• Yes we camp #spanishrevolution

    Des dizaines de milliers de personnes, surtout des jeunes, prennent, depuis le 15 mai dernier, les places de villes d’Espagne afin d’y installer des campements dont le but est d’organiser un rassemblement permanent qui mobilise le plus grand nombre autour de la revendication centrale : "une vraie démocratie, tout de suite".

    Le mouvement, qui a connu une ampleur sans précédent grâce à la vitesse et à la capacité de diffusion qu’offrent les réseaux sur le Web, prend tout le monde de court : les politiciens ne savent plus comment aborder le phénomène, les sociologues se contredisent et les journalistes passent des comparaisons avec les révolutions arabes de l’hiver à de petits encarts très prudents qui reprennent simplement des dépêches d’agence aussi courtes que froides. Tout le monde semble rester sur la réserve, dans une attente de ce qui pourrait advenir d’un mouvement qui, par ailleurs, demande depuis jeudi 19 à s’étendre au niveau international, notamment par des slogans comme : "Peuple d’Europe, debout !".

    Que deviendra, en effet, ce mouvement dit "spontané", une fois que les élections de ce dimanche seront terminées ? Quel futur pour ces rassemblements dont les organisateurs veillent au maintien du caractère "assembléaire" des prises de décision, sur le côté non récupération possible de la part des partis politiques, l’importance de la non-violence et de la solidarité et qui, depuis quelques jours, se retrouve pris dans un débat autour de la question de savoir s’il faut favoriser l’abstention généralisée, voter pour des partis hors des deux grands (qu’ils rejettent en même temps que l’idée même de bipartisme avec des slogans comme "Vous ne nous représentez pas") ou se constituer, eux-mêmes, en plate-forme politique…

    Le fait est que, depuis dimanche 15 mai dernier, le nombre de participants (malgré les conditions climatiques contraires) ne cesse d’augmenter, comme ne cessent de croître les villes participantes –de toutes les régions d’Espagne qui, tout à coup, forment un bloc hors les régionalismes et séparatismes dont les médias officiels sont si friands ; en même temps que les personnes de plus de trente ans prennent le pas, chaque soir, sur les jeunes qui surveillent les campements de fortune. L’organisation est impeccable, la solidarité sans faille, les tournantes permettent à chacun de se reposer, de veiller à son hygiène et de rapporter des vivres (que des voisins et des sympathisants ramènent chaque matin aussi), tout en maintenant l’occupation des places à un niveau tel qu’on n’y remarque pas les absences.

    Les organismes judiciaires responsables des élections ont interdit les rassemblements dans toutes les régions –sauf ceux de Valence ; à quoi les manifestants ont répondu par des pancartes affirmant que "dans ce pays, on peut voir des milliers de personnes se rassembler pour attendre Justin Biber ou une équipe de football, mais pas pour faire entendre des revendications légitimes, de manière pacifique." Jusqu’à présent, la police, omniprésente aux abords des places –en dehors des incidents de dimanche- se tient à distance raisonnable et n’intervient pas.

    Il faut dire que les organisateurs ne laissent aucun doute qui postent sur youtube des vidéos avec leurs exigences vis-à-vis des participants aux rassemblements : pas de violence, pas de casseurs ni de provocation, sous peine d’enregistrement immédiat via téléphone mobile et présentation à qui de droit ; pas de dégradation de l’environnement et, donc, équipes matinales de ramassage et de nettoyage qui remettent lesdites places dans un état impeccable jusqu’à la tombée du soir. Ces mêmes organisateurs ont également insisté, depuis le début, sur le fait qu’ils ne voulaient pas de boissons alcoolisées pendant les protestas et que "le rassemblement n’est pas un botellon" (botellon étant ces assemblées de jeunes qui, les fin de semaine, se réunissent un peu partout dans les rues et les places d’Espagne, avec leurs bouteilles de bière et d’alcools).

    Fait nouveau et d’importance : le mouvement, communément connu comme la #spanishrevolution, s’étend dans les grandes villes d’Europe et d’Amérique Latine, avec des rassemblements attendus ou déjà en place dans de nombreux pays –y compris quelques pays de l’ancien bloc de l’Est- et de nombreuses villes de Grande-Bretagne, France, Italie, Belgique, Allemagne, Mexique, etc. Des messages de sympathie des leaders de Tahrir commencent aussi à affluer, en même temps que les slogans, à Madrid, notamment, se font plus internationaux (tel ce "People of Europe, wake up, stand up", déjà cité plus haut).

    Pour ce qui est des revendications et de l’ambiance générale, on se croirait revenu à l’effervescence du mai 68 parisien, avec des slogans inventifs, parfois ingénieux, toujours intelligents et des discussions enflammées, tout azimut, toujours sur des bases égalitaires, respectueuses et ouvertes. A lire leurs site, leur page sur les réseaux sociaux et le tweet postés, l’on se rend très vite compte que les organisateurs portent un mouvement –apparemment surgi du la lecture du livre de Stéphane Hessel "Indignez-vous", très rapidement traduit en Espagne et très rapidement un succès de ventes- qui est tout sauf apolitique, qu’il possède des racines bien implantées sur du solide (contrairement à ce que laisseraient penser certains médias ou certains dirigeants).

    Ainsi, même s’ils n’appuient aucun parti politique, affirmant qu’ils ne les "représentent pas", on les voit appuyer ATTAC, le Forum Social, les mouvements de lutte contre la pauvreté et la défense des cultures indigènes, tous les groupes anti-discrimination… De fait, l’on remarque, les soirs d’occupation maximale, un grand nombre d’étrangers, de travailleurs immigrés, de comités de chômeurs, d’Okupas (Squatters), de Défense des sans-abris, de représentants des minorités et des organisations de gays et de lesbiennes d’Espagne, de défense de la Terre, des animaux et contre la corrida, etc. Voici donc, pour plus de clarté, le texte qu’ils mettent en exergue sur Facebook et qui ne laisse aucun doute sur un mouvement qui, bien que ne se reconnaissant pas dans les politiques actuelles "la violence des puissants et des banquiers", n’en est pas moins idéologiquement teinté :

    " Nous exigeons la démocratie réelle, maintenant. Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiciens et des banquiers. Nous accusons les pouvoirs politiques et économiques de la situation de précarité dans laquelle nous vivons et exigeons un changement de cap. Nous convoquons chacune et chacun, en sa qualité de citoyen et de citoyenne, à sortir et occuper la rue le 15 mai, dès 18h, sous le mot d’ordre Démocratie Réelle MAINTENANT. Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiques et des banquiers. Nous t’invitons à te joindre au mouvement sans symboles politiques excluant, afin que l’on ne fasse entendre qu’une seule voix, unique. Unis, nous pouvons y arriver."

    Les autorités politiques ont donc décidé que ce vendredi, veille de week-end électoral, tous les rassemblements seraient interdits et dispersés par les forces de l’ordre. Les organisateurs proposent déjà diverses techniques de résistance non-violente afin de continuer le campement, ainsi, depuis Barcelone, surgit l’idée de venir avec des œillets jaunes que les participants pourraient offrir aux policiers en cas de charge. Enfin, un site Internet reprend l’ensemble des "campements" et des rassemblements en Espagne et dans le monde où défilent, en temps réel, les événements qui s’y déroulent : yeswecamp.net

    Bien sûr le mouvement n’a pas d’organisation au sens traditionnel du terme ; bien sûr, le contenu programmatique –le projet de société- est vague ou inexistant (avec des pans entiers qui ne sont pas encore abordés lors des assemblées, comme la Monarchie ou le rôle de l’Eglise dans a société, pour ne citer que les deux les plus actuelles dans l’Espagne et le monde d’aujourd’hui).

    S’agit-il, pour autant, de mouvements dont il faudrait se "méfier" car facilement récupérables ou profitant aux "ennemis" de la démocratie parlementaire ? S’agit-il, pour autant, d’un mouvement sans lendemain et qui n’aura été, pour l’histoire, qu’une semaine d’ébullition et d’effervescence juvénile –une espèce de crise d’adolescence collective d’une société par ailleurs bien plus solide et mûre au niveau des ses institutions que ne pouvaient l’être celles des pays du Maghreb et du Makrech ?

    Pour ce qui est de l’organisation, elle existe, bel et bien, même si sans hiérarchie établie une fois pour toutes. Il s’agit d’une organisation horizontale où les décisions se prennent en fonction des événements et toujours de manière collective. Apparemment, ce mode de fonctionnement "fonctionne" et, même si l’on peut avancer l’argument qu’il s’agit, ici, d’organiser quelques milliers de personnes autour de thèmes qui ne sont pas ceux de la vie réelle de qui veut gérer la Cité, on ne peut passer sous silence la question fondamentale que cela pose aux partis politiques en général : les partis politiques actuels et leur mode d’organisation, leur manière de communication et de représentation de la société, ne correspondent plus ni aux temps qui courent, ni à ce que les populations attendent –d’abord et avant tout en leurs couches les plus jeunes 

    Il faudra en tirer les leçons et, dans ce sens, le mouvement, quoi qu’il arrive, n’aura pas été vain. Pour ce qui touche au contenu programmatique, à l’idéologie et au projet de société, il n’en va pas autrement : même s’il n’est pas rédigé, même si les termes ne font pas programme ni thèses de gouvernement, le contenu se trouve, de manière implicite, dans les mots d’ordre et les slogans : la société actuelle crée de l’injustice et des inégalités, des crises et de la violence ("la violence, c’est aussi 600 euros par mois") et, donc, la #spanishrevolution veut autre chose –notamment d’autres politiques qui abordent les "vrais" problèmes de société comme un toit et un emploi pour tous, plus de justice et de solidarité, plus de démocratie, moins de pouvoir à l’argent, aux banquiers et aux spéculateurs, plus de pouvoir au peuple.

    C’est pourquoi leurs slogans sont clairs : "nous ne sommes pas des marchandises", "nous ne sommes plus des moutons", "notre force, nos mains", "politiciens, vous ne nous représentez pas", etc. Les idéaux sont clairs, les objectifs tracés à grands traits (comme autant de balises à des débats futurs), les limites clairement posées : il s’agit bien d’une véritable révolution. Toute la question est de savoir si tous les mécontentements se rejoignent dans ces mots d’ordre et si, d’aventure le changement se produisait, ils seraient susceptibles de s’entendre sur des objectifs même à minima…

    Le grand mérite, en dehors de réveiller les consciences et de redonner au citoyen, aux sujets, la place centrale qu’il semblait devoir perdre dans le fonctionnement de la Cité, constitue bel et bien celui d’avoir su donner forme au mécontentement que les pouvoirs tentaient de taire à grand coups de télé-poubelle, de football milliardaire, de fêtes nocturnes, d’alcool et de drogues de synthèse (dont le marché ne cessait de grossir malgré les affirmations de lutte contre les différents cartels) ; c’est pourquoi ces slogans, à la Puerta del Sol : "éteignez les télés, allumez vos cerveaux", "plus d’emploi, moins de soirées arrosées (botellon)", etc.

    En quelque sorte, ces rassemblements, qu’ils s’éteignent en tant que campements ou pas, continueront d’influencer, longtemps encore la politique Espagnole et Européenne : plus jamais ne sera comme avant car, effectivement, le "virus de Tahrir" a franchi la grande bleue et des jeunes ont réussi à donner forme à une révolte contenue, à élever au niveau politique ce qui n’étaient que frustrations et colères individuelles ou de clans. Ce simple fait est déjà révolutionnaire. Parce qu’en plus, ici, comme dans les révoltes de l’hiver, le véritable enjeu c’est l’indépendance et la démocratie, au sens noble du terme, qu’il s’agit de (re)prendre à bras-le-corps. Parce que, pour une fois depuis très longtemps, les citoyens font l’actualité, la rue fait la Une et les jeunes sont acteurs de leur propre présent –au-delà du virtuel et des impératifs imposés par ceux qui nous dirigent et enfoncent dans la misère, la récession, l’absence de solidarités, la violence, l’individualisme et la médiocrité, soi-disant en leur nom et pour le bien de tous !

    Le reste : Monarchie ou République, rôle de l’Eglise, Régionalismes, deviennent ce qu’ils n’auraient jamais dû cesser d’être : des points à l’agenda d’un futur différent dont il faudra discuter autrement pour décider collectivement et trouver des issues qui, quelles qu’elles soient, par pur effet de logique, seront bien différentes –opposées ou autres… Les corrompus, les pervers, les tout-puissants, les exploiteurs et les abuseurs auront des compte à rendre ou se souviendront de cette semaine du mois de mai 2011. Ce retour de manivelle, dans des sociétés où seuls les puissants avaient droit au chapitre et demandaient des comptes (où beaucoup semblaient perdre espoir et s’abandonnaient à la résignation des répétitions les plus noires de l’histoire), ce retour de manivelle qui est aussi retour à la mémoire collective d’un peuple, est, en soi, déjà, véritablement révolutionnaire.

    José Camarena – alias HoZé 

    © Hozé 5/2011
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  • Les 8 de SEGI
    Contre le mandat d’arrêt européen : extension du domaine de la lutte au Pays basque nord




    Michel Porcheron

    Huit jeunes Basques indépendantistes de Segi, recherchés par la justice espagnole, se réfugient en France où ils poursuivent leur action. Ils rejoignent la lutte d’Aurore Martin, cachée quelque part au Pays Basque nord depuis deux mois   

    « Il y a de cela quatre mois, ils et elles ont dû fuir de la scène politique publique suite à la rafle de la police espagnole contre Segi. Ils sont réapparus lors d'une conférence de presse lundi  matin 21 février à Ispoure, avec le soutien d'une centaine de personnes. Cette semaine, en plus de dénoncer leur situation, ils et elles souhaitent renouveler leur engagement politique » (source : http://auroremartin.over-blog.com)  

    Le groupe compte cinq jeunes gens et trois jeunes femmes, tous âgés de 20 à 25 ans. Il s'agit de Beñat Lizeaga Urkidi (originaire de Zumaia, 22 ans) , Irati Tobar Eguzkitza (Portugalete, 24ans), Endika Perez Gomez (Larrabetzu, 23 ans), Jazint Ramirez Cruz, Aitziber Plazaola Oregi (Bergara, 25 ans), Xalbador Ramirez Cruz (Saint-Sébastien, 20 ans), Aiala Zaldibar Alvarodo (Vitoria-Gasteiz, 24 ans) et Bergoi Madernaz Del Pozo (Vitoria-Gasteiz, 23 ans).  

    Face à la menace d'un mandat d'arrêt européen (MAE) à leur encontre et le risque d'être arrêtés et jugés au tribunal de Pau, les huit jeunes indépendantistes  qui ont assuré avoir toujours mené leur action politique de façon publique, ont fait appel à la population et aux organisations politiques et sociales à les soutenir et à les protéger. Ispoure est une localité de la Basse Navarre,  Pyrénées Atlantiques, près de Saint-Pied de Port.

    Leur organisation, Segi, est interdite dans l’État espagnol mais légale en France.

    Action des 8 jeunes Basques contre le mandat d'arrêt européen

    Selon le quotidien Sud-Ouest, Aiala Zaldibar Alvarado, en cours de formation d'éducatrice, est déjà sous le coup d'un MAE émis par Madrid, activé par la France et validé le 1 février par la cour d'appel de Pau.

    Arrêtée le 18 janvier à Bayonne, laissée en liberté sous contrôle judiciaire, Aiala Zaldibar attend le verdict de la Cour de cassation auprès de laquelle elle a déposé un recours. Ceci selon le schéma de la procédure type qui, dans le cas de militants de nationalité espagnole, débouche immanquablement sur une remise à la justice espagnole, ajoute le quotidien Sud-Ouest.

     

    Aiala Zaldibar (au premier rang à gauche) à Ispoure. PHOTO JEAN-DANIEL CHOPIN

    Tous sous le coup d'un avis de recherche et d'un mandat d'arrêt en Espagne, aucun d'entre eux (exceptée Aiala Zaldibar), précise Sud-Ouest, n'est pour l'heure visé par la justice française.

    Tous ont l'intention de passer la semaine au Gymnase Faustin Bentaberri, à Ispoure. 

    Le Journal du Pays Basque a publié une lettre ouverte d'Aiala Zaldibar Alvarado (transmise par Askatasuna), datée du 19 février 2011

     « J’ai fui… »

    Aiala Zaldibar s'est expliquée en ces termes : « Lorsque j'ai appris mon ordre d'arrestation, j'ai décidé de fuir mon village, étant donné que beaucoup de personnes, lors des rafles précédentes, ont été arrêtées et torturées pour leurs idées politiques (…) En participant à la semaine d'action organisée à Ispoure, je souhaite dénoncer ma situation, et plus généralement la situation de toute la jeunesse indépendantiste du Pays basque. Je dénonce aussi le déni de justice que le mandat d'arrêt européen suppose… »

    Le lundi 21 février, à visages découverts, ils ont pris la parole dans le gymnase d'Ispoure, sous des banderoles réclamant le respect des « droits civiques et politiques », pour notamment dénoncer le mandat d'arrêt européen qu’émet l’Audiencia Nacional espagnole contre ceux qu’elle accuse d'être proche de ETA, ainsi que la « politique répressive » exercée à leur encontre, selon leurs déclarations.

    Les Huit ont exposé   comment ils ont réussi à fuir  l'opération policière d’octobre dernier. Plus de cent personnes entouraient les jeunes de Segi lors de leur conférence de presse. Elles forment un nouveau collectif , le  "Collectif contre le mandat d'arrêt européen", incluant  le parti autonomiste Abertzaleen Batasuna, le parti radical indépendantiste Batasuna interdit en Espagne, l'union syndicale « Solidaires » et le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA).

    « Il est clair, indiquait, au nom du Collectif Francis, Francis Charpentier après avoir évoqué le cas d'Aurore Martin, que le débat entourant le mandat d'arrêt européen n'est pas celui de la nationalité mais celui des atteintes aux droits civils et politiques, le vrai problème est là… (…) Les illégalisations de Segi et d'autres organisations comme Askatasuna, Batasuna... laissent carte blanche à l'Etat espagnol pour condamner une activité politique. Ce ne sont pas des actions qu'ils jugent mais des idées.»

    Aurore Martin vit cachée depuis le 21 décembre pour se soustraire à sa remise à l'Espagne, validée par la justice française.

    L'un des jeunes Basques a estimé que «c'est parce que nous menons la lutte en faveur de l'indépendance et du socialisme que nous sommes en permanence punis, fichés, arrêtés, torturés et persécutés. Nous sommes définis comme `terroristes' parce que nous militons dans les assemblées d'étudiants, dans les mouvements féministes, en faveur du droit au logement ou encore parce que nous travaillons en faveur du gaztetxe.» Il a également fait allusion au nouveau contexte politique demandant aux «Etats espagnol et français [...] d'ouvrir la voie de la négociation.»

    Un document comportant des témoignages de cinq jeunes (dont deux femmes) arrêtés en octobre et décembre 2010, sur les pressions et mauvais traitements (1) auxquels seraient soumis les militants basques arrêtés en Espagne a été distribué.

    Entré en vigueur en France le 12 mars 2004, le mandat d'arrêt européen a été mis en place à la demande de l'Espagne pour simplifier les procédures d'extradition. Le mandat d'arrêt est dénoncé par les organisations des droits de l'homme comme « permettant de museler les opposants politiques, notamment par une extension abusive de la notion de "terrorisme" qui peut englober désormais toute expression politique tant soit peu radicale".

    Les mobilisations contre le mandat d'arrêt européen se sont intensifiées au Pays Basque nord après le feu vert de la justice française au MAE de l'Espagne à l'encontre d'Aurore Martin, ancienne dirigeante de Batasuna, parti indépendantiste légal en France mais interdit en Espagne (2) .

    Avec Aurore Martin, le MAE était appliqué pour la première fois envers une militante politique basque de nationalité française pour des supposés « crimes et délits » qui, aux yeux de la loi française, n'en sont pas, ce qui a poussé de nombreuses voix du monde politique et associatif à s'élever contre l'application du mandat d'arrêt européen, selon le site eitb.com qui rappelle que des formations politiques nationales comme le PC, PS, NPA, Modem, le conseiller général UMP Max Brisson et le maire de Biarritz, Didier Borotra, pour n'en citer que quelques-uns, se sont publiquement prononcés contre le MAE visant Aurore Martin, de nationalité française.

    Après des rassemblements permanents à Ispoure jusqu’au 25 février, la semaine d’action a prévu un concert (kantaldi) réunissant des grands noms de la chanson basque à Cambo et le 5 mars à Bayonne « une chaîne humaine ».

    Avant l’opération d’Ispoure, l’organisation Segi avait annoncé qu’elle manifestera le 25 février à Saint-Jean-de-Luz, tandis que se déroulera le Conseil municipal de la commune auquel devrait assister Michèle Alliot-Marie. Les jeunes radicaux abertzale réclament que « MAM dégage du gouvernement et du Pays basque » :

    « Ces dernières semaines, les pratiques d'Alliot se sont dévoilées au grand jour, nous avons vu, comme tout le monde, quels étaient les méthodes et le fameux savoir-faire français. Nous avons vu aussi pour quelles causes ce savoir-faire se transmet : pour stopper les révoltes contre les dictatures et pour pérenniser les intérêts de la France avec ces dernières. Du lacrymogène, de la matraque, en passant par le savoir-faire militaire reconnu par les plus grands tortionnaires du siècle passé… En respect pour ceux qui sont tombés dans cet hiver arabe, Michèle Alliot-Marie doit quitter le gouvernement. Sa place est dans un tribunal… Elle représente le mépris qu'a la France envers notre peuple, de ce fait elle n'a pas sa place ici », ont notamment indiqué les jeunes radicaux (Sud-Ouest, 16 février).

    (1)- « Mon nom a été soutiré sous la torture »

    Les huit jeunes ont indiqué que leurs noms ont été arrachés par les policiers espagnols «sous la torture» et des témoignages de leurs camarades arrêtés en octobre et décembre ont été distribués.

    Extraits :

    Oihana Lopez raconte que quand elle refusait de répondre aux questions, les policiers l'obligeaient «à faire des exercices physiques : en haut, en bas, en haut, en bas... Ils m'obligèrent à faire des flexions, et ils voulaient que je réponde, sinon ils allaient me taper la tête contre le mur. [...] Je faisais des efforts pour ne pas tomber par terre, parfois j'avais des vertiges, mais ils m'obligeaient à continuer, de plus en plus vite ; ils me frappaient et me tiraient les cheveux...»

    Imanol Beristain a fait un récit similaire : «Ils m'ont déshabillé de force et m'ont pris par le cou pour me jeter par terre. Ils touchaient l'urine avec ma tête et me crier que j'allais devoir la lécher. [...] Ils me tiraient par les cheveux et par les testicules aussi, sans arrêt. Tout cela à quatre pattes, à genoux et sur le front. Ils m'obligeaient à rester dans différentes positions, jusqu'à ce que je tombe par terre. [...] En même temps, quand j'étais à quatre pattes, ils m'attrapaient par les testicules et me les frottaient avec un sac. Ensuite, ils me mettaient le sac sur le nez, pour que je sente l'odeur et pour que j'étouffe. Ils m'ont mis le sac sur la tête, encore et encore, jusqu'à en déchirer quatre. J'essayais de les déchirer avec les dents quand j'avais la sensation d'étouffer. Alors, deux policiers me serraient très fort le nez et la bouche avec leurs mains [...]».

    Ainara Ladron Urbieta raconte, elle : «Ils m'ont obligée à me déshabiller et à m'allonger sur la table (pendant que je me déshabillais, ils se sont mis à rire) [...]. Ils ont essayé d'écarter mes jambes mais je les serrais de toutes mes forces. [...] Après un long moment d'interrogatoire, il s'est mis à me frapper sur les fesses avec la main ouverte. Puis il m'a posé une canette métallique très froide contre la fesse. Il a ensuite passé son doigt sur mon anus et mon vagin, en me touchant [...]».

    (2)- La Cour d’Appel de Pau a mis en délibéré au 1er mars sa décision sur le transfert en Espagne d'Eider Zuriarrain Mendiguren, militante basque espagnole soupçonnée de liens avec l'organisation ETA, arrêtée sur la voie publique le 10 février à Bayonne en vertu d'un mandat d'arrêt européen délivré par l'Espagne, apprenait-on mardi 22 février.

    Selon le site sudouest.fr, la militante, âgée de 31 ans, soupçonnée de « collaboration active avec des membres de l'ETA », avait été placée en détention après son interpellation. Elle avait été remise en liberté sous contrôle judiciaire lors de sa première comparution devant la Cour d'appel.

    Le Comité de défense des prisonniers basques Askatasuna avait dénoncé son arrestation, assurant dans un communiqué qu'Eider Zuriarrain Mendiguren "vivait publiquement à Urrugne et travaillait à l'ikastola (école basque, ndlr) de Bayonne » Selon des informations publiées dans la presse espagnole, la jeune Basque, originaire de Bilbao, était en fuite depuis février 2010 et figurait depuis lors sur la liste des « terroristes les plus recherchés » par la Garde civile.  Elle est soupçonnée, selon ces sources de presse, d'avoir hébergé en 2009 à son domicile le membre de l'ETA Euri Albizu Telleria et d'avoir aidé un autre etarra, Ibai Beobide, à fuir vers la France

    ►http://www.lejpb.com/paperezkoa/20110222/249945/fr/Huit-membres-Segi-menaces-par-le-mandat-d%E2%80%99arret-europeen

    ►http://bellaciao.org/fr/spip.php?article113958






    Merci à Michel Porcheron
    Date de parution de l'article original: 10/03/2011
    URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=4187


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  • Du son contre les prisons : festival co-organisé par Radio Canut et l’Envolée


    Du son contre la prison est un festival co-organisé par Radio Canut et L’Envolée (collectif anticarcéral) qui se déroulera les 28 et 29 janvier 2011 à Lyon.

    - Un concert de rap enragé le ven­dredi 28 jan­vier à 20h30 au Grrnd zero - Rail Théâtre (69, rue Gorge-de-Loup à Vaise) avec Les Evadés, Singe des rues, E-ONE (ESKICIT), Skalpel et Akye. C’est 5 euros. Ouverture des portes à 19h30, début du concert à l’heure annon­cée pour cause de dif­fu­sion radio.

    - « Pour en finir avec toutes les pri­sons » : une ren­contre / dis­cus­sion sur la taule avec Laurent Jacqua et L’Envolée le samedi 29 jan­vier à 16h à la Maison des Passages (44, rue St Georges au Vieux-Lyon). C’est gra­tuit.

    Ces évènements seront retrans­mis en direct sur plu­sieurs radios asso­cia­ti­ves afin que les pri­son­niers puis­sent les suivre.

    Envie que ça nique la cen­sure, que ça existe en dehors du bon vou­loir de l’admi­nis­tra­tion péni­ten­tiaire et de son contrôle, envie de gueu­ler notre haine de ces putains de murs et notre soli­da­rité aux pri­son­niers…

    Le succès de cette ten­ta­tive dépend de l’audience qu’elle aura dans les taules. N’hési­tez pas à faire passer le mot dans les villes où le concert sera retrans­mis, à coller des affi­ches (télé­char­gea­ble dans ce blog) aux envi­rons de la prison, à dis­tri­buer des tracts aux par­loirs, à en parler à vos ami(e)s incar­cé­ré(e)s, à vous en faire l’écho sur les radios loca­les. Si vous voulez sou­te­nir le projet, voici un lien pour télé­char­ger un fly à des­ti­na­tion des par­loirs, pour chaque ville où le concert sera retrans­mis.

    Liste des radios qui retransmettent les évènements et des prisons couvertes :

    LYON : Radio Canut - 102.2 FM

    PRISONS : maison d’arrêt de Corbas, établissement péni­ten­tiaire pour mineurs de Meyzieu

    MARSEILLE : Radio Galère - 88.4 FM

    PRISONS : maison d’arrêt des Beaumettes, maison d’arrêt de Tarascon, maison cen­trale d’Arles

    PARIS : Radio Fréquence Paris Plurielle - 106.3 FM

    PRISONS : maison d’arrêt de Bois-d’Arcy, maison d’arrêt de Nanterre, maison d’arrêt de Fresnes, maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, maison d’arrêt de la Santé, maison d’arrêt de Villepinte, maison d’arrêt de Versailles, maison d’arrêt d’Osny, maison cen­trale de Poissy

    SAINT-ÉTIENNE : Radio Dio - 89.5 FM

    PRISON : maison d’arrêt de la Talaudière

    VALENCE : Radio Méga - 99,2 FM

    PRISON : maison d’arrêt de Valence

    SUD : Radio Zinzine

    PRISON : maison d’arrêt de Luynes (88.1 FM), maison d’arrêt de Digne-les-Bains (95.6 FM), maison d’arrêt de Gap (106.3 FM)

    TOULOUSE : Radio Canal Sud - 92.2 FM

    PRISONS : maison d’arrêt de Seysses, centre de déten­tion de Muret, maison d’arrêt de Montauban

    CÉVENNES : Radio Escapades - 103.3 FM ou 104.1 FM

    Cette radio ne couvre pas de prison et sa fré­quence varie en fonc­tion de la zone concer­née (voir le site inter­net radioes­ca­pa­des)

    ** *

    Si techniquement c’est possible :


    Radio qui aimerait participer, et qui a une émission à destination des prisonniers (le mardi) :
    Radio Trait-d’Union
    89,8 FM
    PRISONS : maison d’arrêt de Corbas, prison de mineurs de Meyzieu, maison d’arrêt de Villefranche, centre de détention de St Quentin-Fallavier, prison d’Aiton

     


     

     


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    à faire tourner ...

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  • Quand la Croix Rouge mène au tribunal pour refus de prélèvement ADN

    Repas de solidarité à la Rôtisserie (Belleville)

     

    Dans différents pays du monde, la Croix Rouge participe au tri, à l’enfermement et à l’expulsion des personnes décrétées indésirables par les États. Que ce soit en relevant les empreintes des Rroms pour les fichiers en Italie, en gérant des centres de rétention dans différents pays du monde, en participant à des charters qui déportent des dizaines de sans-papiers, les exemples de cette collaboration aux politiques de contrôle des personnes sont nombreux.

    Cette collaboration, la Croix Rouge n’aime pas qu’elle soit dévoilée au grand jour, et, dès que son image est quelque peu bousculée, elle porte plainte contre celles et ceux qui osent égratigner son vernis humanitaire.

    Du journal militant CQFD à l’association « Survivre au Sida », de la journaliste qui a écrit Bienvenue en France, un livre où est évoqué le rôle de la Croix Rouge dans la zone d’attente de Roissy, à un usager mécontent distribuant un tract contre un centre de santé géré par la Croix Rouge, beaucoup de gens ont été la cible des velléités justicières de l’organisme humanitaire.

    En juin dernier, plusieurs personnes qui, pendant la semaine de quête nationale, diffusaient tracts et affiches informant les passants et passantes des activités moins connues de la Croix Rouge ont ainsi été pourchassées et filmées par des membres de l’antenne de la rue Albert Thomas dans le 10e arrondissement.

    Après une véritable traque au cours de laquelle une voiture de la Croix Rouge aidera la police à pister les quelques grains de sable qui s’étaient invités dans sa campagne de dons, quatre personnes sont interpellées. Elles passent 24 heures en garde à vue et héritent d’un rappel à la loi sur plainte de la Croix Rouge et de la mairie socialiste du 10e arrondissement et d’une convocation au tribunal pour refus de prélèvement ADN et de signalétique.

    Le mardi 11 janvier à la Rôtisserie un repas de solidarité sera organisé pour contribuer aux frais engagés pour ce procès [Prévu vendredi 14 janvier 2011 à 13h30, TGI de Paris, 10e chambre 2].

    Au-delà de ces quelques péripéties et de la nécessité de s’opposer au fichage ADN et autres en refusant de s’y soumettre, il s’agit bel et bien de continuer à lutter contre la machine à trier, enfermer et expulser les êtres humains et de dénoncer celles et ceux qui y participent en lui servant de caution humanitaire.

    Ni papiers ni frontières, liberté de circulation et d’installation pour toutes et tous !

    Venez nombreux à la Rôtisserie, à partir de 19h, 4 rue Sainte-Marthe (Métro Belleville ou Goncourt) !

    source ici


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  • Inaugurée le 5 septembre 2009 à la suite des arrestations et expulsions express des familles Rusta et Syejmani vers le Kosovo, cette fresque réalisée par le studio Tricolore sur un mur d'une salle communale en plein centre de Billère, rappelait à qui voulait le savoir que chaque jour des familles, des enfants étaient expulsés au mépris des valeurs de la République.

    Sur plainte du préfet des Pyrenées Atlantiques, le tribunal administratif a condamné la mairie de Pau à effacer cette fresque murale, au prétexte que cette commande officielle ne respectait pas son obligation de "neutralité".

    Si après 16 mois de combat judiciaire, la fresque sera effacée dans quelques jours, elle sera reproduite et diffusée sur tous supports. Déjà, les militants du Réseau Éducation sans frontières (RESF) vendent des t-shirts à l'effigie de la fresque tandis que les compagnons d'Emmaüs vont la reproduire sur un wagon à Lescar juste en face du péage autoroutier.

    Merci de faire tourner, de reprendre cet article sur vos blogs ou sites ...Et remercions également le préfet REY, apprenti sorcier pris à son propre piège qui, en croyant l’effacer, n’aura fait que la faire fleurir et essaimer. Et nous aura conforté dans notre lutte pour ces deux valeurs qui semblent lui faire si peur, celles de partage et de solidarité.


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  • Le coup de massue est tombé!

    Me voilà amenée à vous écrire une lettre d’un genre particulier.
    Je m’adresse à vous tous aujourd’hui pour vous exprimer toute mon indignation, mon inquiétude, ma peur, mais aussi toute ma détermination et ma volonté de me battre.
    Il est l’heure de défendre nos droits civils et politiques avec force, ce précédent ne laisse rien présager de bon.

    L’inacceptable est-il acceptable  ? Bien sur que non ! Cependant l’histoire du Pays Basque nous a souvent démontré que l’inacceptable était possible  : les extraditions, les multiples mandats d’arrêt européens délivrés à des dizaines de militants politiques (Segi, Askatasuna, Udalbiltza…), l’existence des législations et tribunaux d’exceptions à Paris et Madrid, la pratique de la torture dans les commissariats et casernes espagnoles, les partis politiques interdits, deux quotidiens fermés et ses journalistes torturés et incarcérés, les arrestations massives, la disparition et la mort de Jon Anza… Tout cela existe, cette répression est normalisée, c’est le lot quotidien du Pays Basque, des Basques. Cela est possible car les principales formations politiques en France et en Espagne, avec la complicité de leurs relais locaux, le permettent, le défendent et pour certains le laissent faire par leur silence coupable.  Il est temps de prendre vos responsabilités !

    Je n’ai pas été surprise par le verdict de la Cour de Cassation. Nous le savions depuis longtemps, dans les affaires basques, les justices espagnole et française sont là pour appliquer des décisions politiques. Depuis mon incarcération à Seysse, les dés étaient jetés, le reste n’était que de la mise en scène, une belle mascarade. Tout cela pour arriver à leur fin, l’illégalisation de fait de Batasuna par l’Etat français, de toute la gauche abertzale, et plus s’ils le jugent nécessaire. Une illégalisation sournoise menée main dans la main avec l’Espagne.

    Une preuve de plus que l’Etat français est un acteur majeur et direct du conflit politique basque. En acceptant ce MAE, Paris ne fait que renforcer ses choix politiques  : la répression et la négation du Pays Basque  ; une négation qui est à l’origine de ce conflit. Il n’y aura pas de solution juste donc définitive tant que la France ne reconnaîtra pas l’existence politique du Pays Basque nord.
    Ce nouveau saut répressif a lieu au moment où la gauche abertzale multiplie ses efforts en faveur d’un processus démocratique de résolution de ce conflit. Mon Mandat d'Arrêt Européen et le maintien dans l’illégalité de la gauche abertzale sont des obstacles à sa mise en place. Tous les acteurs du conflit doivent pouvoir participer à ce processus en toute normalité ; dans ce sens, la gauche abertzale doit être légalisée sur l’ensemble du Pays Basque et toutes les poursuites judiciaires à son encontre stoppées.

    Malgré cette répression, ces provocations, Batasuna réaffirme son engagement en faveur de ce processus démocratique. Dans ce sens, nous mettrons tout en œuvre pour qu’il puisse aller jusqu’à son terme.

    Je n’ai pas l’intention de me soumettre aux autorités espagnoles, ni de faciliter à la France l’exécution de mon Mandat d'Arrêt Européen. Depuis quelques jours, ma vie a quelque peu changé. En effet, mon activité politique est interdite en France, en Espagne et en Pays Basque. Je n’ai pas d’autre choix que de me cacher pour pouvoir continuer mon activité politique au sein de Batasuna. J’ai donc décidé d’arrêter mon contrôle judiciaire et de ne plus me montrer publiquement. Je suis en Pays Basque, parmi vous, grâce à vous, grâce aux nombreux amis et soutiens qui m’ont accueillie et ouvert leurs portes. En Pays Basque, il y a une valeur qu’on ne nous enlèvera jamais, c’est celle de la solidarité.
    Merci à tous, proches, amis, militants, élus… pour tout le travail accompli. Sans vous tous, cela ne serait pas possible. Continuons ce travail, rassemblons-nous, créons entre tous un rempart contre la répression, créons les conditions de la résolution de ce conflit, créons les conditions de la reconnaissance politique du Pays Basque nord.  

    Pour terminer cette lettre je vous demande d’avoir une pensée pour les militants incarcérés ou réfugiés, et leurs familles, qui, comme moi, vont passer les fêtes de fin d’année loin de leurs proches.
    Merci.


    Kolpea erori da!

    Hemen nauzue, gutun « berezi » hau idatzi beharrean.
    Zuei zuzentzen natzaizue gaur, nere atsekabea, nere kezka, nere beldurra, bainan ere borrokarako dudan determinazioa eta borondatea adierazteko.

    Gure eskubide zibil eta politikoak indar guziz defendatzeko ordua iritsi da, aurrekari honek ez dakar deus onik.

    Onartezina, onargarri ote da? Noski ezetz! Baina Euskal Herriko historiak maiz erakutsi digu onartezina gerta zitekeela : estradizioak, hamarnaka euskal militante politikoren kontra galdeginak izan diren euroaginduak (Segi, Askatasuna, Udalbiltza…), legedi eta auzitegi berezien izaera Parise eta Madrilen, torturaren erabilpena espainiar komisaldegietan, alderdi politikoen debekatzea, bi egunkariren hestea eta bertako kazetariak torturatu eta presondegiratzea, atxiloketa masiboak, Jon Anzaren desagerpena eta heriotza …. Guzti hori eguneroko ogia da, errepresioa normalizatua da, Euskal Herriak eta euskaldunek egunero bizi ditugun egoerak dira. Hau posible egiten da, Espainia eta Frantziako alderdi politiko nagusiek, lekuan lekuko konplizeekin, baimentzen dutelako, defendatzen dutelako eta horietarik batzuen kasuan, isiltasunaren aitzakipean egiterat uzten dutelako. Zuen ardurak hartzeko ordua da !

    Kasazio gorteak eman duen emaitzak ez nau harritu. Aspalditik genekien, euskal aferetan, espainiar eta frantziar justizien papera erabaki politikoak aplikatzea dela. Seysses-en presondegiratu nindutenetik jokoa Egina zen, beste guzia itsura hutsa zen, maskarada polit bat. Guzi hori beren helburuetara heltzeko, Batasuna eta ezker abertzale osoa behin betiko debekatzea, eta gehiago, hala iduritzen bazaie. Legez kanporatze iluna, eskuz eskuz Espainiarekin daramatena.

    Beste behin ere, argi gelditzen da estatu frantsesa euskal gatazkaren parte hartzaile zuzena dela. Euroagindu hau onartuz, Parisek bere hautu politikoak berretsi besterik ez ditu egiten : errepresioa eta Euskal Herriaren ukapena ; gatazkaren oinarrian den ukazioa. Ez da aterabide justurik izanen Frantziak ipar Euskal Herriaren izaera onartzen ez duen bitartean.

    Pausu errepresibo hau, ezker abertzalea gatazkaren konpontzeko prozesu demokratiko baten aldeko urratsak ematen ari denean gertatzen da. Nere kontrako euroagindua eta ezker abertzalea ilegalizaturik mantentzea oztopoak besterik ez dira bide hortarako. Gatazkaren aktore guziek parte hartu behar lukete prozesuan normaltasun osoz, eta zentzu hortan, ezker abertzalea legeztatua izan behar litzateke Euskal Herri osoan eta honen kontrako prozedura guziak bertan behera utziak.
    Errepresioa eta probokazio hauek direnak izanik ere, prozesu demokratikoaren aldeko engaiamendua berresten du Batasunak. Eta ahal dugun guzia aginen dugu hori bururaino joan dadin.

    Ez dut nere burua espainiar agintarien esku uzteko asmorik, ez eta Frantziari euroaginduaren aplikapena erresteko ere. Azken egunetan, nere biziak aldaketa zonbait izan ditu. Preseski, nere ekimen politikoa debekatua da Frantzian, Espainian eta Euskal Herrian. Ez dut gordetzea beste hauturik, Batasunaren baitan dudan ekimen politikoa segitu ahal izateko. Kontrol judiziala bertan behera uztea erabaki dut beraz eta nere burua ez gehiago publikoki erakustea. Euskal Herrian naiz, zuen artean, zuei esker eta atea ideki didaten hainbat eta hainbat lagun eta sustengatzaileri esker. Euskal Herrian bada sekulan kenduko ez diguten balore bat : elkartasuna.

    Milesker deneri, hurbilekoak, lagunak, militanteak, hautetsiak… egin duzuen lanagatik. Zuek gabe, guzti hau ez zitekeen posible izanen. Segi dezagun lanean, elkar gaitezen, errepresioaren kontrako harresia eraik dezagun denen artean, gatazka konpontzeko baldintzak eraik ditzagun, ipar Euskal Herriaren ezagutza politikorako baldintzak sor ditzagun.  
    Gutuna bukatzeko, militante presondegiratu edo iheslarientzat gogoeta bat izan dezazuen eskatzen dizuet, bai eta beren familientzat ere, urte ondarreko besta hauek, beren hurbilekoengandik urrun pasako bait dituzte.
    Milesker.

    Aurore Martin, le 20 décembre 2010


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  • Depuis 2002, les gouvernements successifs ont fait voter une quinzaine de lois pour étendre l’arsenal sécuritaire du pouvoir. Cette frénésie juridique est officiellement justifiée par la volonté d’adapter les outils répressifs aux nouvelles formes de criminalité, notamment les phénomènes de bande et les délits liés aux nouvelles technologies. 
    Derrière ces prétextes agrémentés de cas particuliers croustillants (agressions envers les personnes âgées, «pédopornographie»…),  se dessine un contrôle de plus en plus étroit de nos espaces de libertés et la privatisation croissante de ce contrôle. Dans cette optique, les nouvelles technologies, moins décriées quand utilisées par le pouvoir, sont largement mobilisées pour généraliser et automatiser la surveillance des populations. 
    Nouvelle incarnation de ce mouvement de fond, la Loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi 2) étend encore les possibilités techniques et juridiques de soumission de toutes les facettes de nos vies à une logique de contrôle tous azimuts. 
    Petit tour d’horizon des régressions en cours.


    Travail-Famille-Pavillon

    Au nom de la prévention d’éventuels «risques pour la salubrité, la sécurité ou la tranquillité publiques», le texte donne la possibilité au préfet d’expulser sous quarante-huit heures les occupants d’habitations hors normes ou illicites. Ces dénominations recouvrent pêle-mêle les campements, bidonvilles, mobil-home, maisons sans permis de construire ou les habitats choisis (yourtes, tipis, cabanes…). Les habitations incriminées pourront être détruites tandis que les occupants et les propriétaires des terrains, publics comme privés, se verront condamnés à de fortes amendes.

    Manipulant l’image d’individus vivant dans un dénuement extrême et la compassion ou la crainte qu’ils peuvent susciter, le pouvoir instrumentalise la misère qu’il a lui-même contribué à créer pour réduire les possibilités d’échapper à sa logique.

    Quelle comparaison établir entre la situation d’un sans-abri survivant sous tente au pied d’un pilier d’autoroute urbaine, et celle d’une famille établie en yourte au fin fond de la campagne bretonne ? Aucune si ce n’est qu’elles s’inscrivent toutes deux en marge du mode vie dominant.

    En gommant les distinctions entre ces marginalités, l’une subie, l’autre choisie, le pouvoir fait coup double : il accentue encore la gestion purement sécuritaire des exclus du système, et institue la prohibition des choix de vie réfractaires au système.

    Combiner droits de propriété et normes sanitaires et d’édification, est une figure de style classique des pouvoirs pour réduire l’emprise des populations sur leur choix de vie. Et toutes les occasions seront bonnes pour encore élargir les normes à respecter : détecteurs de fumée bientôt obligatoires, certification écologique… Autant de critères qui imposeront l’utilisation de matériaux, de techniques ou même de technologies spécifiques, ainsi que la contribution d’experts «agréés». Autant de limitations de l’autonomie des populations quant au choix de leur mode de vie. Autant d’injonctions à embrasser un modèle fondé d’un côté sur le salariat, et de l’autre la sollicitation de prestataires rémunérés pour chaque aspect de nos vies.

    LOPP-Story : la réalité devient télévisée

    Vous avez aimé la vidéosurveillance ? Vous allez adorer la «vidéoprotection». Armé de ce doux euphémisme, le texte autorise l’installation de caméras par les pouvoirs publics partout où bon leur semble. Les entreprises privées pourront faire de même aux abords de leurs locaux. Avec la miniaturisation des appareils, ceux-ci sont de plus en plus difficilement détectables. La couverture du territoire par vidéosurveillance est une «priorité» pour le gouvernement qui subventionne l’équipement des communes.

    Impossible de traiter toutes les images issues de ces dispositifs ? Que nenni, le texte s’appuie sur les solutions logicielles de traitement automatique de flux de données. Le pouvoir s’octroie la possibilité de vérifier la conformité de nos comportements dans l’espace public avec ce qu’il en attend ; et ce en tout lieu et à chaque instant. Un pas de côté qui n’entre pas dans les grilles d’analyse des sentinelles humaines ou numériques ? Ces dernières interpréteront votre attitude comme hostile, subversive ou simplement suspecte et lanceront la réaction «appropriée». Au nom de notre protection, c’est l’usage de notre espace commun qui se trouvera réduit à ce que nos gouvernants estiment légitime : aller bosser, consommer.

    «Premier Life», «Second Life» : même surveillance

    Beaucoup considèrent que les réseaux de communication numériques constituent de nouveaux espaces de liberté, loin des velléités sécuritaires des pouvoirs en place. Le gouvernement ne l’entend pas de cette oreille, car nul ne peut ignorer que la Toile est un sombre repère de terroristes et autres pédophiles. Le texte prévoit donc la possibilité d’intercepter les communications électroniques et de pénétrer à distance dans les machines des particuliers. Le pouvoir est aidé en ce sens par la structure de plus en plus centralisée des réseaux, et leur gestion par quelques grosses entreprises promptes à collaborer pour maintenir leurs bénéfices. Tout comme l’espace public, les réseaux numériques une fois nettoyés n’auront plus qu’une seule utilisation autorisée : les échanges commerciaux.

    Fichage judiciaire : marquage à vie du sceau de l’infamie

    Jusqu’à une époque récente, une personne condamnée par la justice pouvait bénéficier d’un «droit à l’oubli». Les années écoulées effaçaient progressivement les «erreurs de jeunesse» de la mémoire collective, et les outils bureaucratiques permettaient encore l'«enfouissement» des dossiers. Avec l’instauration des fichiers numériques judiciaires et de police, la donne est radicalement changée. Car un fichier ne s’efface pas de lui-même et a rarement des trous de mémoire. Or la Loppsi propose d’étendre les possibilités d’inscription d’un individu dans ces fichiers. Les données relatives à une personne innocentée ne seront plus systématiquement supprimées. Alors que la taille excessive de ces fichiers et la véracité des éléments qu’ils contiennent sont largement remises en cause, il va être encore plus difficile d’en sortir. En outre, le texte prévoit l’interconnexion entre plusieurs de ces fichiers. Les recherches croisées au travers de ces différents fichiers réduiront encore les mailles du filet bureaucratique. La constitution de cette base de données conduira à la mise en place d’une hypermnésie institutionnelle revancharde, rappelant ad vitam aeternam que tel individu a un jour enfreint la loi.

    Embaucher la moitié de la classe populaire pour surveiller l’autre…

    La mise en application des mesures de la Loppsi et des lois qui l’ont précédée va générer activité et richesse, en quantité proportionnelle aux atteintes pour nos libertés que constituent ces textes, c’est-à-dire beaucoup. Or, dans notre monde libéral, aucune richesse ne saurait échapper à la voracité des «entrepreneurs» et autres «investisseurs». Les délégations de service public se multiplient et le marché de la sécurité intérieure explose. Devant le nombre croissant d’acteurs privés intervenant dans le domaine, le texte prévoit la mise en place d’un «conseil national des activités privées de sécurité», chargé entre autre «d’assurer la discipline de la profession» et de «préparer un code de déontologie». En affichant une volonté régulatrice voire «moralisatrice» du domaine d’activité, ce conseil n’a qu’un but : légitimer les appétits des officines privées pour le formidable gâteau sécuritaire. Au passage, cela permet de désamorcer les critiques d’esprits obtus, susceptibles de s’alarmer de la présence de motivations commerciales dans un domaine si sensible pour nos libertés individuelles. «Dormez tranquilles» semble nous répondre ce conseil, puisque la solution ultime est simplement de «surveiller les surveillants».

    Au-delà des atteintes à nos libertés individuelles, Loppsi 2 est un pas de plus dans la soumission de nos vies à la logique capitaliste. Un outil de destruction des autonomies populaires, visant à nous plonger dans le moule du salarié-consommateur, à criminaliser les alternatives à ce modèle et traquer ses réfractaires par un contrôle généralisé. Comble du cynisme ou simple cohérence idéologique, la gestion de ce contrôle accru est elle-même considérée comme source de profits.

    Antoine. STE-93.




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  • A propos du Verdict du procès en appel des anarchistes de Lecce


    Comme d’habitude avec la justice du système, les choses ont mal tourné pour les compagnons lors du procès : non seulement certaines des requêtes du procureur ont été acceptées, mais en plus, ceux qui avaient été acquittés en première instance ont également été condamnés Le détail du verdict ici.

    L’histoire est maintenant bien connue. L’opération Nottetempo a commencé en mai 2005 lorsque des perquisitions ont été menées dans toute l’Italie et que cinq compagnons de Lecce ont été arrêtés et emprisonnés pendant près de deux ans de préventive. La principale raison de cette opération judiciaire contre les anarchistes, c’est la lutte tenace que les compagnons avaient menée contre le tristement célèbre centre de rétention de Regina Pacis (qui a finalement fermé ses portes notamment grâce à cette lutte), géré par l’Église et situé dans le Salento (à Lecce), la zone la plus méridionale de la région des Pouilles (au sud de l’Italie).

    Après une longue série d’audiences au cours desquelles plusieurs témoins sordides de l’accusation donnèrent libre cours à des déclarations délirantes, la thèse selon laquelle les compagnons faisaient partie d’une association subversive à finalité terroriste a été rejetée. Toutefois, en raison de fortes pressions exercées par le puissant clergé local et ses alliés politiques, quatre des douze accusés ont été condamnés pour crime organisé, dont deux pour des crimes spécifiques et les autres ont été acquittés. Insatisfait de ce résultat, qui était fou dans tous les cas, le procureur Lino Giorgio Bruno a fait appel, puisque son intention était de condamner les anarchistes de Lecce pour une association subversive. A vrai dire, c’était la carrière de cet ignominieux fonctionnaire du pouvoir qui était en jeu. Il espérait devenir célèbre en étant le magistrat qui a finalement réussi à condamner des anarchistes en s’appuyant sur l’article 270 bis du code pénal italien (association subversive à visée terroriste), une tâche dans laquelle beaucoup de ses collègues italiens avaient échoué, à de nombreuses reprises.

    Par conséquent, après quelques années de reports, la cour d’appel est finalement parvenue à une nouvelle conclusion stupéfiante : les douze anarchistes initialement accusés ont été condamnés selon l’article 270 (sans bis), c’est à dire sans association subversive à visée terroriste. La plus lourde des peines a été infligée aux quatre compagnons condamnés en première instance, l’un d’eux considéré comme fondateur de « l’association », tandis que deux autres accusés ont vu leurs peines augmenter et que les acquittés du premier procès ont été condamnés à des peines allant de un an à un an et huit mois d’emprisonnement. Le tribunal a également décidé que tous les accusés étaient coupables d’avoir poussé les immigrés emprisonnés de Regina Pacis à commettre des crimes, se référant à deux épisodes de révolte durant lesquels certains avaient tenté de s’évader. Il est donc clair que le véritable objectif de cette cour est de condamner la lutte contre Regina Pacis et, dans une plus large mesure, toute autre lutte de ce genre.

    En attendant que les compagnons impliqués nous donnent plus de détails, nous pouvons simplement exprimer notre dégoût total pour ce misérable procureur, ses associés répugnant de la scène politique locale et les membres honteux du clergé de Lecce.

    Aucun tribunal ni aucun agent du pouvoir ne pourra empêcher les exploités de se révolter.

    Feu à toutes les prisons !

    Un complice des anarchistes accusés.

    *****************

    Voilà le détail des peines, selon le journal local ...

    Salvatore Signore (fondateur de "l'association") à 5 ans et 5 mois

    Saverio Pellegrini à 2 ans et 8 mois 

    Cristian Paladini à 2 ans et 7 mois

    Alessandro De Mitri à 1 an et 7 mois 

    Marina Ferrari à 1 an et 11 mois

    Massimo De Carlo à 1 an et 6 mois

    Annalisa Capone et Andrea D’Alba à 1 an et 8 mois

    Davide Margari, Cinzia Serra et Saverio Alemanno à 1 an et 4 mois

    Laura Prontera à 1 an

     


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