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    D'importantes forces de l'ordre ont été déployées en Algérie en prévision de manifestations «pour changer le système» samedi à 11 h, à l'appel de la CNDC.

    Plusieurs marches ou rassemblements sont prévus à travers le pays, mais à Alger, les forces de police, venues en nombre – entre 25 000 et 30 000 selon la presse –, étaient visibles dès vendredi.

    La marche d'Alger n'a pas reçu d'autorisation en vertu d'une interdiction en vigueur depuis 2001. Les manifestants ont néanmoins rendez-vous à la Place de la Concorde (Place du 1er Mai) à 11 h  pour se rendre à la Place des Martyrs aux pieds de la Casbah et à l'entrée de Bab el Oued.

    A Oran, à 430 km d'Alger, la wilaya a refusé l'autorisation de manifester. Mais la CNCD maintient son mot d'ordre et appelle à un rassemblement Place du 1er Novembre devant la mairie dans des tracts qu'elle distribuait jeudi encore dans cette grande ville de l'ouest algérien.

    D'autres villes entendent aussi répondre à l'appel dont, sur la côte est, Boumerdes, Bejaïa, puis, au sud-est d'Alger Tizi Ouzou, principale ville de Kabylie, et à l'ouest, Tipaza, notamment.

    Enfin, dans la principale ville de l'est algérien, Annaba, des tracts appelant les citoyens à participer à la marche ont été interceptés par les forces de l'ordre ces derniers jours. Une source policière les a qualifiés de "démoralisateurs" et de menace pour la sécurité des biens et des personnes.


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  • Après la Tunisie, l’Egypte ? L’Occident retient son souffle…

    Daniel VANHOVE

    Dans la succession d’informations qui déferlent à propos des évènements en Tunisie et en Egypte, tentons de voir clair :

    1er constat : après Ben Ali et comme la plupart des dirigeants du monde arabe, l’autoritaire président Mubarak s’accroche à son trône de manière pathétique. Sa position n’a rien de surprenant et ne fait que confirmer que ceux-là n’ont toujours rien compris aux changements profonds qui secouent les sociétés de par le monde. Je l’ai dit et répété à plusieurs reprises : les moyens de communication modernes changent radicalement les données. Ne pas le voir, ne pas le comprendre révèlent l’incompétence de ceux qui se maintiennent et s’accrochent à leurs privilèges éhontés que désormais ne tolère plus la grande majorité des citoyens informés. Pris de panique par le déferlement populaire, la réaction de ces potentats dépassés n’a-t-elle pas été de couper les moyens de communication et de s’isoler un peu plus, pour tenter de faire régner sans témoin, l’ordre de la terreur ? Ramenant ainsi leur pays à des copies de la Corée du Nord ou de la Birmanie ?...

    2è constat : à l’instar de l’ex-président Ben Ali, et ne comprenant décidément rien au profond bouleversement du pays, le vieux raïs n’a pas trouvé mieux que de licencier son précédent gouvernement pour en promettre un nouveau, et de nommer deux militaires pour l’entourer : Omar Suleiman, ancien compagnon d’armes et ancien chef des services de renseignements – passant plus de temps à Tel-Aviv qu’au Caire – comme vice-président ; et Ahmed Chafiq, ancien chef d’état-major de l’armée de l’air comme formateur du nouveau gouvernement. En outre, les milices qui pillent et dévastent le pays sont lâchées, afin de créer le chaos et d’effrayer le peuple. En d’autres mots, l’appel à Mubarak de certains leaders occidentaux à plus de démocratie se solde par un trium virat d’anciens militaires à la tête de l’Etat. Conséquence immédiate : le survol de la capitale par des hélicoptères et des avions de chasse à basse altitude.

    Dans quelles intentions : le régime va-t-il bombarder sa population !? Que ceux qui hésitent encore sur les objectifs de l’actuel président y trouvent un début de réponse… et ne s’étonnent pas que malgré le couvre-feu décrété par l’armée depuis trois jours, les Egyptiens, courageux, continuent à manifester. Mais le tyran Mubarak ne se laissera pas détrôner sans tenter le tout pour le tout. Et ce soir, d’après la chaîne Al Jazeera, sombre présage, un ex-colonel de la police et un militant des Droits de l’Homme alertent l’opinion qu’Israël aurait livré au pouvoir égyptien par trois avions via Chypre, du matériel sophistiqué : pistolets télescopiques pour snippers, pistolets à guidage laser, caisses de munitions, containers de bouteilles de gaz lacrymogène asphyxiant… et que la police serait de retour dans les rues du pays. Le pouvoir envisagerait-il l’usage de la force pour se maintenir en place, au risque d’un bain de sang ? Dans tous les cas, la préparation active à l’évacuation des ressortissants américains n’est pas de bon augure…

    3è constat : les alliés du régime en place ne semblent pas vouloir comprendre ce qui se passe dans les sociétés arabes. Plutôt que d’écouter les récriminations et la volonté des peuples muselés depuis des décennies, les dirigeants de nos pays écoutent leurs conseillers et leur personnel diplomatique, ces « experts » encravatés qui manient la langue de bois et gèrent tout cela bien à l’abri, en bons technocrates surpayés que sont la plupart d’entre eux. Sans oublier que l’une ou l’autre capitale européenne, complices de ces régimes, abritent déjà des membres de la famille Mubarak en déroute. Résultat : les habituelles déclarations de nos ténors politiques vont de la « vive préoccupation » à la « demande de retenue » de la part des forces de l’ordre à l’égard des manifestants. En d’autres mots, quel courage face aux réalités sur le terrain ! Faut quand même être sacrément couillon pour penser que de telles exhortations vont influencer ou changer d’un iota le cours des choses !

    4è constat : on a pu le lire et l’entendre à plus d’une reprise ces derniers jours : l’Egypte n’est pas la Tunisie ! Merci à tous ces éclairés de combler ainsi notre ignorance. C’est probablement la raison pour laquelle l’administration US hésite encore à lâcher le dictateur du Caire comme elle l’a fait avec celui de Tunis, empêtrée comme toujours dans son double langage. Et son poulain, Mohamed El Baradeï, ancien chef de l’AIEA (Agence Internationale pour l’Energie Atomique) n’est peut-être pas encore prêt pour prendre la relève – comprenez, il faut l’encadrer et lui assurer une équipe qui sera docile aux injonctions américaines. Une dérive incontrôlable d’un tel pays n’est pas acceptable pour les Etats-Unis qui feront tout pour y maintenir leur emprise. Nul doute que dans les prochains jours, des « experts » en communication vont nous préparer l’exemplaire biographie de cet opposant au régime actuel, pour nous le présenter, le cas échéant, en rédempteur de la patrie.

    Il en aura bien besoin, lui qui est plus connu à l’extérieur qu’à l’intérieur de son pays… Et où l’on peut comprendre qu’une fois de plus, ce qui se profile derrière tout cela, sont les intérêts de l’entité sioniste avec laquelle le président égyptien collabore allègrement depuis des années. La plus grande prudence est donc de mise. Parce que derrière les intérêts sionistes, il y a ceux des USA – et de l’Occident – pour lesquels une présence en pays arabes est indispensable vu les énergies fossiles considérables que ces pays renferment encore. Avant de lâcher Mubarak, les autorités US doivent donc cadenasser la relève et assurer la « transition » (terme utilisé par H. Clinton ce soir) de la manière la plus habile possible. L’on peut être certain que les communications entre Tel-Aviv et Washington sont nombreuses en ces heures cruciales…

    5è constat : où sont donc nos habituels arrogants au verbe haut et la jactance acerbe dès qu’il s’agit de caricaturer ces populations considérées comme attardées et de les fustiger pour une exécution sommaire, eux qui soutiennent l’envoi de nos troupes dans nombre de ces pays, ne pipent mot sur les tortures pratiquées dans les prisons de Guantanamo et Abou Ghraïb, et préfèrent nos méthodes civilisées qui désintègrent ces anonymes par une technologie de pointe mortifère !? Où sont donc ces pédants suffisants dont les médias complices se font les relais complaisants pour nous aliéner à leurs mauvais procès !? Où se cachent-ils en ces heures décisives où il faudrait dénoncer l’extrême violence de ces régimes à l’encontre de leur peuple et le nombre dramatique de victimes que la répression policière provoque ? A moins qu’ils ne soient sidérés au point de ne rien comprendre à ce qui se joue-là et d’être ainsi réduits au silence par la rue arabe qui leur cloue le bec !? Si c’est le cas, certains pourront dorénavant être plus modestes dans leurs commentaires à l’égard des populations de ces pays qualifiés tellement souvent d’arriérés en réfléchissant à la leçon de courage et de dignité qu’ils nous donnent !

    6è constat : on a pu lire aussi, dans l’exaltation de ces jours d’insurrection, que l’exemple tunisien allait se répandre telle une traînée de poudre au Maghreb, puis au Machreq… pour gagner peut-être tous les pays arabes et musulmans… comme si ceux-là étaient seuls à devoir se libérer d’une oligarchie qui les dominait… Et nous alors !? Même si comparaison n’est pas raison, qu’attendons-nous pour prendre exemple sur ces pays ? Allons-nous nous contenter d’assister à ces insurrections en espérant sans bouger, qu’elles gagnent nos capitales ? Car il est bien connu n’est-ce pas, que chez nous en Occident, nos manifestations se déroulent en chantant ou sur fond de musique branchée… avec les résultats que l’on connaît : les acquis sociaux s’amenuisent à vue d’œil, et le caractère démocratique de nos Etats se réduit comme une peau de chagrin, ce qui nous renvoie à nous-mêmes et au courage dont nous sommes encore capables pour résister à ce dépeçage organisé. Dès lors : merci à la jeunesse de ces pays arabes de nous rappeler que face aux ploutocrates qui nous promènent de promesses non tenues en trahisons successives, la justice et l’égalité des droits pour chaque citoyen ne s’obtient JAMAIS sans lutte farouche et parfois même violente.

    Qu’il me soit alors permis de conclure ce billet une fois de plus par l’entremise du philosophe André Conte-Sponville lorsqu’il écrit : « Combien n’ont rêvé la victoire que pour mieux fuir le combat ? »

    Daniel Vanhove
    Observateur civil
    Auteur

    URL de cet article 12651
    http://www.legrandsoir.info/Apres-la-Tunisie-l-Egypte-L-Occident-retient-son-souffle.html
     

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  • Cela fait environ un mois que le très virulent virus V1R1 2.0, celui de la grippe démoviaire, s’est abattu sur la Tunisie et que le monde civilisé tremble : le régime de Ben Ali paraissait si sain et robuste que personne n’imaginait un tel dénouement. Maintenant que l’épidémie s’étend à l’Egypte et à l’Algérie, les pronostics les plus pessimistes semblent se confirmer : une pandémie mondiale n’est malheureusement plus à exclure.

    Pandémie démocratique au Maghreb - l’angoisse de la contagion

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    « Scandaleux ! J’ai tiré la sonnette d’alarme et personne n’a écouté. On m’a traînée dans la boue pour avoir charitablement proposé le savoir-faire français en la matière aux pays sinistrés. Du matériel prophylactique a même été stoppé à Roissy, pour des raisons que je n’hésiterais pas à qualifier d’obscures. Et maintenant que d’autres pays sont touchés, ils viennent tous pleurer. J’ai envie de dire : qu’ils se démerdent...  »


    La ministre des Affaires étrangères Michelle Alliot-Marie – la première à avoir agité le spectre de la pandémie avec un certain colonel Khadafi – ne mâche pas ses mots quand on l’interroge sur la situation sanitaire au Maghreb. Alors que les États occidentaux s’avouent de plus en plus préoccupées par cette vague inédite de grippe démoviaire, MAM préconise désormais un plan « vigie-démos », seule remède à l’aggravation de la situation.

    « Il faut agir drastiquement, et dès maintenant, pour stopper la contagion. Les vecteurs d’épidémie, on les connaît : le contact numérique – Facebook, Twitter, etc... – et, surtout, le contact corporel lors de manifestations. Pour y remédier, il faut interdire tout rassemblement. Quant aux personnes infectées, elles doivent immédiatement être hospitalisées : si les lieux adéquats affichent complets, il ne faut pas hésiter à réquisitionner les prisons. C’est une question d’humanité. »

    Un enfant infecté brandit devant les caméras sa demande sanitaire : un traitement lacrymogène, seul à même d’endiguer le mal.

    Jusqu’ici, le scénario catastrophe semblait peu probable. Le Virus R1V1 2.0, également nommé grippe démoviaire, paraissait se cantonner à un périmètre limité, immédiatement placé en quarantaine. En clair : la Tunisie était perdue, mais il y avait bon espoir qu’elle soit la seule touchée par la pandémie. Un optimisme qui n’est plus de mise, puisqu’il est désormais établi que le virus a sauté les frontières, prenant ses aises en Égypte et en Algérie. Plus que jamais, il faut donc stopper l’hémorragie. Une question de vie ou de mort (démocratique).

    Epidémiologiste de renom, l’expert Xavier Rauffer explique - pour sa part - que le Maghreb est particulièrement exposé à ce types d’infection : «  Il y a plusieurs raisons à la diffusion éclair du virus dans ces régions. La présence d’agents immuno-dépresso-islamistes, qui aggravent le risque de propagation. Et aussi, le fait que le déficit en matière de personnel soignant soit criant. Pour ne rien arranger, ce dernier est insuffisamment armé pour affronter efficacement ce type de situation : matraques prophylactiques, armures de protection et gaz lacrymo-immunitaires font trop souvent défaut. On se croirait en mai 68, quand l’anarcho-virus avait le champ libre. Bref, il faut rétablir l’ordre sanitaire. Et vite ! »

    Ce n’est pas la première fois que la civilisation humaine fait face à une épidémie de ce type. Personne n’a oublié les phases épidémiques des années 1960 et 1970, quand le vaccin néolibéral n’avait pas encore été inventé et que les médicaments autoritaires restaient limités.

    Depuis, le mal a été endigué en Europe et dans le reste du monde occidental. Mais si les nations riches ont su se mettre à l’abri, certaines parties du monde restent à la merci du virus de la grippe démoviaire. De quoi alarmer les plus hautes autorités, et jusqu’à un président Sarkozy se disant « très concerné et touché » lors d’une récente conférence de presse : «  Combien de temps allons-nous rester insensibles à la détresse des populations soumises au virus démocratiques ? Pouvons-nous rester bras ballants devant la contagion annoncée ? Non, trois fois non !

    D’autant que les remèdes sont à notre portée : le cas cubain, par exemple, montre bien qu’il est possible de faire refluer le virus par des administrations régulières d’autoritarisme. M. Moubarak et M. Bouteflika peuvent donc compter sur nous : nous ferons tout pour les soutenir dans cette passe difficile.  » Jolie preuve que les basses querelles politiciennes peuvent parfois s’effacer devant l’intérêt du monde libre, l’opposition socialiste a positivement réagi à ce message fédérateur. Et à appelé, en la personne de Mme Royal, à « l’union sacrée » - rien de moins... - contre le risque de contagion : «  Pour avoir personnellement côtoyé une des récentes victimes de l’épidémie tunisienne (et non des moindres), je peux vous dire que je suis sensible à ce combat et que le PS fera tout pour lutter contre ce fléau.  »

    Précédent historique : un malade cubain en cours de traitement

    Reste à savoir si les remèdes prônés - somme toute assez classiques - seront à même de faire échec à un virus particulièrement résistant et mutant. R1V1 2.0 a en effet su évoluer à une rapidité inquiétante, et la souche pathogène n’a fait que peu de cas des premiers traitements d’urgence. En Tunisie, le répit offert par la constitution d’un gouvernement fantoche, copie presque conforme de ceux (successifs) de Ben Ali, n’a été que de très courte durée : en l’espace de deux jours, les malades conspuaient déjà les hommes liges d’un pouvoir n’ayant de nouveau que le nom. Nombre de Tunisiens semblent avoir développé une forme aiguë de la maladie.

    Les symptômes ? Une soif grandissante de révolution, de liberté et d’égalité, le tout dépassant, et de loin, le simple rejet d’un régime corrompu. À tel point que certains experts se font alarmistes. « La pandémie a atteint un stade critique : si le virus continue à se répandre, il ne sera plus possible d’y faire échec. Il existe bien des vaccins efficaces contre l’agent pathogène de la révolte, mais aucun n’est réellement à même de mater une révolution », s’inquiète ainsi un conseiller du ministère français de la Santé. Et de conclure sur ces termes, alarmiste : « Je ne veux faire peur à personne, et il faut éviter tout mouvement de panique. Mais... les conditions d’une contagion européenne sont désormais réunies. »

    Notes

    [1] Ce pastiche s’appuie sur un constat : l’usage récurrent par certains médias du terme de "contagion" pour évoquer la possibilité que la révolte tunisienne s’étende aux pays voisins. Un choix lexical pour le moins maladroit - voire très révélateur - puisque le mot se définit ainsi : « La contagion est le fait de transmettre une maladie de façon directe ou indirecte. » Une maladie, la révolte populaire ? C’est sans doute l’inconscient qui parle...

     

     

    À preuve, ce titre de Paris-Match dans son édition électronique du 24 janvier, Maghreb : craintes et contagion, cet autre du Monde en date du 18 janvier, Les obstacles à une contagion de la contestation au Maghreb, et ce troisième par l’inénarrable Jean-Michel Aphatie sur RTL : La contagion tunisienne. Quelques exemples parmi d’autres, tant le terme a été utilisé à foison et encore bien davantage dans le corps des articles qu’en titraille. L’aspiration à la liberté est contagieuse : les journalistes et éditocrates savent décidément fort bien rappeler, à l’attention de ceux qui l’auraient oublié, dans quel camp ils se rangent...

    Mais il y a pis : pour les lecteurs qui n’auraient pas saisi toute la charge péjorative contenue dans le terme "contagion", quelques gens de presse ont cru bon d’y accoler le mot "risques". Ainsi du Parisien, qui a titré le 16 janvier sur De sérieux risques de contagion dans le monde arabe, de La Dépêche, dont l’éditorial du 17 janvier est intitulé Tunisie, des risques de contagion, ou du chercheur Pascal Boniface, dont l’entretien accordé sur le sujet au Parisien est titré Il y a un risque de contagion au Maghreb...
    Mais c’est Le Monde - encore lui... - qui a su le mieux dire la peur du soulèvement populaire et de son extension à toute la région, sa Une du 19 janvier résumant parfaitement les craintes et angoisses d’une petite élite face au renversement de l’ordre établi. Maghreb : les risques de la contagion tunisienne s’affiche ainsi en gros, sur deux colonnes et en tête de la première page. De quoi prendre peur, non ?

    Au moins, les choses sont claires...


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  • Photo prise le 7 janvier dernir à Alger.

    Deux jours après la chute de Ben Ali en Tunisie, les yeux se tournent désormais vers le reste des pays arabes et du Maghreb. La révolution des jasmins peut-elle se propager à d’autres pays qui connaissent les mêmes problèmes ? La semaine dernière en Algérie, de violentes émeutes ont secoué le pays. Pendant cinq jours, la jeunesse est descendue dans la rue pour dénoncer ses mauvaises conditions de vie. Mais contrairement à ce qui s’est passé en Tunisie, le mouvement n’a pas dépassé le stade des émeutes de jeunes. La société civile et les partis d’opposition, que le gouvernement a tout fait pour casser et pour les priver de tous les moyens de lui nuire, n’ont pas rejoint le mouvement. Et le calme est revenu sans apporter le changement politique rêvé par beaucoup d’Algériens.

    Contre les violences, la tactique de la marginalisation

    Petit retour en arrière. Mercredi 5 janvier, des violences éclatent dans la soirée dans le quartier populaire de Bab el Oued à Alger. Des jeunes manifestent contre la flambée des prix de certains produits de base comme le sucre et l’huile qui touche le pays depuis le début de l’année 2001. Un peu plus tôt dans la journée, ce sont plusieurs quartiers d’Oran, la deuxième ville du pays, qui se sont embrasés. Dès le lendemain les émeutes gagnent en intensité et se propagent à une dizaine d’autres villes du pays. Partout le même scenario. Des centaines de jeunes descendent dans les rues et se confrontent violemment à la police et aux forces anti-émeutes qui tentent de maintenir l’ordre. Ils lancent des pierres et s’attaquent aux bâtiments des services publics, aux administrations, mais aussi à certains commerces, notamment ceux qui leur renvoient l’injustice qu’ils vivent au quotidien. Des concessionnaires automobiles et un restaurant à la mode sont saccagés. Ces violences vont durer cinq jours.

    Pour éviter la propagation à d’autres franges de la société, les autorités algériennes tentent de marginaliser le mouvement. D’abord en gardant le silence. Ni le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, ni le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, ne s’expriment, renforçant par là même le sentiment de divorce avec la population. Le ministre de la Jeunesse, Hachemi Djiar, dénonce lui l’action des jeunes en affirmant que la violence « n’a jamais donné des résultats, ni en Algérie ni ailleurs », et les appelle à « dialoguer de façon pacifique et civilisée, loin des actes de vandalisme qui ne mènent nulle part ». Sur le terrain les policiers reçoivent la consigne de limiter au maximum l’affrontement direct et de ne pas faire de blessés parmi les manifestants. Ils utilisent des gaz lacrymogènes et des balles à blanc. Mais deux jeunes sont tués. L’un touché par un tir à balle réelle et l’autre mortellement blessé après avoir reçu une grenade lacrymogène au visage. Au total, mille personnes seront arrêtées, et huit cents blessées dont sept cents parmi les forces de l’ordre selon les chiffres officiels.

    Une même revendication : plus de liberté

    Les médias publics taisent pendant trois jours ce qui se passe dans le pays. Quand la télévision et la radio d’État évoquent pour la première fois les violences, c’est pour donner la parole aux habitants qui se plaignent des dégâts causés par les manifestants. Mais la presse privée et surtout Internet relaient le mouvement. Sur les réseaux sociaux, les images des émeutes circulent presque instantanément. Des dizaines de « groupes » et de « forums » sont créés, malgré les difficultés que connaissent les internautes pour se connecter. Pendant plusieurs jours, Facebook et Twitter seront ainsi quasi inaccessibles. Une censure qui accroit la solidarité entre Algériens et Tunisiens, qui se battent finalement pour la même chose : plus de liberté. Car aux mots d’ordre initiaux sur la cherté de la vie, ont succédé des revendications plus profondes sur les conditions de vie d’une jeunesse sans espoir ni perspectives d’avenir. « Ces populations expriment des préoccupations non seulement d’ordre social, mais aussi d’ordre économique, culturel, cultuel (…) Aujourd’hui, ce mouvement contestataire multiforme, qui a tendance à se radicaliser et à être de plus en plus violent, se propage dans d’autres régions du pays et touche les petites villes et les localités notamment de l’extrême sud, connues pourtant pour leur calme imperturbable », analyse le sociologue Nacer Djabi.

    Face à cette détresse, le gouvernement ne propose que des mesures économiques et strictement conjoncturelles : des exonérations de charges pour faire baisser les prix de l’huile et du sucre. Pour les Algériens c’est un nouveau scandale. Pour beaucoup, les importateurs et les grossistes, qui ont construit leur richesse par la corruption et le détournement de la manne pétrolière, renforcent encore un peu plus leur position dans un pays qui importe la grande majorité des biens qu’il consomme. D’ailleurs, certains les accusent d’avoir sciemment déclenché ces « émeutes de la faim » pour mettre en difficulté les autorités qui tentent en ce moment de reprendre la main sur le commerce informel qui gangrène l’économie du pays.

    Dans le fond, rien n’est réglé

    Aujourd’hui, le calme est revenu dans le pays mais dans le fond rien n’est réglé. L’émeute semble être devenue le seul moyen d’expression et de rébellion d’une population ignorée de ses dirigeants. Le pays a d’ailleurs connu d’autres mouvements de protestation ces derniers mois, pour réclamer des logements, la construction de routes, etc. À chaque fois, ces mouvements s’éteignent aussi vite qu’ils ont commencé. Difficile alors de croire à un changement imminent. L’opposition a pourtant décidé ces derniers jours de prendre le relai sur le terrain, sans doute piquée au vif par la réussite de la protestation chez le voisin tunisien, souvent moqué de ce côté de la frontière. Mais la situation en Algérie est différente de celle de la Tunisie et la mobilisation est difficile. La population qui a vécu plus de dix ans de terrorisme craint toujours un retour à la violence et une récupération d’un éventuel mouvement par les islamistes. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie, parti laïc dirigé par l’opposant Saïd Sadi, appelle tout de même à une marche samedi prochain à Alger. Une marche que le pouvoir algérien a d’ores et déjà interdite.

    Images CC Flickr magharebia et amekinfo

    Source OWNI


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  • Le Maghreb en révolution

    publié par roland (webmaster) Aujourd'hui 08H13 
    Le Maghreb en révolution
    Auteur : Pierre PICCININ - Source : Courriel de l'auteur

    MaghrebDepuis trois semaines, le Maghreb est en révolution.

    Pourtant, les principaux journaux officiels et les télévisions d’Europe ne parlent que fort peu de ce qui est en train de se passer en Tunisie, mais aussi, à sa suite, en Algérie et au Maroc.

    Alors que ces peuples, nos anciennes colonies, proches de l'Europe, qui furent parties de l'Empire romain (excusez l'humaniste de formation qui s'exprime) et devraient être parties de l'Union européenne depuis longtemps déjà, sont en train de s'affirmer, ne les saluerons-nous pas? Ne les appuierons-nous pas? 1792 est-il donc si loin?

    Tout est parti de Tunisie, une dictature soutenue par l’Europe, une dictature où syndicalistes et journalistes sont emprisonnés et éliminés physiquement, sans que nos gouvernements n’y trouvent à redire : un jeune homme, Mohammed Bouaziz, à vingt-six ans, s’est suicidé par le feu en pleine rue, le 18 décembre dernier, épuisé par la misère et la tyrannie du président Ben Ali, le grand ami de l’Occident.

    Sans tarder, une manifestation sans précédent a envahi les rues de la petite ville de Sidi Bousid. Et la colère s’est répandue ; la révolte a fait tache d’huile et s’est métamorphosée en révolution. Travailleurs pauvres, ouvriers, puis ingénieurs, médecins, avocats, fonctionnaires et étudiants, tout un peuple lassé de la dictature et de la misère a emboîté le pas à cette révolte qui s’est muée en révolution.

    La Tunisie, cette dictature à deux heures de vol des charters de touristes inconscients du Club Med, vacille enfin.

    La police a été envoyée contre la population ; elle a ouvert le feu, à balles réelles, mais n’a pas pu arrêter le mouvement.

    De Tunisie, la révolution a gagné l’Algérie voisine, puis le Maroc : quand Tunis éternue, pourrait-on dire désormais, c’est le Maghreb qui s’enrhume.

    Après la Tunisie, la révolte sociale a gagné l’Algérie. Depuis plusieurs jours, Alger est en proie à un soulèvement populaire sans précédent depuis la guerre d’indépendance. Les masses populaires, mais aussi la classe moyenne, ruinées par la crise économique et la hausse spectaculaire du prix des produits de première nécessité, ont envahi les rues de la capitale.

    Aux dernières nouvelles, le président Bouteflika et la minorité aisée qui met depuis des années le pays en coupe réglée auraient quitté Alger.

    Au Maroc, de grandes manifestations se sont mises en branle : la richesse du pouvoir royal, les palais immenses qui narguent, à travers tout le pays, la misère du peuple entassé dans la précarité des médinas, a suscité une réaction de grande ampleur. Dans ce pays, la révolution semble mieux organisée, par une opposition bien structurée.

    Partout, les opposants à ces gouvernements corrompus s’organisent grâce à internet.

    C'est ainsi une révolution populaire qui secoue le Maghreb, un mouvement unique qui tente sa chance, pour la démocratie et le bien social. Mais, sans notre aide, sans notre cri, elle va s'éteindre dans la répression. Et cette chance sera perdue pour eux et pour nous, pour encore trente ou cinquante ans.

    C'est d'eux, pourtant, dont nous avons besoin, pas de l'anti-culture états-unienne.

    Hélas, nos gouvernements s’accommodent très bien de ces régimes, qui leur assurent obédience et stabilité au Maghreb.

    Criez, disais Voltaire, criez! L'opinion publique fait trembler les trônes des tyrans. Contre les assassins juridiques, il n’y a d’espoir que dans le cri public! Que l’opinion publique braille aux oreilles de nos dirigeants! Que l’opinion publique exige! Alors, crions! Crions! Crions-le à la Terre entière!

    N'abandonnons pas ces femmes et ces hommes, qui espèrent et nous attendent, sur l'autre rive du grand lac Méditerranée.

    Pierre PICCININ

    Professeur d’histoire et de sciences politiques (Ecole européenne de Bruxelles I)


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  • L'ONU refuse d'enquêter sur les violences au Sahara occidental


    Alexandra Geneste
    Isabelle Mandraud



    Réuni à huis clos, mardi 16 novembre, sur la question du Sahara occidental, le Conseil de sécurité des Nations unies a "déploré" les violences survenues huit jours plus tôt à El-Ayoun, lors du démantèlement d'un camp de protestataires sahraouis par les forces marocaines, mais a refusé d'ouvrir l'enquête réclamée par le Front Polisario.

     

    "Nous aimerions bien savoir ce qui s'est passé", a lâché à l'issue de la discussion, dépitée, l'ambassadeur d'Ouganda auprès de l'ONU. Ruhakana Rugunda comptait parmi les diplomates soutenant la requête du Polisario d'envoyer une mission d'enquête à El-Ayoun, principale ville du Sahara occidental, après l'assaut donné par la police marocaine contre le camp de tentes d'Agdim Izik, où plusieurs milliers de Sahraouis s'étaient installés depuis le 10 octobre pour protester contre leurs conditions de vie.

    Depuis, les deux parties, qui s'opposent depuis trente-cinq ans sur le statut du Sahara occidental annexé par le Maroc en 1975, s'accusent mutuellement et se renvoient des chiffres contradictoires sur le nombre de victimes. Selon les autorités marocaines, douze personnes ont péri dans les affrontements - dix membres des forces de sécurité et deux civils ; pour le Polisario, trente-six Sahraouis auraient été tués et des centaines d'autres blessés.

    Mardi, après avoir écouté le compte rendu du numéro deux du département des Opérations de maintien de la paix, l'Indien Atul Khare, et de l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara, l'Américain Christopher Ross, les quinze pays membres n'ont pas souhaité aller plus loin. Le représentant du Polisario à l'ONU, Ahmed Boukhari, qui parle de "massacre", et cite des cas de Sahraouis battus et torturés par les forces marocaines après leur arrestation, a fait savoir que son organisation continuerait à demander l'ouverture d'une enquête, soulignant que ses conclusions "auront un impact sur le processus de paix". De son côté, l'ambassadeur du Maroc auprès de l'ONU, Mohammed Loulichki, a assuré que son gouvernement n'avait "rien à cacher".

    Pour le ministre des affaires étrangères marocain, Taib Fassi Fihri, qui s'est exprimé lundi à Rabat, "l'Algérie et le Polisario ont adopté une stratégie de la diversion en faisant valoir tantôt la question des droits de l'homme, tantôt l'exploitation des richesses naturelles (du Sahara occidental) dans le but d'éviter de véritables négociations". Sous l'égide de l'ONU, ces dernières portent sur le statut du Sahara : plan d'autonomie pour le Maroc qui refuse toute idée d'indépendance ; référendum d'autodétermination pour le Polisario.

    Fidèle alliée du Maroc, la France, qui dispose du droit de veto au Conseil de sécurité, s'oppose systématiquement à toute démarche susceptible de froisser la monarchie marocaine, au point d'être devenue la bête noire des défenseurs de la cause sahraouie. Des diplomates disent regretter la politique d'"obstruction" de la diplomatie française. "Sous la pression de certains membres permanents, traditionnellement favorables au Maroc, il a été décidé que la moindre déclaration forte serait contre-productive, car elle risquerait de pousser l'une des deux parties à adopter des mesures drastiques, voire à exiger le départ de l'ONU du territoire", confiait ainsi l'un d'eux.

    Exit donc une enquête. Exit aussi l'idée d'élargir le mandat de la mission des Nations unies au Sahara occidental au respect des droits de l'homme sur le terrain. Une revendication formulée de longue date par le Polisario, et soutenue par plusieurs pays membres de l'ONU, dont le Mexique, l'Afrique du Sud, l'Autriche, le Panama, le Costa Rica et l'Ouganda, mais régulièrement mise en échec.

    Une position également défendue par le Royaume-Uni. "Nous soutenons depuis longtemps l'idée qu'il y ait une surveillance des droits de l'homme, et les événements de ces derniers jours ont rendu cette nécessité encore plus urgente", avait déclaré le secrétaire d'Etat britannique chargé du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, Alistair Burt, lors de sa visite à Alger, le 12 novembre. "C'est la seule mission de maintien de la paix dépourvue d'un volet droits de l'homme, soulignait, mardi, dans un communiqué l'organisation Human Rights Watch (HRW).

    Résultat : l'ONU est restée aveugle quand, lors du plus important mouvement de protestation sahraoui depuis le cessez-le-feu de 1991, le camp de tentes a été brutalement démantelé." Sur place, à El-Ayoun, l'enquêteur de HRW, Patrick Bouckaert, dit ne pas être en mesure de confirmer la mort de plus de deux civils, mais il rapporte des violences contre des Sahraouis et leurs maisons commises par des policiers et des civils marocains.

    Devant les 15 pays membres, Atul Khare a reconnu l'impossibilité pour la mission onusienne de collecter des informations sur les violences du 8 novembre. Ainsi, le jour même du démantèlement du camp sahraoui, les casques bleus ont été priés d'annuler leurs patrouilles quotidiennes dans la zone. Le chef de la Mission de l'ONU pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO), l'Égyptien Hany Abdel Aziz, s'est rendu sur le campement trois jours après son évacuation

     



    Merci à Le Monde
    Source: http://www.lemonde.fr/afrique/article/2010/11/17/l-onu-refuse-d-enqueter-sur-les-violences-au-sahara-occidental_1441255_3212.html
    Date de parution de l'article original: 17/11/2010
    URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=2547


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  • Sahara occidental occupé : « Fuera Marruecos ! » - Une intifada au fin fond du monde



    Fausto Giudice


    Il suffit de regarder les vidéos qui arrivent à franchir le mur d’acier élevé par les forces d’occupation pour s’en convaincre : au Sahara occidental occupé par le Maroc, une véritable intifada est en cours. Comme en Palestine en 1987, les protagonistes en sont les chebeb – les jeunes,  y compris les très jeunes – et les femmes. Un seul cri retentit sur les barricades bricolées par les insurgés : « Fuera Marruecos ! », Dehors le Maroc. Et s’ils le crient en espagnol, c’est parce que l’espagnol est leur langue de communication principale avec le monde extérieur, le monde tout court, autrement dit nous.

     
    Il y a quelques jours, les salopards qu’on désigne sous le terme de « makhzen », autrement dit le pouvoir du roitelet M6, ont fait preuve d’un culot et d’un cynisme qui n’ont d’égal que la chutzpah de leurs amis, alliés et complices de Tel Aviv : ils ont profité de l’ouverture du énième round de négociations avec le Front Polisario à New York pour célébrer à leur manière le 35ème anniversaire de la sinistre Marche verte, qu’il faudrait plutôt appeler la Marche noire. Avant même le lever du soleil, ils ont donné l’assaut au campement de Gdeim Izik, où des dizaines de milliers de Sahraouis s’étaient rassemblés au fil des jours pour exprimer leur ras-le-bol de l’occupation.

    Les forces de répression ont fait preuve de la sauvagerie que permet l’assurance de jouir d’une impunité totale. En effet, l’ensemble des gouvernements des démocraties occidentales, USA, Espagne et France en tête soutiennent inconditionnellement l’occupation illégale du Sahara occidental, qui ressemble de plus en plus à une autre occupation, celle de la Palestine.
     
    Là-bas, les sionistes de Ben Gourion avaient pris la relève de la puissance occupante, l’Empire britannique, au nom de droits historiques inscrits dans la Bible. Ici, le Maroc de Hassan II a pris la relève de l’Espagne dès la mort du Caudillo, au nom de la « marocanité » historique du territoire. Là-bas, les sionistes avaient instrumentalisé la souffrance endurée par les juifs en Europe et la mauvaise conscience des Alliés. Ici, le makhzen a exploité la déshérence des masses marocaines, entraînées dans une aventure qui leur promettait du pain et des roses et abandonnées par une gauche, à ce point terrorisée par le pouvoir royal qu’elle avalisa toutes ses saloperies, condition pour elle pour accéder au « pouvoir », aux honneurs et aux Mercedes noires.
     
    L’intifada palestinienne de 1987 était partie de la base, sur le terrain, loin de Tunis, où siégeaient l’OLP et son chef Arafat, après leur fuite de Beyrouth en 1982. Par la suite, les « représentants » du peuple palestinien avaient tenté de prendre le contrôle et de canaliser ce soulèvement autogéré. Et surtout de l’utiliser pour négocier le bout de gras avec les sionistes. On connait le résultat : il n’est pas glorieux pour les « représentants » du peuple palestinien.

    Le Front Polisario, sans avoir atteint le degré de corruption et de dégénérescence atteint par l’OLP de Mahmoud Abbas, est lui aussi loin du terrain de l’occupation et de la lutte, cantonné qu’il est entre Tindouf, Alger et New York. Il n’a pas les moyens d’aider pratiquement la population actuellement soulevée dans les territoires occupés du Sahara. Celle-ci en est donc réduite à « compter sur ses propres forces tout en recherchant l’aide internationale », pour reprendre une expression utilisée par les Vietnamiens durant la guerre contre l’occupant yankee.

    Que peut-on faire pour les Sahraouis soulevés ?

    Au moins, s’informer et informer autour de soi, car les médias planétaires semblent dans leur écrasante majorité s’être pliés à l’interdiction émise par le makhzen d’informer en direct depuis le Sahara occidental occupé.
     
    Au plus, interpeller nos dirigeants et « représentants » sur leur appui explicite ou tacite à un régime odieux.
     





    Merci à Basta! Journal de marche zapatiste
    Source: http://azls.blogspot.com/2010/11/sahara-occidental-occupe-fuera.html
    Date de parution de l'article original: 11/11/2010
    URL de cet article: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=2365


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