• Colombie : Des paramilitaires démobilisés ont admis devant le Ministère public avoir commis 30 500 crimes

    Les ex-combattants ont aussi admis la disparition 2 520 personnes pendant 20 ans, a révélé le rapport de l’Unité « Justice et Paix ».

    Quelques 4 112 ex-membres des Auto-défenses Unies de Colombie (AUC, paramilitaires) ont assuré avoir perpétré 30 470 meurtres entre le milieu des années ‘80 et leur démobilisation à partir de 2003, a indiqué le rapport de l’Unité « Justice et Paix » du Ministère public connu ce mardi.

    Les autorités vérifient l’information et jusqu’à présent ils ont validé des dénonciations sur 11 797 homicides, a expliqué à l’AFP une source de l’organisme.

    Une loi promue par le gouvernement fixe une peine maximale de huit années de prison pour les paramilitaires qui se sont soumis à la justice, reconnaissent leurs crimes et octroient des réparations aux victimes.

    Le Ministère public a reçu des déclarations des ex-combattants qui décrivent plus de 1 000 massacres, 1 400 recrutements de mineurs ; 2 500 disparitions forcées, 2 300 déplacements forcés et 1 600 extorsions, outre plus de 1 000 enlèvements, précise le rapport.

    Selon les autorités, un massacre implique le décès d’au moins quatre personnes dans une même attaque.

    Jusqu’en décembre dernier, le Ministère public a validé la véracité de 485 massacres, 1 093 recrutements de mineurs, 1 412 disparitions forcées, 747 déplacements massifs, 623 extorsions et 392 kidnappings, indique la source.

    La Loi « Justice et Paix » offre des avantages juridiques aux paramilitaires des AUC (ennemis tenaces de la guérilla) qui ont été démobilisés dans un processus promu par le gouvernement du président Alvaro Uribe, entre 2003 et 2006 en échange de leur désarmement et de la confession de leurs crimes.

    Quelques 32.000 paramilitaires ont rendu les armes dans ce processus.

    Or, des organismes de défense des droits de l’Homme dénoncent qu’un chiffre indéterminé de paramilitaires « démobilisés » agissent en réalité aujourd’hui dans des bandes criminelles au service des trafiquants de drogues..

    Source Afp

    http://www.eltiempo.com/colombia/ju...

    Traduction A. Garcia


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  • Lettre du guérillero Briceño au Ministre de la Défense de Colombie, Freddy Padilla de León

    Le Commandant Jorge Briceño (FARC) répond au général Padilla


    AUTEUR:  Jorge BRICEÑO SUÁREZ

    Traduit par  Esteban G. Edition de Michèle Mialane.


    Lettre ouverte du commandant farien, Jorge Briceño au général Padilla León. Preuve que les FARC maîtrisent avec réalisme et sérieux, les subtilités du conflit social et armé qui se développent en Colombie. 

    Lettre ouverte 

    à Monsieur Freddy Padilla de León. 

    Compatriote,  

    J’ai écouté attentivement votre allocution radio du 21 janvier 2010 et votre invitation nous incitant à nous livrer et à rendre les armes m’a semblé être inspirée à des fins de propagande, de fanfaronnade et de guerre psychologique, plutôt qu’animée d’un esprit sincère de réconciliation et de grandeur. 

    Vous n’êtes pas un pionnier dans ce type “d’invitations”. Notre célèbre Commandant Manuel Marulanda Vélez, avait l’habitude de nous raconter comment, au début de ce combat pour la libération de notre peuple, le général Álvaro Valencia Tovar usait lui aussi fréquemment de messages de cette teneur ; il les adressait au Commandant Ciro Trujillo, en lui offrant des pots-de-vin, pendant que les troupes se concentraient, que le cercle se refermait et que s’affinaient les mécanismes pour lancer l’assaut contre la population civile des régions de Marquetalia et Riochiquito, dans le cadre du Plan LASO et dans une situation politique au sein de laquelle les Forces Militaires s’initiaient au rôle d’instrument d’élite de la répression au service des propriétaires terriens afin de déposséder les paysans de la terre. 

    Comme c’est mal nous connaître, Monsieur Padilla de León !  En toute sincérité, sans haine ni ressentiments et avec le respect que tout révolutionnaire accorde à ses adversaires, je vous réponds : Non, merci beaucoup, général. 

    Au sein  des  FARC il n’y a pas de traîtres, mais des patriotes et des révolutionnaires. 

    Nous avons combattu et nous continuerons à le faire, avec courage, ardeur et esprit de sacrifice pour renverser ce régime putride des oligarchies et pour construire un autre ordre social, ou pour parvenir à des accords qui aident à la construire une patrie où chacun aura une place. 

    Jamais nous n’avons préconisé le principe de la guerre pour la guerre, ni assumé ce combat comme une chose personnelle, puisque nos objectifs sont ceux de parvenir à de profonds changements dans la structure sociale de la Colombie, pour qu’enfin les intérêts des majorités nationales et des secteurs populaires soient pris en compte et que ces changements conduisent au démantèlement de l’actuel régime politique, criminel, oligarchique, corrompu, arbitraire et injuste, comme cela est stipulé dans notre Plateforme Bolivarienne pour la Nouvelle Colombie. 

    Avec l’honnêteté de notre engagement pour le changement social et la loyauté que nous devons à notre peuple, nous vous assurons que nous n’allons pas abandonner après plus de 40 ans de combat, ni accepter une fausse paix. Nous ne trahirons pas les rêves de justice de cette Colombie qui clame la paix et la justice sociale, ni la mémoire des milliers de morts, ni les victimes des nombreuses tragédies occasionnées par cette guerre sanglante que l’oligarchie a déclarée au peuple voici plus de 50 ans. 

    La Colombie à besoin de trouver les chemins qui conduisent à mettre un terme à cette guerre entre frères, des sentiers de réconciliation qui nous mènent à des accords de paix. Mais cela ne se fera pas à travers d’une fausse paix où une minorité oligarchique continue de s’accaparer toutes les richesses, alors que la plus grande majorité de la nation est écrasée par le poids de la pauvreté, de la terreur militaire, de la misère et de la déchéance morale d’une classe dirigeante corrompue jusqu’à la moelle. La Colombie mérite de trouver le chemin le plus sûr pour parvenir à la reconstruction de la patrie et à la réconciliation des Colombiens. 

    Une paix interprétée comme une reddition ou un renoncement est un fantasme de l’oligarchie et ne serait qu’un crime , une trahison envers le peuple et ses désirs historiques d’obtenir, au final, la justice sociale pour tous. 

    Des accords de paix oui, mais, le point fondamental est : Avec ou sans changements structurels en ce qui concerne le politique et le social ? 

    Plus de démocratie ou plus d’autoritarisme et plus de répression et de  soumission à l’Empire ?

     

    Nous vous invitons à réfléchir sur ces paroles sereines, pleines de bon sens et d’actualité, tirées du message que le Commandant Manuel Marulanda Vélez avait adressé aux membres des Forces Militaires : 

    « L’avenir de la Colombie ne peut pas être celui d’une guerre sans fin, ni celui de la spoliation des richesses de la patrie, ni l’abandon honteux de notre souveraineté à la voracité des politiques impériales du gouvernement US. Nous sommes aptes à nous asseoir à la table des négociations et à tenter sérieusement de surmonter nos différences, par le biais d’un échange civilisé d’opinions, afin d’évoluer vers la suppression définitive des causes politiques, économiques et sociales qui génèrent le conflit interne, et pour le bien des futures générations de nos compatriotes ». 

    Aujourd’hui, nous voulons partager cette manière de voir avec vous et aussi, comme toujours, avec les sergents, les caporaux, les lieutenants, les capitaines et les colonels, et avec tous les hommes d’expérience qui sont en première ligne dans les combats et auxquels il est interdit d’accéder au grade d’officier à cause de leur origine sociale, leur couleur de peau ou de leur race. 

    Je vous rappelle, général, que l’implication dans les milices de plusieurs d’entre vous pour défendre les intérêts étrangers et oligarchiques, même s’il dure, n’est qu’éphémère, et que vous serez très bientôt appelés à rendre compte de ces services, et il est certain que le peuple ou la justice internationale vous demandera compte de vos responsabilités en tant que commandant des Forces militaires dans les crimes contre l’humanité commis envers notre peuple, hypocritement nommés « faux positifs » ou, de  votre rôle en tant que chef, au temps de la néfaste « XX Brigade d’intelligence contre intelligence » (B.I.N.C.I), de bien triste mémoire pour les Colombiens, de même que de l’émergence et de l’extension des forces paramilitaires suite à votre passage par le commandement de la Seconde Division de l’armée, aux côtés d’un homme d’aujourd’hui en taule, le général Iván Ramírez. 

    Nous avons réitéré nos appels à tous les patriotes et démocrates de Colombie pour discuter de tous ces sujets afin d’empêcher la perpétuation d’une dictature ou d’un gouvernement totalitaire et despotique dans notre patrie. 

    Nous, les FARC, invitons aujourd’hui  tous les militaires et membres de la Force Publique à reprendre le chemin de la défense de la patrie souveraine, à travailler pour la formation d’une armée bolivarienne patriotique qui ne retourne pas ses armes contre ses concitoyens, qui soit intégrée dans les luttes populaires, et qui travaille à rétablir la paix et l’échange humanitaire et à poursuivre l’œuvre que le Libertador Simón Bolívar avait laissée inachevée, afin que la Colombie n’ait plus jamais à souffrir l’affront de voir les soldats que vous commandez soumis et dépossédés de leurs armes pour être contrôlés par les représentants de l’armée de la puissance étrangère à laquelle nous sommes assujettis, comme cela s’est produit lors de la dernière visite du président Bush. 

    Votre compatriote,

    Jorge Suárez Briceño.

    Membre du Secrétariat de l’État Major Central des FARC EP. 

    Montañas de Colombia, janvier 2010 



    Source : http://anncol.eu/noticias-del-<wbr>mundo/4/briceño-le-responde-a-<wbr>padilla423?templateId=423</wbr></wbr>

    Sur l’auteur

    Tlaxcala est le réseau international de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur, l'éditrice et la source.

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  • Evo Morales:
    "Deux erreurs US ont donné l'impulsion au MAS"

    Evo Morales   

    Le président bolivien accepte de parler des pressions qu’il a reçues de l’ambassade des États-Unis et de la manière avec laquelle il les a affrontées. Entretien exclusif pour le quotidien bolivien Cambio réalisé le 17 janvier 2010, 5 jours avant l’investiture de Morales pour son second mandat.


     
    Il se souvient de chaque détail de sa vie et le raconte comme s’il avait eu lieu hier. Il se rappelle, par exemple, quand Felipe Quispe [1] lui a dit qu’il n’était qu’un "llok’alla" [2], trop jeune pour être candidat à la présidentielle. Malgré cela, Evo Morales a décidé, en accord avec les mouvements sociaux, de passer de la résistance au pouvoir.
    Aujourd’hui à la fin de son premier mandat au Palais du Gouvernement, le président accepte de jeter un coup d’œil sur l’histoire du MAS, Mouvement Vers le Socialisme [3], qui s’est converti, selon lui, en un instrument du peuple.
    Arborant un physique d’athlète, bougeant constamment les pieds, Morales a reçu Cambio [4] dans un des salons du Palais jeudi dernier [5].
    Au cours de l’interview rapportée sur les quatre pages suivantes, le président n’hésite pas à décrire comment les intérêts de l’impérialisme ont tenté de faire échouer le projet politique du MAS-ISPS, à expliquer les erreurs des États-Unis et son désir de réunir les mouvements sociaux du monde entier pour initier une croisade pour la défense de la Terre Mère [6], contre les bases militaires [7] et contre l’impérialisme.


    Comment s’est passée votre première rencontre avec l’ambassadeur des États-Unis ?


    Lors des premières rencontres, il m’a dit que je pouvais entretenir de relations diplomatiques ni avec l’Iran, ni avec le Vénézuela. Mais qui est-il pour me dire de ne pas avoir de relations avec le Venezuela, avec l’Iran ; nous sommes de la culture du dialogue. Nous voulons des relations diplomatiques avec tout le monde et nous les aurons. Nous voulons que des relations qui ne se résument pas à se soumettre politiquement ou sous conditions. Plus tard, des parlementaires des États-Unis sont arrivés et m’ont répété que je ne pouvais pas avoir
    de relations avec l’Iran. Je leur ai demandé pourquoi. Et ils m’ont répondu : "à cause des armes nucléaires". J’ai alors insisté en leur disant "vous n’en avez pas vous, par hasard ?" Eux aussi en ont, bien meilleures que celles de l’Iran, si toutefois l’Iran en possède. Ils se sont trompés et m’ont dit qu'ils étaient anti-impérialistes. Alors en face je leur ai rétorqué qua dans ce cas je voulais bien entretenir des relations diplomatiques avec eux.


    Un exemple, quand Goni [8] agonisait politiquement, l’ambassadeur des États-Unis est allé le voir au Palais du Gouvernement et à la sortie a dit qu’il mettait 10 millions de dollars à sa disposition pour le défendre. C’était de l’argent provenant des fonds réservés. Désormais, lors des visites de diplomates étasuniens, ils ne me parlent plus de ça, ils me disent : "nous respectons votre décision, nous allons appuyer votre gouvernement". Je ne sais pas s’ils nous appuieront ou pas, mais par contre ils continuent à conspirer. Imaginez à quel point ils sont impliqués dans les coups d’État. Retirons l’ambassadeur des États-Unis, et la droite se retrouve perdue.


    Encore qu’ils peuvent toujours demander les instructions depuis là-bas (depuis les États-Unis). Par exemple, ces jours-ci, Mario Cossio [9] s’en est allé aux États-Unis. Ce n’était pas pour demander conseil ? Et les délinquants vont s’échapper [10]. Ceux qui perdront les élections de gouverneur [11], certains sont très impliqués (dans des procès), c’est sûr qu’ils vont s’enfuir. Souvenez-vous en.


    Par exemple, j’avais dit que Manfred [12] allait s’échapper, et il s’est échappé, et je regrette beaucoup que le ministère du gouvernement [13] n’ait pas contrôlé ses mouvements. Je veux être honnête, face au peuple ; comme il a des attaches, on le contrôle. Il n’y a pas d’ordre de détention parce que c’est le rôle de la justice, mais c’est la tâche de l’exécutif de contrôler où il se trouve. Maintenant, à partir du moment où il s’est échappé, c’est un délinquant qui a avoué. Combien d’autres vont suivre ? L’empire des États-Unis est la poubelle des délinquants Gonzalo Sanchez de Lozada, Carlos Sánchez Berzaín [14], Ernesto Asbún [15], Alfonso Revello [16], et maintenant Manfred, et d’autres sont au Pérou. Je ne sais combien de délinquants vont s’échapper, au moins maintenant nous avons la possibilité, grâce à une loi, d’enquêter sur les fortunes indues ou suspectes, parce que le pire ennemi du peuple a été la corruption.


     

    Avant 2002, vous avez senti des pressions de la part de l’ambassade des États-Unis ? Quelle a été votre perception de la relation de cette mission diplomatique avec le MAS ?


     
    Je crois que les ambassadeurs ont leurs conseillers politiques, notamment économiques, et l’ambassade des États-Unis est formée sur ce modèle. Ce qu’ils m’ont dit, par exemple, en 2002, c’est que le sondage de l’ambassade des États-Unis nous donnait gagnants (pour l’élection présidentielle) et pour cette raison Manuel Rocha [17] m’a accusé le premier d’être le "Ben Laden andin" et les cocaleros [18] des talibans. Ensuite, la deuxième menace était : "si Evo est président, c’en est fini de l’aide internationale", et finalement, emporté par ses déclarations, il a annoncé qu'il ne fallait pas voter pour moi! Et en réponse à ses déclarations, on a vu apparaître des manifestations du Parti Communiste, du Parti Socialiste, des mouvements sociaux qui disaient "votez pour Evo Morales", et là j’ai senti que le peuple était anti-impérialiste. En fait, tout ça nous a aidé et j’ai dit que mon meilleur chef de campagne était Manuel Rocha, ambassadeur des États-Unis!


    Je crois qu’un peu avant, l’ambassadrice Donna Hrinak vous a aussi beaucoup attaqué.


     
    C’était en 95 pendant la campagne. En 95 et 96, elle nous a pas mal attaqués durant la marche des femmes et je me rappelle qu’une camarade [19] m’a dit : "si c’est une ambassadrice, qu’elle se comporte en ambassadrice, pas en "khatera" [20]".
     
    Pour moi, les États-Unis ont commis deux erreurs : mon expulsion du Congrès National, exactement un 22 janvier, et je vais d’ailleurs prêter serment comme président le 22 janvier prochain (rires). L’autre erreur est d’avoir placé de force Gonzalo Sánchez de Lozada comme président en 2002. Cette fois-là, en 2002, nous étions en deuxième place. Le MNR [21], Bolivie Libre, et les cinq partis alliés, nous ont battus pour moins d’1%. Comme nous étions deuxième, tout près, le Congrès aurait pu nous nommer président [22]. Mes camarades parlementaires pleuraient, disaient "c’est toi qui doit être président". Je ne voulais pas, j’étais effrayé et surpris, tremblant de peur qu’ils me nomment président. Ça a été la grande erreur de la droite et de l’ambassade.

    Si j’avais été l’ambassadeur des États-Unis, j’aurais placé Evo Morales à la Présidence avec la droite majoritaire au Congrès. Moi, 27 députés et 8 sénateurs. 27 députés contre 130, qu’est-ce que j’aurais fait ? Rien. L’époque de l’UDP [23] se serait répétée, quel malheur, je ne sais pas combien de parlementaires ils avaient entre le MIR, le PC et le MNRI (les partis de l’UDP). Mais la majorité était du MNR et de ADN [24], et quelques dirigeants égarés politiquement faisaient campagne contre l’UDP. La majorité parlementaire de la droite, plus des dirigeants perdus ou vendus, vivants de pots-de-vins, contre l’UDP, ça a couté 20 ans de lutte au peuple bolivien.


    Quand ils m’ont expulsé, je suis parti content parce que j’avais gagné ma notoriété. En 2002 ils se sont trompés, d'ailleurs quand je protestais en faisant une grève de la faim j'ai  dit que je ne reviendrai pas seulement avec quatre députés, mais que je reviendrai avec 30, 40, 50 députés, 60. Maintenant on a 88 députés. Je suis revenu avec 27 députés et après avec 76, et maintenant 88, représentant divers secteurs de la société, pour ces élections.
     
     

    Comment êtes-vous passé de dirigeant de football à dirigeant du MAS ?


     
    C’est historique d’avoir réussi en partant de la base. Quand j’ai commencé à être dirigeant syndical, en 88, y compris quand je participais aux congrès de la CSUTCB (Confédération Syndicale Unie des Travailleurs Paysans de Bolivie), quand Genaro Flores en était à la tête, dans les discussions on débattait du pouvoir et du territoire. Le slogan disait "Pour le pouvoir et le territoire". Pourquoi le territoire ? Le territoire c’est nos ressources naturelles, que ce soit dans le sous-sol, le sol ou le "sur-sol", ou l’espace, tout ça est à nous. Quand on parlait de la terre, on parlait de la terre pour la cultiver, ça c’est la terre.

    Et pourquoi le pouvoir ? En tant que propriétaires millénaires de cette terre, nous devons nous gouverner nous-mêmes. Comment ? Moi, nous, on va pouvoir se gouverner nous-mêmes. Dans les années 89 et 90 a commencé la campagne pour les 500 ans de résistance indigène populaire, on parlait de l’invasion espagnole, européenne, de l’année 1492. Avant l’Amérique Latine s’appelait Abya Yala.

    En 1991 j’ai été invité à Quetzaltenango, au Guatemala, pour participer à un évènement pour les 500 ans de résistance indigène populaire. Le débat était : jusqu’à quand va continuer la résistance ? Pourquoi est-ce qu’on ne prend pas le pouvoir ? Ça a été un débat important du mouvement indigène au Pérou, au Mexique, au Guatemala, en Équateur. Là bas, on a décidé la prise de pouvoir en 1992, juste 500 ans après l’invasion. J’ai organisé une marche de Sacaba à Cochabamba ; j’ai des vidéos, des photos, c’était plein de wiphalas [25]. Géniale, cette marche !


    En octobre, à l’occasion des 500 ans de résistance, cette volonté de créer un mouvement politique a été en partie récupérée par le Mouvement Bolivie Libre, avec à sa tête Antonio Aranïbar. Je me souviens aussi de Paulino Guarachi. J’ai passé 1992 et 1993 dans le Chapare [26] et à La Paz [27], on voulait créer notre propre parti, notre mouvement politique, mais personne n’a pris l’initiative.


    De l’autre côté, Goni, pour gagner les élections, a proposé le choix zéro pour le Chapare. Qu’est-ce que c’était le choix zéro ? Zéro coca, mais aussi zéro terre pour les planteurs. La proposition allait bien au-delà de ce qui était annoncé. Ils se disaient : comment ces paysans, ces indiens !, peuvent-ils avoir le contrôle du chemin bio-océanique, avec leur force syndicale, comment ces indiens peuvent-ils posséder des terres contenant du pétrole et du gaz ? Le même type d’expérience s’est produite en 85, quand les mineurs furent remerciés avec une compensation de 1 000 ou 2 000 dollars par année travaillée. Les mineurs ont alors abandonné leur mine.


    Au Chapare, le gouvernement a dit qu’il paierait pour la terre sans donner de montant, mais la rumeur parlait de 1 000 dollars par hectare pour chasser les planteurs de coca. Ensuite, ils proposèrent de laisser la région entre les mains de huit entrepreneurs privés, depuis Bulo Bulo, qui est la frontière avec le Brésil, entre Santa Cruz et le Beni, pour cultiver cinq produits phares, notamment ananas, bananes et palmiers. Mais ils n’ont pas réussi à trouver l’argent pour la compensation et n’ont pas pu nous chasser.


    En 94, ils ont essayé de nous chasser par la force au cours de l’opération Nuevo Amanecer (Aube Nouvelle). Pour résister, nous avons organisé une réunion d’urgence, et ils ont failli m’arrêter. Finalement, nous avons décidé d’organiser une marche du Chapare à La Paz. C’était un premier avertissement. [...]Et qu’est-ce qui te sauve ? C’est la force sociale, le pouvoir du peuple, le pouvoir syndical. S’il n’y avait pas le pouvoir syndical, ils te manipuleraient légalement, politiquement, et une fois en prison, pourraient aller jusqu’à te liquider. Imaginez-vous, s’ils m’avaient tué au Chapare, les gens, tous, se seraient levés. Je ne sais pas combien de fois ils m’ont sauvé la vie.


    A quel moment avez-vous senti qu’ils n’arrêtaient pas de vous traquer ?


    En 88, j’ai accepté la direction syndicale en connaissant les risques encourus, je savais que j’arrivais à la Fédération pour servir le peuple. Je savais que j’allais laisser mes terres, mes cultures, pour aller me battre. J’étais décidé. Mais après l’opération Aube Nouvelle qu’ont lancée les agents du CEIP (intelligence policière), je me suis mis en grève de la faim quand j’étais dans les cellules de la PTJ (police) de Cochabamba. La marche a continué et après 10 jours ils m’ont sorti des geôles grâce à la force syndicale. Pourquoi je vous raconte ça ? Parce qu’ils parlaient à l’époque d’un mouvement politique. A l’arrivée de la marche dans La Paz, nous sommes entrés par la Zona Sur [28] et les gens nous ont accueilli avec de la nourriture. Impressionnant.


    Grâce à la marche, nous avons signé un accord avec le gouvernement de Goni qui craignait que cette mobilisation ne se transforme en révolution. Le ministre des affaires étrangères était Antonio Araníbar. Le gouvernement a accepté de lancer une campagne internationale pour dépénaliser la coca, mais après deux semaines, Antonio Araníbar a déclaré : "La coca, c’est la cocaïne". Alors : à quoi a servi l’accord ? Ensuite, la marche a grandi. Il y avait Felix Santos, Zenón Garcia, Gisela Ortega. Nous avons fait le bilan de la marche et de l’accord trahi. À ce moment, nous nous sommes dit que les revendications seront prises en compte uniquement quand nous serons au pouvoir. Il faut créer un instrument politique, tous ensemble. J’ai demandé qu’on fixe une date et un lieu pour le premier congrès de l’Instrument Politique de la Terre et du Territoire.


    Qu'est ce qui a eu lieu a Eterazama ?


     
    Eterezama, en décembre 94. Nous avons décidé par consensus que ça serait à Santa Cruz. Mes camarades y sont allés en caravanes de vélos. Je n’ai pas pu y être dès le début parce que j’étais en Europe. Felipe Sánchez, Modesto Condori y étaient. Ce sont les fondateurs du MAS-ISPS, ce qui signifie que le MAS a du sang cruceño (de Santa-Cruz [29]), car il fut fondé là-bas.
    Mais un problème s’est présenté : fallait-il être à la tête de l’instrument politique, ou organiser une commission. Nous nous sommes divisés. La majorité a proposé de créer une direction, ils m’ont proposé d'être président de cet instrument politique mais j’ai refusé. Cette charge est revenue à Guido Tarqui, et plus tard nous avons décidé que chaque organisation pouvait envoyer un représentant à la direction, parmi eux Alejo Veliz [30]. Ceux du Parti Communiste ont abandonné là l’aventure.


    Quelle était la différence avec ceux qui ont abandonné ?


     
    Eux avaient déjà leur instrument politique, pour certains c’était Condepa [31], le MNR. Nous avons créé la direction et choisi le nom ASP, pour Assemblée pour la Souveraineté des Peuples. Au Chapare, nous avons cherché des signatures, un registre de procès-verbaux, toutes les formalités pour se faire enregistrer légalement. D’abord ASP, puis IPSP. Mais la cour électorale n’a jamais reconnu la légalité d’ASP. Après plusieurs années, les gens de la cour électorale ont déclaré : "si Evo n’est pas à sa tête, nous allons reconnaître la légalité d’IPSP". Pour les camarades, la cour électorale avait posé des conditions et il n’était pas question de se soumettre. Plus tard, des ex porte-paroles de la cour électorale nous ont dit que l’Ambassade des États-Unis les leur avait imposées. L’Ambassade n’était pas d’accord avec la légalisation de IPSP. Comme l’Ambassade finançait la cour électorale, la cour était dépendante et soumise.
     
     

    Quelles raisons ont-ils présenté pour refuser l’inscription ?


     
    Tout simplement en disant "c’est le parti des indiens", c’est un "parti anti-impérialiste" au fond. Les ex porte-paroles m’ont dit que l’Ambassade refusait. Mais ils avaient l’autorisation pour diviser le mouvement indigène. En 2002, j’ai négocié avec Felipe Quispe. J’étais pour que nous fassions candidature commune mais il m’a répondu que je ne pouvais pas y aller que je n'étais qu'un llok’alla (gamin),mais que lui en revanche avait la stature pour être candidat à la présidence (rires). Ma proposition était de faire un sondage auprès de la presse, la radio, et que les gens disent quel candidat ils préfèrent. Et Quispe m’a dit : "Je suis plus vieux que toi, tu n’es qu’un llok’alla, tu pourras te présenter une autre fois. Mais cette fois-ci, ça sera moi le candidat."


    Vous avez été déçu après cette conversation ?


     
    Non. Pour faire de la politique, il faut beaucoup de patience, mais aussi beaucoup d’instinct politique. Il était important d’y aller ensemble cette fois-là. Mais si c’était souhaitable, ce n’était pas décisif. La cour a reconnu la légalité de sa candidature, et à partir de ce moment, il ne m’a plus ennuyé. Le MIP, le parti de Quispe, n’avait pas réuni toutes les pièces requises pour être légalisé, mais la cour a approuvé, encore sur instructions de l’Ambassade, pour divisez les forces paysannes dans la campagne électorale.

    Si nous nous étions alliés en 2002 (Quispe et Morales), nous aurions gagné de loin, nous avions 21% avec nos 27 députés du MAS. Avec les 4% du MIP, nous aurions atteint les 25%, alors que Goni, le MNR, le MBL et les cinq autres partis alliés ont gagné avec seulement 21%. Ils ne nous ont battu que de moins de 1%.

    Les porte-paroles de la cour électorale ont justifié l’approbation du MIP de manière illégale par le fait que Quispe aurait organisé des blocages [32]. Mais de cette manière ils nous ont divisés.
     
     

    Une stratégie de division ?


     
    Diviser, en effet. Parce que s’il n’avait pas obtenu la personnalité juridique, il aurait fait campagne avec le MAS. La cour a refusé cinq fois de donner la personnalité juridique à ASP et plus tard à IPSP. Le MAS, à l’époque, était un parti appartenant à David Añez Pedraza, enregistré par la cour électorale et membre de (IU) Gauche Unie, mais qui n’avait pas de militants, pas de base. Pedraza nous a offert le sigle MAS. Grâce à son aide, nous nous sommes affiliés légalement au MAS, nous avons organisé un congrès pour faire les choses dans les règles et de cette manière nous avons récupéré la propriété du MAS.


    Comment avez-vous commencé ?
     
    C’est un parti sans ONG, sans fondations. En 95 ils ont participé aux élections avec IU (Gauche Unie). A l’époque, les partis traditionnels achetaient les voix a Cochabamba, aujourd’hui non. Ils donnaient de l’alcool, des cadeaux et de la coca au paysan pour le convaincre.
    Ces pratiques se répètent d’ailleurs encore aujourd’hui dans l’orient [33]. Alors à Cochabama, nous avons inventé le slogan : "recevez de la droite, mais votez pour la gauche". Lorsque les élections sont arrivées, nous avons gagné quatre députés avec IU à Cochabamba.


    En 97, avec l’arrivée de renforts de la CSUTCB, quasiment par consensus et en plein milieu de la fête, ils m’ont nommé candidat à la présidence. Au retour à Cochabamba, je n’ai pas dormi et je me suis demandé : comment est-ce que je peux être président ? Se seraient-ils moqués de moi ? J’ai convoqué l’assemblée et je leur ai dit que je ne serais pas candidat à la présidence. Par contre, j’ai accepté d’être candidat uninominal [34] de la circonscription C-27 et nous avons commencé la campagne.


    Je veux rendre hommage aujourd’hui à Herminia Mamani de Carrasco. En effet, comme on n’avait pas d’argent pour les drapeaux de la IU, qui ressemble au drapeau bolivien, la camarade a récupéré des drapeaux du MBL, auxquels elle a ajouté la couleur verte, et comme ça nous avions des drapeaux de IU.

    [...] A Uyuni, ils m’ont presque fait pleurer. Des camarades de la campagne, avec leurs habits traditionnels, continuaient à coudre des drapeaux du MAS, en plein rassemblement. C’est une preuve de comment le peuple contribue, parce que ce parti n’appartient pas à une seule personne, il appartient au peuple. Au contraire, les partis néolibéraux sont dirigés par un patron ou financés par des patrons.


    Ces explications démystifient les versions qui disent que le MAS était appuyé par des ONG.


     
    Quand nous avons commencé, il n’y avait aucune ONG, aucune fondation, aucun mécène ; le peuple finançait. Parfois quand de nouveaux dirigeants, militants ou candidats arrivaient, ils me demandaient de l’argent. Mais il n’y a aucun argent, c’est le peuple qui apporte l’argent.


    En 2002, j’ai rencontré des militants de Manfred qui m’ont demandé : Quel salaire reçoivent vos militants pour faire campagne ? Je leur ai dit qu’il n’y avait rien de ce genre chez nous. Dans les partis néolibéraux, c’est le propriétaire qui finance la campagne, et ensuite, il veut récupérer sa mise en volant l’argent du peuple. C’est l’origine de la corruption, la campagne est à l’origine de la corruption, c’est de là que viennent les pots-de-vin, les cadeaux.


    Au MAS, les gens contribuent, cousent des drapeaux, il y a des contributions syndicales, les gens se mobilisent inconditionnellement. Là où cette conscience fait encore défaut, c’est au Beni et au Pando, où il y a encore des achats de voix. Un camarade du Pando m’a raconté qu’avant ils achetaient les voix avec de l’alcool et de la coca, mais qu’aujourd’hui ils offrent des machettes, des haches, des tronçonneuses, et ils offrent la viande pour les grillades. C’est comme ça que nos adversaires ont gagné au Beno et au Pando, mais là-bas, on s’implante rapidement.

    Parfois, au MAS, en 95 et 97, certains camarades de la campagne refusaient tout diplômé, parce qu’il y a eu des précédents d’avocats qui ont fait beaucoup de mal au mouvement paysan. Par exemple, j’ai été victime d’un avocat nommé Iriarte à Cochabamba lors de formalités concernant des titres de propriété. C’est pour ça qu’avant certains camarades disaient qu’il ne faut admettre aucun diplômé, heureusement maintenant nous rompons avec cette règle et nous construisons un tissu de représentation des différents secteurs sociaux. C’est comme ça que nous avons avancé dans ce mouvement politique.


    Quelles sont les clés de la réussite du MAS ?


     
    Le MAS-IPSP ne s’est jamais éloigné des mouvements sociaux. Jusqu’à maintenant nous nous réunissons régulièrement avec tous les dirigeants pour recevoir leurs propositions, leurs préoccupations. C’est ça le grand avantage du MAS. Et maintenant, beaucoup nous rejoignent. C’est une des clés. La deuxième clé est de toujours accepter de nouvelles propositions, par exemple la modification de la loi sur les hydrocarbures a été travaillée avec le MAS, le Pacte d’Unité [35] et des organisations comme celle des retraités. Une autre clé est de dire clairement que nous sommes anti-impérialistes, anti-néolibéraux, anti-coloniaux.


    Maintenant, pourquoi est-ce que nous sommes reconnus par la classe moyenne ? Parce que nous rendons la dignité à la Bolivie. La Bolivie n’est pas n’importe quel petit pays. Maintenant, non seulement la Bolivie est attendue, mais elle est respectée dans la communauté internationale. Lors de mes premières interventions dans des réunions de chefs d’états, personne ne m’écoutait vraiment. Maintenant quand je parle, tout le monde m’écoute en silence.


    Voila quelques clés pour expliquer où nous en sommes.


    Pour les prochaines élections [36], c’est une nouvelle expérience. Ma devise est : "gouverner subordonné au peuple". Il y a un seul problème qui se présente en ce moment : gagner est facile, gouverner est assez difficile, mais le pire c’est la désignation des candidats. Avant personne ne voulait être candidat, mais maintenant ils ne se font plus prier, ils se battent pour être candidats. Il y a des camarades qui n’ont pas encore compris qu’il faut être un soldat. Ces luttes démoralisent une partie des camarades. Je veux demander pardon au peuple pour ces luttes internes. Il y aura toujours des combats de personne, mais ce ne sera jamais comme dans les gouvernements de droite. Je me rappelle quand les militants du MIR et du MNR ont sorti les poings et les révolvers. Il reste encore cet héritage de l’État colonial et des partis à orientation coloniale.


    Je salue les présidents du MAS, dont quasiment aucun n’est candidat. Si un des présidents du MAS fait consensus, alors il peut être candidat, mais ce camarade ne peut pas diviser ou manipuler pour être candidat. Ils ont parfaitement compris : comme il n’y a pas consensus, aucun n’est candidat. Une autre recommandation est que quand il laissera sa charge de président, il sera prioritaire.


    Dans un parti aussi grand, il est difficile de produire des dirigeants de confiance, et si vous trouvez qu’il y a un manque d’engagement de la part de certains dirigeants, c’est qu’il y a une faiblesse, non ?


     
    Je vois là deux points : les dirigeants de la lutte frontale contre les politiques néolibérales, contre le néolibéralisme sont aux responsabilités, pas tous. Et il y a ces nouveaux dirigeants, qui ne sont pas anti-néolibéralisme  mais qui sont dans un processus de révolution démocratique culturelle avec une autre mentalité, mais pas vraiment avec une mentalité idéologique. Ils sont des dirigeants du processus, mais ils cherchent seulement les responsabilités, ils font des embrouilles, et pendant ce temps ne luttent pas.


    Et ça se passe aussi au niveau international. Par exemple, après avoir écouté le discours du président sud-africain, j’ai été très préoccupé. Mandela c’est quelque chose, c’est une lutte contre la discrimination, mais les nouveaux présidents tiennent un autre discours, rarement celui de Mandela.
    Je dis ça parce que, pardon si je les dérange, et bien que je n’ai pas mon mot à dire, je suis très préoccupé parce que dans cette lutte contre le réchauffement climatiqueje n’ai vu aucune ligne politique au niveau mondial pour défendre la Terre Mère. Avant j’écoutais l’Afrique du Sud qui donnait une ligne politique au niveau mondial.


    En Bolivie, les nouveaux dirigeants qui n’étaient pas dans les marches, dans les blocages, dans la résistance, qui ne connaissent pas les gaz lacrymogènes, les plombs, les balles, ceux-ci ont une autre mentalité. Nous devons régler ce problème. [...] Moi je n’ai pas été un des dirigeants qui ont lutté contre la dictature militaire. Mais à tout niveau, mouvement social, dirigeant, il faut garantir la démocratie et continuer avec ce processus pour empêcher tout retour à la dictature.


    Pensez-vous que le MAS puisse s’étendre à d’autres pays ?


     
    Sous la conduite de l’empire du capitalisme, il y a une hégémonie du monopole du capitalisme. Face au monopole, à l’hégémonie du capitalisme, à l’impérialisme qui a à sa tête les États-Unis, il faut une rébellion des peuples, un soulèvement des peuples, contre leurs gouvernements pro-impérialistes, capitalistes, coloniaux. Avant, les différents empires, les romains, les anglais, garantissaient les démocraties ; en revanche, les États-Unis garantissaient la démocratie si les libéraux gagnaient les élections, et quand ils perdaient, il y avait automatiquement un coup d’État. Et les autorités de l’Église Catholique sont complices ; durant la Colonie et la République, ils se sont servis de l’Église.
     
     

    Comment est-ce qu’il se sont servis de l’Église ?


     
    Comment l’Église peut-elle être complice de cette domination, de ce pillage, de cette discrimination, de cette humiliation, de cette pauvreté ? Quand ils n’ont pas pu dominer par la croix, ils ont dominé par la loi, et quand ils n’ont pas pu dominer par la loi, ils ont dominé par l’épée. A La Paz, par exemple, dans une famille d’oligarques, un frère était curé, un autre frère était avocat, et le troisième était militaire. Ils existent encore à La Paz. C’est comme ça qu’ils nous ont dominé.


    J’admire et je salue la base de l’Église ; dans certaines provinces le curé est comme le maire : il fait construire des hôpitaux, des écoles, il est sain, honnête. Les sœurs prient. Ensemble, avec moi, nous avons offert une ambulance.


    J’ai beaucoup vécu. Quand les gouvernements néolibéraux nous ont tués, nous ont maltraités, quel hiérarque de l’Église nous a défendu ? Personne. Mais quand nous avons marché ou bloqué et approché les murs du gouvernement, alors là l’Église Catholique et les médiateurs sont apparus. Par exemple, un curé de La Paz arrivait en avion pour me faire quitter le Chapare pour dialoguer à Cochabamba, un autre arrivait pour m’emmener à Santa Cruz, devant le cardinal, alors que le peuple se levait et cognait aux portes du gouvernement néolibéral. Mais quand nous nous sommes faits tuer, il n’y avait personne.


    Tout notre respect va à l’Assemblée des Droits de l’Homme. Ensuite est apparue la Défenseur du Peuple, Ana María de Campero. Ana Maria de Campero a plus de bases dans le Chapare. Une fois, je me rappelle, des gens étaient détenus dans un hangar de l’armée de l’air à Cochabamba, et Ana María est apparue. Elle s’est plantée là-bas pour faire sortir tous les détenus.


    Ainsi, si on pense à ces luttes depuis la Colonie, avant il y avait seulement Fidel Castro qui affrontait le capitalisme, mais ensuite sont apparus Hugo Chavez, et d’autres, et la liste s’agrandit. Et ce coup d’État au Honduras est un avertissement à ceux que Bush appelle l’"axe du mal". Pour moi, ce n’est pas l’axe du mal, c’est l’axe pour l’humanité, qui grandit, un peu partout dans le monde. De l’autre côté, le congrès du Honduras a déclaré Micheletti [37] député à vie, c’est maintenant un autre Pinochet, suivant le même style de dictature. C’est la recette de Bush avant et de Obama aujourd’hui : protéger.


    Avant il y a eu plusieurs coups d’État en Bolivie. Ici, ça me convient, bien que chaque année il y ait des élections, je suis très content, que ce soit un référendum révocatoire, de ratification sur les politiques, c’est une manière de gouverner avec le peuple. Avant, en 24 heures, il y avait trois militaires présidents. Quand j’ai fait mon service militaire, en 78, j’ai connu trois présidents en une année. Quand je suis entré, c’était Hugo Banzer, après Juan Pereda, et j’ai fini mon service sous David Padilla. Mais ça se répète aussi avec les gouvernements néolibéraux. Lors des cinq dernières années de gouvernements néolibéraux, nous avons eu chaque année un nouveau président.


    Consolider cette démocratie n’est pas facile, nous sommes heureusement en train de le faire. Ils ont tenté un coup d’État et ils l'ont raté. De manière démocratique ils se sont plantés avec le référendum révocatoire, et aujourd’hui le peuple valide notre action. Ce qui ne s’était jamais fait, c’est que nous consolidons la démocratie représentative mais aussi participative. C’est la conscience du peuple ; de plus avec stabilisation macro-économique, mais il faut maintenant résoudre le problème de la microéconomie, voila le défi. Nous avons pris plusieurs mesures, les allocations pour les enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes, ça nous aide mais ce n’est pas suffisant.


    Si c’est ça l’expérience, pourquoi ne pas partager avec les autres mouvements sociaux. Moi je suis heureux d’avoir expulsé l’ambassadeur des États-Unis, la DEA [38] n’est maintenant plus importante. Sa participation est souhaitable mais elle n’est plus décisive.
    Je me rappelle, par exemple, quand j’ai été élu, plusieurs membres de la Banque Mondiale, du FMI, sont venus, et je leur ai dit qu'ils ne décideraient pas de la politique, c’est nous qui allons décider. Ils m’ont regardé et ils sont partis. Ensuite, ils ne sont plus apparus pendant sept mois, puis ils sont revenus et m’ont indiqué qu’ils voulaient appuyer le Plan National de Développement de Bolivie.
     
     

    Est-ce que le FMI est venu ?


     
    Ils sont venus, mais nous n’avons pas besoin de recette. La meilleure recette possible vient du peuple, organisé, que ses forces sociales soient citoyennes ou syndicales. Le peuple sait quelles sont ses revendications, quels sont ses problèmes, et quelles sont ses réponses.
    Alors, pourquoi ne pas continuer à avancer ?  Ici, un parti lié aux mouvements sociaux anti-impérialistes a gagné les élections, et aujourd’hui il n’y a plus de base militaire, et la DEA étasunienne a été éjectée. C'est ce qui se passera en Colombie.


    Dans cet aéroport du Chimoré où même le président et le vice-président devaient demander la permission d’entrer à l’ambassade des États-Unis, maintenant on accueille Lula, Chavez. Avant c’était interdit. Une fois, Carlos Mesa [39] m’a invité à venir débattre sur la chaîne de télévision PAT, et il m’a dit au téléphone : "J’ai demandé la permission à l’Ambassade pour qu’un avion entre et t’amène ici pour dialoguer". Mais comme tout était bloqué, je n’ai pas pu aller jusqu’à l’aéroport.


    Je voudrais organiser une grande rencontre avec les mouvements sociaux du monde entier, non seulement pour protester contre les bases militaires, mais aussi pour récupérer, défendre les droits de la Terre Mère, qui est une autre étendard de la lutte contre le capitalisme [40].


    Obama a parlé de relations et de respect mutuel, une relation de pair à pair. Sous des relations de respect mutuel, on ne peut pas installer des bases militaires, ni envoyer des troupes pour tuer. Lutter contre le capitalisme c’est lutter pour la paix sociale, c’est ça notre autre combat.


     
    Source :  cambio

    Traduction : Sylvain Bruja pour Primitivi- révisé par Maud Bellon pour Investig'Action - michelcollon.info

    Notes:
    [1] leader indigéniste, compagnon de route de Evo Morales et d’Alvaro Garcia Linera (le vice-président, avec qui il a été emprisonné pour ses luttes)
    [2] muchacho, gamin
    [3] MAS-IPSP, pour Mouvement Vers le Socialisme - Instrument Politique pour la souveraineté des peuples, le parti d’Evo Morales
    [4] journal basé à La Paz, de gauche et proche du gouvernement
    [5] le 14 janvier 2010
    [6] aussi appelée Pachamama dans toute l’Amérique Latine, elle fait l’objet d’un culte, d’offrandes, etc.
    [7] bases militaires étasuniennes en Colombie, cf Colombie : l’accord militaire entre la Colombie et les États-Unis a été signé
    [8] surnom de Gonzalo Sanchez de Lozada, deux fois président de la Bolivie, la dernière fois de 2002 à 2003, date à laquelle il a du fuir le pays à la suite d’émeutes qu’il a réprimées dans le sang. Il est aujourd’hui en exil à Miami, et ne sera vraisemblablement jamais extradé en raison de sa double nationalité Bolivie-États-Unis
    [9] préfet de Tarija, membre du MNR, le parti de Sanchez de Lozada
    [10] après la victoire de Evo Morales en décembre 2009, son principal opposant, Manfred Reyes Villa, d’extrême-droite, visé par un procès sur sa gestion de la mairie de Cochabamba, s’est enfui à Miami. L’ancien préfet de La Paz, Jose Luis Paredes, est en Argentine. De même, Marin Brankovic, un entrepreneur très puissant et leader de l’opposition d’extrême-droite de Santa-Cruz, s’est enfui au Brésil
    [11] les élections auront lieu en avril 2010. Après un mandat où les préfets ont été élus, et non plus nommés, la nouvelle Constitution les remplace par des gouverneurs élus au suffrage universel.
    [12] Manfred Reyes Villa. Les principaux hommes politiques en Bolivie sont appelés par leur prénom ou leur surnom.
    [13] pour comparer avec la France, le ministre du gouvernement et le vice-président se partagent en quelque sorte le rôle de premier ministre.
    [14] ministre de la défense de Goni, défenseur de la manière forte lors des émeutes de 2003
    [15] ex-président de la compagnie aérienne LAB. Voir à ce proposl’article de Benito Pérez sur risal Bolivie : opération toges propres
    [16] ex-délégué de la Bolivie à la Banque Mondiale, il était chargé de la supervision de la privatisation dans le pays
    [17] ambassadeur des États-Unis à l’époque
    [18] les paysans planteur de coca (plante dont on peut tirer la cocaïne, mais qui fait partie de la culture andine depuis des siècles et qui est le symbole de la souveraineté en Bolivie
    [19] NdT : je traduis compañero et compañera par camarade, même si le terme "camarada" existe et désigne le camarade au sens politique
    [20] vendeuse qui aime se bagarrer - en gros, poissonnière
    [21] Mouvement Nationaliste Révolutionnaire, de droite, parti de Goni.
    [22] avant 2005 et l’élection de Evo Morales, aucun président n’a été élu à la majorité absolue, et le président était désigné par le parlement à la suite de tractations.
    En 89, Jaime Paz a même été élu président après avoir terminé à la troisième place !
    [23] Union Démocratique et Populaire, une alliance de partis de gauche dont le MIR (Mouvement de Gauche Révolutionnaire) et la Parti Communiste. L’UDP a gagné les élections de 78 à 82, mais sans pouvoir gouverner faute d’accords avec les autres partis.
    Cette situation a en partie mis le pays en crise économique, que n’a pas pu résoudre UDP entre 82 et 85, lorsqu’ils ont enfin pu gouverner.
    [24] Action Démocratique Nationaliste, parti d’extrême-droite de l’ancien président et dictateur Hugo Banzer Suárez, et de Tuto Quiroga, qui lui a succédé à la tête du parti et à la Présidence de Bolivie à la mort de Banzer.
    [25] drapeau constitué de carreaux aux couleurs de l’arc-en-ciel, symbole des peuples andins
    [26] région productrice de coca, où Evo Morales a déménagé durant l’adolescence pour trouver du travail, et où il a commencé le syndicalisme avec les planteurs de coca
    [27] capitale de Bolivie
    [28] quartiers riches du sud de La Paz
    [29] Evo Morales précise que le MAS est né à Santa-Cruz parce que c’est un bastion de la droite, que le MAS cherche aujourd’hui à conquérir
    [30] candidat à la présidentielle de 2009, où il a gagné autour de 1% des voix. Bien qu’il se réclame de gauche, ses accords avec le parti d’extrême-droite de Manfred au parlement lui ont coûté la crédibilité auprès de sa base traditionnelle.
    [31] Conscience de Patrie, créé par Carlos Palenque, qui fut un des premiers indigènes boliviens à se lancer en politique. Mort en 97, il fait encore l’objet d’un culte en Bolivie.
    [32] une des formes de lutte en Bolivie est de bloquer les routes (pierres, manifestations, etc.) Comme la Bolivie a un réseau routier peu dense, bloquer une route est un moyen efficace de lutter.
    [33] la partie est du pays
    [34] député rattaché à une circonscription, par opposition au député plurinominal, qui est élu à la proportionnelle au niveau national (le parlement contient une part de proportionnelle)
    [35] Regroupement d’organisations indigènes, paysannes, originaires
    [36] en avril 2010, élections de gouverneurs (pour les huit régions) et municipales
    [37] militaire à la tête du coup d’État au Honduras qui a eu lieu en juin 2009
    [38] Administration de Respect des Lois sur les Drogues, agence étasunienne de lutte contre la drogue, soupçonnée en Bolivie (et dans d’autres pays d’Amérique Latine) d’être une force armée étasunienne sous couvert de lutte contre la drogue.
    [39] président de Bolivie après la fuite de Goni, jusqu’à 2005.
    [40] Evo Morales évoque surement la conférence qu’il va organiser en avril en Bolivie, comme un contre-sommet de Copenhague.


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  • Honduras - Qui est derrière la répression ?

    Dick Emanuelsson   

    Le président du Honduras Manuel Zelaya voulait que, lors des élections du mois de novembre 2009, il y ait « une quatrième urne » pour que le peuple du Honduras, par référendum, puisse dire si oui ou non, il voulait que soit réformée la Constitution du pays. Renversé par un coup d'Etat, pourtant condamné par toute la communauté internationale (sauf la Colombie et Israël), il est désormais en exil. Depuis la répression contre la résistance populaire ne cesse de s'abattre sur le pays. Investig'Action - michelcollon.info



    Entretien avec Luis Fernando Pacheco militant du syndicat SITRAIHSS, à propos de l’assassinat de Vanessa Zepeda


    La nouvelle de l’assassinat de Vanessa Yaneth Zepeda Alonso a secoué une fois encore le peuple du Honduras et plus particulièrement les membres du Front National de la Résistance Populaire, le FNRP, dont elle était une militante enthousiaste tout comme ses deux frères.

    Le corps de la jeune infirmière, mère de trois fillettes, âgées de six mois, de 6 ans et de 9 ans, a été retrouvé au sud de Tegucigalpa, le mercredi 3 février 2010, à 15 h 30. Elle avait quitté son domicile ce matin-là et, depuis, il est impossible de reconstituer l’itinéraire qu’elle a emprunté. Son corps a été balancé hors d’une automobile en marche dans la “colonia” Loarque, au sud de la capitale. Son corps ne portait aucune trace de blessure par balle ni par arme blanche. Rien de ce qu’elle avait sur elle n’avait été volé. Elle s’était acheté une paire de tennis neufs, de marque, quelques jours auparavant, et elle les avait encore aux pieds ; même son téléphone potable a été retrouvé sur elle.  

    “Ses assassins ont tout fait pour ne pas laisser de traces sur son corps ; elles n’avait pas de blessures par balle ni aucune blessure par arme blanche. Le mutisme des employés de la Morgue qui n’ont pas autorisé la COFADEH à voir son corps justifie les plus grands doutes” écrit la COFADEH (organisme qui regroupe les parents des personnes arrêtées et disparues durant les années -80) dans un communiqué de presse. 


    Modus operandi israélien et colombien

    Andrés Pavón, président de la CODEH, (Commission de Défense des Droits de l’Homme), a déclaré, au cours d’un entretien diffusé sur Radio Globo, que les paramilitaires colombiens et les conseillers militaires israéliens sont experts dans l’art de tuer sans laisser de traces sur les corps. Cependant, “on ne peut écarter l’hypothèse que la raison de cet assassinat soit autre que politique jusqu’à ce que soit faite une enquête minutieuse et que soit rendu public le résultat de l’autopsie”, souligne Luis Fernando Pacheco, membre de la Direction Nationale du Syndicat des Travailleurs de l’Institut du Honduras d’Assurance Sociale (SITRAIHSS), au cours d’une interview & vidéo exclusive…

    “Vanessa était toujours dans la résistance avec Luis, son compagnon inséparable. Il y a 4 mois, elle a accouché de sa dernière fille, mais 40 jours après son accouchement, elle a quitté la chambre et elle a rejoint les camarades et le syndicat et a participé aux “marches de protestation “ contre le Coup d’État”, ajoute Pacheco.


    Marche en hommage à la lutte de Vanessa Zepeda

    Il déclare que la camarade participait à la formation des jeunes adhérents des syndicats et qu’elle avait l’étoffe d’un futur dirigeant du syndicat. Sa préoccupation première c’était de donner une conscience politique aux adhérents du syndicat qui grâce à des années de lutte ont conquis un emploi stable, une pension ou une assurance maladie lesquels, pensait-elle, pourraient “faire mollir” l’état d’esprit et la combattivité dans la défense des intérêts de la classe ouvrière du Honduras et de ses conquêtes sociales.
    Ce vendredi 12 février, à 18 h, à l’appel du SITRAIHSS et du FNRP, est organisée une “ Marche de Reconnaissance Envers la Lutte de Vanessa “ qui prendra son départ au bout du Boulevard Morazan et s’achèvera devant l’Ambassade du Brésil. 


    Ils enlèvent et torturent deux cameramen de la Résistance

    L’assassinat de Vanessa Zepeda a été perpétré seulement quelques heures après l’enlèvement et l’assassinat de deux cameramen de GLOBO TV, une chaîne de télévision qui appartient à la même entreprise que Radio Globo, foyer d’une opposition irréductible au Coup d’État, au régime de fait qui s’en est suivi, à son maintien au pouvoir grâce à la farce des élections du 29 novembre 2009 et à Pepe Lobo au pouvoir depuis le 27 janvier de l’année en cours.

    Les deux cameramen avaient subi des menaces déjà en novembre à cause de leur travail de journalistes, travail dont la qualité et l’intérêt ont été reconnus au plan mondial surtout après la publication des séquences désormais historiques filmées le 28 juin 2009, à 5 H 30 du matin, lorsque l’armée encercla la maison où résidait Manuel Zelaya, maison modeste qui fut la cible des militaires et qui reçut plus de cent impacts de balles ; le président fut ensuite séquestré. Depuis cette date-là, les jeunes Manuel de Jesús Murillo, 24 ans, et Ricardo Vásquez Vásquez, 27 ans, n’ont cessé d’être étroitement surveillés par les forces obscures qui ne voyaient pas d’un bon œil ces informations diffusées dans le monde entier, informations qui montraient et commentaient une réalité bien différente de celle que souhaitaient montrer le régime de facto ainsi que les médias de masse : CNN et Fox News.


    Des armes et des dollars ?

    À dix heures du soir, le mardi 2 février 2010, alors qu’ils se trouvaient dans une station-service, à Tegucigalpa, attendant une personne avec qui ils avaient rendez-vous pour un échange de vidéos en rapport avec la “Marche” du 27 janvier « deux hommes en civil, avec des armes de 9 mm et des cartes du Secrétariat de la Sécurité, braquèrent sur eux leurs armes et les avertirent que s’ils criaient ou s’ils n’obéissaient pas ils mourraient sur place. Ils les emmenèrent ensuite dans une maison où ils les torturèrent et les interrogèrent au sujet des armes et des dollars de “la quatrième urne”[1]. Ils n’arrêtaient pas de leur poser ces mêmes questions  et de les frapper et comme les deux jeunes répondaient qu'ils ignoraient tout et que leur unique arme c’était leur camescope, leurs bourreaux les torturèrent à nouveau avec plus de cruauté » écrit VIA CAMPESINA dans un communiqué. 

    Sur TV-GLOBO, Manuel de Jesús Murillo, un des journalistes enlevé, a raconté que lorsque ses bourreaux l’enfermèrent dans un sac en plastique comme ceux qu’on utilise dans les morgues et qu’ils lui dirent qu’ils allaient l’enterrer vivant la peur qu’il ressentit fut telle qu’il se pissa dessus ; par la suite les bourreaux ne purent que constater qu’ils n’en tireraient rien, alors ils consultèrent leur chef par téléphone et ce dernier, apparemment, ordonna de les éliminer. Finalement les prières que ces deux jeunes adressèrent à Dieu en cet instant d’angoisse terrible eut peut être pour effet de faire changer d’avis les bourreaux et c’est ainsi que, vers deux heures du matin, le lendemain, mercredi, ils furent abandonnés au bord du boulevard périphérique de Tegucigalpa.

    Manuel de Jesús, dans ses déclarations au quotidien TIEMPO (Le Trmps) a déclaré : « mon unique délit c’était d’avoir participé aux “marches” de la Résistance et j’avais déjà été agressé au cours des mois précédents et, plus précisément, trois jours avant les élections de Novembre 2009, ces mêmes policiers qui m’ont torturé cette fois-ci m’avaient arrêté parce que je collais des affiches ; ils ont fouillé ma maison le jour des élection, et ils ont dit à ma mère et à mes filles que si je ne leur remettais pas les armes ils les tueraient toutes. » 


    Lieu d’embuscades, assassinats et enlèvements 

    C’est dans la « colonia » Loarque, là où a été retrouvé le corps de Vanessa Zepeda, qu’était tombé dans une embuscade le président renversé Manuel Zelaya seulement deux semaines avant le Coup d’État. Deux balles s’écrasèrent sur les vitres de sa voiture blindée. Le journal putchiste El Heraldo caracterisa l’attentat de « show médiatique ». Mais « Mel»  (le peuple du Honduras appelle ainsi affectueusement son président déchu Manuel Zelaya) ne fut pas l’unique victime. 

    Un Colombien, marié et résidant au Honduras depuis de nombreuses années, a été victime d’une embuscade et assassiné au même endroit, à environ seulement deux cents mètres de la base des Forces Aériennes du Honduras. C’est à Loarque, ce quartier où il possède deux résidences, qu’habite Roberto Micheletti considéré par la Résistance comme l’homme qui a joué le rôle « civil » dans le Coup d’État du 28 juin. Ce Colombien assassiné avait été arrêté par les policiers des Renseignements, la DGIC (aujourd’hui la DNIC) et il avait été interrogé durant des mois ; il était accusé d’être un intermédiaire entre la guérilla des FARC, en Colombie, et d’éventuels marchands d’armes au Honduras. Ils n’ont trouvé absolument aucune preuve ni indice de tout cela et c’est pourquoi ils l’ont relâché avant de l’assassiner quelques mois plus tard. 

    Le 29 démembre 2009 fut enlevé et torturé Cesar Silva, photographe hondurien très actif dans le mouvement de la Résistance, dans la « colonia » Loarque. Silva a été torturé et interrogé durant 24 heures par un groupe d’inconnus qui avaient arrêté le taxi à bord duquel il se trouvait ; ils l’ont jeté dans une fourgonnette sans plaque d’immatriculation et ils l’ont emmené dans un lieu inconnu à ce jour. 


    Accord Lobo-Uribe

    Tous les crimes contre les syndicalistes  et les militants de la Résistance sont restés impunis jusqu’à ce jour. Les organismes des Droits de l’Homme honduriens sont encore plus inquiets aujourd’hui parce qu’un accord de « cooperation, d’information et de sécurité » entre le Honduras et la Colombie vient d’être signé par Alvaro Uribe, chef du gouvernement colombien, et le nouveau président du Honduras : Porfirio « Pepe » Lobo, le 30 janvier, seulement trois jours après que Lobo ait été nommé président. Uribe a été le premier chef d’État étranger à visiter le nouveau président hondurien, même s’il est vrai que ce fut une visite éclair qui ne dura que quelques heures.

    Le ministre de la Sécurité   du Honduras, Oscar Álvarez, neveu du féroce général Gustavo Álvarez Martínez, chef des FF.AA honduriennes dans les années 80 et chef de l’escadron de la mort : « Bataillon 3-16 » sera en visite officielle en Colombie pour un échange de renseignements entre les deux États et gouvernements. 


    [1] Les élections du 28 juin avaient causé la panique des classes sociales au pouvoir au Honduras et de ceux qui ont exécuté le Coup d’État ce même jour en guise de réponse à la clameur populaire qui exigeait la création d’un nouveau Honduras d’union populaire.

    Document audio complet
    Video : Partie 1 - partie 2 - partie 3

    Traduit par Manuel Colinas Balbona pour InvestigAction - michelcollon.info

    Source: Blog de l'auteur


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  • La Société interaméricaine de presse (SIP) contre l’émancipation médiatique

    Publié le 17 février 2010 par Nils Solari

    Du 6 au 10 novembre 2009, s’est tenue à Buenos Aires la 65ème assemblée générale de la Société Interaméricaine de Presse (SIP). Une lecture rapide des conclusions générales de la réunion laisse entrevoir une partialité caricaturale : aucune mention du coup d’Etat au Honduras et de véhémentes critiques à l’égard – presque exclusif - des pays de l’Alba (l’Alliance Bolivarienne des Amériques)…

    Rien de bien surprenant pourtant. La SIP répond une nouvelle fois au dessein pour lequel elle a été modelée : stopper tout élan d’émancipation - notamment médiatique - qui pourrait faire obstacle aux intérêts privés et à la politique étrangère états-unienne au niveau des Amériques…

    Dans un article intitulé « La SIP arremete contra unión latinoamericana  » [1], le Correo del Orinoco souligne que « L’organisme qui regroupe les patrons des médias de communication n’a pu occulter sa tendance politique à l’issue de son assemblée générale (…) ». Mais qui est vraiment la SIP ?

    I. Qu’est-ce que la SIP ?

    Sur son site la Société Interaméricaine de Presse (SIP) se définit comme « une organisation sans but lucratif qui se consacre à défendre la liberté d’expression et de presse dans toutes les Amériques. » Et de préciser ainsi ses « principaux objectifs » :


    - Défendre la liberté de presse n’importe où elle est contestée au niveau des Amériques
    - Protéger les intérêts de la presse des Amériques
    - Défendre la dignité, les droits et les responsabilités du journalisme
    - Encourager des standards élevés de professionnalisme et de conduite entrepreneuriale
    - Promouvoir l’échange d’idées et d’information qui contribue au développement technique et professionnel de la presse
    - Encourager une ample connaissance et l’échange le plus important d’information entre les peuples des Amériques en appui aux principes de base d’une société libre et de la liberté individuelle » [2]

    Rien de bien extraordinaire en apparence mais, la SIP, c’est d’abord…

    Le Medef des entreprises de presse sur le continent américain…

    Toujours selon son site [3], la SIP trouve son origine en 1926, avec le Premier Congrès Panaméricain de Journalistes qui eut lieu à Washington DC et qui avait approuvé à l’époque, une résolution recommandant l’institution d’un organisme interaméricain permanent de journalistes. Ladite résolution ne fut pas suivie d’effet jusqu’en 1942 à Mexico où un nouveau « premier congrès panaméricain » décida de créer une Commission permanente. Des conférences postérieures (La Havane, Caracas, Bogotá et Quito) établirent l’organisation sous son nom actuel et approuvèrent ses statuts et règlements. Organisation strictement latino-américaine au début, elle fut rejointe ensuite par un groupe nord-américain similaire en 1946.

    Jusqu’en 1950, la SIP était accueillie et financée par les gouvernements. Elle fonctionnait selon le principe de vote un pays = une voix, et beaucoup de membres n’étaient alors pas forcément des journalistes. Depuis cette date (« peut être l’année la plus importante », précise l’historique), les délégués ont adopté de nouveaux règlements fixant que les fonds proviendraient désormais exclusivement de ses membres et de dons issus de fondations : « la SIP s’est alors convertie en une entité indépendante qui ne répond d’aucun gouvernement ni d’intérêt particulier  ». Les membres et associés de la SIP représentent des publications et chaînes de journaux ; chaque délégué siège au titre de sa propre publication et est doté d’une voix pour le vote.

    Le groupement se vante aujourd’hui de compter plus de 1 300 publications affiliées « de la Patagonie jusqu’à l’Alaska » (avec un siège dans plus de 30 pays), et totalisant plus de 43 millions d’exemplaires : « La force de la SIP provient de ses associés. N’importe quelle influence que l’organisation puisse exercer en défense des traditions démocratiques provient d’une unité d’intention qui va au-delà des barrières géographiques et culturelles ; plus l’organisation a d’associés, plus importante est son influence [4] »

    Quelle « unité d’intention » ? Quelle « influence » ?

    Le bras « médiatiquement armé » de la politique du « containment »

    Le passage de la « Commission permanente » à la SIP proprement dite s’est effectué à la Havane en 1943, sous les auspices du chef de la junte militaire, le président Fulgencio Batista.

    Sur son blog, sous le titre « ¿Qué y a quién defiende la SIP ? » (15/11/2009) , Juan Gargurevich, historien du journalisme et professeur à l’Université de San Marcos et à la Pontificia Universidad Católica (Pérou), précise :

    « Il ne faut pas oublier, par exemple, que pour la contrôler [sous entendu, la SIP], les Etats-Unis ont forcé en 1949 le changement de “un pays un voix” à “un journal une voix” ; et comme ils possédaient –jusqu’à aujourd’hui -, le plus grand nombre de titres [de presse], ils sont parvenus à la contrôler avec l’aide d’associés sud-américains qui partageaient des penchants maccarthystes. Ce fut une étape noire de la SIP dans la mesure où elle a contribué à la persécution des gauches latino-américaines, en la justifiant, dénonçant d’ailleurs et à maintes reprises des syndicats qui n’avaient rien à voir avec la vieille URSS (…) Durant la vague nationaliste des années soixante dix, les membres de la SIP ont ouvert le feu contre ceux qui planifiaient des politiques de communication et, évidemment, ils furent les alliés de la démolition du célèbre appel d’un “Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Communication”, au début des années 80. »

    Pis encore, nombre de travaux ou blogs comme « Taringa », « el Aire Libre », ou Indymedia Bolivie font état de la collaboration active de la SIP avec les régimes dictatoriaux en Amérique latine (l’Argentine de Videla, le Chili de Pinochet, le Nicaragua de Somoza, etc…) … et par conséquent, avec l’incontournable CIA états-unienne…

    Pascual Serrano précise à ce propos que la SIP fut « créée en 1943 et refondée en 1950 par les agents de la CIA Jules Dubois et Joshua Powers, au côté de l’agent du Département d’Etat Tom Wallace. Son orientation était axée sur l’appui inconditionnel à la politique extérieure des États-Unis, à la lutte anti-syndicale et anti-communiste inspirée par Mac Carthy et la promotion du libéralisme économique (…) Pour la SIP, la liberté de la presse et la démocratie sont seulement compatibles avec la propriété privée des moyens de communication, ce qui constitue une interprétation très particulière de la pluralité de l’information. (…) [5]. »..

    Dans le même article, Serrano rappelle deux haut-faits de la SIP :

    - « Pendant le gouvernement d’Allende au Chili, la SIP a joué un rôle premier dans la campagne visant à promouvoir l’intervention militaire. A l’occasion de la Journée nationale de la Presse, le 12 février 1973, le président chilien avait déclaré : “Nous nous sommes vus obligés de souligner l’absence d’autorité morale et d’objectivité de la part de ceux qui se nichent dans la Société interaméricaine de Presse”. ».
    - « L’exemple le plus clair de qui dirige la SIP et avec quel modèle de liberté d’expression nous a été offert le 9 octobre dernier [2003] au moment où la conseillère de sécurité nationale des États-Unis, Condoleezza Rice, a ordonné via une téléconférence avec l’Assemblée générale de la Société interaméricaine de Presse “d’appuyer le gouvernement constitutionnel de Bolivie ” dont la démission était exigée par les Boliviens après le massacre de plus de 80 personnes par la répression policière. [6]. »

    Pour ne rien dire des positions de la SIP sur la question des médias au Venezuela ou en Argentine... De façon générale, la SIP s’est dressée contre toutes les tentatives de démocratisation de l’espace médiatique, au nom de la liberté de la presse systématiquement confondue avec la liberté des entreprises de presse… de la SIP.

    II. La 65ème assemblée générale de la SIP en 2009

    Conformément à ses statuts, la réunion de milieu d’année et l’Assemblée générale de la SIP se sont tenues cette année en Amérique latine, respectivement.à Asunción (Paraguay) et Buenos Aires (Argentine),

    Détails touristiques ?

    Or, dans sa « lettre d’information » (appel à convocation), on apprend que c’est la troisième fois que une telle assemblée générale se tenait dans la capitale Argentine (la précédente en 1968) et que cette dernière était supposée recevoir la SIP « (…) avec les bras ouverts […] lors d’un rendez vous qui à coup sur sera mémorable  » [7]. Outre les considérations touristiques destinées à appâter les futurs congressistes et les agapes pour leurs « accompagnantes » (pour un coût à faire blêmir un pigiste !), la lettre mentionne les efforts du comité d’accueil qui « s’est retrouvé depuis des mois à planifier chaque détail de l’évènement  »

    Chaque détail ? Le choix d’organiser tel évènement en Argentine pourrait apparaître totalement anodin… si cette réunion n’était pas intervenue dans le pays où près d’un mois auparavant fut promulguée la « loi sur les services de communication audiovisuelle », comdamnée par les grands groupes médiatiques de la région… et la SIP [8]… Le lieu des réjouissances : l’hôtel Hilton Buenos Aires dans le quartier de Puerto Madero disposait, outre des avantages que procure un tel type d’hébergement, l’avantage symbolique d’être « un des lieux les mieux situés dans la capitale fédérale, face à la Casa Rosada , siège du gouvernement national  ».

    Tandis que patrons de presse festoyaient, des étudiants manifestaient à l’extérieur du Hilton, brandissant des slogans tels que « la SIP défend à sa convenance les intérêts des groupes monopolistiques des médias  » [9].

    Au siège syndical de la Fédération argentine des Travailleurs de presse, se tenait également en guise de contre forum la Première Rencontre Internationale « Médias et Démocratie en Amérique latine », et traitait des conditions de travail du secteur. Luis Làzzaro, coordinateur du Comité Fédéral de Radiodiffusion affecté au Secrétariat des Medias de communication de la présidence de la République argentine y aurait comparé les membres de la SIP à un « un chœur épouvantable de dinosaures [10] »

    Résolutions et déclarations générales

    Dès le préambule de la déclaration générale, le syndicat des patrons de presse s’en prend à « l’action coordonnée de gouvernements pour contrôler la presse et le discrédit constant à laquelle ils la soumettent, l’avancée démesurée de la violence faite aux journalistes, la prolifération de lois restrictives et de décisions judiciaires arbitraires qui limitent le travail informatif ». [11]

    La SIP y voit « des indices clairs de détérioration de la liberté de la presse et de l’affaiblissement consécutif du système démocratique », sans pour autant faire mention dans ces mêmes conclusions, du coup d’Etat au Honduras du 28 juin 2009. Il faut parcourir les deux résolutions ayant trait à ce pays pour trouver la référence à ce sombre évènement - le terme de « coup d’Etat » n’apparaît que deux fois – ; et alors que le président de la Commission des Affaires Internationales de la SIP n’est autre que Jorge Canahuati, représentant de La Prensa, un journal hondurien…

    Non, la SIP est bien plus préoccupée par une certaine « tendance à l’autoritarisme » sur le continent dont l’origine est clairement identifiée : « (…) il n’est un hasard que plusieurs gouvernements soient désormais unis par une idéologie exportée depuis le Venezuela par le président Hugo Chávez (…). Cette tendance à la manipulation de la loi se reflètent dans d’autres législations de divers pays, comme la nouvelle Loi sur les Services de Communication Audiovisuelle promue par le gouvernement d’Argentine dans le cadre d’une campagne inédite de harcèlement contre les médias indépendants  ; le Projet de Loi de Communication qu’étudie l’Assemblée Nationale en Equateur et ses répliques comme la proposition de loi sur les médias au Salvador  ».

    Et de poursuivre : « L’asservissement contre la liberté d’expression légitimé par des réformes constitutionnelles et des lois faites sur mesure est liée à la création et l’acquisition de médias de la part de l’Etat et des secteurs proches du pouvoir, qui sont utilisés comme des organes de propagande  ».

    Pour autant, la SIP se réjouit de « quelques aspects positifs comme la dépénalisation des délits de diffamation et injures en Uruguay et l’envoi au Congrès argentin de la part du Pouvoir exécutif d’un projet de loi pour dépénaliser les délits d’injures et calomnies, sur la base d’une décision rendue par la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme », pratiques qui sont légion en Amérique latine mais qui à coup sûr participent de la « liberté de la presse », notamment à l’encontre des institutions officielles de certains pays…

    Le ton est du même acabit lorsque l’on s’attache à la lecture des résolutions détaillées par pays. Comme le précise à nouveau le Correo del Orinoco (Venezuela) [12] : « les accusations les plus sévères [portées par la SIP] ont été émises à l’encontre de l’Argentine, de la Bolivie, de Cuba, de l’Equateur, du Nicaragua et du Venezuela, pays qui ont été désignés comme les principaux responsables des restrictions de la liberté de la presse et les tentatives pour contrôler l’information. Est-ce un hasard que 6 de ces 7 [pays] soient membres de l’Alliance Bolivarienne pour les Peuples des Amériques (ALBA)  ? »

    Un hasard ? Sûrement pas. Il suffit pour s’en convaincre de s’être penché sur les origines et les faits d’armes de la SIP de sa création jusqu’à maintenant. On comprend dés lors qu’elle n’ait pas souhaité changé de cap historique et idéologique durant sa dernière assemblée générale.

    Nils Solari Source ici

    Notes

    [1] Repris sous le titre « Dinosaurios de la SIP arremeten contra la ALBA y la integración latinoamericana  », sur le site « La revolutionvive, 11/11/2009

    [2] Page de présentation de la SIP. Traduction libre soulignée par nous, ici comme dans la suite.

    [3] « Historia de la SIP ».

    [4] « Comment s’associer à la SIP ? » (site de la SIP)

    [5] Pascual Serrano, Le vrai visage de la Société interaméricaine de presse (SIP), 30 /10/ 2003,, sur le site de RISA.

    [6] Pascual Serrano, op.cit, reprenant une information du quotidien mexicain La Jornada, du 9-10-2003

    [7] Carta de informaciòn, 2/04/2009,

    [8] Lire ici même « Démocratisation des médias audiovisuels en Argentine, 28/10/2009.

    [9] “La SIP defiende por conveniencia los intereses de los grupos monopólicos de medios de comunicación”[Sur le site Dinosaurios de la SIP arremeten contra la ALBA y la integración latinoamericana, (« La revolutionvive11/11/2009

    [10] “un coro desaforado de dinosaurios”, Dinosaurios de la SIP arremeten contra la ALBA y la integración latinoamericana, op.cit.

    [11] ,Conclusions de la 65ème assemblée générale de la SIP, Communiqué de presse .

    [12] Dinosaurios de la SIP arremeten contra la ALBA y la integración latinoamericana, op.cit.


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  • Colombie : la ville de Medellín serait-elle une société-laboratoire ?

    "Au lieu de former des citoyens l’État forme des mercenaires"

    dimanche 14 février 2010, par Primitivi

    La ville de Medellín serait-elle devenue une sorte de laboratoire ? En janvier dernier Uribe a proposé la création d’un réseau d’étudiants qui collaborerait avec l’armée pour lutter contre le crime. Ces étudiants seraient payés 50$ par mois.

    Plutôt que de tenter d’apaiser le climat, de tenter de recréer des liens au sein de la ville le président choisi d’étendre encore le conflit en incluant les étudiants à la machine de guerre qu’est le concept de la Sécurité Démocratique.

    Nous publions un appel public à la prise de conscience du Red Juvenil de Medellín qui craint, à juste titre on dirait, la mise en place d’une société paranoïaque dont le seul langage est la violence. "Qu’au lieu de former des citoyens l’État forme des mercenaires".

    Soulèvement public

    Le gouvernement colombien intensifie la guerre dans les communautés de Medellín

    Durant une visite dans la ville de Medellín le 27 janvier 2009, Álvaro Uribe, le président colombien, avait proposé la création d’un réseau de coopérants de l’Armée Nationale constitué par 1000 étudiants de la ville, pour qu’ils aident les forces publiques dans la lutte contre le crime, et qui recevraient une paie mensuelle de 100 000 pesos soit 50 dollars US. Quelques jours après, depuis Davos en Suisse, il avait confirmé sa proposition en précisant que seuls les jeunes hommes de plus de 18 ans seraient concernés par l’offre.

    Devant cette proposition le Red Juvenil de Medellín [1], organisation de jeunes qui défendent depuis 20 ans l’antimilitarisme, la non-violence et l’objection de conscience, comme formes aidant à construire des relations humaines permettant de dépasser les causes structurelles du conflit social et armé en Colombie et qui misent sur une société démilitarisée, tiennent à faire les appréciations suivantes :

    - L’histoire de la ville de Medellín a été traversée durant des décennies par une situation profondément ancrée de conflit urbain qui fait que depuis des années, des groupes en marge de la loi contrôlent des quartiers entiers de la ville. Cette situation difficile se présente, d’un côté, par la légitimation de la violence comme manière de résoudre les conflits et comme mécanisme de contrôle de la population. Mais d’un autre côté, elle est soutenue par les conditions matérielles difficiles dans lesquelles se trouvent tout particulièrement les habitants des secteurs populaires, où les difficultés économiques, la situation de pauvreté, le problème des déplacés qui se concentrent à la périphérie de la ville, et le peu d’accès aux droits sont notables.

    Ce contexte très complexe, aggravé par la dégradation de l’ordre public récurrente depuis des décennies en Colombie, fait que selon les rapports des organisations sociales et même les rapports officiels, il y a près de 300 bande organisées aujourd’hui dans Medellín, qui rassemblent près de 6000 personnes munies d’armes.

    Cette situation est connue depuis des années par les organismes de l’État, les secteurs économiques et politiques qui, comme l’ont montré des récentes enquêtes, ont légitimé, appuyé et négocié avec ces groupes armés. Certains des groupes armés comptent plus de 15 ans d’existence à Medellín.

    Une situation comme celle là demande que l’État voit plus loin, comprenne la vraie dynamique du conflit urbain du Medellín, et ose prendre des mesures qui résolvent réellement le problème à la racine et ne le nourissent pas, comme cela arrive avec des mesures comme celle du réseau de coopérants. Et comme cela a déjà été fait avec des mesures à courte vue prises dans le passé. Cela montre bien que l’État connait mal le problème, que ce problème est structurel et qu’il est nécessaire de le résoudre sans quoi la situation continuera à empirer comme le montrent non seulement les taux d’homicides, mais aussi ceux de la pauvreté, du chômage et de l’exclusion sociale.

    Comme circonstances aggravant cette situation dans la ville on trouve la méfiance de la population face aux comportements de la force publique dans plusieurs quartiers, comportements pour lesquels plusieurs fonctionnaires ont été mis en accusation. D’autres organismes de l’État et des secteurs de la politique sont également sur la sellette, et des enquêtes ont été ouvertes.

    - Cette mesure ne va faire qu’aviver le conflit urbain que vit la ville, tout en générant encore plus de méfiance parmi les habitants, pour ces raisons cela va mener à une aggravation majeure de la violence armée.

    - On tombe sous le coup d’une violation du droit international et des conventions du CICR, puisque cette mesure est un manquement au principe de distinction qui demande la mise à l’écart de la population civile lors d’une confrontation. Cette mesure est une manière peu coûteuse d’impliquer la population dans une dynamique de guerre qui a été rejetée et répudiée par la société civile.

    - Le message caché derrière cette mesure est “que la guerre paie”, puisqu’une grande partie de l’aide internationale reçue par l’État colombien part dans les affaires militaires [2], la même chose se passe avec les impôts payés par les colombiens. Message que nous n’acceptons pas et que nous ne reconnaissons pas comme étant le nôtre, sous aucun motif. Car la guerre et les processus de militarisation de la population civile sont des actes que nous rejetons et que nous considérons contraires à toute idée de construction d’une société libre.

    - Ce qui est manifeste face à des mesures comme celle-là c’est que c’est un échec notoire de la politique de Sécurité Démocratique [3] qui en plus de ne pas pouvoir résoudre à la racine le problème des groupes insurgés, a été un énorme échec. Puisqu’il y a des secteurs de la ville au seins desquels la présence de groupes armés illégaux est évidente, zones urbaines où elle n’a même pas pu obtenir un contrôle territorial.

    Pour aggraver les choses, les processus de réinsertion, de Justice et Paix [4], de négociation avec les bandes et de soumission à la justice montrent aujourd’hui dans les faits qu’ils n’ont pas réellement pu résoudre la situation de l’ordre public ; depuis le début les organisation sociales et non gouvernementales tentent d’attirer l’attention sur leur échec et leur inconvenance.

    - Des mesures comme celle-ci fortifient la stigmatisation de la jeunesse, qui fournit la majorité des morts en ville, qui est aussi l’objet des mesures de contrôle de la part de l’État et que maintenant le gouvernement lui-même veut inclure dans la confrontation.

    - Si nous voulions critiquer la proposition du président Uribe ; nous dirions alors que s’il tient à ce que les étudiants soient majeurs, cela voudrait dire que les membres du réseau de coopérants seraient des étudiants des universités. Ce qui mènerait à penser qu’il s’agirait, dans ce cas, plus d’une tentative pour contrôler les universités et en particulier les organisations et les mobilisations des étudiants. Cela transformerait la proposition du président en une forme de contrôle politique, plus que d’une tentative pour résoudre la situation dans les quartiers. Ce serait alors une certaine manière de criminaliser les luttes populaires et les mouvements étudiants.

    Les mesures comme celles-là renforcent l’intérêt pour les actions de politique de sécurité que déploie l’actuel gouvernement, qui se résument à militariser la population civil. La question en suspend est : Que se passe-t-il dans une société qui se trouve dans cet état de militarisation ? La réponse flagrante est que cela implique une société qui délègue à la violence la résolution de tout conflit. Une société dans un état critique, soumise à l’emprise des armées et des mercenaires, légitimant la guerre, parce que la violence devient le moyen de subsistance des gens (il faut aussi penser à la proposition dans laquelle la ville de Calie, le réseau des coopérants est contrôlées par les chauffeurs des services public) et construite sur les piliers anxiogènes de la méfiance, du contrôle, de l’élimination de l’ennemi et de l’obéissance. Des valeurs qui sont à l’inverse de la construction d’une société libre et autonome.

    Face à cette scène de militarisation d’une société fatiguée de la guerre ; nous proposons une réaction de la population, guidée par les principes de la non-violence, qui est la voie de la résistance civile. Une résistance à la présence de groupes armés dans les quartiers, une résistance au scénario de la violence, une résistance et une non coopération aux mesures guerrières de ces propositions qui font qu’au lieu de former des citoyens l’État forme des mercenaires. Une résistance à la stigmatisation de la jeunesse. Une résistance à la négation de la situation de conflit urbain dans la ville. Conflit complexe qui requiert des mesures plus complètes et plus humaines.

    Envoyé par : RED JUVENIL DE MEDELLÍN 2 février 2010


    Source : Red Juvenil de Medellín (reçu par mail)
    A ce propos :
    - "Propuesta en boca de los estudiantes" (MSN Noticias)
    - "Uribe vinculará estudiantes como informantes de la Fuerza Pública" (El Tiempo)
    - "Uribe propone red de estudiantes informantes" (Ponte al dia)
    Traduction : Primitivi

    Notes

    [1] Réseau de la jeunesse de Medellin

    [2] Principalement le Plan Colombie, plan de coopération avec les États-Unis qui a rapporté 6,5 milliards de dollars depuis 2000 et dont le budget 2010 est d’environ 520 millions de dollars. Voir "l’accord militaire entre la Colombie et les États-Unis a été signé"

    [3] Sécurité Démocratique : mesure politique prise dès 2002 par Uribe face aux groupes guérilleros, paramilitaires et narcos. La principale mesure étant un déploiement militaire majeur sur tout le territoire colombien. Cette remilitarisation du pays a encore accrue les problèmes des exactions armées, des disparitions et des déplacements forcés de population. Bref au final la politique de Sécurité Démocratique ressemble plus à une politique de nettoyage social qu’à autre chose.

    [4] Uribe a fait passer la loi de « justice et paix » de juillet 2005, amnistiant les paramilitaires des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), qui sont responsables à 70 % des fosses communes où les corps correspondent à autant de disparus en attente d’identification [4]. Cette amnistie a permis la démobilisation de plusieurs milliers de paramilitaires. Wikipédia


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  • Bourrage de crâne contre le Venezuela

    Chavez veut-il vraiment contrôler Twitter ?

    par Thierry Deronne
            Vice-président de Vive TV

    La planète Internet est en émoi. Un article qui circule actuellement (http://www.boingboing.net/2010/02/04/venezuela-chavez-equ.html), et dont la teneur est reprise par de nombreux autres sites, donne le frisson : Chavez voudrait filtrer le net ! Comme il voudrait bâillonner les médias privés, c’est-à-dire 80 % des titres de presse et des stations de radio et de télévision qui le vilipendent quotidiennement. Voyons les choses de plus près.

    Les groupes de l’opposition vénézuélienne sont actuellement déchaînés contre le président Chavez et réclament sa démission. Comme s’il n’avait pas été élu démocratiquement il y a un peu plus de deux ans, et avec un score supérieur à ceux obtenus par Barack Obama et Nicolas Sarkozy. Les appels à manifester ont été diffusés en grande partie via Twittter qui est inondé de messages de ces groupes de droite selon lesquels Hugo Chavez aurait dit : “Twitter est un instrument du terrorisme”.

    Quiconque procèdera à une enquête minimale constatera que la source primaire de cette « information » est la version en espagnol du site ReadWriteWeb, propriété d’une entreprise nord-américaine. Dans le texte en question, on ne trouve cependant aucune référence au moment ou au lieu où le président vénézuélien aurait prononcé cette phrase. Personne ne s’est donné la peine d’en vérifier l’authenticité. Au contraire, le faux a rebondi d’un site sur l’autre et alimenté Twitter. Non seulement Chavez n’a rien dit de semblable, et encore moins demandé une loi pour contrôler Twitter, mais, bien au contraire, il a encouragé ses partisans à en faire usage !

    Qui a réellement affirmé que « Twitter est un instrument pour le crime ? » C’est un tribunal de Pennsylvanie dans un procès intenté à un militant, Elliot Madison, accusé d’avoir utilisé son téléphone portable pour informer les manifestants du dispositif policier mis en place autour du Sommet du G-20 à Pittsburgh. Twitter s’est révélé être un bon outil de mobilisation en faveur de la démocratie, au Honduras, mais aussi contre elle, au Venezuela. 

    Dans ce pays, et depuis plusieurs années, le gouvernement a beaucoup investi dans l’accès des catégories populaires à l’outil Internet, en multipliant les "infos-centres communautaires". Il a imposé l’usage des logiciels libres dans toute l’administration publique. Un des "gourous" de la communauté du logiciel libre, Richard M. Stallmann, recommande d’ailleurs que l’on étudie les avancées du Venezuela dans ce domaine : http://www.somoslibres.org/modules.php ?name=News&file=article&sid=650

    La dose quotidienne de faux contre Chavez et la Révolution bolivarienne a augmenté dans des proportions telles qu´il est impossible de les démentir tous. Si tant de sites dits “alternatifs” utilisent comme sources des médias liés à de grands intérêts commerciaux et politiques comme Semana en Colombie, Fox aux Etats-Unis, El Pais en Espagne, TF1 en France, comment le citoyen peut-il encore décemment s´informer ?

    Pour éviter que des révolutions démocratiques soient la cible de cette désinformation bien huilée, qui prépare des coups d’État semblables à ceux qui renversèrent Allende ou Zelaya ; pour que les gouvernements progressistes d’Amérique latine ne soient pas en permanence mis au banc des accusés, il est plus que temps que les forces de gauche (notamment en France) inscrivent enfin dans leur programme, et de manière centrale, la démocratisation du système médiatique.

    Tout comme Hugo Chavez, la présidente argentine Cristina Fernandez, Rafael Correa et Evo Morales se sont fait traiter récemment de "liberticides" parce qu´ils tentaient de ménager quelques espaces démocratiques dans le monde capitaliste de la communication. Lorsqu´on évoque cette question en Europe, la gauche et la plupart des journalistes font des réponses évasives ou se taisent. Pourtant une démocratie authentique, et la survie d´une gauche et d´un journalisme dignes de ce nom, ne peuvent exister sans un pluralisme médiatique radio-TV-écrit. On pourrait imaginer un équilibre du type 40 % de médias associatifs, 40 % de médias publics participatifs, et 20% de médias commerciaux.

    Des mensonges comme ceux concernant Twitter, à propos desquels les autorités vénézuéliennes sont en permanence sommées de s‘« expliquer », sédimentent jour après jour les prétextes que cherche la droite pour renverser des gouvernements progressistes. En Amérique latine, sa base sociale est faible, mais les grands médias nationaux et internationaux la confortent dans ses velléités d’anéantir des expériences qui échappent à l’ordre néolibéral.

    La véritable question, en forme de rideau de fumée, n’est pas de savoir si Chavez veut « filtrer le net ». Elle est de savoir quand la gauche aura enfin le courage de s´attaquer à la dictature médiatique.

    Source ici


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    TANDIS que les autorités nord-américaines soumettent à des fouilles dites intégrales les voyageurs en provenance de quatorze pays y compris - sans justification aucune - Cuba, les terroristes liés à l’extrême droite d’Amérique latine continuent à trouver refuge en territoire nord-américain.

    Le dernier représentant de cette mafia d’entrepreneurs putschistes latino-américains à se présenter à Miami est l’opposant bolivien de la región de Santa Cruz, Branko Marinkovic, que la justice de ce pays des Andes vient de dénoncer comme principal appui financier et complice de la bande terroriste désarticulée dans ce département en 2009.

    Le service bolivien de l’Immigration a confirmé au ministère public que Marinkovic a quitté le pays le 26 juin 2009, de l’aéroport international de Viru Viru Santa Cruz sur un vol dont la destination était Miami, États-Unis.

    Le 16 avril 2009, un groupe de l’Unité tactique de la résolution de crise de la police bolivienne a fait irruption dans l’hôtel Las Américas, de Santa Cruz et a surpris un commando paramilitaire recruté et financé par Marinkovic et d’autres conspirateurs.

    Les mercenaires européens Eduardo Rózsa Flores (croate), Michael Dwyer (irlandais) et Árpád Magyarosi (roumano-hongrois) ont péri dans l’opération policière. Les terroristes préparaient un attentat pour assassiner le président bolivien, Evo Morales.

    Le ministère public bolivien vient d’annoncer que les preuves réunies au cours des derniers mois démontrent la responsabilité de Marinkovic et d’autres entrepreneurs également liés à la trame terroristae.

    Selon les enquëteurs, Marinkovic a financé la cellule terroriste composée de Rózsa Flores, Dwyer, Magyarosi ainsi que Mario Tadic, détenu dans l’opération avec le Hongrois Elod Tóasó. Il est prouvé que Marinkovic a remis 200 000 dollars aux terroristes pour l’achat d’armes.

    Considé comme étant l’un des grands propriétaires de terres agricoles de Bolivie, Branko Marinkovic, est né le 21 août 1967 à Santa Cruz de la Sierra. Il est fils d’un nazi oustachi refugié en Bolivie et a étudié à l’Université du Texas, aux USA.

    Marinkovic a aussi financé les éléments sécessionnistes opposés au gouvernement du président Evo Morales, qui ont provoqué de graves incidents en septembre 2006 à Santa Cruz de la Sierra et autres villes de l’est de la Bolivie.

    D’origie croate, Rosza Flores, le chef du goupe de mercenaires financé par Marinkovic, a apartenu, en Hongrie où il a résidé, à des cercles liés au parti néonazi Jobbik.

    Par ailleurs, on a observé comment une organisation séparatiste dirigée par Marinkovic, le goupe FULIDE, appartient au Réseau libéral d’Amérique latine (RELIAL), financé et orienté par la fondation allemande Friedrich Naumann Stiftung (FNS).

    FULIDE a la particularité d’exhiber des croix gammées dans ses manifestations. On sait aussi que le groupe terroriste de Rosza Flores a été conseillé par Jorge Mones Ruiz, capo de UnoAmérica, fondation fasciste associée à la CIA.

    De telles organisations d’extrême droite font partie de la toile d’araignée qui réunit divers groupes qui sont apparus au grand jour au cours des derniers mois, aux côtés des putschistes du Honduras, dirigé par l’entrepreneur Roberto Micheletti.

    Entre autres appuis du régime de Tegucigalpa, on a retrouvé le terroriste d’origine cubaine Armando Valladares, associé aux activités de déstabilisation de Marinkovic. En Bolivie, où il a séjourné, Valladares a agi sous le couvert de l’organisation nord-américaine Human Rights Foundation dont le reprsentant bolivien, Hugo Achá Melgar, s’est aussi réfugié aux États-Unis après avoir été dénoncé pour sa complicité avec la bande de Rosza Flores.

    Au Venezuela, la FNS s’est jointe à l’énorme choeur des organisations de doite allignées sur le Département d’État qui prëchent en faveur de politiques néo-libérales, avec d’énormes budgets furnis par la USAID et la National Endowment for Democracy.

    Jean-Guy Allard SOURCE ICI


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  • DES ENNEMIS MENACENT LA STABILITÉ DE L'AMÉRIQUE LATINE

    QUI SONT-ILS ?


    Le président Evo Morales dénonce, un rapport unilatéral des États-Unis, rédigé par la CIA et le FBI, qui considère le regroupement des pays tels la Bolivie, l’Équateur, le Nicaragua, Cuba et le Venezuela comme une menace pour la stabilité de l’Amérique Latine. Qu’ont-ils donc en commun ces pays et en quoi peuvent-ils être une menace pour les États-Unis?

    CE QU’ILS SONT

    Tous ces pays affirment leur indépendance comme peuples et nations et exigent, dans leurs relations avec les autres États, le respect mutuel. Ils sont d’autant plus jaloux de cette indépendance qu’ils ont été, tout au long de leur histoire, des arrières cours d’oligarchies et de puissances qui en disposaient comme bon leur semblait. Ce n’est pas pour rien qu’ils remettent à l’avant scène les grands noms de ceux qui ont conquis leur première indépendance et qui ont mené la lutte pour cette seconde indépendance.

    Tous ces pays placent au premier rang de leurs priorités la justice sociale qui doit répondre aux besoins essentiels et fondamentaux des peuples dont ils sont les représentants. Ils investissent dans la santé, l’éducation, l’alimentation et le logement. Tous ces secteurs avaient été ignorés pour une grande majorité de la population. Ces interventions ont pour effet de favoriser une plus grande participation de cette dernière à la vie sociale, politique et économique du pays.

    Tous ces pays se font un devoir de reprendre le contrôle de leurs richesses naturelles pour les mettre au profit de leur développement économique, politique, sociale et culturel. Ils le font en révisant l’ensemble des ententes qui donnaient « carte blanche » à des multinationales et autres entreprises pour disposer à volonté de ces richesses à des coûts dérisoires sous les yeux d’une population analphabète, sans attention médicale, sous-alimentée et vivant dans des bidonvilles. Les images qui nous parviennent d’Haïti, au-delà de celles du séisme, nous montrent ce que pouvait être, il n’y a pas encore si longtemps, la situation de la grande majorité des populations de ces pays. La tâche est loin d’être terminée, mais c’est à celle-ci que travaillent ces gouvernements « qui menacent la stabilité de l’Amérique Latine. »

    Tous ces pays s’ouvrent de plus en plus au monde, cherchant à diversifier leurs relations politiques, économiques, sociales et culturelles. Ils ne veulent plus être soumis au chantage d’une seule source d’approvisionnement et d’influence pour l’ensemble des secteurs. En somme, ils ne font que suivre la politique que la grande majorité des pays de la planète développe de plus en plus : diversifier leurs relations à tous les niveaux. Rien de plus normal.

    Tous ces pays favorisent les voies pacifiques, non violentes et démocratiques pour réaliser les changements. Quatre de ces cinq pays ont des gouvernements élus démocratiquement selon les règles des démocraties occidentales. Cuba dispose d’un système électoral distinct de celui des autres pays, mais qui lui assure, tout autant que les autres, un système de droit. Les Présidents ont tous un appui très fort de la part de leur population respective

    LES CRAINTES ÉTASUNIENNES

    N’est-il pas curieux que le pays dont l’héroïque histoire d’indépendance inspirant autant de respect et d’admiration du monde trouve à redire sur des orientations qui valorisent, pour l’essentiel, les grandes valeurs qu’il a fait siennes tout au long de sa propre histoire? Comment l’affirmation de l’indépendance, la recherche d’une plus grande justice sociale, le contrôle de ses richesses naturelles, l’ouverture au monde et l’approche pacifique des changements peuvent-ils devenir une menace pour tout un Continent?

    La seule réponse plausible est que ce qui fut bon pour eux, ne peut pas l’être pour les autres. Une indépendance qui ne leur soit pas soumise est à oublier. Une justice sociale qui menace les privilèges des oligarchies devient une atteinte à la liberté. Une reprise en main de leurs richesses naturelles devient une usurpation de pouvoir. L’ouverture au monde et la diversification des relations avec d’autres pays deviennent suspectes et anti-étasuniennes, la démocratie et la non-violence au service du développement sont autoritarisme, dictature et populisme.

    À y regarder de près, ce n’est pas tellement la stabilité de l’Amérique Latine qui est en cause, sinon la stabilité de leur main mise sur l’Amérique Latine. L’arrière cour leur échappe, non pas au profit d’une autre puissance, mais au profit des peuples qui forment ce Continent. De cela, ils ne veulent rien savoir et il leur importe peu de s’allier avec les plus grands « requins » qui se remplissent les poches avec l’argent des contribuables, qui vendent leur âme pour un pot de vin. Avec un budget de plus de 72 milliards $ pour la seule CIA, ils peuvent acheter, corrompre, manipuler, tuer. Ils sauront faire parler des cardinaux, à l’occasion même le Pape, pour donner de la crédibilité à leurs bonnes intentions. Ils sauront aussi payer des paramilitaires pour poser des gestes terroristes de nature à déstabiliser ces gouvernements. Les bases militaires et la quatrième flotte leur permettra de veiller au grain.

    DE QUI SOMMES-NOUS SOLIDAIRES ?

    Je pense que toute personne de bonne foi, soucieuse de faire réalité les valeurs qu’elle porte, se doit de prendre position devant cette situation qui va à l’encontre des droits fondamentaux des peuples et des personnes. Nous ne pouvons pleurer sur la misère du monde tout en appuyant les puissances qui résistent avec force à ceux et celles qui prennent les moyens pacifiques et démocratiques pour s’en sortir. En 1970, Richard Nixon, expliquait pourquoi il ne fallait pas qu’Allende réussisse. « La principale préoccupation avec le Chili c’est qu’Allende consolide son gouvernement et projette ainsi au monde l’image de son succès (NDA : qu’il est possible par la démocratie de changer les choses). Si nous permettons que d’autres leaders pensent qu’ils peuvent faire de même, alors là, nous aurons de sérieux problèmes. » Nous connaissons la suite : COUP D’ÉTAT MILITAIRE, LE 11 SEPTEMBRE 1973. Évidemment pour sauver la démocratie et la liberté. Coup d’État au Honduras, le 28 juin 2009, également pour sauver la démocratie. L’occupation et la prise de contrôle d’Haïti avec plus de 10 000 soldats suite au séisme de janvier ne semblent pas faire problème. C'est une action exclusivement humanitaire.



    Oscar Fortin
    Québec, le 6 février 2010  Ici 


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  • Bolivie : Nationalisation des chemins de fer pour 2010

    samedi 6 février 2010, par Primitivi

    La Bolivie annonce une nationalisation de chemins de fer pour cette année. Cette action compléterait la nationalisation d’autres entreprises dans les secteurs de l’exploitation des ressources naturelles et des télécommunications ainsi que la production d’énergie électrique qui permet de favoriser des projets au bénéfice des citoyens boliviens.

    Delgadillo a assuré que la cession sera réalisée "d’une manière très ordonnée, très sérieuse, responsable". (Photo : archives TeleSur)

    L’Exécutif bolivien a annoncé ce dimanche 10 janvier qu’en 2010 les chemins de fer seront nationalisés. Les chemins de fer boliviens sont actuellement aux mains de deux entreprises internationales : le groupe chilien Luksic et l’entreprise nord-américaine Genesee Wyoming.

    "Cette année nous allons récupérer les chemins de fer", a annoncé aux médias Walter Delgadillo, Ministre des Travaux Publics, chargé du secteur du transport, qui a aussi annoncé la création de l’Entreprise Bolivienne des Chemins de fer [1] pour mettre en place les plans de jonction des deux systèmes ferroviaires.

    Le ministre a déclaré que "en ce moment même il y a une équipe de travail au vice-ministère du Transport qui prépare cette cession", cession qui, comme il l’a indiqué, sera mise en place "d’une manière très ordonnée, très sérieuse et responsable".

    Á côté des négociations avec les entreprises privées pour que se concrétise le transfert du réseau des chemins de fer à l’État, le gouvernement planifie aussi les investissements pour qu’au centre du pays soit faite la jonction entre les réseaux ferroviaires de l’ouest avec celui de l’est.

    Le ministre a appuyé sur le fait que le gouvernement cherche à récupérer les chemins de fer et à injecter plus de fonds pour que ce soit une réponse réelle à la nécessité de transport pour la production bolivienne et il a signalé la nécessité de cet investissement pour exporter la glace et le lithium.

    Le groupe Luksic est associé à l’entreprise Ferroviaire Andine qui opère à l’ouest, tandis que Genesee Wyoming participe à la Ferroviaria del Oriente, à l’est du pays.

    Dans la dernière décennie, la Bolivie a privatisé l’entreprise nationale des chemins de fer [2] ce qui, selon l’actuel gouvernement, n’a pas donné les résultats escomptés parce que la connexion entre les deux réseaux ferroviaires n’a pas été faite et que le service a été suspendu pour plusieurs frange de la population dans l’ouest.

    Sous l’ordre de Morales, la Bolivie a déjà nationalisé des entreprises dans les secteurs des hydrocarbures, des télécommunications et de l’industrie minière et il négocie actuellement avec les entreprises qui administrent trois unités de production d’électricité et les trois aéroports les plus grands du pays, ce qui devrait entraîner un grand bienfait aux citoyens boliviens qui à une autre époque n’ont subi que les nuisances de l’exploitation de leurs ressources naturelles par des capitaux étrangers.


    Source : TeleSur "Bolivia anuncia nacionalización de ferrocarriles para este año"
    Traduction : Primitivi

    Notes

    [1] Empresa Boliviana de Ferrocarriles

    [2] Empresa Nacional de Ferrocarriles


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