• Excuses d’Eric Zemmour à la Licra


    Le trublion Eric Zemmour s’excuse de sa maladresse vis vis des arabes et des noirs. Il a adressé une courrier à la Licra pour s’excuser. Est-ce bien sérieux ? Avec sa menace de licenciement au Figaro, ne joue-t-il pas là -simplement parce que le risque de se retrouver au chômage serait terrible pour lui-, à un poker menteur qui ne reflète pas ses pensées profondes ? Le pedigree du journaliste est assez éloquent, ses phrases assassines, ses insinuations, ses dérapages et surtout, sa volonté, dit-il, de ne jamais regretter. Rétropédalage ?

    Nous y reviendrons demain !

    LA RÉPONSE DE ZEMMOUR AU PRÉSIDENT DE LA LICRA

    Monsieur le Président,

    Je fais suite à notre rencontre à l’instigation de mon avocat, Olivier PARDO. Cette rencontre nous a permis de nous rendre compte qu’il y avait bien eu un malentendu et une confusion non seulement dans la reprise de mes propos par les médias, mais également dans l’analyse qui a pu ensuite en être faite et qui a conduit à ce déchainement médiatique à mon encontre.

    En effet, je n’ai jamais dit contrairement à ce qui a pu être colporté dans les médias que  «tous les délinquants sont Arabes et noirs», mais que «la plupart des délinquants sont Arabes et noirs.»

    Ma volonté n’a jamais été de stigmatiser «  les noirs ou les arabes » comme des délinquants, mais si cette phrase, sortie de tout contexte, a pu heurter, je le regrette.

    La mise en scène tout de gouaille cynique d’un Ardisson sur Canal +, qui prévient d’avance par un panneau comme dans les dessins animés de Tex Avery : «Attention, Zemmour dérape», et qui mime un effarement scandalisé d’autant plus surjoué qu’il est enregistré et inséré a posteriori, tandis que pendant l’émission, il avait pris un air patelin, pour me glisser à l’oreille : «tu as un rôle très important dans la société de dire les vérités qui dérangent…Ne t’inquiète pas, je te protégerai au montage…» Car si mes propos étaient si infâmes à ses yeux, que ne les a-t-il coupés au montage ?

    D’autres sont allés plus loin. J’aurais déclaré : «tous les Arabes et noirs sont délinquants.» C’est ainsi que l’a pris – ou a voulu le comprendre- un membre éminent du CSA, Rachid Arhab, qui a rétorqué à la cantonade : «on peut être Arabe et membre du CSA». Mais était-ce le sujet ? Des journalistes m’ont même demandé si j’avais voulu dire qu’ils «étaient délinquants parce qu’arabes et noirs». Et ils se sont étonnés que je refuse de leur répondre.

    Je n’ai bien entendu pas voulu dire tout cela. Je connais trop la souffrance réelle de mes compatriotes «Arabes et noirs», honnêtes travailleurs, parents intègres, qui se sentent «salis» par les exactions des bandes de jeunes gens qui ont la même origine qu’eux. Je le sais d’autant mieux qu’avec mon patronyme, je me souviens du temps pas si lointain – les années 70- où une bande de truands célèbres – les frères Zemour – défrayaient la chronique criminelle, la honte dans les yeux de mon grand-père; et accessoirement, l’attente interminable dans les aéroports pour la vérification vétilleuse – et sans ordinateur- de mon identité. Mon grand-père souffrait en silence pour «son nom traîné dans la boue», mais il n’a jamais prétendu que nos homonymes n’étaient pas des brigands de grand chemin !

    On a volontairement oublié que ma désormais fameuse phrase n’était qu’une réponse aux arguments développés par les autres intervenants selon laquelle «la police n’arrête que les Arabes et noirs». Cette double «stigmatisation» – et de la police républicaine – et des «Arabes et noirs» ne choque personne. Les «Arabes et noirs» peuvent être distingués du reste «de la communauté nationale» s’ils sont héros ( le livre de Thuram exaltant les héros noirs) ou victimes. Dans tous les autres cas, il est infâme de les distinguer. Cette injonction universaliste conviendrait assez bien à mon tempérament assimilationniste. J’ai tendance à ne voir dans tous les Français que des enfants de la patrie, sans distinction de race ni de religion, comme dit le préambule de notre Constitution.

    Mais voilà que l’on me reproche aussi cette position, que l’on juge désuète, très IIIème République, exhalant un fumet néo-colonialiste. Au nom du droit à la différence, de la modernité, on doit pouvoir exalter ses racines et l’enrichissement d’une société multiculturelle. Mais quand vous avez l’outrecuidance de montrer l’envers de ce décor riant, on redevient furieusement universaliste !

    J’ai eu le malheur d’ajouter : c’est un fait ! J’aurais sans doute dû ajouter «malheureusement». Je ne me réjouis ni pour eux ni pour la société française; mais l’autruche n’est pas mon modèle. On me rétorque un peu facilement qu’il n’y a pas de statistiques ethniques pour prouver mes dires. Pourtant, devant une commission parlementaire du Sénat, Christian Delorme, surnommé «le curé des Minguettes», ne déclarait il pas : « en France, nous ne parvenons pas à dire certaines choses parfois pour des raisons louables. Il en est ainsi de la surdélinquance des jeunes issus de l’immigration qui a longtemps été niée, sous prétexte de ne pas stigmatiser. On a attendu que la réalité des quartiers, des commissariats, des tribunaux, des prisons, impose l’évidence de cette surreprésentation pour la reconnaître publiquement. Et encore, les politiques ne savent pas encore en parler.»

    Il y a quelques années, une enquête commandée par le ministère de la justice, pour évaluer le nombre d’imans nécessaires, évaluait le pourcentage de «musulmans dans les prisons» entre 70 et 80%. En 2004, l’islamologue Farhad Khosrokhavar, dans un livre «L’islam dans les prisons ( Balland) confirmait ce chiffre. En 2007, dans un article du Point, qui avait eu accès aux synthèses de la Direction Centrale de la Sécurité Publique ( DCSP) et de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) on évaluait entre 60 et 70% des suspects répertoriés issus de l’immigration. Il y a près de dix ans, la commissaire Lucienne Bui Trong, chargée des violences urbaines à la direction centrale des RG relevait que 85% de leurs auteurs sont d’origine maghrébine. Dans un article du Monde, du 16 mars 2010, les rapports des RG sur les bandes violentes, établissaient que 87% étaient de nationalité française; 67% d’origine maghrébine et 17% d’origine africaine. La «plupart» est donc, au regard de ces chiffres, le mot qui convient.

    Mes contempteurs pourraient d’ailleurs me rétorquer que ces chiffres prouvent bien que les personnes issues de l’immigration sont défavorisées, puisque depuis Victor Hugo, on sait bien que c’est la misère qui crée la délinquance. On pourrait aussi rappeler que dans tous les pays d’immigration, les derniers arrivés donnent souvent les gros effectifs à la délinquance – Irlandais dans l’Amérique du XIXème siècle, Marocains dans l’Israël des années 50, Russes aujourd’hui. Ces arguments ne sont d’ailleurs pas sans fondement, mais on ne me les présente nullement. On exige seulement que je me taise.

    On me reproche aussi de contester le principe de «discrimination». Mais je continue de penser que le concept même de «discrimination» est dangereux, qu’il pousse à la délation et l’irresponsabilité. Depuis quand n’a-t-on plus le droit en France de contester le bien fondé d’une loi ? Cette question des discriminations est potentiellement explosive dans un pays égalitaire comme la France. Quand certains grands patrons déclarent qu’ils n’embaucheront plus désormais que «des gens issus de l’immigration, et en tout cas pas des mâles blancs», c’est aussi une discrimination, mais personne ne s’en soucie. C’est pour éviter ces querelles sans fin que j’explique que « la discrimination, c’est la vie », c’est à dire la liberté de choix. Il faut traiter les problèmes réels autrement. En tout cas, on peut en débattre dans un pays libre.

    Il existe aujourd’hui une ambiance délétère dans le débat démocratique français. Le pays de Voltaire :« je ne suis pas d’accord avec vous mais je me battrai pour que vous puisiez le dire » devient le pays de Torquemada qui tue l’hérétique pour sauver son âme. Pourquoi les journalistes qui prétendent faire un portrait de moi, s’empressent ils de demander à mes employeurs s’ils me garderont leur confiance ? Il y a aujourd’hui en France une ambiance maccarthyste qui réclame «l’interdiction professionnelle» comme exutoire des dérapages. C’est ma mort sociale qui est réclamée.

    Notre rencontre a eu le mérite d’ouvrir un dialogue qui je l’espère pourra se prolonger, hors de l’enceinte d’un tribunal.

    Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de mes sentiments distingués.

    Eric ZEMMOUR

    Allain Jules

    Eric Zemmour: chronique d’une mort annoncée? Ici


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  • Ce jeudi,

    <wbr>c'<wbr>est la journée mondiale de la procrastination,<wbr> l'<wbr>art de tout remettre au lendemain.<wbr> Et vous,<wbr> que reportez-<wbr>vous sans cesse?<wbr></wbr></wbr></wbr></wbr></wbr></wbr></wbr></wbr>

    <wbr><wbr><wbr><wbr><wbr><wbr><wbr><wbr>

     
     
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  • Des revendications fermes ? Une pression de la rue ? Un bras-de-fer avec le régime ? Oh-là, ne t’emballe pas… A chaque journée (de mobilisation) suffit sa peine. Aujourd’hui, selon Bernard Thibault, il s’agit d’abord d’"obtenir des inflexions" et d’organiser "un nouveau sommet social" à l’Elysée. Que veux-tu ? C’est ainsi que progresse le dialogue social. En douceur. Tout en douceur…

    "Inflexion"… extension ! En finesse, B. Thibault travaille son planté de dialogue social

     

    mardi 23 mars 2010, par JBB

     

     

    En l’excellent dossier que l’excellent (bis) journal d’enquête sociale Fakir a consacré il y a cinq mois à l’imposture syndicale, (l’excellent (ter)) François Ruffin partait en chasse.

     

     

    Arpentait les lieux de lutte de France et de Navarre - Continental, Goodyear, Caterpillar…

    Et y cherchait trace de Bernard Thibault, concessionnaire en détail, demi-gros et gros à temps plein, coiffeur au bol à temps partiel et représentant syndical un week-end sur deux (le divorce avec la classe ouvrière s’étant déroulé à l’amiable, le juge lui a généreusement accordé quelques heures de visite).

    Une longue quête.

    Infructueuse, très.

    Et qui laissait le lecteur sur ce sentiment que Bernard Thibault était une fiction, baudruche syndicale sans existence, apparatchik ayant depuis si longtemps déserté le combat de ceux qu’il est censé représenter qu’il est devenu un mythe ridicule, à même de faire passer le monstre du Loch Ness pour une certitude scientifique à la Descartes - je le vois, donc je suis.

    Bref, de quoi faire mentir la chanson :

    Il existe, Thib’, il existe, Thib’
    Y’en a même qui disent qu’ils l’ont vu militer

    (Si, si…)

     [1]

    En complément de cet excellent (quater) papier - que je te conseille fortement d’aller lire sur le site de Fakir - , compte avait été dressé des récents déplacements de Bernard Thibault, à l’Élysée ou dans les usines.

    Tu sais quoi ?

    Entre le 1er janvier et le 1er juillet 2009, Bernard Thibault - et Mailly ou Chérèque itou - n’est pas allé une seule fois soutenir les travailleurs de Goodyear (en lutte), les ouvriers de Continental (en lutte) ou les employés de Caterpillar (en lutte).

    Dans le même laps de temps, Bernard Thibault - et Mailly ou Chérèque pareil - s’est rendu huit fois à l’Élysée, pour de joyeuses et très constructives rencontres avec Nicolas Sarkozy [2].

    Un décompte qui t’amènera forcément à cette - sévère mais juste - conclusion [3] que Bernard Thibault n’aime rien tant qu’agiter sa courte crinière sous les lambris présidentiels - pour faire avancer le dialogue social.

    Et que le même répugne un brin à aller manger des merguez et agiter le poing avec les salariés en lutte, fussent-ils de ceusses qui le financent, avec leurs adhésions, et lui donnent sa (prétendue) légitimité.

    Que veux-tu ?

    Il est de notoriété publique que les cuisines de l’Élysée sont (un peu et en général) mieux achalandées que les paniers pique-niques des grévistes.

    Et il se murmure même qu’elles ont goût certain de "revenez-y".

    D’ailleurs : « Je pense qu’il serait logique que très rapidement le président de la République, qui l’avait un temps envisagé, convoque de nouveau un sommet social pour faire le point de la situation en matière d’emploi, d’orientation économique et sociale, en matière de pouvoir d’achat pour prendre des décisions concrètes d’application rapide », a déclaré le dirigeant cégétiste ce matin.

    Encore un ?

    Pour le coup, c’est de la gourmandise…

    Et il faut que Bernard se méfie s’il ne veut pas qu’on dise bientôt de lui : La fourchette à gauche, le portefeuille à droite [4].

     [5]

    De la mollesse centriste érigée en porte-étendard syndical, je n’ai pas grand-chose à dire que tu ne saches déjà ; celle-ci te révulse autant que moi.

    Je constate juste que l’échec garanti de la journée de mobilisation d’aujourd’hui - comment pourrait-il en être autrement ? - sert grandement les intérêts de ceux qui n’envisagent la contestation que par le biais de sommets sociaux.

    Et je suis certain que Nicolas Sarkozy et Bernard Thibault tireront un semblable constat de ces manifestations qui s’annoncent clairsemées : tout-va-bien-la-rue-est-calme-ne-changeons-rien.

    Je parie aussi que la journée d’aujourd’hui ne changera rien à ce joyeux constat présidentiel dressé en janvier, à propos de ses rapports fructueux avec les syndicats : « Je ne crois pas, que dans notre histoire sociale, nous ayons jamais connu un dialogue aussi fréquent et aussi dense. »

    Et je note enfin que Bernard Thibault, ce matin sur Europe1, a su trouver ces mots durs et combatifs qu’attend la population d’un leader syndical en situation de crise : « La question n’est pas de durcir (le mouvement) mais d’obtenir des inflexions en matière économique et sociale », a violemment martelé Nanard, avant de se montrer tout aussi incisif sur la question des retraites : « Une vraie bonne réforme des retraites peut passer en quinze jours. »

    -

    Obtenir des inflexions en matière économique et sociale

    Quand la trahison syndicale s’habille aussi clairement du langage technocratique de la pondération, il ne te reste guère d’autre alternative que de considérer la CGT pour ce qu’elle est : une antenne du Modem.

    Sur ce, je te laisse : j’ai aérobic.

    Hop : inflexion… extension !

    Notes

    [1] Ceci est un excellent dessin de l’ami Fabian paru dans Fakir. Note que je ne lui ai même pas demandé son avis avant de le lui piquer.

     

     

    [2] Pour "la prévention des restructurations", pour un "sommet social", pour les "vœux aux partenaires sociaux", pour un autre "sommet social", etc etc…

    [3] As-tu mauvais esprit, quand même…

    [4] Sur le modèle, tu l’auras compris, de cette célèbre phrase pour décrire les radicaux-socialistes : "Le coeur à gauche, le portefeuille à droite".

    [5] Ceci est un excellent dessin de l’ami Colloghan paru dans Fakir. Note que je ne lui ai même pas demandé son avis avant de le lui piquer.

    ARTICLE XI


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  • Un membre hondurien de la Société interaméricaine de presse a payé la note du lobby des putschistes
     
    Jean-Guy ALLARD

    Le patron des quotidiens honduriens El Heraldo et La Prensa, Jorge Canahuati Larach, qui a représenté la presse de son pays à la dernière assemblée générale de la Société interaméricaine de presse (SIP), a payé la campagne de relations publiques aux États-Unis destinée à légitimer le coup d’État, selon une enquête du journal hondurien El Libertador effectuée à la Chambre des représentants et au Sénat nord-américains.

    Au cours de la dernière assemblée générale de la SIP, l’association des patrons d’organes de presse commerciaux, réalisée à Buenos Aires, Canahuati a décrit la presse du Honduras, où la pólice et l’armée frappaient et tuaient des manifestants, comme victime d’une série d’attaques « des deux bandes en conflit, particulièrement des partisans de Zelaya ».

    À Washington, Canahuati a partagé le paiement d’une note de 28 000 dollars des cabinets de lobbying avec le partenaire principal de la banque Ficohsa, Camilo Atala, et le président des manufacturiers Jesús Canahuati, tous les deux partisans actifs du régime de Roberto Micheletti.

    El Libertador précise que l’on a vérifié les noms et les entreprises liées au financement du coup d’État contre le président Zelaya en suivant les pistes du Lobbying and Disclosure Act, un régistre des activités des lobbyistes maintenu depuis 1995 aux États-Unis.

    « Les firmes embauchées à Washington par les entrepreneurs putschistes honduriens sont Orrick, Herrington & Sutcliffe LLP, Vision Americas et Cormac Group, auxquelles on a payé près de 28 000 dollars pour qu’elles effectuent leur travail de lobby auprès du Département d’État, du Conseil national de sécurité, de la Chambre des représentants et du Sénat des États-Unis », confirme El Libertador qui précise que l’on désigne spécialement comme lobbyistes Lanny Davis et Adam Goldberg, deux conseillers de l’ex-président Bill Clinton.

    VIVANCO ET LA SIP JETTENT LE MASQUE

    Dans les pprochains jours, la SIP honorera José Miguel Vivanco, directeur pour les Amériques de l’organisation nord-américaine Human Rights Watch (HRW), également associé à la CIA, qui se distingue par ses interventions agressives contre les pays progressistes de l’Amérique latine.

    Le chef de la SIP, le directeur du Diario Las Américas (extrême-droite), Alejandro Aguirre, remettra le Grand Prix Chapultepec 2010 à Vivanco, au cours d’une réunion qui aura lieu à Aruba.

    Le même prix a été accordé dans les dernières années à Arthur O. Sulzberger, le patron de The New York Times Company ; Santiago Cantón, de la soi-disant Commission interaméricaine des droits de l’homme, et à la Banque Mondiale.

    Vivanco, un ex fonctionnaire de Pinochet à l’OEA converti en défenseur de la version étasunienne des droits de la personne, a été expulsé du Venezuela il y a quelques mois après la présentation d’un rapport de son organisation qui diffamait de façon grossière la Révolution bolivarienne.

    Vivanco, selon un communiqué de la SIP, a été sélectionné « en raison de son travail remarquable dans la défense de la liberté d’expression ».

    Avant de faire son apparition à la Human Rights Watch, groupe connu pour ses interventions parrallèles à celles du Département d’État nord-américain, Vivanco a été délégué du gouvernement chilien pinochettiste à la Commission des Droits de l’homme de l’OEA.

    Après la remise du prix, signale la SIP, Vivanco participera au panel Liberté de presse en Amérique latine. Dans son intervention, il mettra « une emphase particulière sur le Venezuela », précise le communiqué émis depuis Miami. Comme d’habitude, cet évènement médatique de la SIP réunira quelque 250 propriétaires de médias commerciaux avec leurs accompagnateurs.

    La reunión se tiendra au luxueux hotel Westin Aruba Resort de Oranjestad, la capitale de cette colonie néerlandaise autonome, au nord-ouest du Venezuela.

    Selon les organisateurs, on analysera « de façon exclusive » les « stratégies et façons d’aider » les organes de presse de Haïti, ce qui laisse supposer une forme d’ingérence.

    Il y a quelques mois, à son assemblée de Buenos Aires, la SIP a choisi comme président Alejandro Aguirre, le fils du fondateur du Diario Las Américas, dont le père, Horacio Aguirre Baca, de Miami, a été un des plus actifs collaborateurs du colonel Jules Dubois, dans l’opération effectuée par la CIA pour séquestrer la SIP, entre 1948 et 1950.

    Jean-Guy ALLARD ici


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  • Jérusalem : clé pour la lumière... ou l’obscurité

    Nour Odeh - Al Jazeera


    Malgré les pluies incessantes de gaz lacrymogènes, des grenades assourdissantes, des balles en acier couvertes de caoutchouc, le nombre de manifestants palestiniens n’a cessé d’augmenter, écrit Nour Odeh.
     
     
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    Les forces israéliennes d’occupation répriment férocement tout mouvement de protestation dans les Territoires Palestiniens sous Occupation.

    Un de mes amis m’a demandé l’autre jour, depuis combien de temps je n’avais pas été autorisée à entrer dans Jérusalem. « Près de dix ans », lui répondis-je, « sauf pour enregistrer pour un passage de deux heures au consulat américain chercher un visa, il y a trois ans ».

    « Pour moi, c’est huit ans », me dit-il.

    Puis nous nous sommes aperçus que la plupart des enfants et des « jeunes » dont nous parlons au cours des affrontements à travers la Cisjordanie, qui se sont mobilisés contre les mesures israéliennes dans la ville occupée, n’ont probablement jamais vu celle-ci !

    En effet, la plupart des hommes non mariés âgés de moins de 35 ans ne peuvent que rêver d’obtenir un permis israélien pour visiter Jérusalem-Est occupée, que les autorités israéliennes ont physiquement séparée du reste de son environnement palestinien par une série de murs et de checkpoints.

    Mémoire collective

    Pourtant, les gens disent que c’est Jérusalem, le sujet de chansons et qui génère des passions, le condensé de l’histoire nationale. Ces jeunes ont un lien profond et émotionnel avec Jérusalem, y sont liés par une mémoire collective et y sont attachés à travers la culture, le patrimoine et, oui, la religion.

    Alors que je couvrais les dramatiques affrontements dans toute la Cisjordanie les jours de la semaine écoulée, ces sentiments nationaux étaient limpides. Les garçons et jeunes gens palestiniens ont manifesté chaque jour, depuis maintenant plusieurs jours.

    Malgré les pluies incessantes de gaz lacrymogènes, des grenades assourdissantes, des balles en acier couvertes de caoutchouc, leur nombre n’a cessé d’augmenter, ne diminuant en rien. Et les affrontements gagnent en ampleur, en s’éloignant des checkpoints et en s’étendant dans les rues et ruelles.

    C’est là que les affrontements deviennent directs parce que les jeunes Palestiniens sont si proches des soldats israéliens... Ils peuvent presque les toucher.

    Le bruit des grenades assourdissantes, des pierres frappant les toits autour de nous et l’asphalte entre nos pieds et les terrible gaz lacrymogènes... C’est déroutant. D’autant plus que dans ces types d’affrontements, il n’y a pas de fronts - les affrontements éclatent partout : à gauche, à droite, en avant, en arrière.

    Ces scènes se répètent à travers la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, des affrontements étant signalés à l’ouest de Ramallah, à Ni’lin - un village récemment déclaré zone militaire fermée par Israël - dans des villages au nord de Naplouse, et Hébron au sud de Jérusalem.

    Vue différente

    A Jérusalem, la situation est différente, plus difficile à déchiffrer. C’est une ville très surveillée, avec des caméras et des policiers en civil partout y compris au milieu des habitants. Ces affrontements sont un écho du climat général parmi les Palestiniens, déçus par l’inaction internationale et frustrés par la perte progressive de tout espoir dans un avenir de paix, de liberté, et d’opportunités.

    La colère, les manifestations et les bouleversements politiques ont tous été alimentés par l’évolution de la situation. Récemment Israël a annoncé, pour l’expansion des colonies, une série de plans qui ont fortement irrité les Palestiniens. Israël ouvre aussi la porte grande ouverte, et de façon inédite, à de dures critiques internationales y compris de l’allié d’Israël le plus important : les Etats-Unis.

    Puis survint un événement qui a injecté des sentiments religieux et peut-être une ferveur dans ce dangereux mélange de tension et d’impasse politique. Des groupes extrémistes de droite israéliens ont inauguré la synagogue Hurva, dangereusement située près du Haram al-Sharif qui abrite le troisième lieu saint de l’Islam : la mosquée Al-Aqsa.

    La synagogue a été construite en grande partie par des contributions privées. Mais le problème est qu’elle a été construite dans la partie orientale occupée de la Ville et sur le terrain d’un quartier arabe palestinien rasé par Israël peu de temps après qu’il ait occupé Jérusalem en 1967.

    Autrefois, on l’appelait le quartier Charaf, maintenant il est nommé le quartier juif. Mais Israël ne réagit pas, même du bout des lèvres, à la critique internationale.

    Demande « déraisonnable »

    Mercredi, le ministre israélien des affaires étrangères, Avigdor Lieberman [extrême-droite ultra-nationaliste et ultra-raciste - N.d.T] a déclaré qu’il était « déraisonnable » pour la communauté internationale de demander à Israël d’arrêter la construction dans Jérusalem-Est occupée.

    Il a également estimé que la déclaration du Quartet, publié ce vendredi, « nuit à la possibilité de parvenir à un accord [de paix] ». Pour quelle raison ? Parce que le Quartet a condamné [de façon purement formelle, comme à l’habitude - N.d.T] les actions israéliennes à Jérusalem-Est occupée et a déclaré qu’Israël devait à présent les stopper.

    Les Palestiniens considèrent Jérusalem comme le cœur et l’âme de leur identité, de leur histoire, résumée dans les anciennes murailles qui en disent long sur une histoire turbulente et obstinée, passée et présente. Une histoire qui malgré les effusions de sang et la misère, dispense encore à l’humanité des messages d’amour et de paix.

    Mais l’histoire de la terre sainte et de son caractère sacré est peut-être aussi sa malédiction.

    Des guerres qui ne sont pas saintes...

    C’est dans la Via Dolorosa à Jérusalem que Jésus est censé avoir marché, portant sa croix, pour le salut de l’humanité. Et c’est dans cette ville que des carnages se sont produits, au nom de Dieu - et dans des guerres qui n’ont rien de sacré - pour dominer la ville sainte.

    Pourtant, c’est également dans cette ville que le meilleur de l’homme, et des fidèles de Dieu, a prévalu et où ont dominé les premiers signes de coexistence religieuse qui ont brillé sur le monde.

    Mais le conflit entre Palestiniens et Israéliens touche à la terre et à la souveraineté. C’est avant tout une lutte nationale.

    Mais Jérusalem, qui était la clé de l’échec des pourparlers de paix de Camp David en 2000, est l’élément le plus explosif dans cette lutte, car la ville est un symbole religieux autant que national.

    « Impératif patriotique »

    pour les Palestiniens de toutes les confessions, Jérusalem-Est occupée, ou la Jérusalem arabe [Al Qods], est un impératif patriotique sacré.

    La même chose s’applique aux juifs israéliens. Et les fidèles de trois religions monothéistes du monde ont Jérusalem au cœur.

    C’est pourquoi autant que Jérusalem pourrait être un symbole d’une coexistence religieuse pacifique, elle peut aussi se transformer en étincelle pour enflammer les sentiments les plus sombres de l’humanité, faits de préjugés, de haine et de guerres de religion.

    Les mesures prises par Israël à Jérusalem, craignent les observateurs depuis longtemps, pourraient engendrer cette obscurité car elles sont emballées dans une rhétorique religieuse profondément provocante.

    Cette terrible perspective semble une menace imminente planant dans le ciel de Jérusalem ces jours-ci.

    (JPG)

    * Nour Odeh est correspondante d’Al Jazeera dans les Territoires Palestiniens sous Occupation

    De la même auteure :

    -  Deux enfants assassinés par l’armée israélienne à Gaza - 4 juin 2007
    -  La pollution s’ajoute aux ennuis de Gaza - 2 mars 2007


     
     

    20 mars 2010 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
    http://blogs.aljazeera.net/middle-e...
    Traduction : Nazem

     

     


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