• Lorsqu’on regarde la constitution, on est tout d’abord saisi par son apparente simplicité, voire par sa logique implacable. Tout semble couler de source, et la justesse des propositions paraît incontestable.
    Pourtant, le lecteur peut rapidement tomber dans des méandres tortueux et infinis, s’il prend soin de vouloir tout comprendre.

    Car si le texte de la constitution est assez court, concis et peut-être même limpide pour certains, un nombre non négligeable de points sont sujets à confusion, qui ont trait à la définition d’un principe dans ce qui est appelé « loi organique ». Et c’est justement là que tout se corse. Car les lois organiques sont modifiables par l’assemblée, ce qui constitue une forme d’adaptabilité de la constitution. Mais si ce principe est censé permettre une sorte de souplesse à cette dernière, elle concerne quand même certains points majeurs de notre démocratie, comme par exemple le mode de scrutin, ou les finances de l’Etat. Ce qui signifie que la constitution n’est pas intangible, et que certaines modifications des lois organiques peuvent transformer « légitimement » certains principes constitutionnels, pour peu qu’ils aient été validés par le conseil constitutionnel.

    Si on se penche un tant soit peu sur le problème, il ne faut pas creuser trop loin pour s’apercevoir que, de toutes manières, les premiers principes garantis par la constitution, même s’ils semblent justes et bons, sont en réalité loin d’être appliqués parfaitement (loin de là) : c’est qu’il doit bien y avoir quelque chose « qui cloche » entre le texte fondateur de notre république et son application concrète.

    Et si ce « quelque chose » se produit malgré la force de la constitution, c’est qu’elle doit tout de même avoir des failles… dans lesquelles on peut peut-être s'engouffrer à travers ces lois organiques, comme certaines votées il y a peu, au sujet de l’élection présidentielle (2006), ou du financement des partis politiques (2003). Et même, à y regarder de plus près, on s’apercevrait que le nombre des lois organiques votées ces derniers temps est certes conséquent  (voir liste), mais que les intitulés de ces lois montrent surtout l’extrême poids de ces lois organiques sur la vie démocratique. Et tout cela bien sûr sans compter les modifications directes de la constitution pour l’Europe, ainsi que pour le « renforcement des pouvoirs » du parlement.

    Il reste à souligner à ce propos que les lois concernant le referendum, la nomination des présidents de France télévisions, de Radio France et de la société en charge de l’audiovisuel extérieur de la France, la Haute Cour, la saisine du conseil économique, social et environnemental, ou le défenseur des droits n’ont pas été encore adoptés (tiens tiens, France télévisions et Radio France ?)

    Je ne me lancerais pas dans la lecture de ces modifications, qu’il faudrait pour être juste comparer aux textes initiaux, ni dans les retours incessants entre alinéas multiples, car je n’aurais pas assez d’une seule vie pour en venir à bout. Mais je prendrai rapidement le cas de deux lois organiques assez récemment modifiées ayant pour sujet le financement des campagnes et le mode d’élection des députés… mis en rapport avec la nouvelle proposition sur la réforme territoriale, on imagine très vite le résultat de cette corrélation, surtout validée par les expériences législatives récentes.

    Regardons ces financements, et ces modes d’élection, puis étudions la composition du parlement : nous constaterons rapidement que nous sommes coincés entre le marteau et l’enclume


    Pour le financement des élections, on s'aperçoit que c'est l'Etat qui subventionne la majorité des campagnes législatives, selon un procédé tel que les partis déjà en place ont le plus de chance d'obtenir à la fois plus de sièges, et plus d'argent.  Les “petits partis” n'ont pour leur part qu'une visibilité moindre, des subventions inférieures voire nulles, et finissent par obtenir une représentativité parlementaire ne correspondant pas à leur représentativité populaire.


    De plus, en choisissant le mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour l'élection des députés et des sénateurs, le jeu de la pluralité est soumis aux alliances et aux subventions, qui font rapidement ressortir les deux grandes formations classiques au détriment des autres. Ensuite, il n'est pas nécessaire de s'interroger longtemps pour comprendre que cette situation arrange bien l'hégémonie des deux grands groupes se partagent à tour de rôle le pouvoir : remboursés largement de leurs frais de campagnes, et certains d'être soit dans la majorité soit dans l'opposition, ils peuvent continuer à se voter les émoluments qu'ils désirent, et modifier et la loi, et la constitution, pour ainsi dire à leur guise.


    Si on regarde maintenant la composition du parlement et son mode de fonctionnement, on comprend mieux comment se fait le découpage : forts de leurs subventions et de leur visibilité, les deux grands partis font presque jeu égal en nombre de votes reçus, que ce soit pour l'élection de l'assemblée nationale ou pour le Sénat, ne laissant aux autres formations que des miettes, et aucun pouvoir.
    Cela signifie donc que la constitution, qui garantit en théorie le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, est à la merci des lois organiques qui permettent aux deux grands partis (à juste titre du coup) dits “institutionnels” de se partager le pouvoir, sans laisser la possibilité aux autres partis de se faire une place.

    Possédants à la fois le pouvoir de modifier les règles les concernant, le mode de scrutin, le financement de leurs campagnes, il n'en faut pas plus pour entrevoir de quels pouvoirs disposent les deux camps “opposés”, qui ne luttent plus désormais pour le peuple mais pour le pouvoir. Ayants plus ou moins adopté le comportement de la classe sociale dans laquelle ils évoluent (leurs émoluments sont substantiels puisqu'ils se les votent entre eux), ils ne s'agitent plus que pour ou contre certains détails leur accordant plus ou moins de sièges, ou de subventions. Il n'y a qu'à voir les résultats des votes sur la modification de la constitution, ou sur le traité européen : dans le premier cas (comme dans celui de la réforme territoriale qui va arriver bientôt) ils se battront jusqu'au bout pour ne pas perdre leurs privilèges respectifs, et dans le second, ils étaient tous d'accord car cela les arrangeait tous deux.


    Mais le peuple dans tout ça, tout ce petit monde s'en moque éperdument. La seule chose que nous garantit la constitution aujourd'hui, c'est le droit d'être d'accord, ou de nous la fermer. Pour le reste, elle a savamment été vidée de son sens : elle ne vaut plus un clou.

    Caleb Irri ici


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  • Islande - Palestine


    Continuez d’alimenter le feu souterrain qui couve et qui, si vous persistez dans cette voie, libérera sa lave dans un élan destructeur d’où personne ne sortira indemne.
     
     

    L’Islande est un tout petit pays, non certes par l’étendue géographique (plus de 100 000 km2), mais par son poids économique et sa population (320 000 personnes, soit une ville moyenne en France). La crise économique récente est née aux Etats-Unis et s’est étendue au monde entier. Toutefois, c’est par l’Islande que l’Europe a cru recevoir le coup de grâce. C’est de l’Islande que la menace d’un effondrement du système bancaire européen est arrivée. Ainsi, le comportement (jugé irresponsable) de 320.000 personnes addictes au crédit facile aurait pu occasionner la ruine d’une population mille fois plus importante.

     

     

    La petite Islande n’a pas seulement des mœurs économiques légères. Elle cache, aussi, sous une surface lisse et glacée, des volcans puissants. L’un d’eux vient d’entrer en éruption, entraînant la paralysie du transport aérien dans toute l’Europe. Personne ne peut prédire quand les choses rentreront dans l’ordre. Tout le monde prie pour que le glacier qui recouvre le volcan fonde au plus vite, que les poussières retombent et que les avions puissent ainsi reprendre leur ballet. Tout le monde garde un œil sur le volcan voisin, réputé imiter son voisin quand celui-ci explose. Pour l’instant, il se tient coi, fort heureusement ; s’il venait à se manifester, les conséquences économiques deviendraient incalculables.

    La Palestine est un tout petit pays, par la géographie (la Palestine historique tiendrait tout entière dans la superficie de trois départements français), par l’économie, par la population. Elle est le siège d’une oppression qui dure depuis plus de 60 ans. Le monde, au mieux, s’en désintéresse. Quant à l’Occident, il soutient et arme l’oppresseur. Il contribue au lent étouffement de la société palestinienne ; il contribue à alimenter le désespoir de sa jeunesse. Il honore les figures de l’oppression en baptisant rues, places et esplanades de leurs noms. Qu’aurait-il à craindre ? Il est du côté du plus fort, contre une population désarmée, appauvrie, ne présentant aucun danger pour son confort.

    Aucun danger ? Vraiment ? N’y aurait-il aucune analogie entre un volcan assoupi et un désespoir enfoui dans la mémoire collective d’un peuple ? Qui peut croire que l’on peut pratiquer l’injustice en toute impunité et pour l’éternité ? Si cela était possible, autant revêtir les cratères des volcans islandais de lourds couvercles qui auraient pour fonction, non seulement d’empêcher l’explosion, mais aussi d’en assourdir les mille bruits annonciateurs.

    Continuez ainsi, Mesdames et Messieurs du beau monde occidental, à vous faire les alliés zélés d’une entreprise de mort menée contre un peuple.

    Continuez de le faire au nom de votre douleur hypocrite qui vous amène à charger du poids de votre culpabilité les épaules d’enfants innocents.

    Continuez dans le déshonneur en armant le bras d’un oppresseur déjà surarmé pour l’aider à assassiner l’âme d’un peuple réduit à ramasser des pierres puisqu’il n’a rien d’autre à opposer à vos canons.

    Continuez à vous ceindre du drapeau aux plis douteux de la morale tout en foulant aux pieds les principes qu’édictent jour après jour vos lèvres mensongères.

    Continuez à fabriquer du ressentiment et de la haine.

    Continuez d’alimenter le feu souterrain qui couve et qui, si vous persistez dans cette voie, libérera sa lave dans un élan destructeur d’où personne ne sortira indemne.


     
     

     


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  • Equateur : Correa propose une loi d’expropriation pétrolière

    lundi 19 avril 2010, par Primitivi

    Samedi dernier, le président de l’Équateur, Rafael Correa, a proposé une loi qui faciliterait l’expropriation des champs pétroliers des entreprises étrangères qui ne changent pas leurs contrats de participation pour des nouveaux accords de prestation de services.

    Correa veut faciliter l’expropriation des champs pétroliers.

    "J’ai déjà dit que notre patience sur ce sujet est épuisée, les groupes pétroliers se jouent de nous" a déclaré Correa suivant Efe.

    Il a ajouté que "Dans les prochaines semaines il va y avoir des actions très importantes. Une loi va passer devant l’Assemblée, loi qui facilitera les expropriations des groupes pétroliers des concessions pétrolifères qu’elles occupent si elles ne veulent pas signer les nouveaux contrats de prestation de services".

    La liste des entreprises étrangères opérant en Équateur inclue des entreprises telles que l’espagnole Repsol, la chinoise CNOOC, la brésilienne Petrobrás et l’italienne Eni.

    Le nouveau modèle de contrats “remplacerait l’actuel contrat de participation entre les compagnies et l’État, dans lequel l’entreprise qui extrait le pétrole conserve une grande partie du brut extrait, qui peut monter jusqu’à 80% de la production dans certains cas”, selon Paúl Mena Erazo, collaborateur de BBC Monde en Équateur.

    Les relations entre le gouvernement de Correa et ces multinationales est très tendu tandis que d’un autre côté il essaie également d’obtenir un appui international pour le projet environnemental Yasuní. Une initiative originale qui tente de maintenir environ 850 millions de barils de brut inexploité sous terre en échange d’un soutien d’environ 350 millions de dollars [1]

    Selon Mena Erazo "Le gouvernement équatorien espère des contributions de la part des pays arabes et d’autres nations de la région à cette initiative".


    Source : BBC Monde "Correa propone ley de expropiación petrolera"
    Traduction : Primitivi

    Notes

    [1] L’objectif de la proposition est de résoudre de manière créative la menace que représente l’extraction du pétrole du projet ITT, localisé dans un lieu hautement vulnérable, le Parc National Yasuní, avec un effet positif sur la conservation de la biodiversité, la réduction des émissions de CO2 et le respect des droits des peuples indigènes et leur mode de vie.

    Le Président de la République de l’Équateur, Rafael Correa, a déclaré que le meilleur choix pour le pays est de laisser le pétrole brut dans le sous-sol. Pour cela, il faudrait mobiliser la société nationale et internationale pour soutenir l’État équatorien dans l’application de cette coûteuse décision nationale (60% des revenus de l’État provenant de l’exploitation pétrolière). L’objectif du gouvernement est de cumuler par ce moyen 50% des revenus qu’il obtiendrait par l’extraction du pétrole de ce projet.

    La procédure consiste en l’émission de bons par l’État pour le pétrole qui restera "in situ", avec le double engagement de ne jamais extraire ce pétrole et de protéger le Parc National Yasuní.

    Il est important de prendre en compte le fait que, en cas d’exploitation de l’ITT, l’État recevrait 350 millions de dollars pendant 10 ans à partir de la 6ème année, et ensuite cette somme diminuerait chaque année. On cherche à générer une alternative qui permette à l’État de percevoir 50% de ces revenus, sous forme d’une rente permanente.

    Ces sommes seraient destinées à des activités qui libèreront le pays de la dépendance des exportations et importations, et qui consolideraient sa souveraineté alimentaire.

    Voir le site Sos Yasuni pour plus d’informations.


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  • Plus de trente-cinq ans plus tard, d’anciens membres des Black Panthers croupissent toujours en prison

    Jared BALL
     
    Ils s’appellent Sundiata, Jalil, Mumia, Herman, Albert ou Leonard … ils sont noirs – ou amérindien - et ils ont participé aux mouvements pour la libération des Noirs (et des peuples autochtones) dans les années 1970. Pas de chance pour eux, ils ont tué des gardiens de prison ou des policiers alors qu’ils militaient pour l’égalité des droits des citoyens de leur communauté.

    Curieux, cette propension à assassiner les policiers ou autres représentants de l’ordre chez les Peaux-Sombres, non ?
    Depuis, ils sont toujours en prison, attendant une liberté conditionnelle sans cesse reportée. Ah, il ne fait pas bon s’opposer à l’ordre établi et défendre les droits des citoyens. Mais dans une démocratie, ceux qui finissent en prison, on les appelle criminels de droit commun - ou terroristes. Et dans ce cas-là, ils n’ont pas le droit au statut de prisonniers politiques. Le texte qui suit est la traduction de la rubrique hebdomadaire du 9/03/2010 de Jared Ball, universitaire et chroniqueur pour la radio de Black Agenda Report

    Amitié et lutte : le scandale actuel de l’emprisonnement politique

    Depuis le président Obama jusqu’en bas de la hiérarchie, des forces puissantes soutiennent que le Black Freedom Movement (Mouvement pour la Liberté des Noirs) est non seulement terminé, mais qu’il s’est terminé par une réussite totale.

    Et pourtant, des décennies plus tard, des dizaines d’anciens militants croupissent encore en prison. Si nous avons gagné, comment se fait-il que les plus courageux d’entre nous sont encore derrière les barreaux ? "Même si on se berce d’illusions, il est un fait qu’il n’y a pas eu de conclusion heureuse au mouvement de libération dans ce pays".

    "Aucun mouvement des droits civiques ou de défense des droits de l’homme ne peut revendiquer la victoire quand ses militants les plus ardents sont encore emprisonnés".

    "Salut tout le monde.

    Ma liberté conditionnelle a été rejetée hier au bout d’une audience de 2 à 3 heures et mon dossier a été remis à un jury composé de trois membres qui déterminera la durée de la peine supplémentaire que j’aurai à effectuer, et qui dépassera peut-être le délai légal de 3 ans, avant que je puisse à nouveau déposer une demande de liberté conditionnelle.

    Je vous remercie tous pour le travail remarquable que vous avez réalisé pour tenter de me faire libérer et je sais que ce que vous avez fait était le maximum de ce qui était humainement possible dans les conditions actuelles.

    Amitié et lutte.

    Ce sont les propos qu’a tenus la semaine dernière Sundiata Acoli (*), ancien programmeur informaticien pour la NASA, devenu militant au Black Panther Party, et dont les actions pour soutenir la lutte pour la libération restent, 36 ans après, qualifiées de criminelles.

    Ce refus le liberté conditionnelle arrive juste à la suite des récentes conclusions des audiences où des décisions similaires ont été prises envers Jalil Muntaqim (*), Mumia Abu-Jamal (*), Leonard Peltier (*) et Hugo Pinell (*) et, comme celles-là, c’est le genre de réponse que donne l’Etat pour briser les mythes qui mérite qu’on s’y intéresse de plus près, précisément, non seulement à cause de ce qu’elle implique pour ceux qui subissent les horreurs de l’incarcération, mais également de ce qu’elle indique sur l’état des luttes en général pour les droits civils et la défense des droits des êtres humains.

    Le refus d’accorder la libération conditionnelle à ces gens-là et à d’autres, et leur statut particulier en tant que prisonniers politiques, c’est-à dire, des gens qui sont incarcérés à cause de "leurs opinions politiques et/ou de leurs actions", rappelle abruptement que, même si on se berce d’illusions, il est clair qu’il n’y a pas eu d’issue heureuse au mouvement de libération.

    "Le complexe industriel carcéral est la dernière des machinations politiques et pénales d’une série ininterrompue d’épisodes destinés à asseoir la suprématie des Blancs".

    En dépit des discussions actuellement en cours sur la place qu’aura Obama dans l’histoire, les illusions de progrès, ou le problème de savoir s’il faudrait ou pas un ordre du jour sur la question des Noirs, il est un fait incontestable que le maintien des prisonniers politiques en prison indique bien qu’aucun mouvement de libération ou de défense des droits des êtres humains ne peut crier victoire alors que les partisans les plus ardents sont justement encore incarcérés pour avoir participé à ces luttes.

    Indépendamment de l’accusation spécifique, aucun de ceux-là ne serait encore incarcéré si ces mouvements avaient été victorieux. Ces actions ne seraient alors pas considérées comme des crimes. Au pire, comme l’a décrit David Gilbert, un autre détenu politique, toutes les erreurs commises par ces hommes et ces femmes seraient jugées par les groupes avec qui ils luttent et pas par ceux auxquels ils s’opposent. C’est véritablement cette règle qui devrait être appliquée à tous les débats sur le progrès chaque fois que nous sommes confrontés avec la toute dernière série de mythes de progrès, et même avant d’en arriver aux chiffres qui montrent que les avancées et l’amélioration des conditions matérielles sont un mensonge, on devrait simplement se demander : "lequel parmi nos dizaines de prisonniers politiques a été libéré ?"

    Et pendant que nous y sommes, on pourrait aussi bien soutenir ceux qui luttent pour dénoncer et mettre un terme à un système encore plus important d’incarcérations massives, qui, selon une nouvelle enquête, une de plus, de Critical Studies of Race and Ethnicity réalisée à l’Université Ste Catherine dans le Minnesota, décrit un complexe industriel carcéral qui, "est la dernière en date des machinations politiques et pénales d’une série ininterrompue d’épisodes destinés à asseoir la suprématie des Blancs avec ses avantages économiques et sociaux contenus dans la loi et mis en vigueur avec elle".

    Et plus dans nos préoccupations immédiates concernant l’emprisonnement politique de ceux qui militent pour instaurer un changement progressiste, cette enquête explique que ce système est une riposte aux "mouvements pour l’Abolition et pour les droits civils" qui "œuvraient pour mettre un terme à l’esclavage, au lynchages et à la ségrégation institutionnalisée" et qui se sont heurtés à des "processus nouveaux et plus détournés" qui sont devenus des procédés non discriminatoires … mais en fait racistes … où les gens de couleur, surtout les Noirs, ne sont pas protégés par la loi de façon équitable, où ils subissent une surveillance excessive, une ségrégation effroyable et l’esclavagisme moderne par le biais de l’incarcération.

    Si Obama incarnait le véritable changement dû aux conquêtes d’un mouvement victorieux, il appliquerait au moins les mêmes règles aux prisonniers politiques que celles qu’il a jugées opportunes pour Bush et Cheney.

    Si ces deux là ne doivent pas être poursuivis pour crimes contre l’humanité parce que, comme l’a déclaré le président, il préfère "se tourner vers l’avenir plutôt que vers le passé" alors, pourquoi ne détourne-t-il pas les yeux d’un passé suffisamment lointain pour libérer immédiatement ces prisonniers politiques avec des excuses et des indemnisations ?

    Jared Ball

    http://www.voxunion.com/?p=207

    Texte original : Love and Struggle : The On-Going Scandal of Political Imprisonment
    http://www.blackagendareport.com/?q=content/love-and-struggle-going-scandal-political-imprisonment

    Traduction & complément par emcee Des Bassines et du Zèle

    EN COMPLEMENT :

    JPEG - 50.1 ko
    Dedicated_to_the_Black_Panther_Party

    Les Black Panthers
    http://www.secoursrouge.org/blackpa...
    Mouvement révolutionnaire né en 1966, un an après l’assassinat de Malcom X, le 21 février 1966. Les militants de ce mouvement seront sans cesse harcelés, traqués, emprisonnés, parfois à la suite de coups montés, ou assassinés.

    Qui sont certains de ces prisonniers politiques et qu’ont-ils fait ?

    Il y a, entre autres :

    Sundiata Acoli
    http://www.sundiataacoli.org/about
    Sundiata Acoli est "prisonnier de guerre de la Republic of New Afrika".

    Mathématicien et analyste programmeur, il est né le 14 janvier 1937, à Decatur, Texas, et a grandi à Vernon, Texas. Diplômé de "Prairie View A & M College", au Texas en 1956, il travaille 13 ans pour des sociétés d’informatique, essentiellement dans les environs de New York.

    Au cours de l’été 1964, il se rend dans le Mississippi pour faire inscrire les Noirs sur les listes électorales. En 1968, il adhère au Black Panther Party de Harlem et travaille dans des associations qui s’occupent d’éducation, du logement, de l’emploi, des crèches, de la drogue et de la brutalité policière.

    En 1969, lui et 13 autres sont arrêtés dans le cadre du complot soi-disant organisé par le groupe des Panther 21. Détenus sans possibilité de liberté sous caution, leur procès qui a duré deux ans s’est conclu par l’acquittement de tous, au bout de moins de deux heures de délibération.

    Une fois libéré, à cause de l’intimidation exercée sur des employeurs potentiels par le FBI, il n’a pas pu retrouver d’emploi dans l’informatique et le harcèlement, la surveillance et les provocations constantes de COINTELPRO l’ont rapidement forcé à entrer dans la clandestinité.

    En mai 1973, alors qu’ils roulaient sur une autoroute dans le New Jersey, lui et deux de ses camarades sont tombés dans une embuscade tendue par des policiers de l’état du N.J.

    Un de ses camarades, Zayd Shakur, était tué, une autre, Assata Shakur, blessée et arrêtée. Un des policiers était tué et un autre blessé et Sundiata était arrêté plusieurs jours plus tard.

    Après un procès très tapageur et préjudiciable, il était condamné pour la mort du policier à perpétuité, avec 30 années incompressibles, et incarcéré à Trenton State Prison (TSP). Sitôt en prison, il était enfermé, simplement à cause de ses activités politiques, dans une unité spéciale nouvellement créée. Il est resté dans cette section près de 5 ans, sortant de sa cellule seulement 10 minutes par jour pour prendre une douche et 2 heures par semaine pour la promenade.

    En septembre 1979, l’International Jurist interviewait Sundiata et lui conférait le statut de prisonnier politique. Quelques jours plus tard, les autorités carcérales le transféraient secrètement en pleine nuit au tristement célèbre camp de concentration fédéral de Marion, Illinois, alors qu’il n’était pas condamné par le gouvernement fédéral.

    Marion est une des prisons de haute sécurité, et également une des plus épouvantables, et, là-bas, Sundiata était enfermé 23 heures par jour. En juillet 1987 il était transféré à la prison fédérale de Leavenworth, Kansas.

    A l’automne 1992, Sundiata avait le droit de demander la liberté conditionnelle. On ne l’a pas autorisé à assister à l’audience où on délibérait sur sa libération conditionnelle et il a seulement été autorisé à participer par téléphone depuis la prison. Malgré un excellent rapport concernant le travail, les études et la discipline en prison, malgré de multiples offres d’emplois dans le secteur de l’informatique, et malgré des milliers de lettres de soutien, la liberté conditionnelle était refusée à Sundiata.

    Au lieu de cela, après une audience par téléphone d’une vingtaine de minutes, il en reprenait pour 20 ans, la peine la plus longue de toute l’histoire du New Jersey, qui stipule qu’il doit effectuer 12 années de prison avant d’avoir le droit de demander la liberté conditionnelle à nouveau. Le jury a expliqué que les raisons de cette condamnation à ces 20 années supplémentaires étaient que Sundiata avait été membre du Black Panther Party et de l’Armée de Libération des Noirs avant son arrestation, que la réception de centaines de lettres-types avec pour en-tête “Free Sundiata” le désignaient comme prisonnier de guerre de New Afrika, et qu’ils estimaient que les aspects punitifs de sa peine n’avaient pas été satisfaisants et que sa réhabilitation n’était pas totale.

    La véritable raison de cette nouvelle peine, c’est d’obliger Sundiata à renoncer à ses opinions politiques et de proclamer au monde entier qu’il avait eu tort de lutter pour la libération de son peuple. (ça ne vous rappelle rien ?)

    Jalil Muntaqim
    http://freejalil.com/
    Jalil A. Muntaqim, incarcéré depuis 1971, est un des prisonniers politiques qui a passé le plus de temps en prison dans le monde.

    Ancien membre du Black Panther Party et de la "Black Liberation Army", il a eu une grande influence dans la prise de conscience révolutionnaire aux US .

    Né le 18 octobre 1951, à Oakland, Californie.

    Après l’assassinat de ML King, Jalil s’est dit qu’il fallait opter pour des moyens de luttes plus radicaux contre le racisme et l’injustice. Il a donc rejoint les Black Panthers. Deux mois avant son vingtième anniversaire, Jalil était arrêté avec Albert “Nuh” Washington à la suite d’une fusillade avec la police de San Francisco. A cette époque, il avait terminé ses études secondaires et était travailleur social.

    Alors qu’il était incarcéré à la prison de San Quentin en Californie in 1976, Jalil lançait une campagne nationale de pétitions adressées aux Nations Unies pour faire reconnaître l’existence de prisonniers politiques aux Etats-Unis.

    En 1997, Jalil a lancé le Jericho Movement.

    Plus de 6000 manifestants se sont rassemblés au Jericho-98 lors de la marche sur Washington pour exiger l’amnistie pour les prisonniers politiques aux Etats-Unis en vertu du droit international.

    Le Jericho Amnesty Movement a pour objectif de faire reconnaître par le gouvernement US et l’ONU qu’il existe des prisonniers politiques aux Etats-Unis, et que, selon le droit international, ils devraient être amnistiés à cause de la nature politique de leurs actes.

    Mumia Abu-Jamal
    Mumia est chauffeur de taxi de nuit. Le 9 décembre 1981, Mumia Abu-Jamal est grièvement blessé lors d’une fusillade dans le quartier sud de la ville, où il vient de déposer un client. Arrêté, il est accusé du meurtre d’un policier, Daniel Faulkner, tué dans cette fusillade. Malgré ses dénégations, malgré son absence d’antécédents judiciaires, une enquête inéquitable (expertises balistiques inexistantes, balles non identifiables, absence de relevé d’empreintes, zone des faits non sécurisée, tests non effectués, etc.) conclut à la culpabilité de Mumia. Il est dans le couloir de la mort depuis près de 30 ans. Voir la suite ici …

    Leonard Peltier
    http://lpdctexas.blogspot.com/
    Leonard Peltier a passé plus de trente ans derrière les barreaux, ses droits violés à maintes reprises. En 1977, Leonard était condamné à tort pour les meurtres de deux agents du FBI au cours d’une révolte des peuples autochtones à Wounded Knee. Son dossier est si truffé d’erreurs et d’illégalités qu’il est une mascarade de tout notre système pénal.

    Amnesty International et tout un tas d’observateurs internationaux indépendants ont depuis longtemps maintenant confirmé que le FBI avait intimidé les témoins, dissimulé des preuves, falsifié des affidavits et commis toutes les vacheries possibles pour faire coffrer Peltier.

    Autres prisonniers et toujours plus ou moins le même scenario à la Peckinpah :

    Les Angola 3
    http://www.angola3.org/
    En 1972 et 1973, les autorités carcérales accusent Herman Wallace, Albert Woodfox, et Robert King Wilkerson, anciens des Black Panthers, de meurtres qu’ils n’ont pas commis et les placent dans des cellules d’isolement pendant près de 37 ans. Wilkerson, disculpé par l’état de Louisiane, a été libéré en février 2001. Albert Woodfox et Herman Wallace, eux, languissent toujours en prison. Ce sont, à ce jour aux Etats-Unis, les détenus qui ont passé le plus de temps en cellule d’isolement.

    Et aussi :

    Les 9 de Move
    http://blog.emceebeulogue.fr/post/2...
    En prison depuis le 8 août 1978, ils attendent encore d’être libérés.

    Conclusion ?

    Eh bien, conclusion, une fois encore la Grande Démocratie n’a absolument rien à dire sur les droits de l’homme dans les pays étrangers et rien à remontrer.

    Et pour bien faire, la communauté internationale devrait isoler complètement les Etats-Unis car tout ce qui se passe d’atroce dans le monde se retrouve à grande échelle là-bas, ou exporté ailleurs.

    Incarcération des prisonniers politiques sans perspective d’être libérés un jour. Mais aussi :

    Assassinat d’opposants, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.

    Incarcérations massives : 1 personne sur cent est actuellement en prison – dont 40% de Noirs : tiens, ça va faire plaisir à Z, ça ! il va pouvoir nous sortir une théorie infaillible là-dessus.

    Peine de mort, preuves et témoignages douteux, jugements arbitraires …

    Refus de réviser les procès, en particulier pour les condamnés à mort. Il me semble que si la société estime qu’un criminel ne mérite pas de vivre, elle devrait prendre toutes les garanties que c’est bien celui qui a commis le crime qui va être exécuté.

    Depuis 1976, une centaine de personnes ont été innocentées.

    Combien ont-été assassinées parce qu’on a refusé de procéder à des tests ADN, par exemple ?

    Dernier scandale en date : Hank Skinner dont l’exécution a été suspendue in extremis, et qui clame son innocence et réclame des tests ADN

    Hélas, ces cas ne sont pas rares en particulier pour les pauvres bougres qui se retrouvent dans cette situation.

    Sans parler du traitement ignoble réservé aux prisonniers et qui relève de la torture mentale et physique. Mais il paraît que la torture, c’est très tendance, ma chère.

    Les droits de l’homme et le bienpensing sont out, la discrimination et la torture sont in.

    Que voulez-vous : The times they are a-changing.

    Ou plutôt : plus ça change ...

    http://www.youtube.com/watch?v=gcgY...

    A reminder : http://www.youtube.com/watch?v=gcgY...

    Et puis, dans une version plus ... plus quoi au fait ? surréaliste ? http://www.youtube.com/watch?v=3MUr...

    Source ici


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  • Les nuages de poussière se couchent sous l'horizon révolutionnaire


    Vous ne la voyez pas, vous ne la verrez pas. La révolution bolivienne n'est pas visible.
    Il y a ici ces chemins, où à la nuit tombée plane un brouillard épais de poussière de terre à cause de la circulation abondante du jour, masquant et tâchant tout paysage aux alentours.
     
    Cette poussière, elle ne retombe que quand vient la pluie, la tempête, l'orage la tourmente, ou les rigoles se font torrents et les flaques se transforment en lacs.
    Alors devant la force contrainte, l'on distingue effectivement un peu de ce qu'il y a ici.

    La révolution bolivienne est un peu à cette image. Ce n'est que quand ça va mal qu'on peut l'apercevoir de nos fenêtres septentrionnales. Guerre de l'eau, 2000, guerre du gaz, 2003, élections puis conspirations, 2005 – 06, séparatisme 2008 et ce n'est pas fini vu comment les loges d'extrême droite et autres délicieux comités civiques repartent à l'assaut.

    Sauf que la poussière masque, cache. Et nos yeux occidentaux sont incapable d'entrevoir de la moindre mesure de ce qui se joue ici. Et de mon point de vue délocalisé, ce n'est qu'une lorgnette qui s'ouvre à moi.

    Bien sûr, parlons de l'éducation pour tous jusqu'aux indiens Takana ou Chakobo au coeur de la forêt. Bien sûr parlons des briques, des ponts, des routes, des pavés. Ou de la nationalisation des ressources naturelles, de la redistribution des richesses.
    Et parlons encore plus de ce qui va se jouer du 20 au 22 avril 2010, une date qui fera date sans aucun doute, ou presque, pour les deux tiers de l'humanité.

    Voilà toute l'Europe perdue sous un immense nuage de poussière, émanation d'une éruption naturelle, un caprice pachamamien venu de l'Islande, pays déjà turbulé ces derniers temps.
    C'est drôle ces coïncidences, tous ces évènements qui ici prennent un sens, un ordonnement, un évidemment, c'est "logique". A l'extrême opposé d'une "logique" de système rationnelle. si tant est qu'un système qui plus il avance, plus il s'autodétruit, peut être considéré comme rationnel.

    Finalement à quoi cela servirait-il que je tente de vous en parler ?
    Je l'ai fait d'une certaine manière, qui ne me satisfait pas suffisamment, pour le Venezuela, je pense en être pour l'heure incapable pour la Bolivie.

    Et quand bien même j'en serais capable, nous, lecteurs, serions nous capables de nous décentrer de notre centre ? De nos désoccidentaliser un instant de notre occidental apostolique romain même plus catholique ? Je ne veux présumer de rien, mais je pense que pour le moment nous en sommes tous incapables.
    Moi le premier.

    Oh je vous ferais bien un de ces jours un topo sur tout ce qui se fait ici en matière révolutionnaire. Mais comme je le ressens actuellement, cela semble bien peu dire au regard des forces qui jouent ici.
    On flirterais presque avec le mystique, qui fait si peur aux laicards athéicistes, les mêmes qui n'ont jamais eu autant de foi pour leur athéisme. Reconnaissons le pour le moins, croire en la révolution est une forme de foi. Ca ne fait pas de nous des odieux curetons ni des je ne sais quelle secte.

    Qu'il y ait des conditions historique, un processus de soulèvement populaire gradué arrivant à l'élection d'un indigène au pouvoir, très bien. Mais l'on oublie à chaque fois que la force qui pousse ce soulèvement populaire n'est pas sur-déterminée par je ne sais quelle dialectique historique.

    L'on peut (et l'on doit) établir les causes et conséquences d'un processus révolutionnaire au regard de cette outil d'analyse extraordinaire qu'est la lutte des classes, mais le moment révolutionnaire pour sa part n'est pas révolutionnaire pour rien. 
    C'est qu'il va au delà de conditions matérielles préalables, qu'elles soient objectives ou subjectives d'ailleurs. On ne parle plus de matérialité, mais d'humanité en mouvement. Autre registre, autre sons, autres sens.

    Voilà pourquoi vous et moi ne comprendrons jamais la révolution bolivienne, et la vénézuelienne aussi d'ailleurs, parce qu'elles ne s'expliquent pas. Et le meilleur exemple de cette certitude de l'incertain, je l'ai sous les yeux, moi, qui ne peux croire ce qui m'arrive.
    Réel, irréel, magique, concret ? Ces termes se mélangent et forment un corpus nouveau, qui justement ne se théorise pas. Il se vit.
    Je pourrais tout aussi bien vous dire que quand je quitte le centre de la ville où je me trouve, je sens au tréfond de moi la puissance immense et écrasante d'une force supérieure. Vous me répondrez que je parle aux arbres, comme un fou, et ce sera d'ailleurs ce que je répondrais une fois rentré.
    Inaudible, hors champ.

    Je pourrais vous dire aussi que ces mêmes forces extrêmement naturelles, font peu de cas du jeu social que nous jouons quotidiennement, dans nos sociétés. Bas les masques, tous à poil, les humanités dévoilées sans qu'on puisse rien maitriser.
    Et vous me répondrez certainement qu'ici aussi je joue un rôle, que c'est aussi une société et qu'elle fonctionne aussi avec ses rôles sociaux.
    Et vous aurez parfaitement raison.

    Raison ne fait pas révolution.

    C'est une chose extrêmement violente pour un esprit cartésien rationnel tel que le mien, de découvrir que le fait révolutionnaire ne se fait pas, ne se déclenche pas seulement en fonction de conditions préalables, mais qu'il se supporte en lui même, sans explications.

    Et c'est alors que nos bons révolutionnaires, et je ne suis pas le dernier dans le lot, diront : "Alors quoi ? On arrête tout ? La militance ? Et laisse venir le Grand Soir et en attendant on attend ? Bref, éloge de l'inaction ?"

    Ce qui fera une fois de plus la preuve de notre totale stupidité à tenter en vain de comprendre, puisque c'est bien du contraire qu'il s'agit.

    Cette action collective, ce mouvement social, cette union qui fait la force, elle est révolution en soi. Par exemple, tant que dans les Assemblées générales mêmes des plus stériles, si au moins un étudiant sort avec une possible remise en question sur ce qu'il croit, alors nous auront provoqué quelque chose de révolutionnaire et il y a justification pour continuer.

    A ma gauche on me dira que cela aboutit à la Révolution permanente, chacun son petit bout de mouvement, et là encore c'est erreur.

    Car le mouvement qui provoque ce mouvement ne peut être dissocié du mouvement vers lequel il se meut. En somme, on ne peut conscientiser un étudiant dans une AG si l'objectif ultime de notre mouvement n'est pas d'aboutir à un changement des fondements institutionnels qui régisse notre société.

    Oh je n'invente rien, ça a été dit et redis par les uns ou les autres et ça fait un bout de temps que j'en suis convaincu. En revanche ce qui est nouveau pour moi c'est à quel point ce mouvement là, cette tension collective vers ce changement fondateur, est mystique. Plus qu'une croyance, c'est une expérience de vie.

    J'en viens du coup à élaborer des théories vaseuses. 

    Comme quoi la chute du mur de Berlin n'a été en rien la chute de l'idéologie soviétisante, qui s'est fondue à merveille dans le néolibéralisme financier et sécuritaire. le fonctionnement d'un fond de pension ou autre banque d'investissement à plus à voir avec le stalinisme que n'importe quel parti communiste contemporain.
    En revanche, par cet effondrement, quelque chose d'autres a été détruit pour une moitié de l'humanité, la faute aux acteurs du pourrissement de longue date du processus originel, mais aussi à ceux qui ont toujours lutté contre ce dessein originel.
    Et c'est cette mystique que nous avons pour tache de reconstruire aujourd'hui.
    Le propos vous dérange ? Je serais en train de faire l'éloge d'un totalitarisme ? 
    Je justifie et excuse l'horreur la plus noire ?

    Faites tomber les grilles.

    L'excuse perpétue le jugement de valeur, le bien ou le mal
    . « On » aurait mal fait ? Mais réalisons d'abord que nous n'existions tout simplement pas alors ? Ce ne sont pas d'excuse qu'il faut aujourd'hui, pour personne.
    Assez de condescendance, même après avoir commis tout ce que nous avons commis, l'on continue à juger à l'aune du bien ou du mal nos actions.
    En revanche, oui, reconnaissance.

    En premier lieu celle que JAMAIS la révolution industrielle qui nous a mené à devenir des pays dits développés, absolument JAMAIS n'aurait été possible sans l'accumulation préalable de capital, issu du pillage systématique de l'ensemble des ressources dans le monde entier, à commencer par les filons d'argent sans fins des mines de Potosi, et tout le reste de ce continent dont les veines ouvertes ne se refermeront sûrement jamais. Et ce pillage humain, cette destruction destructrice, de l'Afrique, des autres cultures, pillées, esclavagisées et massacrées jusqu'à la dernière goutte.

    Cela est prouvé, re prouvé et fait partie de notre Histoire.
    Notre richesse n'est que la conséquence de leur exploitation.
    Nous ne sommes pas des coupables, mais notre civilisation est responsable.
    C'est la première chose que nous devons reconnaître.
    Avec son corolaire : le système capitaliste actuel est génocidaire.
    c'est un fait mainte fois démontré, par le passé et encore le présent.

    Et ce n'est pas le million de morts d'Irak qui m'en donnera tort (oui un million, soit le chiffre des organisations indépendantes, puisque le chiffee officiel est celui de l'armée américaine .. vous ne saviez pas ?)

    Je glisse sur des terrains glissants ? Sauf que les nuages de poussière ne glisse pas. La terre on la sent bien, on l'a tant autour de soi pour bien garder les pieds bien ancrés, bien plus que dans notre modernité flottante.

    Et nous devons maintenant reconnaître que ce sont ces mêmes populations que nous avons si longtemps soumises, qui aujourd'hui; au travers de siècles de luttes, dessinent la nouvelle voie pour l'avenir du monde et de l'Humanité. Et sauf changement de dernière minute, cela se fait et se fera sans nous.


    Il faut en commencer par là pour saisir ce que peut être le mouvement révolutionnaire en cours ici. Commencer par révolutionner notre vision de nous mêmes comme pays développés, occidents, là où nous avons des siècles de retard dans notre mystique sur le reste du monde.

    Et se révolutionner soi même. Une fois à nu, l'on découvre ses contradictions les plus profondes qui font mal. Et c'est bien cela le problème majeur pour nos étroits esprits égotistes : a quoi bon faire la révolution si elle ne m'apporte pas "Mon" bonheur sur terre ?

    Et tout ça il faut le mener de front, et collectivement.
    Et c'est extrêmement difficile mais c'est une nécessité impérieuse.
    Et quand des gens qui ont a peine de quoi manger une fois apr jour mènent depuis leur naissance jusqu'à leur mort cette lutte, on peut se questionner sur nous mêmes.

    Ces 20 au 22 avril 2010 va se dérouler une rencontre entre 15 000 personnes, membres d'organisations sociales du monde entier, de plus de 111 pays, qui vont collectivement décider de la manière dont ils s'accordent pour trouver des solutions à la faillite prochaine de la civilisation humaine devant la destruction environnementale.
    Cette conférence mondiale des peuples pour le climat ne tiendra peut être pas toutes ses promesses, et l'hypothèse est possible qu'a posteriori l'on dise que ce fut un échec.
    L'échec de quoi, l'échec pour qui ? Pour quoi ?

    L'existence même de cette conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la Terre Mère, est en soi une réussite. Tout ce qui en sortira ne pourra être qu'un pas de plus vers des jours meilleurs.

    J'y serais et vous transmettrais comme je le pourrais au cours des jours prochain la quotidiannité d'un tel évènement.
    si tant est que ce soit possible. Enfin le possible désormais ... vous savez ....


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