• IARA LEE, directrice du réseau « Culture of Resistance » et auteur du film choc témoigne :

    La vidéo de IARA LEE est visible à la fin de l’interview, en bas de page…


    IARA LEE

    IARA LEE

    Cette interview est une traduction de celle que IARA LEE a accordée à l’émission de radio américaine « Democracy Now ! » dont la transcription originale en anglais est disponible ici.(Traduction : Al-har.com).

    ——–

    JUAN GONZALEZ: Plus d’une semaine après l’agression mortelle d’Israël sur la flottille de l’aide humanitaire à Gaza, qui fit neuf morts Turcs, des questions demeurent quant à ce qui s’est exactement passé sur le Marmara Mavi et sur les autres bateaux ce fameux lundi matin fatidique.

    La suite ici

     


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  • La pire chose qui soit arrivée au peuple juif, après l’Holocauste

    Soldats israéliens entrant dans la vieille ville de Jérusalem durant la guerre des Six-jours. Photo publiée sous licence Creative Commons par dAVIDb1

     

    La pire chose qui soit jamais arrivée au peuple juif, après l’Holocauste, c’est la création de l’état d’Israël.

    Sur le plan international, les choses sont si désespérantes qu’il ne reste plus qu’à rêver.

    Alors je rêve d’une Turquie, membre de l’OTAN, qui exige que l’alliance vienne la défendre d’une attaque israélienne. Selon l’article 5 de la charte de l’OTAN, une attaque armée contre un de ses membres constitue une attaque contre tous ses membres. C’est la raison avancée par l’OTAN pour combattre en Afghanistan – une attaque contre les Etats-Unis le 11 septembre 2001 a été considérée comme une attaque contre tous les membres de l’OTAN (tout en omettant le fait que l’Afghanistan n’avait rien à voir avec les attentats). L’attaque israélienne contre un navire battant pavillon turc, opérée par une organisation humanitaire turque, tuant neuf citoyens turcs et blessant beaucoup d’autres, constitue sans aucun doute une attaque contre tous les membres de l’OTAN.

    Ainsi, après que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France et autres membres importants de l’OTAN ont présenté des arguments ridicules non-sequitur pour expliquer pourquoi ils ne peuvent... euh... invoquer l’Article 5, et que les médias internationaux ont avalé l’histoire tout rond sans la moindre indigestion, la Turquie exige qu’Israël perde au moins sont statut informel de membre associé à l’OTAN en tant que membre du Dialogue Méditerranéen. Cette dernière demande aussi est sévèrement rejetée par les puissances mondiales éminentes de l’OTAN parce qu’une telle décision représenterait une victoire pour le terrorisme. Et pour l’antisémitisme aussi, évidemment.

    Alors la Turquie se retire de l’OTAN. L’Azerbaïdjan et cinq autres pays de l’Asie centrale, membres du Partenariat pour la Paix de l’OTAN envers les communautés turkmènes, lui emboîtent le pas. L’OTAN connaît alors une crise. Les autres membres commencent à questionner la politique de l’organisation... et veulent enfin savoir pourquoi nos jeunes tuent et meurent en Afghanistan, et pourquoi on les a envoyés au Kosovo et en Irak et à d’autres endroits que les Américains considèrent comme cruciaux pour leur Sécurité Nationale qui est sans cesse menacée.

    Lorsque le Vice-président Biden déclare à la télé au célèbre conservateur déguisé en progressiste, le pseudo intellectuel Charlie Rose, que « nous avons exercé toute la pression possible et tenté de convaincre par tous les moyens Israël d’autoriser l’entrée des matériaux de construction (à Gaza), » (1), Rose pour une fois se comporte comme un véritable journaliste et demande à Biden : « Avez-vous menacé Israël de mettre fin à l’aide économique et militaire ? ... Avez-vous inscrit des officiels israéliens sur la liste des étrangers qui ne sont pas autorisés à entrer aux Etats-Unis et avez-vous gelé leurs comptes en banques aux Etats-Unis comme vous l’avez fait pour de nombreux officiels qui ne soutiennent pas l’Empire ? ...

    Puisque Israël a commis à la fois des crimes contre la paix et des crimes contre l’humanité et puisque ces crimes ont une juridiction internationale, certains membres des appareils politique et militaire israéliens peuvent être cités à comparaître devant n’importe quel tribunal dans le monde. Allez-vous donner des instructions au Ministère de la Justice pour lancer de telles mises en examen ? Ou si un autre pays membre de la Cour Internationale de Justice demande à la Cour de poursuivre ces individus, est-ce que les Etats-Unis tenteront de bloquer la procédure ? ... Et pourquoi est-ce que les Etats-Unis n’ont-ils pas délivré eux-mêmes les matériaux de construction ? »

    Lorsque Israël justifie ses meurtres par « l’autodéfense », les comédiens de la télé Jay Leno et David Letterman trouvent ça très drôle et font remarquer qu’une nouvelle note biographique du Premier ministre chinois en poste au moment de la répression violente de la Place Tienanmen en 1989 vient de justifier l’action des militaires en déclarant que les soldats ont agi par « autodéfense » lorsqu’ils ont tiré sur les militants démocrates. (2)

    Lorsque Israël qualifie de « terroristes » les passagers des bateaux qui ont offert une certaine résistance aux envahisseurs israéliens, le New York Times fait remarquer que les passagers qui ont résisté aux pirates le 11 septembre (2001) lors du détournement d’un avion qui s’est écrasé en Pennsylvanie sont qualifiés de « héros ». (Soi dit en passant, il mérite d’être rappelé que les Etats-Unis utilisent le 11 Septembre comme Israël utilise l’Holocauste – comme une excuse pour justifier tous leurs comportements illégaux et violents sur la scène internationale.)

    Pendant ce temps, le Washington Poste rappelle à ses lecteurs qu’en 2009 Israël a attaqué un bateau dans les eaux internationales qui transportait de l’aide médicale à Gaza avec à son bord l’ex-membre du Congrès Cynthia McKinney, et qu’en 1967 Israël a attaqué un navire américain, le USS Liberty, faisant 34 morts et environ 173 blessés, et que le Président Johnson a fait exactement ce qu’Obama est en train de faire aujourd’hui et qu’il aurait fait à l’époque : rien.

    Et enfin, la Secrétaire d’Etat Clinton déclare qu’elle a eu une révélation. Elle réalise que ce qu’elle a récemment déclaré au sujet de la Corée du Nord accusée d’avoir torpillé un navire de guerre sud-coréen s’applique aussi à Israël. Mme Clinton a exigé que Pyongyang « cesse ses provocations, cesse ses menace de guerre contre ses voisins, et prenne des mesures irrévocables pour sa dénucléarisation et respecte le Droit International. » (3) Elle ajoute que la culpabilité de la Corée du Nord n’est pas clairement établie, tandis qu’Israël ne nie pas son attaque contre la bateau ; pire encore, il n’est même pas certain que la Corée du Nord possède l’arme nucléaire, alors qu’il ne fait aucun doute que Israël en possède une bonne quantité.

    Voilà le tableau. L’hypocrisie règne. Malgré mes rêves les plus fous. L’hypocrisie est-elle une absence de morale ou un manque d’intelligence ? Lorsque le Président Obama déclare, comme il l’a souvent fait, que « personne n’est au-dessus des lois » et qu’il enchaîne aussitôt pour affirmer que son administration ne mettra pas en examen Bush et Cheney pour crimes, est-ce qu’il pense que personne ne remarquera la contradiction de son propos, son hypocrisie ? Il s’agit d’un mépris pour l’opinion publique et/ou une idiotie digne de son prédécesseur.

    Et lorsqu’il déclare : « l’avenir n’appartient pas à ceux qui rassemblent des armées sur un champ de bataille ou enfouissent des missiles sous terre », (4) ne lui vient-il pas à l’esprit qu’il est en train de décrire crûment l’avenir des Etats-Unis, ou sa propre politique, consciente et délibérée, qui consiste à accroître encore la taille de l’armée américaine et son stock de missiles ?

    Camarades, l’hypocrisie et les mensonges peuvent-ils atteindre une telle ampleur que suffisamment d’Américains sincères commencent à se poser des questions sur leur foi et que leur nombre atteigne une masse critique et provoque une explosion ? Eh bien, c’est chose faite pour d’innombrables Américains mais la tâche est immense lorsqu’il s’agit de contrer la quantité de propagande produite par l’éducation et les médias. Ils sont très doués pour ça. Tant pis. Mais n’abandonnez pas la lutte pour autant. Quelle meilleure façon pour mener nos vies que de résister ? Et rappelez-vous, ce n’est pas parce que le monde est passé sous le contrôle d’une bande de cinglés menteurs, hypocrites et tueurs en série que cela devrait nous empêcher de prendre du bon temps.

    Les Bons et les Méchants

    A Lahore, Pakistan, selon un article du Washington Post du 29 mai, « des militants ont lancé une attaque coordonnée... contre deux mosquées d’un secte minoritaire musulmane, en prenant des otages et en tuant au moins 80 personnes... Au moins sept hommes armés de grenades, de fusils d’assaut et de ceintures de bombes ont pris d’assaut les mosquées alors que les prières du vendredi prenaient fin. »

    Super, vraiment super, très civilisé. Il n’est pas étonnant que de bons Américains pensent que c’est contre cela que les Etats-Unis sont en train de se battre – des fanatiques islamistes, des maniaques suicidaires, qui tuent leurs semblables pour un point obscur de dogme religieux, qui veulent tuer des Américains pour un pêché quelconque, parce que nous sommes des « infidèles ». Comment raisonner avec de telles personnes ? Où est leur humanité que les pacifistes naïfs et les militants anti-guerre nous demandent de respecter ?

    C’est là que l’on tombe sur le dernier paragraphe de l’article. « Selon des officiels de la région, le même jour, des missiles tirés par un drone US auraient frappé un camp Taliban au sud de la zone tribale du Waziristân, tuant huit personnes. » Nos dirigeants nous demandent de croire que ceci représente un niveau d’humanité supérieur. Les Etats-Unis font ça tous les jours, ils envoient des engins de mort télécommandés appelés Predators au dessus de l’Afghanistan et du Pakistan, pour tirer des missiles Hellfire qui vont s’abattre sur des mariages, des funérailles, des maisons, sans savoir qui sont les victimes, sans se soucier de leurs identités, on en compte désormais plusieurs centaines, tant que Washington peut prétendre à chaque fois – à raison ou à tort – que parmi les victimes se trouvaient un éminent infidèle, qu’on l’appelle le Taliban, Al-Qeada, insurgé ou militant.

    Comment raisonner avec de telles personnes, les personnes de la CIA qui dirigent les vols ? Quelle différence entre eux et les kamikazes ? Le kamikaze connaît le même sort que ses victimes et les voit de près avant de les tuer. L’assassin de la CIA est confortablement assis dans une salle dans le Nevada ou la Californie et fait semblant de jouer à un jeu vidéo, puis sort pour dîner tandis que ses victimes agonisent. L’assassin de la CIA croit passionnément en quelque chose qu’on appelle le Paradis. L’assassin de la CIA croit passionnément en quelque chose qu’on appelle le drapeau et la patrie.

    Le conseiller juridique du Département d’Etat justifie les bombardements par Predator comme étant de... ah oui... de « l’autodéfense ». (5) Essayez donc de raisonner avec ça.

    Ces bombardements américains par drones constituent bien sûr le summum de l’agression, l’ultime crime international. Ils ont été employés sur l’Irak dés le début des années 90. Au mois de décembre 2002, peu avant l’invasion US au mois de mars, les Irakiens ont réussi à abattre un de ces engins. En réaction, le porte-parole de la « Commande Centrale US », qui supervise les opérations militaires US au Moyen Orient, a déclaré qu’il s’agissait d’un nouveau signe de la « campagne d’agression militaire » menée par le Président irakien, Saddam Hussein. (6)

    En fait, cette démonstration d’hypocrisie a été battue par le Secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, lorsqu’il a commenté les vols US et les bombardements sur l’Irak durant cette période : « Cela me met hors de moi de savoir que des pilotes US et Britanniques se font tirer dessus, jour après jour après jour, en toute impunité. » (7)

    Envoyez-moi une enveloppe timbrée pour recevoir une copie du « Guide d’Incendiaire des Maisons des Officiels du Pentagone ».

    Lorsque les politiciens se comportent mal. En disant la vérité.

    Le président allemand, Horst Koehler, a démissionné la semaine dernière parce qu’il a dit quelque chose que les officiels du gouvernement ne sont pas censés dire. Il a dit que l’Allemagne combattait en Afghanistan pour des raisons économiques. Aucun référence à la démocratie. Aucune référence à la liberté. Pas un mot sur les Bons contre les Méchants. Le mot « terrorisme » n’a pas été prononcé. Et « Dieu » n’a pas été invoqué. Lors d’une visite aux troupes allemandes stationnées en Afghanistan, il a déclaré qu’un pays comme l’Allemagne, qui dépendait de ses exportations et du libre commerce, devait être préparé à employer la force militaire. Le pays, a-t-il dit, devait agir « pour protéger nos intérêts, par exemple, des routes de commerce libres, ou pour empêcher une instabilité régionale qui aurait très certainement des effets négatifs sur notre commerce, nos emplois et nos revenus. »

    « Koehler a dit ouvertement ce qui paraissait évident depuis le début, » a déclaré le dirigeant du parti allemand La Gauche. « Les soldats allemands prennent des risques en Afghanistan pour défendre les exportations de certains gros intérêts économiques. » (8)

    D’autres politiciens de l’opposition ont demandé à Koehler de retirer ses propos et l’ont accusé de porter un coup au soutien de l’opinion publique allemande aux missions militaires à l’étranger. (9)

    Quel est le contraire d’un théoricien du complot ?

    David Remnick, rédacteur du magazine New Yorker en ancien journaliste au Washington Post, vient de publier un nouveau livre, "The Bridge : The Life and Rise of Barack Obama". Dans les trois pages que Remnick consacre aux années 1983-1984 où Obama a travaillé pour Business International Corporation (BIC) à New-York, il ne fait aucune mention des liens bien connus entre BIC et la CIA. En 1977, par exemple, le New York Times a révélé que BIC avait fourni une couverture à quatre employés de la CIA dans différents pays au début de la Guerre Froide, (10) que la BIC avait aussi tenté d’infiltrer la gauche radicale, dont Students for a Democratic Society (SDS). (11)

    Est-ce que l’idée de mentionner que le futur président des Etats-Unis a travaillé plus d’un an pour une compagnie appartenant à la CIA a traversé l’esprit de Remnick ? Même si la CIA et BIC n’ont jamais tenté de recruter Obama, chose qu’elles ont par ailleurs peut-être faite ? C’est ce genre d’oubli volontaire qui alimente la pensée conspirationiste de gauche.

    Parce que Remnick a une réputation impeccable au sein de l’establishment, son livre a été largement annoncé. Mais aucun de ceux qui l’ont lu n’a cru bon de mentionner cet oubli. Et les choses étant ce qu’elles sont, évidemment, si on n’en parle pas, ça n’a jamais eu lieu. Et si vous mentionnez la chose, vous n’êtes plus qu’un théoricien du complot pathétique. Comme moi, qui en ai parlé au mois de janvier (12).

    (...)

    William BLUM
    http://killinghope.org/bblum6/aer82.html

    Traduction VD pour le Grand Soir  ici

    Notes

    1. Charlie Rose Live, June 2, 2010 program http://www.charlierose.com/view/int...

    2. Associated Press, June 4, 2010

    3. State Department press conference, May 24, 2010

    4.Talk given in Moscow, July 7, 2009, text released by the White House

    5. National Public Radio, March 26, 2010

    6. Washington Post, December 24, 2002

    7.Associated Press, September 30, 2002

    8. London Times Online, May 31, 2010

    9. Associated Press, May 31, 2010

    10. New York Times, December 27, 1977, p.40

    11. Carl Oglesby, "Ravens in the Storm : A Personal History of the 1960s Antiwar Movement" (2008), passim

    12. William Blum, The Anti-Empire Report, January 3rd, 2009


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  • Israël ne se "défend" pas, il pratique le terrorisme en Amérique latine aussi !

    Marc Vandepitte   

    Le monde entier a réagi avec horreur contre l'attentat meurtrier commis par Israël contre un convoi humanitaire. Les brutalités de l'État juif sont connues, en particulier quand il s'agit de la Palestine. Moins connue est l'implication d'Israël dans les guerres sales qui ont eu lieu dans les cinquante dernières années en Amérique latine.

    L'attaque de style commando contre les navires non armés de l'aide humanitaire à Gaza, où neuf civils ont été tués par l'armée israélienne, a été condamnée dans le monde entier. De même en Amérique latine. Cuba exige des autorités israéliennes la suppression immédiate du blocus meurtrier et illégal contre le peuple palestinien et de la bande de Gaza. La Havane réaffirme son soutien et sa solidarité avec le peuple palestinien et ses droits inaliénables, y compris la création d'un État indépendant avec Jérusalem comme capitale.

    Le président Evo Morales de la Bolivie demande aux organisations internationales compétentes d'ouvrir une enquête qui permettra de punir les coupables de cette violence criminelle. Le président Hugo Chávez du Venezuela exige une action des Nations Unies, de la Cour internationale de Justice et du monde contre la violence atroce faite à l’encontre de civils innocents. Il condamne le soutien américain à Israël. Selon lui, le lauréat du prix Nobel Obama a maintenant une occasion idéale de se débarrasser de tous les doutes concernant l'attribution de son prix d'honneur.

    Comme prévu Obama n'a pas profité de l’occasion. Le lauréat de la paix a d’abord gardé le silence sur cet acte barbare durant les douze premières heures, et s'est retrouvé parmi les rares chefs d'États dans le monde à ne pas condamner l'action israélienne. Il s'est borné à exprimer ses profonds regrets aux victimes et a souligné qu'il était important de connaître tous les faits et les circonstances de ce tragique événement.

    En Amérique latine, Israël n'a pas les mains propres. Les peuples n'ont pas garder une bonne image de l'ingérence de l'État juif sur leur continent. Dès ses débuts, Israël a soutenu un large éventail de régimes de droite et de dictatures militaires. La liste des pays auxquels ils ont fourni des armes, conseillé et formé des soldats et des paramilitaires est longue: l'Argentine, la Bolivie, le Brésil, la Colombie, le Costa Rica, la République dominicaine, l’Équateur, le Salvador, le Guatemala, Haïti, le Honduras, le Nicaragua, Panamá, le Paraguay, le Pérou et le Venezuela.

    Les Israéliens ont été particulièrement actifs dans un certain nombre de « guerres sales ». Ils ont mis leur expérience et leur expertise au service des régimes les plus brutaux de l'époque. Au Salvador, ils ont formé la police secrète dans les années soixante. C'est de cette police que sortaient les escadrons de la mort à la sinistre réputation, responsables de dizaines de milliers de victimes, essentiellement des civils. L'officier militaire le plus connu qui a été formé par eux est Roberto D'Aubuisson. C’est lui qui a ordonné l'assassinat de Mgr Romero et de milliers d’autres Salvadoriens. Plus tard, il envoya son fils en Israël pour y suivre des études en toute tranquillité et sécurité.

    Au  Nicaragua aussi, les Israéliens ont montré leurs pires défauts. Jusqu'au dernier moment, avant qu'il ne fuie le pays, Israël a fourni des armes au dictateur Somoza. Ensuite, les Israéliens ont formé les « contras », opérant à partir des camps au Honduras et au Costa Rica, ceux-ci ont semé la terreur à l'intérieur du Nicaragua, avec comme résultat des milliers de victimes civiles innocentes.

    Leur engagement a été le plus sanglant au Guatemala, dés les années soixante-dix jusque dans les années quatre-vingt-dix. Ils ont fourni des armes, de l'équipement militaire jusqu’à fournir des avions, et ils y ont même construit une usine de munitions. Dans les coulisses, ils étaient impliqués dans une des plus violentes campagnes contre-révolutionnaires que l'hémisphère occidental ait connues depuis la conquête espagnole. Dans cette opération plus de 200.000 personnes ont été tuées, essentiellement des indiens. Dans cette sale guerre, « l'expertise » israélienne a été très utile. Comme c’était le cas pendant l'occupation initiale de la Palestine, des villages indiens ont été entièrement rasés et un million de personnes ont été chassées de leurs foyers.

    La Colombie est le pays il y eut le plus grand nombre d'assassinats de syndicalistes, de militants des droits de l’homme et de journalistes en Amérique latine. Bien sûr Israël ne peut pas y faire défaut. Carlos Castaño a été (jusqu'à sa disparition), le chef de l'AUC (Autodefensas Unidas de Colombia), la plus importante milice paramilitaire de droite qui n’ait jamais existé. Sur le terrain des violations des droits de l'homme cette milice dépasse tous les autres pays du continent. Dans une autobiographie, il admet qu’il a été formé aux techniques martiales en Israël quand il était jeune. «J'ai appris d'innombrables choses en Israël. »
    « A ce pays je dois une grande partie de mon essence, mes réalisations humaines et militaires. (...) J'ai copié le concept de milices paramilitaires en Israël. »

    Il y a deux principales raisons pour lesquelles l'Etat juif a été et est, très actif dans ces opérations sales. Il y a d'abord l'industrie de guerre. Depuis quelque temps, ce petit pays se trouve dans le top dix des plus grands fournisseurs d'armes. Le chiffre d'affaires annuel est de 3,5 milliards de dollars et cette industrie emploie environ 50.000 personnes, c’est à dire le plus grand employeur industriel du pays. Israël est le pays le plus dépensier par habitant et est également le plus grand exportateur d'armes.

    Mais il y a aussi une raison géostratégique importante. L'Etat juif est fortement dépendant des États-Unis. Sans le soutien financier et militaire de la Maison Blanche, le pays ne persévérerait pas longtemps, et ne serait de toute façon plus une puissance dominante au Moyen-Orient. En échange de cette aide Tel-Aviv est prêt à faire le sale boulot pour son protecteur. C’est en effet essentiellement le même rôle que jouent les groupes terroristes anti-castristes à Miami. En échange de l'appui et du soutien de Washington ces organisations terroristes règlent de sales affaires ici et là. Dans presque toutes les grandes opérations militaires ou paramilitaires en Amérique latine depuis les années soixante, on retrouve des traces de la présence des « Miami boys ». Quelques exemples: ils ont été actifs dans la guerre « Contra » contre les sandinistes. Plus récemment, ils ont été impliqués dans le coup d'Etat manqué au Venezuela en 2002 et le coup d'État réussi au Honduras en 2009.

    Ce n'est pas une coïncidence si Israël est soupçonné d'implication dans ce coup d‘Etat au Honduras. Quand la Maison Blanche, pour son image, ne peut pas intervenir directement, elle fait régulièrement appel à son allié israélien. Par exemple, des documents déclassifiés ont révélé qu’Israël, à la demande des États-Unis, a soutenu la contre-révolution au Salvador et au Guatemala. Dans une note de l'infâme colonel Oliver North, un membre de la sécurité nationale de Ronald Reagan, on peut lire: «Tel que discuté hier, j'ai demandé à la CIA et aux ministères de la Défense et des Affaires étrangères de fournir une assistance au Guatemala et au Salvador. Cela pourrait être réglé par les Israéliens.» Dans un autre document on trouve: « Nous avons de bonnes raisons de croire que nos bons amis, les Israéliens, sont prêts - ou l’ont déjà fait - à livrer d'importantes quantités de matériel militaire au gouvernement du Guatemala.»

    Je suis entièrement d'accord avec le président Chavez, Israël doit comparaître devant la Suprême Cour Internationale. Selon moi, ce ne serait pas seulement pour son rôle dans le massacre récent et l'action à Gaza, et beaucoup d'autres opérations en Palestine. Cela serait également nécessaire pour enquêter sur le rôle que l'Etat juif a tenu en Amérique latine et pouvoir ainsi punir les coupables.


    Références:

    http://en.wikipedia.org/wiki/United_Self-Defense_Forces_of_Colombia#Disappearance_and_death_of_Carlos_Casta.C3.B1o
    http://www.granma.cubaweb.cu
    http://www.thirdworldtraveler.com/Israel/Israel_LAmer_TrailTerror.html
    http://www.thirdworldtraveler.com/Global_Secrets_Lies/IsraelWeaponsManuIndus.html
    http://www.globalsecurity.org/military/world/israel/industry.htm
    http://www.greenleft.org.au/node/42205
    http://www.counterpunch.org/
    http://www.eleconomista.es
    http://www.nationmaster.com


    Aranguren M., Mi Confesión. Carlos Castaño revela sus secretos, Bogotá 2001.
    Calloni E., Operación Cóndor. Pacto Criminal, Havana 2005.

    Source: Investig'Action


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  • Historien Israélien dissident, désormais expatrié en Grande-Bretagne, Ilan Pappé se distingue par ses analyses claires et lucides des ressorts internes du conflit. En un récent article publié dans le Herald Scotland, il explique le lavage de cerveau auquel est soumis tout citoyen israélien. Et éclaire les motivations biaisées et fallacieuses sous-tendant l’attaque de la flottille.

    "Ce qui guide la politique d’Israël" - Un texte d’Ilan Pappé

    Traduction d’un article publié dans le Herald Scotland, le 6 juin 2010.

    jeudi 10 juin 2010, par Benjamin

     

    Historien israélien dissident, aujourd’hui professeur d’histoire à l’Université d’Exeter et directeur du Centre européen d’études sur la Palestine, Ilan Pappé a longtemps vécu en Israël, donnant de la voix contre le sionisme. Lassé de vivre dans un environnement « hostile », d’être traité « comme un pestiféré » [1], il s’est finalement exilé en Grande-Bretagne en 2007.

    Celui qui dénonce sans relâche la réécriture historique pratiquée par Israël, l’endoctrinement de sa population, le processus de colonisation et le massacre des Palestiniens à l’œuvre depuis plus de 60 ans [2] explique dans l’article traduit ci-dessous (la version originale, publiée le 6 juin, est ICI) les ressorts psychologiques qui ont poussé l’état sioniste à attaquer la flottille de Gaza il y a une dizaine de jours. Et explique pourquoi les "solutions" mises en avant par la communauté internationale ne sont absolument pas adaptées à la réalité du conflit.

    Ce qui guide la politique d’Israël

    L’aspect le plus déroutant de l’affaire de la flottille de Gaza a très certainement été la défense indignée et moralisatrice du gouvernement et du peuple israélien.

    Les modalités de cette réponse sont peu relayées par la presse britannique, mais il s’agit aussi bien de communications officielles, célébrant l’héroïsme des commandos ayant pris d’assaut le navire, que de manifestations d’écoliers en soutien inconditionnel au gouvernement et contre une prétendue nouvelle vague d’antisémitisme.

    En tant que natif d’Israël, passé avec enthousiasme par tout son processus de socialisation et d’endoctrinement pendant un quart de siècle, je ne connais que trop bien cette réaction. Comprendre l’origine de cette attitude furieusement protectrice est une clé essentielle pour appréhender correctement l’obstacle principal à la paix en Israël et en Palestine. On ne peut mieux définir cette barrière que comme la perception officielle et populaire qu’ont les juifs Israéliens de la réalité politique et culturelle qui les entoure.

    Un certain nombre de facteurs expliquent ce phénomène, mais trois d’entre eux sont particulièrement remarquables, et interconnectés. Ils forment l’infrastructure mentale individuelle sur laquelle la vie en Israël de tout juif sioniste est basée, et dont il est presque impossible de s’écarter – ce dont, personnellement, je n’ai que trop fait l’expérience.

    La première hypothèse, et la plus importante, est la suivante : ce qui était historiquement la Palestine est d’après un irréfutable droit sacré la propriété politique, culturelle et religieuse du peuple juif représenté par le mouvement sioniste, puis plus tard par l’état d’Israël.

    La plupart des Israéliens, les hommes politiques comme les citoyens, comprennent que ce droit ne peut être pleinement appliqué. Mais bien que les gouvernements successifs aient été assez pragmatiques pour accepter la nécessité d’entamer des négociations de paix et celle d’une sorte de compromis territorial, ce rêve n’a pas été abandonné. Et - ce qui est encore plus important - la conception et la représentation de toute politique réaliste est ainsi considérée comme un acte de générosité internationale ultime et sans précédent.

    Toutes les insatisfactions palestiniennes ou - dans le cas qui nous intéresse - internationales, exprimées devant les propositions mises en avant par Israël depuis 1948, ont donc été considérées comme insultantes et ingrates face à la politique accommodante et éclairée de la "seule démocratie du Moyen-Orient". Maintenant, imaginez que ce mécontentement se traduise par une lutte réelle et parfois violente, et vous commencez à comprendre les mécanismes de cette fureur vertueuse. Lorsque nous étions écoliers, pendant le service militaire et plus tard en tant que citoyens israéliens adultes, la seule explication donnée aux réactions arabes ou palestiniennes était que notre comportement civilisé s’opposait à la barbarie et aux antagonismes de la pire espèce.

    Selon le discours dominant, il y aurait deux forces malveillantes à l’œuvre contre Israël. La première consisterait en l’ancien et habituel mouvement antisémite du monde au sens large, un virus infectieux touchant soi-disant tous ceux qui entrent en contact avec les Juifs. Selon ce discours, les Juifs modernes et civilisés ont été rejetés par les Palestiniens simplement parce qu’ils étaient juifs, et non par exemple parce qu’ils ont volé leur terre et leur eau jusqu’en 1948, expulsé la moitié de la population Palestinienne en 1948, imposé une occupation violente de la Cisjordanie et, dernièrement, un siège inhumain de la bande de Gaza. Cela explique également pourquoi l’action militaire est considérée comme la seule réaction possible : une fois les Palestiniens vus comme cherchant inéluctablement à détruire Israël, suivant en cela une pulsion atavique, la seule manière possible d’y faire face repose sur la force militaire.

    La seconde force est également un phénomène qui, selon eux, n’a rien de neuf : une civilisation islamique chercherait à détruire les Juifs en tant que foi et nation. Le courant dominant chez les orientalistes israéliens, appuyés par de nouveaux universitaires conservateurs aux États-Unis, a contribué à définir cette phobie comme étant une vérité scientifique. Ces peurs, pour être immuables, doivent évidemment constamment être nourries et manipulées.

    De là découle la seconde caractéristique permettant une meilleure compréhension de la société juive israélienne : Israël est dans une position de déni. Même en 2010, avec tous les moyens de communication et d’information alternatifs et internationaux, la plupart des Juifs israéliens sont toujours alimentés quotidiennement par des médias qui leur cachent la réalité de l’occupation, de la stagnation ou de la discrimination.

    C’est notamment valable en ce qui concerne le nettoyage ethnique commis par Israël en 1948, qui a transformé la moitié de la population palestinienne en réfugiés, a détruit la moitié de ses villes et villages, et a vu les Israéliens s’arroger 80 % de son pays. Il est douloureusement clair que, même avant que les murs et clôtures de l’apartheid n’aient été construits autour des territoires occupés, l’Israélien moyen n’était pas au courant. Et qu’il ne s’intéressait pas aux 40 années de violations systématiques des droits civils et humains de millions de personnes, réalisées sous le contrôle direct et indirect de son État.

    Les Israéliens n’ont pas non plus eu accès à des compte-rendus honnêtes sur la souffrance des habitants de la bande de Gaza pendant les quatre dernières années. Et, sur le même schéma, les informations distillées sur la flottille correspondent à l’image d’un État attaqué par les forces combinées de l’antisémitisme séculaire et du nouvel islamisme judéocide fanatique, forces débarquant pour détruire Israël. (Après tout, pourquoi auraient-ils envoyé l’élite des meilleurs commandos du monde pour faire face à des militants des droits de l’homme sans défense ?)

    Quand j’étais jeune historien en Israël dans les années 1980, c’est d’abord ce déni qui a attiré mon attention. En tant que chercheur débutant, j’avais décidé d’étudier les événements de 1948, et ce que j’ai alors trouvé dans les archives m’a permis de mettre un pied hors du sionisme. Doutant de l’explication officielle du gouvernement à propos de son agression du Liban en 1982 et de son comportement pendant la première Intifada en 1987, j’ai commencé à réaliser l’ampleur de la manipulation. Je ne pouvais plus souscrire à une idéologie déshumanisant les Palestiniens autochtones et favorisant des politiques de dépossession et de destruction.

    Le prix de ma dissidence intellectuelle a fini par tomber : la condamnation et l’excommunication. En 2007, j’ai quitté Israël et mon travail à l’Université d’Haïfa pour un poste d’enseignant au Royaume-Uni, où les points de vue qui seraient au mieux considérés en Israël comme de la folie, au pire comme une trahison pure et simple, sont partagés par presque toutes les personnes honorables du pays, qu’elles aient ou non une connexion directe à Israël et à la Palestine.

    Ce chapitre de ma vie - trop compliqué à décrire ici - constitue la base de mon prochain livre, Out Of the Frame, qui sera publié cet automne. Brièvement, il s’agit de l’évolution d’un sioniste israélien tout ce qu’il y a de plus banal et ordinaire, évolution menée grâce à la découverte de sources d’information alternatives, à des relations étroites avec plusieurs Palestiniens et à des études post-universitaires à l’étranger, en Grande-Bretagne.

    Ma quête d’une véritable histoire des événements au Moyen-Orient m’a obligé à démilitariser mon esprit. Même aujourd’hui, en 2010, Israël reste, à bien des égards, un État prussien colonisateur. C’est-à-dire un État combinant, à tous les niveaux de la vie, des politiques colonialistes et un haut niveau de militarisation. il s’agit là de la troisième caractéristique de l’État juif, à appréhender pour comprendre la réaction israélienne. Elle se manifeste par la domination de l’armée sur l’ensemble de la vie politique, culturelle et économique d’Israël. Le ministre de la Défense, Ehud Barak, a ainsi été le commandant de Benjamin Netanyahu, le Premier ministre, dans une unité militaire semblable à celle qui a agressé la flottille. Un contexte qui explique grandement la réponse sioniste de l’État à ce qu’eux et tous les officiers de commando ont perçu comme l’ennemi le plus redoutable et le plus dangereux qui soit.

    Il faut probablement être né en Israël, comme je le suis, et être passé par tout le processus de socialisation et d’éducation - y compris le service militaire – , pour saisir la puissance de cette mentalité militariste et ses conséquences désastreuses. Et il faut un tel passé pour saisir pourquoi les fondements de l’approche de la communauté internationale au Moyen-Orient sont totalement et désastreusement inadaptés à la situation.

    La réaction internationale se base sur l’hypothèse que des concessions palestiniennes croissantes et un dialogue continu avec l’élite politique israélienne pourraient faire émerger une nouvelle réalité sur le terrain. Selon le discours officiel en Occident, une solution très raisonnable et réalisable - la solution des deux États - est à portée de la main pour peu que toutes les parties fournissent un ultime effort. Un tel optimisme est malheureusement erroné.

    La seule version de cette solution [des deux États] qui soit acceptable pour Israël ne saurait l’être pour l’Autorité palestinienne apprivoisée à Ramallah, non plus que pour le Hamas péremptoire à Gaza. Comprendre : l’offre d’emprisonner les Palestiniens dans des enclaves apatrides pour peu qu’ils mettent fin à leur lutte. Ainsi, avant même de discuter d’une solution alternative - un État démocratique commun, ce que je soutiens moi-même - ou d’explorer l’idée plus plausible de l’établissement de deux États, il faut transformer en profondeur la mentalité officielle et populaire en Israël. Cette mentalité est le principal obstacle à une réconciliation pacifique dans le terrain morcelé d’Israël et de la Palestine.

    Comment peut-on la faire évoluer ? C’est là le plus grand défi que doivent relever les militants en Palestine et en Israël, les Palestiniens et leurs partisans à l’étranger, et toute personne dans le monde se souciant de la paix au Moyen-Orient. Ce qu’il faut, en premier lieu, c’est la reconnaissance que l’analyse présentée ici est valable et acceptable. Alors seulement, on pourra commencer à faire des conjectures.

    Il est présomptueux de s’attendre à ce que les gens revisitent une histoire de plus de 60 ans afin de mieux comprendre pourquoi l’agenda international actuel concernant Israël et la Palestine repose sur des bases erronées et préjudiciables. Mais on peut certainement s’attendre à ce que les politiciens, les décideurs géopolitiques et les journalistes réévaluent ce qui a été appelé par euphémisme le "processus de paix " depuis 1948. Il faut également leur rappeler ce qui s’est réellement passé.

    Depuis 1948, les Palestiniens luttent contre le nettoyage ethnique de la Palestine. Cette année-là, ils ont perdu 80% de leur patrie et la moitié d’entre eux ont été expulsés. En 1967, ils ont perdu les 20% restants. Ils ont été fragmentés géographiquement, et traumatisés comme personne ne l’a été au cours de la seconde moitié du 20e siècle. Et n’eut été la fermeté de leur mouvement national, cette fragmentation eut pu permettre à Israël de faire main basse sur l’ensemble de la Palestine historique, poussant les Palestiniens vers l’oubli.

    Transformer un état d’esprit est un long processus d’éducation et de conscientisation. Contre toute attente, certains groupes alternatifs au sein d’Israël avancent sur cette longue et sinueuse route vers le salut. En attendant, il faut mettre un terme à ces politiques israéliennes qui sont symbolisées par le blocus de Gaza. Elles ne cesseront pas plus à cause des faibles condamnations internationales que nous avons entendues la semaine dernière qu’en raison du mouvement à l’intérieur d’Israël, trop faible pour provoquer un changement dans un avenir proche. Et le danger ne réside pas seulement dans la destruction continue des Palestiniens, mais aussi dans la constante surenchère israélienne qui pourrait conduire à une guerre régionale, avec des conséquences désastreuses pour la stabilité de l’ensemble du monde.

    Par le passé, le monde libre a fait face à ce type de situations explosives en prenant des mesures fermes, comme les sanctions contre l’Afrique du Sud et la Serbie. Seules des pressions sérieuses et durables des gouvernements occidentaux sur Israël feront là-bas passer ce message que le chantage militaire et la politique d’oppression ne peuvent être moralement et politiquement acceptables pour le monde auquel Israël veut appartenir.

    La continuité dans la diplomatie des négociations et des "pourparlers de paix" permet aux Israéliens de poursuivre sans cesse la même stratégie ; et plus cela perdure, plus il sera difficile de réparer les dégâts. Le moment est venu de s’unir avec les mondes arabe et musulman, en offrant à Israël une possibilité de rentrer dans la norme et de se faire accepter, en contrepartie d’un abandon inconditionnel des idéologies et pratiques passées.

    Le retrait de l’armée de la vie des Palestiniens opprimés en Cisjordanie, la levée du blocus de Gaza et l’abolition de la législation raciste et discriminatoire contre les Palestiniens en Israël seraient de premier pas fort bienvenus vers la paix.

    Il est également essentiel de discuter sérieusement et sans préjugés ethniques d’un retour des réfugiés palestiniens, selon des modalités respectant leur droit fondamental au rapatriement et les chances de réconciliation en Israël et en Palestine. Toute politique allant dans ce sens doit être approuvée, accueillie et mise en œuvre par la communauté internationale et les populations vivant entre le Jourdain et la mer Méditerranée.

    Alors, les seules flottilles qui se rendront à Gaza seront celles des touristes et des pèlerins.


    Pour compléter cet article, tu pourras te pencher sur l’un des entretiens réalisés avec Michel Warschawski, en janvier 2009 (« Israël est désormais une société néo-conservatrice »), puis en février 2010 (« Il s’agit "de punir les Palestiniens du seul fait qu’ils continuent à exister" »).

    Notes

    [1] Ainsi qu’il l’explique dans un entretien donné à Il Manifesto, où il revient sur les raisons de son départ. Le Grand Soir a traduit cet entretien : à consulter ICI.

     

     

    [2] Ilan Pappé revient sur l’épuration ethnique pratiquée depuis 1948 dans cet entretien.


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  • La véritable menace à bord de la Flottille de la Liberté (In These Times)

    La Flottille de la Liberté défiait la politique israélienne qui consiste à saboter toute solution au conflt Arabo-israélien basée sur des décisions et accords internationaux et devait donc être écrasée.

    L’attaque violente d’Israël contre la Flotille qui transportait de l’aide humanitaire à Gaza a choqué le monde entier.

    Le détournement de navires dans les eaux internationales et l’assassinat de passagers constituent, bien sûr, un crime.

    Mais le crime n’a rien de nouveau. Depuis des décennies, Israël détourne des bateaux entre Chypre et le Liban et tuent ou enlèvent des passagers, et parfois les retient en otage dans des prisons israéliennes.

    Israël présume qu’il peut commettre impunément de tels crimes parce que les Etats-Unis les tolèrent et que l’Europe en général leur emboite le pas.

    Comme l’a fait remarquer le quotidien (britannique) The Guardian du 1er juin (2010), « Si un groupe armé de pirates somaliens avait accosté hier six navires en pleine mer, tuant au moins 10 passagers et en blessant beaucoup plus, une force d’intervention de l’OTAN se dirigerait dés aujoud’hui vers les côtes de la Somalie. » Dans ce cas, le traité de l’OTAN oblige ses membres à porter secours à un pays membre – la Turquie – attaqué en pleine mer.

    Le prétexte avancé par Israël était que la Flotille transportait du matériel que le Hamas pouvait employer pour construire des bunkers pour tirer des roquettes sur Israël.

    Ce prétexte n’est pas crédible. Israël peut facilement faire cesser la menace des roquettes par des moyens pacifiques.

    Le contexte est important. Hamas a été désigné comme une menace terroriste importante lorsqu’il a remporté les élections libres en janvier 2006. Les Etats-Unis et Israël ont sévèrement renforcé leurs mesures punitives contre les Palestiniens, cette fois-ci pour avoir commis le crime de mal voter.

    Le résultat fut le siège de Gaza, qui comprend un blocus naval. Le siège fut nettement durci en juin 2007 après une guerre civile qui a vu le Hamas prendre le contrôle du territoire.

    Ce qui est communément décrit comme un coup d’état militaire du Hamas fut en réalité provoqué par les Etats-Unis et Israël qui ont ouvertement tenté d’inverser le résultat des élections remportées par le Hamas.

    Ceci est connu depuis au moins le mois d’avril 2008, lorsque David Rose a révélé dans (le magazine) Vanity Fair que George W. Bush, le Conseiller en Sécurité Nationale Condoleeza Rice et son adjoint, Elliot Abrams (*), « ont soutenu une force armée sous les ordres de l’homme fort du Fatah Muhammad Dahlan, déclenchant ainsi une guerre civile sanglante à Gaza d’où le Hamas est sorti renforcé. »

    Le terrorisme du Hamas comprenait des tirs de roquettes sur les villages israéliens avoisinants – un acte criminel sans aucun doute, mais un acte qui ne représente qu’une infime fraction des crimes couramment commis par les Etats-Unis et Israël à Gaza.

    Au mois de juin 2008, Israël et le Hamas ont conclu un cessez-le-feu. Le gouvernement israélien a formellement reconnu que le Hamas n’a plus tiré une seule roquette avant qu’Israël ne viole le cessez-le-feu le 4 novembre de la même année pour envahir Gaza et tuer une demi-douzaine de militants du Hamas.

    Le Hamas a offert un nouveau cessez-le-feu. Le gouvernement israélien a examiné l’offre et l’a rejeté, préférant lancer une invasion meurtrière sur Gaza, le 27 décembre.

    Comme pour tous les autres états, Israël a le droit de se défendre. Mais Israël avait-il le droit d’employer la force dans Gaza au nom de son autodéfense ? Le Droit International, dont la Charte des Nations Unies, ne laisse aucun doute : un état a ce droit uniquement lorsqu’il a épuisé tous les moyens pacifiques. Dans ce cas précis, les moyens pacifiques n’ont même pas été tentés, malgré – ou peut-être à cause de – les bonnes chances d’aboutir.

    Ainsi, l’invasion fut littéralement un acte d’agression criminel, et il en est de même pour l’attaque de la Flotille.

    Le siège contre Gaza est cruel et son but est de maintenir les animaux en cage en état de survie, juste de quoi éviter les protestations internationales, mais guère plus. C’est le dernier volet d’un plan israélien à long terme, appuyé par les Etats-Unis, pour séparer Gaza de la Cisjordanie.

    Le journaliste israélien Amira Hass, éminent spécialiste de Gaza, décrit les grandes lignes du processus de séparation. « Les restrictions imposées au mouvement palestinien qui ont été mises en place par Israël en janvier 1991 ont renversé un processus initié en juin 1967.

    « A cette époque, et pour la première fois depuis 1948, une large portion du peuple palestinien vivait à nouveau sur le territoire en un seul morceau d’un seul pays – un pays occupé, certes, mais entier... »

    Hass conclut : « La séparation totale de la bande de Gaza de la Cisjordanie est une des plus grandes réussites de la politique israélienne, dont l’objectif ultime est d’empêcher toute solution basée sur des décisions et accords internationaux et d’imposer un accord basé sur la supériorité militaire d’Israël. »

    La Flottille défiait cette politique et devait donc être écrasée.

    Un cadre pour résoudre le conflit Arabo-israélien existe depuis 1976, lorsque les états arabes de la région ont présenté une résolution au Conseil de Sécurité qui appelait à la création de deux états le long des frontières internationales, en incluant toutes les garanties de sécurité exigées par la Résolution 242 de l’ONU qui fut adoptée après la guerre de juin 1967.

    Ses principes les importants sont soutenus par pratiquement le monde entier, y compris par la Ligue Arabe, l’Organisation des Etats Islamiques (dont l’Iran) et les organisations non étatiques concernées, dont le Hamas.

    Mais depuis trente ans les Etats-Unis et Israël ont toujours rejeté cet accord, à une exception prés qui est révélatrice et mérite d’être notée. En janvier 2001, au cours de son dernier mois du mandat, Bill Clinton a initié des négociations israélo-palestiniennes à Taba, Egypte, qui étaient sur le point d’aboutir, selon les participants, lorsqu’Israël a décidé de rompre les négociations.

    Aujourd’hui encore, les conséquences de cet échec se font cruellement sentir.

    Le Droit International ne peut pas être imposé aux états puissants, sauf par leurs propres citoyens. C’est toujours une tâche difficile, surtout lorsque l’opinion qui se fait entendre déclare que le crime est légitime, soit explicitement soit en instaurant tacitement un cadre criminel – ce qui est plus insidieux et rend les crimes invisibles.

    Noam Chomsky

    Article original
    http://inthesetimes.com/article/606...

    Traduction VD pour le Grand Soir ici

    (*) EN COMPLEMENT : Elliot Abrams : Membre du Conseil National de Sécurité, en charge de la "promotion de la démocratie et des droits de l’homme" (sic). Spécialité : Mensonges éhontés et couverture des escadrons de la mort au Guatémala. Autre personnage au service de la Miami Connection, conspirateur du scandale Iran-Contra, doit au pardon présidentiel de George Bush père de ne pas avoir connu la prison. Il est désormais membre du Conseil national de Sécurité où il est responsable de la « promotion de la démocratie et les droits de l’homme ». Comme si personne ne se souvenait qu’il a été le cerveau maudit de la guerre sale en Amérique centrale, qu’il a encouragé l’agression contre le Nicaragua et le Panama, que face aux commissions d’enquête du Sénat, il a défendu les pires excès des escadrons de la mort, niant les massacres et mentant sur les activités clandestines d’appui à la Contra nicaraguayenne. Chargé des affaires du Proche et Moyen Orient sous l’administration Bush.


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  • Israël a offert des armes nucléaires à l’Afrique du Sud de l’Apartheid pour les utiliser contre ses voisins noirs.

    Un épisode occulté de l’histoire vient de faire surface pour le plus grand embarras d’Israël et des USA dans leur campagne contre le programme d’enrichissement nucléaire iranien à des fins pacifiques de Natanz près de Isfahan.

    Dans un interview récent, Tzahi Hanegbi, président du Comité de Défense et des Affaires Etrangères de la Knesset en Israël a dit : "Cela nous inquiète que l’Iran soit insensible aux pressions mondiales et ne tienne pas compte des demandes de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique et de l’ONU, parce que le temps presse". Dimanche dernier le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit :"le plus gros danger auquel l’humanité aurait à faire face, serait qu’un régime radical dont la cruauté n’a pas de limites entre en possession d’armes nucléaires".

    De telles explosions d’indignation à propos de l’Iran, semblent un peu suspectes quand on sait qu’Israël refuse d’admettre que lui-même possède un petit stock de têtes nucléaires. Toutefois s’il était difficile par le passé de prouver l’existence de cet arsenal, aujourd’hui ce n’est plus le cas.

    Selon les services secrets américains, l’Iran ne semble pas posséder de programme nucléaire militaire, et son programme de recherche nucléaire civil respecte les règles du Traité de Non Prolifération Nucléaire. Le Conseil de Sécurité de l’ONU, cependant ne cesse d’insister pour que l’Iran cesse d’enrichir de l’uranium, bien qu’on ne comprenne pas ce qui autorise cet organe à modifier ainsi le TNP à posteriori. Mais il est exact que l’Iran n’a pas informé l’ONU comme il aurait dû le faire quand il a commencé à enrichir de l’uranium à la fin des années 1990. Et il est tout aussi exact qu’aujourd’hui l’Iran n’est pas aussi transparent avec les inspecteurs de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique que l’ONU le souhaiterait.

    De leur côté, les hommes politiques iraniens comme le porte parole du parlement Larijani et le Président Mahmoud Ahmadinejad ont menacé de se retirer de l’accord conclu la semaine dernière avec la Turquie et le Brésil selon lequel l’Iran enverrait une quantité importante de son stock d’uranium faiblement enrichi en Turquie pour être mis sous séquestre en échange de la fourniture par la communauté internationale de combustible enrichi à la hauteur de 19, 75 pour cent pour le réacteur qui produit des isotopes médicaux.

    Barry Posen a démoli l’argument quelquefois brandi par ceux qui veulent "renverser Téhéran" selon lequel l’Iran fournirait des armes nucléaires à d’autres pays, y compris terroristes, s’il en avait. Cet argument fait partie des nombreux arguments fantaisistes invoqués contre Téhéran (puisque l’Iran n’a pas de bombe et n’en aura pas avant au moins 10 ans et que ce n’est même pas prouvé, selon les services secrets américains, qu’il cherche à en avoir).

    On peut comprendre que l’allégation selon laquelle l’Iran fournira les pays voisins si l’on ne l’arrête pas, revienne hanter les artisans de la propagande pro-israélienne étant donné l’offre secrète de Tel Aviv de fournir des armes nucléaires à l’Afrique du Sud. Nétanyahu insiste sur le danger spécifique que l’Iran fait courir au monde, pourtant peu de régimes furent aussi cruels et menaçants pour leurs voisins que le régime d’Apartheid de l’Afrique du Sud, et il est loin d’être avéré que l’Iran veuille des missiles pour la même raison que l’Afrique du Sud.

    Le Guardian dit avoir trouvé des textes de l’historien Sasha Polakow-Suranski dans les archives sud africaines qui démontrent qu’Israël avait proposé l’arme nucléaire à Prétoria en 1975. Ces documents sont commentés en détail dans le livre de Polakow-Suranski "l’alliance tacite : la relation secrète entre Israël et l’Afrique du Sud de l’Apartheid". les comptes rendus et notes qui concernent l’affaire ont été publiés par le Guardian.

    Le gouvernement blanc sud africain semble avoir envisagé d’acheter ces ogives nucléaires pour les utiliser éventuellement contre leurs voisins noirs comme l’Angola, le Botswana, la Zambie et certains des pays du Mozambique dans lesquels le régime criminel faisait des raids.

    Il faut rappeler à quel point le régime d’Apartheid d’Afrique du Sud était un régime inique, raciste et répressif. Des résolutions non contraignantes du conseil de sécurité de l’ONU dès 1960 préconisaient de ne pas vendre d’armes conventionnelles à ce régime, et encore moins des armes atomiques ! (La vente d’armes fut interdite par l’ONU en 1977, peu de temps après l’offre israélienne). L’impact de la suprématie blanche imposée officiellement sur la santé et le niveau de vie de la population était connu en 1978.

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    La coopération entre Israël et l’Afrique du Sud a même été jusqu’à utiliser la Ligue Anti-diffamation, un organe soit disant civil de défense des droits humains et de lutte contre l’antisémitisme, pour espionner et causer des problèmes à des personnes et des organisations de San Francisco qui soutenaient les Palestiniens ou luttaient contre l’Apartheid sud africain.

    L’embarras s’est aggravé à cause des similarités croissantes entre la politique de l’Afrique du Sud contre les noirs sud africains et la politique israélienne contre les Palestiniens. On a l’impression que Gaza et la Cisjordanie se sont mises à ressembler aux homelands crées pour les Sud Africains privés de leurs droits civiques et devenus dans leur propre pays des étrangers soumis à un contrôle permanent.

    Mais il n’est pas certain que le gouvernement Sud Africain d’Apartheid ait mis en place quelque chose d’aussi cruel que le siège et le blocus de la bande de Gaza->]. Une flottille de volontaires est en train d’essayer de briser ce blocus mais il est probable qu’elle sera repoussée avant d’avoir pu débarquer l’aide humanitaire qu’elle apporte aux habitants de Gaza à moitié morts de faim, et dont la moitié sont des enfants.

    Qu’il soit intentionnel ou non, l’inégalité de traitement du Conseil de Sécurité de l’ONU en ce qui concerne d’une part les armes nucléaires d’Israël (y compris les folles menaces voilées de s’en servir et le dessein d’en fournir à d’autres pays) et d’autre part le programme pacifique d’enrichissement de l’Iran qui ne mènera peut-être jamais à la bombe a été mis en évidence par les révélations de Polakow-Suranski. A cause de ces découvertes, il sera un peu plus difficile aux USA et à Israël de convaincre d’autres états membres de l’ONU que l’Iran est un état hors la loi qu’il faut sanctionner tandis qu’Israël est inoffensif.

    Juan Cole ici
    24 mai 2010

    Pour consulter l’original :
    http://www.juancole.com/2010/05/isr...

    Pour consulter l’article du Guardian :
    http://www.guardian.co.uk/world/201...

    URL de cet article
    http://www.legrandsoir.info/Israel-a-offert-des-armes-nucleaires-a-l-Afrique-du-Sud-de-l-Apartheid-pour-les-utiliser-contre-ses-voisins-noirs.html

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  •        Les neuf morts de la flottille de Gaza sont bien des meurtres

    Aujourd’hui, on comprend facilement pourquoi Israël ne souhaite pas d’enquête sur son attaque de la flottille de Gaza tout en ayant expulsé très rapidement tous les militants.

     

    Israël cherche à convaincre de sa bonne foi pour sauver encore un peu de sa crédibilité auprès de ses alliés traditionnels tout en souhaitant tourner la page d’un de ses plus grands échecs.

     

    Il faudra observer à la loupe si les occidentaux changent d’attitude vis-à-vis d’Israël. Le discours sur le droit à la sécurité d’Israël qui justifie tous les excès, tous les abus, tous les crimes, a vécu. Qui à part le Hezbollah, pourrait menacer directement Israël ? Le Hamas ? Cela semble difficile en dehors de quelques actions limitées. La Syrie ? Elle se contente d’observer. L’Iran ? Trop loin.

     

    Israël vit donc dans une certaine sécurité désormais. Une sécurité comparable à celle de la Corée du Sud ou de la Turquie. C'est-à-dire avec une menace réelle mais contenue et sous contrôle.

     

    Nombre d’entre nous avaient été surpris juste après l'attaque israélienne. Les commandos marine d’Israël avaient prétendu avoir été attaqués par des militants lors de l’abordage du navire Mavi Marmara. On avait même parlé de légitime défense. Argument encore repris hier par le Premier Ministre israélien.

     

    Mais en même temps, au bout de trois jours, Israël décidait de libérer tous les prisonniers. La logique aurait été qu’on garde ceux qui se seraient rendus coupables d’exactions, ceux qui auraient blessé des militaires israéliens.

     

    On peut donc déjà en conclure qu’il n’y a pas eu de provocations armées de la part des militants.

     

    Et s’il n’y a pas eu de provocations, alors l’argument de la légitime défense ne tient pas.

     

    On apprend grâce aux autopsies pratiquées en Turquie, que les neuf militants ont été atteints de plusieurs balles tirées à bout portant pour la plupart, certaines dans la nuque.

     

    De plus, l’identité et les photos des personnes tuées ne laissent pas supposer qu’ils aient pu être membres d’organisations terroristes. Il s’agit de gens âgés de 19 ans à 61 ans, un turco-américain, les autres tous turcs : un étudiant, un pompier, un ingénieur en électricité, un ancien champion de taekwondo, un journaliste. La plupart étaient mariés et avaient des enfants. Certains avaient même leur page sur Facebook.

     

    Des terroristes dangereux assurément…

     

    Les soldats israéliens ont bien commis des meurtres sur des personnes armées au mieux de bâtons ou de barre de fer comme il en existe dans toute manifestation populaire qui dégénère face aux CRS.

     

    Il faut appeler un chat, un chat. Si une enquête internationale le confirmait, les dirigeants israéliens pourraient être inculpés pour crime de guerre, piraterie et assassinat avec mandat d’arrêt international comme un vulgaire général serbe ou un dictateur irakien.

     

    Le président français devrait se méfier de ses embrassades trop affectueuses au Premier Ministre israélien. N’oublions pas que la France est complice du blocus de Gaza puisqu’elle participe à la construction d’un mur souterrain sur place.

     

    Avec ce mur, Sarkozy est un des maîtres d’œuvre du chantier du ghetto des gazaouis…

     

    Il arrive parfois que la politique spectacle frise l’indécence.

     

    Milton ici


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  • De qui Rachel Corrie est-il le nom ?

    A l’heure où j’écris ces lignes, j’ignore ce qu’il adviendra du « Rachel Corrie », molesté dans les eaux internationales par les pirates d’une armada israélienne qui veulent le dérouter. Il transporte mille tonnes d’aide humanitaire et quinze hautes consciences, parmi lesquelles l’Irlandaise Mairead Maguire, 66 ans, prix Nobel de la paix et un ex-haut responsable de l’ONU. Du gibier qu’on ne peut flinguer en pleine nuit comme un anonyme Turc « sympathisant du Hamas », n’est-ce pas ?

    Mais de qui Rachel Corrie est-il le nom ?

    Cette jeune Etats-unienne, membre du mouvement non-violent international de solidarité (ISM) est morte le 16 mars 2003 à l’âge de 24 ans dans la bande de Gaza, écrasée par un bulldozer israélien qu’elle voulait empêcher de démolir une maison. Elle s’était placée devant l’engin conduit par un soldat de « l’armée la plus éthique du monde » (voir dans notre rubrique "Nos lecteurs proposent" l’article : RACHEL CORRIE VIT ! Elle est de retour à Gaza ...").

    La propagande israélienne, incapable de faire croire que cette douce jeune fille blonde était Turque, ou terroriste, ou armée d’un couteau suisse à décortiquer les bulldozers, a sorti le seul mensonge possible : le chauffard ne l’a pas vue à cause d’un « angle mort » (comme dans mon rétroviseur, mais DEVANT l’engin !). Pas davantage entendu les cris des compagnons de la jeune fille (à cause du casque du chauffard ?).

    Le conducteur du bulldozer a délibérément tué Rachel en l’écrasant deux fois. Des membres d’ISM présents sur les lieux l’affirment (alors qu’ils ne sont même pas musulmans). La BBC, si peu sympathisante du Hamas, a diffusé un documentaire intitulé When killing is easy qui montre que Rachel Corrie a été volontairement écrasée.

    Ce qui est sûr, c’est que personne, jamais, ne se positionnera plus devant un mastodonte d’acier conduit par un soldat d’Israël (qui « a le droit de se défendre »).

    Mission accomplie, objectif atteint ! Dors bien, soldadito de Tsahal !

    Bien entendu, si je raconte ça ici, aujourd’hui, les tripes nouées, c’est parce que les grands médias ne vont pas nous en faire des tartines. Demain, chacun saura où a accosté le Rachel Corrie, mais pas de qui il est le nom.

    Pour que cet assassinat, épisode tragique d’une guerre sans loi soit connu des peuples, il eût fallu qu’il se produise il y a plus de 20 ans à Pékin, place Tien’anmen, un endroit que le monde entier connaît sans y avoir forcément mis les pieds.

    Mais nos médias sélectionnent leurs émotions, leurs photos et les soldats israéliens ont des droits que ceux de Pékin n’ont pas eus dans le même cas de figure.

    Et cela ne doit pas être dit.

    Théophraste R. ici

    PS. Un jour viendra où des lecteurs qui braquent sur ce genre de billet leur télescope à observer les planètes pour y déceler un atome d’antisémitisme ou de maoïsme feront plutôt marcher leur cerveau pour y lire en filigrane les malheurs futurs que l’auteur veut éviter aux juifs d’Israël et d’ailleurs.


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  • Bien sûr qu’ils l’ont bien cherché (The Independent)

    Il est grand temps que l’équipe en charge des relations publiques du gouvernement israélien propose ses talents à d’autres. Ainsi, chaque fois qu’un cinglé entrera dans un centre commercial quelque part dans le Wisconsin et abattra des passants, cette équipe sera chargé des contacts avec la presse internationale et expliquera que « le tireur regrette la perte de vies humaines mais il a tout fait pour éviter la violence. » Et les différents gouvernements publieront des déclarations telles que « tous ce que nous savons c’est qu’un homme armé d’un AK-47 est devenu fou et qu’il y avait un tas de cadavres à ses côtés alors nous ne pouvons porter de jugement avant de savoir ce qui s’est réellement passé. »

    En guise de défense, les Israéliens ont publié des photos du stock d’armes découvert (qui se monte à quelques couteaux, outils et bâtons) que vous pourriez confondre avec des objets qu’on peut trouver sur n’importe quel bateau. Mais les plus futés reconnaîtront là l’arsenal type qu’il faut justement transporter si vous avez l’intention d’infliger une défaite à l’armée israélienne. Cette armurerie est plus petite que ce que l’on peut trouver dans n’importe quel cabanon de jardin, ce qui prouve que les Israéliens feraient mieux de détruire les cabanons en guise d’autodéfense.

    C’est dommage qu’ils n’aient pas fait preuve de plus d’imagination, ce qui leur aurait permis de dire aussi « nous avons découvert aussi un baromètre létal, un compas de navigation qui aurait pu être transformé en frisbee et jeté à la tête de quelqu’un et qui portait aussi des marques pour indiquer dans quelle direction le lancer, ainsi qu’une paire de jumelles qui aurait pu facilement être transformée en pistolet-laser. »

    Ce serait aussi logique que la déclaration du porte-parole du Premier ministre israélien – « Nous avons tout fait pour éviter cet incident. » Parce que le seul petit détail qu’ils ont oublié pour éviter cet indicent était de ne pas débarquer une milice armée à partir d’hélicoptères au milieu de la nuit et de tirer sur les gens. Je dois être naturellement doué pour cette technique parce qu’il m’arrive souvent de passer une journée entière sans sauter d’un hélicoptère et sans tirer sur des gens, et ça ne me coûte pratiquement aucun effort. Les politiciens et les commentateurs à travers le monde répètent cette version. Ils sont parfaitement conscients qu’un état a envoyé sa milice pour attaquer des gens qui transportaient des provisions pour les désespérés, et en a profité pour en abattre plusieurs, et pourtant ils s’en prennent aux morts. Un titre de journal typique publié hier disait « Les activistes ont eu ce qu’ils cherchaient – une confrontation. » Une telle phrase est symptomatique d’un profond dérangement mental et mériterait d’être qualifiée de psychose, quelque chose comme un « Syndrome de Confusion Massacreur Victime Inversé ».

    Israël et ses partisans affirment que Viva Palestina, composée de gens qui collectent et distribuent de la nourriture, du ciment et des articles de première nécessité comme des WC pour Gaza, cherchaient la confrontation depuis le début. Apparemment parce qu’ils pensaient que « Le Hezbollah n’a pas réussi à les battre, mais ça c’est parce qu’ils n’avaient pas de robinets et des boites de purée de tomates. »

    Un article nous a révélé que la flottille était infestée de « voyous qui cherchaient la bagarre, » pour ensuite les accuser d’être « moins intéressés à porter de l’aide qu’à faire un coup médiatique. Ainsi, l’écrivain suédois Henning Mankell se trouvait à bord. » Alors, une histoire de voyous ou un coup médiatique ? Avaient-ils deux services, un pour les voyous et un autre pour les relations publiques ? Ou est-ce qu’ils ont tous mis la main à la pâte avec, d’un côté, l’écrivain qui faisait diversion en déclamant des vers tandis que, de l’autre côté, les voyous attaquaient les soldats à coups de phrases qui tuent ?

    Certains défenseurs d’Israël sont si aveugles devant ce qui se déroule sous leurs yeux qu’il n’y a rien qui puisse les empêcher de venir à sa défense. Israël pourrait même faire exploser des chats et au bout de cinq minutes ils seraient là en train de hurler « et qu’est-ce qui prouve que les chats ne transportaient pas des explosifs cachés dans leur fourrure pour le compte du Hamas ? »

    Si cet incident avait été provoqué par l’Iran, ou n’importe quel autre pays que nous présentons comme un ennemi, l’air seraient tellement chargé de condamnations et de scandale que les avions ne pourraient pas décoller.

    Mais comme il s’agit d’Israël, la plupart des gouvernements n’ont que quelques mots diplomatiques à formuler qui n’accusent personne et parlent de morts « regrettables ». Tant qu’à faire, ils auraient pu choisir un mot au hasard dans le dictionnaire, ce qui aurait donné « William Hague a qualifié les morts de « hexagonales » », et une déclaration du Sénat des Etats-Unis aurait été « Tout est très confus. Espérons qu’à l’avenir ils fassent tous les efforts pour qu’un tel incident ne se reproduise pas. »

    Mark Steel
    http://www.independent.co.uk/opinio...

    Traduction VD pour le Grand Soir  Ici


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