• Un ordre militaire israélien va permettre la déportation en masse des Palestiniens de Cisjordanie

    Amira Hass - Haaretz


    Une nouvelle loi militaire destinée à empêcher l’infitration va être mise en application cette semaine ; elle va permettre la déportation de milliers de Palestiniens de Cisjordanie, ou leur poursuite pour des délits passibles de peines d’emprisonnement qui peuvent aller jusqu’à sept ans.
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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    Quand la loi sera effective, des dizaines de milliers de Palestiniens seront traités comme des criminels passibles de peines sévères.

    Si l’on en juge par l’action du Haut Commandement à la Sécurité au cours des dix dernières années, les premiers Palestiniens qui seront visés par les nouvelles règles sont ceux dont la carte d’identité porte une adresse dans la bande de Gaza - c’est à dire les gens qui sont née à Gaza et leurs enfants nés en Cisjordanie - ou ceux qui sont nés en Cisjordanie ou à l’étranger et qui pour différentes raisons ont perdu leur statut de résident. Seront visées aussi les conjoints (de Palestiniens) nés à l’étranger.

    Jusqu’à maintenant les cours de justice israéliennes ont occasionnellement empêché l’expulsion des ces trois groupes de personnes de Cisjordanie. La nouvelle réglementation, cependant, les place sous la seule juridiction de l’armée israélienne.

    La nouvelle réglementation stipule qu’une personne qui entre en Cisjordanie illégalement est un "agent infiltré" en plus d’une "personne qui ne détient pas de permis de séjour en règle". Cette réglementation reprend la définition du terme "agent infiltré" élaborée en 1969 et la pousse à l’extrême, puisque le terme s’appliquait initialement à ceux qui entraient illégallement en Israël, mais en provenance de pays alors classés comme ennemis : La Jordanie, l’Egypte, le Liban et la Syrie.

    Les termes de cette loi sont à la fois généraux et ambigus, et permettent que le terme "agent infiltré" soit aussi appliqué aux Palestiniens résidents à Jérusalem, aus citoyens d’autres pays avec qui Israël a de bonnes relations (comme les USA) et à des citoyens israéliens qu’ils soient arabes ou juifs. Tout cela dépendra de l’appréciation du commandement de l’armée israélienne sur le terrain.

    Les nouvelles règlent ont pour but de réprimer l’opposition en Cisjordanie.

    Le Centre pour la Défense de l’individu "le Foyer", a été la première organisation des droits de l’homme a alerté l’opinion contre cette réglementation, signée il y a six mois par Gadi Shammi, à l’époque commandant en chef des forces de Judée et Samarie de l’armée israélienne.

    Il y a deux semaines, La directrice de ce centre, Dalia Kerstein, a demandé à Avi Mizhahi, du Commandement Central [GOC], de repousser l’application de cette loi à cause de "son impact dramatique sur les droits humanitaires d’un nombre très important de personnes".

    Selon les termes de la loi, "une personne est soupçonnée d’être un agent infiltré si elle se trouve dans un endroit donné sans document ou permis qui atteste qu’elle a le droit de s’y trouver sans avoir à justifier sa présence". Un tel document, dit la loi, doit être délivré par le commandant en chef des forces israéliennes de Judée et Samarie ou son représentant.

    Il n’est cependant pas précisé si les permis en question sont ceux qui sont utilisés à ce jour ou s’il s’agit de nouveaux permis qui doivent être délivrés plus tard. Le texte ne précise pas non plus le statut des habitants de Cisjordanie qui ont une carte de résident et ignore carrément l’Autorité Palestinienne et les accords signés avec elle et avec OLP.

    La loi stipule que si un commandant en chef découvre qu’un agent infiltré a récemment pénêtré dans un endroit donné, "il peut ordonner sa déportation dans les 72 heures après l’émission de l’ordre de déportation, à condition que la personnes soit déportée vers le pays ou la région dont elle vient".

    La loi permet aussi de juger les personnes suspectées d’infiltration et de les condamner à des peines de prison pouvant aller jusqu’à sept ans. Les individus capables de prouver qu’ils sont entrés légalement en Cisjordanie mais qui n’ont pas les papiers nécessaires pour y rester, seront aussi jugés et condamnés à des peines de prison pouvant aller jusqu’à trois ans. (Selon la loi actuelle, les résidents illégaux sont punis d’un an de prison)

    La nouvelle réglementation permet aussi au commandant de chef de l’armée israélienne du secteur, d’exiger que l’agent infiltré règle les frais de sa propre détention, garde et expulsion, dans la limite de 7500 Shekels.

    Actuellement les Palestiniens ont besoin de permis spéciaux pour entrer dans les endroits proches du Mur de Sécurité même si leur maison s’y trouve, et en outre, les Palestiniens sont depuis longtemps interdits de séjour dans la Vallée du Jourdain sauf autorisation spéciale. Jusqu’en 2009, les Palestiniens de Jérusalem-Est devaient avoir un permis pour entrer dans la zone A, la zone sous contrôle de l’Autorité Palestinienne.

    La crainte que les Palestiniens domiciliés à Gaza soient les premiers visés par cette loi repose sur les mesures qu’Israël a prises, ces dernières années, pour réduire leurs droits de vivre, travailler, étudier et même venir en visite en Cisjordanie. Ces mesures violent les accords d’Oslo.

    Suite à un ordre du commandant en chef de Cisjordanie qui n’a pas de fondement légal, depuis 2007 les Palestiniens domiciliés à Gaza doivent demander un permis pour séjourner en Cisjordanie. Depuis 2000, ils y sont considérés comme des clandestins exactement comme s’ils venaient d’un pays étranger. Beaucoup d’entre eux ont été déportés à Gaza, y-compris ceux qui sont nés en Cisjordanie.

    Les personnes qui vont souffrir le plus de ces nouvelles règles sont les Palestiniens qui sont venus s’installer en Cisjordanie au titre de la loi de réunification des familles, avant qu’Israël ne cesse de l’appliquer il y a plusieurs années.

    En 2007, suite à l’insistance du Centre des Droits de l’Homme, le Foyer, et pour faire un geste envers Mahmoud Abbas, le Président de l’Autorité Palestinienne, des dizaines de milliers de personnes ont reçu des permis de séjour palestiniens. L’Autorité Palestinienne a distribué les cartes, mais Israël a gardé le contrôle exclusif du choix des récipiendaires. Et des milliers de Palestiniens, dont beaucoup ne sont citoyens d’aucun autre pays, sont toujours des "résidents "illégaux".

    Cette nouvelle loi est le dernier pas du gouvernement israélien dans un processus visant à imposer aux Palestiniens le port d’un permis qui réduira la liberté de mouvement et de résidence que les cartes d’identité palestiniennes actuelles leur donnaient encore. La nouvelle réglementation est particulièrement dévastatrice car elle autorise des actes criminels et l’expulsion massive des Palestiniens de leur maisons.

    Le porte-parole de l’armée israélienne a répondu par ce communiqué :"Les amendements à la réglementation pour empêcher l’infiltration, signés par le commandement central GOC, font partie d’une série de décisions, réglementations et nominations en Judée-Samarie, rédigées, selon la loi, en hébreu et arabique, et qui seront diffusées dans les bureaux de l’Administration Civile et ceux des avocats de la défense des cours de justice militaire de Judée et Samarie.

    L’armée est prête à mettre en application cette loi qui n’est pas destinée au citoyens israéliens mais aux personnes résidant illégalement en Judée-Samarie.

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    De la même auteure :

    -  Amal Samuni et les sept éclats d’obus
    -  Bil’in et Ni’lin sont déclarés zones militaires fermées
    -  Comment on cède aux colons à Beit Sahur
    -  Israël restreint les permis de travail pour les personnels des ONG
    -  Israël a fait de tous ses citoyens des colons
    -  Un échec retentissant pour un journaliste


     
     

    11 avril 2010 - Haaretz - Vous pouvez consulter cet article à :
    http://www.haaretz.com/hasen/spages...
    Traduction de l’anglais : DM

     

     

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  • L’incident de ’Beita’ en 1988 met en lumière une occupation cruelle et le manque de détermination des journalistes

    David Samel - Mondoweiss


    C’est aujourd’hui le douzième anniversaire d’un de ces innombrables événements tragiques de l’histoire du conflit israélo-palestinien. Il est bon de le revisiter parce qu’il est caractéristique du racisme, de la cruauté, de l’injustice et même de l’insanité de l’occupation.
     
     

    Ethique du journalisme et conflit du Proche-Orient

     

     

    Cet article issu du blog de Philip Weiss donne un aperçu concret du traitement différentiel de l’information relative au conflit palestino-sioniste. Il révèle aussi de manière éclatante ce que signifie une approche journalistique "équilibrée" des événements en Palestine occupée : cet "équilibre" ne peut se trouver qu’au détriment de la vérité.

    On notera l’ironie à peine voilée de l’auteur de l’article qui observe qu’un journaliste qui s’était livré à une telle approche "équilibrée" au prix d’un travestissement éhonté des faits, n’en a pas moins été récompensé par un poste d’enseignant dans une prestigieuse université aux Etats Unis.

    Mounadil al Djazaïri


    L’incident de ’Beita’ en 1988 met en lumière une occupation cruelle et le manque de détermination des journalistes

    par David Samel

    C’est aujourd’hui le douzième anniversaire d’un de ces innombrables événements tragiques de l’histoire du conflit israélo-palestinien. Il est bon de le revisiter parce qu’il est caractéristique du racisme, de la cruauté, de l’injustice et même de l’insanité de l’occupation. Une série d’articles du New York Times saisit la chronologie des événements et, tout aussi important, comment ces événements ont été révélés et discutés par les articles du journal.

    L’incident s’était produit le 16 avril 1988 dans et autour du village cisjordanien de Beita. L’Intifada avait commencé quelques mois plus tôt, et le bilan des tués s’élevait à 122 Palestiniens tués par l’armée israélienne qui avait perdu un seul soldat. En plus des pertes palestiniennes, il y avait eu un nombre inconnu d’arrestations, de tortures routinières de prisonniers, et de membres brisés délibérément par les troupes israéliennes en vertu d’une politique délibérée du ministre de la Défense, le futur prix Nobel de la paix, Yitzhak Rabin.

    Ce qui avait amené cet incident à faire la une du New York Times était le fait qu’Israël venait de perdre son premier civil, une adolescente nommée Tirza Porat. Dans un article intitulé Une jeune fille Israélienne tuée à coups de pierres en réunion, John Kifner rapportait que Tiza avait été "lapidée à mort par des villageois palestiniens" alors qu’elle randonnait avec des amis dans le cadre d’une "sortie de vacances". Le corps de l’article révélait que deux Palestiniens avaient aussi été tués, mais le titre de l’article ne laissait aucun doute quant à la vie qui avait la plus grande importance.

    Les randonneurs israéliens avaient rapporté que leur groupe de 18 personnes, dont deux étaient des gardes armés, avait été confronté près de Beita à de jeunes Palestiniens qui lançaient des pierres et que le "pandemonium [apocalypse] avait éclaté... quand une femme s’était précipitée, lançant une grosse pierre à la tête d’un des gardes israéliens." Des responsables de l’armée avaient déclaré que le "crâne [de Tirza] avait été fracassé par des coups répétés, apparemment avec des pierres." Selon le général Amram Mitzna, commandant pour la Cisjordanie, "De nombreuses pierres avaient été lancées sur les enfants qui ont aussi été battus. Suite à quoi, la jeune fille a été tuée et deux ou trois des adolescents de la randonnée ont été grièvement blessés."

    Israël qui a infligé tant de souffrances pour réprimer un soulèvement contre 21 ans d’occupation, se retrouvait alors "victime" d’une infime fraction de cette souffrance et la réaction fut immédiate et extrême. Le ministre des Affaires religieuses Zevulun Hammer, faisait écho avec le point de vue supposé religieux, appelant l’armée à "couper les bras de ces sauvages et à écraser la tête de cette vipère de la mort."

    Le lendemain, les obsèques de Tirza se transformèrent en spectacle public. Les autres colons appelaient à la "vengeance" et à l’expulsion des Arabes. Le Premier ministre Yitzhak Shamir mit de l’huile sur le feu en disant aux participants aux funérailles, "Toute la nation est en colère" et "Dieu vengera son sang". Un rabbin ajouta que le village de Beita "devait être éliminé de la surface de la terre." Le ministre de la Justice Avraham Sharir recommandait ma démolition de maisons et l’expulsion de centaines de personnes sur simple suspicion d’avoir une responsabilité.

    Israël commença immédiatement l’application de ce genre de justice. Un troisième jeune Palestinien fut tué, cette fois par l’armée [sioniste], qui expliquera que le garçon tentait de fuir, probablement devant les soldats armés qui le poursuivaient en lui tirant dessus. L’armée détruisit aussi plusieurs maisons dans le village.

    Pourtant, le jour même des funérailles, le récit des randonneurs avait commencé à s’effondrer avec le retrait du corps de Tirza d’une balle tirée par un garde Israélien. D’autres informations avaient pu être obtenues des randonneurs israéliens qui affirmaient que les gardes israéliens avaient tiré plusieurs coups de feu hors du village et répétaient que les problèmes commencèrent quand une femme atteignit avec une pierre un garde israélien, un adepte de Meir Kahane nommé Roman Aldubi. Aldubi avait un tel passé de violence contre les Arabes, y compris par arme à feu, qu’il devint le premier citoyen juif à être soumis aux "pouvoirs d’état d’urgence utilisés habituellement pour contrôler les Arabes," selon le New York Times. Un des randonneurs israéliens avait confié à ABC News que la sortie avait un message politique pour la population indigène : "Nous devions leur montrer que le pays est à nous."

    Le jour suivant, un article du New York Times confirmait que Tirza avait été en fait tuée par une balle perdue titée par Aldubi, le garde israélien. Il s’avérait aussi que la femme qui avait touché Aldubi avec une pierre était la soeur du jeune paysan dont le nom n’a pas été donné, qu’Aldubi venait d’assassiner. L’article révélait qu’Aldubi avait aussi blessé par balle dans le ventre un autre paysan. La réponse de l’armée à ces révélations fut de démolir huit maisons de plus dans le village, soit un total de 14 maisons détruites.

    Selon le commandant de l’armée israélienne, Aldubi avait utilisé les jeunes randonneurs israéliens comme boucliers humains. Il avait dit aux enfants de "former un cordon, une barrière autour de lui de sorte que personne ne puisse l’atteindre" et il avait commencé à tirer, tuant un Palestinien et en blessant un autre. Dans la mêlée qui avait suivi, certains villageois palestiniens avaient protégé les jeunes israéliens de la foule en colère. Ils avaient désarmé les gardes israéliens, mais au lieu de servir de ces armes eux-mêmes, ils avaient tenté de les détruire.

    Le 10 avril, quatre jours après l’incident, et alors que les faits les plus importants étaient déja connus, un éditorial du New York Times exprimait une incertitude sur la question de savoir si Tirza avait été "tuée par des pierres lancées par des Palestiniens ou par une balle provenant de l’arme d’un protecteur Israélien." Son propre journaliste avait déjà confirmé cette dernière version. L’éditorial savait à qui imputer la faute : "les deux côtés en étaient responsables," même si une attention bien plus considérable avait été consacrée à l’attaque arabe.

    Le jour suivant, quand la responsabilité pour l’événement était devenue assez claire, le ministre du Commerce Ariel Sharon proposa l’évacuation de tout le village de Beita, "le dynamitage de toutes ses maisons et la construction de nouvelles colonies". Israël expulsa alors 12 Palestiniens, dont six de Beita, vers le Liban Sud, arracha des centaines d’amandiers et d’oliviers en guise de punition collective, enseignant aux villageois de Beita à ne pas se désigner comme des victimes de la violence des colons.

    Une semaine environ après l’incident, le Premier ministre Shamir tint un discours dans lequel il refusait d’accepter la reconnaissance par ses propres militaires que Tirza avait été tuée par un projectile israélien et non par des jets de pierres palestiniens. "Aujourd’hui encore, alors que nous vivons dans notre propre pays, des gens au coeur malfaisant et insensible tirent des flèches empoisonnées sur nos jeunes pendant qu’ils se promènent à la campagne, la transformant en vallée de la mort."

    Quand la pression est retombée, et que la fièvre du début est revenue à la normale, les autorités israéliennes ont puni la partie coupable. Non, pas Aldubi. On estima que cet assassin de trois personnes avait assez souffert et il ne fut pas poursuivi en justice. Mais une peine de prison fut infligée à la soeur, enceinte, du premier Palestinien tué par Aldubi, pour l’avoir frappé à la tête avec une pierre.

    Résumons donc les faits. Un groupe de colons illégaux fait une randonnée délibérément provocatrice vers un village arabe pour montrer qui est le maître. Ils permettent à une tête brûlée avec une histoire de violence d’agir comme garde armé et, c’était prévisible, il assassine deux Palestiniens, tire sur deux autres, et tue accidentellement une jeune fille israélienne. Le New York Times impute la même part de responsabilité aux deux parties. L’armée israélienne tue un troisième jeune Palestinien parce qu’il "s’enfuit" et démolit 14 maisons, la plupart, voire toutes, après avoir appris qui était responsable de la mort de l’Israélienne. Celui qui a tué trois personnes est laissé en liberté tandis que la soeur, enceinte, d’une des victimes palestiniennes va en prison et que six hommes du village sont expulsés du pays.

    Non moins significatif était le fait que cet article était un article de suivi sur les turbulents villageois de Deita, rédigé par par John Brinkley et publié par le New York Times quatre mois plus tard. Dans une étrange démarche pour se conformer à la politique "équilibrée" du New York Times, Brinkley avait réduit le nombre de tués Palestiniens à un au lieu de trois. Pour faire bonne mesure, Brinkley ajoutait qu’au moment il est devenu clair que Turza avait été tuée par un autre colon et non lapidée à mort, "Israël avait déjà exercé sa vengeance" en dynamitant 14 maisons et en expulsant six habitants au Liban.

    Dès lors que les articles de son propre journal avaient rapporté de manière précise aussi bien le bilan des tués que le fait qu’Israël avait exigé vengeance même après avoir appris la vérité sur la mort de Tirza, il est diffcile de croire que les erreurs de Brinkley étaient fortuites. Il a simplement réécrit l’histoire pour la rendre plus acceptable pour sa propre sensibilité. C’est le genre de journalisme qui a amené Brinkley à exercer comme professeur à Stanford après 23 ans de carrière au New York Times.

    Depuis plus de 20 ans avant cet incident, et 20 autres années depuis, c’est ce que l’occupation a signifié pour des millions de Palestiniens. Ils ont dû endurer l’obscénité d’une dictature militaire imposée par une puissance étrangère avec une idéologie raciste flagrante qui les perçoit comme des sous-hommes pour avoir osé être nés sur une terre convoitée par un autre peuple. Quand ils se rebellent, même alors qu’ils sont victimes de l’hostilité israélienne, ils sont jugés coupables d’insubordination et sujets à des punitions collectives très dures.

    Qui plus est, les choses ont empiré ces 22 dernières années. Elles continueront à se dégrader tant qu’un "peuple" insistera sur son droit à la domination absolue sur l’autre.


     
     

    6 avril 2010 - Mondoweiss (USA) - traduit de l’anglais par Djazaïri

     

     

    Source Info-Palestine


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  • Les prisonniers palestiniens en grève : soutenons leur résistance


    En ce mois d’avril 2010, le mouvement des prisonniers a lancé un mouvement de grève pour protester contre les conditions humiliantes dans lesquelles se déroulent les visites des familles et contre la détérioration des conditions de détention.
     
     
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    On estime à plus de 11 000 les prisonniers politiques palestiniens emprisonnés aujourd’hui en Israël

    Il mène une grève des visites familiales pendant tout le mois d’avril et une grève de la faim de dix jours (du 7 au 17 avril). Ce mouvement est suivi dans les dix prisons centrales sionistes, que ce soit par les prisonnières, les enfants ou les adultes palestiniens et arabes. Depuis quelques années, une répression croissante sévit contre les prisonniers et leurs familles.

    Privés de plusieurs moyens d’information indépendants, les prisonniers sont depuis plus d’un an interdits d’avoir par exemple la chaîne al-Jazeera. L’administration carcérale a, de plus, interdit l’entrée des livres et a récemment interdit, dans la prison de Ofer, l’utilisation de la bibliothèque.

    Bien que le droit des visites soit un droit légalement reconnu, les autorités sionistes en ont fait un parcours de l’humiliation et un moment douloureux pour des milliers de prisonniers, qui en sont privés soit pour des « raisons sécuritaires » soit parce que les prisonniers sont de la bande de Gaza.

    Ce que réclament les prisonniers, par leur grève de protestation, c’est la liberté des visites dans la dignité. Récemment, deux femmes de prisonniers ont été fouillées à nu alors qu’elles se rendaient aux visites des leurs. Bien qu’elles aient protesté et refusé de poursuivre leur trajet à cause de ces fouilles, les représentantes de l’armée sioniste ont cependant insisté pour les fouiller à nu.

    Par leur mouvement, les prisonniers espèrent attirer l’attention de la Croix Rouge Internationale qui fait la sourde oreille et accepte le diktat israélien sur les conditions humiliantes et répressives des visites. Le droit aux visites est un droit légalement reconnu pour tous les prisonniers dans le monde, et il est de plus un droit acquis par la lutte du mouvement des prisonniers.

    Parmi les revendications du mouvement des prisonniers, figure celui de l’autorisation à passer les examens du baccalauréat pour des centaines de prisonniers (tawjihi), jeunes et moins jeunes. C’est selon l’humeur du moment que les autorités sionistes autorisent ou non les prisonniers à passer leurs examens. Il y a quelques années, alors que les étudiants prisonniers s’y préparaient, les autorités carcérales ont supprimé l’autorisation, à la dernière minute, par mesures punitives et pour démoraliser les prisonniers. Il est à craindre que l’arrestation et la détention de dizaines d’enfants, au cours de la révolte d’al-Quds, en mars 2010, soient l’occasion pour une interdiction, par vengeance, de tous ces jeunes de passer leurs examens de fin d’année et notamment le baccalauréat pour certains d’entre eux.

    Le mouvement des prisonniers réclame également le suivi régulier des cas des prisonniers malades et gravement atteints. Les cas de décès deviennent de plus en plus fréquents, même après leur libération, à cause des mauvais traitements subis et à cause de la négligence médicale intentionnelle dont font preuve les autorités carcérales.

    Là aussi, Israël bafoue toutes les lois internationales relatives aux soins qu’il doit dispenser aux prisonniers palestiniens et arabes dans ses prisons. Il faut mentionner à ce propos que les autorités sionistes utilisent les prisonniers comme cobayes pour leurs expériences pharmaceutiques. Ces expériences ont été prouvées il y a plusieurs années par des députés israéliens, mais il semble que le silence de plomb qui plane sur cette affaire et l’impunité dont jouit l’entité sioniste dans le monde, devenu de plus en plus sourd aux cris des opprimés, ont favorisé une recrudescence des expériences, ce dont ont témoigné plusieurs prisonniers, victimes de ces pratiques inhumaines et illégales.

    C’est pourquoi le mouvement des prisonniers, soutenu par de nombreuses associations palestiniennes et arabes de solidarité avec les prisonniers, réclame que des médecins indépendants puissent entrer et consulter les prisonniers, et même les soigner. C’est la mort que les prisonniers affrontent tous les jours, tant qu’ils sont à la merci des geôliers sionistes. 50 parmi les 340 enfants prisonniers dans les geôles de l’occupation sioniste sont classés malades.

    Malgré leur jeune âge, les autorités carcérales ne leur fournissent aucun soin approprié. Il faut également rappeler que récemment, plusieurs des enfants détenus dans la prison de Telmond ont été empoisonnés par la nourriture fournie par l’autorité de la prison.

    Le mouvement des prisonniers réclame également la fin de la mise en isolement de plusieurs dirigeants de la lutte nationale palestinienne.

    Les autorités carcérales sionistes ont isolé depuis plusieurs mois dans des cellules individuelles 18 dirigeants : Ahmad Saadate dont l’état de santé s’est détérioré il y a plus d’un mois, Yihya Senouar (très malade, il risque la mort), Thabit Mardawî, Hassan Salameh, Ahmad al-Moghrabi, Abdallah Barghouty, Muhammad Jamal Natché, Ibrahim Hamed, Mu’tazz Higazi, Jamal Aboul Hayga, Mahmoud Issa, Salih Dar Mousa, Hisham Shurbati, Mahwash Ni’mat, Atwa al-Ammour, Iyad Abu Hasne, Muhannad Shrayem, ‘Ahid Ghulme, ainsi que la prisonnière Wafa’ al-Biss de la bande de Gaza. Le dernier rapport concernant les prisonniers palestiniens et arabes dans les geôles de l’occupation sioniste mentionne 8200 prisonniers (sans prendre en compte les récentes arrestations dans la ville d’al-Quds, où ce sont surtout des enfants qui ont été arrêtés). Parmi ces prisonniers, 800 sont de la bande de Gaza, 500 de la ville d’al-Quds, des territoires occupés en 48 et du Golan syrien.

    Après la libération récente de Muhammad Hashshash, 47 ans, membre du Hamas du camp de Breij, dans la bande de Gaza, qui a passé 20 ans en prison, le haut comité des prisonniers formé par le ministère chargé des prisonniers et libérés, dans la bande de Gaza, a publié un communiqué dans lequel il précise que le nombre des anciens prisonniers (plus de 15 ans de détention) est actuellement de 313 prisonniers, dont 115 prisonniers (plus de 20 ans de détention), 14 d’entre eux sont prisonniers depuis plus de 25 ans et 3 ont franchi les 30 ans de détention.

    Na’il Barghouty : 33 ans de détention dans les prisons de l’occupation sioniste

    Arrêté et détenu depuis le 4 avril 1978, Na’il Barghouty est le plus ancien détenu dans les prisons sionistes et mondiales. Sa détention a battu le triste record du monde. Cette vérité est une preuve supplémentaire de la barbarie de l’Etat sioniste, Etat exceptionnellement meurtrier et colonial. Il a été condamné à la prison à vie.

    Fakhri Barghouty, cousin de Na’il, vient en seconde position dans la durée de sa détention. Il a été arrêté le 23 juin 1978 et a été condamné à la prison à vie. Son fils Shadi est détenu également depuis 2003 et est condamné à perpétuité.

    Et son autre fils Hadi a été détenu pendant quatre ans. Une campagne internationale, initiée par des associations palestiniennes, est en cours, pour faire connaître et réclamer la libération immédiate des anciens prisonniers, pour qu’ils ne demeurent plus uniquement un chiffre. Participez à cette campagne autant que vous le pouvez, écrivez partout les noms des anciens prisonniers palestiniens, à commencer par Na’il et Fakhri Barghouty, symboles de l’endurance du peuple palestinien et de la lutte contre l’oppression sioniste.

    Akram Mansour, de la ville de Qalqylia, a été arrêté et détenu en août 1979. Il fait partie des trois prisonniers palestiniens détenus depuis plus de 30 ans.

    Fouad Razzam est le plus ancien prisonnier de la ville d’al-Quds. Il a été arrêté et détenu le 30 janvier 1981.

    Parmi les anciens prisonniers, figure également Sami Salameh Younis, né en1929, et arrêté et détenu depuis janvier 1983. Il avait été condamné à la peine de mort, mais sa peine a été réduite à 40 ans de prison. Sami Younis est père de famille et est malade. Il est le plus âgé des prisonniers. Il fait partie des 109 prisonniers de l’intérieur (c’est-à-dire des Palestiniens qui vivent dans l’Etat sioniste, la Palestine occupée en 48). Parmi les prisonniers de l’intérieur, 21 son condamnés à une ou plusieurs perpétuités, 5 sont condamés à plus de 30 ans de prison. 4 d’entre eux sont en prison de plus de 25 ans, et 12 d’entre eux ont passé entre 20 et 25 ans de leur vie en prison.

    Solidarité avec le mouvement des prisonniers

    Plusieurs associations palestiniennes de solidarité avec les prisonniers sont en état d’alerte depuis le début du mois d’avril, pour accompagner le mouvement de protestation des prisonniers : la grève des visites pendant tout le mois d’avril 2010 et la grève de la faim du 7 au 17 avril 2010, jour national des prisonniers. Dans la bande de Gaza, les familles et les organisations protestent tous les jours, devant le siège de la Croix-Rouge international, et en Cisjordanie, des activités locales se déroulent, sans prendre cependant l’ampleur générale que devrait avoir un mouvement de solidarité avec les prisonniers. Dans la ville d’al-Quds, en Palestine 48 et dans le Golan syrien, c’est la mobilisation générale ! Ce vendredi, les familles de prisonniers et les associations diverses organisent la prière du vendredi devant les prisons de Hasharon et de Haddarim, dans un mouvement ascendant qui culminera le 17 avril prochain et qui a commencé dès la première semaine d’avril dans un rassemblement populaire devant la prison de Gilboa.

    Dans un appel aux régimes arabes, à la Ligue arabe et à la conférence islamique, dr. Bahr, adjoint à la présidence du conseil législatif palestinien, a réclamé que la question de la libération des prisonniers palestiniens figure dans leurs programmes d’action envers les instances internationales. Il a rappelé que la solidarité avec la grève des prisonniers est un devoir légal, national, moral et humain, d’autant que les revendications des prisonniers relèvent de leurs droits humains. Il a également appelé les organisations internationales de solidarité avec les peuples opprimés et leurs droits humains d’organiser les protestations et de dénoncer, devant les instances de l’ONU et autres internationales, le sort fait par les autorités sionistes aux prisonniers palestiniens et arabes.

    . MOBILISONS-NOUS POUR RECLAMER LA LIBERATION IMMEDIATE DE TOUS LES PRISONNIERS PALESTINIENS ET ARABES DANS LES PRISONS DE L’OCCUPATION !

    . RECLAMONS DES INSTANCES INTERNATIONALES ET NOTAMMENT DE L’ONU D’INTERVENIR AUPRES DES CRIMINELS SIONISTES POUR RESPECTER LES DROITS DES PRISONNIERS : droit de visite dans la dignité, droit à l’enseignement, droit aux soins dignes et appropriés.

    . LES PRISONNIERS PALESTINIENS ET ARABES SONT DES RESISTANTS ET DES COMBATTANTS DE LA LIBERTE : ils doivent avoir le statut de prisonniers de guerre.

    . LES PRISONNIERS NE DOIVENT PAS ETRE UNE MARCHANDISE de négociation entre l’Autorité palestinienne et l’Etat sioniste : ils doivent être libérés dans la dignité et ne pas être un prétexte pour faire encore plus de concessions !


     
     

    8 avril 2010 - Diffusion et traduction par CIREPAL
    Centre d’Information de la résistance en Palestine

     

     


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  • La barrière métallique égyptienne met à rude épreuve les habitants de Gaza


    L’achèvement imminent par l’Égypte de l’installation d’une barrière en acier souterraine et en surface le long de sa frontière avec la bande de Gaza met les Gazaouis sur les nerfs : comment vont-ils survivre sans l’important commerce qui passe par les tunnels ?

     
     
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    Un travailleur descend dans un tunnel près de Rafah, au sud de Gaza. L’Égypte a presque terminé la construction d’un mur métallique le long de sa frontière avec Gaza pour essayer d’en finir avec la contrebande par les tunnels - Photo : Suhair Karam/IRIN

    Un trafic de contrebande lucratif transite par les tunnels pour toute une gamme de produits depuis qu’Israël a imposé un embargo économique contre la bande de Gaza après la prise de pouvoir par le Hamas en juin 2007. La Banque mondiale et les économistes palestiniens estiment qu’au moins 80 pour cent des importations totales vers Gaza passent par les tunnels.

    « Creuser des tunnels et y travailler est l’un des rares emplois disponibles pour les jeunes Gazaouis », a dit Omar Sha’ban, économiste à Gaza.

    « Les personnes qui travaillent dans les tunnels gagneraient 25 dollars par jour, une somme énorme pour l’économie palestinienne actuelle. Mais ils sont exposés aux bombardements quotidiens ... par les forces aériennes israéliennes, à l’effondrement des tunnels et aux incendies ».

    Ziad al-Zaza, ministre de l’Économie du gouvernement du Hamas, a dit qu’environ 20 000 personnes travaillaient dans les tunnels avant l’opération militaire israélienne à Gaza, début 2009, et qu’ils ne sont maintenant plus que la moitié. L’armée israélienne a dit qu’elle avait endommagé ou détruit 60 à 70 pour cent des tunnels lors de l’offensive.

    Abu Antar*, propriétaire et gérant d’un tunnel, âgé de 45 ans, a dit que fermer les tunnels entre Gaza et Rafah, en Égypte, signifierait que lui et les centaines d’autres personnes qui travaillent grâce aux tunnels n’auraient plus de revenus.

    « Nous avons réussi à traverser la clôture égyptienne, mais maintenant, ce que nous craignons c’est que les Égyptiens l’électrifient et ajoutent des capteurs sismiques pour détecter notre présence sous terre, ce qui rendrait notre mission impossible. Les tunnels sont notre unique source de revenus », a dit à IRIN ce père de sept enfants.

    La barrière en acier posée par l’Égypte fera 10 à 11 kilomètres de long et descendra jusqu’à 18 mètres sous terre, ont dit les autorités égyptiennes. Le quotidien égyptien al-Shorouqa récemment annoncé que « le chantier du mur principal était dans sa quatrième et dernière phase », après quoi des caméras et des détecteurs seront installés.

    Cette opération devrait durer quelques semaines et une période d’essai devrait ensuite avoir lieu avant que l’installation ne devienne complétement opérationnelle.

    Un travail dangereux

    Abu Antar a dit que 50 personnes travaillaient dans son tunnel.

    « Chaque jour, nous travaillons dans les tunnels et nous nous demandons si nous allons sortir vivants. La terre s’est effondrée de nombreuses fois... La mort est inévitable dans ce genre de travail. Nous avons peur 24 heures sur 24. Beaucoup de gens sont morts. Chaque mois, il y a de nouvelles victimes des bombardements aériens [israéliens] dans les tunnels », a-t-il dit.

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    Palestine Square, à Gaza (photo d’archives). Au moins 80 pour cent des importations vers Gaza passent par les tunnels - Photo : Erica Silverman/IRIN

    Les accidents sont fréquents dans les tunnels. Selon l’organisation palestinienne de défense des droits humains Al-Mezan, 120 trafiquants travaillant dans les tunnels ont été tués au cours des trois dernières années.

    Les personnes travaillant dans les tunnels estiment qu’il existe plus de 1 000 tunnels entre Gaza et la ville de Rafah, du côté égyptien de la frontière. Ils font de 15 à 35 mètres de profondeur et jusqu’à un kilomètre de long.

    « Une catastrophe humanitaire »

    « [La construction] d’un tunnel coûte environ 200 000 dollars, alors lorsqu’ils seront détruits par les avions israéliens, ou qu’ils seront bloqués par le mur égyptien, la pauvreté et le chômage augmenteront de plus en plus », a-t-il dit. « Bloquer les tunnels entraînera une terrible catastrophe humanitaire. Tous les habitants de la bande de Gaza dépendront alors de l’aide alimentaire des Nations Unies », a dit le ministre du Hamas, M. al-Zaza.

    « Nous appelons les gouvernements égyptien et israélien à désinvestir Gaza et à laisser les Palestiniens travailler sur terre et non sous terre et les Gazaouis vivre dans la dignité et la fierté », a dit M. al-Zaza.

    Israël a imposé à la bande de Gaza de strictes restrictions à l’importation après la prise de pouvoir par le Hamas en 2007 et en guise de représailles après les tirs de rockets de Gaza sur Israël. L’interdiction d’importer touche tout ce qui pourrait aider le Hamas à fabriquer des armes, notamment le fer, l’acier et la plupart des matériaux de construction. Toutes les exportations sont interdites et les importations sont limitées à quelques biens humanitaires. Les articles tels que les cahiers scolaires, les bureaux, le matériel médical, les appareils ménagers et les abris montables accusent d’importants retards.

    Israël a salué les efforts de l’Égypte pour combattre la contrebande. L’Égypte dit que sa sécurité était menacée par le flux croissant de biens illicites et de militants vers son territoire par les tunnels.

    Israël accuse le Hamas d’utiliser les tunnels pour importer des armes, une allégation niée par le Hamas.

    Lors d’une visite à Gaza, plus tôt ce mois-ci, le coordinateur des secours d’urgence des Nations Unies, John Holmes, a mis en garde contre de gros problèmes si les tunnels étaient bloqués.

    « Si ces tunnels sont bloqués, si indésirables qu’ils puissent être, et aussi indésirables que puissent être leurs conséquences sur la société et l’économie de Gaza, la situation sans les tunnels serait complètement insoutenable », a dit M. Holmes. Il a renouvelé ses appels à Israël pour mettre fin au blocus du territoire palestinien.


     
     

    30 mars 2010 - Irin News - Vous pouvez consulter cet article à :
    http://www.irinnews.org/Fr/ReportFr...

     


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  • 43 ans de faits accomplis

    Juan Miguel Muñoz - El Païs


    Une toile d’araignée qui compte 120 colonies juives, des zones sécurisées et militaires contrôlent 60% de la Cisjordanie... L’objectif est d’empêcher un Etat Palestinien, écrit Juan Miguel Muñoz.

     
     
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    Véritables incrustations endogènes en Palestine occupées, justifiées par un délire millénariste, les colonies juives sont un des pires aspects du projet colonialiste de l’état sioniste.

    Le mur en béton, les barbelés, les tours en béton gris, des routes qu’on a écartées, des check points et des chemins coupés par des blocs de granit. Les barrières métalliques et les buttes de sable dessinent le paysage vallonné de la Cisjordanie occupée, tout cela couronné par de coquettes colonies juives avec leurs maisons aux toits de briques rouges. Près de 43 ans après la conquête du territoire, plus d’un demi-million de colons vivent (dont environ 200 000) à Jérusalem-Est, insérés parmi les 2,5 millions de Palestiniens.

    Ils habitent les 120 colonies dont plusieurs sont dispersées, alors que d’autres sont regroupées en trois grands blocs : Ariel, Maale Adoumim et Goush Etzion. Au sein de ce dernier qui est un bastion du sionisme religieux, est née l’aventure d’une colonisation qui dispose d’une machine superbement huilée par un fanatisme messianique et le soutien des gouvernements qui ne se sont jamais confrontés (ou non jamais voulu s’opposer) aux plus extrémistes. Le Premier Ministre Benjamin Netanyahu, les considère « ses frères ».

    Levy Eskhol gouvernait Israël lorsque le 8 Juin 1967, quelques heures après que l’armée israélienne eut prit Jérusalem, Ben-Gourion affirmait : « Maintenant, nous contrôlons Jérusalem, ce qui suppose un événement des plus importants. Une des premières choses que nous avons à faire c’est de construire des quartiers, des colonies juives dans le quartier juif de la Vieille Ville. S’il y avait des maisons arabes vides, nous y mettrons des Juifs. Ce procédé est extensible aussi à Hébron. Je suis convaincu que les gens voudrons y aller ». Et ils le voulaient. Les colons ont immédiatement appelé et exigé l’autorisation au Premier Ministre Eshkol, pour construire des communautés dans ce que les juifs appellent Judée et Samarie.

    Ce sont quatre décennies de faits accomplis de violation de la résolution 242 du Conseil de Sécurité des Nations Unies. On n’a jamais perdu de temps. Simon Peres avait rédigé en septembre 1967, quels seraient les contours des politiques à appliquer au sein du parti qu’il avait crée avec son mentor Ben Gourion. Peres avait alors encouragé la construction de quartiers au nord, au sud et à l’est de Jérusalem, et ajoutait : « les lieux qui ont été abandonnés en 1948 seront rénovés », et cela fut fait.

    À Hébron, Kfar Etzion, Kedumin ou Elon Moreh, les leaders fanatiques qui aujourd’hui mènent la colonisation, ne cachaient pas leurs desseins. Quatre décennies durant, les religieux sionistes ont mené un plan qui a toujours compté avec l’aide de la droite Likoud, sous la direction d’Ariel Sharon, mais aussi du Parti Travailliste, qui était leur concurrent et finit par s’imposer comme le champion de l’expansion coloniale.

    Quelques jours après cette guerre, on entendait les voix qui avaient averti du risque qu’il y avait à s’emparer de la Cisjordanie et l’euphorie avait aveuglé les dirigeants israéliens : « La Jérusalem unifiée restera en territoire israélien... en guise de phase intérimaire, la situation militaire demeurera en Cisjordanie... ». `Le communiqué du Gouvernement du 19 juin 1967 n’était pas exactement prémonitoire : l’occupation militaire n’allait plus être transitoire.

    En plus des 120 colonies, une autre centaine de minuscules colonies sont le foyer aujourd’hui de jeunes religieux éduqués dans la promesse de prendre la terre sacrée d’Israël, depuis la Jordanie jusqu’à la Méditerranée. Ils sont le fer de lance d’un mouvement radical que nie toute possibilité d’accord avec les palestiniens. « La terre de Judée et Samarie a été donnée par Dieu aux juifs. Un point, c’est tout », affirment-ils. Ils ne veulent pas non plus faire connaître leurs intentions aux gouvernements d’Israël.

    Ils arrivent dans leur maison roulante sur la colline d’une montagne et montent leur maison préfabriquée. Quelques mois plus tard ils pourront bénéficier de l’électricité et aussi d’eau et bien entendu de la protection de l’armée. Ce sont des colonies illégales au regard du gouvernement israélien lui-même, qui a déjà à maintes reprises promis de les démanteler. Toutefois, elles ont poussé comme des champignons.

    Cet enchevêtrement de colonies, d’espaces sécurisés qui se trouvent autour ainsi que des emplacements militaires fermés, mangent près du 60% du territoire de la Cisjordanie, qui a une superficie similaire à La Rioja [communauté autonome du nord de l’Espagne de 5045 km² - N.d.T]. Les Accords d’ Oslo l’ont baptisé « Zone C ». Ce sont les zones sous contrôle israélien où les Palestiniens ne peuvent pas construire. Le territoire sur lequel l’Autorité Palestinienne exerce son pouvoir se limite à 20%.

    Il n’y a aucune souveraineté, mais des raids pratiquement chaque jour de l’armée israélienne, d’énormes difficultés pour se déplacer ou aller étudier ou se rendre dans les hôpitaux, des problèmes souvent insurmontables pour voyager à l’étranger. La destruction de terres cultivées et les attaques des colons sur les villages ne font plus la une. L’activité économique, en phase avec les incidents politiques et des affrontements violents, se heurte au labyrinthe bureaucratique ou aux décisions arbitraires d’un quelconque soldat de garde se trouvant dans un quelconque poste isolé. Un supplice pour la population palestinienne.

    Est-il possible de fonder un Etat Palestinien sans démonter en grande partie cet enchevêtrement ? Impossible. Est-ce qu’il existe un dirigeant palestinien qui accepterait un État Palestinien qui n’aurait pas Jérusalem Est comme capitale ? Ce dirigeant n’est pas encore né. En attendant, les fonctionnaires continuent de dessiner des plans urbains pour mettre des juifs dans les quartiers arabes de la ville sainte. Parfois, comme cela est arrivé lors de la visite du vice-président des Etats Unis Joseph Biden, cela ressort au moment le moins opportun, ou peut être-il au moment souhaité ?

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    Du même auteur :

    -  Arrivée en Espagne d’un palestinien emprisonné depuis 2002 sans inculpation à Guantanamo - 14 mars 2010
    -  Gaza envoie la facture à l’Occident - 17 janvier 2010
    -  Face à la crise iranienne, le Hezbollah et le Hamas restent prudents - 28 juin 2009
    -  Les Palestiniens et les pays arabes rejettent le discours de Netanyahu - 24 juin 2009
    -  Le monde arabe attend maintenant des actes - 10 juin 2009
    -  Profits juteux - 6 mai 2009
    -  Israël menace l’Union Européenne de l’exclure de tout processus diplomatique - 3 mai 2009


     
     

    17 mars 2010 - ElPaïs - Vous pouvez consulter cet articleà :
    http://www.elpais.com/articulo/inte...
    Traduction de l’espagnol : Inés Molina V.

     

     


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  • Dix bonnes raisons pour que Jérusalem-Est n’appartienne pas aux Israéliens juifs.

    Juan Cole , historien du Moyen-Orient moderne et d’Asie du Sud.

    Le Premier ministre israélien Binyamin Netanyahu a déclaré lundi devant l’American Israel Public Affaires Council (AIPAC - principal lobby proisraélien aux USA), « Jérusalem n’est pas une colonie ». Il a poursuivi en disant que le lien historique entre le peuple juif et la terre d’Israël ne peut être nié... pas plus que le lien historique entre le peuple juif et Jérusalem.

    Il a insisté, « Le peuple juif a construit Jérusalem il y a 3 000 ans et le peuple juif construit Jérusalem aujourd’hui. » Il a dit, « Jérusalem n’est pas une colonie. Elle est notre capitale. » Et de proclamer devant un auditoire de 7 500 personnes qui l’ovationnait, qu’il suivait simplement la politique que tous les gouvernements israéliens avaient suivie depuis la conquête de Jérusalem en 1967, pendant la Guerre des Six jours.

    Netanyahu mélange les clichés romantico-nationalistes avec toute une série d’affirmations historiquement falsifiées. Mais le plus important, c’est tout ce qu’il a laissé de l’histoire et la citation qu’il a faite de son histoire déformée et inexacte, au lieu de considérer les lois, les droits ou la simple politesse humaine à l’égard de ceux qui ne sont pas de son groupe ethnique.

    Voici les raisons montrant que Netanyahu s’est profondément fourvoyé, et pourquoi Jérusalem-Est ne lui appartient pas.

    1 - En droit international, Jérusalem-Est est un territoire occupé, tout comme les portions de Cisjordanie qu’Israël a annexées unilatéralement à son district de Jérusalem. La Quatrième Convention de Genève de 1949 et les Règlements de La Haye de 1907 interdisent aux puissances occupantes de modifier le mode de vie des civils qui se trouvent sous occupation, et interdisent l’implantation de la population du pays occupant dans le territoire occupé.

    L’expulsion par Israël de Palestiniens de leurs foyers dans Jérusalem-Est, son usurpation dans la ville de propriétés palestiniennes, et son installation d’Israéliens sur la terre palestinienne sont autant de violations flagrantes du droit international. Les affirmations d’Israël selon lesquelles il n’occupe pas les Palestiniens parce que les Palestiniens n’ont pas d’Etat, sont cruelles et tautologiques. Les affirmations d’Israël selon lesquelles il construit sur un territoire vide sont ridicules. Mon arrière-cour est vide, mais cela ne donne pas le droit à Netanyahu d’y construire un immeuble d’habitations.

     

    2 - Les gouvernements israéliens, en réalité, n’ont pas été unis et cohérents sur ce qu’ils voulaient faire à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, contrairement à ce que prétend Netanyahu. Le Plan Galili pour les colonies de Cisjordanie ne fut adopté qu’en 1973. Le Premier ministre Yitzhak Rabin s’était engagé, dans le cadre du processus de paix d’Oslo, à se retirer des territoires palestiniens et à garantir aux Palestiniens un Etat, promesses pour lesquelles il fut assassiné par un Israélien de l’extrême droite (dont les éléments aujourd’hui soutiennent le gouvernement de Netanyahu).

    Pas plus tard qu’en 2000, le Premier ministre d’alors, Ehud Barak, prétendit avoir donné les assurances verbales que les Palestiniens pourraient avoir la quasi-totalité de la Cisjordanie et qu’on pourrait trouver un quelconque arrangement pour que Jérusalem-Est en soit la capitale. Netanyahu tente aujourd’hui de donner l’impression que sa politique d’extrême droite du Likoud sur Jérusalem-Est et la Cisjordanie est celle de tous les gouvernements précédents, mais ce n’est tout simplement pas la vérité.

     

    3 - Le nationalisme romantique se représente un « peuple » comme éternel et ayant un lien éternel avec une fraction précise de territoire. Cette façon de penser relève de l’invraisemblance et de la mythologie. Les peuples se forment et se transforment, parfois ils cessent d’exister, même s’il peut en rester des descendants qui abandonnèrent cette religion, origine ethnique ou langue. Les êtres humains se sont déplacés, partout, et ils ne sont rattachés directement à un aucun territoire de manière exclusive, car de nombreux groupes vécurent sur la plupart des portions de territoires. Jérusalem ne fut pas fondée par les juifs, c’est-à-dire par des adeptes de la religion juive.

    Elle fut fondée entre 3 000 et 2 600 ans avant notre ère, par un peuple sémite occidental, peut-être par les Cananéens, ancêtres des Palestiniens, des Libanais et de nombreux Syriens et Jordaniens, comme de nombreux juifs. A l’époque où elle fut fondée, les juifs n’existaient pas.

     

    4 - Jérusalem a été fondée en l’honneur du dieu antique, Shalem. Ce qui ne veut pas dire Cité de la Paix, mais plutôt, « agglomération de Shalem ».

     

    5 - Le « peuple juif » ne construisait pas Jérusalem il y a 3 000 ans, c’est-à-dire 1 000 ans avant notre ère. D’abord, on n’est pas exactement certains de la période où le judaïsme, en tant que religion centrée sur l’adoration d’un dieu unique, a vraiment pris forme. Il semble avoir eu un développement tardif étant donné qu’aucune preuve de culte quelconque, hors les divinités communes cananéennes, n’a été découverte dans les sites archéologiques pour les 1 000 ans d’avant notre ère.

    Il n’y a eu aucune invasion de la Palestine géographique depuis l’Egypte par d’anciens esclaves durant les 1 200 ans qui ont précédé notre ère. Les pyramides ont été construites beaucoup plus tôt et sans qu’il y ait recours à un travail d’esclaves. La chronique des évènements du règne de Ramsès II sur le mur dans Louxor ne renvoie à aucune révolte d’esclaves sérieuse, ni invasion d’esclaves, dans la péninsule du Sinaï. Les sources égyptiennes n’ont jamais entendu parler de Moïse ni des 12 plaies, etc. Les juifs et le judaïsme ont émergé d’une certaine classe sociale des Cananéens tout au long d’une période de plusieurs siècles, en Palestine.

     

    6 - Non seulement Jérusalem n’a pas été construite par le probablement non existant « peuple juif » 1 000 ans avant notre ère, mais Jérusalem n’était sans doute pas encore habitée à ce moment de l’histoire. Jérusalem semble avoir été abandonnée entre les 1 000 et 900 ans qui ont précédé notre ère, dates traditionnelles du royaume unifié sous David et Salomon.

    Ainsi, Jérusalem n’a pu être la « cité de David » puisqu’il n’y avait aucune cité au moment où il est dit qu’elle était habitée. Aucun signe de palais magnifiques, ni d’Etats importants, n’a été découvert dans l’archéologie de cette période, et les tablettes assyriennes - sur lesquelles étaient inscrits même les faits mineurs dans tout le Moyen-Orient, telles les actions des reines arabes - n’évoquent aucun grand royaume de David et de Salomon en Palestine géographique.

     

    7 - Etant donné que l’archéologie ne renvoie à aucune existence d’un royaume ou de royaumes juifs dans ce que l’on appelle la période du Premier Temple, on ignore exactement quand le peuple juif a pu régner sur Jérusalem, sauf pour le royaume hasmonéen. Les Assyriens ont conquis Jérusalem en 722. Les Babyloniens l’ont prise en 597 et ont régné jusqu’à ce qu’ils soient à leur tour envahis en 539 par les Achéménides de l’Iran antique, lesquels ont gouverné à Jérusalem jusqu’à ce qu’Alexandre le Grand ne s’empare du Levant, dans les années 330 avant notre ère.

    Les descendants d’Alexandre, les Ptoléméens, ont régné sur Jérusalem jusqu’en 198, date à laquelle les autres descendants d’Alexandre, les Séleucides, prirent la ville. Avec la révolte des Maccabées en 168, le royaume juif hasmonéen régna sur Jérusalem jusqu’en l’an 37, mais Antigone II Mattathiah, le dernier des Hasmonéens, ne s’est emparé de Jérusalem, avec l’aide de la dynastie parthe, qu’en l’an 40. Hérode a régné depuis l’an 37 jusqu’à ce que les Romains conquièrent ce qu’ils appelaient la Palestine, en l’an 6 de l’EC (« ère commune » ou ce que les chrétiens appellent AD [du latin Anno Domini qui signifie en l’an du Seigneur]) (donc de notre ère).

    Les Romains et par la suite l’Empire romain d’Orient de Byzance ont gouverné la cité de l’an 6 de notre ère jusqu’en 614, où l’Empire iranien sassanide s’en empare, il va régner jusqu’à la venue des Byzantins, en 629.

    Les musulmans ont pris Jérusalem en 638 et régnèrent jusqu’en 1099 quand les Croisés l’envahirent. Les Croisés tuèrent ou expulsèrent les juifs et les musulmans de la ville. Les musulmans sous Saladin la reprennent en 1187 et permettent le retour des juifs, les musulmans régnèrent jusqu’à la fin de la Première guerre mondiale, soit un règne complet d’environ 1 192 ans.

    Les adeptes du judaïsme n’ont pas fondé Jérusalem. La cité existait sans doute 2 700 années avant que quelque chose qu’on puisse reconnaître comme du judaïsme ne survienne. Le règne juif peut ne pas avoir duré plus de quelque 170 ans, c’est-à-dire le royaume des Hasmonéens.

     

    8 - Par conséquent, si ce sont la construction historique de Jérusalem et le lien historique avec Jérusalem qui déterminent la souveraineté sur la cité, comme Netanyahu le prétend, les groupes qui peuvent le mieux prétendre à la cité sont les suivants :

     A - les musulmans, qui régnèrent pendant 1 191 ans ;

     B - les Egyptiens, qui régnèrent en tant qu’Etat vassal pendant des centaines d’années au cours du deuxième millénaire avant notre ère ;

     C - les Italiens, qui régnèrent environ 444 ans, jusqu’à la chute de l’Empire romain, en l’an 450 de notre ère ;

     D - les Iraniens, qui régnèrent pendant 205 ans sous les Achéménides, trois ans sous les Parthes (dans la mesure où les derniers Hasmonéens furent en réalité leurs vassaux), et 15 ans sous les Sassanides ;

     E - les Grecs, qui régnèrent pendant plus de 160 ans si on compte les Ptoléméens et les Séleucides comme des Grecs ; si on les compte comme Egyptiens ou Syriens, il faut alors ajouter ces 160 années à l’époque égyptienne et introduire une époque syrienne ;

     F - les Etats qui succédèrent aux Byzantins, lesquels peuvent être grecs ou turcs, et qui gouvernèrent Jérusalem pendant 188 ans, mais si on considère que leurs héritiers sont grecs, alors il faut ajouter ces années au règne des dynasties grecques hellénistiques, ce qui donnerait aux Grecs près de 350 ans de règne sur Jérusalem.

     G - il existe une revendication iraquienne sur Jérusalem, elle se fonde sur les conquêtes assyriennes et babyloniennes, aussi peut-être sur le règne des Ayyoubides (dynastie de Saladin) qui étaient des Kurdes d’Iraq.

     

    9 - Bien sûr, les juifs sont historiques liés à Jérusalem par le Temple, à chaque fois que ce lien est daté. Mais ce lien fut entretenu surtout alors que les juifs n’avaient aucun contrôle politique sur la ville, sous les règnes iraniens, grecs et romains. Il ne saurait par conséquent être avancé pour justifier une demande de contrôle politique sur la ville tout entière.

     

    10 - Les juifs de Jérusalem et du reste de la Palestine ne sont pas partis, pour la plupart, après l’échec de la révolte de Bar Kochba contre les Romains en l’an 136 de notre ère. Ils ont continué à vivre ici et à cultiver la terre de Palestine jusqu’aux règnes des Romains puis des Byzantins. Ils se sont petit à petit convertis au christianisme. Après 638, pratiquement 10% s’étaient convertis à l’Islam.

    Les Palestiniens d’aujourd’hui sont les descendants des juifs de l’antiquité et ont parfaitement le droit de vivre là où leurs ancêtres ont vécu pendant des siècles.

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    Juan Cole (né en Octobre 1952) est un universitaire états-unien, historien du Moyen-Orient moderne et d’Asie du Sud. Il est un professeur d’Histoire à l’université du Michigan. Commentateur sur les affaires du Moyen-Orient, il a publié plusieurs ouvrages universitaires sur le Moyen-Orient moderne et est un traducteur d’arabe et en persan.

    Il écrit sur le blog Informed Comment et est président de l’Institut américain mondial.

    23 mars 2010 - Informed Comment - traduction : JPP

    Histoire des empires du Moyen-Orient

    URL de cet article
    http://www.legrandsoir.info


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  • Jérusalem : clé pour la lumière... ou l’obscurité

    Nour Odeh - Al Jazeera


    Malgré les pluies incessantes de gaz lacrymogènes, des grenades assourdissantes, des balles en acier couvertes de caoutchouc, le nombre de manifestants palestiniens n’a cessé d’augmenter, écrit Nour Odeh.
     
     
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    Les forces israéliennes d’occupation répriment férocement tout mouvement de protestation dans les Territoires Palestiniens sous Occupation.

    Un de mes amis m’a demandé l’autre jour, depuis combien de temps je n’avais pas été autorisée à entrer dans Jérusalem. « Près de dix ans », lui répondis-je, « sauf pour enregistrer pour un passage de deux heures au consulat américain chercher un visa, il y a trois ans ».

    « Pour moi, c’est huit ans », me dit-il.

    Puis nous nous sommes aperçus que la plupart des enfants et des « jeunes » dont nous parlons au cours des affrontements à travers la Cisjordanie, qui se sont mobilisés contre les mesures israéliennes dans la ville occupée, n’ont probablement jamais vu celle-ci !

    En effet, la plupart des hommes non mariés âgés de moins de 35 ans ne peuvent que rêver d’obtenir un permis israélien pour visiter Jérusalem-Est occupée, que les autorités israéliennes ont physiquement séparée du reste de son environnement palestinien par une série de murs et de checkpoints.

    Mémoire collective

    Pourtant, les gens disent que c’est Jérusalem, le sujet de chansons et qui génère des passions, le condensé de l’histoire nationale. Ces jeunes ont un lien profond et émotionnel avec Jérusalem, y sont liés par une mémoire collective et y sont attachés à travers la culture, le patrimoine et, oui, la religion.

    Alors que je couvrais les dramatiques affrontements dans toute la Cisjordanie les jours de la semaine écoulée, ces sentiments nationaux étaient limpides. Les garçons et jeunes gens palestiniens ont manifesté chaque jour, depuis maintenant plusieurs jours.

    Malgré les pluies incessantes de gaz lacrymogènes, des grenades assourdissantes, des balles en acier couvertes de caoutchouc, leur nombre n’a cessé d’augmenter, ne diminuant en rien. Et les affrontements gagnent en ampleur, en s’éloignant des checkpoints et en s’étendant dans les rues et ruelles.

    C’est là que les affrontements deviennent directs parce que les jeunes Palestiniens sont si proches des soldats israéliens... Ils peuvent presque les toucher.

    Le bruit des grenades assourdissantes, des pierres frappant les toits autour de nous et l’asphalte entre nos pieds et les terrible gaz lacrymogènes... C’est déroutant. D’autant plus que dans ces types d’affrontements, il n’y a pas de fronts - les affrontements éclatent partout : à gauche, à droite, en avant, en arrière.

    Ces scènes se répètent à travers la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, des affrontements étant signalés à l’ouest de Ramallah, à Ni’lin - un village récemment déclaré zone militaire fermée par Israël - dans des villages au nord de Naplouse, et Hébron au sud de Jérusalem.

    Vue différente

    A Jérusalem, la situation est différente, plus difficile à déchiffrer. C’est une ville très surveillée, avec des caméras et des policiers en civil partout y compris au milieu des habitants. Ces affrontements sont un écho du climat général parmi les Palestiniens, déçus par l’inaction internationale et frustrés par la perte progressive de tout espoir dans un avenir de paix, de liberté, et d’opportunités.

    La colère, les manifestations et les bouleversements politiques ont tous été alimentés par l’évolution de la situation. Récemment Israël a annoncé, pour l’expansion des colonies, une série de plans qui ont fortement irrité les Palestiniens. Israël ouvre aussi la porte grande ouverte, et de façon inédite, à de dures critiques internationales y compris de l’allié d’Israël le plus important : les Etats-Unis.

    Puis survint un événement qui a injecté des sentiments religieux et peut-être une ferveur dans ce dangereux mélange de tension et d’impasse politique. Des groupes extrémistes de droite israéliens ont inauguré la synagogue Hurva, dangereusement située près du Haram al-Sharif qui abrite le troisième lieu saint de l’Islam : la mosquée Al-Aqsa.

    La synagogue a été construite en grande partie par des contributions privées. Mais le problème est qu’elle a été construite dans la partie orientale occupée de la Ville et sur le terrain d’un quartier arabe palestinien rasé par Israël peu de temps après qu’il ait occupé Jérusalem en 1967.

    Autrefois, on l’appelait le quartier Charaf, maintenant il est nommé le quartier juif. Mais Israël ne réagit pas, même du bout des lèvres, à la critique internationale.

    Demande « déraisonnable »

    Mercredi, le ministre israélien des affaires étrangères, Avigdor Lieberman [extrême-droite ultra-nationaliste et ultra-raciste - N.d.T] a déclaré qu’il était « déraisonnable » pour la communauté internationale de demander à Israël d’arrêter la construction dans Jérusalem-Est occupée.

    Il a également estimé que la déclaration du Quartet, publié ce vendredi, « nuit à la possibilité de parvenir à un accord [de paix] ». Pour quelle raison ? Parce que le Quartet a condamné [de façon purement formelle, comme à l’habitude - N.d.T] les actions israéliennes à Jérusalem-Est occupée et a déclaré qu’Israël devait à présent les stopper.

    Les Palestiniens considèrent Jérusalem comme le cœur et l’âme de leur identité, de leur histoire, résumée dans les anciennes murailles qui en disent long sur une histoire turbulente et obstinée, passée et présente. Une histoire qui malgré les effusions de sang et la misère, dispense encore à l’humanité des messages d’amour et de paix.

    Mais l’histoire de la terre sainte et de son caractère sacré est peut-être aussi sa malédiction.

    Des guerres qui ne sont pas saintes...

    C’est dans la Via Dolorosa à Jérusalem que Jésus est censé avoir marché, portant sa croix, pour le salut de l’humanité. Et c’est dans cette ville que des carnages se sont produits, au nom de Dieu - et dans des guerres qui n’ont rien de sacré - pour dominer la ville sainte.

    Pourtant, c’est également dans cette ville que le meilleur de l’homme, et des fidèles de Dieu, a prévalu et où ont dominé les premiers signes de coexistence religieuse qui ont brillé sur le monde.

    Mais le conflit entre Palestiniens et Israéliens touche à la terre et à la souveraineté. C’est avant tout une lutte nationale.

    Mais Jérusalem, qui était la clé de l’échec des pourparlers de paix de Camp David en 2000, est l’élément le plus explosif dans cette lutte, car la ville est un symbole religieux autant que national.

    « Impératif patriotique »

    pour les Palestiniens de toutes les confessions, Jérusalem-Est occupée, ou la Jérusalem arabe [Al Qods], est un impératif patriotique sacré.

    La même chose s’applique aux juifs israéliens. Et les fidèles de trois religions monothéistes du monde ont Jérusalem au cœur.

    C’est pourquoi autant que Jérusalem pourrait être un symbole d’une coexistence religieuse pacifique, elle peut aussi se transformer en étincelle pour enflammer les sentiments les plus sombres de l’humanité, faits de préjugés, de haine et de guerres de religion.

    Les mesures prises par Israël à Jérusalem, craignent les observateurs depuis longtemps, pourraient engendrer cette obscurité car elles sont emballées dans une rhétorique religieuse profondément provocante.

    Cette terrible perspective semble une menace imminente planant dans le ciel de Jérusalem ces jours-ci.

    (JPG)

    * Nour Odeh est correspondante d’Al Jazeera dans les Territoires Palestiniens sous Occupation

    De la même auteure :

    -  Deux enfants assassinés par l’armée israélienne à Gaza - 4 juin 2007
    -  La pollution s’ajoute aux ennuis de Gaza - 2 mars 2007


     
     

    20 mars 2010 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
    http://blogs.aljazeera.net/middle-e...
    Traduction : Nazem

     

     


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  • Quand la France laisse entrer les produits des colonies et poursuit ceux qui s’y opposent


    Un document confidentiel du ministère de la justice.
     
     

    La Cour de justice de l’Union européenne vient d’adopter une importante résolution dont témoigne un communiqué de presse du 25 février, « Des produits originaires de Cisjordanie ne peuvent bénéficier du régime douanier préférentiel de l’accord CE-Israël ».

     

     

    « La Cour statue que les produits originaires de Cisjordanie ne relèvent pas du champ d’application territorial de l’accord CE-Israël et ne sauraient donc bénéficier du régime préférentiel instauré par celui-ci [1]. Il s’ensuit que les autorités douanières allemandes pouvaient refuser d’accorder le traitement préférentiel prévu par cet accord aux marchandises concernées au motif que celles-ci étaient originaires de Cisjordanie. »

    « La Cour rejette également l’hypothèse selon laquelle le bénéfice du régime préférentiel devrait être, en tout état de cause, octroyé aux producteurs israéliens installés en territoires occupés soit en vertu de l’accord CE-Israël soit sur la base de l’accord CE-OLP. La Cour relève que des marchandises certifiées par les autorités israéliennes comme étant originaires d’Israël peuvent bénéficier d’un traitement préférentiel uniquement en vertu de l’accord CE-Israël, pourvu qu’elles aient été fabriquées en Israël. »

    Pourtant, malgré cette résolution, qui confirme bien d’autres déclarations, le gouvernement français se garde bien de toute action contre ces importations illégales qui contribuent à l’extension des colonies que, par ailleurs, verbalement, il condamne.

    En revanche, il a décidé de poursuivre ceux qui, exaspérés par la paralysie de la communauté internationale, se battent pour que ces produits n’entrent pas en France et pour que les entreprises françaises désinvestissent - faisant par exemple campagne contre Veolia et Alstom qui construisent un tramway à Jérusalem.

    Depuis plusieurs semaines déjà, le gouvernement français a développé une campagne calomnieuse contre ceux qui s’élèvent contre l’entrée des produits des colonies, prétendant qu’ils veulent boycotter les produits casher ! Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la justice, a, quant à elle, effectué un virage à 180 degrés sur cette question (lire Dominique Vidal, « Boycott : la contre-offensive d’Israël et de ses amis », La valise diplomatique, 22 février 2010).

    Avec le zèle des nouveaux convertis, elle a entériné le 12 février une « dépêche » de la direction des affaires criminelles et des grâces aux procureurs généraux près les cours d’appel. Ce texte confidentiel, que l’on trouvera ci-dessous (PDF), confirme d’abord ce que nous écrivions dans Le Monde diplomatique au mois de juin 2009, à savoir que « l’indépendance de la justice n’est plus un dogme ».

    M. Jean-Marie Huet, directeur des affaires criminelles et des grâces, écrit :

    « Depuis le mois de mars 2009, plusieurs procédures faisant suite à des appels au boycott de produits israéliens (...) ont été portées à la connaissance de la direction des affaires criminelles et des grâces. (...) Il apparaît impératif d’assurer de la part du ministère public une réponse cohérente et ferme à ces agissements. A cette fin et dans la perspective éventuelle d’un regroupement des procédures (...) j’ai l’honneur de vous prier de bien vouloir porter à la connaissance de la direction des affaires criminelles et des grâces tous les faits de cette nature dont les parquets de votre ressort ont été saisis. »

    Et, au cas où les procureurs n’auraient pas compris leur devoir :

    « Si certaines procédures ont déjà fait l’objet de classements sans suite, vous prendrez soin d’exposer de manière détaillée les faits et de préciser les éléments d’analyse ayant conduit à cette décision. »

    Ce que l’on attend avec intérêt, c’est la dépêche du ministère demandant aux procureurs de poursuivre les magasins qui vendent des produits israéliens entrés illégalement dans le pays, car sans mention du fait qu’ils ont été fabriqués dans des territoires que la France continue de considérer comme occupés.

    (JPG)
    Alain Gresh

    Du même auteur :

    -  Les Pays-Bas, laboratoire de l’« extrême droite 2.0 »
    -  André Brink, la Palestine et l’Holocauste
    -  Femmes du Proche-Orient et du Maghreb

    [1] La faible taxation des produits israéliens est l’objet principal de l’accord d’association avec Israël, signé en 1995 et entré en vigueur en 2000. De nombreuses organisations dans le monde demandent la suspension de cet accord. Pour en savoir plus, voir le site de la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS)-France.

     

     

    18 mars 2010 - Les blogs du Diplo
    Vous pouvez consulter cet article à :
    http://blog.mondediplo.net/2010-03-...

     


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  • Israël espère-t-il déclencher une nouvelle vague d’attentats-suicide ?


     
     
    Par Stuart Littlewood

    Ici, en Occident civilisé, nous haïssons les auteurs d’attentats-suicide avec passion. On nous enseigne que la manière convenable de faire sauter nos frères humains en mille morceaux est de le faire depuis les airs, à 12.000 mètres d’altitude. Ou, à défaut, envoyer des hélicoptères de combat Apache au niveau d’une rue pour tirer leurs missiles à guidage laser et canons de 30mm. Ou, à défaut, lâcher nos chars de combat pour déchiqueter et vaporiser l’“ennemi”, réduire ses maisons à un tas de gravats à coup d’obus à l’uranium appauvri et propager des malformations congénitales pour les générations à venir. De nos jours, nous n’avons même pas besoin de sortir de chez nous pour le faire. Nous n’avons qu’à entraîner nos petits gars futés à piloter des drones armés depuis leur confortable fauteuil.

    B-52, F-16, Apaches, drones et chars… ça c'est bien. Tout matériel terrifiant donne à n’importe quelle sombre mission une supériorité morale qui suscite les hochements de tête approbateurs des élites gouvernantes dans les salons de Londres et de Washington.

    Ce qui n’est pas acceptable, c’est de livrer l’explosif en personne, en faisant toute la route vers la cible, et regarder votre ennemi dans les yeux en appuyant sur le détonateur. Ça ne se fait pas.

    « Il ne peut y avoir aucune justification, dans aucune circonstance, à prendre la vie d’innocents par le terrorisme. » Telles furent les paroles du chef du Parti démocrate libéral Charles Kennedy, en 2004, lorsqu’il a viré la députée britannique Jenny Tonge de son boulot de porte-parole pour avoir suggéré qu’elle pourrait envisager de devenir elle-même un suicide bomber si elle avait à vivre la situation des Palestiniens.

    Les statistiques de l’organisme israélien B’Tselem éclairent sur la situation des Palestiniens. Entre 2000 et le début de la guerre éclair israélienne Plomb Fondu, à Gaza en décembre 2008, l’armée israélienne à la brillante réputation, équipée des armes les plus modernes que l’argent américain peut acheter, a tué 4.790 civils palestiniens dans leur patrie. Parmi eux, 952 étaient des enfants.

    Oui, 952 jeunes vies palestiniennes horriblement supprimées, et leurs parents dévastés.

    En réponse, les Palestiniens, avec leurs armes de jardinage, ont tué 490 civils israéliens, dont 84 enfants. Dans ce jeu vicieux du meurtre, les Israéliens mènent par 11 à 1.

    Voici donc les « circonstances » au nom desquelles Kennedy a viré Jenny Tonge.

    Le terrorisme le plus infect

    Pendant le massacre Plomb Fondu – l’action de terrorisme d’Etat la plus infecte depuis des décennies – Israël a massacré au moins 350 enfants de plus, et depuis, Gaza est sous attaques quotidiennes. Ainsi, « l’armée la plus morale du monde » a donc fait exploser en petits morceaux, déchiqueté, calciné ou brisé, sous les balles de ses tireurs d’élite, au moins 1.400 jeunes au cours des neuf années et demi passées. On n’ose pas penser au nombre des mutilés et des handicapés.

    Dans leur étude Palestinian Suicide Bombers: A Statistical Analysis (Les auteurs d’attentat-suicides palestiniens : une analyse statistique), Sean Yom et Basel Saleh ont découvert que beaucoup d’entre eux avaient été l’objet d’attaques violentes de l’armée israélienne à la suite desquelles ils avaient été blessés, ou arrêtés, ou un proche avait été tué.

    D’octobre 2000 à mars 2004, plus de 2.800 victimes palestiniennes et 25.6000 blessures non mortelles ont été infligées par les forces israéliennes. La vengeance, souvent alimentée par des perspectives économiques détériorées et l’imposition de politiques répressives, offre aux recruteurs une réserve de volontaires. Persuader des individus de ne pas soutenir ni participer à la violence impliquerait nécessairement "une amélioration de la santé structurelle de la société palestinienne."

    Tu parles ! La politique israélienne consiste à broyer les Palestiniens dans la pauvreté et la désespérance, à leur voler tout ce qu’ils possèdent et à les laisser pourrir dans un enfer organisé par les sionistes. Loin de permettre que la santé de la société palestinienne s’améliore, ils serrent la vis de l’oppression toujours davantage. Dans la période couverte par l’étude, ils ont délibérément détruit quelques 4.700 demeures palestiniennes tout en poursuivant leur programme normal d’assassinat, de dépossession, d’enlèvement et toutes les autres atrocités qui font leur renommée.

    Depuis 1967, selon l’ICHAD (Israeli Committee Against House Demolitions – Comité israélien contre la démolition des maisons), Israël a démoli, au total, 24.145 maisons dans les territoires occupés, dont 4.247 (chiffre de l’ONU) pendant l’Opération Plomb Fondu. Les Palestiniens ont tendance à avoir de grandes familles. Réfléchissez au nombre de personnes qui se sont retrouvées sans-logis.

    L’analyse globale du professeur Robert Pape, Dying to Win (Mourir pour gagner), basée sur son travail pour le « Projet de Chicago sur le Terrorisme par suicide », avance l’idée que l’attentat-suicide exerce un pouvoir coercitif « pour obliger les démocraties modernes à retirer les forces militaires des territoires que les terroristes considèrent comme leur patrie (…). En fin de compte, le terrorisme par suicide est principalement une réponse à une occupation étrangère. »

    Occupation inclut contrôle du territoire, comme à Gaza, pas nécessairement occupation militaire. Et bien sûr, lorsqu’il s’agit d’Israël, nous ne parlons pas d’une démocratie, mais d’une ethnocratie infâme.

    La religion n’a pas grand-chose à voir avec le terrorisme par suicide. Pape réfute la vision souvent répétée que l’Islam est la racine du problème. « La racine pivotante est plutôt la politique militaire américaine. » Et la notion que le fondamentalisme islamique est tendu vers la domination du monde est « un pur fantasme ».

    De nombreux attentats-suicides sont simplement motivés par le désir de vengeance. Selon un chercheur, une répression gouvernementale dure « ne doit pas être perçue seulement comme une réaction à l'attentat-suicide », mais « elle le précède souvent et elle en est une cause majeure. »

    Un samedi soir en 2001, Saeed Hotari s'est fait exploser à l'entrée d'une discothèque de Tel Aviv, tuant 21 adolescents et en blessant 132. Hotari était l’un des neuf enfants d'une famille palestinienne pauvre vivant en Jordanie et était en Cisjordanie depuis deux ans dans l’espoir d’y trouver une vie meilleure. Il a laissé un message disant : « Si nous ne nous battons pas, nous allons souffrir. Si nous nous battons, nous allons souffrir, mais eux aussi. »

    Le bombardement de la discothèque a été l’une des raisons citées par le gouvernement israélien pour la construction du Mur d'Apartheid.

    En 2003, une avocate palestinien, Hanadi Tayseer Jaradat, 29 ans, a tué 21 civils dans le restaurant Maxim à Haïfa. Elle a agi pour venger l'assassinat de son frère et d’un cousin (certaines sources disent qu’il était son fiancé) par les forces israéliennes.

    Le chirurgien Abdel Aziz Rantissi, co-fondateur du Hamas, a averti : « Les Israéliens n'auront ni stabilité ni sécurité tant que l'occupation ne finira pas. Les attentats-suicide sont l'avenir d'Israël. » Rantissi a été assassiné en 2004 dans une attaque à l'hélicoptère contre sa voiture. Une mère et une fillette de cinq ans ont été tuées dans l'attaque et quatre autres passants blessés.

    Combien une personne peut-elle encaisser avant de craquer ?


    L'arrestation, la détention sans procès équitable, l'humiliation constante, la perte des maisons, le chômage et autres souffrances familiales des mains de l'armée israélienne ne sont pas les seuls stimuli. Yahya Ayyash, surnommé « l'Ingénieur » et considéré comme le Père de l'attentat-suicide, est devenu chef artificier du Hamas et pendant plusieurs années en tête de la liste des personnes les plus recherchées par Israël. Issu d’une famille relativement aisée, il a obtenu une licence en ingénierie électrique à l’Université de Birzeit et envisageait de préparer une maîtrise en Jordanie, mais les autorités israéliennes l’en ont empêché.

    Voyant ses ambitions contrariées, Ayyash a rejoint le Hamas. « Ne râle pas, va au ciel » a dû être sa devise. Avec des produits chimiques ménagers, il a fabriqué un mélange explosif appelé la Mère de Satan. Ses engins ont été utilisés dans nombre de « massacres » et il est rapidement devenu un héros, échappant de peu, de nombreuses fois, à la capture. On affirme qu’il fut responsable de la mort d’environ 90 Israéliens, un prix élevé à payer par l’occupant pour avoir volé à ce jeune ses droits à voyager et à étudier – des droits que nous, en Occident, tenons pour acquis.

    Finalement, en 1996, le Shin Beit, le service de sécurité intérieure d’Israël, a éliminé Ayyash en persuadant un cousin de lui donner un téléphone portable piégé qui a explosé dès qu’il s’en est servi. 100.000 personnes ont suivi ses funérailles. 40 Israéliens de plus ont été ensuite tués dans des bombardements de représailles.

    Pourtant, les Israéliens se délectent à viser les étudiants palestiniens. Il y a cinq ans, ils ont enlevé de force quatre étudiants de l’Université de Birzeit et les ont illégalement renvoyés dans la Bande de Gaza. Ils devaient être diplômés à la fin de l’année scolaire.

    Il y eut un tollé de protestations venant du monde entier et l’armée israélienne a accepté de les laisser revenir à Birzeit, mais à la seule condition qu’ils signent un accord de retour dans la Bande de Gaza à la fin de leurs études. Ce qui a révélé aux yeux de tous le projet d’Israël de séparer la Cisjordanie de la Bande de Gaza, même si les deux territoires sont internationalement reconnus comme ne faisant qu’un. En vertu du droit international, chacun a le droit de choisir librement son lieu de résidence à l’intérieur d’un territoire. Il y a dix ans, environ 350 étudiants de Gaza faisaient leurs études à Birzeit, mais aujourd’hui, il n’y en a pratiquement aucun et le régime raciste bloque les étudiants de Gaza d’aller dans les huit universités palestiniennes de Cisjordanie.

    Apprendre, à Noël dernier, que Berlanty Azzam, originaire de Gaza et étudiante en quatrième année en Gestion des Affaires à l’Université de Bethléem, était soudain « expulsée » par l’armée israélienne et renvoyée à Gaza ne fut pas une surprise. Berlanty, jeune chrétienne, vivait en Cisjordanie depuis 2005 et avait résisté à toutes les tentations d’aller voir sa famille à Gaza de peur ne pouvoir revenir à Bethléem.

    La jeune fille de 21 ans n’était qu’à quelques semaines de l’obtention de son diplôme lorsqu’elle a été arrêtée après avoir postulé pour un emploi à Ramallah. Dans une tentative délibérée de lui voler son diplôme, l’armée la plus morale du monde l’a menottée, lui a bandé les yeux, l’a chargé dans une jeep, l’a ramenée à Gaza et l’a abandonné, tard dans la nuit, dans l’obscurité.

    Dans le cas d’une autre étudiante en dernière année d’université, les soldats israéliens se sont fréquemment déchaînés dans le camp de réfugiés de Bethléem où elle vivait, saccageant les maisons et arrêtant arbitrairement les résidents. Ils ont emmené les membres de sa famille, un par un. D’abord sa cousine de 14 ans et meilleure amie a été tuée par un tireur israélien alors qu’elle était assise devant chez elle pendant un couvre-feu.

    Ensuite, les Israéliens ont arrêté son frère aîné, un artiste de 22 ans, et l’ont incarcéré pendant 4 ans. Puis ils sont revenus pour son frère de 18 ans. Puis ils sont revenus pour prendre son plus jeune frère – le « bébé » de la famille, juste 16 ans. Voici les circonstances (merci de noter, M. Kennedy) déchirantes sous lesquelles cette étudiante faisait ses études.

    Par chance, les conseils d’une équipe chaleureuse d’enseignants de l’université l’ont maintenu dans le droit chemin. L’armée la plus morale du monde avait peut-être volé leurs études à ses frères, mais elle était déterminée à terminer les siennes.

    Bien que les Palestiniens prennent leurs études très au sérieux, tous les étudiants cruellement entravés par les Israéliens ne réagissent pas comme le fit Yahya Ayyash. Toutefois, il doit y avoir une limite à l’injustice et à la frustration qu’un jeune peut supporter avant de craquer.

    Les attentats-suicide modernes semblent avoir débuté en 1980, pendant la guerre Iran-Irak, lorsqu’un jeune iranien s’est fait exploser contre un char irakien, mais ce sont les attaques dévastatrices du Hezbollah, deux ans après au Liban, qui ont attiré l’attention du monde. Les forces US et l’envahisseur israélien furent promptement expulsés. La technique s’est exportée dans tout le Moyen-Orient et au-delà.

    La menace d’attentats-suicides a reculé en Terre Sainte tandis que les atrocités militaires israéliennes ont augmenté. Les dirigeants du régime, voyant le naufrage de l’image de marque Israël, se sont lancés dans toute une série imaginable de sales coups – au point même de tenter d’annexer les sites saints du patrimoine islamique – dans une tentative effrénée de provoquer une troisième intifada et de se poser une fois de plus en victimes du terrorisme. Quelque chose va lâcher. De nombreux Palestiniens vont craquer, et personne ne sera surpris qu’un autre Ayyash émerge.

    Ici, en Occident, peu d'entre nous peuvent pleinement comprendre qu’une personne brillante, intelligente, commette un attentat-suicide. Nous n’avons pas une botte sur la gorge. Nos portes d’entrée ne sont pas enfoncées en pleine nuit par des brutes militaires, nos familles ne sont pas enlevées, nos maisons ne sont pas détruites au bulldozer et nos terres ne sont pas confisquées.

    La morale de l'histoire est sans doute la suivante. C’est à vos risques et périls que vous piétinez les droits et les libertés d’autrui, et que vous foulez au pied leurs rêves.


    Source : Uruknet

    Traduction : MR pour ISM

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  • Mossad, permis de tuer (1 & 2)


    AUTEUR:  Xavière JARDEZ


    1 - La grande hypocrisie occidentale 

    L’assassinat du dirigeant palestinien Mahmoud al-Mabhouh, qui avait déjà échappé à trois tentatives d’assassinat auparavant,  le 20 janvier, à Dubaï, porte indubitablement le sceau du Mossad - corroboré par la quasi certitude de l’Israélien moyen - malgré les dénégations d’Israël, notamment celles de Netanyahou. Or, selon les règles du Mossad, de son vrai nom,  Institut d’espionnage et d’Opérations spéciales, établies par Meir Amit, premier directeur de l’agence de renseignement, « ... toute exécution doit être avalisée par le Premier ministre en exercice. Toute exécution est ainsi soutenue par l’Etat, l’ultime sanction judiciaire de la loi. L’exécutant n’est donc pas différent du bourreau nommé par l’Etat ou de tout autre exécuteur désigné par la loi ». Aucun exécutant, ou assassin, ne peut ainsi opérer sans que ne lui soit produit ce document signé, le permis de tuer. Et il semblerait qu’il y ait eu une réunion entre Netanyahou et le chef du Mossad, Meir Dagan début janvier, selon le Sunday Times.

    Il est certain que dans les chaumières et la presse en Israël, les applaudissements ont crépité. Certains journaux occidentaux n’ont pas caché leur admiration devant le brio de l’opération, le coup d’éclat, même si la discrétion qui devait être le maître mot de l’opération a été éventée avec le passage en boucle des images des assassins sur les télévisions du monde. Car il ne fait aucun doute que cet assassinat est tout simplement un CRIME, quelle que soit la qualification qu’on lui donne. Israël a violé, une fois de plus d’entre toutes les fois, l’article 6 de la Convention Internationale sur les Droits civils et politiques, qui définit le droit à la vie, « en poursuivant une politique d’assassinats de Palestiniens qu’il décrit comme terroristes sans chercher d'abord à les arrêter pour les juger » (Tribunal Russell, Barcelone 2010).

    « Il y a plus d’aspects et d’acteurs internationaux à l’œuvre dans cette affaire qu’il n’y paraît à première vue »

    Pour Bruce Riedel, ancien de la CIA, « C’est selon toute probabilité une opération du Mossad. Tout en porte la signature- les passeports, européens, la rapidité avec laquelle l’équipe a disparu du pays, tout cela s'additionne pour en donner une image plutôt convaincante ». « Ce que les autorités de Dubaï découvrent n’est pas seulement une opération isolée mais probablement l’entière agence du Mossad. Dubaï serait l’endroit idéal pour entreprendre, non seulement une opération isolée, mais des opérations à long terme contre l’Iran ». Pour  Michael Ross, agent du Mossad à la retraite, « il serait naïf de penser qu’Israël n’a pas un doigt dans l’affaire », a-t-il dit à  la BBC et d’ajouter : « Je pense qu’il y a plus d’aspects et d’acteurs internationaux à l’œuvre dans cette affaire qu’il n’y paraît à première vue ».


    Les photos des passeports utilisés par le commando israélien de Dubaï


    L’Angleterre, la France, l’Allemagne, l’Australie et l’Irlande, toutes ont poussé des cris d’orfraie à l’idée que les assassins avaient utilisé leurs passeports – bizarrement pas ceux des États-Unis ! -, d’abord supposés faux, puis reconnus vrais car ils appartenaient à des Européens possédant aussi la nationalité israélienne (ils sont 350 000 dans ce cas). Ils ont protesté de leur ignorance mais de multiples  indications suggèrent qu’ils ont, ainsi que leurs service de sécurité, eu vent du complot plus qu’ils ne le prétendent.

    Des allégations selon lesquelles le Mossad avait prévenu la Grande-Bretagne ont fait surface dans le journal britannique Daily Mail qui précise que « le Foreign Office et le MI 6 ont été informés de l’opération avant qu’elle n’ait lieu ». La source est « un membre en exercice du service israélien de renseignement. Il a dit que le gouvernement britannique a été informé… Il n’y aucune participation britannique et (le gouvernement)  ignorait le nom de la cible. On leur a dit que les exécutants voyageaient avec des passeports britanniques ». Selon une autre source proche du quotidien The Independent, les services de sécurité de Dubaï ont fourni, six jours avant l’opération, à « un diplomate britannique » (le consul ?) les détails sur ces passeports britanniques et n’ont reçu aucune réponse….

    Le Canada avait, lors de la tentative d’assassinat de Khaled Meshaal, en 1997, protesté violemment contre l’utilisation par les assassins venus d’Israël de documents canadiens. Israël avait promis de ne plus rien faire de semblable, comme il avait fait la même promesse à Margaret Thatcher en 1987 avec la découverte de 8 passeports oubliés par le Mossad dans une cabine téléphonique en RFA, et à la Nouvelle-Zélande en 2005 après l’emprisonnement de deux de ses agents. Ian Wilcocks, l’ancien ambassadeur d’Australie en Israël, dit avoir averti, dans les années 1990, les officiels du ministère des Affaires étrangères israélien de ne plus fabriquer de faux passeports pour des opérations secrètes.  

    Il semble donc que l’appropriation par Israël de documents étrangers soit une pratique courante, ancienne, tolérée par les pays européens, associée à sa pratique  de l’exécution extrajudiciaire de ses adversaires. Les manifestations de colère ou de surprise, que toutes deux engendrent ne sont là que pour la forme. Il n’y aura donc pas de contrecoup diplomatique pour Israël. On est loin des tollés qui avaient suivi les « fatwas » prononcées à l’encontre de personnalités, dont Salman Rushdie, par Khomeiny ou autres clercs. Mais Israël, c’est Israël.

    Qui plus est, la Grande-Bretagne vient de décider, au lendemain de ce scandale, de modifier la  législation en matière de crimes de guerre afin que les criminels recherchés - ils sont six - pour l’agression sur Gaza dite « Plomb endurci » tels Tzipi  Livni, Shaul Mofaz, Ehud Barak, ne puissent plus être inquiétés lors de leurs séjours en Grande-Bretagne. Comment pourrait-il en être autrement lorsqu'on sait que Tony Blair et Gordon Brown, depuis 2007, sont les patrons du National Jewish Fund qui finance l’installation de colonies sur les terres spoliées aux Palestiniens ?

    Mais cette complicité avec le terrorisme d’Etat d’Israël, passive ou active, va bien plus loin. La salle de commandement de l’opération se trouvait en Autriche, ce qui signifie que les assassins n’ont pas eu de contacts les uns avec les autres, et ne pouvaient donc  pas être repérés. Les cartes de crédit ont été émises par Payoneer, une banque de New York, opérant aussi à Tel-Aviv, à travers la banque Metabank basée dans l’État de l’Iowa. Un examen approfondi des liens de Payoneer révèle que Yuval Tal, cadre exécutif, est un ancien membre des forces d’opérations spéciales de l’armée israélienne et le financeur de Taglit Birthrights, qui organise des voyages gratuits de jeunes juifs en Israël . Payoneer a reçu son capital-risques de Carmel Ventures, située à Herzilya, en Israël, Greylock Partners, avec parmi ses associés, Moshe Mor, un ancien capitaine des renseignements militaires israéliens, et Crossbar Capital, dont le fondateur a géré une entreprise hors d’Israël. Metabank a une histoire d’ennuis financiers et les cartes de crédit sont sa principale source de revenus. Il était facile, pour ceux qui le voulaient, de se procurer des cartes de crédit en ligne. Si rien, à l’heure actuelle, ne prouve le l’implication de ces établissements, ces indices méritent d’être étudiés…


    Siège de la Metabank à Odebolt, Iowa

     

     La communauté sayanim

    Cependant, souligne Gordon Thomas, fin connaisseur du Mossad, rien ne pourrait se faire si le Mossad ne bénéficiait pas du soutien inconditionnel de la communauté juive dans le cadre d’un système appelé sayanim [pluriel du mot hébreu sayan, aide, assistant]. Des dizaines d’aides sont soigneusement recrutés et fournissent la logistique aux agents du Mossad  sans poser de questions : une banque fournira des fonds jour et nuit, une agence de location de voitures, un véhicule, un docteur, une assistance médicale ou un poison. C’est ainsi qu’un docteur sayan a fourni les ingrédients de la décoction que devait boire Yasser Arafat, ce que son docteur personnel a confirmé : « l’empoisonnement est très probable dans ce cas ». Lors de l’assassinat par le Mossad de Gerald Bull, scientifique canadien et meilleur expert en balistique de renommée mondiale qui avait refusé de mettre ses compétences au service d’Israël mais les avait offertes à Saddam Hussein, la communauté sayanim avait lancé une guerre psychologique à l’adresse des médias européens disant que Saddam en était à l’origine… Il en fut de même lors de l’assassinat de Fathi Shkaki, chef du Jihad Islamique à Malte en 1995 où les deux tueurs reçurent d’un sayan un passeport britannique et une moto utile à l’opération.

    Qu’est-ce qui pousse certains pays à sacrifier sur l’autel du terrorisme israélien les bases qui fondent un État : la souveraineté, l’état de droit et la sécurité personnelle et nationale ? Si la politique israélienne communément admise de violations de souveraineté des autres pays pour tuer ou enlever ses adversaires devient la règle, ce sera le règne de la loi de la jungle. Tout un chacun pourra craindre d’être la cible d’équipes de tueurs étrangers, que rien ne viendra retenir. Les assassinats extrajudiciaires d’Israël tournent en dérision la notion de souveraineté. L’élimination d’opposants par des polices secrètes, hors des frontières, était une pratique récurrente de la Gestapo, du GPU de Staline, de Pinochet. Elle est maintenant celle des « Forces Spéciales » des États-Unis et de la division occulte de la CIA. Tolérer ces pratiques signifie la fin de l’État de droit, les polices secrètes jouant, comme en Israël, le rôle de juge, jurés, procureur et exécuteur, sans connaître de freins de nature légale ou judiciaire. Comment, demain, un pays pourra-t-il protéger ceux qui, sur son territoire, s’aventurent à critiquer Israël ? 

    Dubaï ne veut pas être une tête de pont occidentale dans le détroit d’Ormuz

    Derrière l’assassinat de Mahmoud al-Mabhouh se profilent des événements bien plus graves : en entraînant le Hamas dans des représailles (contre Netanyahou, vraisemblablement), Israël ouvrirait le champ à des attaques contre l’Iran. Les États-Unis lorgnent depuis Bush sur les Émirats Arabes Unis et étudient comment s’y prendre pour y déployer des troupes en cas de conflit armé avec la République Islamique. Aucune stratégie militaire n’a de chance de succès si on n’établit pas de prime abord une tête de pont à travers l’étroit chenal du détroit d’Ormuz pour  empêcher sa fermeture par l’Iran.  

    L’extension du conflit palestinien, ou encore l’élargissement de la zone de « guerre contre le terrorisme » à Dubaï a peu de chances d’aboutir. La célérité avec laquelle les forces de sécurité de l’émirat ont enquêté, rassemblé les preuves, les indices, donné un maximum de publicité à leurs révélations prouve que Dubaï refuse que sa qualité de centre financier et économique, et que ses intérêts soient pollués par des actions terroristes israéliennes. Il en va de sa réputation, de sa survie et de sa prospérité, même si la crise l’a frappé.  

    Disons pour conclure, que la prétendue « incompétence » des agents du Mossad, relevée par les critiques en Israël, - être photographiés par les multiples caméras de vidéosurveillance - ne traduit que l’arrogance et le racisme des Israéliens à l’encontre des Arabes, qu’ils soient Palestiniens ou autres. Pour eux, l’habileté, l’intelligence, le professionnalisme ne peuvent qu’être israéliens, les autres n’étant que de pauvres bédouins devenus riches… 

    Sources

    Gordon Thomas, auteur de Gideon’s Spies

    Mossad’s Murderous Reach: The Larger Political Issues, par James Petras :

    More details emerge on assassination of Hamas leader in Dubai, par Ann Talbot:

    Israel remains silent over Mossad role scandal, par Fran O’Sullivan :

    Israël « admit » to NZ spy mission 

    Mossad murder, par John Cherian

    Le siège du Mossad à Tel Aviv
    Le siège du Mossad à Tel Aviv

    2 - Mossadgate à Dubaï 

    L’administration Obama a réagi très discrètement à l’assassinat du dirigeant palestinien Mahmoud al-Mabhouh, à Dubaï, si discrètement que deux des assassins porteurs, l’un, d’un passeport britannique et l’autre, d’un passeport irlandais, ont pu entrer aux Etats-Unis (1) sans être inquiétés alors que le contrôle aux frontières est, depuis les attentats du 11 septembre, devenu drastique : les vérifications des informations biométriques ou holographiques sont faites  à partir de bases de données internes comme externes aux Etats-Unis.

    L’ « Irlandais » y est arrivé dès le 21 janvier - le lendemain de l’opération - et le « Britannique » du nom de Roy Allan Cannon voyageant avec son faux-vrai passeport y est entré, le 14 février, soit trois semaines après la publication des résultats de l’investigation des autorités de Dubaï !

    La piste étatsunienne conduit à se demander comment il se faisait que MetaBank (2) ait fourni aux agents du Mossad les cartes de crédit qu’ils ont utilisées. Selon la direction, la banque émet des cartes prépayées dans le cadre d’un programme Meta Payment Systems. Ce dernier met sur le marché par l’intermédiaire de divers Programmes de Gestion – dans ce cas Payoneer (3) -  des cartes de paiement du personnel. Ces dernières sont proposées à des sociétés US de renom pour leur permettre de payer leur personnel expatrié, leurs sous-traitants… etc… Lesdites cartes ont été « chargées » par les sociétés (dans le cas de l’assassinat de Mahmoud al-Mabhouh, il reste à découvrir lesquelles) avec les fonds déposés par elles dans ce système. Par ailleurs, il faut savoir que Payoneer est aussi dépositaire des participations financières des jeunes juifs de 18 à 26 ans que Taglit-Birthright  envoie en Israël pour resserrer les liens entre ce dernier et la communauté juive à travers le monde (3)«  Si vous perdez votre carte en Israël, elle est immédiatement bloquée et remplacée en 24 heures sans que vous ayez à contacter votre banque chez vous ».

    Jusqu’à présent, rien n’indique que les responsables étasuniens aient l’intention ou la volonté d’enquêter sur le financement, par des sociétés US, des opérations et dépenses des assassins israéliens, même si deux de ces criminels sont revenus aux Etats-Unis. Or, le recours illégal à des banques et des sociétés de cartes de crédit US traduit une expansion alarmante des opérations d’espionnage sur le sol américain et révèle la pénétration du Mossad, à un degré inconnu jusqu’ici, des principales institutions financières dans le but de consolider l’influence d’Israël sur la politique étrangère de Washington et les corps constitués qui la font.

    Sources

    (1) Two Suspects Entered U.S. After Killing in Dubaï, par Robert Worth.(New York Times – 1/3/10)

    (2) Mossad, permis de tuer - La grande hypocrisie occidentale, par Xavière Jardez (AFI- Flash n°102)

    (3) Banque privée, Payoneer compte parmi ses partenaires financiers : Carmel Ventures basée à Herzliya en Israël, Crossbar Capital et Greylocks. Charlie Federman, après avoir fondé BRM Capital en 1999, a servi comme directeur de sa filiale en Israël jusqu’en 2007, est directeur général de  Crossbar Capital. BRM Group basée à Herzliya a été créé par Nir Barat, maire de Jérusalem occupée. Greylock Partners, fondé en 1965, « opère un certain nombre de centres d’innovation » en Chine, en Inde, dans la Silicone Valley et en Israël. Dans son portefeuille se trouvent Data Robotics, Digg, Facebook, Linkedin etc.. Ses activités d’investissement en Israël ont été initiées en 2002 par Moshe Mor, ancien capitaine des services de renseignements militaires israéliens.

    (4) Taglit-Birthright  a été fondé en 1994 par Yossi Belin, ministre israélien de la Justice. L’association qui a des antennes dans plusieurs pays, est co- financée par les milliardaires Charles Bronfman et Michael Steinhardt. En France, le programme Génération-Israël Taglit   est co-financé par les collectes de l'Appel unifié Juif de France. Depuis 2001, plus de 5000 jeunes Français juifs y ont participé.


     


    Source : http://www.france-irak-actualite.com/

    Articles originaux publiés les 10 et 14/3/2010 

    Sur l’auteure

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