•   Etranges manières de compter ou de conter chez Rue 89…‏

    Yvette Guevara   

    A La Macarena, petit village colombien situé 200 kilomètres de Bogota, deux mille cadavres des dissidents assassinés pendant le conflit armé et les périodes de nettoyage qui ont suivi, viennent d’être découverts. Deux mille êtres humains inhumés dans le plus terrible anonymat par les commandos d’élite et les forces gouvernementales. 2000 personnes ! C’est la plus grande fosse commune de l’histoire récente d’Amérique latine.
    Hélas, il y n’a pas un seul cri d’indignation parmi les grandes voix de la presse. Peut-être l’horreur a-t-elle laissé en état de choc les reporters d’Amnesty International ou les dits journalistes de Reporters Sans Frontières ?



    Combien se sont déplacés pour faire connaître un tel crime collectif, comparable à ceux de l’Holocauste nazi ou au génocide rwandais ? Où est l’indignation de la communauté internationale, de l’Union Européenne, des hommes politiques, des porte-paroles, des journalistes ou citoyens informés ? Qui a demandé des explications à la Colombie, au pouvoir colombien ? Quelle ONG est partie pour soutenir les familles concernées par le deuil ? Mais surtout, surtout : pourquoi ceci est passé sous le plus horrifiant des silences ?


    Est-ce la « fatalité » colombienne, cet espèce de syndrome de la violence incurable et du conflit éternel ? Est-ce que dans ces conditions d’institutionnalisation, des assassinats des dirigeants et de l’opposition, derrière une fine couche de lutte contre le narcotrafic, suffit à convaincre ?


    En tout cas, il faudra des kilos de « poudre » aux yeux pour faire de la fumée devant un crime d’une telle envergure. Ou, trouver, entre les nouvelles du sud, quelque chose à se mettre sous la dent. Et voilà : la mort du prisonnier d’opinion cubain Orlando Zapata ! Ça, ça peut faire couler de l’encre. C’est une valeur sûre car depuis 1972 aucun des dits prisonniers politiques cubains n’est mort, aucun n’a disparu, aucun n’a été torturé, aucune fosse commune n’a été découverte à Cuba. Cuba est toujours un bon sujet.


    Si regrettable que soit la mort de Monsieur Zapata, que ce soit par des soins tardifs pour stopper une pneumonie, mais surtout des suites d’une grève de la faim, une grève largement encouragée par une dissidence cubaine en manque de martyrs, plus regrettable encore est l’instrumentalisation de sa mort par les médias.


    En tant que cubaine, depuis des lustres, je pense que Cuba n’a nul besoin d’avoir entre 86 et 200 personnes dans ses prisons pour des actes de désobéissance politique. Nous pourrions choisir de devenir rien qu’un pays de plus en Amérique-latine, et avoir nos 2000 cadavres dans une fosse commune. Comme ça, nous éviterions d’être un sujet à la mode, de donner de la charogne informative aux journalistes et cesser d’être de la chair à scandale, indignant les institutions politiques internationales. Il faudrait être comme les autres. Point. Comme ça, ils nous foutront la paix. C’est cynique, oui, je vous l’accorde, mais une réalité. Alors c’est la réalité la véritable cynique.


    Orlando Zapata, disait le reporter Enrique Ubieta, est un mort inutile. Je suis d’accord. Sa mort a servi à une relance de l’exsangue opposition cubaine divisée et mal en point depuis dix ans, dont les scandales de corruption se suivent. Elle a servi à des groupuscules inconscients qui se bagarrent pour le trône de la dissidence dans une guerre interne. Elle a servi aux journalistes de gauche pour se faire encore les ongles sur les dos d’un pays qui les déroute dans leurs analyses de gauche handicapée, d’une gauche occidentale et décadente à l’image de leurs continents. La mort de ce pauvre homme a servi à cacher 2000 cadavres colombiens, dans un élan de gaucherie médiatique. Elle ne sert pas Cuba, non, ni cette image contradictoire de goulag sans disparus, sans assassinats, sans bain de sang, sans violence. De dictature sans tâche à la colombienne, sans narcotrafic, sans fosse commune…Comment ça se fait ?


    Mais il y eut un mort, Orlando Zapata, qui réclamait dans sa grève un téléphone dans sa cellule et une cuisine. Je comprends, c’est dur de vivre sans les repas fait par maman, la bouffe de la prison est infecte, et ne pas écouter le feuilleton de 21h par l’auriculaire d’un téléphone est insoutenable. Je suis encore dans le cynisme ? Oui, mais les pires des cyniques, le pompon, ce sont les manipulations sans aucun scrupule des compatriotes dissidents d’Orlando Zapata, qui l’ont encouragé dans son autodestruction, qui attendaient la dépouille pour avoir les premières pages dans Le Monde et ailleurs. Bravo, ils les ont eues, ces pages.


    Je me dis, en tant que cubaine, que les autorités de mon pays auraient mieux fait de suivre l’exemple étasunien et de gaver M. Zapata contre sa volonté, comme ça a été fait dans la prison de la base navale de Guantanamo avec les 50 grévistes de la faim, torturés en douce…Un bon passage à tabac, un perf’ de nutrition et aucun journaliste, aucun commentaire disgracieux, aucune indignation internationale et aucune mort regrettable…


    Je me dis, en tant que cubaine, que des tas de choses devront changer dans mon pays, sans perdre un gramme d’autodétermination, d’indépendance, de dignité. Sur le plan économique, dans la sauvegarde des acquis sociaux, dans les droits fondamentaux des hommes à se faire leurs propres idées et à choisir le système de valeur qui leur convient.


    Cela doit se faire entre cubains, sans ingérence, sans manipulations politiques. Hélas, vu les réactions des médias, rois par excellence de ce monde où nous vivons, je ne vois pas très bien comment arriver à bouger ne serait-ce que un cil sans que cela devienne une guerre des passions non objectives, un orage des verbiages futiles et dangereux pour tout changement réel et conséquent.


    En attendant que la vague médiatique se trouve un autre cadavre dans la domaine de la facilité, voici une pensée sincère et profonde pour les 2000 mères des dissidents colombiens assassinés. Mais aussi, mes condoléances à la famille de ce pauvre Zapata, « martyr qui tombe à pique », de la contrerévolution.

    EN REPONSE A :
    Cuba : la mort d’Orlando Zapata, gréviste de la faim :
    http://www.rue89.com/panamericana/2

    Source ici


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  • Élections régionales de mars 2010, acte II : résultat d’une mascarade élective supplémentaire au bal de la démocrature.

    Samuel METAIRIE
    tableau : The Masquerade www.flickr.com/photos/osm_art

    Au tout début de ce mois, j’avais publié sur internet un article intitulé : « Les élections régionales de mars 2010 : un voile démocratique peut cacher une dictature. »

    Voici en quelque sorte le second tour…

    Je fais partie de ces quelques millions de personnes qui ne se sont même pas inscrites sur les listes électorales, ces brebis galeuses que les ENArchistes et les technocrates considèrent comme trop stupides pour aller s’inscrire. Même pas reconnu juridiquement comme abstentionniste, j’attire donc les foudres des pratiquants de la religion démocratique, qui viennent me dire que mon refus catégorique du vote dans cette république rend ma critique systémique illégitime, que je dois voter pour être en mesure de pouvoir m’exprimer. Faut-il se tirer une balle dans le pied pour pouvoir dire que ça fait mal ? Pourtant, que l’élection soit municipale, régionale, législative, présidentielle ou européenne, il n’y aura jamais de changement (social et populaire) possible par les urnes telles qu’elles sont organisées à l’heure actuelle, car elles constituent un consensus citoyen tacite, un sentiment collectif généralisé d’acceptation à ce système de domination et de spoliation légalement organisée du peuple.

    « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ». Cette citation d’Etienne de la Boétie (1530-1563) vient nous rappeler que de tous temps, le but d’un pouvoir politique (monarchique ou républicain) est d’assurer le contrôle et la servitude de son peuple s’il ne veut pas péricliter. Pour ce faire, ce pouvoir doit obtenir le consentement de son peuple pour ne pas qu’il se révolte, de gré ou de force, cela lui permet alors d’asservir et exploiter toute sa population en toute légitimité. Pour obtenir ce consentement, la recette est simple.

    Il suffit d’incorporer des années de propagande, et d’endoctrinement journalistique avec la sauce du mythe démocratique qui sévit aujourd’hui dans tous les pays subissant la globalisation néolibérale. En fin de cuisson, une fois que l’on a enlevé au peuple sa liberté de penser par lui-même et que les cerveaux sont atrophiés, prévoir quelques échéances électorales, des bus remplis de forces de l’ordre armées jusqu’aux dents (on ne sait jamais, la crise économique, le chômage, la précarité sont encore de mise même si les éléphants roses sont à l’exécutif des régions), un peu de foi dogmatique consumériste, une once d’émotivité dans les sujets traités sans débats public démocratiques, et enfin une bonne dose d’obscurantisme.

    Ne laissez surtout pas refroidir et mangez vous ça tout chaud devant votre poste de télévision à 13h. Pardon pour ces propos un peu hautains, mais le traitement des élections du 21 mars 2010 montre bien à quel point il est possible pour la démocrature politique et médiatique de masquer les vrais résultats du vote, qui n’est autre que le plébiscite du libéralisme en France.

    En ce premier dimanche printanier de 2010, voila qu’une grande information semble retentir et faire vibrer les enceintes des machines cathodiques à décerveler : la gauche aurait largement remporté les élections régionales. Hum… gauche, vous dites ? Nous savions déjà, depuis François Mitterrand et ses privatisations plus nombreuses que celles de la droite, que la gauche en France ne désigne qu’un grand parti de masse, de fausse opposition et qui a épousé la doxa atlantiste néolibérale lorsque j’étais haut comme trois pommes, dans les années 1985. Assimiler le Parti Socialiste à la gauche de l’échiquier politique est un non sens.

    Je sais qu’en écrivant ces lignes, je ne vais pas attirer un large lectorat, pire, je vais attiser le feu et attirer les critiques des bobos ne voyant aucuns paradoxes à se dire de gauche tout en allant se gaver au resto puis écluser une bouteille de mauvais whisky en boîte à cent euros pour arroser ses amis le samedi soir. En criant gare à l’écologie en achetant du café commerce équitable du Kenya, en portant des ponchos importés par avion du Népal ou du Pérou.

    Mais je me lance quand-même dans la fosse aux lions. Le principal parti d’opposition ne fait plus que de l’antisarkozysme primaire, oubliant tout ou partie des revendications sociales, des résistances anticapitalistes au bénéfice des travailleurs et non au Medef et aux multinationales privées dont nos gouvernants sont souvent actionnaires…bref, ce parti n’est plus socialiste, il est cancéreux. En surface, les petits pantins du PS qui se félicitent de cette mascarade électorale, sont contre ce gouvernement ploutocratique. En substance, ceux-là même qui versent dans la conquête de parts de marchés encartés à la rose, voudraient juste que l’argent change de main, pas qu’il soit réparti égalitairement…

    Bref, si l’on se penche sur les résultats de ce second tour, on observe un nombre total de 43 354 968 électeurs inscrits (1). Mais avec un taux d’abstention de 48.78%, seules 22 206 420 personnes sont allés voter. Or, au 1er janvier 2010, l’INSEE estime la population française totale à 65 447 374 personnes. Par un simple calcul de pourcentage, (nombre d’inscrits x 100 / population totale) on obtient que seuls 33.9% des français sont allés voter dimanche 21 mars. Le rapport est bien faible, surtout que le processus de dépouillement des voix ne tient pas compte du vote blanc pour le résultat final… 1 013 554 bulletins blancs passent donc à la trappe.

    En ne comptabilisant que les suffrages exprimés, (48.88%), voila comment la république oublie ainsi 51.12 % des électeurs inscrits qui se sont soit abstenus, soit qui ont voté blanc ! Si je ne m’abuse, c’est donc avec un électorat représentant à peine plus d’un tiers seulement de la population française (33.9%), et moins de la moitié des inscrits (48.8% des suffrages exprimés) que nos élus s’estiment légitimes pour gouverner les régions.

    Ensuite, s’il y a quelque chose que les médias masquent dans l’analyse des résultats, c’est bien ce qui se cache derrière le rose bonbon du PS de cette carte de France. Au niveau national, si la « gauche unie » remporte 54.3% des voix, que les alliances des partis de « gauche » récupèrent la majorité des sièges, on ne peut pas affirmer que cette élection est le résultat d’une large défaite de la droite, contrairement à ce que titrent tous les journaux du jour. D’une part, la politique sécuritaire, les licenciements et le processus de démantèlement des services publics continueront de faire des ravages dans le paysage économique, et d’autre part, les valets ministres du sarkozysme vont pouvoir jouer sur la forte abstention pour la récupérer à leur compte.

    A un tel point qu’aujourd’hui lundi 22 mars 2010, Mr Copé estime qu’il est « temps de solliciter des gens de droite » après la fausse politique d’ouverture. L’UMP a perdu les sièges régionaux, mais pas le pouvoir qu’elle a sur ces mêmes sièges. Elle ose clamer en public au premier tour que si les « français » se sont abstenus, c’est à cause de leur mécontentement envers le PS, et qu’il n’y a donc pas eu de vote sanction. L’arrogance des politiques de l’UMP à rester perchés en haut de leur tour d’ivoire est telle qu’elle est à graver dans les livres d’histoire de la propagande. La droite extrême prend 36%, l’extrême droite frôle les 10%, où est la « très large victoire de la gauche » ? Nulle part.

    Dans un contexte où de plus en plus de gens se sentent spoliés et pillés par la politique sarkozyste, par ce virage imposé dans le libéralisme européen géré par les élites économiques de la planète, on ne peut que redouter une montée en flèche des votes frontistes. Le FN, qui semble se redorer le blason s’accommode en effet à merveille de cette défaite sarkozyste. 1 943 463 électeurs ont placé leur bulletin en faveur des listes du FN, et dans certaines régions de l’est de la France, ce même parti rafle 20% des suffrages exprimés.

    On sait à quoi à servi la mixture UMP que préparaient Éric Besson et le reste de la sarkozie depuis octobre autour du faux questionnement sur l’identité nationale, et de la politique fasciste de l’immigration. Il y a donc de fortes raisons de penser que, comme les frontistes redeviennent une force politique de troisième rang national, la politique autoritaire qui jusque là prévalait sur tous les plans, se renforcera d’ici 2012. D’ici là, j’espère avoir tort. Le socialisme représenté en politique en France est mort, et trop de gens lisent vérité sur les écrans pour que l’avenir soit à l’optimisme. La plupart des électeurs sont des gens qui votent pour l’ordre et la sécurité en recrachant toute la rhétorique de la peur qu’ils ont avalés en presses et journaux télévisés, l’autre moitié sont des gens qui votent à droite en pensant voter à gauche.

    De temps en temps, l’un bascule un peu plus que l’autre, et inversement à l’élection suivante. Et les médias, dont la force d’action quotidienne maintient le mythe d’un clivage politique gauche/droite, se régalent avidement de ces futilités idéologiques et versent volontiers de l’huile sur le feu en véhiculant l’idée que les masses sont stupides. « Ceux qui ont crevé les yeux du peuple, lui reprochent d’être aveugle » (John Milton, 1642).

    Samuel Métairie
    http://sam-articles.over-blog.com

    (1) http://elections.interieur.gouv.fr/...


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  • http://medias.lepost.fr/ill/2008/12/05/h-20-1347635-1228491174.jpg

    Grande question quand on sait que, suite à ses déclarations appelées dérapages, des associations et des personnalités se sont prononcées pour des poursuites et des sanctions de la part du CSA.

    Eric Zemmour ne laisse pas indifférent. Il a des conceptions d’un autre temps et cela séduit des personnes qui pensent que le racialisme en vigueur jusque dans les années 60 est encore valable.


    A l’époque, on publiait par exemple, des planisphères où étaient représentées les races du monde. On parlait d’un continent jaune, d’un continent blanc et d’un continent noir avec des sous-groupes ethniques. Une manière de donner une identité ethnique à un lieu géographique..

    Beaucoup de gens d’un certain âge ont été éduqués dans cette optique et ont gardé des traces mentales de ces théories racistes conçues dans un but de domination coloniale hier, néocoloniale aujourd'hui.

     

    Eric Zemmour joue donc sur ce tableau, il connaît ces données et en use jusqu’à l’écoeurement.

    Il est dans la droite ligne de ce que Sarkozy appelle la droite décomplexée, une droite qui n’hésite pas à flatter son électorat le plus conservateur, d’abord en remettant au goût du jour cette vision vénéneuse de la société et du monde, puis en présentant le tout comme la preuve d’une audace innovante puisque faisant sauter un tabou.

    Pour beaucoup de gens, la France n’a rien à gagner à ce retour aux idées de la première moitié du 20ème siècle. Ils savent qu’une idéologie totalitaire est née de telles conceptions, que le fascisme et le nazisme sont le prolongement des idées de domination coloniale basées sur le racisme. Aimé Césaire et Hannah Arendt l’ont parfaitement démontré.

     

    Dieudonné fut traité d’antisémite et harcelé avec le soutien du gouvernement. Il avait osé caricaturer les colons israéliens en fanatiques écervelés puis avait enfoncé le clou en faisant un amalgame entre juifs et « négriers reconvertis dans la banque », parlé de pornographie mémorielle.

     

    Zemmour a fait la même chose en parlant d’autres personnes au nom d’un racialisme qu’il défend: noirs, arabes assimilés à des délinquants, des trafiquants de drogue, c’est aussi raciste que d’assimiler les juifs à des gens fortunés. Il minimise l’horreur de l’esclavage et des traites négrières et remet donc en cause le devoir de mémoire pour ce crime contre l’humanité. Il se garde bien de parler de la shoah de la même façon. Mais finalement, vis-à-vis des noirs et des arabes, il est dans une démarche analogue que celle de Dieudonné vis-à-vis des juifs.

     

    Pourtant Zemmour pourra garder une image respectable alors que Dieudonné est considéré comme un fou dangereux. On aurait donc ainsi une hiérarchie des raisons de s’indigner et de s’inquiéter pour la concorde civile.

     

    Malgré cela, je pense qu’il faut laisser Zemmour dire ce qu’il pense mais lui opposer systématiquement un contradicteur pour rééquilibrer le débat.

     

    Le retour de Dieudonné sur les plateaux de télé ne se fera pas de sitôt car la télé ne peut accepter que des personnages lisses, insipides ou des fortes personnalités à condition qu’elles lui soient soumises.

     

    C’est dire à quel point les médias d’aujourd’hui sont atteints de toute puissance, de vanité et d’égocentrisme. Zemmour n’échappe à la règle, la façon dont il mène ses débats, plein d’arrogance et de dédain agacé, montre à quel point il en est.


    Milton Ici


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  • Le macaque vous salue bien.

    Eric Zemmour ayant eu des propos déplacés et sommaires sur le lien entre la délinquance, les arabes et les noirs dans une émission télévisée de Laurent Ruquier, ce dernier a pris des timides et tardives distances. Le CSA s’émeut. Des sanctions sont en vue. Elles ne compromettront pas la carrière de Zemmour ni la réputation de la chaîne.

    La bourgeoise vénézuélienne qualifie de « macaques » et de « negritos » Hugo Chávez et les pauvres des bidonvilles qui surplombent Caracas. Les médias vénézuéliens ne sont pas en reste. Sur l’écran de la télévision RCTV (dont on nous fait croire depuis mai 2007 qu’elle a été fermée par le gouvernement bolivarien) on a pu lire au bas de l’écran des choses subtiles comme : « Ce nègre macaque communiste doit quitter le gouvernement » et : « Ce nègre communiste doit mourir ». Les sites des médias vénézuéliens laissent les bloggeurs en faire impunément leur miel.

    La presse du monde entier est un relais complaisant qui rapporte le surnom animalier, sans rien y trouver à redire. Parfois, les sites Internet français non « modérés » y ajoutent l’injure scato comme sur Agora-vox : « Eh bien oui Chávez est une grosse merde, ici en bolivie son surnom est le macaque majeur, Morales étant le macaque mineur » (par georges21, le 13 septembre 2008).

    Hugo Chávez en plaisante dans son émission dominicale en direct « Aló presidente » : « Evo me dit : « Ils m’appellent le macaque ». Je lui réponds : « Mais moi aussi, ils m’appellent le macaque. Nous sommes deux macaques, ha ! ha ! »

    C’est à ce rire satanique et à ce culot de parler en direct avec le peuple qu’on voit que la république bolivarienne est une dictature (ou pas loin, lisez notre presse).

    A l’opposé, la France, patrie des droits de l’Homme, adopte une position équilibrée. Prête à condamner Chavez s’il appliquait la loi sur les injures à chef d’Etat, elle compense cette rudesse potentielle par l’absolution d’une classe politico-médiatique vénézuélienne (et blanche) qui crache en permanence contre un peuple et son gouvernement légitime des injures que Zemmour n’oserait pas proférer chez nous.

    Théophraste. ici


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  • Quand la France laisse entrer les produits des colonies et poursuit ceux qui s’y opposent


    Un document confidentiel du ministère de la justice.
     
     

    La Cour de justice de l’Union européenne vient d’adopter une importante résolution dont témoigne un communiqué de presse du 25 février, « Des produits originaires de Cisjordanie ne peuvent bénéficier du régime douanier préférentiel de l’accord CE-Israël ».

     

     

    « La Cour statue que les produits originaires de Cisjordanie ne relèvent pas du champ d’application territorial de l’accord CE-Israël et ne sauraient donc bénéficier du régime préférentiel instauré par celui-ci [1]. Il s’ensuit que les autorités douanières allemandes pouvaient refuser d’accorder le traitement préférentiel prévu par cet accord aux marchandises concernées au motif que celles-ci étaient originaires de Cisjordanie. »

    « La Cour rejette également l’hypothèse selon laquelle le bénéfice du régime préférentiel devrait être, en tout état de cause, octroyé aux producteurs israéliens installés en territoires occupés soit en vertu de l’accord CE-Israël soit sur la base de l’accord CE-OLP. La Cour relève que des marchandises certifiées par les autorités israéliennes comme étant originaires d’Israël peuvent bénéficier d’un traitement préférentiel uniquement en vertu de l’accord CE-Israël, pourvu qu’elles aient été fabriquées en Israël. »

    Pourtant, malgré cette résolution, qui confirme bien d’autres déclarations, le gouvernement français se garde bien de toute action contre ces importations illégales qui contribuent à l’extension des colonies que, par ailleurs, verbalement, il condamne.

    En revanche, il a décidé de poursuivre ceux qui, exaspérés par la paralysie de la communauté internationale, se battent pour que ces produits n’entrent pas en France et pour que les entreprises françaises désinvestissent - faisant par exemple campagne contre Veolia et Alstom qui construisent un tramway à Jérusalem.

    Depuis plusieurs semaines déjà, le gouvernement français a développé une campagne calomnieuse contre ceux qui s’élèvent contre l’entrée des produits des colonies, prétendant qu’ils veulent boycotter les produits casher ! Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la justice, a, quant à elle, effectué un virage à 180 degrés sur cette question (lire Dominique Vidal, « Boycott : la contre-offensive d’Israël et de ses amis », La valise diplomatique, 22 février 2010).

    Avec le zèle des nouveaux convertis, elle a entériné le 12 février une « dépêche » de la direction des affaires criminelles et des grâces aux procureurs généraux près les cours d’appel. Ce texte confidentiel, que l’on trouvera ci-dessous (PDF), confirme d’abord ce que nous écrivions dans Le Monde diplomatique au mois de juin 2009, à savoir que « l’indépendance de la justice n’est plus un dogme ».

    M. Jean-Marie Huet, directeur des affaires criminelles et des grâces, écrit :

    « Depuis le mois de mars 2009, plusieurs procédures faisant suite à des appels au boycott de produits israéliens (...) ont été portées à la connaissance de la direction des affaires criminelles et des grâces. (...) Il apparaît impératif d’assurer de la part du ministère public une réponse cohérente et ferme à ces agissements. A cette fin et dans la perspective éventuelle d’un regroupement des procédures (...) j’ai l’honneur de vous prier de bien vouloir porter à la connaissance de la direction des affaires criminelles et des grâces tous les faits de cette nature dont les parquets de votre ressort ont été saisis. »

    Et, au cas où les procureurs n’auraient pas compris leur devoir :

    « Si certaines procédures ont déjà fait l’objet de classements sans suite, vous prendrez soin d’exposer de manière détaillée les faits et de préciser les éléments d’analyse ayant conduit à cette décision. »

    Ce que l’on attend avec intérêt, c’est la dépêche du ministère demandant aux procureurs de poursuivre les magasins qui vendent des produits israéliens entrés illégalement dans le pays, car sans mention du fait qu’ils ont été fabriqués dans des territoires que la France continue de considérer comme occupés.

    (JPG)
    Alain Gresh

    Du même auteur :

    -  Les Pays-Bas, laboratoire de l’« extrême droite 2.0 »
    -  André Brink, la Palestine et l’Holocauste
    -  Femmes du Proche-Orient et du Maghreb

    [1] La faible taxation des produits israéliens est l’objet principal de l’accord d’association avec Israël, signé en 1995 et entré en vigueur en 2000. De nombreuses organisations dans le monde demandent la suspension de cet accord. Pour en savoir plus, voir le site de la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS)-France.

     

     

    18 mars 2010 - Les blogs du Diplo
    Vous pouvez consulter cet article à :
    http://blog.mondediplo.net/2010-03-...

     


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