• La longue nuit des morts-vivants

    « Seul l’amour peut guérir de la haine ».

    En réalité, nous sommes dans la nuit des morts-vivants... [1]
    Oui, vraiment.

    Ce n’est pas un film, ou une histoire, mais la réalité : tous ces zombies autour de nous, et qui non contents d’être eux-mêmes morts et vivants, veulent nous attirer dans leur monde d’obéissance absolue, de conformisme et d’aveuglement.

    La lobotomisation des humains par le langage vidé de tout sens [2], l’inversion des valeurs fondamentales (novlangue), les plaisirs immédiats, la consommation aveugle, le travail abrutissant, les faux prophètes et les lâches, les menteurs, les meurtriers déguisés en héros et adulés en leaders...[3].

    Si vous regardez autour de vous, vraiment, avec curiosité et attention, vous les aurez sans doute remarqué : tous ces zombies, tous ces lobotomisés, intelligents et riches, contents et satisfaits, parfois un peu inquiets des rumeurs mais vite rassurés par Claire Chazal et Laurence Ferrari, et par les "Debunkers" : les prêtres de la norme absolue, du dogme unique.

    Terrorisme islamique et taliban, Iran nucléaire et hostile, réchauffement climatique dû au CO2, nécessité des vaccins, capitalisme indispensable, évolution darwinienne, un 11 septembre au cutter, un Israel qui ne fait que se défendre (préventivement), et des palestiniens qui terrorisent ...

    Une histoire lisse, un conte comme celui de nos enfances, où aujourd’hui, les USA et leurs alliés...sont le Bien, et le reste du monde des barbares à coloniser, à discipliner, à convertir.

    Car les zombies sont parqués, placés entre deux lignes qu’ils ne peuvent franchir sous aucun prétexte.

    Si par accident ou par un improbable concours de circonstances, ils traversaient la ligne, les prêtres modernes apparaissent, ils ne sont jamais très loin : Claire Chazal, Laurence Ferrari, Jérôme Quirant [4], Alain Minc (Le Monde), le New York Times, un docteur par ici, un expert par là, des ministres arrogants, des "spécialistes" condescendants... Il y a un « expert » pour chaque domaine, chaque pays, chaque groupe dissident.

    Les cerveaux humains, d’ordinaire de formidables machines à penser potentielles, sont vite remis sous clé.
    Esprits domestiqués.
    Emotions domptées.
    Pensées assimilées.
    Neurones digérés.

    Si vous regardez autour de vous, mais vraiment, avec attention, cette fois, en pleine conscience, avec curiosité, et que vous n’êtes pas un de ces morts-vivants, vous l’aurez sans doute remarqué, cela se voit à leur démarche, pleine de leur soumission, de leur reddition.

    Et à leur regard !
    Leurs yeux.
    Eteints, fixes.
    Il y a plus de vie dans des phares d’une voiture (d’occasion).
    Où sont les barreaux, les barbelés, les miradors ?
    Nulle part, pourtant.
    Invisibles, en tout cas.

    Et ce monde n’a jamais été autant rempli de prisonniers qui tournent eux-mêmes la clé dans la serrure, écoutant les menteurs professionnels, rassurants, et rejetant les amis qui veulent leur prendre la main et les encourager à réfléchir par eux-mêmes.

    La vie-mort envahit le monde, avec ses armées de prêtres modernes, d’experts et de spécialistes arrogants ; de Chazals, de Ferraris, de Quirants, d’Attalis, de Bernard-Henri Levys, d’Al Gores, de Bachelots, de voisins, d’amis, de personnes qui ont un avis sur tout mais ne sont prêts à aucune recherche personnelle, l’esprit ouvert à 180°.

    Ceux qui ressentent encore l’appel de la conscience et de la vérité,
    ceux dont le cœur se pince encore devant les atrocités commises dans le monde et devant toutes les guerres menées par le prix Nobel de la paix,
    ceux que le siège de Gaza, l’écrasement des chemises rouges, le pillage de l’Afrique et de l’Amérique du Sud... touchent encore,
    ceux qui ne dormiront comme avant que lorsque les vrais meurtriers du 11 septembre seront sous les verrous,
    tous ceux-là ne sont pas plus parfaits, ne sont pas meilleurs, ne sont pas plus courageux ou plus valables que tous les autres.

    Mais eux ne sont pas encore morts... - vivants.
    Pas encore.

    "The Ultimate weakness of violence is that it is a descending spiral,
    Begetting the very thing it seeks to destroy.
    Instead of diminishing evil, it multiplies it.
    Through violence you murder the hater but you do not murder hate.
    (Avec la violence, vous tuez le haineux mais pas la haine)
    In fact, violence merely increases hate.
    Returning violence for violence multiplies violence,
    Adding deeper darkness to a night already devoid of stars.
    Darkness cannot drive out darkness ; only light can do that.
    Hate cannot drive out hate ; only love can do that."
    (La haine ne peut éteindre la haine, seul l’amour peut faire cela.)
    Martin Luther King

    Pascal Sacré

    Sources :

    [1] http://archive.filmdeculte.com/cult...

    [2] http://www.lalibre.be/debats/opinio...

    [3] http://contre-la-pensee-unique.org/...

    [4] Critique français des théories alternatives sur les attentats du 11 septembre 2001.

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  • Le TNP ou la logique du leurre

    Le compromis qui a été arraché dans les derniers jours de la conférence d’examen permet à chacun de sauver la face, de pouvoir se rassurer, de faire valoir ses talents de négociateur dans le cadre de la diplomatie atomique. De se leurrer. Pour combien de temps ?

    N’ayant pas vocation à désarmer qui que ce soit, n’ayant pas la capacité de dissuader quiconque à trop enrichir d’uranium, (au nom de l’article IV), le TNP perd-il sa raison d’être ? Il n’a joué aucun rôle dans la désescalade (de 65.000 à 10.000 têtes nucléaires) entre les deux Grands au cours de ces 30 dernières années.

    Et demain ? Durant le marathon onusien de New York, théâtralisé par Paris (1), le Moyen-Orient a été une carte maîtresse. Parce que la bombe israélienne est un secret de polichinelle, parce que l’Egypte présidait le groupe des Non Alignés (NAM) et parce que la promesse (non tenue) avait déjà été formulée en 1995, en échange d’une extension indéfinie du Traité, que réclamait mordicus l’Occident. Dans le cadre de ce marchandage qui a duré du 3 au 28 mai, la diplomatie égyptienne a marqué un point : le document final de 28 pages fait mention d’une conférence en 2012 qui viserait – gardons le conditionnel – à établir au Moyen-Orient une zone exempte d’armes de destruction massive. On aimerait déceler dans cette résolution le début du commencement d’une remise en cause du fameux ‘deux poids deux mesures’ ou des « doubles standards » auxquels faisait allusion le président Mahmoud Ahmadinejad. Mais les vieux réflexes perdurent et la Maison Blanche a tenu à rappeler dès le lendemain que les Etats-Unis ne voulaient guère « stigmatiser Israël » (2).

    En échange, les Etats nucléaires (5 reconnus comme tels par le TNP sur 9) ont obtenu de la part des NAM une concession non négligeable : que l’on fasse l’impasse sur les conditions pratiques du processus de désarmement. Les NAM ont donc accepté, au grand regret du chef de la délégation iranienne (soutenu du bout des lèvres par quelques ONG pacifistes), que la mention d’une date-butoir pour le désarmement nucléaire total – 2025 - ne figure nulle part dans le document final. Bref, les Etats nucléaires – du moins les Cinq qui sont ‘passés à l’acte’ avant 1967 - bénéficient ainsi d’une sorte de non-lieu, quelles que soient leurs infractions (réelles ou supposées) en matière de prolifération verticale, un concept de plus en plus évincé du vocabulaire.

    Ils sont uniquement tenus de proclamer leur engagement à « progresser dans la voie du désarmement nucléaire général » ; ce qu’ils ont fait en adhérant au TNP, (article 6) et c’est ce qu’ils ont l’intention de promettre de façon aussi indéfinie que le TNP lui-même. Le désarmement ainsi formulé ou plutôt non formulé autorise donc le maintien d’armes nucléaires américaines en dehors de leur territoire ; la poursuite de la production de matières fissiles, les Chinois ayant refusé le moindre moratoire ; la paralysie des négociations à Genève sur un cut-off en raison de l’opposition des Pakistanais.

    Avec pour toile de fond une hypothétique et improbable conférence sur les ADM au Moyen-Orient et, donnant-donnant, un désarmement nucléaire non spécifié renvoyé aux calendes grecques, on comprend que certains observateurs comme François Heisbourg (3) estiment que « c’est un match nul, et pas n’importe quel match nul, mais 0 à 0 » (4). Tandis que la partie n’est gagnée pour personne, on pourrait même estimer que l’addition risque d’être salée pour tout le monde.

    Primo, les diplomaties occidentales, en dépit de la prolifération des incantations abolitionnistes de certains, ont échoué dans leur stratégie de marginaliser les enjeux du désarmement. Depuis la deuxième guerre d’Iraq, une défiance est de plus en plus manifeste à l’égard de ceux qui s’érigent en gardiens du Temple et qui ont offert des sauf-conduits aux tricheurs ; d’où l’idée d’Ahmadinejad de modifier les acronymes du TNP en incluant le désarmement. Et le dirigeant iranien de poursuivre : « Comme dirait un dicton iranien "un couteau ne peut jamais couper son manche" ».

    Secundo, comme l’avouait récemment un représentant du Quai d’Orsay, Téhéran « s’en est bien sorti ». En effet, on retiendra de la rencontre de 2010 que l’Occident bien-pensant, avec une France fanatiquement anti-iranienne, n’est pas parvenu à faire de Téhéran le bouc émissaire de la dérive prolifératrice. Le boycott du discours du président iranien, la censure de ses propos par les télévisions occidentales n’ont rien changé. Disposé à mettre en cause la compétence de l’AIEA en matière d’évaluation des risques, l’Iran, avec un budget de défense estimé à 6 milliards U$ (5), enrichit son uranium à 20 % depuis le mois d’avril. Mieux encore, les dirigeants de Téhéran ont trouvé des relais (de poids) à Brasilia et Ankara pour contourner les donneurs de leçons, dont les Français ; et relégué au second plan l’offre de la Commission Européenne de soutenir, techniquement et financièrement, la création d’une banque de combustible nucléaire placée sous le contrôle de l’AIEA (mars 2009).

    Tertio, l’Interpol nucléaire, est détrôné. Certes, la proposition iranienne d’en exclure les Etats-Unis n’est pas crédible (6). La rallonge de 100 millions de dollars au budget de l’AIEA, censée lui donner un lifting mérité, équivaut plutôt à un lot de consolation. En tout cas, les tenants du code de bonne conduite (nucléaire) essuient une défaite en renonçant à toute prétention d’imposer à tout le monde la signature et la ratification du protocole additionnel - accepté par 85 sur 145 pays. Si l’Occident a cédé sur ce point, c’est aussi parce que la vertu de l’exemple ne s’y applique pas : les Etats-Unis sont les premiers réfractaires à toute inspection intégrale, qualifiée d’intrusion, que ce soit dans le cas du protocole additionnel ou du CTBT (7).

    Le résultat en trompe-l’œil de ces négociations rituelles reflète le désarroi des artisans d’un TNP victime de sa réputation (8), assimilé aux manigances de ceux qui brandissent le spectre d’ ‘Etats proliférants’, inadapté aux nouveaux rapports de forces nucléaires, déconnecté car non réformable. Dans la nouvelle configuration qui se dessine, des candidats à la bombe vont adopter soit la posture israélienne d’antan du nor deny nor confirm (9) (ne pas nier, ne pas confirmer - NdR), soit la position iranienne d’aujourd’hui. La dissuasion virtuelle (weaponsless deterrence), c’est-à-dire le comble de la dissuasion. Ces Etats flirteront subtilement avec l’ambiguïté nucléaire. Le flou aidant, sur la définition d’une arme, les conditions de retrait, la nature d’une violation, ils se maintiendront au ‘seuil’ (le Japon ?) avec ou sans bluff, (la Corée du Nord) sans exiger de statut, sans ambitionner de rejoindre quelque club que ce soit. Au nom de la dissuasion, bien sûr, ou de sa caricature.

    Ben Cramer

    (1) Cf. le site français http://francetnp2010.fr/ et le recours à Twitter

    (2) Cf. ‘Le Monde’ 30-31 mai 2010

    (3) Expert auprès de la FRS

    (4) Conf. de presse, Paris, le 9 juin

    (5) Cent fois moins que celui des Etats-Unis

    (6) Suspension de tout Etat qui utilise l’arme nucléaire ou menace d’y recourir

    (7) Comprehensive Test Ban Treaty, ou Traité d’interdiction des essais nucléaires

    (8) Symbole de l’apartheid nucléaire pour certains, Traité de prolifération nucléaire pour d’autres

    (9) Cf. http://www.cirpes.net/article209.html

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  • la décroissance, une théorie économique bien trop sage

    Posté par calebirri le 25 juillet 2010

    La décroissance est une théorie attrayante et qui peut paraître censée, et qui même pour certains semble devoir lutter contre le capitalisme. Mais dans la réalité, et malgré la bonne volonté évidente de ses défenseurs, cette théorie sert moins les idées qu’elle défend que celles qu’elle attaque. Partant du principe que les ressources planétaires sont limitées et mis en rapport avec la soif infinie de consommation des êtres humains, certains penseurs philanthropes et raisonnables ont imaginé qu’il fallait que l’homme se restreigne dans ses mouvements naturels, afin de protéger les futures générations du mal qui ronge notre planète, et qui finira par nous engloutir ensuite. Mais si cette idée est fortement teintée d’humanisme, et qu’elle semble parée des meilleures intentions du monde, il ne faut tout de même pas oublier qu’elle prône clairement une baisse de la consommation maintenant, pour ne pas à avoir à faire face à une brutale pénurie, plus tard.

    Mais s'il ne fait aucun doute que je considère la surconsommation comme un mal à combattre, et que pour moi aussi le fait de rechercher à tout prix la croissance est cause de notre surproduction et de la surexploitation des ressources, je ne peux me satisfaire d'une théorie qui frustre les désirs et les espoirs d'un monde meilleur, sans lesquels il est vain de vouloir perpétuer l'espèce humaine.

    Car il faut discuter de ce que l’on appelle « croissance », à savoir si elle n’est qu’économique ou s’il faut prendre d’autres facteurs en compte. Et si il est assez aisé de définir ce qu’est la croissance économique (augmentation du PIB, c’est à dire de la production dans un temps donné), il est beaucoup plus délicat d’expliquer ce qu’est la croissance « pure », qui n’est en quelque sorte qu’une augmentation sans objet précis, ou une simple vue de l’esprit. Il faut pour qu’il y ait croissance un qualificatif à y ajouter (la croissance « de quelque chose »). C’est ainsi que la théorie de la décroissance se trouve devenir soit une décroissance « économique », soit une décroissance sans objet. Et une décroissance économique, c’est encore du capitalisme, calculé selon des facteurs économiques, à l’intérieur du système que cette théorie dénonce.

    Que veulent donc les « décroissants » ? le retour à une vie plus censée, moins tournée vers la rentabilité et le profit, vers moins de consommation, moins de pollution et plus de morale, de raison ? faut-il alors dénoncer la technologie et ses avancées pour retourner en arrière, se passer de la machine à vapeur et de ses mines de charbon pour partager notre misère avec les autres misérables ? faut-il réapprendre à vivre dans des cabanes en bois insalubres, avec des chevaux pour moyen de locomotion et la bougie pour éclairage ?


    Non, personne ne peut vouloir cela, car en quittant le monde de la consommation et de la production ce n’est pas seulement la croissance économique et le capitalisme que nous renverserions, mais aussi et surtout l’idée de progrès, idée sans laquelle l’homme ne peut avancer. C’est nier l’homme en même temps que ses désirs, et faire preuve d’obscurantisme, car nous ne réglerons pas le problème des inégalités et de l’injustice sociale en retournant en arrière, ni en abaissant nos prétentions au point de vouloir devenir tous pauvres. L’égalité, la justice ne sont pas des concepts minimums, orientés selon des critères revus à la baisse pour satisfaire au plus grand nombre, mais au contraire l’expression de la volonté des êtres humains d’accéder tous à “plus” d’une part, et à “mieux” d’une autre.

    Consommer moins c’est produire moins, c’est travailler moins, c’est gagner moins. On ne brisera ni le capitalisme ni les inégalités par la décroissance, on ne fera que satisfaire aux désirs de ceux qui veulent licencier sans peine. Et si il est effectivement possible que les riches, à terme, soient contraints à moins de consommation par manque de ressources, ce ne sera pas le signe d’une plus grande justice, mais plutôt le constat d’échec de l’humanité qui ne sera pas parvenu à faire profiter des bienfaits de la civilisation à tous. 

    La décroissance ne peut pas renverser le capitalisme pour sauver l’humanité, mais l’humanité doit renverser le capitalisme pour parvenir à une croissance juste. Ce n’est qu’une fois le capitalisme supprimé qu’une sorte de décroissance pour certains(ou une croissance pour d’autres) pourra être instituée. Elle doit être le résultat de l’éducation à l’inutilité du superflu, de l’inutile et du jetable, comme une philosophie ou une religion dans laquelle la planète serait le Dieu à honorer. Ce n’est pas la croissance qu’il faut donc supprimer, mais sa définition qu’il faut revoir. Une croissance économique est un contresens, alors qu’une croissance « humaniste » exclut la croissance économique. Ce sont les règles du capitalisme qui impliquent la première définition, et pour en sortir c’est le capitalisme qu’il faut détruire, pas l’humain.

    Cette erreur d’interprétation  sur la conception décroissante provient en effet d’un diagnostic erroné, que l’on peut résumer par la phrase d’un certain Kenneth Boulding, « celui qui croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste ». Car aujourd’hui nous savons que le monde n’est pas fini. La croissance infinie n’est pas une croissance économique détruisant les ressources, mais la potentialité d’un univers dont on ne connaît pas le quart du millième, et qui peut nous offrir les ressources infinies dont « l’aventure humaine » a besoin pour son développement. Nous savons comment produire beaucoup et propre, renouvelable et durable, juste et équitable. Nous avons la capacité de nourrir et de loger plus et mieux, sans nuire ni à la planète ni à l’être humain.

    Mais nous n’y arriverons pas sans devenir un peu fous, c’est à dire en se donnant la possibilité de devenir sages. Pour parvenir à une croissance infinie en symbiose avec la nature (elle-même infinie), il nous faut avoir suffisamment de rêves et d’imagination pour se séparer des concepts négatifs tels que la croissance (ou la décroissance) économique, pour nous projeter dans autre monde, sans économie, c’est à dire sans argent.

    La rareté supposée des ressources sur laquelle s'appuie les décroissants est une illusion capitaliste permettant de rendre “vendable” ce qui appartient en commun à l'humanité, car en réalité les énergies comme l'air, le soleil et l'eau sont quasiment inépuisables, pour peu qu'on passe d'une réflexion économique à une réflexion en accord avec l'être humain. Ce n'est donc pas en utilisant moins sa voiture qu'on sauvera la planète, mais en supprimant le pouvoir de ceux qui nous empêchent d'accéder à une ressource gratuite, afin de pouvoir rouler en voitures solaires tout notre saoul. Cela implique donc de remplacer la rareté par l'opulence, de remplacer l'argent par la gratuité.

    Alors à tout prendre, je préfère être considéré comme fou, et appeler de mes voeux non pas la décroissance, non pas la croissance, mais à l’abolition pure et simple de l’argent, seul responsable de tous les maux qui nous accablent, et qui détruisent la planète. La gratuité est le seul moyen d’y parvenir, car elle allierait à la fois croissance infinie et justice, et tout cela sans nuire aux ressources offertes par la Nature.


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  • Les bombes à fragmentation et la vie des civils : meurtres, profits et Droits de l’Homme

    Ramzy Baroud ici 


    Grâce à un récent rapport d’Amnesty International, on reparle des bombes à fragmentation, écrit Ramzy Baroud.
     
     

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    Mohamed Mouss, 12 ans, a été très gravement blessé en 2006 à cause d’une bombe israélienne à fragmentation.

    L’organisation de défense des Droits de l’Homme a confirmé que 35 femmes et enfants ont été tués à la suite des dernières attaques lancées par les États-Unis sur une cache présumée d’Al-Qaïda au Yémen.

    Tout d’abord, il y a eu des tentatives pour enterrer les faits, et le Yémen a démenti officiellement que des civils aient été tués à la suite de l’attaque du 17 Décembre sur al-Majala dans le sud du Yémen. Mais il a été tout simplement impossible de cacher ce qui est maintenant considéré comme le plus grand massacre commis dans une seule attaque des États-Unis dans le pays.

    Si le nombre de victimes civiles est le résultat en effet d’une erreur de calcul de la part de l’armée américaine, il ne devrait plus y avoir de doute sur le fait que le genre d’armes utilisé est beaucoup trop dangereux pour être utilisé en temps de guerre. Et ces armes n’ont certainement aucune place dans des zones civiles. Les pertes humaines sont trop importantes pour pouvoir justifier quoi que ce soit.

    Le Yémen n’est pas un cas isolé. Gaza, le Liban et l’Afghanistan sont aussi des exemples frappant des souffrances et pertes indicibles causées par les bombes à fragmentation. Pendant ce temps, l’armée israélienne, sans le moindre remords, n’envisage aucunement d’abandonner l’utilisation de bombes à fragmentation dans des zones civiles. Au contraire, elle s’interroge sur les moyens de les rendre « plus efficaces ». Le Jerusalem Post a rapporté le 2 juillet, que « l’armée a récemment effectué une série de tests avec une petite bombe qui dispose d’un mécanisme d’autodestruction conçu spécialement et qui réduit considérablement la quantité de munitions non explosées. »

    Lors de l’attaque israélienne sur le Liban durant l’été 2006, Israël a lancé des millions de petites bombes, principalement dans le sud du Liban. En plus des dévastations et morts immédiates, les munitions non explosées continuent de persécuter les civils libanais, la plupart des victimes étant des enfants. Des dizaines de vies ont été perdues depuis la fin de cette guerre.

    A Gaza, le même terrible scénario s’est répété entre 2008 et 2009. Mais contrairement aux Libanais, les Palestiniens pris au piège dans la bande de Gaza n’avaient nulle part où aller.

    A présent, Israël anticipe une nouvelle guerre avec la résistance libanaise. En prévision, une campagne israélienne de propagande est déjà lancée. Il faut convaincre l’opinion publique israélienne qu’Israël fait tout son possible pour éviter les pertes civiles. « Suite aux dommages collatéraux et à la condamnation internationale, et dans la perspective d’un possible nouveau conflit avec le Hezbollah, l’armée israélienne a décidé d’évaluer les petites bombes M85 fabriquées par l’industrie militaire israélienne (IMI - industrie appartenant à l’Etat), » signale le Jerusalem Post.

    Bien sûr, les amis d’Israël, en particulier ceux qui n’ont pas encore ratifié la Convention sur les munitions à fragmentation, seront comblés par les premiers succès des tests de l’armée israélienne. Sous pression pour ratifier l’accord, ces pays ne sont que trop désireux d’offrir une version plus « sûre » des modèles actuels de bombes à fragmentation. Cela permettrait non seulement de maintenir les énormes profits générés par cette activité moralement odieuse, mais cela devrait aussi étouffer les critiques de plus en plus fortes venant de la société civile et de certains gouvernements dans le monde.

    En Décembre 2008, les États-Unis, la Russie et la Chine, entre autres, ont adressé un message terrible au reste du monde. Ils ont refusé de prendre part à la signature historique du Traité interdisant la production et l’utilisation de bombes à fragmentation. Dans un monde qui est en proie à la guerre, à l’occupation militaire et aux actes terroristes, la participation des grandes puissances militaires à cette signature et à cette ratification de l’accord aurait marqué - même si ce n’est que symboliquement - la volonté de ces pays d’éviter les morts injustifiables de civils et les durables cicatrices liées aux guerres.

    Heureusement, ces refus n’ont pas totalement fait obstacle à un accord international. Le militantisme infatigable de nombreuses personnes et d’organisations de conscience s’est concrétisé les 3 et 4 décembre [2008] à Oslo, en Norvège, où quatre-vingt treize pays ont signé un traité d’interdiction de ce type d’arme.

    Malheureusement, bien que ce soit sans surprise, les États-Unis, la Russie, la Chine, Israël, l’Inde et le Pakistan - un groupe qui comprend les principaux fabricants et utilisateurs de ce genre d’arme - n’ont ni participé aux négociations en Irlande du mois de mai 2008, ni montré aucun intérêt à la signature de l’Accord d’Oslo.

    La plupart des pays qui ont signé l’accord ne sont pas impliqués activement dans un conflit militaire. Ils ne bénéficient également d’aucune manière de la juteuse industrie des munitions à fragmentation.

    Le traité est le résultat d’une campagne intensive de la Cluster Munition Coalition (CMC), un groupe d’organisations non gouvernementales. La CMC est déterminée à poursuivre sa campagne pour amener plus de pays à signer.

    Mais sans la participation des principaux producteurs et utilisateurs de l’arme, la cérémonie d’Oslo est restée largement symbolique. Toutefois, il n’y a rien de symbolique dans la douleur et les pertes subies par les nombreuses victimes des bombes à fragmentation. Selon le groupe Handicap International, un tiers des victimes des bombes à fragmentation sont des enfants. Tout aussi alarmant : 98 % des victimes de ces armes sont des civils.

    Handicap International estime qu’environ 100 000 personnes ont été mutilées ou tuées par des bombes à fragmentation dans le monde entier depuis 1965. Contrairement aux armes classiques, ces petites bombes survivent de nombreuses années, trompant les petits enfants avec leur belle apparence. Les enfants font souvent l’erreur de prendre ces sous-munitions pour des paquets de friandises ou des jouets.

    Récemment, des nouvelles encourageantes nous sont venues des Pays-Bas. Maxime Verhagen, le ministre des Affaires étrangères, a exhorté la Chambre des représentants de son pays à ratifier la Convention, qui interdit la production, la possession et l’utilisation de ces munitions. L’interdiction ne laisse aucune place à aucune fausse interprétation et ne tient aucun compte des expérimentations de l’armée israélienne.

    Dans son discours, Verhagen a rappelé avec force que « les sous-munitions ne sont pas fiables et qu’elles sont imprécises, et leur utilisation pose un grave danger pour les populations civiles ... des années après qu’un conflit ait pris fin, les gens - particulièrement des enfants - peuvent être victimes de sous-munitions non explosées venant de bombes à fragmentation. »

    À ce jour, l’accord a été signé par 106 pays et ratifiée par 36 autres - et il entrera en vigueur ce 1er août 2010, malgré le fait que les plus grands responsables refusent d’y prendre part.

    L’initiative des Pays-Bas est certainement un pas dans la bonne direction. Mais il reste encore beaucoup à faire. Cela incombe aussi à la société civile dans les pays qui n’ont pas encore ratifié la convention ou qui doivent en premier lieu la signer. « Tout ce qu’il faut pour que le mal triomphe, c’est que les hommes (et femmes) de bonne volonté ne fassent rien. » Ceci est également vrai pour la question des bombes à fragmentation, comme dans tout autre domaine où les Droits de l’Homme sont violés et ignorés.

    [NB] Le parlement français vient de ratifier, ce 6 juillet 2010 et à l’unanimité, un projet de loi « tendant à l’élimination des armes à sous-munitions ».

    (JPG)

    Ramzy Baroud (http://www.ramzybaroud.net) est un journaliste international syndiqué et le directeur du site PalestineChronicle.com. Son dernier livre, Mon père était un combattant de la liberté : L’histoire vraie de Gaza (Pluto Press, London), peut être acheté sur Amazon.com.

    Du même auteur :

    -  Les Palestiniens réfugiés au Liban : La réparation d’une vieille injustice - 29 juin 2010
    -  Le vieil enfant de Gaza et la mer - 11 juin 2010
    -  Tu écris avec quelle main ? - 28 avril 2010
    -  De Neptune à Gaza - 26 avril 2010
    -  L’indispensable IslamOnline ne doit pas faillir - 14 avril 2010
    -  Le lobby pro-israélien contre l’Amérique : à propos des mensonges de Netanyahu et de la lâcheté des politiciens - 5 avril 2010
    -  Afghanistan : et l’agonie continue - 1e avril 2010
    -  Une autre lecture de l’assassinat d’Al-Mabhouh - 14 mars 2010


    8 juillet 2010 - Communiqué par l’auteur - Traduction de l’anglais : Claude Zurbach

     

     


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  • Biométrie et fichage généralisé, les dérives d'une gestion sécuritaire de la délivrance des visas

    08 juillet 2010 | CIMADE

    L’introduction de la biométrie et le stockage des données concernant les demandeurs de visa dans des fichiers communs à tous les pays de l’Union Européenne menacent sérieusement les libertés individuelles. D’autant plus que de nombreux consulats pensent recourir à des prestataires extérieurs pour recueillir ces données sensibles, et en particulier les données biométriques.

    > Biométrie : la nouvelle arme pour traquer la fraude

    La biométrie consiste en un relevé d’empreintes digitales et une numérisation de l’image faciale.

    Son introduction en matière de visas fait suite à une décision du Conseil Européen du 8 juin 2004 ayant pour but de favoriser le contrôle et la lutte contre l’immigration illégale et la fraude à l’identité. Elle s’impose aujourd’hui à l’ensemble des Etats Schengen. En France, son déploiement a débuté en 2005 et doit en principe être généralisée d’ici le 1er janvier 2012.

    En 2008, 101 postes consulaires ou diplomatiques étaient équipés. L’objectif était de parvenir, fin 2009, à un pourcentage de 50% de visas biométriques par rapport à l’ensemble des visas délivrés.

    A l’exception des chefs d’Etat et des membres des gouvernements nationaux, la biométrie concernera à terme tous les demandeurs de visa âgés de plus de douze ans.

    En 2007, la CNIL avait pourtant déjà émis des réserves sur l’utilisation accrue de la biométrie en rappelant les risques liés à cette technologie, dont « l'utilisation doit rester exceptionnelle ». Elle considérait que ces dispositifs « ne sont justifiés que s'ils sont fondés sur un fort impératif de sécurité » et qu’ils doivent être limités « au contrôle de l'accès d'un nombre limité de personnes à une zone bien déterminée, représentant ou contenant un enjeu majeur […] tel que la protection de l'intégrité physique des personnes » .

    De même, à la suite de la proposition de la commission européenne d’insérer la photo et les empreintes digitales dans les visas, les autorités nationales en charge de la protection des données réunies au sein du groupe européen dit « G 29 » avaient fait savoir qu’elles acceptaient les données biométriques dans la puce du document mais qu’elles étaient très réservées sur la conservation de ces données dans des fichiers centraux .

    Le Comité consultatif national d’éthique s’inquiète lui aussi de la généralisation du recueil d’informations biométriques et des risques qu’elle comporte pour les libertés individuelles.

    Extrait du rapport du Comité Consultatif National d'Ethique, "Biométrie, données identifiantes et droits de l'homme" .

    "Ces risques sont d’autant plus préoccupants qu’ils sont démultipliés par la montée en puissance de nouvelles technologies destinées au recueil et à la transmission de données personnelles, qui représentent un danger accru pour les libertés. En effet les méthodes modernes de recueil se fondent sur de nouvelles générations de puces électroniques capables de recueillir et de stocker de grandes quantités de données et de les transmettre très efficacement par télémétrie.

    Malgré leur apparente neutralité, ces données […] peuvent être détournées en vue d’une surveillance abusive des comportements. […] Ce risque de détournement est encore aggravé par la possibilité de transmettre de telles données par des techniques performantes de télémétrie qui ne garantissent nullement leur confidentialité et n’offrent aucune protection contre une utilisation illégitime. Le passeport biométrique récemment mis en service dans 27 pays d’Europe et d’Amérique illustre bien les risques d’abus de la télémétrie : des expertises convergentes réalisées par des sociétés de sécurité informatique et par le groupe Fidis (Futur de l’identité dans la société de l’information) pour le compte de l’Union Européenne ont montré que la confidentialité des données transmises à partir des puces électroniques intégrées au passeport biométrique était illusoire.

    La généralisation, la centralisation et la divulgation, même accidentelle, d’informations biométriques comportant des indications d’ordre personnel doit donc impérativement être efficacement encadrée, afin d’éviter qu’elles ne réduisent l’identité des citoyens à une somme de marqueurs instrumentalisés et ne favorise des conditions de surveillance attentatoires à la vie privée."


    > Vers une externalisation discutable du relevé des empreintes biométriques

    Pour que soient relevées ses empreintes biométriques, le demandeur de visa doit se présenter physiquement au consulat. Or, les consulats qui ont procédé à l’externalisation poussée du traitement des demandes de visa ne reçoivent que très rarement les demandeurs puisque l’essentiel de la procédure est géré par une entreprise privée. L’introduction de la biométrie signifierait donc pour eux un retour en arrière dans la mesure où chaque demandeur serait tenu de se présenter au consulat. Reviendraient alors les longues files d’attentes et les mauvaises conditions d’accueil du public. Et pour organiser ces rendez-vous, nombre de consulats devraient s’équiper, réorganiser leur accueil et leurs locaux et recruter davantage de personnel.

    Pour l’éviter, le gouvernement souhaite externaliser le relevé des empreintes biométriques. Un décret du 10 juin 2010 prévoit une expérimentation de cette externalisation pour une période d’un an dans les consulats de France d’Alger, d’Istanbul et de Londres, qui traitent à eux trois 15% de la demande mondiale de visa pour la France. A l’issue de cette phase d’expérimentation et au vu des résultats du bilan qui doit en être fait, l’extension du dispositif aux autres pays sera envisagée.

    La CNIL, qui a été saisie pour avis sur ce projet d’expérimentation, a exprimé de « sérieuses réserves » sur la possibilité de recourir à des prestataires extérieurs pour collecter les identifiants des demandeurs de visa, compte tenu à la fois des « caractéristiques de ces éléments d’identification, des usages possibles de ces données par des prestataires de service ainsi que par les autorités locales, et des risques d’atteintes graves à la vie privée et aux libertés individuelles en résultant » . Elle demande que des solutions alternatives soient mises en place pour éviter le recours à des entreprises privées, telle qu’une coopération entre Etats membres pour la mise en place de centres communs de traitement des demandes de visa.

    Avec l’externalisation du relevé des empreintes biométriques, une étape supplémentaire est franchie. Reste à espérer que toutes les garanties seront effectivement mises en place pour assurer la confidentialité, l’intégrité et l’authenticité des informations enregistrées.

    > Tous fichés ?

    Au niveau européen, les données concernant les demandeurs de visa, et en particulier les données biométriques, pourront être échangées entre les Etats membres. Un règlement européen  prévoit la mise en place d’un Système d’Information sur les Visas (VIS) et l’échange de données entre les Etats membres sur les visas de court séjour. Il s’agit en effet de créer une base de données commune aux Etats membres sur tous les demandeurs de visa, quelle que soit l’issue de leur demande. Le but est de simplifier les demandes de visa mais surtout de prévenir le « visa shopping » et de faciliter la lutte contre la fraude et les contrôles aux frontières... Mais le VIS a un autre objectif : permettre une identification des personnes restées sur le territoire européen au-delà de la durée de validité de leur visa et faciliter ainsi leur expulsion.

    Une première étape de mise en œuvre du VIS devrait être réalisée pendant le second semestre 2010, afin d’être véritablement opérationnel en 2012 pour l’ensemble des Etats membres. Le VIS est appelé à devenir la plus importante base de données biométriques au monde : cinq ans après sa mise en route, les données personnelles d’environ 100 millions d’individus y seront stockées !

    Le VIS doit en outre être relié aux fichiers nationaux des Etats membres tels que, pour la France, le fichier VISABIO et Réseau Mondial Visa (RMV 2) qui permet déjà aux autorités françaises d’échanger des informations avec les autorités centrales des pays Schengen.

    Au niveau français, les fichiers sont multiples :

    Le fichier RMV 2 a pour finalité de faciliter les échanges d’information lors de l’instruction des demandes de visa et d’assurer le suivi des recours contre les refus de visa.

    RMV 2 est lui-même composé d’un important ensemble de sous-fichiers, parmi lesquels :

    - le fichier des demandes, délivrance et refus de visas ;

    - le fichier central d’attention, alimenté par les ministères des Affaires étrangères et de l’Immigration, qui enregistre des informations relatives aux cas de fraudes, aux personnes ayant été frappées par une mesure d’expulsion ou dont la venue en France constituerait une menace pour l’ordre public, ainsi qu’aux signalements répertoriés dans le Système d’Information Schengen (fichier qui est systématiquement consulté dans le cadre de l’instruction d’une demande de visa) ;

    - le fichier consulaire d’attention, alimenté par les consulats, qui enregistre des signalements favorables ou défavorables ;

    - le fichier des interventions qui enregistre les cas dans lesquels une demande de visa a été appuyée par un intervenant extérieur ;

    Il est prévu que deux nouveaux sous-fichiers alimentent également RMV 2 :

    - le fichier d’authentification des actes d’état civil qui vise à faciliter la lutte contre les usurpations d’identité et la fraude documentaire ;

    - un fichier permettant l’enregistrement de données relatives au retour dans leur pays d’origine des personnes à expiration de leur visa.

    En plus des agents amenés à intervenir dans l’instruction d’une demande de visa et de la police aux frontières, ce fichier est consultable par un nombre conséquent d’individus : les agents de l’OFII, de la commission des recours contre les refus de visa, de la direction centrale du renseignement intérieur ainsi que de la direction centrale des douanes et des droits indirects !

    Le fichier VISABIO enregistre les données personnelles –notamment biométriques - des demandeurs de visa pour la France. Il permet de développer des systèmes de contrôles biométriques aux frontières et de faciliter les vérifications d’identité. Lors de la demande de visa la consultation de VISABIO permet de déterminer si une personne a déjà sollicité un visa sous une autre identité ; lors du passage de la frontière il permet de vérifier l’authenticité du visa et l’identité de son détenteur ; lors des contrôles d’identité en France il permet de vérifier l’identité de la personne et la régularité de son séjour en France

    VISABIO constitue la première base centralisée de données biométriques mise en place pour le compte de l’Etat français et concerne plus de deux millions d’étrangers par an.

    Les données sont accessibles aux agents des consulats et des préfectures qui instruisent les demandes de visa mais aussi aux services en charge des contrôles aux frontières, aux officiers de police judiciaire et aux agents chargés de la lutte anti-terroriste.

    Le Fichier PARAFES (Passage Automatisé Rapide aux Frontières Extérieures Schengen) vise à automatiser les passages aux frontières par un système de sas permettant des contrôles biométriques avec interrogation à distance des fichiers de police. Quinze sas sont déjà en voie d’implantation dans les aéroports de Roissy Charles de Gaulle et Orly. En 2010, il est prévu de poursuivre l’installation de la biométrie dans 10 sas supplémentaires à Paris et de démarrer leur déploiement dans des ports et aéroports de province et d’outre-mer.

    PARAFES ne concerne aujourd’hui que des personnes volontaires et seulement des ressortissants communautaires ou des membres de leur famille. Mais le champ d’application du dispositif n’étant pas précisé, il pourrait concerner demain tous les individus se présentant aux frontières, quelle que soit leur nationalité. PARAFES ne serait plus seulement un outil visant à faciliter le passage aux frontières des communautaires, mais bien à contrôler tous les autres. C’est du reste ce que laisse entendre Eric Besson lorsqu’il explique le 19 octobre 2009, lors de l’inauguration du système à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, que « le dispositif PARAFES est exemplaire d’une stratégie conjuguant la lutte contre l’immigration illégale et la facilitation de l’immigration légale. Les personnes qui souhaitent entrer légalement sur notre territoire passeront la frontière de manière plus rapide et plus simple. Il sera en revanche beaucoup plus difficile pour ceux qui cherchent à détourner nos procédures de contrôle aux frontières de pénétrer sur le sol français ».

    Un autre fichier, AGDREF2 (Application de gestion des ressortissants étrangers en France), qui servait à la gestion des dossiers des étrangers par les préfectures, sera étendu aux consulats ainsi qu’aux services de police et unités de gendarmerie, aux opérateurs (OFII, OFPRA), aux organismes sociaux, à Pôle Emploi et, d’une manière générale, à tous les organismes dont la mission nécessite la vérification préalable de la régularité du séjour d’un étranger. Il ne s’agit pas ici d’un croisement de différents fichiers mais bien de la constitution d’un fichier unique auquel auront accès une multitude d’organismes et d’acteurs. Et les données biométriques seront intégrées dans ce fichier à des fins de lutte contre la fraude.

    Enfin, les fichiers ne concernent pas seulement les demandeurs de visa mais aussi tous ceux qui se proposent d’héberger ces personnes pendant leur séjour en France. Un fichier des hébergeants a ainsi été créé en 2005, dans le but de « lutter contre les détournements de procédure favorisant l'immigration irrégulière ». Depuis la loi relative à l’immigration du 26 novembre 2003, l’étranger qui demande un visa pour la France dans le cadre d’une visite à caractère privé ou familial doit en effet présenter une attestation d’accueil. Le fichier permet la conservation de données relatives à la personne qui signe cette attestation : état civil, situation financière, descriptif du logement (surface habitable, nombre de pièces habitables, nombre d'occupants), attestations d’accueil antérieurement signées mentionnant notamment l’identité de la personne hébergée.

    Ce fichier permet aux autorités de refuser de délivrer une attestation d’accueil à un hébergeant qui aurait accueilli précédemment un étranger qui ne serait pas reparti dans son pays d’origine à expiration de son visa. De plus, en cas de dépassement de la validité du visa, ce fichier pourrait permettre aux autorités d’engager des poursuites contre les hébergeants pour « aide au séjour irrégulier ». Ceux-ci ont donc tout intérêt à faire en sorte que leurs hôtes quittent la France dans les délais. Une façon pour le gouvernement de faire reposer sur de simples citoyens l’application de la politique migratoire : les hébergeants sont censés « faire la police » dans leur propre entourage.

    La multiplicité, la diversité et le décloisonnement géographique des fichiers créés ces dernières années sont alarmants. Au nom de la lutte contre la fraude et de la sécurité, les gouvernements européens fabriquent une société policière dans laquelle les faits et gestes de tout un chacun peuvent être contrôlés, consignés et communiqués. Et malgré les avertissements et les réserves des autorités administratives indépendantes concernant les atteintes aux libertés individuelles qui peuvent découler de cette logique sécuritaire, le développement du fichage ne semble pas prêt de s’arrêter.


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  • Quand l’actualité est riche d’évènements qui rebondissent, s’entrechoquent comme les billes d’acier d’un flipper devenu fou, quand les déclarations, les commentaires fusent de formules assassines, de condamnations intransigeantes, reflétant l’indignation, le questionnement et les débats qui agitent le pays,

    j’aime lire ceux qui se sont posés, au fil du temps, en vieux sages ou en pamphlétaire fougueux, en voix autorisées ou décalées afin d’aiguiser mon intellect et préparer ma plume.

    Simple obligation de blogueur qui aime prendre l’avis de tous afin de forger le sien. Parmi, les gens que je vais lire souvent, il y a l’incontournable Bernard-Henry Lévy.

    L’affaire Woerth, l’enquête d’Israël sur ses propres crimes, la défaite des bleus et les tentatives de récupération politique et idéologique de la droite réac et de l’extrême droite, la marée noire aux Etats-Unis. Il y en avait des sujets.

    De quoi allait donc nous parler BHL ?

    Il est vrai que, parfois, le nouveau philosophe de mes deux, comme dirait Pierre Desproges, ne suit pas toujours l’actualité et aime parler sur son bloc-note, d’un livre qu’il a lu ou d’un film qu’il aurait aimé voir aux plus hauts sommets de la gloire.

    Gourmand de lire les mots des autres avant de pondre les miens, je me rendais en diligence à quatre chevaux, sur le site du Point. Je jetais un œil surl’éditorial de Franz-Olivier Giesbert dit FOG, un vrai contorsionniste du journalisme, celui-là. Son truc : critiquer le sarkozisme de façon si convenable que le propos ne pourrait en aucun cas être vu comme blessant.

    Pour lui, Eric Woerth est un bouc-émissaire, une victime expiatoire qui n’enlève rien aux revendications légitimes d’une république plus propre. On en pleurerait presque.

    L’analyse de Claude Imbert ne me fit ni chaud ni froid, alors je cliquai sur la page de BHL.

    Et là, stupeur dés le titre : « La preuve par Taddéï »

    Il y a toujours quelque chose d’énigmatique chez BHL, dans son visage toujours crispé. Qui peut se vanter de l’avoir vu rire en public ou tout simplement sourire avec franchise?

    Le philosophe revient sur une interview de Frédéric Taddéï aux « Inrockuptibles ». Une phrase du journaliste l’a choqué : « Si j’ai invité Dieudonné à mon émission, "Ce soir ou jamais", c’est bien la preuve qu’il n’existe pas de lobby interdisant à celui-ci l’accès aux grands médias. Je suis la preuve et la seule, qu’il n’existe pas de complot ! »

    Apparemment, cette phrase empêche BHL de dormir. Et il s’en explique puisqu’il y consacre tout son papier. Mais imaginons comment il en est arrivé là.

    BHL, a dû se réveiller en pleine nuit, la peau ruisselant d’une sueur inhabituelle, avec cette réflexion : Mais si Taddéï n’était pas là, cela voudrait dire, qu’il existe un lobby qui interdirait à certains humoristes de se produire. Damned!

    Le fait qu’on dise qu’il n’existe pas de lobby pour finalement sous-entendre qu’il existerait si son inexistence n’était ni avérée ni démontrée, ça rend BHL fou. Oui, il y a un double-bind dans cette affirmation de Taddéï. Une façon de dire que quelque chose qui n'existe pas, existe tout en ne niant pas que ça n'existe pas; ce qui réfute l'idée que quelque chose qui existe, n'existe pas. Oui, le non dit, la dénégation de l'évidence conduit au double-bind, donc au malentendu dont on ne se sort jamais. Un peu comme si vous apercevez un panneau sur lequel est écrit: "ce panneau n'existe pas, j'en suis la preuve".

    BHL lui, n'en dort plus!

    La tristesse de BHL est que personne, à part lui, n’a relevé ce qui apparaît pour lui essentiel.

    Que les idées « »pestilentielles » (sic) de Dieudonné puissent être de temps en temps abordées au cours d’un débat télévisé à une heure tardive.

    Qu’un journaliste puisse faire son boulot en donnant la parole à ceux qui ne l’ont jamais, sans parti pris, sans faillir à son métier, sans manipuler l’opinion par des questions entendues.

    Insupportable pour BHL. Mais pas seulement ça!

    D’où la teneur de son indignation de la semaine.

    Plus essentiel que les propos racistes d’Alain Finkielkraut sur l’équipe de France.

    Plus essentiel que les liens étranges entre les grandes fortunes françaises et la classe politique.

    Plus essentiel que les contorsions du monde.

    Et vous savez pourquoi ?

    Parce que cela sous-entend que l’ambiance n’est plus à l’angélisme vis-à-vis d’Israël et de ses soutiens en France. Parce que cela montre que l’accusation d’antisémitisme aux critiques de la politique israélienne sera de plus en plus difficile à porter.

    Parce que nombreux sont ceux pour qui le climat de censure qui règne de plus en plus en France devient insupportable et le font savoir.

    Parce que beaucoup ont compris que si Dieudonné est classé comme antisémite, c'est parce qu'il a eu à souffrir, en tant qu'artiste, d'un harcèlement sans précédent dans les trente dernières années.

    Parce que les gens se rendent compte que la fameux antisémitisme rouge-brun dont certains nous ont rabattu les oreilles en le décrivant comme un très grand danger ne représente rien à côté des forces obscures qui agitent certains milieux d'extrême droite revigorées par deux années de sarkozisme. On l'a vu avec le scandale de l'école privée catholique traditionnaliste de Bordeaux.

    D’ailleurs, BHL s’est bien gardé de sous-entendre que Frédéric Taddéï serait complaisant avec l’antisémitisme.

    Il a juste émis un doute sur Frédéric Taddéï, à qui il reproche sans pouvoir le dire, non pas d’inviter Dieudonné une ou deux fois par an mais d’inviter souvent des intellectuels, des militants bien plus efficaces dans leur dénonciation des crimes de l’impérialisme occidental dont fait partie le sionisme.

    Alors on aura eu droit dans son bloc-note, juste au petit doute perfide du faux philosophe pour salir un vrai journaliste. Mais la mayonnaise n’a pas pris si on en croit les commentaires…

    Les temps changent. Une chemise blanche ouverte et des cheveux longs ne cachent plus l’inéluctable : Non seulement, BHL est un has been mais il se fait vieux…

    Milton Ici


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  • Des malformations fœtales causées par la préparation à base d’hormones Primodos

    Bayer: des victimes de médicaments demandent des excuses


    AUTEUR:   CBG Coordination gegen BAYER-Gefahren/Coalition against BAYER-Dangers


    Des victimes de médicaments fabriqués par Schering exigent que la firme s’excuse et leur offre une compensation financière. Dans les années 70 et 80 des enfants sont nés avec de graves malformations dues à un test de grossesse à base d’hormones. Cette préparation vendue dans le monde entier par la firme Schering sous les noms de Duogynon, Cumorit et Primodos a induit des malformations cardiaques, l’absence de certains membres et autres malformations congénitales.

    Karl Murphy, de Liverpool, lourdement handicapé depuis sa naissance, a dit à l’Assemblée générale de Bayer Schering: « Ma vie a été détruite par deux simples comprimés. Pourquoi Schering a-t-il laissé le Primodos sur le marché, en dépit de nombreux indices indiquant une augmentation des risques de malformation? J’exige de Bayer, actuel propriétaire de Schering, qu’il reconnaisse la faute qui a été commise. Il est plus que temps de faire un geste en faveur des victimes du Duogynon et du Primodos. »

    Dès la fin des années 60 deux conseillers médicaux de la filiale britannique de Schering avaient envoyé un courrier au siège de la firme en Allemagne pour les mettre en garde contre les risques liés au Primodos. Cette lettre, publiée par le Sunday Times, contient mot pour mot les phrases suivantes : « Il faut absolument trouver une solution au problème d’une corrélation éventuelle entre le Primodos et les malformations congénitales. Notre devoir moral, en tant que fabricant, est de faire notre possible pour garantir l’innocuité de nos produits.» Mais l’entreprise attendit pourtant 1981 pour en interdire la vente en Allemagne.

    Le docteur Isabel Gal avait constaté dès 1967 que les mères d’enfants malformés avaient utilisé des tests de grossesse surdosés en hormones par rapport à la moyenne. Une étude du ROYAL COLLEGE OF GENERAL PRACTITIONERS montra en 1969 que les tests à base d’hormones augmentaient la probabilité d’avortements spontanés. Le directeur de l’étude recommanda d’interrompre immédiatement la fabrication de tests de ce type. La firme française Roussel, qui en fabriquait, en arrêta la production dès la même année. Schering, elle, laissa le produit sur le marché et n’envoya aucune mise en garde aux médecins, qui continuèrent donc à prescrire ces tests pendant des années – alors que des tests urinaires ne comportant aucun risque, étaient depuis longtemps sur le marché.

    Valerie Williams, Présidente de l’Association de victimes ASSOCIATION FOR CHILDREN DAMAGED BY HORMONE PREGNANCY TESTS ajoute : « Depuis 40 ans nous sommes témoins des souffrances de nos enfants. Des milliers de parents du monde entier attendent un témoignage honnête de Bayer Schering sur l’affaire Primodos et des excuses. » La firme Schering avait offert à Valerie Williams en 1978, quatre semaines avant la création de l’association, une offre de compensation. Valerie Williams avait décliné l’offre parce qu’elle était assortie d’un engagement à faire silence sur l’affaire.

    La firme Schering, premier producteur mondial de contraceptifs, a été rachetée par Bayer en 2006. Le Duogynon-Primodos contenait des hormones présentes en petite quantité dans des pilules contraceptives toujours vendues de nos jours.

    Informations complémentaires (en anglais)


    Source : http://www.cbgnetwork.org/2960.html

    Article original publié le 18/5/2010

    Sur l’auteur

     Tlaxcala
     est le réseau international de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur, le réviseur et la source.

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  • La religion au service du pouvoir

    Quand j’évoque le sujet de la gratuité, la discussion finit toujours par aborder un thème sensible, la méchanceté naturelle de l’homme, incapable de se motiver pour autre chose que pour lui-même. L’homme serait intrinsèquement vil, et il est impossible de le motiver à quoi que ce soit sans la carotte et le bâton, qui sont symbolisés dans certaines sociétés par la récompense ou la punition divine, dans d’autres par la récompense en nature ou le châtiment corporels, et dans les dernières par  la richesse ou la pauvreté.

    Ces trois manières de penser peuvent se juxtaposer, s’interpénétrer, mais ont toutes en commun le fait d’appartenir à un système de jugement des actes humains à caractère divin, que la justice des hommes soit ou non consciemment considérée comme telle, ou que celle du matérialisme le soit également, au travers du dieu « argent »

    Mais que l’on soit d’accord ou non avec cette interprétation, il ne fait cependant aucun doute que quel que soit le système utilisé pour faire vivre les hommes en société, un système de « récompense/punition » semble devoir être mis en place, afin donc de corriger les errements naturels de l’homme.

    Ce résultat est sans doute celui qu’ont contribué à construire tous les dictateurs de tous temps, car un tel moyen de pression justifiait à la fois leur pouvoir, mais aussi l’apparente injustice dont étaient victimes les hommes. Si un homme venait à « rater sa vie » (peu importent les critères choisis selon les époques ou les lieux), il y avait toujours une raison à cela, bien sûr indépendante de la volonté du gouvernement en place : il n’avait pas suivi les préceptes de la religion, ou ceux de la Loi, ou encore ceux du libre-échange. C’était de sa faute. Son libre-arbitre censé l’éclairer n’avait pas réussi à vaincre ses bas instincts, et ni Dieu, ni le gouvernement, ni le système n’en étaient responsables, malgré toute leur omnipotence et leur omniscience.  Ne pouvant accepter d’être faillibles, la faute ne pouvaient en revenir qu’au diable, ou à la méchanceté intrinsèque de l’être humain.

    Mais ce qui est étrange avec les religions, c’est qu’elles semblent toujours finir par servir ceux qui suivent le moins leurs préceptes : l’église prône l’abstinence et la pauvreté, et gagne des fortunes  tout en outrageant la chasteté, les dictateurs prônent l’ordre et la paix, et font la guerre en mettant partout le désordre, les capitalistes favorisent le libre échange, la transparence  et la justice, et ce sont les pires canailles ne respectant aucun des principes édictés que l’on trouve aujourd’hui à la tête de fortunes immenses. Ce serait à se demander si, finalement, Dieu, ou le Marché, le “Tout-puissant”, posséde vraiment les qualités dont on l’accable… à moins que ce ne soient que ses interprètes qui, par un subtil renversement de paradigme, sont parvenus à faire entrer l’échec des préceptes dans les préceptes originels : les sept péchés capitaux, par exemple, sont des faiblesses humaines naturelles, voire des plaisirs sains… le nombre incalculable de lois promulguées, transformées, abolies puis remises à jour, soutenues par une seule « nul n’est censé ignorer la loi » implique forcément l’impossibilité d’y parvenir, tout comme le fait de prôner la liberté d’entreprendre sans l’autoriser dans les faits, faute de crédit accordé à celui qui n’a pas déjà entrepris…. l’échec de l’application des préceptes religieux est en réalité inscrit dans ces préceptes, et ce n’est sans doute pas par hasard…. à moins bien sûr que de vouloir confondre le dieu et le diable, le président et le dictateur, le capitaliste et l’esclavagiste…

    Après ce constat, la question est celle-là : à quoi servent donc les religions, puisqu’elles établissent des règles qui aboutissent par faire « réussir » les seuls qui les enfreignent ? les pauvres survivant dans la misère espèrent soit un paradis hypothétique pour supporter leur souffrance, soit un coup médiatique pour les sortir de l’anonymat, ou se retrouvent en prison pour avoir tenté d’échapper à la misère avec une combine d’amateur….tandis que les tricheurs, voleurs et menteurs de grande envergure finissent pas vivre somptueusement, ne jamais se faire rattraper par la justice, et se moquent de l’enfer comme du paradis…
    C’est comme si les religions avaient été inventées non pas pour apaiser les souffrances des hommes, mais pour les lui donner. Qu’elles soient physiques ou morales, ces souffrances servent un pouvoir qui les exploite, et qui lui offre comme consolation l’un ou l’autre des espoirs qui ne viendront sans doute jamais.
    Je ne suis pas le seul à penser ainsi, et on sait trop bien combien de guerres ont été menées, combien d’esclaves ont péri, combien de souffrances ont été supportées par les hommes au nom des religions, quelles qu’elles soient.

    Ensuite, il serait bon de s’interroger sur la nécessité des religions… car croire en Dieu ne peut-il pas se faire sans règles ? l’homme a-t-il besoin de se cacher derrière des concepts inatteignables  pour justifier ses exactions ? l’injustice ne peut-elle pas s'assumer au grand jour comme aux temps de l’esclavage ? Non, bien sûr, car ces règles sont dictées par les hommes, et seuls les hommes ont le pouvoir de les changer, ou de les abolir.
    Mais si les religions, au lieu de sortir l’homme de sa méchanceté intrinsèque, le rendait méchant pour des raisons économiques et sociales, afin de protéger ceux qui détiennent le pouvoir ? et surtout, et si cela était volontaire et consciemment élaboré par de fins psychologues avides de pouvoir ?

    Car le bien et le mal sont des concepts relatifs inventés, définis et décrits par les hommes. Si Dieu existe et qu’il est vraiment tout puissant, alors soit il ne juge pas les actes humains, ni ne les punit, soit il n’autorise pas le mal.
    Et si l’homme est mauvais, alors les religions actuelles ne fonctionnent pas, et ne sauraient y arriver. Il faut soit changer nos conceptions, soit accepter et assumer nos contradictions.

    Après toute cette digression, comment maintenant envisager un monde où le don serait la règle, sans recourir à la religion ? c’est bien là tout le problème. Car pour inciter les gens à donner sans échanger, à partager sans garder, à travailler sans contrainte, à vivre sans peur, à penser à autrui, il faudrait tout d'abord pouvoir balayer d'un seul coup près de 3000 ans d'Histoire et de religions, pour pouvoir instaurer une nouvelle manière non seulement de concevoir le divin, mais aussi et surtout de voir l'homme d'une façon radicalement opposée à celle qu'on nous inflige depuis toujours. Il faudrait que les hommes prennent conscience de leurs forces et de leurs faiblesses, et prennent la véritable mesure de leur humanité : un amas de contradictions insolubles, une complexité chaotique formant un tout relativement homogène, une création insensée de la nature, à la fois capable d'amour et de haine, de violence et de douceur, une harmonie des contraires. l'Homme n'est ni bon ni mauvais de manière innée, mais son but est de parvenir d'une part à s'améliorer, et d'une autre à transmettre son amour des autres , sa confiance en l'avenir, par le biais de la filiation.

    En fin de compte, le pire est qu’on constate que cet homme est bien celui qu'évoquent toutes les religions,  mais par un étrange subterfuge, qui n'a rien de divin, les hommes détenant le pouvoir de nous éclairer sur les messages délivrés font aujourd'hui comme hier, et quelle que soit l’église : ils préfèrent nous indiquer les comportements à suivre plutôt que de nous apprendre à lire, et à comprendre par nous-mêmes pourquoi il faut les suivre. Ainsi, ils y déversent à la place leurs propagandes, et rendent les hommes serviles au lieu de les libérer.

    Mais le jour où les hommes auront compris que qu'ils ne sont pas les victimes des Dieux mais celles des hommes, alors ils brûleront tous leurs veaux d'or pour recouvrer leur liberté. Quand ils auront pris conscience qu'en changeant les règles les souffrances peuvent disparaître, alors ils retourneront à leur véritable essence. Car lorsqu'ils auront cessé de croire à leur méchanceté naturelle, ils seront déjà meilleurs. Et la religion sera alors de nouveau au service des hommes.

    Caleb Irri ici


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  • La vieille Europe et la nouvelle Amérique Latine. Pendant que... (Rebelion)

    Pendant que nous pensions que ces gouvernements-là c’étaient des gouvernements populistes qui cherchaient seulement à gagner des électeurs, ils augmentent le salaire minimum des citoyens (au Nicaragua, en février, a été votée, pour 2010, une hausse des salaires de 12 %) alors qu’ici, en Europe, ils gèlent les pensions des retraités et ils baissent les traitements des fonctionnaires.

    Pendant que nous qualifions ces économies-là de pauvres et de sous-développées, la Commission Économique pour l’Amérique Latine (CEPAL) annonce que les pays de l’UNASUR connaîtront une hausse de 5 % de leur PIB alors qu’ici, nous prions le Ciel pour que cet indice ne soit pas négatif.

    Pendant que nous taxions avec mépris ces démocraties-là de républiques bananières mal nées de dictatures précédentes, elles traînent en justice et jettent en prison leurs militaires putschistes (en mai dernier, en Argentine, le dictateur Jorge Rafael Videla a été jugé et condamné à la prison préventive) alors qu’ici, en Europe, nous faisons un procès au juge qui a osé ouvrir une instruction judiciaire sur le franquisme.

    Pendant que notre xénophobie et notre arrogance nous interdisent d’accepter que tous les hommes et toutes les femmes soient égaux et pendant que nous enfermons les immigrants dans des camps, là-bas ils considèrent égaux tous les humains, qu’ils soient nationaux ou immigrants (voyez la nouvelle loi sur l’Émigration adoptée par l’Argentine qui accorde l’égalité aux immigrants).

    Pendant que nous accusions Fidel Castro d’enrichissement personnel (cf un numéro pas très ancien de la revue Forbes), nos banquiers font à la manière d’Alfredo Saénz, PDG de la banque BBVA, qui part en retraite avec 85,7 millions d’euros alors que son salaire était déjà de 10 millions annuels.

    Pendant que nous accusons d’êtres des führers et des dictateurs ces dirigeants-là, au Venezuela, deux millions cinq cent mille militants du parti de Chávez élisent directement leurs candidats à l’Assemblée Nationale alors qu’ici, ils sont choisis en petit comité par les dirigeants nationaux des partis.

    Pendant qu’ils ont soigné et guéri gratuitement de la cécité un million et demi de pauvres dans le cadre de la mission Milagro, nous, ici, nous baissons le budget destiné à la coopération.

    Pendant que nous, ici, nous nous enfonçons avec notre orgueil, eux, là-bas, ils grandissent en dignité.

    Pascual Serrano
    www.pascualserrano.net
    http://www.rebelion.org/noticia.php...

    Traduction M. Colinas

    Décadence

    Voici deux exemples de la dérive morale des pays occidentaux.

    En Espagne, pays plongé dans une crise économique terrible, avec 4 millions de chômeurs, pays où les pensions de retraite sont gelées et où le traitement des fonctionnaires a été baissé par décret du gouvernement, deux chaînes de télévision ont diffusé les premières parties de deux reality shows. Il s’agit de « Femmes riches », sur la Six, et de « Mariées avec Hollywood » sur la Quatre. On y assiste à l’interview de femmes multimillionnaires ; les caméras pénètrent dans leurs appartements ; on écoute leurs frivoles et décadents témoignages ; nous prenons connaissance de leurs goûts, de leurs penchants et de leurs centres d’intérêt. Le public constate que les « efforts » de ces femmes se limitent, par exemple, à piloter un hélicoptère, acheter des bijoux ou des oeuvres d’art, assister à des soirées luxueuses, faire provision de lingerie fine dans des boutiques de marque ou chercher le personnel qui veillera sur leurs enfants.

    Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, aux États-Unis d’Amérique, on paye entre 15.000 et 30.000 dollars par soirée une jeune fille âgée de 19 ans qui donne des conférences où elle prêche contre l’avortement et pour l’abstinence sexuelle en guise de méthode contraceptive. Mais cette jeune personne n’est pas n’importe qui. En effet, elle est la fille de Sarah Palin, l’ex-candidate au poste de vice-président des États-Unis pour le Parti Républicain — (publié dans Público du 18-05-2010).

    Cela se passe dans les pays « civilisés » et « avancés » qui veulent donner des leçons d’éthique et de civilisation aux mouvements islamistes et aux peuples du Tiers Monde.

    Pascual Serrano
    www.pascualserrano.net
    http://www.rebelion.org/noticia.php...

    Traduction M. Colinas


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    Lettre ouverte en réponse à Bernard-Henri Lévy




    S’élever contre la diabolisation d’Israël ne doit pas vous empêcher de voir ce qui a fait de Gaza une région de réfugiés désespérés et vous faire nier les effets tragiques du blocus, écrit Gidéon Lévy dans Ha’Aretz.

    Cher Bernard-Henri Lévy,

    Nous ne nous connaissons malheureusement pas. Nous nous sommes brièvement croisés dans les décombres fumants de Gori pendant la guerre de Géorgie. Vous y avez fait un passage éclair et, comme d’habitude, vous avez attiré l’attention, là comme dans d’autres zones de conflit où vous vous êtes rendu.

    J’admire profondément les intellectuels de votre stature, qui se font fort de visiter les champs de bataille et de faire entendre leur voix. Votre tentative de protéger Israël, dont témoignait votre article publié le 8 juin dans Ha’Aretz (“Il est temps de cesser de diaboliser Israël”), a fait plaisir à beaucoup d’Israéliens, qui avaient grand besoin que quelqu’un dise un peu de bien de leur pays, chose rare par les temps qui courent.

    Je ne gâcherai pas leur plaisir. Mais, au nom de votre appel à mettre un terme à la désinformation, je souhaiterais attirer votre attention sur des informations qui ont peut-être échappé à votre mémoire. On pourrait se risquer à penser que, dans votre jeune temps, vous auriez été l’un des membres de la flottille. A cette époque, un blocus de plus de quatre ans imposé à 1,5 million d’individus aurait éveillé en vous un impératif moral vous poussant à vous joindre à la contestation. Mais, aujourd’hui, pour vous comme pour la plupart des Israéliens, il n’y a pas de blocus de Gaza. En parler relève pour vous de la “désinformation”.

    Au fait, puisque vous étiez sur place, pourquoi n’en avez-vous pas profité pour faire un saut à Gaza, à l’instar de votre ami Mario Vargas Llosa, pour voir de vos propres yeux s’il y avait ou non un blocus ? Les médecins de l’hôpital Shifa [à Gaza], par exemple, vous auraient parlé de leurs patients qui décèdent à cause du “non-blocus”. Certes, personne ne meurt de faim. Pourtant, l’association Gisha pour la liberté de mouvement a publié cette semaine un rapport expliquant qu’Israël autorise l’importation de 97 produits à Gaza, contre 4 000 avant le siège. Vous n’appelez pas cela un blocus ?

    Un grand supermarché israélien propose 10 000 à 15 000 articles ; à Paris, il y en a sûrement plus encore. Pourtant, Gaza n’a droit qu’à 97 produits. S’il est quelqu’un dont on aurait attendu davantage de compréhension à l’égard des besoins gastronomiques, c’est bien le bon vivant raffiné que vous êtes. Vous dites, comme si vous vous faisiez le porte-parole de Tsahal, qu’Israël laisse entrer 100 à 125 camions par jour à Gaza. Une centaine de camions pour 1,5 million de gens : ne s’agit-il pas là d’un “siège impitoyable”, comme l’écrivait [Laurent Joffrin dans] le journal Libération, contre lequel vous vous élevez ? 8O % des habitants de Gaza vivent de l’aide humanitaire ; 90 % des usines de Gaza sont fermées ou tournent au ralenti. Vraiment, Bernard-Henri Lévy, ne sommes-nous pas là face à un blocus ?

    Ne devrait-on pas s’attendre que, plus que tout autre, un grand intellectuel comme vous sache que les gens, y compris les Gazaouis, ont besoin d’autre chose que de pain et d’eau ? Mais oublions les statistiques car, après tout, les philosophes ne s’encombrent pas de chiffres. Vous écrivez qu’Israël a été accusé “jusqu’à la nausée” d’être responsable de ce blocus – tiens, voilà que maintenant vous parlez de blocus ? –, imposé autant par Israël que par l’Egypte. C’est exact. La participation de l’Egypte est en effet scandaleuse et inexplicable, mais on ne peut juger selon les mêmes critères l’Egypte et Israël. L’occupation de Gaza n’est pas terminée, elle a simplement été levée, pour arranger l’occupant, mais Israël n’en reste pas moins responsable.

    La monnaie officielle de Gaza est le shekel, les registres d’état civil sont établis par Israël, qui surveille également toutes les entrées dans la bande de Gaza. Des décennies d’occupation ont rendu Gaza dépendante d’Israël, et Israël ne saurait s’en défaire par un simple “désengagement”.

    Mais cessons de parler du blocus, que vous le niiez ou que vous le justifiiez. Comment pouvez-vous ignorer le contexte ? Depuis quarante-trois ans, des millions d’individus – dont certains auraient pu espérer devenir Bernard-Henri Lévy, au lieu de perdre leur vie à se battre pour survivre – connaissent une situation d’occupation et de désespoir. Quelles chances un jeune Palestinien a-t-il de faire quelque chose de sa vie ? Regardez les photos des Gazaouis qui se pressent au poste-frontière de Rafah et observez l’expression imprimée sur leur visage.

    Le concept de liberté ne vous est certainement pas étranger. Vous ne pouvez reprocher l’occupation à personne d’autre qu’à nous, les Israéliens. Il y a beaucoup d’excuses pour cette occupation, mais aucune ne change quoi que ce soit à l’ultime réalité : Israël est une puissance occupante. C’est la racine de tous les maux et c’est ce que vous avez dissimulé. Vous n’en dites pas un mot. Israël avait peut-être le droit d’empêcher des armes de pénétrer à Gaza, mais vous n’avez pas le droit d’ignorer ce qui a fait de Gaza une région de réfugiés désespérés.

    Vous avez raison, Bernard-Henri, de souligner que le monde est plus exigeant envers Israël qu’envers des dictatures. Ce n’est pas la “confusion d’une époque”, comme vous le dites, mais une époque nouvelle (et juste) dans laquelle le monde exige qu’en tant que démocratie Israël paie le prix de sa conduite.

    Alors, diabolisation ? Possible, mais la façon de la combattre est de faire le siège de son arsenal. Sans le blocus de Gaza, sans l’occupation, il n’y aurait aucune raison de diaboliser Israël. Est-ce trop attendre de vous, naguère la voix de la conscience, que vous compreniez cela ?

    publié par Haaretz http://www.haaretz.com/opinion/in-r...

    et en français par Courrier international

    http://www.courrierinternational.co...


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