONU Miguel d´Escoto accompagne le président Zelaya dans ce vol vers le Honduras. Les présidents Fernando Lugo, Rafael Correa et Cristina Fernandez le suivent dans un vol séparé a destination du Salvador voisin. CNN, dont la "couverture" du coup d´État, a été dénoncée par le Président Zelaya, répète a l´envie les instructions de Micheletti de ne pas laisser l´avion atterrir au Honduras."

    Je suis les événements en direct, les avions avec leurs Présidents tournent toujours, ils veulent atterrir.  Pendant pas mal de temps, les pistes d'atterrissage sont vides. Un camion, quelques voitures le long de la piste. C'est tout. On ne voit personne, que l'avion qui tournoie.

    Et soudain, le peuple envahit l'aéroport ! Il prie, il chante, et au bout de quelques mn, on entend des coups de feux !  Et maintenant, les assassins de la démocratie, au service des USA, chargent !!!

    Il y a plusieurs TV, les officielles, particulièrement CNN, qui ont arrêté de diffuser, ou qui passent des séries ou du foot. Juste au moment où les civils se font tirer dessus ! Seule fonctionne en direct, fidèlement :


    http://www.telesurtv.net/solotexto/senal_vivo.php


    Voici des notes prises, au fur et à mesure :

    En Espagnol (je le parle presque couramment) la TV montre l'avion qui ne peut atterrir ! Les militaires font à nouveau régner la terreur contre les peuples, la CIA est derrière pour reprendre la main sur tout le continent ! Démocratie d'assassins de la liberté et des citoyens !

    Le Honduras vit un coup d'Etat contre un Président démocratiquement élu, et cela n'émeut pas les médias occidentaux comme pour l'Iran (destabilisé par l'Etranger) !

    6 juillet 2009, 2 h 02

     

    Les avions tournent toujours, interdits d'atterrissage, avec plusieurs Présidents (ONU, Honduras, Argentine, Equateur..) à bord ... et maintenant le peuple envahit l'aéroport ! Il prie, il chante ! (Ce sont des peuples très croyants, j'ai partagé leur vie en A. Latine, je les connais, ils sont sincères, spontanés, authentiques !). Cela dure peut-être un quart d'heure... 

    Quelle page d'Histoire, les manifestants, par centaines, défient les putschistes ! 


    On entend des coups de feu ! Le peuple défend la liberté, au péril de sa vie !!!!



     Il y a des chats, à droite de l'écran, commentaires en direct, des messages, pas seulement des images, et il semble que l'incroyable se passe, des policiers contre les militaires au service des pustchistes ! Il y a des blessés, semble-t-il ! Tout ce que les médias taisent !

    02:45

     

    Oui, les militaires sont en train de tirer contre le peuple non armé manifestant pacifiquement pour le rétablissement de la légalité ! Je les vois, ils sont désarmés, ce sont des civils, et ils tombent ! 2 morts, dit-on à plusieurs reprises ! Tout a basculé en quelques instants !

    Je regarde CNN au lieu de la télé locale indépendante - ils ont éteint au moment où l'Armée a chargé !!!! Je reprends la télé locale... Plusieurs morts, maintenant !! On voit les blessés en sang, emportés !

    02:53

     
    J'ai voulu participer au chat avec les habitants du Honduras, j'ai envoyé mon mot, et Blogger a interrompu ! Alors j'ai ressayé le site, impossible, les TV officielles, et d'abord CNN, se taisent, j'ai enfin une chaîne qui montre le peuple dans les rues, ils descendent en masse, et puis sur l'aéroport quelques vues, les blessés, les morts,
    ...
    ça y est j'ai retrouvé la bonne chaîne.

    Le Pt du Honduras atterrit au Nicaragua - Ortega l'accueille, il parle, je fais du direct, là, comme si vous y étiez !!!

    Ca y est, le Pt du Honduras parle, il est très calme, très déterminé, il incarne la légalité, et puis Ortega prend la parole, il y a la Pte d'Argentine, Cristina, à côté de Zelaya, elle est atterrée, défaite, et puis le Pt d'Escoto prend la parole pour dénoncer les putschistes ! Le passé latino-américain ne doit pas resurgir, les militaires ne doivent plus confisquer la démocratie !

    Les manifestants de l'aéroport, je suis témoin: Tous désarmés. Certains sont en moto. D'autres portent un drapeau.... 3 h 30




    C'est fini, du moins pour ces événements-là, Zelaya a dit qu'il reviendrait dans son pays, qu'il était le Pt élu légalement, et puis il y a les Pt autour de lui, dont Cristina, il sont au Nicaragua avec Ortega.

    CNN se lance dans des considérations électorales, quelques vues de l'aéroport, aucun mot, aucune image sur les blessés et les morts, ils n'existent pas, rien sur les militaires qui ont tiré sur des civils désarmés, je suis témoin !!! Je n'ai pas vu d'armes, ils étaient à mains nues, seulement drapeaux et motos... CNN parle maintenant des élections du Mexique. Je vais voir sur les autres chaînes latino-américaines...

    Sur Canal de xmega , un court résumé, et on donne la parole aux putschistes

    Ici, EN VIVO desde Py, du sport

    Real Mamore vs Boliviar , du sport

    OlmecaTV , pause

    En définitive, à part http://www.telesurtv.net, sports, séries, pause, infos élections, quelques mots sur le Honduras - rien sur les dramatiques événements de l'aéroport ! Elle est belle, l'info !!! C'est gênant de montrer les putschistes tirer sur le peuple venu défendre son Président élu !

    Un dernier mot : L'aéroport avait été bouclé. Pendant une heure, les avions ont tourné, pas de manifestants sur les pistes d'atterrissage. Je suppose que les manifestants, trop nombreux, ont forcé les barrages pour, enfin, se retrouver au milieu de l'aéroport !

    On verra ce que diront les Infos. Là, c'était une page d'Histoire, du direct.. 3 h 59. Si, il paraît qu'il y aurait des mouvements de troupe à la frontière du Honduras ...

    Rideau, du moins pour le moment.

    Eva R-sistons

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  • Étrange comme c’est étrange

    Et pourtant....

    Président renversé et exilé par l’armée, (mieux que les mollahs , l’armée???) Syndicalistes et représentants de la gauche, arrêtés, congrès approuvant la suspension "provisoire" de plusieurs libertés constitutionnelles, ambassadeurs étrangers molestés,etc

    et pourtant... Pas de "révolution Twitter" au Honduras.

    Pas de mobilisation internationale comparable à celle qui a saisi le monde pour soi disant "appuyer la révolution de masse" qui, disaient nos journaux, se jouait en Iran, à base de millions et de millions de personnes, de travailleurs et d’usines en grève (sic) dans les rues tous les jours,et renverser (soi disant) le régime des mollahs...(en réalité le maintenir, le renforcer en lui passant un coup de peinture - verte- et soutenir Moussavi/Rafsandjani, et c’est pour ça que le mouvementt de contestation réel - mais minoritaire- initié les deux ou trois premiers jours ça n’a pas fonctionné) - mais attention quand on dit ça c’est à dire quand on est juste réaliste et respectueux d’une forme de souveraineté on est un ignoble islam fasciste anti-laïque... -

    ....enfin, donc, RIEN DE TEL à cette ferveur qui a fait vivre le monde à l’heure de Téhéran pendant plusieurs jours...

    .. pourtant l’heure de Tegucigalpa est "mui calente" et au moins AUSSI CHAUDE que celle de Téhéran--- sinon plus.... Et justement...

    ALORS???

    Où sont les chaînes humaines, les petits bracelets verts , les Twitters et autres Facebook et MSN, les panneaux en trois langues brandies à la face de médias pourtant soi disant censurés proclamant

    " WHERE IS MY VOTE? où est mon vote? ¿dónde está mi voto? "

    Pourquoi le Honduras n’a pas le même "traitement" que l’Iran?

    On se pose toujours la même question au fond....

    Comme avec la Palestine.... A gaza ils ont crevé par milliers cet hiver mais rien n’a bougé la mobilisation internationale était ridiculement atone, les médias atrocement de parti pris...

    La Louve


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  • "La liberté d'association et de réunion, ainsi que le droit à la libre circulation" ont été suspendus par le Congrès.

    La suspension provisoire de plusieurs libertés constitutionnelles pendant la durée du couvre-feu imposé jusqu'à la fin de la semaine, sur proposition du gouvernement, a été approuvée par le Congrès du Honduras mercredi 1er juillet a-t-on appris auprès de parlementaires à Tegucigalpa.
    La "restriction partielle" a été proposée par le gouvernement et approuvée par le Congrès, ont indiqué à l'AFP deux députées qui ont participé à la session.
    "La mesure autorise à maintenir des personnes en détention pendant plus de 24 heures, et suspend des garanties comme la liberté d'association et de réunion, ainsi que le droit à la libre circulation", a expliqué Doris Gutierrez, du parti de gauche Unification démocratique.

    Désobéissance civile


    Le président évincé a appelé ses compatriotes à "conserver leur calme et à éviter la violence", deux jours après des affrontements lors d'une manifestation qui ont blessé 18 soldats selon l'armée, et 276 civils, selon les partisans de Manuel Zelaya.
    Dans le même temps, il a également prôné la désobéissance civile, en soulignant que la constitution hondurienne dispose que "personne ne doit obéissance à un gouvernement usurpateur, ni à quiconque arrivé au pouvoir par la force des armes".
    "Nous ne pouvons pas nous déclarer vaincus, ni nous laisser impressionner", a ajouté le président déchu, arrêté au saut du lit dimanche matin puis expulsé en pyjama vers le Costa Rica pour avoir organisé une consultation populaire jugée illégale par la Cour suprême.
    La radio Globo a cessé d'émettre peu après la fin de l'allocution de Manuel Zelaya et ses responsables étaient injoignables depuis.

    Le Front de Résistance Populaire du Honduras formé par les centrales syndicales, paysannes et les groupes juvéniles, féministes et de défense des droits de l'homme, se manifeste ce mercredi à proximité de la maison présidentielle à Tegucigalpa.


    Des mobilisations dans divers points du pays au troisième jour d'une grève  convoquée jusqu'au rétablissement de l'institutionalité démocratique et du retour de Zelaya à la présidence ont également lieu.



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    « En Iran, le peuple a voté et les médias se sont empressés de faire une campagne sur la prétendue fraude électorale et d’accuser le gouvernement iranien d'utiliser sa police pour réprimer les manifestants.

    Aujourd'hui, les mêmes médias ne s'empressent pas trop pour dénoncer les militaires qui renversent, par un coup d'État, un président qui voulait amender la constitution et faire un référendum. En occident, la démocratie a deux vitesses, la bonne est à droite et la mauvaise est à gauche. »


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    Le 29 mai 2009, Reporters sans frontières a publié une lettre ouverte destinée au président vénézuélien Hugo Chávez dans laquelle l’association dénonce « une véritable charge du pouvoir et de l’administration » contre Globovisión, « une chaîne privée d’information ». Selon l’organisation parisienne, Globovisión « fait l’objet d’une procédure administrative pouvant mener à sa suspension d’antenne pour une durée de soixante-douze heures » pour avoir « relayé l’information [du séisme du 4 mai 2009] en se référant aux données de l’Institut géologique des Etats-Unis1 ».
     
                Les autorités vénézuéliennes reprochent à la chaîne « d’avoir enfreint l’article 29 de la Loi de responsabilité sociale en radio et télévision (Loi Resorte) sanctionnant les médias qui ‘promeuvent, font l’apologie ou incitent à la guerre ; promeuvent, font l’apologie ou incitent aux altérations de l’ordre public ». RSF questionne : « En quoi une information donnée sur un tremblement de terre, pour imparfaite qu’elle puisse être, cadre-t-elle avec la définition de l’infraction2 ?».
     
                Présentée de cette manière, l’affaire a de quoi surprendre l’opinion publique internationale. Mais contrairement à ce qu’affirme RSF, la réalité est autre et soigneusement éludée par l’entité française de « défense de la liberté de la presse ».
     
    Globovisión contre la démocratie
     
                Depuis 1998, Globovisión n’a eu de cesse de s’opposer au gouvernement démocratique d’Hugo Chávez. En avril 2002, la chaîne de télévision avait activement participé au coup d’Etat de Pedro Carmona Estanga. Dans n’importe quel pays du monde, Globovisión aurait été fermée et ses dirigeants condamnés à de lourdes peines de prison. Mais le Tribunal suprême, contrôlé par l’opposition à l’époque, avait refusé de reconnaitre la réalité du putsch et s’était contenté de prononcer une « vacance de pouvoir » pour expliquer le coup de force.
     
    Par la suite, la chaîne a multiplié les appels à l’insurrection3. En mai 2007, Globovisión s’est même rendue coupable d’incitation à l’assassinat du président Chávez en manipulant des images et en lançant des messages subliminaux. Lors de la diffusion du programme Aló, Ciudadano, où une interview de Marcel Granier, directeur de la chaîne RCTV, critiquant fortement Chávez était diffusée, la chaîne a montré simultanément les images de l’attentat contre le Pape Jean-Paul II survenu en mai 1981. Globovisión n’avait pas su expliquer pourquoi elle avait diffusé des images de l’attentat dans un programme traitant du non renouvellement de la concession de RCTV4. Plusieurs experts en sémiotique avait été catégoriques à ce sujet : « On incite à l’assassinat du Président5 ». En France, de tels agissements auraient conduit les journalistes de la chaîne ainsi que leurs dirigeants derrière les barreaux.
     
    Les journalistes de Globovisión ainsi que les présentateurs de la chaîne ont également multiplié les expressions diffamatrices à l’égard du gouvernement en utilisant les termes « dictature » et « tyrannie », afin de justifier les appels à la désobéissance civile et les actes de violence. De telles expressions sont inimaginables en Occident6.
     
    L’affaire du séisme
     
                Le 4 mai 2009, une secousse sismique a frappé l’état de Miranda à 4 heures 40 du matin, suivie de trois répliques (4h50, 6h23 et 6h24), sans faire de dégâts humains. A 5h25, le ministre de l’Intérieur et de la Justice Tarek El Aissami a indiqué que le tremblement de terre avait été ressenti à plusieurs endroits. « Nous recevons actuellement des rapports sur les dégâts. Nous sommes en train de déterminer l’épicentre et la magnitude à travers la Funvisis (Fondation vénézuélienne de recherche sismologique). Nous voulons informer que pour l’instant nous n’avons aucun rapport de dommages matériels ou humains. Nous souhaitons lancer un appel au calme. Nous avons ordonné immédiatement un déploiement de patrouilles afin de protéger les personnes qui ont quitté leur demeure », a-t-il déclaré7. A 5h44, El Aissami a rendu public un second rapport informant qu’il s’était entretenu avec le président ainsi que le vice président Ramón Carrizález, soulignant par la même occasion que Chávez avait ordonné le déploiement de la Garde nationale bolivarienne afin d’assurer la sécurité des citoyens7.
     
    De son côté, Francisco Garcés, président de Funvisis, a informé à 5h40 que deux secousses avaient frappé la capitale Caracas ainsi que la zone métropolitaine et a demandé aux médias de lancer des appels au calme à la population. A 6h05, le ministre des Travaux publics et du Logement, Diosdado Cabello, a indiqué que le métro, le chemin de fer et l’aéroport fonctionnaient parfaitement. Hector Navarro, ministre de l’Education, a également souligné que les écoles et les universités n’avaient pas été touchées par le séisme et qu’elles restaient ouvertes. Jesús Mantilla, ministre de la Santé, a fait part du fonctionnement normal des centres hospitaliers du pays. A 6h47, la ministre des Télécommunications et de l’Informatique Socorro Hernández a informé la population que le réseau de télécommunications n’avait pas été affecté. Alejandro Hitcher, président de Hidrocapital, a expliqué pour sa part que le système des aqueducs fonctionnait normalement. A 7h, Blanca Ekhout, ministre de la Communication et de l’Information, a signalé que l’ensemble des organismes de l’Etat était entré en état d’alerte dès la première secousse. Jacqueline Faría, chef du gouvernement du District de la capitale, ainsi que Rafael Ramírez, ministre de l’Energie et du Pétrole, ont tenu la population informée dans leurs attributions respectives8.
     
                Cependant, à 5h20 du matin, soit à peine 40 minutes après la première secousse sismique, le directeur de Globovisión Alberto Federico Ravell, s’est empressé d’intervenir personnellement en direct sur sa chaîne pour – après avoir fourni une information erronée sur l’épicentre du séisme se basant sur des informations en provenance… des Etats-Unis – s’en prendre directement au gouvernement et l’accuser d’incurie tout en transmettant un message de peur et d’angoisse. « Nous sommes très inquiets, nous n’avons trouvé personne, nous n’avons trouvé aucune autorité susceptible de nous informer de manière précise et exacte […]. Nous sommes dans l’attente d’une information précise et vérace de la part de nos autorités car nous n’avons personne à qui nous adresser. Nous avons appelé Funvisis mais on a été coupé, nous n’avons pas pu entrer en contact avec les pompiers. Le maire [Gerardo] Blay n’indique pas s’il y a des dégâts dans sa région9 ».
     
                A ce moment de la conversation, le présentateur de Globovisión a interrompu son directeur pour lui rappeler une réalité. « Directeur, nous venons d’avoir une nouvelle fois au téléphone le président de Funvisis qui nous informe qu’il se trouve en voiture et que c’est la raison pour laquelle il lui a été impossible de nous fournir des informations. Cependant, il a affirmé que dès qu’il arrivera à destination, il nous informera en direct à la télévision pour nous fournir une meilleure information10 ».
     
                Loin d’entendre l’appel à la raison, Ravell en profita pour stigmatiser de nouveau les autorités : « Les médias officiels qui font tant de propagande devraient être en train d’informer les citoyens en ce moment, sans que nous ayons à recourir aux services météorologiques des Etats-Unis pour informer les gens qu’à Caracas il y a eu un tremblement de terre11 ».
     
                Tarek el Assaimi a dénoncé « l’attitude mesquine et l’utilisation irresponsable d’un moyen de communication ». Ravel, au lieu de transmettre un message de tranquillité, a instrumentalisé une catastrophe naturelle pour des fins politiques et « semer la crainte au sein de la population », selon Cabello, ministre des travaux Publics12. Que se passerait-il en France si le directeur de la chaîne privée TF1 avait attaqué le gouvernement de Nicolas Sarkozy, avec la même virulence, quarante minutes après le début des inondations survenues en 2008, l’accusant d’abandonner les victimes à leur sort ?
     
    La désinformation de RSF
     
                RSF a bien évidemment soigneusement censuré cette réalité et tente de faire passer une grave atteinte à la déontologie journalistique et un sérieux manquement à la responsabilité des médias pour une violation de la liberté de la presse. En référence au coup d’Etat de 2002, l’organisation parisienne reconnait qu’« une procédure judiciaire, assortie d’un débat contradictoire, sur l’attitude de certains médias privés au cours de ces évènements n’était pas sans fondement à l’époque » mais feint d’ignorer les agissements continuels et illégaux de Globovisión en s’interrogeant : « Sur quel contenu repose désormais l’accusation, plus de sept ans après les faits13 ? ».
     
    Enfin, RSF affirme que « Globovisión est le seul média télévisuel du réseau à émettre une voix nettement critique envers votre gouvernement. […].Dans d’autres pays d’Amérique latine, où vos homologues ont été durement confrontés à des médias hostiles ou considérés comme tels, jamais la réplique de l’État n’a pris une tournure aussi extrême. Jamais n’a eu lieu la subordination de la quasi-totalité du secteur télévisuel à la seule voix dirigeante ». Ici, le mensonge est triple : l’entité du président Robert Ménard tente de faire croire que les agissements de Globovisión sont monnaie courante en Amérique latine, que le gouvernement Chávez s’en prend à la chaîne en raison des critiques émises à son encontre et que les autres médias télévisuels du pays  sont à la solde du leader bolivarien14.
     
    Encore une fois, il est aisé d’infirmer les propos de RSF. D’une part, aucun média latino-américain n’a appelé au renversement du président élu tel que l’a fait Globovisión. Par ailleurs, il suffit de regarder les chaînes de télévision privées qui occupent plus de 80% de l’espace médiatique du pays pour se rendre contre que la critique à l’encontre des autorités y est acerbe et constante. Enfin, tout analyste sérieux sait pertinemment qu’aucun pays du continent américain ne peut se targuer de disposer d’une liberté d’expression et de la presse similaire à celle qui règne au Venezuela. Ainsi, pour RSF, les médias doivent inciter à l’insurrection et au renversement de l’ordre établi comme le fait Globovisión pour ne pas être considérés comme étant à la botte du pouvoir.
     
                Depuis l’élection d’Hugo Chávez à la présidence de la République bolivarienne du Venezuela, RSF a pris fait et cause pour l’opposition antidémocratique et putschiste et n’a eu de cesse de défendre ses intérêts au niveau international. Ainsi, lors du coup d’Etat du 11 avril 2002, RSF s’était bien gardée de dénoncer le rôle principal joué par les médias privés opposés au président démocratiquement élu. Pis encore, le 12 avril 2002, RSF avait publié un article reprenant sans aucune réserve la version des putschistes et avait essayé de convaincre l’opinion publique internationale que Chávez avait démissionné :
     
    « Reclus dans le palais présidentiel, Hugo Chávez a signé sa démission dans la nuit, sous la pression de l’armée. Il a ensuite été conduit au fort de Tiuna, la principale base militaire de Caracas, où il est détenu. Immédiatement après, Pedro Carmona, le président de Fedecámaras, a annoncé qu’il dirigerait un nouveau gouvernement de transition. Il a affirmé que son nom faisait l’objet d’un "consensus" de la société civile vénézuélienne et du commandement des forces armées15 ».
     
                RSF n’est pas une organisation de défense de la liberté de la presse mais une sombre entité à l’agenda politique bien précis chargée de discréditer par tous les moyens possibles les gouvernements progressistes à travers le monde et qui se trouvent sur la liste noire des Etats-Unis. Rien d’étonnant quand on sait que Washington finance substantiellement l’organisation par le biais de la National Endowment for Democracy, une officine écran de la CIA selon le New York Times16.

     
    Notes
     
    1 Reporters sans frontières, « Acharnement gouvernemental contre la chaîne Globovisión : lettre ouverte au Président Hugo Chávez », 29 mai 2009. http://www.rsf.org/article.php3?id_article=31466 (site consulté le 2 juin 2009).
     
    2 Ibid.
     
    3 Agencia Bolivaria de Noticias, « Periodistas coinciden en que Globovisión es promotor de protestas de oposición », 29 mai 2007.
     
    4 Agencia Bolivaria de Noticias, « Ministro Lara denunció que medios de oposición incitan a magnicidio », 27 mai 2007.
     
    5 Agencia Bolivaria de Noticias, « CNN miente sobre Venezuela y Globovisión incita al magnicidio », 28 mai 2007.
     
    6 Agencia Bolivaria de Noticias, « Globovisión continúa con la instigación a la desestabilización », 29 mai 2007.
     
    7 Luigino Bracci Roa, « Fuerte temblor sacudió región central del país esta madrugada sin causar daños », Yvke Mundial, 4 mai 2009. http://www.radiomundial.com.ve/yvke/noticia.php?23910 (site consulté le 15 juin 2009).
     
    8 Ibid.
     
    9 Globovisión, « ¿Quién sintio el temblor primero? ¿Los chavistas o los opositores? », 4 mai 2009. http://www.youtube.com/watch?v=TwC0pLR-ajQ (site consulté le 15 juin 2009).
     
    10 Ibid.
     
    11 Ibid.
     
    12 Ibid.
     
    13 Reporters sans frontières, « Acharnement gouvernemental contre la chaîne Globovisión : lettre ouverte au Président Hugo Chávez », op. cit.
     
    14 Ibid.
     
    15 Reporters sans frontières, « Un journaliste a été tué, trois autres ont été blessés et cinq chaînes de télévision brièvement suspendues », 12 avril 2002. www.rsf.org/article.php3?id_article=1109 (site consulté le 13 novembre 2006).
     
    16 Salim Lamrani, Cuba. Ce que les médias ne vous diront jamais (Paris : Editions Estrella, 2009).
     

     
    Salim Lamrani est enseignant chargé de cours à l’Université Paris-Descartes et l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée et journaliste français, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Il a publié, entre autres, Double Morale. Cuba, l’Union européenne et les droits de l’homme (Paris : Editions Estrella, 2008). Son nouvel ouvrage s’intitule Cuba. Ce que les médias ne vous diront jamais (Paris : Editions Estrella, 2009) et comporte un prologue de Nelson Mandela.
    Contact : lamranisalim@yahoo.fr ; salim.lamrani@parisdescartes.fr

    SOURCE 


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  • Le ministre péruvien des Affaires étrangères, José Garcia Belaunde, a accusé mardi le président bolivien Evo Morales d'avoir «incité à la violence» la communautés indigène au Pérou suite aux affrontements meurtriers au début du mois.

    M. Morales «a incité à cette violence, je n'ai pas le moindre doute à ce sujet», a déclaré le chef de la diplomatie péruvienne, dans un entretien à la station Radio Cooperativa de Santiago.

    Cette déclaration intervient au lendemain du rappel par Lima de son ambassadeur en Bolivie, après que le président péruvien Alan Garcia a exhorté son homologue à ne «pas s'immiscer dans les affaires» de son pays.

    Le Pérou reproche au président bolivien d'avoir qualifié de «génocide» les affrontements entre la police et des communautés amazoniennes, qui ont fait 34 morts le 5 juin dernier dans le nord du pays. Tandis que plusieurs ONG affirment, à partir de témoignages recueillis sur place, qu’il y aurait eu plus de 200 morts parmi les Indiens. Les corps des victimes auraient été jetés au fleuve pour ne pas laisser de traces.

    Evo Morales persiste et signe

    Le président bolivien Evo Morales ne demandera pas pardon à son homologue péruvien Alan García, rapporte La República.

    Les relations entre le Pérou et la Bolivie sont tendues depuis plusieurs mois. Evo Morales a dénoncé le fait que plusieurs anciens ministres boliviens poursuivis par la justice de son pays aient trouvé refuge à Lima.

    Et, le 22 juin, lors d’un discours, Morales a réaffirmé qu’il ne devait aucune excuse au gouvernement péruvien.  Il a affirmé qu’il considérait maintenant Alan García comme “un des pires présidents du monde, du niveau de George W. Bush”.


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  • Le 18 juin 2009 restera sans doute gravé comme une des dates importantes de l’histoire moderne des luttes indiennes en Amérique latine et plus particulièrement au Pérou, pays aux multiples communautés autochtones, andines comme amazoniennes.

    Après 71 jours de mobilisations, de grèves, de blocages des voies de communications, et au prix des violents affrontements des 5 et 6 juin dernier, les communautés indiennes de la région amazonienne du Nord Pérou ont fait plier le gouvernement. Deux des principaux décrets-lois contestés ont finalement été abrogé par le Parlement le 18 juin.

    Le prix politique extrêmement élevé que commençait à payer le gouvernement d’Alan Garcia lui a fait faire machine arrière, au cours des derniers jours. D’abord en « suspendant » les décrets pour une période de 90 jours, puis en promettant d’ouvrir un nouveau débat avec les chefs des communautés. Puis, lundi 15, le premier ministre Yehude Simon, en rencontrant les apus (chefs traditionnels indiens) et en leur annonçant que le gouvernement allait révoquer les décrets. Puis ce même premier ministre annonçant sa prochaine démission dès le conflit terminé ont été les étapes de ce recul.

    C’est maintenant chose faite.

    L’ampleur des mobilisations internes au Pérou au delà même de la zone de conflit, les risques d’escalades dans la confrontation violente (dont les 24 policiers tués ont démontré l’extraordinaire détermination des indiens), l’onde de choc provoquée dans les communautés amérindiennes des pays limitrophes (en particulier l’Equateur mais pas seulement) et la multiplication des prises de position contraires de la part des organisations internationales (ONU) ont amené à ce qu’il faut bien appeler un recul total du gouvernement.

    Ce recul est une défaite.

    Il n’a pas réussi à mobiliser les “péruviens“ contre les “autochtones“ coupables de primitivisme et de sauvagerie. Il n’a pas réussi à internationaliser la crise malgré les multiples accusations de sédition organisée par des agents de l’“étranger” et plus particulièrement l’axe du mal régional qui va de La Paz à Caracas (et sans doute jusqu’à La Havane). Il n’a pas réussi à faire croire que derrière cette mobilisation ample et déterminée de toute une population se cachaient des « terroristes » et autres subversifs cherchant à déstabiliser le pays avec l’aide d’ONG européennes… Il n’a pas réussi à opposer les “vrais” amazoniens et leur apus (chefs communautaires) aux organisations de défense qu’ils se sont donné : peine perdue, le gouvernement a dû céder devant les “vrais“ représentants des communautés !

    Aujourd’hui vendredi 19 juin, les principales organisations à l’origine de la mobilisation ont appelé au démantèlement des barrages (axe routiers, voies fluviales, station pétrolières de pompage) et la fin provisoire du mouvement. Provisoire car les différents porte-parole des organisations amazoniennes ont bien précisé que le mouvement reprendrait si le gouvernement ne tenait pas ses promesses.

    Les décrets, pris par le gouvernement et finalement abrogé par le parlement, n’étaient que la traduction à l’intérieur du Pérou de divers accords de libre-échange (TLC) avec les Etats-Unis.

    Mais rien n’est réglé. Ces accords existent. D’autres accords sont en préparation avec l’Union Européenne. Depuis deux ans en effet, dans la plus grande discrétion, des pourparlers ont été engagés par les 27 pays européens en vue de parvenir à un accord d’association (ADA) avec quatre pays andins (Bolivie, Pérou, Équateur et Colombie).

    Si la Bolivie, qui vient de considérer l’eau, la santé et les produits du sous-sol comme non aliénables a semble-t-il été exclue de la phase finale des discussions, il n’en est pas de même pour la Colombie et le Pérou, deux pays dirigés par des gouvernement ouvertement “néolibéraux”.

    Mais cette lutte n’est pas terminée.

    Seuls 2 décrets-lois ont été abrogés. Il en reste 7 autres, ce qui laisse encore au gouvernement une petite marge de manœuvre. Ensuite, les mesures répressives et judiciaires se poursuivent. Les indiens arrêtés n’ont pas été libérés et 18 d’entre eux, poursuivis pour meurtre de policier ont été internés dans la prison de haute sécurité de Chachapoyas.

    Enfin, la vérité sur les disparus va devenir un autre enjeu. Pour l’instant, les chiffres officiels donnent toujours 34 victimes : 24 policiers et 10 manifestants. Selon les témoignages, les disparus seraient entre 40 et 60. S’il semble évident que certains disparus sont tout simplement en fuite, de peur d’être arrêtés, les nombreux témoignages parlant de policiers embarquant des cadavres dans leur véhicules sont de toute évidence à prendre en compte. De multiples organisations demandent la mise en place d’une commission indépendante d’investigation sur les faits de disparitions et pour que toute la lumière soit faite sur les évènements.

    Enfin, les luttes contre la privatisation et le pillage des ressources naturelles ne se limitent pas à la zone amazonienne. Beaucoup plus au sud, dans la province andine de Andahuaylas (région de Apurímac), les habitants bloquent une route importante et demandent une “obole volontaire” aux voyageurs pour qu’ils puissent continuer leur voyage. Ici, la protestation a démarré il y a une semaine et les demandes sociales sont multiples : contre la privatisation de l’eau, pour plus d’instituteurs et de professeurs dans les écoles, et l’application des promesses présidentielles : baisse des prix des engrais, fourniture de matériel agricole (tracteurs), travaux d’assainissement, …. Et aussi la démission du président pour la répression qu’il a ordonné à Bagua. Ils exigent que le premier ministre vienne sur place les rencontrer pour qu’il démontre bien qu’il veut le dialogue et en demandant qu’il vienne avec de propositions concrètes et pas encore des promesses.

    Décidément, l’oligarchie de Lima n’en a pas fini avec les communautés amérindiennes qui années après années ont pris conscience, non seulement de leurs droits (sociaux, historiques, politiques…) mais aussi et surtout de leur capacité à les faire respecter.

    Cette bataille perdue par l’oligarchie et gagnée par les populations en lutte n’est pas la fin de la guerre.

    Les décrets-lois abrogés, partiellement ou pas, la logique capitaliste d’appropriation, de pillage, de privatisation des biens communs se poursuivra tant que le cadre politique général ne sera pas notablement modifié. D’un autre côté cette victoire populaire, la victoire des communautés indiennes, est évidente. Elle est surtout importante car elle donne de la confiance, de la force pour continuer et sans doute pour amplifier les mouvements de résistance dans cette région du Pérou, dans l’ensemble du pays, et au-delà, dans ce continent où les voix des populations originaires se font entendre avec toujours plus de puissance, devenant déjà dans certaines zones, dans certains pays (Equateur, Bolivie…) un ensemble de forces structurantes du nouveau panorama social-politique.

    Et même ici, dans nos vieux pays de la vieille Europe, cette lutte victorieuse ne peut que donner plus de force et d’énergie à tous ceux et celles qui savent que c’est par la lutte, et uniquement par elle, par des rapports de forces construits et opiniâtres qu’il est possible de faire reculer la barbarie capitaliste et productiviste.

    Le 19 juin 2009

    Amerikenlutte 

    Massacre de Bagua 



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