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    par Aura Ribeiro

    Version de cet article : [Español]

    Les forces militaires et policières de la dictature hondurienne ont envahi les rues des communautés où vivent les paysans du Bas Aguán, dans le département hondurien de Colon.

     

    Le Comité pour la Défense des Droits de l’homme du Honduras (CODEH) et la résistance hondurienne (le Front National de Résistance Populaire, de FNRP) ont dénoncé le déclanchement d’ une répression violente contre les paysans organisés dans le Mouvement Unifié de Paysans de l’Aguán (MUCA), qui militent activement, en majeure partie, aussi dans le FNRP.

    Le CODEH a fait savoir que les paysans gardent la volonté de négocier avec les putschistes, bien que ceux-ci aient boycotté les négociations , prenant position en faveur des propriétaires terriens avec des assassinats, disparitions et détentions illégales contre les agriculteurs.

    La résistance hondurienne a envoyé un message il y a quelques heures relatant la situation.

     

    « Des commandos fortement armés constitués de l’Armée et de policiers et de l’Unité spéciale des antiémeutes, les “ Cobras“, maintiennent encerclée depuis ce matin la Communauté Guadalupe Carney y Carbonales, et ne laissent pas sortir des paysans de la Coopérative El Remolino, Paso Aguán, Panama situés dans la rive gauche du Río Aguán à Trujillo, Colon, faisant partie du Mouvement Paysan de l’Aguan, de MUCA.

    Un autre groupe de militaires se trouve à cents mètres de la Coopérative La Confianza, faisant montre d’intimidation, prêt a réprimer et a déloger les paysans. Des leaders de la zone dénoncent que sont déjà arrivés les juges d’exécution de peines pour délivrer des ordres d’évacuation et de capture.

    Aujourd’hui ont été arrêtés quatre étudiants de l’École Normale Mixte du Trujillo pour ne pas porter de document d’identité, sur la déviation de Braulio, de Sonaguera à Trujillo. Une partie de l’opération militaire revient à demander les documents d’identification à toute la population qui passe par les rues principales des villes et aux entrées aux communautés pour contrôler s’ils apparaissent dans une liste que les militaires détiennent, a expliqué une dirigeante de la Coordinatrice d’Organisations de l’Aguan, COPA. Aux entrées de toutes les communautés près de 15 policiers et 12 militaires contrôlent l’entrée des habitants à leurs villages.

    Dimanche on a dénombré 35 bus de transport public de tout le pays qui étaient arrivés dans la zone, trois blindées légers qui sont entrés par Olancho, et des patrouilles policières de tout le pays.

    Les effectifs militaires et policiers dépassent trois mille hommes, et ont été logés dans plusieurs institutions de l’État comme la Banque Nationale de Développement, Banadesa Agrícola au village Zamora, dans l’Institut National de Formation Professionnelle, INFOP, au XVème Bataillon d’Infanterie, dans la communauté Rio Claro de la Municipalité de Trujillo, ils sont aussi logés dans la propriété d’huile de palme du multimillionnaire palestinien, Miguel Facussé Barjum, qui réclame des terres dans ce conflit, et dans autres entreprises à la douteuse réputation gérées par des entrepreneurs supposés liés à des affaires illicites dans la région.

    Aujourd’hui à 7 heures du matin , des camions pleins de militaires continuent de transiter par des villes de la Vallée de Sula ,provenant de tout le pays en direction de l’Aguán, ce qui fait penser qu’une évacuation massive et violente est prévue ».

     

    Aujourd’hui les négociations tendues continuent entre les paysans, qui veulent faire valoir les accords obtenus avec Manuel Zelaya, qui leur donnent le droit de travailler la terre sans avoir à être exploités par les propriétaires terriens, et la dictature, qui espère annuler la réforme agraire de Zelaya et rendre les terres aux propriétaires terriens, qui les avaient maintenues improductives pour spéculer sur le prix du sol avant la réforme.

    Traduction : Carlos et Estelle Debiasi pour El Correo

    Tercera Información. Honduras, 13 de avril de 2010.


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  • Z : un an et demi d’existence, trois numéros, 200 pages (environ) par exemplaire, une rédaction itinérante, un camion asthmatique, un local squatté à Montreuil, des convictions radicales, des articles fouillés et prenant le temps de creuser les choses, un graphisme léché, une bougeotte sympathique… Bref, une revue qui claque. Ça valait bien un entretien : la parole est à Z.

     

    La suite ici lien


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  • Rapport sur les violations israéliennes des droits humains

    PCHR du 8 au 14 avril 2010


    Les Forces d’occupation israéliennes (FOI) poursuivent leurs agressions systématiques contre les civils palestiniens et leurs biens dans les Territoires palestiniens occupés (TPO).
     
     
     

    Au cours de la semaine écoulée :

     

     

     

    • 7 civils palestiniens, dont 2 mineurs, ont été blessés par des tirs israéliens en Cisjordanie ;
    • 2 militants palestiniens ont été tués et 3 autres blessés par les FOI dans la bande de Gaza ;
    • les FOI continuent leurs tirs contre les agriculteurs et les salariés dans les zones frontalières à l’intérieur de la bande de Gaza ;
    • les FOI continuent aussi d’utiliser la force contre les manifestations non violentes en Cisjordanie ;
    • elles ont mené 23 incursions dans les communautés palestiniennes en Cisjordanie, et 3 dans la bande de Gaza :
      • 35 civils palestiniens ont été arrêtés, dont 2 mineurs, en Cisjordanie ;
      • 12 d’entre eux, dont 5 internationaux et 2 journalistes, ont été arrêtés pendant la dispersion des manifestations non violentes ;
    • les FOI ont détruit une maison dans le sud de la bande de Gaza ;
    • elles ont maintenu leur siège total sur les TPO et l’isolement de la bande de Gaza du monde extérieur ;
    • Israël poursuit sa colonisation de la Cisjordanie et les colons israéliens leurs attaques contre les civils palestiniens et leurs biens ;
    • les FOI ont démoli deux maisons en Cisjordanie ;
    • les colons israéliens ont brûlé 3 voitures de civils palestiniens dans le village de Hawara, au sud de Naplouse ;
    • des milliers de colons israéliens ont envahi le village de Kufor Hares et la tombe de Joseph dans le nord de la Cisjordanie ;
    • un colon israélien a lancé un objet en acier sur la voiture d’une personnalité politique palestinienne.

    (JPG)

    Des civils palestiniens et militants internationaux de la solidarité tentent d’échapper aux fumées des lacrymogènes lancés par les troupes israéliennes lors d’une manifestation non violente organisée à Bil’in, à l’ouest de Ramallah, pour s’opposer à la construction du mur d’annexion.


    Violations israéliennes recensées durant la semaine du 8 au 14 avril 2010

    1 - Incursions dans les zones palestiniennes et agressions contre les civils palestiniens et leurs biens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza

    Jeudi 8 avril 2010

    -  Incursions dans la région de Ramallah : vers 2 h du matin, les FOI pénètrent dans le village de Beit Reema, à l’ouest de Ramallah ; elles patrouillent et fouillent un certain nombre de maisons, et arrêtent 6 Palestiniens :

    -   ‘Aamer Hani al-Barghouthi, 20 ans,
    -   ‘Abed Tal’at al-Reemawy, 21 ans,
    -   Tariq ‘Abdullah al-Reemawi, 21 ans,
    -   Yousef Hazem al-Reemawi, 20 ans,
    -   ‘Abdullah Mohammed al-Reemawi, 20 ans, et
    -   Hakeem Hussein al-Broughouthi, 18 ans.

    Au même moment, les troupes d’occupation entrent dans Deir Abu Mash’al, un village au nord-ouest de Ramallah, où elles fouillent la maison de la famille de Khaled Mohammed Taha, 17 ans, et l’arrêtent.

    Vers 2 h 30, l’armée entre dans la vieille ville de Ramallah, fouille la maison de Kamel Jabarin, et convoque 3 de ses fils pour interrogatoire : Ra’ed, 35 ans, Hammouda, 21 ans, et Sami, 20 ans.

    -  Bande de Gaza, Khan Yunis : 9 h, les FOI pénètrent à 400 mètres dans Al Qarara, localité située au nord-est de Khan Younis. Elles nivèlent les terres qu’elles avaient précédemment défoncées le long de la frontière avec Israël. Au cours de cette incursion, les tanks font feu de tout bord. Vers 15 h, un obus frappe la maison de Hisham Mohammed Abu Farhana. Sa maison et celle de son frère sont endommagées. Les FOI se retirent vers 21h00.

    -  Région de Bethléhem : les FOI pénètrent dans le village d’Al-Ma’sara, au sud de Bethléhem. Elles font irruption dans une maison de deux étages, appartenant à Mohammed et Hassan Ahmed Braijiya, des militants du Comité populaire contre la colonisation et la construction du mur d’annexion. Les FOI interrogent Hassan pendant quelques temps. Elles l’accusent d’incitation et le menacent, le poussant à ne plus organiser de manifestations non violentes contre les activités coloniales et la construction du mur.

    Vendredi 9 avril

    -  Région de Bethléhem : vers 1 h du matin, les FOI entrent dans la cité. Elles fouillent la maison de Fayez Hmaida ; aucune arrestation.

    -  Région de Jénine : vers 2 h 30, incursion dans ‘Aanin, un village à l’ouest de Jénine, où l’armée d’occupation fouille la maison de la famille de Saddam Mohammed Yassin, 20 ans, et l’arrête.

    Samedi 10 avril

    -  Ramallah : les FOI entrent vers minuit dans Beit Leqia, à l’ouest de Ramallah, patrouillent dans les rues pendant quelques temps et se retirent sans faire d’arrestations.

    Dimanche 11 avril

    -  Bethléhem : incursion vers 1 h du matin dans le camp de réfugiés d’‘Aïda, au nord de la ville ; l’armée pénètre dans un certain nombre de maisons et arrête Mukhles Suleiman Radi, 32 ans.

    Incursion dans le camp de réfugiés d’al-‘Azza, au nord de Bethléhem. L’armée fouille des maisons et convoquent Anas ‘Abdul Jabbar Abu Tarboush pour interrogatoire.

    Dans le camp de réfugiés de Deishé, au sud de Bethléhem, l’armée entre dans des maisons, et arrête Waleed Mohammed Zarrouq, 19 ans. Elle convoque également Saleh Mohammed al-Jua’aidi pour un interrogatoire.

    Lundi 12 avril

    -  Hébron : vers minuit, l’armée entre dans le village de Beit Ummar, où elle fouille des maisons et arrête 2 Palestiniens dont un mineur :

    -   Mohammed ‘Ali ‘Awadh, 17 ans, et
    -   Nasser Sami Sabarna, 20 ans.

    -  Jéricho : vers 1 h 30, incursion dans le village d’al-Zbaidat, au nord de la ville, l’armée fouille la maison de Mohammed Mahmoud Zbaidat et le convoque pour un interrogatoire.

    -  Ramallah : vers 2 h du matin, l’armée entre dans ‘Obwin, un village au nord-ouest de Ramallah ; elle fouille certains maisons et arrête 5 civils palestiniens :

    -   Ahmed Nader al-Aa’raj, 21 ans,
    -   Ahmed Mahmoud al-Barq, 20 ans,
    -   Jameel Naji Mohsen, 19 ans,
    -   Mohammed Wajeeh ‘Abdul Karim, 21 ans, et
    -   Mustafa al-‘Iraqi, 19 ans.

    -  Qalqilya : vers 8 h 30, les FOI pénètrent dans le village d’‘Azzoun, à l’est de Qalqilya. Elles encerclent l’école primaire Yasser Arafat, dans l’ouest du village. Elles exigent de voir le directeur. Quand le directeur arrive devant les troupes israéliennes pour leur demander la raison de l’encerclement de l’école, il apprend que les FOI ont l’intention d’arrêter un certain nombre d’élèves soupçonnés d’avoir lancé des pierres sur leurs véhicules. Les soldats veulent entrer dans chaque classe pour trouver les élèves soupçonnés. Le directeur refuse, alors les soldats menacent de rester sur place jusqu’à la fin des classes, ce qu’ils font. Quand le directeur s’en aperçoit, il laisse sortir les élèves de l’école par une autre porte sans que les troupes israéliennes d’occupation ne le remarquent.

    -  Khan Yunis, bande de Gaza : 12 h, dans des jeeps militaires, les FOI en patrouille le long de la frontière, ouvrent le feu sur des civils en train de manifester pacifiquement contre la « zone tampon » à la hauteur de la localité de ‘Abassan à l’est de Khan Younis. Pas de victimes. 22h10 - Depuis la frontière au du village bédouin, dans le nord de la bande de Gaza, les FOI tirent 4 bombes phosphorescentes au-dessus de plusieurs maisons du village. Pas de victimes.

    Mardi 13 avril

    -  Ramallah : incursion dans le village de Bil’in, à l’ouest de Ramallah vers 1 h du matin. L’armée fouille des maisons et convoque Khalil Ibrahim Yasin, 17 ans, pour interrogatoire.

    -  Bande de Gaza : 5 h, depuis la frontière, à la hauteur du camp de réfugiés de Al Bureij, au centre de la bande de Gaza, les FOI échangent des coups de feu avec des résistants quand ceux-ci s’approchent trop près de la frontière. Elles tirent des obus pendant que l’aviation survole la zone. Marwan Faraj Mohammed al-Jarba, 22 ans, du camp de réfugiés de al-Boreij et Wa’el Mahmoud ’Abdul Nabi Abu Jalal, 28 ans, du camp de réfugiés de Nussairat, sont tués. Trois autres résistants sont blessés. Aussitôt les FOI pénètrent à 400 mètres sur la zone et nivèlent les terres préalablement défoncées. Elles se retirent dans l’après midi.

    -  Tulkarem : incursion vers 21 h dans Bal’a, village à l’est de Tulkarem. L’armée fouille plusieurs maisons, convoque 3 civils palestiniens pour interrogatoire : Mohammed ‘Abed Suleiman, 24 ans, Fadi ‘Abdul Jabbar Mahyoub, 25 ans, et Ra’ed Mohammed Suleiman, 30 ans.

    Mercredi 14 avril

    -  Hébron : incursion dans Yatta, au sud d’Hébron, vers 1 h du matin. L’armée patrouille dans les rues, fouille des maisons et arrête un Palestinien, Hamza Isma’il Houshiya, 24 ans.

    -  Jénine : vers 2 h du matin incursion dans Bourqin, à l’ouest de la ville. Fouilles de maisons et arrestations de 2 Palestiniens :

    -   Mahmoud ‘Abdullah Qasrawi, 25 ans, et
    -   ‘Adnan Farah Sobeh, 20 ans.

    -  Ramallah : les FOI entrent dans Bitounia, à l’ouest de Ramallah, fouillent une maison, celle de Nidal Jamal Hindiya, 20 ans, et l’arrête.
    -  Jabalya, bande de Gaza :


    (JPG)

    15 avril, Naplouse, manifestation pour la libérations de parents prisonniers
    dans les geôles israéliennes
    (AP)


    2 - Usage d’une force démesurée contre les manifestations non violentes

    Les FOI poursuivent la construction du mur et à l’intérieur de la Cisjordanie. Pendant la dernière période, les FOI ont usé, comme par le passé, de la violence contre les manifestations non violentes organisées par les civils palestiniens, des internationaux et des défenseurs des droits de l’homme israéliens, pour protester contre la construction du mur et la poursuite de la colonisation. Au moins 7 Palestiniens, dont 2 mineurs, ont été blessés, et bien d’autres souffrent de l’inhalation des gaz et de contusions.

    - Bil’in, à l’ouest de Ramallah : le vendredi 9 avril, après la prière, comme chaque vendredi, les Palestiniens, des internationaux, avec des Israéliens, tiennent leur manifestation non violente contre le mur, se dirigent vers le mur et tentent d’arriver jusqu’aux terres palestiniennes annexées qui sont derrière le mur. Aussitôt, les troupes israéliennes se mettent à tirer à balles caoutchouc, à lancer des lacrymogènes et des bombes sonores sur les manifestants. Des dizaines d’entre eux souffrent de l’inhalation des gaz et certains d’ecchymoses suite aux coups reçus par l’armée. Les FOI arrêtent également Haitham Jamal al-Khatib, 34 ans, photographe pour B’Tselem et le Comité populaire contre le mur et la colonisation, qui est relâché par la suite.

    - Ni’lin, à l’ouest de Ramallah : le même jour et comme chaque semaine, des dizaines de Palestiniens, d’internationaux et de militants israéliens organisent une manifestation non violente contre le mur construit dans le village. Ils sont affrontés aux troupes d’occupation postées près du mur, lesquelles tirent sur eux, leur lancent des lacrymogènes et des bombes sonores. De nombreux manifestants sont indisposés par l’inhalation des gaz, d’autres souffrant de contusions par les coups reçus.

    - Nabi Saleh, au nord-ouest de Ramallah : comme chaque vendredi, après la prière, la manifestation organisée par les Palestiniens, avec des internationaux et des militants israéliens, s’avance vers les terres confisquées entre les villages de Nabi Saleh et de Deir Nizam, dans la zone de Wad al-Raya. Quand les manifestant arrivent près de ces terres, envahies par les colons israéliens de la colonie de Halmish, l’armée d’occupation tire à balles caoutchouc, lance des grenades lacrymogènes et des bombes assourdissantes. 7 Palestiniens, dont 2 mineurs, sont blessés par les balles d’acier enrobées de caoutchouc :

    -   Ziad ‘Abdul Raziq Tamimi, 22 ans, blessé à la tête,
    -   Ramzi Hussein Tamimi, 31 ans, blessé dans le dos,
    -   Saleh Ayoub Tamimi, 40 ans, à la jambe droite ;
    -   Malek Talal Tamimi, 22 ans, à la main droite ;
    -   Khaled ‘Atallah Tamimi, 27 ans, au pied droit ;
    -   Mo’tassem Khalil Tamimi, 14 ans, à la jambe droite, et
    -   Mohammed ‘Abdullah, 17 ans, à la tête.

    Des dizaines de manifestants souffrent également de l’inhalation des gaz et d’autres de contusions.

    - Beit Ummar, au nord d’Hébron : samedi matin, 10 avril, des Palestiniens et des internationaux et militants israéliens organisent une manifestation non violente dans les villages de Beit Ummar et Safa, au nord d’Hébron, pour protester contre la construction du mur d’annexion et les colonies. Ils se dirigent vers la zone d’‘Ein al-Baidan à 500 mètres au nord-est, où les FOI projettent de prendre des terres palestiniennes. Les troupes israéliennes se déploient en nombre dans la zone. Elles encerclent les manifestants et déclarent le village de Safa, zone militaire fermée. Vers 14 h, les troupes israéliennes se mettent à lancer des lacrymogènes et des bombes sonores sur les manifestants. Elles cognent également sur certains d’entre eux. Selon l’enquête conduite par le PCHR, les FOI ont arrêté 11 civils (6 Palestiniens, dont un journaliste, et 5 militants internationaux). Les Palestiniens arrêtés sont :

    -   Mohammed ‘Ayad ‘Awadh, 48 ans,
    -   Mousa ‘Abdul Hamid Abu Maria, 32 ans,
    -   Younis Mousa ‘Arar, 37 ans,
    -   ‘Aatef Za’al Abu Daya, 28 ans,
    -   Saqer Sadiq Abu Maria, 38 ans, et
    -   Hazem Jameel Bader, 42 ans, journaliste de France Presse.

    Baer a été libéré dans la journée, alors que les autres détenus n’ont été libérés que le lendemain, sur des cautions allant de 1 500 à 2 500 NIS (nouveau shekel israélien - donc de 300 à 500 €).


    (JPG)

    Funférailles de Wael Abu Jabala, assassiné par l’occupant,
    dans le camp de réfugiés de Nusseirat, bande de Gaza
    (AP Photo/Ashraf Amra))


    3 - Maintien du siège sur les TPO

    Israël continue son siège serré contre les TPO et ses restrictions aux déplacements des civils palestiniens en Cisjordanie, dont Jérusalem-Est, et dans la bande de Gaza.


    Bande de Gaza

    Mouvements des personnes et des biens aux postes frontière

    Rafah International

    Date  : Détails
    7 avril  : 3 Palestiniens sortent ;
    175 autres rentrent.
    8 avril  : 9 Palestiniens sortent ;
    211 autres rentrent.
    9 avril  : 2 Palestiniens sortent.
    10 avril  : 8 Palestiniens sortent.
    11 avril  : fermé
    12 avril  : 5 Palestiniens sortent ;
    2 autres rentrent
    13 avril  : fermé

    Karm Abu Salem (Kerem Shalom)

    Date  : Importations Qté  : Exportations Qté
    7 avril  : denrées alimentaires 506 tonnes  :


     : matériel agricole 290 tonnes  :


     : denrées diverses 354 tonnes  :


     : gaz domestique 196 tonnes  :


     : fioul industriel 185 000 litres  :


     : aide humanitaire 593 tonnes  :


     :

     :

    8 avril  : denrées alimentaires 903 tonnes  :


     : matériel agricole 378 tonnes  :


     : denrées diverses 131 tonnes  :


     : gaz domestique 200 tonnes  :


     : fioul industriel 180 000 litres  :


     : aide humanitaire 461 tonnes  :


     :

     :

    11 avril  : denrées alimentaires 788 tonnes  : fleurs 86 000

     : matériel agricole 267 tonnes  :


     : denrées diverses 182 tonnes  :


     : gaz domestique 162 tonnes  :


     : fioul industriel 230 000 litres  :


     : aide humanitaire 249 tonnes  :


     :

     :

    12 avril  : denrées alimentaires 546 tonnes  :


     : matériel agricole 278 tonnes  :


     : denrées diverses 252 tonnes  :


     : gaz domestique 200 tonnes  :


     : fioul industriel 189 000 litres  :


     : aide humanitaire 201 tonnes  :


     :

     :

    13 avril  : denrées alimentaires 812 tonnes  :


     : matériel agricole 257 tonnes  :


     : denrées diverses 214 tonnes  :


     : gaz domestique 200,290 tonnes  :


     : fioul industriel 218 406 litres  :


     : aide humanitaire 67 tonnes  :

    Al-Mentar (Karni)

    Ouvert le 7 avril pour l’entrée de 1 326 tonnes de céréales et 1 092 tonnes de fourrage, et le 12 avril pour 1 833 tonnes de céréales et 2 535 tonnes d’aliments pour le bétail.

    Beit Hanoun (Erez)

    Date  :
     :
    Patients  :
     :
    Accompagn.  :
     :
    Arabes
    d’Israël
     :
     :
    Diplomates  :
     :
    Presse  :
     :
    Internat.  :
     :
    Gazaouis  :
     :
    Commerç.
    7 avril  : 41  : 39  : 39  : 6  : 8  : 28  : 3  : 6
    8 avril  : 48  : 46  : 6  : 2  : 5  : 44  : 2  : 3
    9 avril  : 0  : 1  : 11  : 0  : 2  : 9  : 0  : 0
    10 avril  : 0  : 0  : 0  : 0  : 0  : 0  : 0  : 0
    11 avril  : 62  : 64  : 24  : 0  : 3  : 7  : 2  : 6
    12 avril  : 74  : 68  : 6  : 0  : 9  : 8  : 1  : 1
    13 avril  : 32  : 30  : 17  : 12  : 0  : 29  : 5  : 7


    Cisjordanie

    L’ensemble de la Cisjordanie est toujours frappé par le siège.

    - Jérusalem : les Palestiniens ne peuvent toujours se déplacer librement dans la cité, ainsi que pour y entrer comme pour en sortir. Des milliers d’entre eux, de Cisjordanie et de la bande de Gaza, sont toujours interdits d’accès. Les Israéliens ont posé de nombreux check-points dans et autour de la ville. Les restrictions sont encore plus sévères les vendredis, jours de prière, pour empêcher les Palestiniens musulmans d’aller prier à la mosquée Al-Aqsa dans la vieille ville.

    - Ramallah : les troupes affectées aux check-points de Jaba’ et de Qalandya, au sud-est de Ramallah, imposent régulièrement des restrictions supplémentaires et procèdent à des contrôles prolongés, ce qui veut dire des heures et des heures d’attente supplémentaires pour les Palestiniens. Des check-point volants supplémentaires ont de surcroît été posés sur certaines routes du secteur pour bloquer et fouiller les véhicules palestiniens. Le dimanche matin, 11 avril, les FOI sont revenues sur le check-point d’‘Attara, au nord de Ramallah.

    - Naplouse : dimanche matin et mercredi midi, les 11 et 14 avril, les troupes stationnées au check-point de Za’tara, au sud de Naplouse, renforcent encore les restrictions aux déplacements des Palestiniens.

    - Hébron : le vendredi midi, 9 avril, les FOI posent 3 check-points aux carrefours d’Ethna, Beit Kahel et Kharsa, au nord-ouest et sud-ouest d’Hébron. Elles y arrêtent et fouillent les véhicules palestiniens. Le mardi 13, les FOI montent 6 check-points sur différentes routes autour d’Hébron.


    5 - Colonisation et agressions de colons contre les civils palestiniens et leurs biens

    -  Jeudi 8 avril, vers 21 h, les FOI entrent dans le village de Kufol Hares, au nord de Salfit. Elles ferment les entrées du village et limitent les déplacements. Vers 21 h 30, au moins 5 000 colons israéliens entrent dans le village et investissent plusieurs sites islamiques. Ils lancent également des pierres sur les maisons palestiniennes, les endommageant. Ils quittent le village, escortés par les FOI, vers 4 h le lendemain.

    -  Samedi 10 avril, vers 10 h 30, un colon israélien de la colonie Shilo, au nord de Ramallah, lance un petit objet en acier sur la voiture de Khaled Hassen Sobeh, 50 ans, membre du bureau politique du Parti du peuple palestinien, qui se rendait de Naplouse à Ramallah. Le pare-brise da la voiture éclate, mais il n’y a pas de blessures sur les personnes.

    -  Lundi 12 avril, vers 23 h, les FOI entrent dans Naplouse, par l’est, pour sécuriser l’accès au secteur pour les colons israéliens. Aussitôt, des cars transportant des dizaines de colons israéliens arrivent. Les colons descendent des cars et organisent leurs fêtes religieuses près de la tombe de Joseph. Des enfants palestiniens se rassemblent et lancent des pierres sur les véhicules de l’occupant. Les soldats tirent sur les enfants, sans faire de victimes. Les colons, escortés par les FOI, se retirent de la zone vers 6 h, le lendemain.

    -  Mardi 13 avril, vers 9 h, incursion dans le village d’Hares, au nord-ouest de Salfit, où les FOI démolissent une maison de deux étages, de 130 m2, en construction, et appartenant à Maher Hassan Sultan, prétendant qu’elle était construite sans le permis israélien. Elles ont détruit également une voiture d’une station de lavage appartenant à Ghannam ‘Abed Daoud.

    Le même jour, vers 15 h, une quinzaine de colons de Karmi Tsur, au sud de Beit Ummar, près d’Hébron, menacent Ahmed Khalil Abu Hashem, 42 ans, et sa famille, alors que ceux-ci se trouvent sur leurs terres à 70 mètres environ de cette colonie. Les colons tirent en l’air, pour effrayer la famille.

    -  Mercredi 14 avril, vers 10 h, les FOI entrent dans le village d’al-Khader, au sud-ouest de Bethléhem. Elles encerclent une maison de 160 m2, qui appartient à ‘Ali Saleem Mousa, où vivent 8 personnes. Elles donnent 30 minutes à la famille pour sortir tous ses biens de la maison et la démolissent. La maison est située à 150 mètres du mur d’annexion. Il faut indiquer que les FOI avaient démoli précédemment une maison de la même famille, dans le même secteur, en 2004.

    Toujours mercredi, les colons israéliens brûlent 3 voitures, appartenant à des Palestiniens de Hawara, au sud de Naplouse. Les voitures appartenaient à Sameer Ibrahim ‘Ouda, Ziad ‘Abdullah ‘Ouda, et Hassan ‘Awadh ‘Ouda. Les colons ont peint aussi une étoile de David sur le mur d’une mosquée du village.

    (JPG)

    15 avril, Paris, B. Delanoë, maire de Paris, R. Dati, maire d’arrondissement,
    inaugurent avec S. Peres, président de l’Etat d’Isaël occupant, l’esplanade Ben Gourion.


    (JPG) Document public

    Pour plus d’informations, veuillez consulter notre site : http://www.pchrgaza.org ou contacter le bureau du PCHR à Gaza ville par courriel : pchr@pchrgaza.org ou par téléphone, au : +972 (0)8 282 4776 - 282 5893.


     
     

    Rapport hebdomadaire pour la période du 8 au 14 avril 2010 : PCHR
    traduction pour ce qui concerne Gaza : Jacques Salles, et la Cisjordanie, JPP.

     

     


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  •  

    Dans la rue des Bons-Enfants,

    On vend tout au plus offrant.

    Y avait un commissariat,

    Et maintenant il n’est plus là.

    Une explosion fantastique,

    N’en a pas laissé une brique,

    On crut qu’c’était Fantômas,

    Mais c’était la lutte des classes !

    Un poulet zélé vint vite,

    Qui portait une marmite,

    Qu’était à renversement,

    Il la retourne imprudemment.

    Le brigadier, l’commissaire,

    Mêlés au poulet vulgaire,

    Partent en morceaux épars,

    Qu’on ramasse sur un buvard.

    Contrairement à ce qu’on croyait,

    Y’en avait qui en avait,

    L’étonnement est profond :

    On peut les voir jusqu’au plafond.

     

     

    Voilà bien ce qu’il fallait,

    Pour faire la guerre au palais,

    Sache que ta meilleure amie,

    Prolétaire, c’est la chimie.

    Les socialos n’ont rien fait,

    Pour abréger les méfaits,

    De l’infamie capitaliste,

    Heureusement vient l’anarchiste.

    Il n’a pas de préjugés,

    Les curés seront mangés,

    Plus de patrie, plus de colonie,

    Et tout le pouvoir il le nie.

    Encore quelques beaux efforts,

    Et disons qu’on se fait fort,

    De régler radicalement,

    Le problème social en suspend.

    Dans la rue des Bons-Enfants,

    Viande à vendre au plus offrant,

    L’avenir radieux prend place,

    Et le vieux monde est à la casse.


    La chanson fait référence à la journée du 8 novembre 1892, durant laquelle l'anarchiste Émile Henry, âgé de 19 ans, dépose une bombe dite "à renversement" au siège des mines de Carmaux à Paris. Après sa découverte, l'engin explosif est emmené au commissariat de police de la rue des Bons-Enfants où il explose faisant 5 morts.

    Émile Henry est arrêté après quelques attentats le 27 avril 1894 et guillotiné un mois plus tard.


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  • Pourquoi des « sanctions avisées » contre l’Iran provoqueraient des dommages collatéraux


    AUTEUR:  Ali FATHOLLAH-NEJAD

    Traduit par  Michèle Mialane. Édité par Fausto Giudice


     

    En s’obstinant à infliger des « sanctions » à l’Iran, l’Occident assombrit les perspectives de démocratisation, de développement économique et de résolution des conflits 

    Le retour saisonnier des bellicistes a culminé avec l’appel du « néocon » Daniel Pipes à Barack Obama au bombardement de l’Iran « afin de sauver sa présidence ». Peu auparavant Tony Blair avait encore glissé, dans son exposé des raisons justifiant son intervention en Irak, une phrase inquiétante « nous sommes aujourd’hui face au même problème en Iran ». Et il a prononcé le nom de l’Iran pas moins de 58 fois. La Commission britannique (Chilcot)  d’enquête sur les évènements liés à la guerre en Irak a coïncidé, non sans cynisme, avec un important renforcement militaire dans la région du golfe Arabo-persique. Et pour finir on a annoncé que des centaines de bombes anti-bunker avaient été embarquées en Californie à destination de l’île de Diego Gracia dans l’océan Indien, d’où étaient parties les deux dernières attaques aériennes contre l’Irak. Tout a exactement coïncidé avec la poursuite de la lutte du mouvement iranien pour les droits civiques et les proclamations des politiciens occidentaux qu’ils soutenaient cette lutte. Mais quelles preuves existe-t-il de cela ?

    À la différence de la guerre, les sanctions sont très largement présentées comme un remède nécessaire et franchement salubre permettant de pousser un adversaire politique à changer de cap. L’évolution du conflit entre l’Iran et l’Occident prouve cependant que les sanctions ont plutôt prolongé la crise que contribué à en sortir. En dépit  de cela, les gouvernements occidentaux semblent toujours en proie à une véritable fascination pour les sanctions.

    L’appel initial à des « sanctions paralysantes » est devenu moralement intenable l’été dernier, lorsqu’une impressionnante vague « verte » a déferlé dans les rues de Téhéran, entre autres dans la crainte de la « paralyser »  elle-même. Mais aujourd’hui tout le monde parle à nouveau de sanctions, à ceci près qu’on accole des adjectifs lénifiants tels  qu’« avisées » ou « ciblées» aux mesures punitives désormais envisagées. En y regardant de près on s’aperçoit qu’on prend largement ses désirs pour des réalités.

    Le gigantesque impact de « sanctions avisées »

    Des « sanctions avisées » seraient, prétend-on, un remède miracle pour éradiquer le mal. Dans le cas de l’Iran, le mal est désormais identifié avec le Corps des gardiens de la révolution islamique. Créés à l’origine pour défendre le pays contre l’agression de l’Irak dans les années 80, ils se sont transformés en un conglomérat social, politique et économique en expansion, détenteur d’un pouvoir incomparable dans la République islamique actuelle.

    Les « sanctions avisées » devraient donc affecter de manière ciblée la position des Gardiens au sein des structures de pouvoir iraniennes. On oublie cependant qu’une grande partie de l’économie iranienne est aux mains des Gardiens et qu’en conséquence les millions de civils avec leurs familles dont le revenu d’existence est lié aux larges pans de l’économie détenus par les Gardiens seraient eux aussi atteints. Cela donne une idée du gigantesque impact de ces sanctions.

    Les prétendues « sanctions paralysantes », qui doivent limiter en  premier lieu les livraisons d’essence à l’Iran, sont actuellement en préparation aux USA. Dans l’attente de ces sanctions US unilatérales les plus grosses compagnies d’assurances mondiales ont déjà annoncé qu’elles se retiraient d’Iran. De même de très importants fournisseurs d’essence mondiaux qui couvraient récemment encore la moitié des importations iraniennes ont cessé leurs livraisons. Ceci pèse considérablement sur le secteur financier et de la construction navale et fait monter le prix des importations d’essence iraniennes - presque la moitié de la consommation. Là encore c’est la population qui paie l’addition. Ajoutons-y qu’une application totale de ces sanctions impliquerait un blocus maritime, ce qui serait toutefois assimilable à un acte de guerre.

    Paralyser la population civile

    Ainsi que des personnalités de la société civile iranienne et aussi des économistes le soulignent, c’est la masse de la population qui paie le prix des sanctions. L’économie iranienne - depuis la production manufacturière et l’agriculture jusqu’au secteur bancaire et financier a déjà souffert de trente ans de sanctions. Aujourd’hui encore les entreprises ont de la peine à continuer leurs affaires, car elles doivent compter avec des restrictions dans l’approvisionnement en biens indispensables et sont souvent obligées de payer le prix fort. En outre la communauté scientifique est gênée par ses difficultés d’accès aux dernières conquêtes de la recherche mondiale, tandis qu’on entrave le développement technique.

    Le chef de l’opposition, Mir-Hossein Moussavi a dans une déclaration de l’automne dernier attiré l’attention sur les risques que présentent  les sanctions pour la société civile : « Les sanctions n’auraient pas d’effet sur le gouvernement, elles causeraient bien plutôt un mal sérieux à la population qui a déjà suffisamment eu à souffrir de la part de ses propres hommes d’État. Nous refusons toute sanction envers notre nation, » a-t-il déclaré très clairement. Son compagnon de luttes Mehdi Karroubi s’est exprimé dans le même sens dans une  Interview au Corriere della Sera.

    Et un problème de fond demeure, qui n’attire guère l’attention de tous ceux qui ont succombé à la dangereuse illusion qu’ils pourraient avoir leur mot à dire dans la définition et la mise en œuvre  des sanctions contre l’Iran : celles-ci sont élaborées essentiellement par l’American Israeli Public Affairs Committee (AIPAC) et la plupart du temps soumises au Congrès pour la forme pour être ensuite mises en œuvre par le sous-secrétaire au Renseignement financier et anti-terroriste (Under Secretary for Terrorism and Financial Intelligence) Stuart Levey – un homme de confiance de l‘ AIPAC. Dans tout ce processus les retombées négatives potentielles sur le peuple iranien ne jouent pratiquement aucun rôle.

    Les sanctions, qu’elles soient « paralysantes » ou « avisées » nuisent en définitive à la population. Des « sanctions avisées » c’est un oxymore comparable  aux « bombes intelligentes » qui prétendument savent cibler, au moyen de « frappes chirurgicales », uniquement les objectifs à détruire.  Et comme pour leurs consœurs  militaires ce sont en définitive les « dommages collatéraux» des « sanctions avisées » qui l’emportent.  Les trouver « avisées » n’est donc que pur cynisme.

    Une     arme politique émoussée dans le monde d’aujourd’hui

    En outre les sanctions, dans un univers mondialisé et de plus en plus multipolaire s’avèrent n’être qu’une arme émoussée, surtout lorsqu’elles visent des pays riches en sources d’énergie. Il ne manque pas d’acteurs guidés par le seul profit, trop heureux d’occuper le vide ainsi créé. C’est ainsi que des firmes chinoises, russes et même US - agissant à partir de Dubaï - ont largement profité du retrait des concurrents européens sous la pression de Washington.

    Les sanctions, qui sont devenues une quasi-obsession dans les milieux politiques occidentaux, ne sont pas un remède porteur de guérison, mais agissent plutôt comme un poison lent pour la société civile iranienne et ses mouvements démocratiques. En matière de guerre économique, les sanctions et les appels à la guerre qui reviennent régulièrement constituent un mélange explosif. Les tambours guerriers, qui se font entendre à nouveau, battent à nouveau sur le cœur de la société civile iranienne.

    Les sanctions et menaces de guerre sont un poison pour le processus démocratique

    Contrairement à ce qu’affirment les politiques, les sanctions nuisent à la société civile et consolident la position des faucons. La classe moyenne iranienne est touchée par cet isolement qui n’en finit pas, d’autant plus que les sanctions atteignent d’honnêtes commerçants et profitent aux corrompus. Les Gardiens, qui contrôlent vraisemblablement 60 ports dans le golfe Arabo-persique, par lesquels passe l’essentiel des importations, peuvent poursuivre leurs affaires, souvent par des « canaux douteux.»

    Et c’est pourquoi l’un  des « dommages collatéraux » pas tout à fait caché des sanctions qui n’en finissent pas est de faire obstacle à une transition démocratique durable en Iran. Si celle-ci avait lieu, elle représenterait un risque pour le statu quo dans la région et le maintien de l’hégémonie  des régimes autocratiques amis de  l’Occident.

    Que faire ? «Frappes chirurgicales» ou véritable solution diplomatique ?

    L’histoire sans fin des sanctions reflète les tentatives presque désespérées des politiques occidentaux, face à leurs difficultés à imposer leur volonté à l’Iran pour « faire » quand même quelque chose, afin d’avoir l’air au moins « crédibles ». Une entreprise somme toute vouée à l’échec et même dangereuse. Car il est fort à craindre que dans la foulée des « sanctions avisées » les « frappes chirurgicales » ne se fassent guère attendre.

    Au lieu de s’abandonner à l’espérance illusoire que les sanctions produiront l’effet souhaité dans un futur pas trop lointain, on devrait y mettre un terme une fois pour toutes. La seule issue consisterait  à avoir le courage d’une politique capable de désarmer les faucons de  tous bords, dont les affaires prospèrent admirablement dans le cercle vicieux de la haine. Ce n’est que par une politique de détente qu’on cessera de manière durable d’apporter de l’eau au moulin des radicalismes - et que l’on contribuera en prime à un renoncement durable à la politique sécuritaire en Iran. Lever les sanctions déjà existantes, qui s’en prennent souvent aux biens civils, pourrait faire des miracles et ébranler considérablement les principes fondamentaux des acteurs qui poussent à la confrontation.

    En dépit d’affirmations hâtives la voie diplomatique n’est pas épuisée. Bien on contraire : on en est très loin. D’autant plus qu’il subsiste  un problème central pour la sécurité de la région ; l’Occident  serait donc vraiment bien avisé d’obliger Israël - puissance nucléaire - à signer les engagements de non-prolifération. On devrait donc mettre fin à la « diplomatie coercitive » - comme on la désigne avec pertinence dans les Études diplomatiques - pratiquée par les USA envers l’Iran car elle assombrit les perspectives de paix et celles du processus de démocratisation.


    Source : Collateral Damages of Smart Sanctions on Iran

    Article original publié le 12/3/2010

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