• Enfants de Gaza frappés par des obus à fléchettes

    jeudi 5 août 2010 - 06h:29

    Adie Mormech - Live from Palestine


    « Elle est revenue par l’entrée principale et on ne voyait pas tout de suite qu’elle avait été blessée. Soudain beaucoup de sang est sorti de son nez et elle s’est mise à vomir ; toute la famille a vu cela... ses petits frères ont été très effrayés. Elle venait juste de jouer à l’avant de la maison. »
     
     

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    Bombardements israéliens sur Gaza, la nuit du 30 au 31 juillet 2010 - Photo : Ezzedeen Al-Qassam

    C’est ainsi que Nihed Al-Massry a décrit ce qi est arrivé à sa fille Samah Eid, âgée de neuf ans, après que l’armée israélienne ait tiré quatre obus sur des zones résidentielles dans Beit Hanoun au nord de la bande de Gaza le 21 juillet 2010. Samah est maintenant hospitalisée dans un état jugé très sérieux, souffrant d’une importante perte de sang et d’un niveau d’hémoglobine très bas. Elle a été frappée par les éclats et les fléchettes d’un obus [1] qui a explosé à une centaine de mètres plus loin, provoquant une hémorragie interne à la poitrine et plusieurs traumatismes graves à la tête. Des morceaux de métal sont maintenant enfoncés dans tout son corps.

    Les obus à fléchettes sont des armes illégales au regard du droit international quand ils sont tirés sur des zones d’habitations civiles. Trois autres enfants ont été blessés dans cette même attaque.

    Deux jeunes gens ont été tués : Muhammad, Al-Kafarneh, âgé de 23 ans, touché par des éclats dans le dos et la poitrine, et Kasim Al-Shinbary, 19 ans, touché par des fléchettes à la tête et par des éclats dans le dos. On ne sait pas s’ils faisaient partie de la Résistance ou s’ils étaient simples civils.

    Haitham Thaer Qasem, un garçon âgé de quatre ans et enfant unique, était endormi sur un lit d’hôpital, inspirant difficilement de temps en temps à travers l’appareil d’assistance respiratoire fixé sur son nez. Il souffre d’un traumatisme nasal profond, et des pointes de fléchettes venant de l’obus sont encore enfoncées dans son petit corps, entrées dans le dos, le bras droit et la jambe droite. Haitham se trouvait à environ 200 mètres de l’impact de la bombe.

    La mère de Haitham se tenait à ses côtés, pleurant silencieusement tandis qu’une de ses tantes à son chevet expliquait ce qui s’est produit.

    « Nous avions demandé à Haitham de ramener quelque chose du marché pour sa maman, puis nous avons entendu les explosions et quelqu’un est venu à notre maison et dire à la famille qu’Haitham avait été emmené à l’hôpital et qu’il avait été blessé dans le bombardement. Nous sommes venus rapidement à l’hôpital. »

    Pendant ce temps, le médecin qui soigne Samah a expliqué que la perte de sang de la fillette était un souci majeur. Ses blessures sont aggravées par le fait qu’elle souffre déjà - comme trois de ses frères - de thalassémie [2] et le médicament pour traiter son état, l’Exjade, est rare en raison du blocus israélien. Elle était clairement en train de souffrir et, paniquée, elle essayait d’enlever les tubes nasaux. Sa mère nous a montré les bandages sur sa poitrine.

    Son médecin, Muhammad Abu Hassan, décrit son état comme « semi-critique ».

    « Elle était dans un état très grave quand elle est arrivée - c’est très difficile et très traumatisant pour des enfants lorsqu’on leur insère une sonde dans la poitrine - c’est très douloureux. Le sang coulait principalement de la poitrine. Nous devrons l’opérer et nous chercherons plus précisément l’origine de sa douleur abdominale, » nous a-t-il expliqué.

    La famille d’Al-Massry avait déjà auparavant souffert des attaques israéliennes. Ryad, le frère de Samah, âgé de quatre ans, a été blessé lors de l’attaque israélienne de trois semaines contre la bande de Gaza au cours de l’hiver 2008-09, où plus de 400 enfants palestiniens ont été tués.

    « Notre maison a été frappée pendant la guerre, un voisin qui était à l’intérieur a été tué et notre fils a eu de graves blessures à la tête. Il n’a alors pu être soigné et en raison de cela, sa vue est maintenant affectée et de façon permanente. »

    Alors que nous quittions Samah, elle a commencé à pleurer, gémissant dans son triste état et dans sa grande confusion. Il y avait deux enfants blessés de plus à l’hôpital à cause de l’attaque, appartenant aussi à la famille Al-Massry de Beit Hanoun : Azzam Muhammad al-Massry, âgé de 11 ans, qui souffrait d’une grave fracture au niveau du coude gauche, et Ibrahim Wasseem al-Massry, âgé de 4 ans, souffrant de blessures légères à l’abdomen.

    La semaine précédente à Gaza, Nema Abu Said, une maman de cinq enfants et âgée de 33 ans a été tuée par un bombardement israélien alors qu’elle quittait sa maison pour rechercher, toute affolée, son plus jeune garçon après un premier tir d’obus. Trois autres membres de la famille ont été blessés par les fléchettes, plusieurs de celles-ci restant maintenant enfoncées dans les corps des personnes blessées.

    Notes :

    [1] Le terme consacré pour ce type d’obus est nail bombdont le contenu est fait de billes d’acier, clous, pièces coupantes comme des rasoirs, fléchettes d’acier et divers morceaux métalliques. L’armée israélienne utilise régulièrement sur les zones très densément peuplées de Gaza, ce type d’obus de fabrication américaine qui projettent principalement des « fléchettes » de 3,75 mm de long dans toutes les direction et qui mutilent et tuent dans une zone circulaire de 100 à 300 mètres autour de leur point d’impact.

    [2] Maladie souvent héréditaire, consistant en anémie et déficit en hémoglobine

    A lire également :

    -  Gaza, zone d’ombre - Coupez ! - 28 décembre 2009
    -  Balles dans le cerveau, shrapnel dans la colonne vertébrale : terribles blessures chez les enfants de Gaza - 26 octobre 2009
    -  Gaza : laboratoire d’expérimentations pour de nouvelles armes - 27 janvier 2009
    -  Gaza sert-elle de terrain d’essai pour de nouvelles armes ? - 19 janvier 2009
    -  L’armée israélienne n’a aucune pitié pour les enfants des écoles maternelles de Gaza - 16 janvier 2009
    -  Les enfants de Gaza dans la ligne de tir - 11 janvier 2009
    -  Soigner les enfants Palestiniens traumatisés - 22 mars 2008
    -  Les enfants palestiniens pris délibérément pour cibles - 17 novembre 2008
    -  Des soldats israéliens tuent une mère de famille et abandonnent son corps auprès de ses enfants - 2 juin 2008
    -  Israël teste de nouvelles armes mortelles à Gaza - 30 avril 2007
    -  Ils tirent sur des enfants - 7 avril 2007
    -  L’enfance touchée, une fois encore - 2 janvier 2007

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    * Adie Mormech est un avocat spécialisé dans les droits de l’homme et basé dans la bande de Gaza. Il avait été précédemment kidnappé par la marine israélienne dans le huitième bateau du mouvement Free Gaza, The Spirit of Humanity. Il milite avec le Mouvement International de Solidarité.


     
     

    27 juin 2010 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
    http://electronicintifada.net/v2/ar...
    Traduction de l’anglais : Claude Zurbach

     

     


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  • Israël s’est glissé dans l’UE sans que personne ne le remarque

    Robert Fisk - The Independent


    « Israël a noué des liens politiques et économiques si solides avec l’UE au cours des 10 dernières années qu’il est devenu un État membre de l’Union à tous les égards sans en avoir le nom. »
     
     
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    Affrontement entre soldats israéliens et Palestiniens protestant contre l’offensive de Gaza l’hiver 2008-2009 - Photo Abbas Momani

    C’est à peine si la mort de cinq soldats israéliens dans un accident d’hélicoptère en Roumanie a fait les titres des journaux.Il n’y avait pas d’exercices conjoints OTAN - Israël. Soit. Imaginez le décès de cinq combattants du Hamas dans un accident d’hélicoptère en Roumanie cette semaine. Nous n’aurions pas fini d’en parler. Extraordinaire.

    Attention, je ne compare pas Israël au Hamas. Israël est le pays qui a massacré avec raison 1300 Palestiniens à Gaza il y a 19 mois - dont plus de 300 enfants - tandis que le Hamas cruel, assoiffé de sang et terroriste tuait 13 Israéliens (dont trois soldats qui s’étaient tirés dessus par erreur).

    Mais il y a un parallèle. Richard Goldstone, éminent juge sud-africain juif, a conclu, dans le rapport de 575 pages sur le bain de sang de Gaza qu’il a établi à la demande des Nations unies, que les deux côtés avaient commis des crimes de guerre ; bien entendu scandale compréhensible chez divers partisans d’Israël aux USA qui ont vu en lui, avec raison, l’incarnation du « mal » ; quant à son excellent rapport, sept gouvernements de l’Union européenne l’ont rejeté. Je me pose donc la question :que fait l’OTAN dans des jeux de stratégie militaire avec une armée accusée de crimes de guerre ?

    Ou, pour être plus précis, pourquoi donc l’Union européenne cajole-t-elle les Israéliens ? Dans un livre à paraître bientôt, remarquable et détaillé même si le ton en est un peu trop furieux , l’infatigable David Cronin présentera en novembre une analyse microscopique de « nos » relations avec Israël. Je viens de terminer le manuscrit et il me coupe le souffle. Comme il le dit dans sa préface, « Israël a noué des liens politiques et économiques si solides avec l’UE au cours des 10 dernières années qu’il est devenu un État membre de l’Union à tous les égards sans en avoir le nom. » Effectivement, ce fut Javier Solana, le dirigeant débraillé de la politique étrangère de l’UE (ancien secrétaire général de l’OTAN) qui a en fait dit l’année dernière « Israël, permettez-moi de le dire, est membre de l’Union européenne sans être membre de l’institution ».

    De quoi ? Le savions-nous ? L’avons-nous voté ? Qui a permis cela ? David Cameron - qui fait maintenant campagne pour l’entrée de la Turquie dans l’UE - est-il d’accord ? Je suppose que oui puisqu’il continue à se dire un « ami d’Israël » alors que ce pays a produit une excellente série de faux passeports britanniques pour ses assassins de Dubaï. Comme le dit Cronin, « la pleutrerie de l’UE envers Israël contraste fortement avec la position ferme qu’elle a prise par rapport à des atrocités majeures commises dans d’autres conflits ». Après la guerre entre la Russie et la Géorgie en 2008 par exemple, l’UE a chargé une mission indépendante d’enquêter sur les éventuelles violations du droit international et elle a exigé une enquête internationale sur les abus des droits humains après la guerre du Sri Lanka contre les Tigres tamouls. Cronin n’exempte pas la responsabilité de l’Europe pour l’holocauste des juifs et convient que nos gouvernements auront toujours un « devoir moral » pour que cela ne se reproduise pas - bien que j’aie bien remarqué que Cameron a oublié de mentionner l’holocauste arménien de 1915 quand il faisait sa cour aux Turcs cette semaine.

    Mais cela n’est pas tellement pertinent. En 1999, les ventes britanniques d’armes à Israël - pays qui occupe la Cisjordanie (et également Gaza) et qui construit des colonies illégales pour les juifs et pour les seuls juifs sur des terres arabes - se montaient à 11,5 millions de livres ; en deux ans ce chiffre à presque doublé pour atteindre 22,5 millions. Ces livraisons comprennent des armes légères, des kits de fabrication de grenades et de l’équipement pour les avions de combat et les tanks. Il y a eu quelques refus après qu’Israël a utilisé des tanks centurions modifiés contre les Palestiniens en 2002, mais en 2006, l’année où Israël a massacré 1300 Libanais, presque tous des civils, à l’occasion d’une autre croisade contre la « terreur mondiale » que représente le Hezbollah, la Grande-Bretagne a accordé plus de 200 licences d’armes.

    Bien entendu, une partie de l’équipement britannique transite par les USA pour être acheminé en Israël. En 2002, la Grande-Bretagne a donné des " head-up displays » (N.d.T (dans les avions de combat, tableau de verre dans la cabine de pilotage où figurent les données du vol et du combat), HUD) fabriqués par BAE Systems pour Lockheed Martin qui les a promptement installés dans des bombardiers de combat F-16 destinés à Israël. L’UE n’a pas soulevé d’objection. Il convient d’ajouter que la même année, les Britanniques acceptaient de former 13 militaires israéliens. Des avions US transportant des armes vers Israël au moment de la guerre contre le Liban de 2006 ont fait le plein à des aéroports britanniques (et hélas, aussi dans des aéroports irlandais). Les trois premiers mois de 2008, nous avons accordé de nouvelles licences d’armes pour un montant de 20 millions de livres - juste à temps pour l’assaut israélien contre Gaza. Les hélicoptères Apache utilisés contre les Palestiniens, dit Cronin, contiennent des pièces fabriquées par SPS Aerostructures dans le Nottinghamshire, Smiths Industries dans le Cheltenham, Page Aerospace dans le Middlesex and Meggit Avionics dans le Hampshire.

    Dois-je continuer ? Israël, en passant, a été félicité de l’ aide « logistique » qu’il a fournie à l’OTAN en Afghanistan - là, où nous tuons annuellement encore plus d’Afghans que les Israéliens ne tuent habituellement de Palestiniens - ce qui n’est pas surprenant puisque que le boss militaire israélien Gaby Ashkenazy a visité le siège de l’OTAN à Bruxelles pour plaider en faveur de liens plus étroits avec cette institution. Et Cronin parle de façon convaincante d’un arrangement financier extraordinaire - au point d’en être obscène - en « Palestine ». L’UE finance des projets à Gaza pour des millions de livres. Ces projets sont régulièrement détruits avec les armes israéliennes fabriquées aux USA. Ça marche comme ça : les contribuables européens financent les projets. Les contribuables US financent les armes qu’Israël utilise pour détruire les projets. Ensuite les contribuables EU donnent le fric pour financer la reconstruction du tout. Et ensuite les contribuables US... Je crois que vous avez compris. Israël, en passant, a déjà un programme de coopération « individuelle » avec l’OTAN, lui donnant accès au réseau informatique de l’organisation.

    Dans l’ensemble, c’est bien d’avoir un allié aussi farouche qu’Israël dans notre camp, même si son armée est composée de voyous et que certains de ses hommes sont des criminels de guerre. Puisqu’on en est là, pourquoi ne pas demander au Hezbollah d’entrer à l’OTAN également - imaginez combien ses tactiques de guérilla seraient utiles pour nos garçons dans le Helmand. Et puisque les hélicoptères Apache israéliens tuent souvent des civils libanais - par exemple, en 1996, une ambulance pleine de femmes et d’enfants, a été pulvérisée par un missile air - sol Boeing Hellfire AGM 114C - espérons que les Libanais peuvent encore envoyer des salutations amicales aux gens de Nottinghamshire, Middlesex, Hampshire et, bien sûr, Cheltenham

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    Du même auteur :

    -  Le journalisme et les « mots de pouvoir »
    -  Pour Israël, le silence du Hizbollah en dit des tonnes
    -  J’écoute un peuple perdu me raconter ses souffrances dans une sorte de transe
    -  Les 3 lignes de défense qui peuvent changer la face du Proche-Orient Dubaï : les explications de la Grande-Bretagne sont truffées d’incohérences
    -  Pourquoi les USA ferment-ils les yeux sur les bulldozers israéliens ?
    -  Afghanistan : une stratégie dont l’échec est programmé


     
     

    31 juillet 2010 - The Independent - Cet article peut être consulté ici :
    http://www.independent.co.uk/opinio...
    Traduction : Anne-Marie Goossens

     

     


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  • Gaza : les bombes qui restent


    « Quand le phosphore blanc se répand sur la peau, il brûle profondément jusqu’aux muscles puis aux os, continuant à brûler jusqu’à ce qu’il soit privé d’oxygène, » explique Amnesty International.
     
     
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    A 12 heures précises ce jeudi, dans les collines sablonneuses du sud de Gaza, une explosion commandée à distance a détruit un autre tas d’obus au phosphore blanc laissés dans Gaza après la guerre israélienne de 2008-2009.

    Les experts en explosifs du groupe consultatif Mines Advisory Group (MAG) et de l’équipe des Nations Unies United Nations Mine Action Team (UNMAT) travaillent de concert pour éliminer les restes de la mortelle attaque israélienne. Les bombardements israéliens depuis la terre, la mer et les airs ont laissés un grand nombre de munitions non explosées (UXO, ou unexploded ordnance) dans les zones d’habitations.

    Dans une routine précise et technique qui tient compte de tous les dangers possibles pour les employés du MAG et de l’UNMAT, aussi bien que pour les Palestiniens habitant à Gaza, les experts en explosifs, détonation après détonation, sont en train de débarrasser Gaza des obus au phosphore blanc qui sont restés.

    Afin de les priver d’oxygène, les obus sont d’abord moulés dans du plâtre, puis placés dans de grands récipients remplis de sable jusqu’au jour de leur destruction.

    Les détonations télécommandées se produisent deux fois par semaine, en coordination avec le gouvernement du Hamas et l’armée israélienne dont les avions de guerre survolent les lieux de mise à feu cet l’après-midi.

    Le jour où la septième série d’UXOs doit exploser, il y a huit obus à détruire. Deux sont totalement pleins et les six autres sont brisés mais sans avoir explosé. À l’intérieur de chaque obus se trouvent 122 éléments spongieux imbibés du produit chimique mortel conçu pour se disperser au loin au moment de l’explosion.

    « Quelques obus de phosphore peuvent ne contenir que du liquide, » explique Mark Russel, le directeur technique du MAG. « Mais la sorte utilisée à Gaza contenait des éponges, dont il est plus difficiles de se débarrasser. »

    L’utilisation des obus de phosphore avec des éponges par Israël dans son attaque sur Gaza il y a 18 mois, faisait aussi que la probabilité de blesser des civils était plus grande.

    Les destructions commandées font en sorte que ces obus ne nuisent pas à l’avenir à des civils et permettent que l’arme chimique mortelle se consume dans des puits creusés dans la terre, suffisamment loin des maisons les plus proches pour ne pas causer de dégâts.

    Vingt minutes après la première détonation, lorsque l’essentiel de la fumée épaisse et blanche s’est consumée et s’est dissipée, les techniciens du MAG cherchent les éponges qui ont pu se disperser et les amènent au puits où elles sont brûlées.

    Un débris isolé brûle en cinq à dix minutes, mais s’il est couvert de sable il peut rester en veille pendant des jours, se rallumant avec la poussée du bâton d’un enfant ou le contact d’une chaussure.

    Jim Hill, un médecin canadien travaillant pour le MAG à Gaza, explique son travail. « Nous sommes ici au cas où il y aurait des blessures dues au phosphore blanc, par inhalation de fumée ou par des explosions inattendues causant des blessures. »

    Hill et d’autres médecins accompagnent l’équipe pendant que celle-ci contrôle avec précaution les emplacements où le dégagement de décombres a finalement pu commencer, plus d’une année après les destructions.

    Avec plus de 4000 maisons complètement détruites et 16 000 maisons partiellement ou gravement endommagées, le risque avec les munitions non explosées (UXO) est énorme. Buswell explique que leur travail ne fait que commencer.

    La guerre de 23 jours lancée par Israël sur Gaza en décembre 2008 et janvier 2009 a tué plus de 1500 Palestiniens, et a fait plus de 5320 blessés. Parmi tous ces morts et blessés se trouvent ceux qui ont été touchés par les bombardements au phosphore blanc.

    « Quand le phosphore blanc se répand sur la peau, il brûle profondément jusqu’aux muscles puis aux os, continuant à brûler jusqu’à ce qu’il soit privé d’oxygène, » explique Amnesty International.

    Le Docteur Nafez Abu Shaban, responsable de l’unité pour le traitement des brûlures à l’hôpital Al-Shifa dans la ville de Gaza, a dit au Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme (PCHR), avoir vu des patients « avec de très graves brûlures où les muscles et des parties du corps sont complètement détruits. »

    Parmi les cibles des soldats israéliens se trouvaient les maisons, les écoles où des milliers de Palestiniens s’étaient réfugiés, les bâtiments des Nations Unies stockant de l’aide humanitaire, et les hôpitaux. Plus de la moitié des 27 hôpitaux et des 44 centres médicaux de Gaza ont été soit détruits soit endommagés.

    L’hôpital Al-Quds dans la ville de Gaza et le centre de réadaptation Al-Wafa à l’est de Sheyjayee, héberge plus de 50 patients, la majorité d’entre eux étant invalides et dépendant de mécanismes de support, et qui ont souffert plusieurs bombardements dont directement ceux au phosphore blanc.

    Les dirigeants israéliens ont tout d’abord nié l’emploi du phosphore blanc, puis ils l’ont admis, tentant de justifier son emploi comme écran de fumée pour les soldats. Le Comité International de la Croix Rouge (CICR) estime que son utilisation dans des zones civiles « est simplement interdite », et relève que le phosphore blanc peut se répandre jusqu’à plusieurs centaines de mètres carrés, avec « une capacité à provoquer des blessures particulièrement terrifiantes et douloureuses ou à provoquer une mort lente et douloureuse. »

    Une année après la guerre israélienne contre Gaza, le risque d’UXO constitue une menace aussi réelle que les bombardements directs.

    Ces UXOs peuvent exploser même des décennies plus tard, note le MAG. Dans des zones rurales, le labourage ou les activités d’agriculteurs enlevant des pierres et des débris d’acier, peuvent par inadvertance faire exploser ces munitions. Les mines antichar employées par les soldats israéliens pour démolir des maisons et dont il reste un grand nombre, représentent un risque pour les personnes enlevant la décombres ou pour les familles retournant à leurs maisons afin de récupérer quelques biens.

    En août 2009, l’ONU a fait savoir que 12 personnes ont été tuées par des explosions d’UXO, six étant des enfants. Vingt-trois personnes ont été blessées avec parmi elles quatre enfants.

    En mars 2010, l’UNMAT et le MAG ont commencé à détruire les 343 UXOs déjà rassemblés, dont les obus contenant du phosphore blanc.

    Mark Buswell a comparé la menace d’une explosion à Gaza « à une explosion qui pourrait endommager un secteur de la ville la taille de la City de Londres (soit 2,6 kilomètres carrés) »


     
     

    7 juillet 2010 - InGaza - Vous pouvez consulter cet article à :
    http://ingaza.wordpress.com/2010/07...
    Traduction de l’anglais : Claude Zurbach ici

     

     


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  • Le boycott d’Israël : Une stratégie, pas un principe (Counterpunch)

    Il y a beaucoup de malentendus autour du BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions). Comme John Berger l’a dit il y a quelque temps, le BDS n’est pas un principe mais une stratégie ; il n’est pas dirigé contre Israël mais contre la politique israélienne ; quand sa politique changera le boycott cessera.

    BDS ne privilégie pas telle ou telle solution du conflit israélo-palestinien, mais demande plutôt qu’Israël respecte le droit international et les résolutions de l’ONU. Par conséquent on peut soutenir le boycott que l’on soit pour la solution de deux états ou d’un état. On peut le soutenir même si l’on est Sioniste. Il est né de la prise de conscience provoquée par des années d’expérience, que l’Occupation ne se terminera jamais si les Israéliens ne se rendent pas compte qu’elle a un prix.

    D’un certain sens la nécessité de recourir au boycott montre la faiblesse qui est la nôtre et qui provient de la polarisation et de la marginalisation de la gauche en Israël. D’un côté nous avons utilisé à peu près toutes les autres armes de l’arsenal de la résistance non-violente et la situation sur le terrain n’a fait que s’aggraver ; et de l’autre côté, nous observons le développement d’un état d’esprit de type fasciste en Israël. Par exemple les restrictions imposées au débat public en Israël m’inquiètent beaucoup.

    Une des manière de faire taire toute dissension est d’exiger la loyauté, de sorte que le slogan que vous entendez souvent aujourd’hui en Israël est "pas de citoyenneté sans loyauté". Ce slogan traduit le renversement de l’idée républicaine selon laquelle l’état doit être loyal envers ses citoyens et doit rendre compte des injustices ou des abus qu’il commet. C’est un renversement complet de la relation républicaine entre l’état et la loyauté qui se manifeste par l’adoption d’une logique contraire, celle qui a modelé l’Italie de Mussolini. Cela fait partie, comme dit Gramsci, des symptômes morbides dont souffre notre époque.

    Une manifestation de ces symptômes est la violence croissante avec laquelle est accueillie n’importe quelle sorte de critique à l’intérieur même d’Israël. J’ai reçu plus de menaces de mort après ma critique du fiasco de la Flottille que jamais auparavant. Quand je marche sur le campus, il y a des gens qui me demandent en rigolant si je porte un gilet pare-balles. Ces moqueries cachent une menace. C’est pourquoi il n’est pas surprenant du tout que seulement trois professeurs en Israël soutiennent ouvertement le boycott ; beaucoup d’autres s’abstiennent parce que soutenir le boycott n’est pas considéré comme une forme légitime de contestation et ceux qui le soutiennent sont susceptibles d’être sanctionnés.

    Et en même temps, il y a aussi le sentiment que ceux qui soutiennent le gouvernement vont trop loin. Ils ne s’attaquent pas seulement à la gauche extrême mais pratiquement à tous ceux qui critiquent même très légèrement la politique gouvernementale. Il y a deux mois le principal d’un collège qui n’était pas d’accord pour que des officiers militaires viennent parler à ses élèves a été crucifié. Il est clair que l’indignation d’intellectuels israéliens contre les assauts perpétrés contre la liberté intellectuelle n’a pas grand chose à voir avec le boycott. Ils s’élèvent seulement contre la tentative de faire taire toute critique. de plus en plus de monde pensent que le débat public en Israël se réduit de manière dramatique. Ainsi le doyen de l’université de Haifa qui a courageusement critiqué le Ministre de l’Education et l’assaut sur la flottille de la Paix n’est absolument pas un gauchiste, il est seulement indigné par l’évolution actuelle. Autrement il ne soutiendrait jamais ma position sur le boycott.

    Neve GORDONIci

    Neve Gordon est un militant israélien et l’auteur de "l’occupation israélienne" (University of California press, 2008)

    traduction : D. Muselet

    Pour consulter l’original : http://www.counterpunch.org/gordon0...


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  • “Libérez Gaza” sur le mur du ghetto de Varsovie


    Un groupe de militants anti-colonialistes israéliens, conduits par un objecteur de conscience de l’armée, viennent d’effectuer un geste hautement symbolique la semaine dernière, en peignant l’inscription « Libérez Gaza » sur le bout de mur rappelant l’existence du ghetto à Varsovie.

    “Libérez Gaza et la Palestine » (en anglais) «  ! Libérez tous les ghettos” (en hébreu), ont inscrit les protestataires, dont l’action est racontée lundi dans le quotidien Haaretz.

    Parmi eux, Yonathan Shapira, l’un des 27 pilotes de l’armée de l’air israélienne qui avaient publiquement annoncé, en 2003, qu’ils refusaient toute mission au-dessus des territoires palestiniens occupés. Ce qui avait valu à Shapira d’être aussitôt rayé des cadres de l’armée de reserve, et de perdre son emploi de pilote dans l’aviation civile.

    Shapira a publiquement revendiqué l’initiative, devant l’opinion israélienne. “L’Holocauste n’est pas quelque chose qui peut être confisqué par des gens comme Netanyahou, Lieberman, ni personne d’autre au sein du gouvernement”, a-t-il declaré lundi à la radio israélienne.

    "Je ne cherche pas la polémique. Je ne cherche pas à établir un parallèle quelconque avec la monstruosité des camps de la mort Nazis. Mais on doit briser le silence qui prévaut en Israël et dans le monde alors qu’un peuple est enfermé dans une sorte de ghetto », a-t-il ajouté.

    “La plus grande partie de ma famille est originaire de Pologne, et beaucoup de ses membres ont été assassinés dans les camps de la mort. Mais quand je marche à l’emplacement de que fut le ghetto de Varsovie, je ne peux m’empêcher de penser aux habitants de Gaza. Ces derniers ne sont pas seulement enfermés dans une prison à ciel ouvert, ils sont aussi bombardés par des chasseurs, des hélicoptères et des drones pilotés par des gens aux côtés desquels je servais, avant mon acte de refus en 2003 », poursuit le refuznik.

    “Et puis, je pense aussi à toutes ces délégations de jeunes Israéliens qu’on emmène voir ici l’histoire de notre peuple, mais qui sont parallèlement soumis quotidiennement à un lavage de cerveau militariste et chauvin. Alors, s’ils aperçoivent ce que nous avons écrit, peut-être cela les aidera-t-il à comprendre que l’oppression c’est l’oppression, l’occupation c’est l’occupation, et que les crimes contre l’humanité sont des crimes contre l’humanité, qu’ils aient été commis à Varsovie ou à Gaza”, tempête encore Yonathan Shapira.

    “Je sais bien que cela peut faire mal à des oreilles israéliennes, mais ce n’est pas une raison pour se taire. On n’est pas en train de dire que les Israéliens sont des nazis. Mais on dit que des gens sont enfermés dans un ghetto. Un ghetto peut avoir différentes formes : aucune d’entre elles n’est acceptable ».

    CAPJPO-EuroPalestine Ici


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  • Montée du boycott : des députés européens alertent Peres

    David Lipkin
    Maariv


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    Les membres du lobby européen proisraélien mettent en garde : la détérioration du climat politique encourage les boycotts des produits, entreprises et hommes d’affaires israéliens ; ces membres demandent à Peres d’utiliser sa stature internationale et d’intervenir devant le Parlement européen.
     

    Le Parlement européen : « Le phénomène de boycott contre Israël gagne en dynamique »

     

    (JPG) Le monde entier est-il contre nous ?

    Les dirigeants de EFI (European Friends of Israel - les Amis européens d’Israël), le lobby européen en faveur d’Israël et de son économie, ont mis en garde hier contre la détérioration d’un climat politique en Europe à l’encontre d’Israël, et une montée du phénomène de boycotts des produits et du monde des affaires israéliens à travers l’Europe. Ils insistent sur l’existence d’un phénomène croissant de financements d’investissements européens qui se retirent des entreprises israéliennes, les raisons invoquées étant « l’éthique des affaires ».

    Ronny Bruckner, leader de ce lobby qui comprend des membres du Parlement de l’Union européenne et des hommes d’affaires européens de premier plan, a demandé hier au président Shimon Peres d’utiliser sa réputation internationale exceptionnelle et d’intervenir devant le Parlement européen. Bruckner a également demandé au président d’intensifier son activité en direction des institutions de l’UE et d’investir dans les petits Etats européens qui ont récemment rejoint l’UE.

    Selon Bruckner, le développement important de la population arabe dans les grands pays européens peut pousser les organismes musulmans à se joindre aux coalitions radicales et au boycott des produits venant d’Israël, et pas seulement des produits venant de l’est de la Ligne verte. Il indique que les militants se sont déjà mis à harceler des hommes d’affaires et que, récemment, des entreprises qui se lancent dans des relations commerciales avec des entreprises israéliennes ont reçu des menaces.

    Les principaux dirigeants d’EFI ont dit au président Shimon Peres qu’un mouvement s’amplifie où de plus en plus de fonds d’investissements européens annoncent leur retrait de sociétés israéliennes, avançant comme raison, « l’éthique des affaires ». Et d’après ces dirigeants, il y a à craindre que ce phénomène ne prenne encore plus d’ampleur.

    Michelle Gorari, directeur général d’EFI, a dit à Asakim que le boycott économique d’Israël s’accélérait en Europe en raison des dernières évolutions politiques. Il croit que suite à des pressions croissantes, le boycott des exportations israéliennes affecte quelque 30% de ces exportations vers l’Europe. Il y a une tendance dangereuse à vouloir imposer une interdiction totale de vente des produits israéliens sur certains marchés européens.

    Goari souligne que le lobby proisraélien a réussi à contrecarrer un courant qui émergeait et qui montrait que le Parlement européen envisageait de ne pas ratifier un nouvel accord dans le domaine aéronautique entre Israël et l’UE. EFI a multiplié les efforts pour obtenir un soutien à Israël, et l’accord a finalement été approuvé par une majorité de 465 voix contre 65. EFI se demande actuellement si c’est le bon moment pour solliciter du Parlement européen son approbation à un accord sur l’harmonisation des normes entre Israël et l’UE, car il est à craindre, étant donné l’atmosphère anti-Israël actuelle, qu’il soit difficile d’atteindre une majorité pour l’obtenir.

    29 juin 2010 - Coteret - traduction : JPP

     

     


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  • Shalit, Hamouri, Bernard-Henri Lévy et les intellectuels mercenaires

    Alain Gresh
    Le Monde diplomatique


    Faut-il tirer sur les ambulances ? Le flop des deux derniers opus de notre philosophe national, malgré une campagne de soutien médiatique, l’appui complaisant du grand quotidien du soir, les mille et une excuses trouvées pour justifier la manière dont il a repris les oeuvres d’un philosophe inventé de toutes pièces, indiquent que Bernard-Henri Lévy glisse déjà inéluctablement vers les bas-fonds de l’oubli.

    Et pourtant, il ne faut pas être injuste. L’homme a un vrai talent. Celui de condenser, en peu de pages, l’ensemble des mensonges, des semi-vérités et des contre-vérités sur le conflit israélo-palestinien. Il restera comme celui qui a déclaré, à la veille de la tuerie de neuf humanitaires de la flottille de la paix par l’armée israélienne : « Je n’ai jamais vu une armée aussi démocratique, qui se pose tellement de questions morales. » Chacun de ses textes mériterait une étude approfondie pour mettre en lumière les nouveaux visages de la propagande. Et on peut espérer que les écoles de journalisme mettront à l’étude ses textes pour décortiquer le mensonge ordinaire proféré sous l’habillage de la philosophie, des droits humains et même, dans son dernier texte, de l’ancien Testament.

    Publié par Le Point du 24 juin, cet article s’intitule « Trois questions (et réponses) concernant le soldat Shalit ». Le 25 juin, cela fera quatre ans que le soldat franco-israélien Guilad Shalit a été capturé par le Hamas et plusieurs manifestations de soutien se préparent ou se sont déjà déroulées.

    Pourquoi tant d’intérêt pour ce soldat, s’interroge Bernard-Henri Lévy ? Parce que, justement, il n’est pas un prisonnier comme les autres. Pourquoi ?

    « Car il y a des conventions internationales, déjà, qui régissent le statut des prisonniers de guerre et le seul fait que celui-ci soit au secret depuis quatre ans, le fait que la Croix-Rouge, qui rend régulièrement visite aux Palestiniens dans les prisons israéliennes, n’ait jamais pu avoir accès à lui, est une violation flagrante du droit de la guerre. »

    Lévy a raison, il est anormal que la Croix-Rouge n’ait pas accès au prisonnier, c’est une violation du droit de la guerre. Mais comment sont traité les prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes ?

    Correspondant du Monde en Israël, Benjamin Barthe écrit le 18 juin, sur le site Médiapart (sur le blog de Pierre Puchot, qui n’est pas en accès libre) :

    « Depuis juin 2007, les familles des 1000 Gazawis emprisonnés en Israël sont privées de droit de visite. » Et il ajoute : « L’ignorance à ce sujet est telle que le conseil des ministres des affaires étrangères de l’Union européenne réunis le 14 juin dernier a enjoint au Hamas de laisser le CICR visiter Shalit sans mentionner le cas des Palestiniens. Précision : la décision israélienne n’a pas été prise en représailles au traitement réservé à Shalit. C’est une « mesure de sécurité » dixit la cour suprême en décembre 2009. »

    Ignorance, écrit Barthe. Il a bien sûr raison, mais cette ignorance reflète le fait que jamais, dans la pensée coloniale, un Blanc n’équivaut à un basané. Le Blanc a toujours un visage, une famille, une identité ; le basané est sans visage, regroupé dans un collectif anonyme.

    Mais Shalit a une autre caractéristique selon Lévy :

    « Mais, surtout, surtout, il ne faut pas se lasser de répéter ceci : Shalit n’a pas été capturé dans le feu d’une bataille mais au cours d’un raid, opéré en Israël et alors qu’Israël, ayant évacué Gaza, était en paix avec son voisin ; dire prisonnier de guerre, en d’autres termes, c’est estimer que le fait qu’Israël occupe un territoire ou qu’il mette un terme à cette occupation ne change rien à la haine qu’on croit devoir lui vouer ; c’est accepter l’idée selon laquelle Israël est en guerre même quand il est en paix ou qu’il faut faire la guerre à Israël parce que Israël est Israël ; et si l’on n’accepte pas cela, si l’on refuse cette logique qui est la logique même du Hamas et qui, si les mots ont un sens, est une logique de guerre totale, alors il faut commencer par changer complètement de rhétorique et de lexique. Shalit n’est pas un prisonnier de guerre mais un otage. Son sort est symétrique de celui, non d’un prisonnier palestinien, mais d’un kidnappé contre rançon. Et il faut le défendre, donc, comme on défend les otages des FARC, des Libyens, des Iraniens - il faut le défendre avec la même énergie que, mettons, Clotilde Reiss ou Ingrid Betancourt. »

    Vous avez bien lu, Israël était en paix avec son voisin après son évacuation de ce territoire en 2005. Ce que Lévy oublie c’est qu’Israël contrôlait « seulement » les frontières maritimes (empêchant même les pécheurs d’aller en haute mer), les frontières aériennes et les frontières terrestres (à l’exception de celle avec l’Egypte). Ce qui a amené les Nations unies à déclarer que Gaza restait un territoire occupé. Le blocus auquel ce territoire est soumis en est une preuve supplémentaire.

    L’Egypte porte-t-elle une responsabilité dans ce blocus ? Bien sûr répond Christophe Ayad dans « Si BHL était allé à Gaza... », Libération (23 juin), dans une réponse à la tribune de ce dernier publiée par le quotidien le 7 juin (« Pourquoi je défends Israël », accompagnée d’un commentaire complaisant de Laurent Joffrin).

    « L’Egypte, note BHL, est “coresponsable” du blocus de Gaza. Il n’ignore pas que les dirigeants égyptiens sont aujourd’hui illégitimes aux yeux de leur propre population. Mais à cette dictature-là, jamais il ne songe à reprocher quoi que ce soit. Seul est fustigé “le gang d’islamistes qui a pris le pouvoir par la force il y a trois ans”. Faut-il rappeler à Bernard-Henri Lévy que le Hamas avait remporté, en 2006, des élections unanimement considérées comme les plus transparentes et pluralistes du monde arabe ?  »

    Revenons à Lévy et à Shalit, « cet homme au visage d’enfant qui incarne, bien malgré lui, la violence sans fin du Hamas ; l’impensé exterminateur de ceux qui le soutiennent ; le cynisme de ces “humanitaires” qui, comme sur la flottille de Free Gaza, ont refusé de se charger d’une lettre de sa famille ; ou encore ce deux poids et deux mesures qui fait qu’il ne jouit pas du même capital de sympathie que, justement, une Betancourt. Un Franco-Israélien vaut-il moins qu’une Franco-Colombienne ? Est-ce le signifiant Israël qui suffit à le dégrader ? D’où vient, pour être précis, qu’il n’ait pas vu son portrait accroché, à côté de celui de l’héroïque Colombienne, sur la façade de l’Hôtel de Ville de Paris ? Et comment expliquer que, dans le parc du 12e arrondissement où il a fini par être exposé, il soit si régulièrement, et impunément, vandalisé ? Shalit, le symbole. Shalit, comme un miroir ».

    Mais alors, le Franco-Palestinien Hamouri, ne devrait-il pas jouir de la sympathie des autorités et de Lévy ? N’est-il pas emprisonné depuis mars 2005, depuis plus longtemps que Shalit ? Mais peu de gens se préoccupent de son sort, et surtout pas Lévy. Depuis que le comédien François Cluzet a évoqué son cas en novembre 2009 devant un Jean-François Copé qui ne savait même pas qui était Hamouri, le silence est retombé.

    Et là aussi, on vérifie le deux poids deux mesures, mais pas celui dont parle Lévy. Un Franco-israélien est un Blanc, il mérite notre sympathie ; un Franco-palestinien, dans le fond, ce n’est qu’un Arabe... En avril 2010, un citoyen franco-palestinien est mort d’une crise cardiaque à la frontière entre Gaza et Israël après avoir été retenu plusieurs heures par les autorités israéliennes qui, selon Lévy, ne sont pas en guerre contre Gaza. En avez-vous entendu parler ? Paris a, paraît-il, demandé que toute la lumière soit faite sur ce décès. On attend toujours, comme on attend toujours les mesures françaises contre les nombreuses violations du droit du personnel diplomatique français en Israël ou contre l’utilisation par le Mossad de passeports français pour l’assassinat d’un dirigeant du Hamas dans les Emirats arabes unis.

    Une dernière question, qu’il faut poser sans relâche aux autorités françaises : des soldats disposant d’un passeport français ont-il le droit de servir dans une armée d’occupation, dans des territoires que la communauté internationale et la France considèrent comme des territoires occupés ?

    L’article de Lévy se termine par un hommage à la position morale d’Israël qui, pour sauver ses soldats, est prêt à les échanger contre des « assassins potentiels », c’est-à-dire des combattants palestiniens ou libanais.

    « En 1982 déjà, Israël relâchait 4 700 combattants retenus dans le camp Ansar, en échange de 8 de ses soldats. En 1985, il en remettait dans la nature 1 150 (dont le futur fondateur du Hamas, Ahmed Yassine) pour prix de 3 des siens. Sans parler des corps, juste des corps, d’Eldad Regev et Ehoud Goldwasser, tués au début de la dernière guerre du Liban, qui furent troqués, en 2008, contre plusieurs leaders du Hezbollah dont certains très lourdement condamnés ! »

    Rappelons que les combattants arrêtés en 1982 étaient des membres de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et des Libanais qui s’étaient opposés à l’invasion de leur pays par les chars du général Ariel Sharon, invasion qui fit des dizaines de milliers de victimes civiles et déboucha sur les massacres de Sabra et Chatila. Doit-on comprendre des propos de Bernard-Henri Lévy qu’Israël menait, à l’époque aussi, une guerre juste ?

    Et quand il évoque des personnes lourdement condamnées par la justice israélienne, que croit-il prouver ? Marwan Barghouti, comme plusieurs autres milliers de Palestiniens ont été aussi condamnés par une justice israélienne aussi « aux ordres » que l’était la justice française du temps de la guerre d’Algérie.

    Il y a 70 ans, en 1937, des journalistes et des intellectuels expliquaient que la ville basque de Guernica n’avait pas été détruite par l’aviation nazie mais par les républicains espagnols eux-mêmes. Bernard-Henri Lévy durant la guerre contre Gaza de décembre 2008-janvier 2009 paradait sur un char israélien pour prétendre que les destructions étaient moins graves que ce que l’on prétendait. Il réécrit désormais l’histoire et affirme que, contrairement à ce que clamaient des centaines de milliers d’Israéliens en 1982, la guerre du Liban était une guerre juste et que les combattants qui s’opposaient à cette invasion étaient des terroristes.

    Paraphrasant Voltaire sur les mercenaires, on pourrait écrire de lui : « Dieu nous préserve de penser que vous sacrifiez la vérité à un vil intérêt ; que vous êtes du nombre de ces malheureux mercenaires qui combattent par des arguments, pour assurer et pour faire respecter les puissants de ce monde. »

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    Alain Gresh

    Du même auteur :

    -  Que Gaza sombre dans la Méditerranée !??
    -  Etats-Unis, changement ou continuité ??
    -  Iran, vers « une communauté internationale » post-occidentale ?


     
     

    24 juin 2010 - Les blogs du Diplo
    Vous pouvez consulter cet article à :
    http://blog.mondediplo.net/2010-06-...

     

     


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  • Des journalistes indépendants démontent l’emprise israélienne sur le discours médiatique

    Abraham Greenhouse, Nora Barrows-Friedman
    The Electronic Intifada


    Décidés à ne pas permettre au gouvernement israélien de continuer à dominer le discours public sur l’attaque de la flottille avec sa version discutable des événements, des journalistes indépendants autour du monde ont analysé et identifié les incohérences du discours israélien.
     
     
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    « La tentative systématique et la priorité n°1 tout à fait délibérée des soldats israéliens quand ils sont montés à bord des bateaux a été de créer un black-out, de confisquer toutes les caméras, de couper les liaisons satellite, de détruire les caméras en circuit fermé à bord du Mavi Marmara, pour s’assurer que rien ne sortait. Ils étaient décidés à contrôler l’histoire », a commenté le journaliste australien Paul McGeough, l’un des centaines de militants et de reporters journalistes qui ont assisté à l’attaque mortelle du 31 mai sur la flottille de la liberté pour Gaza ("Framing the Narrative : Israeli Commandos Seize Videotape and Equipment from Journalists After Deadly Raid" Democracy Now, 9 Juin 2010). McGeough a été un des au moins 60 journalistes de la flottille qui ont été détenus et dont les filmages ont été confisqués.

    Dans les heures suivant l’interception et le siège dans les eaux internationales de la flottille d’aide pour Gaza par des commandos israéliens, qui ont tué neuf personnes - certaines à bout portant - à bord du Mavi Marmara, des nouvelles de l’attaque sanglante s’étaient répandues dans le monde entier. La colère, la condamnation et des appels à une enquête internationale ont suivi.

    Entre temps, la campagne d’Israël pour son scénario de l’attaque, pour déformer les faits et étouffer une opinion outragée battait son plein. Parallèlement, les militants et les journalistes sceptiques ont commencé à déconstruire l’histoire officielle et à assembler des preuves pour révéler la vérité derrière les morts violentes des militants d’une mission humanitaire pour la bande de Gaza assiégée.

    À partir du moment où l’armée israélienne a brouillé apparemment les communications de la flottille, et pendant les deux jours suivants où les survivants furent maintenus au secret, leurs caméras et leurs prises de vues potentiellement accusatrices saisies, la version israélienne du raid a dominé les titres internationaux.

    Au centre de la stratégie médiatique d’Israël, il y eu la diffusion rapide de clips audio et vidéo sélectionnés qui, d’après le gouvernement, validaient son affirmation que les passagers avaient violemment essayé de tuer les troupes sans provocation - forçant ainsi les soldats à utiliser des balles réelles en autodéfense. Cependant, les clips distribués très largement au début portaient des signes de fortes altérations, y compris le masquage ou l’élimination de marques chronométriques.

    Quoique les clips montrent apparemment des passagers à bord du Mavi Marmara frappant des soldats israéliens avec des bâtons et d’autres objets, le contexte des images n’était absolument pas clair. Il était impossible de déterminer à quel moment les clips avaient été filmés au cours de l’assaut, ce qui soulevait des questions sur quelle partie exactement avait agi en autodéfense.

    Jamal Elshayyal d’Al-Jazeera, parmi d’autres, a corroboré les récits d’autres passagers de la flottille, y compris de la membre de la Knesset israélienne Hanin Zoabi, disant que les commandos israéliens auraient commencé à tirer avant de descendre en rappel sur le pont du navire ("MK Zoabi : Israel wanted highest number of fatalities" YNet, 1 Juin 2010 ; "Kidnapped by Israel, forsaken by Britain" Al-Jazeera, 6 Juin 2010).

    Ces clips furent rapidement complétés par du filmage mis sur YouTube, elles aussi fortement retravaillées, dont Israël a dit qu’elles avaient été prises par les caméras de sécurité du navire et par des journalistes dont l’équipement avait été saisi ("Flotilla Rioters Prepare Rods, Slingshots, Broken Bottles and Metal Objects to Attack IDF Soldiers" 2 Juin 2010). Le service de presse de l’armée israélienne a aussi distribué de nombreuses images fixes soi-disant documentant le combat sur le pont.

    Après que les bateaux affrétés de la flottille furent emmenés au port israélien d’Ashdod et déchargés, le 1er juin, le ministère israélien des Affaires étrangères (MAF) commença à distribuer via le site Flickr des photographies d’objets trouvés d’après lui à bord. Le matériel que le MAF classifiait comme « armes » - soutenant soi-disant son affirmation que les militants avaient planifié un « lynchage » des troupes israéliennes - étaient publiquement identifiables comme de l’équipement nautique standard et des ustensiles de cuisine ("Weapons found on Mavi Marmara").

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    (cliquer pour agrandir)

    D’autre part, les bateaux furent inspectés de multiples fois avant leur départ pour Gaza, à la fois par les douanes turques et par une compagnie de sécurité indépendante, et à chaque fois avait été trouvés ne contenir aucune arme, d’après un communiqué de presse du mouvement Free Gaza ("Did Israel deliberately murder civilians aboard Freedom Flotilla ?" 3 Juin 2010). Les participants dirent aussi que tous les passagers ont été soumis à un contrôle de sécurité approfondi avant de monter à bord, quel que soit le lieu d’embarquement.

    Ces photographies d’« armes » devinrent le premier point de fixation de l’effort pour analyser et exposer les incohérences des affirmations israéliennes. Peu après la publication des images apparues sur la page officielle du MAF le 1er juin, des commentateurs commencèrent à attirer l’attention sur le fait que plusieurs images comportaient de l’information numérisée indiquant qu’elles avaient été prises plusieurs années auparavant. Le MAF y répondit en modifiant les dates, et par une déclaration disant qu’une de ses caméras avait été mal calibrée.

    Si cette déclaration ne peut être ni confirmée ni réfutée, la gaffe exposa le fait que la hâte d’Israël à promouvoir sa version des événements dans les médias produisait des erreurs et des négligences significatives. Alors que les passagers survivants de la flottille commençaient à être relâchés et expulsés après leur détention en Israël, leur récit des événements à bord des bateaux - et sur le Mavi Marmara en particulier - divergeait clairement du discours israélien officiel.

    Les journalistes à bord du navire, dont certains avaient été capables de diffuser par satellite pendant un certain temps durant l’assaut, ont dit aux intervieweurs qu’ils avaient été spécifiquement ciblés par les troupes israéliennes dans l’attaque. « Nous avions des caméras autour du cou et nos cartes de presse en main, mais les soldats ne cessaient de diriger les lasers de leurs fusils sur nos yeux pour nous intimider », a dit le journaliste turc Yuecel Velioglu de l’agence de presse AA à Reporters Sans Frontières ("As Turkish photographer is buried, other journalists aboard flotilla speak out" 9 Juin 2010) [Voir les photos de Marcello Faraggi ci-dessus et ci-contre].

    De plus, une grande part des filmages (très retravaillés) diffusés par Israël furent volées aux journalistes à bord du bateau après la confiscation de leur équipement. Cette action a été fortement dénoncée par l’Association de la presse étrangère d’Israël (FPA) qui déclarait le 4 juin : « l’utilisation de ce matériel sans permission des agences de médias concernées est une violation claire et inacceptable de l’éthique journalistique ».

    Décidés à ne pas permettre au gouvernement israélien de continuer à dominer le discours public sur l’attaque de la flottille avec sa version discutable des événements, des journalistes indépendants autour du monde ont analysé et identifié les incohérences du discours israélien. Ce travail a joué un rôle central pour produire un tableau des événements plus complet et juste, disponible pour un public anglophone : la grande majorité des médias privés anglophones, à l’exception notable d’Al-Jazeera anglais, reproduisaient simplement les déclarations israéliennes et n’entreprirent pas ou très peu le travail de vérification pour s’assurer de leur validité.

    Images et l’élimination du contexte

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    Une autre photo diffusée par les bureaux du porte-parole de l’armée israélienne a suscité encore plus de controverses quand elle a commencé à apparaître dans des articles de nouvelles sur l’incident. L’image, montrant un homme barbu anonyme qui tenait un couteau courbe, fut généralement présentée avec une légende, elle aussi originaire de l’armée israélienne, déclarant que le porteur de couteau était un militant à bord du Mavi Marmara photographié après que les troupes israéliennes aient assailli le navire.

    Ali Abunimah, cofondateur de The Electronic Intifada, remarqua immédiatement des incohérences claires dans le contexte de la photo, jetant un doute sur sa véracité. Abunimah fit remarquer sur son blog que derrière l’homme, on pouvait voir la lumière naturelle diffusée au travers d’une fenêtre - malgré le fait que le raid a été mené avant l’aube. De plus, l’homme était entouré par des photographes qui paraissaient d’un calme inattendu pour des voisins au milieu d’un combat ("Israeli propaganda photo in Haaretz of man with knife make no sense #FreedomFlotilla" 31 Mai 2010). Finalement, quelques jours après la première apparition de l’image, elle fut réutilisée dans un montage vidéo publié sur YouTube sous le nouveau nom "gazaflotilliatruth", mais cette fois-ci moins recadrée dans la nouvelle version de l’image, l’homme barbu peut être vu assis, pas debout - encore une fois une position physique inhabituelle au cours d’une mêlée ("Gaza Flotillia - The Love Boat" 2 Juin 2010).

    Le journaliste d’enquête Max Blumenthal rapporte que la légende utilisée par l’armée israélienne - utilisée à répétition par des médias tels que le quotidien israélien Haaretz - indique que le barbu tenait le couteau après que les commandos soient montés à bord ("Nailed Again : IDF Description of Suspicious Photo It Distributed Is Retracted" 8 Juin 2010).

    Après sa question au bureau du porte-parole de l’armée israélienne, Haaretz « effaça sa légende de la photo suspecte ». Blumenthal ajoute que Haaretz « ne mentionna pas la rétraction, considérant probablement que personne ne remarquerait. La rétraction soulève des questions inquiétantes sur le niveau de coordination entre l’IDF [armée israélienne] et les médias israéliens ». Elle ne mentionna pas non plus que l’homme barbu était le ministre yéménite du Parlement Mohammad al-Hazmi, qui montrait sa dague de cérémonie - une part essentielle du costume yéménite traditionnel - à des « journalistes curieux et étrangers sur le bateau », comme le souligne Blumenthal, évidemment bien avant l’attaque.

    Nouvelles accusations instantanément démenties

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    Les témoignages des passagers survivants commençant à recevoir une meilleure attention de la part de la grande presse occidentale, Israël répondit par une série d’accusations de plus en plus terribles pour les discréditer. La nature grave de ces accusations fait qu’il est difficile de comprendre pourquoi le gouvernement israélien aurait attendu si longtemps pour les porter. Quand les journalistes commencèrent à évaluer les nouvelles déclarations, ils trouvèrent que les faits venant à leur appui étaient insignifiants, voire inexistants.

    Une de ces accusations, publiée dans un communique de presse du MAF du 2 juin, fut que 40 passagers du Mavi Marmara avait été identifiés comme des mercenaires employés par Al-Qaeda ("Attackers of the IDF soldiers found to be Al Qaeda mercenaries," 2 Juin 2010 [pas de lien]). Plus tard le même jour, le porte-parole du département d’État US, Philip Crowley, déclara que ses services ne pouvaient pas valider l’histoire israélienne, et des journalistes indépendants sur le terrain à Tel-Aviv partirent vite enquêter par eux-mêmes.

    Blumenthal et sa collègue Lia Tarachansky se firent dire brutalement par le service de presse de l’armée que les militaires n’avaient « aucune donnée » soutenant l’affirmation du MAF. Le matin du 3 juin, toutes les références à Al-Qaeda avaient été retirées de la version en ligne du communiqué de presse ("Under Scrutiny IDF Retracts Claims About Flotillas - Al Qaeda Links" [pas de lien]).

    Plus significatif, le 4 juin, Israël communiquait un clip sur YouTube qui selon lui était un extrait de communication radio entre l’armée israélienne et le Mavi Marmara. Le clip comprenait une voix disant aux Israéliens de « retourner à Auschwitz », et une autre voix déclarant « nous aidons les Arabes à aller contre les USA », en réponse aux annonces israéliennes que le bateau « s’approchait d’une zone sous blocus naval » ("Flotilla Ship to Israeli Navy : "We’re Helping Arabs Go Against the US, Don’t Forget 9/11 Guys" 4 Juin 2010). Cette dernière voix était faite avec un accent ressemblant à celui du sud des USA, malgré le fait que personne de cette région n’était présent à bord des bateaux. De nombreux blogueurs commentèrent que les accents avaient l’air d’avoir été limités, et tournèrent en ridicule la qualité de la falsification apparente.

    Une des organisatrices de la flottille, la citoyenne étasunienne Huwaida Arraf, fut stupéfaite de trouver que le clip incluait aussi sa propre voix - alors qu’elle était sur un autre bateau que le Mavi Marmara. La journaliste et bloggeuse de Tel-Aviv, Mya Guarnieri, remarqua qu’Arraf a dit à l’agence Maan News de Bethléem que le clip de sa voix, disant « nous avons la permission d’entrer de la capitainerie du port de Gaza », semblait avoir été extrait d’une communication au cours d’un voyage de flottille précédent (il y a eu neuf voyages depuis 2008) ("Israel under fire for doctoring flotilla recordings" 5 Juin 2010). « Quand ils nous sont appelés par radio [dans ce voyage], nous étions à plus de 100 miles », fait remarquer Arraf.

    Blumenthal attira l’attention sur la mystérieuse présence d’Arraf et sur d’autres incohérences du clip dans un article publié le 4 juin. Le lendemain, le MAF fit une déclaration admettant que le clip avait été substantiellement édité ("Clarification/Correction Regarding Audio Transmission Between Israeli Navy and Flotilla on 31 May 2010" 5 Juin 2010). Toutefois, le clip, incluant les paroles sur « Auschwitz » reste sur le site Web du MAF dans une version nouvelle « non éditée » de la soi-disant transmission.

    Un travail de limier high-tech révèle un réseau de tromperie

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    Peut-être le plus préjudiciable pour la crédibilité des récits israéliens fut une carte publiée par Ali Abunimah sur son bloc, générée en utilisant les données archivées des transmissions du système d’identification automatique (AIS) pour suivre la position du Mavi Marmara alors qu’il naviguait le matin du raid ("Did Israel press on with bloody attack on Mavi Marmara even as ship fled at full-speed ?" 7 Juin 2010). À l’aide de la carte, Abunimah fut capable de déterminer la localisation et la destination du bateau avec les émissions mettant son statut à jour. La carte a aussi positionné le Mavi Marmara aux moments exacts où les images des caméras de surveillance du navire - qu’Israël a publié sans effacer les marques chronométriques - furent apparemment enregistrées.

    D’après les données AIS, le Mavi Marmara s’est dirigé vers le sud, parallèlement à la côte israélienne et à plus de 80 milles de la côte - jusqu’à approximativement 4h 35, heure locale. À ce moment-là, le bateau vire brusquement vers l’ouest, s’éloignant de la côte de Gaza.

    L’attaque, dont les passagers survivants disent qu’elle a commencé juste avant quatre heures, a été communiquée aux militants grecs en communication directe avec le navire à un certain moment avant 4 h 51. Cependant la marque chronométrique vue dans le filmage communiqué de la caméra de sécurité, décrit en légende comme étant le moment où « les émeutiers commencent leur confrontation avec les soldats israéliens », indique que le clip a été filmé à 5h 03. Ceci est renforcé par le fait que la mer est apparemment éclairée par la lumière naturelle, ce qui n’aurait pas été possible une heure plus tôt.

    Cette preuve contredit directement les déclarations israéliennes concernant la séquence et le timing des événements, et jette un doute sur son narratif global. Tandis que la grande majorité des films du raid ont été saisis par Israël, ainsi que les Voyage Data Recorders (VDRs, l’équivalent maritime des « boîtes noires » des avions), les militants ont archivé assidûment toutes les données disponibles pour empêcher Israël de les altérer ou de les détruire. Au fur et à mesure de la disponibilité de données supplémentaires chrono datées, elles seront incorporées par les militants et inclues par des logiciels de cartographie pour aider non seulement à révéler ce qui s’est produit sur le Mavi Marmara, mais pour garantir une meilleure application de la responsabilité d’Israël quand il aura à répondre de flottilles futures.

    Une quantité significative de données apparaît déjà. Plusieurs survivants ont réussi à cacher des cartes mémoires de leurs geôliers israéliens, dont ils sont rendus les contenus disponibles aux journalistes à leur retour chez eux. Certaines photos, publié par le journal turc HaberTurk, montrent des passagers administrant une aide médicale aux soldats israéliens blessés et même les protégeant des prises de photos - ce qui semble contredire les allégations israéliennes disant que les passagers étaient résolus à un lynchage prémédité des commandos israéliens ("İsrail’den kaçırılan fotoğraflar" 4 Juin 2010).

    Des clips vidéos de survivants de la flottille récemment publiés montrent les soldats israéliens frappant du pied et du poing et tirant sur des passagers, dont un film qui d’après l’agence turque Cihan News montre le meurtre à bout portant de Furkan Dogan, un citoyen étasunien de 19 ans, par une arme automatique ("Israeli Soldiers Murdering Man Identified as Furkan Dogan" 10 Juin 2010). Une autopsie a montré que Dogan a reçu cinq tirs, dont un dans le dos et deux dans la tête presque à bout portant. D’autres vidéos montrent des hélicoptères tournant au-dessus de la flottille, apparemment avec des flammes de bouche et des sons de tirs, en accord avec les assertions des survivants disant que les commandos tiraient déjà avant de monter à bord des navires, stimulant ainsi la résistance limitée dont les passagers terrifiés ont fait preuve.

    Enquête internationale et interne

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    Le gouvernement israélien continue de rejeter l’idée d’une enquête internationale, en faveur de la sienne propre. Le 5 juin, le secrétaire général des Nations unies a proposé une commission internationale pour examiner la mort des neuf passagers de la flottille, mais l’ambassadeur d’Israël aux USA, Michael Oren, a annoncé à Fox Niouzes le lendemain qu’Israël refuserait « d’être enquêté par aucune commission internationale » ("Transcript : Amb. Michael Oren on ’FNS’," 7 Juin 2010 - [pas de lien]).

    Ceux qui demandent une enquête internationale ont de bonnes raisons de douter de la capacité d’Israël d’enquêter lui-même. D’après Human Rights Watch (HRW), citant des statistiques de l’organisation israélienne des droits humains Yesh Din, entre 2000 et 2008, « les soldats israéliens ont tué plus de 2 000 civils palestiniens non impliqués dans des combats dans les territoires palestiniens occupés. Sur 1 246 enquêtes criminelles débutées dans la même période pour des offenses suspectées de toute nature par des soldats contre des civils palestiniens, seules 6 % (78 cas) ont conduit à des poursuites. Seules 13 de ses poursuites accusaient les soldats d’avoir tué des civils. En septembre 2008, cinq soldats ont été inculpés pour la mort de quatre civils » ("Why No Justice in Gaza ? Israel Is Different, and so ..." 1 Octobre 2009).

    HRW à trouvé un schéma similaire sur les cas découlant de l’attaque infâme de trois semaines d’Israël sur Gaza, commençant le 27 décembre 2008. L’invasion, qui causa la mort de plus de 1 400 palestiniens, n’a conduit qu’à une seule inculpation criminelle - pour le vol d’une carte de crédit appartenant à une famille palestinienne après que les soldats aient pillé leur logement.

    Concernant l’attaque de la flottille, certaines sources du gouvernement israélien ont indiqué qu’elles permettraient à un « observateur » ou plus d’être inclus dans son enquête interne. Les gouvernements autour du monde ont insisté que ceci n’est pas une alternative acceptable à une véritable enquête internationale. Cependant, même un groupe complètement impartial chargé d’enquêter sur le raid analyserait les « preuves » (tels que les filmages saisis et les VDRs) qui ont été sous le contrôle complet de l’armée israélienne depuis l’assaut.

    Responsabilités et journalistes indépendants

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    Avec peu d’espoir d’une enquête formelle ayant une certaine crédibilité, les journalistes indépendants autour du monde ont reconnu le besoin de monter la leur. Le travail de journalistes indépendants parvient à un niveau croissant d’influence sur les grands médias. Et l’histoire des meurtres du Mavi Marmara, malgré le manque de volonté de beaucoup de reporters professionnels de contester publiquement la version israélienne des événements, ne fait pas exception.

    « C’est une question où, dans l’incident de la flottille, les circonstances morales et légales des violations israéliennes ont été si flagrantes et visibles que des médias indépendants ont eu une occasion plus importante d’être entendus », dit Richard Falk, expert en loi internationale et Rapporteur spécial de l’ONU sur les Droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés. Si l’ONU ou un autre organisme impartial montait une enquête internationale, elle « bénéficierait grandement des initiatives actives [de médias indépendants] pour renforcer ce qu’entreprendrait l’enquête », a commenté Falk pour cet article.

    Des journalistes indépendants ont déjà réussi à briser le mur du discours israélien dans les médias privés. Pendant presque une heure le matin du 5 juin, la plupart des comptes-rendus des grands médias sur la situation du quatrième bateau retardé de la flottille qui avait inclus le Mavi Marmara se sont basés presque exclusivement sur les informations recueillies depuis des messages partagés entre militants et journalistes indépendants via Twitter. Le travail d’Abunimah et de Blumenthal pour discréditer une bonne part du discours israélien a été cité in extenso dans un article du blogueur Robert Mackey du New York Times ("Photographs of Battered Israeli Commandos Show New Side of Raid" 7 Juin 2010).

    Le 10 juin, une conférence de presse de l’ONU a été consacrée à la présentation du filmage non censuré de l’assaut recueilli par la réalisatrice Iara Lee, qui promet de faire les grands titres avec d’innombrables images contredisant la version israélienne des événements.

    Paul Larudee, un militant de la région de San Francisco qui a participé à la flottille et a souffert d’un tabassage sévère le forçant à être hospitalisé, croit que le succès des journalistes indépendants dans la mise en évidence du discours incohérent d’Israël a eu un effet pour transformer la conscience populaire.

    « Il se passe quelque chose ici. Les perceptions commencent à changer », dit Larudee. « Les gens comprennent - ils comprennent qu’un convoi d’aide humanitaire a été attaqué, que les passagers se défendaient, malgré le travail de distorsion qu’Israël a créé dans les médias. Israël ne pourra plus soutenir ça très longtemps. Ça commence à s’effondrer complètement ».


    Abraham Greenhouse est le fondateur du Palestine Freedom Project (palestinefreedom.org), qui se spécialise dans l’étude et la fourniture de soutien pour le travail des militants de base solidaires avec la Palestine dans le monde.

    Nora Barrows-Friedman est une journaliste indépendante primée, qui écrit pour The Electronic Intifada, Inter Press Service, Truthout et d’autres médias. Elle rapporte régulièrement de Palestine, où elle anime aussi des ateliers multimédias pour les jeunes dans le camp de réfugiés de Dheisheh en Cisjordanie occupée.

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    Parmi les récents articles après l’agression israélienne contre le Mavi Marmara :

    -  Kidnappé par les Israéliens et abandonné par la Grande-Bretagne - Jamal Elshayyal
    -  Une erreur de communication ou une nécessité stratégique ? - Eve Spangler
    -  C’est drôle, ils se souviennent de leurs épithètes mais pas des bonnes manières - Mike Carlton
    -  Ce qui guide la politique d’Israël - Ilan Pappe
    -  Commission d’enquête : L’empire du ridicule - K. Selim
    -  CHOC : Le film de l’attaque de la Flottille qui a échappé à la censure israélienne - Iara Lee
    -  Le coup de griffe en suspens - Fidel Castro
    -  Pressions sur Israël pour lever le blocus de Gaza - Donald Macintyre
    -  Un journaliste italien : ma carte de crédit a été utilisée après m’avoir été confisquée par l’armée israélienne - Dimi Reider
    -  Offusqués par Helen Thomas - Alison Weir
    -  L’enfermement mortel de la psyché israélienne - Ilan Pappe
    -  Le constat s’impose : l’actuelle entité sioniste doit disparaître - Daniel Vanhove
    -  Israël : l’État hors-la-loi - Patrick Seale
    -  Chasse aux sorcières contre une députée arabe israélienne - Pétition - Jonathan Cook
    -  Un Etat qui se considère ayant droit à l’impunité - Gonzalo Boyé
    -  La vraie raison de l’attaque sur la flottille de Gaza : saboter la paix - Rannie Amiri
    -  Et maintenant ? La Flottille de la Liberté et le combat pour briser le siège de Gaza
    -  Rafeef Ziadah
    -  Un nouvel échec de la propagande israélienne : des photos montrent des passagers du Mavi Marmara venant en aide à des soldats israéliens
    -  Ali Abunimah - Omar Barghouti
    -  L’attaque de la flottille et les vues de la Turquie sur la Palestine - Murat Dagli
    -  Flottille pour Gaza : des militants assassinés froidement et à bout portant... - The Guardian
    -  Nos hommes politiques sont trop mous, trop lâches ... - Robert Fisk


     
     

    15 juin 2010 - The Electronic Intifada - traductgion : JPB

     

     


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  • Les tirs et les larmes

    Gilad ATZMON

    Ecoutez ça. Ce n’est pas une blague, et pas une satire non plus. C’est authentique presque autant que pitoyable. Le site israélien Ynet vient d’annoncer que les images des commandos israéliens capturés qui ont été publiées dans les journaux turcs avaient rouvert « des plaies anciennes parmi ces commandos israéliens qui avaient vécu des circonstances similaires. Jusqu’à présent, au moins quatre membres de commandos ont fait état d’une dégradation de leur santé (mentale) ».

    Alors que le reste du monde est scandalisé et furieux devant les images de ces commandos de la marine israélienne en train d’exécuter des militants pacifistes de sang froid, les Israéliens, eux, se plaignent, semble-t-il, de leur nouveau traumatisme imaginaire.

    Ynet explique : « les images insoutenables de commandos israéliens ligotés et ensanglantés sur le pont du Marmara ont laissé des séquelles graves aux soldats qui ne sont pas retournés au combat depuis plus d’un an. » Apparemment, ces traumatisés sont des soldats qui n’ont même pas participé à l’attaque.

    D’abord, permettez-moi de proposer un petit remède à ces « victimes » des commandos israéliens. Sur l’image suivante, ils peuvent voir que l’équipe médicale turque était occupée à soigner, sur le pont inférieur, les soldats qui avaient été légèrement blessés au moment même où leurs camarades exécutaient des militants pour la paix sur les ponts supérieurs. Je veux croire que une fois que les Israéliens auront réalisé que la compassion existe en dehors de leur ghetto hébraïque, ils pourront peut-être même se mettre à ressentir de l’empathie. Mais, là, je suis peut-être un peu trop optimiste.

    Ynet a appris qu’au moins quatre commandos d’élite de la marine avaient récemment contacté le Ministère de la Défense pour signaler que les images des soldats blessés qui avaient été diffusées dans les médias avaient engendré une dégradation de leur santé mentale et psychologique. Pas étonnant qu’Israël ait besoin d’autant de bombes atomiques. A voir la façon dont réagissent leurs soldats les plus aguerris devant des images de blessés légers, Israël ferait tout aussi bien d’utiliser son arme suprême contre la prochaine flottille humanitaire pour Gaza.

    Un des « membres des commandos souffrants » qui avait été enrôlé dans l’armée l’année dernière et n’avait pas participé à l’assassinat de sang-froid sur le Mavi Marmara raconte qu’il « n’avait pas reçu de formation sur la façon de se comporter dans une situation pareille, ni informé des répercussions possibles », comme par exemple, la perte de sommeil. Le guerrier kasher n’arrive pas à fermer l’œil la nuit. Pas si dramatique, je suppose, à côté des cinq militants pour la paix qui ne verront plus la lumière du jour.

    C’est drôle, mais Ynet n’a toujours pas parlé des commandos israéliens traumatisés par le massacre qu’ils ont commis quand ils ont exécuté les militants pour la paix dans les eaux internationales.

    Ynet, n’a toujours pas non plus dit si un responsable de la hasbara s’était suicidé après avoir été dénoncé pour avoir truqué et mis en scène les vidéos sur les violences commises sur le Mavi Marmara.

    Les Israéliens ne sont peut-être finalement pas si fragiles que ça.

    Gilad Atzmon

    ORIGINAL
    http://www.gilad.co.uk/writings/sho...

    Taduction : des bassines et du zèle http://blog.emceebeulogue.fr/ pour Le Grand Soir

    URL de cet article
    http://www.legrandsoir.info/Les-tirs-et-les-larmes.html

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  • Israël va organiser une grande conférence sur le tourisme pour l’OCDE.

     

    Quelques jours avant de nous la jouer "Pirates des gazawi" , Israël voyait son adhésion à l’OCDE acceptée par les 34 pays membres. Une entrée en grande pompe mais peu médiatisée à cause de l’arraisonnement de la flotille de Gaza. L’OCDE, c’est "l’Organisation de Coopération et de Développement Economique ".

     

    L’OCDE, en gros, de par sa composition, c’est l’Occident…

     

    En acceptant Israël, l’OCDE accepte son bilan économique et son organisation politique basés sur la colonisation et donc cautionne cette colonisation.

     

    Mais le plus drôle n’est pas là.

     

    L’OCDE a décidé solennellement d’organiser sa prochaine grande conférence en Israël.

    Une conférence sur le tourisme. Oui, vous avez bien lu.

     

    Israël, ses lieux saints chargés d’histoire, ses sites archéologiques, ses plantations d’oliviers, ses plages de sable fin, sa mer morte, sa vie nocturne, ses colons accueillants, ses soldats tolérants, ses check-points, son mur, ses patrouilles de garde-frontières aussi beaux qu’Arno Klarsfeld, ses commandos de marine qui adorent plaisanter avec les plaisanciers de passage, ses barbecues sur la plage au lance-flamme.

     

    Sans oublier, cette grande innovation touristique, son grand camp de vacances situé au sud, aux portes de la mystérieuse Egypte face à la mer Méditerranée où vous pourrez goûter aux joies du farniente sur la plage au milieu de son million et demi d’habitants pittoresques et chaleureux.

     

    Imaginez-vous vous mangeant des pruneaux, des grenades juteuses et des figues de barbarie. Bien calfeutré dans un abri de fortune kitch mais cosy, vous écouterez  la liesse des gazaoui réagissant au doux gazouillis des F16 le soir venu, avant de ressortir et d'assister aux feux d’artifice spécialement organisés pour votre séjour.


    Israël et son sens de l'accueil si développé que des soldats israéliens hilares ne manqueront pas de vous témoigner. Ils garderont des souvenirs de votre présence, sur la chanson de Rika Zaraï "Sans chemise, sans pantalon": passeport, appareil photo, camescope, vêtements de marque. Une sorte de fétichisme de l'hospitalité, malheureusement pas toujours bien compris.

    Leur naïveté est touchante: Ne pouvant vous retenir, ils tiennent à vous voir revenir.

     

    Le paradis qu’on vous dit !

    Milton ici


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