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Par reineroro le 11 Novembre 2009 à 09:27
Juanes et Bono : les émissaires culturels de l’impérialisme
Il faut distinguer, pour reprendre l’idée de Paul Ricoeur, la politique sensu lato, comme structure de l’action en commun, et la politique sensu stricto comme activité gravitant autour du pouvoir, de sa conquête et de son exercice. On peut donc faire de la politique sans être engagé en politique.
Dans l’intention et immanquablement dans les conséquences, l’initiative de Juanes de se produire à Cuba sous la bannière de la paix est un acte politique au sens large du terme. Ce concert s’inscrit dans la stratégie de détente envers Cuba engagée par l’administration Obama. Les propres promoteurs du projet en ont fait mezza voce l’aveu : « c’est le moment pour commencer quelque chose » a déclaré Juanes. Le chanteur espagnol Miguel Bosé, co-organisateur de l’événement, a confirmé qu’il bénéficiait de l’appui des Etats-Unis et a ajouté prendre les mesures pour éviter toute instrumentalisation du concert par les autorités cubaines.
Il a fallu avant tout l’agrément de l’administration étasunienne pour mener à bien l’entreprise. Juanes s’est réuni le 9 juin avec Hillary Clinton et d’autres hauts responsables usaméricains en vue de la préparation de la seconde édition du concept « Paz sin fronteras ». On comptait en effet la présence à cette réunion de Thomas Shannon, sous-secrétaire du département d’Etat en charge de l’hémisphère occidental , et de Dan Restrepo, conseiller du Président concernant les affaires latino-américaines.
Juanes s’est déjà livrée à ce genre de messe propagandiste lorsque les tensions entre la Colombie et le Venezuela étaient à leur comble suite à l’assassinat du commandant des Farc Raul Reyes en Equateur. Il a chanté avec quelques compagnons à la frontière des deux pays au nom de la fraternité des peuples. Ce faisant, il mettait dos à dos Uribe d’une part et Chavez/Correa d’autre part sans distinguer l’agresseur et l’agressé. Il faut savoir que Juanes soutient sans réserve Alvaro Uribe Velez pour qui il n’a jamais caché son admiration.Il a déjà chanté face à un parterre de militaires colombien qu’il a qualifié de « héros de la patrie ». Il est clairement engagé aux côtés des « paracos » au pouvoir en Colombie pour qui il joue fidèlement son rôle d’ambassadeur culturel. Il ne manque d’ailleurs jamais une occasion pour vilipender les Farc ; alors qu’il avait exigé un concert pur de toute prise de position à La Havane, il a une fois encore critiqué la guérilla. A la fin du concert, il s’est permis de lancer sans vergogne « Cuba libre ». A moins de faire référence à un Cuba libéré de l’hostilité des USA et de leurs ingérences incessantes, cette exclamation est une véritable provocation contre-révolutionnaire.
Avec l’administration Obama, les USA n’ont pas modifié l’essence de leur politique à l’égard de Cuba mais ils l’ont simplement ajustée. Au lieu d’une politique d’hostilité frontale qui a montré ses limites, Obama et Hillary Clinton font prévaloir une stratégie pluridimensionnelle (diplomatique, médiatique, culturelle, économique, politique,…) sans renoncer d’aucune façon à leur objectif final : la restauration du capitalisme à Cuba. Toute relation de domination, même si elle est institutionnalisée, est constitutive de violence. Hormis quelques mesures sans portée significative, le blocus est prolongé au nom d’une supposée « atteinte à la sécurité nationale ». L’harmonisation des relations souhaitée par Obama ne voile qu’un rapport de domination politique et économique à l’instar des relations usuelles entre les USA et les pays latino-américains. .
Bono, chanteur du groupe U2, est un autre chantre emblématique de l’impérialisme anglo-saxon et du capitalisme. Que ce soit sous le pavillon de la paix et de lutte contre la pauvreté, Bono fait de la morale le principe de changement. Il incombe en d’autres termes à l’homme de se transformer, de muer de conscience, de changer d’esprit pour changer la physiologie du monde. Par suite, les structures sociales paraissent étrangères à la question de la pauvreté qui devient un problème de conscience individuelle. L’engagement citoyen, politique n’a plus donc de raison d’être et il n’est plus nécessaire de développer une doctrine politico-économique pour changer le monde. C’est ainsi que l’on retrouve Bono lors des sommets mondiaux capitalistes quémander une « aide » humanitaire et la moralisation des règles du jeu capitaliste. Il conviendrait plutôt, par rapport aux objectifs assignés, d’inciter les masses à l’action pour qu’elles deviennent l’agent de leur propre histoire.
Lorsque Bono chante devant la porte de Brandebourg pour commémorer la chute du mur de Berlin, il pose un acte politique clair et évident, lorsque Juanes et ses compères chantent sur la place de la Révolution à La Havane pour décongeler les relations entre les Etats-Unis et Cuba, ils s’impliquent dans les affaires de la cité. La date de l’événement ainsi que le choix du lieu trahissent leurs options idéologiques, leurs échelles de valeurs. N’aurait-il pas été plus judicieux de chanter pour la paix à Gaza, à Bagdad, à Kaboul ou à New York ? Ce sont les Etats-Unis en effet qui mènent de front plusieurs guerres et c’est auprès de leurs autorités qu’il conviendrait de peser ; c’est Israël qui refuse obstinément d’engager un processus de paix sincère avec ses voisins arabes et qui poursuit sa colonisation scélérate ; c’est en Colombie que pas moins de sept bases usaméricaines qui menacent la paix régionale ont été implantées.
La vocation démocratique, apolitique et pacifiste de ces artistes est une mystification réactionnaire. Poser la paix en valeur absolue équivaut à acquiescer le statu quo social. La paix est une valeur secondaire par rapport aux valeurs de justice et liberté. Lorsque les peuples cubains, équatoriens, boliviens, vénézuéliens ou colombiens affirment leur volonté émancipatrice, ils subissent instantanément l’agression de leur bourgeoisie nationale appuyée par l’empire usaméricain. Le mouvement social latino-américain s’est mis en marche et il est disposé à lutter pour la conquête de ses droits et d’une paix juste.
Emrah KAYNAK ICIvotre commentaire
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Par reineroro le 5 Novembre 2009 à 14:39
Identité sexuelle française, le débat
Vous savez que je suis secrètement une émissaire du gouvernement actuel, dont je révère les choix et les parties génitales. Aussi, je tiens à apporter ma pierre au débat initié par Eric Besson (sachant qu’entre une pierre et une lapidation, ce n’est qu’affaire de quantité, par exemple on pourrait tous s’y mettre).
Alors voilà. Je voyage beaucoup, en circuit finalement assez fermé : Allemagne – France – Danemark (parce que les pays chauds sont bourrés de gens qui te pillent ton identité nationale en charter, pas question que je m’encanaille). Et je ne me suis jamais sentie aussi française que depuis que je vis dans ma valise, au milieu de mes culottes sales, au milieu aussi de gens qui ne sont pas Français.
- Etre Française c’est rayonner cultuellement. Tu transpires le sexe quand tu arrives quelque part, et ça marche aussi pour les garçons. Le bonus “France” te fait automatiquement gagner douze points en charisme et trente en technique sexuelle. En Allemagne je suis plus féminine que n’importe quelle autre fille, forcément ça se remarque. Au Danemark je suis beaucoup moins féminine que la caissière du Netto, mais c’est quand même moi que les mecs viendront draguer. Parce que je suis Française. Seule l’Italienne m’arrive à la cheville mais, hé, c’est l’élégance tranquille contre la superficialité berlusconienne (je parle d’imaginaire collectif, hein, je n’ai rien contre les Italiennes, pourvu qu’elles ne me jettent pas des pizzas quatre fromages au visage).
A part si j’étais Suédoise, je ne vois pas comment faire mieux pour la drague qu’être Française. Sachant que les Suédois, jusqu’à présent, ne me draguent pas. Les enfoirés.
- Etre Française c’est incarner la proie et la chasseresse ultime. La séduction est un jeu, on l’a appris dans les Liaisons Dangereuses et un peu dans Sade. C’est un des rares trucs que mes parents m’aient enseigné (à part lire et compter mais ça, c’était autrement plus important). Aiguiller le désir, lâcher un peu pour reculer beaucoup, feindre l’indifférence, envoyer le juste signal : je ne dis pas que ça marche à tous les coups, mais je dis qu’en subtilité on s’y prend vachement mieux que les Danoises (”salut on rentre ensemble ?”). Certes, ça veut souvent dire laisser l’homme avancer ses pions. Mais sur un échiquier qu’on maîtrise parfaitement. La femme dispose les pièces, l’homme propose, la femme dispose de l’homme. Inégalitaire mais très français : on n’attend pas tout de l’homme mais on lui laisse croire qu’il mène le jeu. Et lui fait semblant d’y croire. Et allez, ça nous va plutôt très bien, puisque le moment qu’on préfère de toute façon, c’est quand on monte les escaliers.
- Etre Française c’est rester sur le marché très longtemps. Je n’ai pas observé dans beaucoup de pays notre spécialité locale : la femme de cinquante ans encore parfaitement désirable. Les Françaises n’arrêtent pas de séduire sous prétexte qu’elles sont mariées avec douze enfants – du moins, pas toutes, et ceux qui fantasment sur les Russes devraient jeter un coup d’oeil sur ce qu’elles deviennent après trente ans. Les Américains s’enflamment pour les Milf (mothers i’d like to fuck) et les cougars (les quadras en quête de chair fraîche) : leur révélation récente ressemble chez nous à un gros cliché.
- Etre Française c’est les montagnes russes. Honnêtement, on est plus associées à des sentiments forts qu’à des séances de sexe incroyables. On n’ouvre pas de canettes de Coca avec notre vagin et les mecs sont censés être sales. Nous sommes des amoureux plus que des amants. Notre porno n’est pas super reconnu. On n’a pas de sextoys emblématiques. On doit aux Anglais les joies de la canne. Ce qui nous reste c’est de la lingerie fine et un caractère bien trempé. Personnellement, je mise sur les deux. La langue bien pendue, aussi, ça sert toujours. Il faut que ça aille vite, et fort. On est râleuses, pas patientes. Surtout moi. Mais les étrangers pensent souvent qu’avec une Française tout sera permis, que la relation sera drôle et libre. Qu’une petite infidélité passera. Et qu’en même temps, rien ne sera acquis.
Les Françaises ont une sacrée réputation, de séductrices et d’amoureuses. On la mérite. Je crois que notre culture sexuelle culmine dans le désir et pas dans le plaisir, et qu’être Française, c’est répandre ce désir autour de soi. Erotiser un peu le monde. Etre des joueuses-nées. Des allumeuses, sans doute.
Maïa Mazaurette ICI
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Par reineroro le 4 Novembre 2009 à 12:41
Une certaine empreinte Lévi-Strauss
Avec son air d'explorateur du XIXème siècle, grand corps sec et grosses lunettes... Aujourd’hui, il faut saluer "l'empreinte Lévi-Strauss".
Voici donc l'un des moments fondateurs... Année 30 : expédition chez les Indiens Nambikwara, au Brésil...
Les peuples que rencontre Lévi-Strauss sont décimés par les maladies de l'homme blanc. Et pourtant, certains n'en ont jamais vus. Dans un de ses carnets de notes, il griffonne, une nuit : "Le visiteur qui campe dans la brousse avec les Indiens se sent pris d'angoisse et de pitié devant cette humanité si totalement démunie, nue, grelottante auprès des feux vacillants. Mais cette misère est animée de chuchotements et de rires. C'est l'expression la plus émouvante de la tendresse humaine".
Lévi-Strauss comprend alors que ces civilisations qu'il découvre sont en cours d'élimination de la surface de la Terre, sous les coups de boutoir de la "civilisation".
1939 : il est de retour en France... Après la forêt vierge, les bibliothèques : c'est l'heure des théories... Ce qui, de Lévi-Strauss, demeure sacré, c'est l'idée que les cultures ont la même force et la même dignité. Parce qu'on trouve en chacune des éléments poétiques, musicaux, mythiques, qui sont communs. La "pensée sauvage", qu'on disait primitive parce qu'en elle aurait dominé les aspects émotionnels, n'est pas moins logique que celle de l'homme civilisé. La rencontre de l'Autre, de celui qui semble si différent, est un trésor inépuisable. Il a trouvé dans les civilisations les plus humbles la décence des hommes.
En 1995, Lévi-Strauss était toujours en colère contre la dévastation des derniers territoires indiens. Et cette destruction, selon lui, menaçait à son tour l'Occident. "Dépouillés des valeurs dont nous étions pris : pureté de l'eau et de l'air, grâce de la nature, diversité des espèces, nous sommes tous Indiens désormais. Nous sommes en train de faire de nous-mêmes ce que nous avons fait d'eux".
Alors évidemment, on trouve dans l'actualité beaucoup d'échos à la pensée de Lévi-Strauss...
Il nous a mis en garde contre l'appauvrissement conjoint de la diversité des cultures et des espèces naturelles. Il a ouvert la réflexion du XXIème siècle.
Mais attention à ne pas faire parler les morts. Lévi-Strauss rejetait la posture de l'intellectuel engagé. Il ne donnait pas son avis sur tout et sur rien, comme tant d'autres. L'ironie était l'une des marques de son esprit. Il revendiquait même un certain conservatisme : "Une société ne peut vivre sans rites".
Ces précautions importantes étant prises, on lira ces phrases : "J'ai connu une époque où l'identité nationale était le seul principe concevable des relations entre les Etats. On sait quels désastres en résultèrent".
Mais Lévi-Strauss pourfendait les illusions du multiculturalisme. "Les cultures, pour survivre, doivent conserver une certaine imperméabilité aux autres".
Pour beaucoup, Lévi-Strauss, ce n'est pas un ethnologue. "Pas une année ne passe, disait le scientifique, sans que je reçoive une commande de jeans"...
Dans certains sujets actuels, on peut trouver un prolongement à tout ce qui vient d'être dit...
Fichage ethnique : un rapport au vitriol de SOS Racisme... L'association publie aujourd'hui un rapport qui accuse des entreprises et des offices HLM de discrimination. Elle dénonce aussi la passivité des inspecteurs du travail, de la Commission Informatique et Libertés et des magistrats.
En voici un exemple : Nissan Europe, accusé de fichage ethnique des candidats à l'embauche sur son site Internet. Ils doivent notamment renseigner une rubrique sur leur pays d'origine. Au choix : France, Martinique, Guadeloupe, Polynésie Française et France territoires du sud, comme si c'était des pays différents. Parole à la défense, chez Nissan : "Nous mettons un point d'honneur à favoriser la diversité".
L'Italie va devoir retirer tous les crucifix de ses écoles publiques : jugement de la Cour européenne des droits de l'homme. "Les crucifix bafouent la liberté de penser et de conscience". Tollé à droite, malaise à gauche... Pour le secrétaire général du Parti Démocrate, "une vieille tradition comme le crucifix ne peut offenser personne. Parfois, le bon sens finit par être victime du droit". L'Etat italien a déposé un recours.
Un an depuis l'élection de Barack Obama. Sa Présidence est passée au banc d'essai...
Reproche majeur fait à l'homme du "Yes we can" : sa frilosité et son indécision. Obama privilégie l'option du moindre risque politique. Après la crise, lorsqu'il a abandonné toute velléité de réguler les marchés financiers en profondeur, ça a été le coup de grâce. Il est incapable d'affronter les lobbyistes de la finance. J'en arrive à me demander si cet homme a de vraies convictions. Le cas de la politique en Afghanistan est typique : il ne parvient pas à se décider.
Pour contrebalancer ces propos très durs, en parallèle, un prof d'histoire de l'université de Memphis, Tennessee... "Obama a ouvert presque toutes les réformes en même temps. Laissons-le encore travailler. Prenez la réforme de la santé... Les débats sont durs. Elle n'est pas encore adoptée. Mais le Président est d'ores et déjà allé plus loin sur ce sujet que n'importe quel autre de ses prédécesseurs".
Et la crise est encore là...
Nouveau sauvetage massif pour les banques anglaises. Londres va injecter 31 milliards de livres dans la Royal Bank of Scotland (RBS pour les initiés) et la Lloyds Bank. RBS décroche la palme du sauvetage bancaire le plus cher au monde.
En soutien au secteur automobile français, il y a en principe le Fonds de modernisation des équipementiers automobiles. Scandale à la Une : au sein du groupe Trèves, cet argent a été utilisé pour délocaliser. Lors d'une réunion le 14 octobre à Bercy, le directeur général du Fonds de modernisation l'a dit très clairement aux représentants des salariés : "On ne pouvait pas intervenir sans une restructuration massive". Deux usines vont donc fermer. Parallèlement, le groupe délocalise sa production en Espagne et au Portugal.
Nicolas Sarkozy en décembre dernier : "Il n'y aura pas d'aide sans engagement à ne plus délocaliser".
La droite est dans tous ses états... polémiques en tout genre au sein de la majorité. On se demande si Nicolas Sarkozy a encore l'autorité suffisante pour faire passer ses réformes. Autour de lui, les souris commencent à danser.votre commentaire
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Par reineroro le 1 Novembre 2009 à 10:15
Par quoi remplacer le capitalisme ?
Posté par calebirri le 28 octobre 2009
Nous sommes nombreux à avoir compris que le capitalisme n’est pas LA solution. Bien. Certains parlent de révolution, d’autres de décroissance, et d’autres encore de moralisation… très bien. Mais rien ne fait taire les contradicteurs qui, très justement, posent la question : on fait quoi, alors ?
Et oui, il est bien gentil de toujours remettre en cause le capitalisme sans rien avoir à lui opposer en retour. Et je plaide coupable, comme les autres. D’ailleurs, c’est sans doute pour cela que tous les penseurs d’aujourd’hui sont soit des économistes, soit des philosophes : les uns ont pris le parti de calculer, et se réfugient ainsi dans leurs chiffres pour ne pas avoir à penser le monde. Les autres se réfugient dans la pensée pour ne pas avoir à regarder le monde en face.
Il ne s’agit pas ici de critiquer les uns ou les autres, mais de comprendre pourquoi il est si délicat de se projeter dans un monde de plus de 6 milliards d’habitants sur une planète de taille finie, et d’en ressortir tout de go un système complet capable de satisfaire au plus grand nombre sans tomber dans des travers idéologiques dangereux.
Car le capitalisme est un système qui permet malgré tout de régler les échanges sur une règle universellement acceptée et partagée par tous, et cela même s’il est inéluctablement créateur d’inégalités, et à terme voué à un échec total. On peut tenter de lui fixer des limites, de le contenir dans sa voracité, mais tout cela est vain : au final l’argent finira toujours par l’emporter sur les autres préoccupations.
Il y a bien sûr certains partisans d’un « retour aux sources », fait de trocs, de peaux de bêtes et de chasse (ce qui règlerait sans doute, soit dit en passant, le problème environnemental), mais j’avoue que pour ma part j’imagine ce retour aux sources plus comme une conséquence malheureuse de la catastrophe qui nous guette (dérèglement climatique grave ou guerre nucléaire) que comme un idéal à espérer.
Le seul système pouvant être concrètement opposé au capitalisme semble malheureusement être un régime totalitaire, où l’argent n’a plus de raison d’être car l’oppression physique et mentale des esclaves est suffisante à la bonne marche des affaires de l’élite au pouvoir. Certains ont déjà essayé et d’autres essaieront encore, et il est même probable qu’un jour ils y parviennent tant les possibilités de réalisation techniques semblent à portée de main. Ce système n’est bien sûr pas celui qu’espèrent les peuples, mais force est de constater qu’il est difficile de concevoir d’autres manières de vivre en société autrement sans remettre en cause tout ce qui caractérise le monde tel que nous l’avons connu.
Et puis il y a « le monde parfait » : un monde où chacun serait assez éclairé pour ne pas vouloir « trop », tout en étant capable de penser aux autres en même temps qu’il pense à lui-même. Ce monde est plus que difficile à concevoir, car il remet en cause l’essence même de l’homme, c’est à dire son égoïsme, sa malléabilité, son incapacité à se projeter dans les futures générations. Bien sûr l’homme peut être transformé par la propagande, l’éducation ou l’oppression (physique ou mentale), mais cela nécessite une transformation radicale de tout ce qui régit notre monde présent. Cela signifie remettre en cause l’argent, l’innovation, la recherche, l’éducation. cela signifie gérer autrement le système d’héritage, de transports des biens et des transports, la production, la consommation, l’agriculture, l’industrie. Cela signifie repenser la philosophie, le travail, le bonheur (le sens de la vie), la fécondité, la religion (la notion de bien et de mal).
En définitive c’est la vision de l’homme dans sa nature même qu’il faut modifier, et le problème est de savoir s’il vaut mieux le voir tel qu’il est ou tel qu’on le voudrait.
Car si on le regarde tel qu’il est, ce « monde parfait » a peu de chances d’exister : les contraintes physiques d’un monde qui fonctionne sont réelles, et il ne faut pas les négliger. Certains métiers sont plus difficiles que d’autres, plus ingrats, mais indispensables : or dans « un monde parfait », il semblerait logique d’espérer choisir son activité librement. Le fait qu’elle ne soit contrainte ni par la force ni par l’appât du gain ne laisse pas beaucoup d’espoir quant à la sélection de certaines de ces tâches, celles qu’on appelle en général « le sale boulot ».
Et si on regarde l'homme tel qu’on le voudrait, on retombe rapidement dans le problème de l’idéologie : qui peut prétendre sérieusement détenir la « Vérité » ? celle-ci sera-t-elle imposée ou simplement proposée ? et comment déterminer qui sera réellement capable de juger de cette « vérité » objectivement, sachant que la génération qui conduira cette révolution n’aura pas bien sûr disposé de la préalable éducation à la transformation du monde vers ce « nouvel homme »; génération qui sera donc inévitablement le fruit du capitalisme et de son idéologie ?
Voilà donc pourquoi il est si difficile de remplacer le capitalisme. Lorsque l’on sort du cadre de l’argent, on retombe dans l’idéologie, et la définition de l’homme se retrouve vierge, à réécrire totalement. La tâche est si ardue qu’elle peut paraître impossible à entamer, mais lorsque l’on pense aux armées de fonctionnaires planchant sur des calculs économiques infinis, sur des articles de loi emmêlés par milliers, sur des statistiques gigantesques, on imagine qu’ils pourraient peut-être se trouver plus judicieusement employés à une autre tâche, autrement plus valorisante : regarder ce qu’est devenu l’homme capitaliste, pour mieux définir ce que devrait être l’homme du futur…un humaniste ?
caleb irri
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Par reineroro le 29 Septembre 2009 à 22:52
Pour ne pas devenir une zombie, j'm'en vais me connecter quelques jours sur le vert et la nature.
A bientôt vous tous pour de nouvelles aventures et merci d'être passé.
Un peu de travaux pratiques pour vous occuper !!
Et une petite chanson pour la route ...
Viva, viva la Anarquía!
No más el yugo sufrir
Coronados de gloria vivamos
O juremos con gloria morir.votre commentaire
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Par reineroro le 26 Septembre 2009 à 09:39
Le G20, ça ne change pas le monde, mais avec un "popcorn" on aime bien !
Serge CHARBONNEAU
illustration : le Glob de Bargeo
Grand titre ce matin : « Sommet du G-20 : Accord en vue » [1]
WoW ! Une entente… imaginez… le monde va changer ! (Ceci s’appelle de l’ironie)
Rappelons-nous le 2 avril 2009 (il y a quelques mois) à Londres. Vous savez, la période où l’expression « bras de fer » était le gros vendeur ! Vous savez, ces expressions canons lancées généralement par le leader de l’aiguillage de l’opinion mondial, AFP et repris à l’unisson par leurs fidèles et dociles abonnés.
« Bras de fer » au G20 sur la réforme du FMI (La Depeche)
Le « bras de fer » continue au G20 (Liberation)
…mettre fin au « bras de fer » de l’entreprise contre l’État (WebManagerCenter)
Un « bras de fer » de "gladiateurs" qui risque, à nouveau, de noyer les intérêts du continent africain (All Africa)
Et le fameux « bras de fer » run again … enjeu d’un véritable bras de fer entre pays riches et émergents. (France24)
Outre ces formules reprises pour s’imprégner à fond dans notre imaginaire collectif, parlons un peu des "ententes" passées, elles sont à mon sens bien plus intéressantes que les supposées ententes spectaculaires et médiatiques d’aujourd’hui.
Les "ententes" passées ont des comptes à rendre, tandis que celles qu’on nous annonce en grandes pompes aujourd’hui n’ont qu’un seul but, nous garder bien endormi. On aime bien nous voir dormir à poings inoffensifs fermés, le sourire aux lèvres et l’âme en paix.
Le fameux G20 d’avril dernier s’est terminé dans l’euphorie totale, il y avait eu une fabuleuse entente : « Le sommet du G20 se termine avec une promesse de 1.100 milliards de dollars pour relancer l’économie » [2].
L’autre énorme nouvelle était : « Il faut refaire la "photo de famille" » Eh oui ! Harper était parti pisser ou Berlusconi draguait une nouvelle coquette conquête !
Mais on a aussi dit très sérieusement : « Le pétrole en hausse à New York ». Le baril de pétrole a pris 3,57 dollars à l’ouverture à New York par rapport à son niveau de clôture hier. Les analystes s’accordent pour dire qu’ils attendent des retombées positives du G20 de Londres. WoW ! Le monde était sur le point de changer !
« Wall Street réagit positivement au G20 ». La Bourse de New York a ouvert en hausse et accueille avec optimisme les premières déclarations des membres du G20. Le Dow Jones a ouvert à + 2,03 %. Il avait déjà fini en hausse hier soir après l’annonce des chiffres de l’immobilier américain, moins mauvais que prévu.WoW ! Le monde changeait !
« Pour Oxfam, une liste des paradis fiscaux est "indispensable" ». L’organisation Oxfam France appelle les dirigeants participant au G20 à établir une liste des paradis fiscaux. "Sans liste, aucune sanction n’est possible", estime l’association, qui dit déplorer que certains pays membres du sommet soient prêts à y renoncer. Ça fait un beau titre. « Oxfam… les paradis fiscaux… » Où donc en est-on ? WoW ! Le monde a-t-il changé ?
On a même titré : « La liste des paradis fiscaux publiée dans moins de deux heures ». Nicolas Sarkozy, qui s’exprime en même temps que Gordon Brown, a annoncé que la liste des paradis fiscaux sera rendue publique dans les deux prochaines heures. Cette liste a été établie par les membres de l’OCDE. WoW ! On ne l’a pas vu beaucoup cette liste. On a parlé d’inclure la Suisse ou d’exclure le Luxembourg ou l’inverse… Vous vous en souvenez tous de cette liste, n’est-ce pas ? Elle fut vachement "utile" cette liste.
Maintenant, nos gouvernements ont récupéré tellement d’impôts qui s’échappaient auparavant au paradis que maintenant on parle de nous offrir des soins de santé totalement gratuits et il n’est plus nécessaire de privatiser les hôpitaux. WoW ! C’est fantastique ce que ce G20 a changé notre vie et a obligé ces gros prédateurs économiques à remplir leurs responsabilités sociales, c’est-à-dire de simplement payer l’impôt qu’ils doivent payer comme vous et moi et comme tout citoyen responsable et solidaire de sa communauté.
WoW ! Le G20 ! WoW !
François Fillion disait : « François Fillon souhaite la publication d’une liste des paradis fiscaux ». En déplacement à Poitiers pour le congrès de la FNSEA, François Fillon a rappelé son attachement à la publication d’une liste des paradis fiscaux par les membres du G20. "Franchement, je serais extraordinairement déçu que les chefs d’État des 20 plus grandes économies du monde ne puissent pas se mettre d’accord sur un minimum de régulation, comme ce que nous proposons, et qu’en particulier le président des États-Unis n’ait pas à cœur de publier la liste des paradis fiscaux." Une déclaration fracassante !!!!!
On a aussi parlé de : « La Russie veut discuter d’une nouvelle monnaie internationale ». La discussion sur la création d’une nouvelle monnaie internationale basée sur les droits de tirage spéciaux du FMI pour remplacer le dollar n’était pas au programme du sommet. Mais "des discussions isolées dans un format bilatéral sur ce sujet" ont eu lieu, selon le principal conseiller du Kremlin. La Chine et la Russie se disent favorables à un "approfondissement" de la question dans les mois à venir. Bon, ici, disons que c’était la Russie qui en parlait. Bah ! Il y a aussi le "Sucre", la monnaie de l’Amérique latine qui sera en essai dans les mois qui viennent et en fonction un de ces jours. Il y a longtemps que Saddam avait parlé de vendre son pétrole en acceptant autre chose que le $US. Ça lui a coûté la vie !
Il y a l’Afrique, il y a les pays arabes… il y a la Chine. Multipolaire, pluripolaire comme dit Chávez. Une nouvelle monnaie d’échange… où en est le dossier ? Bah !
En tout cas, le "Sucre" (prononcez le "soucré") fait son chemin. Chávez dit, Chávez fait. Du côté Amérique latine, les dossiers avancent et sont faciles à suivre. Vous savez, la transparence, l’information… vous savez ? Non, vous ne savez pas ! Vous êtes habitué à ne pas savoir, vous êtes habitué à vous ouvrir un œil à voir le titre « Accord en vue » et à vous refermer les yeux pour continuer votre sommeil profond. Le titre fait 24 heures maximum, on vous le remplacera demain, pour un autre titre du futur et on se gardera bien de trop vous parler du présent et encore moins des leçons du passé. Vous savez les leçons du passé comme ce G20 d’avril dernier ! WoW ! Plus ça change, plus c’est pareil !
Quoi d’autre ? Que disait-on en avril dernier à la sortie du fameux G20 « bras de fer » qui n’a pas eu lieu, à la surprise non surprenante générale !? On parlait de : « Surenchère sur les nouvelles aides » Alors que le sommet s’apprête à remettre sa déclaration finale, les chiffres des aides aux organisations internationales n’en finissent pas de grimper. D’abord annoncées à 250 milliards de dollars pour le FMI, elles arrivent désormais, selon certains négociateurs, à près de 1 100 milliards pour le FMI, la Banque mondiale et les banques de développement.
« La fin du secret bancaire »
Pour Gordon Brown, le sommet du G20 de Londres marque la fin du secret bancaire. Il a aussi annoncé un contrôle strict des "hedge funds" et des agences de notation. Quelle fin tragique, n’est-ce pas ? Le secret bancaire… C’est sans doute que votre gouvernement scrute quotidiennement votre compte de banque pour y déceler des revenus au noir ou encore une grosse transaction qui servirait à financer un groupe terroriste, je parle bien entendu de Al Qaïda, qui d’autre ? C’est vrai qu’on s’aperçoit que le secret bancaire concernant nos comptes et notre cote de crédit, nos transactions via cartes bancaires ou de crédits sont clairement connues de tous ceux qui surveillent pour notre sécurité nationale. C’était sûrement de ce "secret" dont on parlait à la sortie du G20 de Londres.
On parlait aussi de : « Nouvelles règles sur les salaires et bonus » Les pays du G20 se sont mis d’accord pour mettre en œuvre de "nouvelles règles" sur les salaires et les bonus au niveau mondial. WoW ! Ça aussi, ç’a changé radicalement le monde. On a constaté que les gros yachts ne se déplaçaient plus autant. Pour ces pauvres propriétaires de yachts, la diminution de leur bonus fait en sorte qu’ils sont maintenant incapables de faire le plein de leur immense paquebot personnel. Le tourisme pour la lune s’en voit aussi directement affecté.
Les pays qui crèvent de faim, ne vous ne vous en faites pas, on a pensé à eux, heureusement : « Chute des cours de l’or ».
L’annonce de Gordon Brown sur la vente d’une partie des réserves d’or du FMI a fait chuter les cours du métal à moins de 900 dollars l’once. Le FMI va se servir des revenus de cette vente pour venir en aide aux pays les moins développés. Ce fut une belle nouvelle. Quel courage déployé par ce FMI missionnaire ! On ne peut que s’incliner et le féliciter au nom de tous ces pays qui meurent de faim à cause de la crise alimentaire des aliments sur les tablettes, mais trop chers pour ces minables.
Certains crèvent de faim (littéralement), mais tout n’est pas perdu, on titrait à la sortie du G20 de Londres : « Optimisme pour la production mondiale ». Selon le communiqué final du G20, les mesures prises par le sommet devraient entraîner une augmentation de la production mondiale de l’ordre de 4 % d’ici à la fin 2010. Cette initiative "sauvera ou créera des millions d’emplois qui auraient sinon été détruits", ajoute le communiqué. WoW ! Des millions d’emplois ! WoW ! Comme c’est fantastique ! WoW ! Vous avez bien dit, chers journalistes de conférence de presse : « Des millions d’emplois CRÉÉS ». J’espère que nos chers journalistes vont nous informer régulièrement des offres d’emplois qui vont fuser de partout. Va-t-on manquer de main-d’œuvre ? Sûrement !
WoW ! Ce G20 a été une réussite totale ! Bravo, bravo, bravo, trois fois bravo !
Souvenez-vous, au lendemain du G20 de Londres : « Les Bourses euphoriques ». Les Bourses réagissent très positivement aux annonces du G20. Le CAC 40 est en hausse de 5,37 %, le Footsie (Londres) de 4,28 % et le DAX (Francfort) de 6,07 %. WoW ! L’euphorie totale, même notre Caisse de dépôt a dû en profiter, c’est dire, n’est-ce pas ?
Le climat… On a eu une réunion convoquée par Ban Ki-moon, il y a quelques jours. Une autre belle réunion… et le climat… que peut-on faire ? Que fait-on ?
À la sortie de Londres, on disait : « Berlin souhaite un G20 du climat ». En marge du G20, le ministre de l’environnement allemand, Sigmar Gabriel, a plaidé pour l’organisation d’un sommet du G20 sur le thème de la protection climatique comme outil de relance économique. Pour lui, la protection de l’environnement doit aussi être appréhendée comme "un instrument de sécurisation de l’emploi". » WoW ! Si le climat était PAYANT ! WoW ! Le climat pour la « relance économique » (qui en d’autres mots veut dire la surconsommation)… pour la « sécurisation de l’emploi » WoW ! C’est génial !
Juste de penser à de telles choses, à de tels projets et on sent déjà la planète se refroidir !
Des visionnaires ces gens réunis au G20.
Dire que parfois on nous fait entendre des "scientifiques". Comme si les scientifiques pouvaient dire des choses "intelligentes" ! (Ceci est de l’ironie, je dois constamment le dire parce qu’il y a toujours quelques "caves" qui ne comprennent pas).
Bon, maintenant passons aux choses sérieuses, cessons de nous attarder au passé, ne perdons pas de temps avec le présent et tournons nous vers le futur. En 2056 savez-vous que nous serons 9,2 millions au Québec ? Oui, oui, pas 9 millions, 9,2 millions et pas en 2050, non en 2056 [3]. Et Harper a dit qu’en 2011, nous (notre vaillante armée) serions retirés d’Afghanistan. C’est bon de connaître le futur aussi précisément, mais parfois on en oublie le présent et on a peine à se souvenir du passé, même récent.
Allez, jouissez de ce fabuleux sommet du G20, vous verrez, ils vont changer le monde… pour au moins 24 heures, le temps des Une.
Serge Charbonneau Québec
[1] http://www.radio-canada.ca/nouvelle...
[2] Le sommet financier du G20 à Londres http://french.china.org.cn/txt/2009...
[3] Le Québec pourrait compter 9,2 millions d’habitants en 2056 http://www.ledevoir.com/2009/07/16/...votre commentaire
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Par reineroro le 24 Septembre 2009 à 21:16
Val dingue au tribunal
Justice / jeudi 24 septembre par Sébastien FontenelleCe jeudi se tient l’audience du procès en diffamation de Bakchich contre Philippe Val, le patron de France Inter. A l’automne 2008, le charmant Philippe nous avait un peu abruptement comparé au journal collaborationniste Je Suis Partout. Une rhétorique récurrente chez l’ancien boss de Charlie-Hebdo.
En novembre 2008, l’épatant Philippe Val, directeur, à l’époque, de Charlie Hebdo, fait à la télévision, chez Ruquier, la promotion de son nouveau bouquin : Reviens, Voltaire, ils sont devenus fous !Vers la fin de sa (pittoresque) prestation, Éric Zemmour lui fait grief, sans trop d’aménité, d’user de raccourcis pesants, et de trouver notamment comme « point de comparaison », pour attaquer « le site Bakchich », les années 1930, et plus particulièrement « Je suis partout », répugnant torchon collaborationniste.
Val se défend, avec sa coutumière flamboyance : quand il compare Bakchich avec Je suis partout, il ne s’agit bien sûr pas de l’infecte feuille collaborationniste des années 1940, mais « du journal Je suis partout dans les années 1930 », qui naturellement « ne pouvait pas »« être collabo » (mais qui « était un journal de rumeurs qui poussait les gens au suicide en colportant des saloperies » - de sorte que la comparaison reste assez peu flatteuse pour Bakchich). Et le big boss de Charlie d’insister, devant des millions de téléspectateurs (qui n’en peuvent mais) : « Je dis des années 1930 », dans le livre ». encore
Val(se) avec Bakchich
Problème : c’est un – effronté – mensonge. Dans le livre, comme il dit, Val écrit : « Ne parlons même pas de Bakchich, qui adapte sur Internet les méthodes glorieuses de Je suis partout ». (C’est ce qui lui vaut de comparaître, ce jeudi 24 septembre 2009, devant la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris, après que Bakchich a porté plainte pour diffamation.) Nulle part il ne précise qu’il s’agirait du Je suis partout des années 1930 : son lectorat peut donc librement supposer qu’il s’agit de la feuille immonde où Brasillach appelait, sous l’Occupation, au meurtre des Juifs.
Mais pour infâme qu’elle soit, une telle comparaison, venant de lui, ne doit pas trop surprendre : Val s’est en effet construit, au fil des années, un élégant système de « pensée » où, schématiquement, quiconque n’est pas de son avis encourt le risque, sérieux et permanent, d’être plus ou moins explicitement traité de nazi.
En 1999, par exemple, quand l’OTAN procède à une longue série de bombardements sur la yougoslavie, le patron de Charlie fustige la triste engeance qui s’émeut : de son (haut) point de vue, ces outrecuidants salauds sont de ceux qui préféraient naguère « Hitler à Blum », et sont, d’évidence, « mûs par la haine de la démocratie et l’antisémitisme ». De même, si des militants de « France Palestine » ont l’excessive effronterie de s’offusquer du sort fait aux Palestiniens, Val, tel qu’en lui même, les portraiture, en 2007, en « gros connards qui, en réalité, dépensent toute leur énergie (…) en haine des Juifs (…) et de la démocratie en général ». Et ainsi de suite, ad nauseam : ce ne sont que deux exemples, parmi (tellement) d’autres.
Val(se) à deux temps
Or. Val, en sus de cette espèce d’addiction aux amalgames nauséabonds, a de surcroît ceci de particulier, qu’il n’aime pas du tout qu’on lui retourne, fût-ce sur un mode humoristique, les ahurissants « compliments » dont lui-même est si prodigue – et que, pour ce qui le concerne, l’excès de caricature, oui, d’accord, très bien, mais à condition qu’il s’applique aux mahométans, plutôt qu’à un directeur de Charlie Hebdo. En sorte que, lorsqu’il découvre un beau jour qu’un dessinateur – Plantu- a osé le caricaturer « en nazi », comme lui-même fait d’autrui depuis de si longues années, il se fâche très fort – et donne, dans le burlesque livre qu’il promotionnera chez Ruquier, le fin mot de l’odieux affront : « Plantu reprend là un grand classique de l’antisémitisme ». Décidément : c’est une obsession.
Lire ou relire sur Bakchich :
Un grand merci à Philippe Val, le nouveau boss de France Inter, sans qui nul ne saurait choisir les « sources crédibles ».Daniel Mermet sera-t-il sur France Inter à la rentrée ? En attendant, Là-bas si j’y suis accueille Philippe Val, dans une lettre adressée aux auditeurs publiée en exclusivité sur Bakchich, et sur le site (…)Selon le Nouvel Obs, le bon président Sarkozy a jeté son dévolu sur le chansonnier et patron de Charlie Hebdo Philippe Val pour prendre la direction de l’antenne de France Inter.Laurent Joffrin, directeur de Libération, revient sur l’affaire Siné, pour la deuxième fois en quatre jours - et après avoir tranquillement considéré, vendredi, qu’« on peut choisir sa religion mais pas sa race ». (Avant de concéder que (…)votre commentaire
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Par reineroro le 14 Septembre 2009 à 11:08
POURQUOI HAIS-JE LE PEUPLE ?
La détermination du peuple est immuable et effrayante. Le peuple est une masse d’individus conditionnés mentalement et intellectuellement par une myriade d’institutions spécialisées dans le lavage des cerveaux et dans l’apprentissage aux futurs métiers de la servilité et de l’assujettissement. En effet, pour qu’il y ait peuple conditionné mentalement et intellectuellement, il faut qu’il existe préalablement école, famille, lois, institutions, État etc dont la mission consiste à modifier la posture psychique de chaque individu pour en faire une masse et des hommes dressés comme les animaux du cirque. Dans le dressage des êtres humains, l’école n’a rien à envier aux centres de formation spécialisés dans la formation des animaux du cirque.
L’école et les méthodes pédagogiques ne sont pas autre chose qu’une sorte de dressage des enfants en bas âge appelés à former plus tard ce que l’on appelle l’esprit public ou l’opinion populaire d’une collectivité ou d’une nation. Les chantres de l’humanisme et les philanthropes veulent faire croire que l’école est là pour faire le bonheur des hommes alors qu’elle est en réalité un lieu concentrationnaire chargé de former des troupeaux humains à marcher et à être contents à marcher. L’école est d’abord l’endroit où se forment les réflexes conditionnés des êtres humains suivant des méthodes claires et très sûres.
Malgré les différences d’aptitude entre les animaux de diverses espèces, tous les animaux peuvent finalement être dressés. Il en est ainsi des populations scolaires qui, malgré les différences d’aptitude de chacun de leurs membres, seront en fin de compte dressées. À l’école, comme dans le cirque, on retrouve les mêmes principes: l’appât et la peur des sanctions, la crainte de la douleur qui sont les mobiles sur lesquels repose l’apprentissage des animaux et des troupeaux humains. L’imitation pratiquée sur une grande échelle dans l’éducation joue un rôle déterminant dans la formation des réflexes chez les enfants, car elle joue le rôle de « drainage » chez des écoliers en présence d’autres écoliers.
C’est au sein de l’école que se forme le peuple ou l’esprit populaire, cette grande masse d’individus suggestionnables, influençables et violables psychiquement. Dans la vie de nos soi-disant sociétés démocratiques, le peuple est censé être libre et souverain dans le choix de ses gouvernants et de ses représentants. Or, la réalité est tout autre et le peuple n’est là que pour une mission de figuration pour les kermesses électorales. Ce qui est demandé au peuple dans les démocraties capitalistes, ce n’est pas seulement de participer à la mascarade électorale mais surtout et avant tout d’obéir et de se taire. Le peuple a été formé et préparé des années durant à recevoir des ordres, à bien les interpréter et à les exécuter correctement.
Il faut bien dire que l’ordre est plus ancien que le langage sinon les animaux du cirque ne pourraient pas le comprendre. La manière de bien comprendre le sens de l’ordre est d’une importance capitale, car la finalité de tout ordre est de déclencher une action. Mais comme toute action est précédée d’un ordre, on comprend aisément pourquoi les regards du peuple sont toujours rivés sur les lèvres de ses meneurs et de ses maîtres dans l’attente des mots d’ordre. Songeons à ces millions de victimes qui ont répondu présentes lors des différentes guerres et dont les corps ont servi de chair à canon. Le peuple est donc, comme le soldat, n’agit que par ordre et il passe sa vie durant à attendre ce moment crucial, le garde-à-vous. La réponse du peuple comme celle du soldat est toujours la même, « A vos ordres ».
Comme le soldat lors de sa formation militaire, le peuple sait parfaitement grâce à l’école et à l’imitation, à quel moment il doit répondre présent à l’appel de ses maîtres et meneurs pour procéder à l’exécution des ordres. Pour passer de l’ordre à l’action, le peuple a besoin seulement du mot d’ordre des maîtres et des donneurs d’ordre qui lui imposent une certaine direction. L’art du meneur et du donneur d’ordre consiste à résumer en mots d’ordre tout ce qu’il veut obtenir et à les présenter avec force et d’une manière convaincante pour l’aider à rassembler des individus en peuple. C’est pourquoi les meneurs du peuple utilisent le langage de l’inconscient en recourant à des mots-clés, des slogans, des symboles visuels et sonores, à certaines couleurs et à la musique.
La première mission des meneurs est celle qui consiste à niveler le peuple vers le bas pour mieux le dominer. Pour que l’ordre soit efficacement exécuté, c’est-à-dire sans hésitation, ni discussion, ni explication, ni doute, car, comme pour les animaux du cirque, le peuple ne doit recevoir ni nourriture ni récompense que des mains de ses meneurs et ses maîtres attitrés. Mais contrairement aux animaux du cirque qui peuvent être sanctionnés soit par faim soit par la mort, le défaut d’obéissance du peuple se traduit généralement par sa participation directe dans la fabrication de la machinerie qui sera appelée à le châtier et à le punir, la dictature et le totalitarisme qui s’érigent en son nom. Pour que l’ordre garde toute sa puissance et ses caractères indiscutables, il faut sans cesse travailler au nivellement du peuple vers le bas. Car plus le niveau intellectuel et mental du peuple est bas plus l’ordre a une chance d’être spontanément et correctement exécuté.
C’est parce que le peuple a toujours été à la fois la victime consentante et le complice des dictateurs et des dictatures, que je hais le peuple. Je hais le peuple, parce qu’il est par définition ignorant, aveugle et une marionnette manipulable à volonté. Je hais le peuple, car il est composé d’individus frustes mus par le seul instinct et absorbés par les seuls besoins animaliers, par le boire, le manger et le s’amuser bêtement. Je hais le peuple, car il constitue une entrave à ma liberté et à la réalisation de mes aspirations qui ne sont nullement celles de produire et de consommer. C’est parce qu’il est le seul responsable de tous mes malheurs et de tous mes déboires dans la vie terrestre, que je hais profondément et viscéralement le peuple.
FAOUZI ELMIR ICI
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Un petit bémol sur ton dernier paragraphe :
Peut être devrais tu dire, Je hais les autres parce que je me hais moi-même. Qui de la poule ou de l'oeuf?
Noublies pas que tu es en parti responsable de ce qui arrive !! Quant à moi, ni haine, ni compassion...
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Par reineroro le 10 Septembre 2009 à 09:46
Les informations fusent. De partout. TV, Radio, Presse, Internet. Pour celles et ceux qui le souhaitent (ou pas), nous en sommes rassasiés jusqu’à l’extrême limite. Cette limite qui une fois atteinte, nous fait soit lâcher l’affaire, le dégoût et l’abandon de toutes les sources d’informations, soit décrypter l’actualité pour en extraire sa substantielle moelle. Mais le temps et la facilité nous poussent évidemment à la première solution.
Quant à la deuxième, on se rend vite compte, que ce monde, profitant de notre passivité sur les événements en cours, nous prend vraiment pour des cons…A l’international:
De France, notre Nicolas préféré ne manque pas de se préoccuper du sort des citoyens des autres pays. Cela en devient admirable, touchant, pathétique voire pitoyable. Récemment nous avions eu droit à l’Iran. Un tollé présidentiel face au scandale des scrutins truqués et au peuple iranien ayant soif de démocratie. Mais à chaque fois, on ne peut s’empêcher de penser à tous les pays ignorés, volontairement, par notre nain souverain. Une mémoire courte et bien sélective:
- la Birmanie dont le régime est, on le sait de manière certaine depuis peu de temps, financé par l’entreprise bien française Total
- La Chine où le commerce Franco-chinois (Areva, EDF…) va bon train malgré l’emprisonnement ou les exécutions sommaires d’opposants
- Le Brésil, potentiel client cette semaine, des maudits Rafales de Dassault, entreprise qui aimerait avoir un pied dans le marché juteux de l’Amérique Latine (Colombie, Honduras, Nicaragua…) réputée pour ses droits de l’homme (sic!) Il faudra au passage demander aux habitants des bidons villes de Sao Paulo s’ils sont « pour » l’achat de 5 milliards de dollars d’avions de combat, soi-disant, dernier cri.
- La Libye avec l’anniversaire du terroriste Kadhafi, nouvellement vierge et « fréquentable », sous le prétexte fallacieux, qu’il s’oppose à Al Quaïda.
Et que des dires des visites présidentielles françaises, grand sourire, dans des pays abritant d’infâmes dictatures tels que Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, où la liberté d’expression, notamment, est piétinée chaque jour?3 élections, 2 mesures
Iran, Juin dernier. Ahmadinejad est déclaré vainqueur de l’élection présidentielle, malgré les fraudes et les résultats qui donnent gagnant son opposant Moussavi.
Gabon, la semaine dernière. Ali Bongo est en compétition avec une dizaine de candidats. Lors du scrutin, le vote se voit retardé de plusieurs heures le matin, sans aucune explication. De même, les résultats sont connus quelques jours après la date prévue, laissant planer l’ombre de la fraude sur les événements. 2 opposants au fils de l’ancien dictateur Omar Bongo, s’autoproclament en même temps que lui « président du Gabon ». Finalement les 15 candidats opposés à Ali, le dauphin du tyran, demandent une enquête sur les malversations électorales.
Afghanistan, août dernier jusqu’à début septembre. Ahmid Karzaï, l’ancien agent de la CIA, ne peut sur le papier, gagner les élections dans la mesure où, les principales régions ralliées à sa cause sont sous le feu des combattants talibans. Les régions « libres » pour voter restent en revanche plus réceptrices aux promesses électorales de son rival, ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah. Pourtant, malgré la logique la plus basique, Ahmid Karzaï est reconduit dans son mandat de président dès le 1er tour.Iran Juin dernier. Ahmaninejjad a été nommé président. Les USA, le Royaume-Uni et la France ont trouvé regrettable un tel manquement à la démocratie, et ont demandé, à l’instar des opposants sur place, de vraies élections libres et équitables.
Gabon, La semaine dernière. Ali Bongo a été nommé président et a reçu les félicitations expresses de l’Elysée.
Afghanistan, août dernier. Ahmid Karzaï a été nommé président. Nicolas Sarkozy a envoyé une lettre au vainqueur: « La campagne électorale qui vient de s’achever a démontré la maturité politique et l’intérêt très marqué des citoyens afghans pour débattre des conditions de leur avenir »
No comment…En France:
Ah la taxe carbone. Un sujet idéal pour parler d’autres choses… ou pas. Il faut avouer qu’on ne sait plus, devant les boulettes et gaffes en cascade, fausse fuite ou test de l’opinion publique, s’il y a encore un pilote dans l’avion France! Episode 1: Fillon annonce la tonne de C02 à 14 euros et tout semble ficelé. Episode 2: devant le tollé, le Nicolas invite la chef de fils des Verts et annonce que rien n’est fait. Episode 3: Fillon prétend que tout ce remue-ménage provient des médias. Magnifique de culot.Clearstram. L’informaticien, aussi compétent pour Excel que naïf pour des affaires louches, Imad Lahoud implique directement De Villepin. Mais si le « Dom » était au courant, et a laisser faire, comment expliquer que le Nicolas à l’époque, Ministre du Budget puis de l’Intérieur soit totalement « ignorant » quant à la véracité des listings, et qu’il aurait lui aussi « laisser-faire »! Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette…
Le Forfait hospitalier. Belote & rebelote. On nous refait le même coup que les salaires des traders à la BNP. D’abord on donne à ronger aux médias et à la vindicte populaire, un chiffre, énorme évidemment, et ensuite on le diminue pour arriver, forcément, à un chiffre bien au-dessus des estimations initiales les plus optimistes. Pour preuve: 16 euros à 20 euros, soit 25%. Tout est affaire de psychologie comme lorsque vous négociez une augmentation, demandez plus puisque vous aurez toujours moins que demandé! Si finalement, l’augmentation s’arrête à 18 euros, le soufflé se dégonflera aussi vite qu’il est arrivé.
A moins que les médias fassent leur travail, et que l’ombre du « nouvel impôt » forcément honteux ne dissolve tout espoir, pour Roselyne et ses amis, de faire payer aux malades le fait de l’être…malade.
ça serait tellement plus solidaire (et donc idée socialiste) de faire payer à tous la hausse par l’intermédiaire de la CSG. Si c’est une idée du PS, désolé, mais elle s’impose comme étant la meilleure. Si! si!Du pognon, il en faut encore et toujours plus. Alors plutôt que de rafistoler la passoire, on augmente le débit de l’eau. Logique floue de nos politiques. D’où la même semaine, le dé-remboursement du paracétamol et de l’aspirine. Tout ce que peut payer le contribuable, c’est autant de sous d’économiser pour la sécurité sociale. D’ailleurs le paracétamol sert aussi à diminuer les symptômes d’une certaine…grippe A H1N1. Curieuse coïncidence.
Juste après l’intervention de la grotesque Roselyne Bachelot dimanche dernier dans « Cpolitique » , (un joli nom pour une émission politique sur France 5), une publicité vantait les mérites d’une mutuelle célèbre…du Mans. Celle-ci mettait en avant, via un affilié emprunt à une rage de dent terrible, le remboursement par cette mutuelle des… antalgiques!
Les spécialistes du secteur en sauraient-ils plus que nous? Ne seraient-ils d’ailleurs pas un peu derrière les lois et futures lois qui seront légiférées, rien n’est moins sûr.Justice. Belote, rebelote et dix de der. Dans les cartons du ministère de la Garde des Sceaux a prévu, pour pallier à la grippe A, une justice d’exception, une version light. Tollé des syndicats de magistrats. Selon le point.fr, « le Code de procédure pénale pourrait être modifié par voie d’ordonnance gouvernementale ». Rassurant en National Sarkozisme.
Pour nier les accusations du Syndicat de la magistrature et de l’Union syndicale des magistrats, MAM nous sort un abracadabrantesque: « C’est un projet protecteur des libertés individuelles, prévu dans un cadre juridique très précis ». Un culot sans borne, un hymne au foutage de gueule.Toutes ces anecdotes alimentent ainsi les conversations de bistrots, les médias et… les blogs, mais vident d’autant les caisses de l’Etat. Et franchement, après coup, on a vraiment l’impression:
- que celles et ceux qui nous gouvernent sont des incompétents, des traitres à la nation voire tout simplement des fous (devons-nous à ce titre être plus timorés face à des malades inconscients de leurs actes?)
- que nous sommes pris manifestement pour ce que nous ne sommes pas. A moins que…votre commentaire
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Par reineroro le 4 Septembre 2009 à 12:08
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