• Mais pour qui vote donc Gentleterminator ? ou "des burnes et des urnes"

    A voir aussi ici TUTELLA PROD

    ou là lien


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  • adelon.jpgAprès la déconfiture au premier tour des régionales, il y avait comme une grande inconnue. comment l'UMP allait être donner l'impression d'aller de l'avant et de rester une force de proposition?

    Des craquements, des déchirements apparaissent depuis dimanche. Des personnalités de droite se permettent, ultime sacrilège, de donner leur avis et même d'être très critiques vis-à-vis de la direction de l'UMP et du gouvernement.


    Prions pour qu'il arrive un évènement grave qui nous permettra d'occuper le devant de la scène dans le style "responsables dévoués et sérieux qui oeuvrent pour le bien du pays".


    Pendant quelques jours, rien. L'UMP n'est-elle qu'une coquille vide?


    Et puis, ça y est la chance sourit enfin, des policiers victimes de délinquants! "Nous sommes sauvés!" se sont-ils dit à l'Elysée.

    Un policier a été blessé pendant le week-end après un caillassage.

    Sauf que Fillon l'a annoncé comme "décédé" pendant un meeting de Pécresse.

    La gaffe est morbide.. Vite des excuses à la famille.


    Une dernière chance pour se rattraper?


    ETA! Cela fait longtemps qu'on n'en parle plus trop. Et là, ils ont tué un policier lors d'une fusillade!

    D'abord Hortefeux pour "canaliser" la tristesse des policiers puis, le président en personne qui annonce encore plus de fermeté et de nouvelles lois sécuritaires.

    C'est marrant, Sarkozy et ses amis sont comme conditionnés. Un évènement déclenche une émotion sur l'insécurité? Et hop, c'est automatique, une nouvelle loi est proposée.


    ETA, ils sont bien mieux que l'ultragauche, ils tuent, ils terrorisent les policiers. De merveilleux agents électoraux pour l'UMP.


    La consigne pour le deuxième tour sera quelque chose du style :


    "Votez UMP pour empêcher les présidents de région socialistes de pactiser avec ETA:"

    ou "ETA est de gauche, alors votez pour la sécurité, votez UMP!"



    Réponse dimanche soir...

    Milton Ici


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  • Centre de rétention du Mesnil 2 :
    non à l'ouverture d'un camp d'internement des étrangers !

    Aujourd'hui 18 mars 2010, il y a 29548 signatures électroniques enregistrées depuis le 3 février 2010.

    La construction du nouveau centre de rétention (CRA) du Mesnil-Amelot (77) est achevée. L’ouverture est prévue dans quelques semaines. Avec 240 places de rétention, ce centre sera le plus grand de France. Il s’ajoutera au premier CRA du Mesnil-Amelot, qui compte déjà 140 places.

    L’entrée en fonction de ce véritable camp marque une nouvelle étape de ce que les associations de défense des droits des migrants ont qualifié depuis 2004 d’industrialisation de la rétention. D'exceptionnel, l'enfermement des personnes en situation irrégulière devient peu à peu un outil banal de la politique migratoire.

    Le futur centre de rétention comptera 240 places dont 40 places réservées aux familles. Il est organisé en 6 "unités de vie" de 40 places, disposés autour de deux bâtiments administratifs jumeaux eux-mêmes reliés par une passerelle de commandement. Une double enceinte grillagée et barbelée entoure l’ensemble du camp. Des dizaines de caméras et des détecteurs de mouvements complètent ce dispositif carcéral.

    Comme pour le CRA de Vincennes, l’Administration utilise la fiction de deux centres de rétention mitoyens pour contourner la réglementation : celle-ci limite à 140 places la capacité d’un centre de rétention.

    La construction envisagée de deux salles d’audiences à proximité immédiate du camp instituera une justice d’exception éloignée de tout regard de la société civile.

    Un centre de 240 places représente une moyenne de 40 arrivées par jour (c’était le cas au CRA de Vincennes avant l’incendie du 22 juin 2008). Comme l’a montré la situation de Vincennes, ce type d’univers déshumanisé favorise, encore plus qu’ailleurs, le non-droit, les violences, les auto-mutilations et les tentatives de suicide.

    Les associations signataires s’opposent à l’ouverture du futur centre de rétention du Mesnil Amelot. Elles dénoncent la criminalisation des migrants et appellent les citoyens et les élus à se mobiliser contre l’internement administratif des étrangers.

    Premières organisations signataires :

    ADDE - Comede - ELENA-France - Emmaüs France- Fasti-Gisti - La Cimade - Ligue des droits de l'homme - Migreurop - MRAP - RAIDH-Réseau Education Sans Frontières - Secours Catholique - Syndicat des Avocats de France - Syndicat de la Magistrature- UNSA

    > Signer la pétition | > Voir les signataires

    >Télécharger la pétition pour l'imprimer et la diffuser


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  • Tribunal des flagrants délires - Verdict Procès CRA Vincennes


    Mercredi 17 mars 2010. Tribunal de grande instance de Paris. Le verdict du procès des «inculpés de Vincennes» doit être rendu à 13h30 dans la 16e chambre du tribunal correctionnel.


    12 heures. Quelques personnes dans le grand hall qui dessert les salles d’audience. 12h30, arrivée dans le hall de l’avocate des plaignants (soit les flics du CRA qui se sont constitués partie civile dans l’affaire). Vers 12h45, des caméras et leurs porteurs arrivent dans le hall ainsi que les gendarmes. Il y a environ une quarantaine de personnes venues assister au jugement, dispersées entre la 16e chambre et la 31e. Un papier scotché à l’entrée des deux chambres indique que les audiences du matin qui doivent se dérouler dans la 16e chambre se tiendront dans la 31e. Quelques personnes demandent à des gendarmes en plan devant la 31e où se passera le jugement des «inculpés de Vincennes». Réponse d’un gendarme de l’autre côté du portique de la 31e chambre : «Je ne sais pas, je n’ai pas eu d’ordre.» Contre les grilles qui délimitent une sorte de sas entre le portique et les portes de la 31e chambre, quelques flics en civils patientent.

    13 heures. Visiblement, les caméras présentes dans le hall sont là pour une autre affaire — dite de «la clinique du sport» où il est question d’infections nosocomiales et de médecins qui auraient oublié Hippocrate.

    Aucun des gendarmes présents devant les salles d’audience n’étant capable d’indiquer le numéro de la chambre dans laquelle le jugement sera rendu, c’est un rapide coup d’œil aux déplacements de l’avocate des plaignants qui permet finalement de trouver la réponse. Quelques personnes se placent donc devant la 16e chambre dans laquelle l’avocate est entrée sans difficulté.

    13h15. Entre 50 et 60 personnes attendent devant la 16e chambre. Deux ou trois gendarmes en poste devant les portes demandent au public de reculer et de se placer derrière les grilles qui encadrent l’entrée de la salle. Refus du public. Quelques personnes tentent de parlementer avec les gendarmes en leur disant simplement qu’ils ne sont pas violents, que leur présence ne gêne en rien. Un des gendarmes, après avoir marmonné un «bon, si vous voulez pas écouter…», annonce qu’il va «fermer les portes à clé». Arrivent alors des gendarmes supplémentaires pour déplacer les barrières. «Il faut libérer l’espace», un gendarme dixit : les barrières sont resserrées autour du public. [
    Ce qui, de façon tout à fait paradoxale et concomitante, revient dans la pratique des forces de l’ordre à le réduire (l’espace).]

    Arrivée de l’avocate du Trésor public (qui, pour rappel, s’est constitué partie civile la veille du début du procès) qui entre dans la salle d’audience. Les avocats de la défense sont devant les portes, avec le public.

    13h30. Quelques avocats de la défense se font des blagues. De l’autre côté de la barrière, un de leurs «camarades» — un avocat de la défense dixit — se fait apostropher par une personne dans le public. Visiblement, il aurait expliqué à un journaliste de LCI qu’il ne suivait pas l’affaire et qu’il s’agissait dans le cas de l’un des prévenus d’un «pauvre type» qui aurait incendié le CRA. Une personne dans le public s’adresse donc à l’avocat en lui faisant remarquer que le choix de ces mots n’est peut-être pas des plus appropriés. S’ensuit un échange, disons, assez vif. La personne du public lui parle du choix de mots utilisés pour qualifier tel ou tel, de «justice de classe», ce qui fait dire à l’avocat : «ah, encore des marxistes». Passablement énervé, l’avocat s’adresse à la personne dans le public : «Et puis appelez-moi Maître !» [
    Cette petite histoire a quand même le mérite de poser encore une fois la question du choix des mots. Si pour la personne du public, l’objet d’indignation est le mode de désignation des personnes jugées, pour l’avocat c’est la manière dont la personne s’adresse à lui. Ce qui fait violence à l’avocat, c’est que son titre soit écorché. Ô douleur, ô incorrigible irrespect du «marxiste» à l’égard des «conseils»…]

    Fin de l’échange. Dix journalistes environ se pressent de l’autre côté de la barrière.

    13h50. Ouverture des portes. Entrée des avocats de la défense, de quelques journalistes, puis de personnes du public. La salle compte 25 places assises pour le public. [
    25 places assises pour le public auxquelles il faut généralement retirer 2 places, voire plus, pour les civils. Entre un tutoiement à l’une des plaignantes et un profil aussi bas que le niveau de leurs réflexions, nos vaillants infiltrés ont réussi l’exploit de s’échanger un merveilleux «soyons T’actifs». Ah, la subtilité des agents de liaison…] Huit journalistes prennent place dans le box de la presse. Le box est plein. Un journaliste s’assied dans le public sur les conseils des gendarmes présents dans la salle. propos de la présence des journalistes, notons simplement que le box qui leur est réservé a été étrangement déserté pendant les trois demi-journées d’audience pendant lesquelles ont été visionnées les bandes de vidéosurveillance et les deux autres consacrées aux auditions fort croustillantes des plaignants et au réquisitoire. Ils étaient deux en moyenne, grand maximum. Et quand ils étaient là, ils assistaient très rarement à l’intégralité de la séance. Pour en dire quoi d’ailleurs ? «Des incidents ont émaillé la séance» (sic). S’agissant de la séance d’aujourd’hui, saluons chaleureusement — entre autres — l’article de 20 minutes (pour torcher un compte-rendu à l’aide du dictionnaire à trois entrées).] Une des plaignantes fait de même.

    14h10. Les avocats de la défense et des parties civiles sont là. Des avocats qui n’avaient jusqu’alors pas assisté aux audiences sont présents également. De qui s’agit-il ? Aucune idée.

    La traditionnelle sonnerie qui signifie le début des audiences retentit. Arrivée du tribunal.

    Alors que la présidente entame la lecture du délibéré d’une voix extrêmement basse, une dame — d’un âge honorable — dans le public dit : «Je n’entends rien» et demande à la présidente de parler plus fort. La présidente lui réplique : «Madame, vous sortez». Des gendarmes entourent alors la dame qui explique que «c’est au nom du peuple français que la justice est rendue». À peine sa phrase terminée, elle se fait sortir par au moins trois gendarmes. [
    300 kilos de muscles dans des combis bleues pour une septuagénaire, voilà une belle leçon de courage et de gestion ad hoc du risque.]

    L’huissier mentionne qu’une photo a été prise lors de la sortie de la dame. La présidente suspend la séance.

    Pendant ce temps, le procureur se marre avec les avocates des parties civiles.

    Reprise.

    On entend des cris à l’extérieur de la salle. Les personnes venues assister au verdict qui n’ont pas pu entrer scandent «liberté pour tous les sans-papiers».

    De façon toujours aussi inaudible, la présidente pose des questions aux avocats de la défense au sujet de la photo qui aurait été prise dans la salle. Dans le public, on croit comprendre ceci : la photo aurait été prise par la stagiaire (?) de l’une des avocates de la défense. L’avocate mentionne son cabinet et tend le portable — à l’aide duquel la photo aurait été prise — à la présidente. L’avocate demande alors la présence d’«un membre du Conseil de l’ordre à l’audience».

    La présidente suspend la séance.

    Il est environ 14h30.

    À l’extérieur de la salle, on entend «fermeture des centres de rétention», «liberté pour tous les sans-papiers».

    Ledit membre du Conseil de l’ordre fait son entrée et passe la porte — au fond à gauche de la salle — d’où entrent et sortent les magistrats. Il en ressort cinq minutes plus tard et tient conciliabule avec les avocats de la défense. Se joignent à ce petit groupe les avocates des parties civiles. Depuis les bancs du public, on peut entendre ceci : «le téléphone est parti au parquet».

    Reprise. 14h45.

    La présidente annonce que «le tribunal rejette les conclusions déposées par les conseils».

    Sur les dix prévenus, tous reconnus coupables :

    Un est condamné à «36 mois» de prison. [Trois ans ferme donc. La justice parle en mois quand elle se rend. Ça peut évoquer des «mois de vacances», peut-être, sauf que dans ce cas-ci, c’est la vacance de la justice dont il est question.]
    Quatre sont condamnés à 30 mois — 2 ans et demi. Pour deux d’entre eux, il s’agit d’une peine comprenant 6 mois de sursis.
    Un est condamné à 24 mois — deux ans. Et mandat d’arrêt. [Émis le 24 février 2009.]
    Deux sont condamnés à un an de prison.
    Deux sont condamnés à 8 mois de prison. Avec un mandat d’arrêt [Émis le 24 février 2009.] pour l’un des deux prévenus.

    La présidente poursuit sur la question de l’action civile, jugée «recevable», concernant les six plaignants :

    Le premier : certains des prévenus sont condamnés à verser au plaignant :
    — 500 euros au titre du pretium doloris. [En droit, le «pretium doloris» est «l’expression d’allure latine désignant une cause de préjudice en réparation de laquelle la victime obtient un compensation financière pour les souffrances qu’elle a ressenties ensuite des blessures subies et ce, que ces souffrances aient été ou non la conséquence directe ou indirecte (interventions chirurgicales) d’un fait accidentel ou d’un mauvais traitement dont l’auteur doit répondre. Cette réparation se cumule avec l’indemnisation des autres chefs de préjudice tels que le préjudice physique, le préjudice moral, ou le préjudice esthétique.» Voir ici. Pour rappel, voici le détail des (affreuses) blessures relevées chez les flics : «fracture du gros orteil – 5 jours d’ITT» ; «entorse bénigne du genou gauche + inhalations de fumées» ; «[une plaignante] tirée par le cheveux – 3 semaines d’arrêt de travail, mais elle est allée travailler quand même» ; «entorse de la cheville gauche – 3 semaines d’attelle» ; «inhalation de fumées toxiques, elle [la plaignante auditionnée la veille] a eu la peur de sa vie, ses jambes ne répondaient plus» ; «inhalations de fumées toxiques, il (un flic) a senti le vent venir – selon le certificat d’un ORL, il est sourd d’une oreille suite à l’exposition à des fumées toxiques» ; «inflammation nasale diffuse».]
    — 200 euros au titre du préjudice moral.
    Et chaque prévenu doit payer 50 euros au titre de l’article (?) du Code de procédure pénale. [La présidente marmonnant, il s’agit soit de l’article 460-1 soit du 461 relatifs à «la discussion par les parties» lors des débats. Voir le code ici.]
    Le second [Enfin, plus précisément, la seconde plaignante. Celle qui avait roulé dans la salle d’audience un furtif patin à l’un des gendarmes en poste au tribunal, et qui avait joué les premiers violons lors de son audition.] : 500 euros au titre du pretium doloris. 500 euros au titre du préjudice moral. 50 euros au titre de l’article inconnu du CPP.
    Le troisième : 1000 euros au titre du pretium doloris. 500 euros au titre du préjudice moral. 50 euros au titre de l’article inconnu du CPP.
    La quatrième : 2000 euros au titre du pretium doloris. 500 euros au titre du préjudice moral. 50 euros au titre de l’article inconnu du CPP.
    Le cinquième : 500 euros au titre du pretium doloris. 500 euros au titre du préjudice moral. 50 euros au titre de l’article inconnu du CPP.
    Le sixième : le tribunal ordonne une expertise médicale. Le rapport devra être rendu au greffe avant le 17 septembre 2010. 680 euros devront être versés par le plaignant qui reçoit 500 euros au titre de l’indemnité provisionnelle (non définitive donc).
    Dans le cas de ce plaignant, le jugement sera rendu le 18 octobre 2010 à 9 heures à la 19e chambre du tribunal correctionnel de Paris.


    La présidente déclare que le tribunal a jugé «recevables» les demandes du Trésor public. Le tribunal ordonne toutefois une expertise technique relative aux matériaux et au mobilier des CRA 1 et 2. Expertise qui doit déterminer :

    — Si les matériaux et le mobilier étaient conformes aux normes de sécurité,
    — La cause de la propagation de l’incendie dans les CRA 1 et 2,
    — Le montant du préjudice subi.


    Des experts seront nommés au titre de l’article 263 du Code de procédure civile. [
    Article qui prévoit que «l’expertise n’a lieu d’être ordonnée que dans le cas où des constatations ou une consultation ne pourraient suffire à éclairer le juge». Voir le code en ligne.]

    Leur rapport devra être rendu au greffe avant le 13 décembre 2010.

    3000 euros («soit 1500 euros par expert», la présidente dixit) seront à verser par l’agent du Trésor avant le 17 mai 2010, selon l’article 475-1 du Code de procédure pénale.

    Le jugement sera rendu le 12 janvier 2011 à la 16e chambre.

    La présidente : «l’audience est suspendue».

    Dans le hall, les gens discutent, scandent des slogans, sous les yeux des gendarmes et de civils. «À bas l’État, les flics et les patrons.»

    Les avocats de la défense répondent aux caméras et annoncent qu’ils font appel du jugement.

    Quelque temps après, une trentaine de personnes se dirigent vers la sortie, des «liberté pour tous les sans-papiers» résonnent. «Pierre par pierre, et mur par mur, nous détruirons toutes les prisons.»

    Le groupe est suivi par les gendarmes et les civils. Arrivé dans la grande cour du TGI, le groupe fait résonner des slogans. Les gendarmes les entourent et les sortent de l’enceinte du tribunal.

    Pretium humanae gentis ?

    Je dédie ce billet à tous les connards qui s’empressent en ce moment même de commenter la «nouvelle» sur différents sites, Le Monde, Le Figaro par exemple, saluant la décision de justice, parlant sans savoir. Des ordures se gavaient le bide quand on faisait du châtiment un spectacle en place publique, quelques siècles plus tard, les mêmes se raclent l’ongle sur un clavier pour applaudir la très discrète œuvre de justice.

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  • La grève des électeurs

    Une chose m’étonne prodigieusement, j’oserai dire qu’elle me stupéfie, c’est qu’à l’heure scientifique où j’écris, après les innombrables expériences, après les scandales journaliers, il puisse exister encore dans notre chère France (comme ils disent à la Commission du budget) un électeur, un seul électeur, cet animal irrationnel, inorganique, hallucinant, qui consente à se déranger de ses affaires, de ses rêves ou de ses plaisirs, pour voter en faveur de quelqu’un ou de quelque chose. Quand on réfléchit un seul instant, ce surprenant phénomène n’est-il pas fait pour dérouter les philosophies les plus subtiles et confondre la raison ? Où est-il le Balzac qui nous donnera la physiologie de l’électeur moderne . ? et le Charcot qui nous expliquera l’anatomie et les mentalités de cet incurable dément ? Nous l’attendons.

    Je comprends qu’un escroc trouve toujours des actionnaires, la Censure des défenseurs, l’OpéraComique des dilettanti, le Constitutionnel des abonnés, M. Carnot des peintres qui célèbrent sa triomphale et rigide entrée dans une cité languedocienne ; je comprends M. Chantavoine s’obstinant à chercher des rimes ; je comprends tout. Mais qu’un député, ou un sénateur, ou un président de République, ou n’importe lequel parmi tous les étranges farceurs qui réclament une fonction élective, quelle qu’elle soit, trouve un électeur, c’est-à-dire l’être irrêvé, le martyr improbable, qui vous nourrit de son pain, vous vêt de sa laine, vous engraisse de sa chair, vous enrichit de son argent, avec la seule perspective de recevoir, en échange de ces prodigalités, des coups de trique sur la nuque, des coups de pied au derrière, quand ce n’est pas des coups de fusil dans la poitrine, en vérité, cela dépasse les notions déjà pas mal pessimistes que je m’étais faites jusqu’ici de la sottise humaine, en général, et de la sottise française en particulier, notre chère et immortelle sottise, â chauvin !

    Il est bien entendu que je parle ici de l’électeur averti, convaincu, de l’électeur théoricien, de celui qui s’imagine, le pauvre diable, faire acte de citoyen libre, étaler sa souveraineté, exprimer ses opinions, imposer - 8 folie admirable et déconcertante - des programmes politiques et des revendications sociales ; et non point de l’électeur " qui la connaît " et qui s’en moque, de celui qui ne voit dans " les résultats de sa toute-puissance " qu’une rigolade à la charcuterie monarchiste, ou une ribote au vin républicain. Sa souveraineté à celui-là, c’est de se pocharder aux frais du suffrage universel. Il est dans le vrai, car cela seul lui importe, et il n’a cure du reste. Il sait ce qu’il fait. Mais les autres ?

    Ah ! oui, les autres ! Les sérieux, les austères, les peuple souverain, ceux-là qui sentent une ivresse les gagner lorsqu’ils se regardent et se disent : " Je suis électeur ! Rien ne se fait que par moi. Je suis la base de la société moderne. Par ma volonté, Floque fait des lois auxquelles sont astreints trente-six millions d’hommes, et Baudry d’Asson aussi, et Pierre Alype également. " Comment y en a-t-il encore de cet acabit ? Comment, si entêtés, si orgueilleux, si paradoxaux qu’ils soient, n’ont-ils pas été, depuis longtemps, découragés et honteux de leur oeuvre ? Comment peut-il arriver qu’il se rencontre quelque part, même dans le fond des landes perdues de la Bretagne, même dans les inaccessibles cavernes des Cévennes et des Pyrénées, un bonhomme assez stupide, assez déraisonnable, assez aveugle à ce qui se voit, assez sourd à ce qui se dit, pour voter bleu, blanc ou rouge, sans que rien l’y oblige, sans qu’on le paye ou sans qu’on le soûle ?

    A quel sentiment baroque, à quelle mystérieuse suggestion peut bien obéir ce bipède pensant, doué d’une volonté, à ce qu’on prétend, et qui s’en va, fier de son droit, assuré qu’il accomplit un devoir, déposer dans une boîte électorale quelconque un quelconque bulletin, peu importe le nom qu’il ait écrit dessus ?... Qu’est-ce qu’il doit bien se dire, en dedans de soi, qui justifie ou seulement qui explique cet acte extravagant ? Qu’est-ce qu’il espère ? Car enfin, pour consentir à se donner des maîtres avides qui le grugent et qui l’assomment, il faut qu’il se dise et qu’il espère quelque chose d’extraordinaire que nous ne soupçonnons pas. Il faut que, par de puissantes déviations cérébrales, les idées de député correspondent en lui à des idées de science, de justice, de dévouement, de travail et de probité ; il faut que dans les noms seuls de Barbe et de Baihaut, non moins que dans ceux de Rouvier et de Wilson, il découvre une magie spéciale et qu’il voie, au travers d’un mirage, fleurir et s’épanouir dans Vergoin et dans Hubbard, des promesses de bonheur futur et de soulagement immédiat. Et c’est cela qui est véritablement effrayant. Rien ne lui sert de leçon, ni les comédies les plus burlesques, ni les plus sinistres tragédies. Voilà pourtant de longs siècles que le monde dure, que les sociétés se déroulent et se succèdent, pareilles les unes aux autres, qu’un fait unique domine toutes les histoires : la protection aux grands, I’écrasement aux petits. Il ne peut arriver à comprendre qu’il n’a qu’une raison d’être historique, c’est de payer pour un tas de choses dont il ne jouira jamais, et de mourir pour des combinaisons politiques qui ne le regardent point.

    Que lui importe que ce soit Pierre ou jean qui lui demande son argent et qui lui prenne la vie, puisqu’il est obligé de se dépouiller de l’un, et de donner l’autre ? Eh bien ! non. Entre ses voleurs et ses bourreaux, il a des préférences, et il vote pour les plus rapaces et les plus féroces. Il a voté hier, il votera demain, il votera toujours. Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et Us n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit.

    O bon électeur, inexprimable imbécile, pauvre hère, si, au lieu de te laisser prendre aux rengaines absurdes que te débitent chaque matin, pour un sou, les journaux grands ou petits, bleus ou noirs, blancs ou rouges, et qui sont payés pour avoir ta peau ; si, au lieu de croire aux chimériques flatteries dont on caresse ta vanité, dont on entoure ta lamentable souveraineté en guenilles, si, au lieu de t’arrêter, éternel badaud, devant les lourdes duperies des programmes ; si tu lisais parfois, au coin du feu, Schopenhauer et Max Nordau *, deux philosophes qui en savent long sur tes maitres et sur toi, peut-être apprendrais-tu des choses étonnantes et utiles. Peut-être aussi, après les avoir lus, serais-tu moins empressé à revêtir ton air grave et ta belle redingote, à courir ensuite vers les urnes homicides où, quelque nom que tu mettes, tu mets d’avance le nom de ton plus mortel ennemi. Ils te diraient, en connaisseurs d’humanité, que la politique est un abominable mensonge, que tout y est à l’envers du bon sens, de la justice et du droit, et que tu n’as rien à y voir, toi dont le compte est réglé Rêve après cela, si tu veux, des paradis de lumières et de parfums, des fraternités impossibles, des bonheurs irréels. C’est bon de rêver, et cela calme la souffrance. Mais ne mêle jamais l’homme à ton rêve, car là où est l’homme, là est la douleur, la haine et le meurtre. Surtout, souviens-toi que l’homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu’en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu’il ne te donnera pas et qu’il n’est pas d’ailleurs, en son pouvoir de te donner.

    L’homme que tu élèves ne représente ni ta misère, ni tes aspirations, ni rien de toi ; il ne représente que ses propres passions et ses propres intérêts, lesquels sont contraires aux tiens. Pour te réconforter et ranimer des espérances qui seraient vite déçues, ne va pas t’imaginer que le spectacle navrant auquel tu assistes aujourd’hui est particulier à une époque ou à un régime, et que cela passera. Toutes les époques se valent, et aussi tous les régimes, c’est-à-dire qu’ils ne valent rien. Donc, rentre chez toi, bonhomme, et fais la grève du suffrage universel. Tu n’as rien à y perdre, je t’en réponds ; et cela pourra t’amuser quelque temps. Sur le seuil de ta porte, fermée aux quémandeurs d’aumônes politiques, tu regarderas défiler la bagarre, en fumant silencieusement ta pipe.

    Et s’il existe, en un endroit ignoré, un honnête homme capable de te gouverner et de t’aimer, ne le regrette pas. Il serait trop jaloux de sa dignité pour se mêler à la lutte fangeuse des partis, trop fier pour tenir de toi un mandat que tu n’accordes jamais qu’à l’audace cynique, à l’insulte et au mensonge.

    je te l’ai dit, bonhomme, rentre chez toi et fais la grève.

    Octave Mirbeau

    28 novembre 1888


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