• Zone d’exclusion aérienne en Libye ? Cohn-Bendit, l’impérialiste vert



    Jutta Ditfurth

    Traduit par  Michèle Mialane
    Edité par  Fausto Giudice


    Daniel Cohn-Bendit, Président de la fraction des Verts européens, adore les interventions militaires si elles servent les intérêts des impérialistes. En exigeant l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye il fait un premier pas dans cette direction. Ce ne serait pas la première guerre où il enverrait les autres se battre pour lui. À cet effet, et depuis longtemps, il relativise le nazifascisme : en 1993, il a hurlé, à un Congrès des Verts, qu’il fallait déclarer la guerre à la Yougoslavie, parce que les Musulmans bosniaques étaient « une composante de la culture européenne » et « des hommes de notre sang ».[i] En 1994 il a comparé avec le plus grand sérieux le siège de Goražde au Ghetto de Varsovie.

    Aujourd’hui c’est au tour de la Guerre civile espagnole -la défaite de la Révolution sociale face aux franquistes- d’être mise à contribution pour justifier une guerre contre la Libye : « ...je sais que comparaison historique n’est pas raison, mais tout de même, en 36, nous avons laissé Franco massacrer tous les républicains espagnols, un massacre épouvantable, mais les Français et les Anglais n’ont pas bougé. Je trouve que notre génération devrait agir autrement. »[ii]

    La guerre : une question de génération ?

    Pourquoi juste cette guerre ? Pourquoi pas contre le Maroc, dont la monarchie absolue exploite son peuple, occupe militairement son voisin, le Sahara occidental, emprisonne et assassine ses opposants ? Bien sûr je ne suis pas pour une guerre contre le Maroc, je ne fais que tester la logique de l’agitateur peint en vert. Le mouvement de résistance sahraoui, le Front Polisario, a cessé sa guérilla en 1991 lorsque l’ONU a promis de donner une chance d’indépendance au Sahara occidental en y organisant un référendum. Depuis les Nations Unies et l’UE mènent en bateau les Sahraouis, car le Maroc est un partenaire idéal pour l’UE : ils s’entendent pour piller les ressources du Sahara occidental et capturer les migrant-e-s africain-e-s en route pour l’Europe et les enfermer dans des camps.

     
    Mouammar Al Khadafi était un excellent ami des État capitalistes. Il acceptait tous les « programmes d’ajustement structurel » du FMI et vendait son pétrole. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel n’étaient pas les seuls amis de Ben Ali, Moubarak et Kadhafi, comme Cohn-Bendit l’a prétendu dans son ardeur polémique. Je me rappelle bien la visite d’Otto Schily [ancien Vert devenu social-démocrate, ministre de l’Intérieur du gouvernement Schröder, NdE] à Kadhafi sous sa tente. Et durant des années Josef Fischer, le Vert ministre des Affaires étrangères, a rencontré Hosni Moubarak dans la joie et la bonne humeur.
     
    À un analyste objectif, il ne peut échapper que la situation en Libye n’est pas la même qu’en Tunisie ou en Égypte. Ce ne sont pas tant de jeunes chômeurs et syndicalistes qui se soulèvent. Le « héros » des rebelles libyens, dans l’Est du pays, n’est autre que le roi Idriss, renversé en 1969 et aussi grand ami de l’administration usaméricaine que le Chah de Perse. Ni en Tunisie, ni en Égypte on n’a vu flotter de drapeaux monarchistes dans les manifestations.
     
    Est-ce un hasard, si c’est l’Est du pays qui abrite les principaux champs pétrolifères ? Précisément le territoire de ces « rebelles » à qui l’intervention militaire serait profitable ? Deux représentants de la « résistance » libyenne ont convaincu l’UE et Cohn-Bendit du bien-fondé d’une guerre. Mais on estime à 140 le nombre de “tribus” libyennes, dont l’UE ne sait pas grand-chose.
     
    Pourquoi ne puis-je m’empêcher de penser aux talibans, que les USA ont bien aidé à se renforcer ? Pourquoi me vient-il justement à l’esprit la comparaison impardonnable et répugnante du Kosovo avec Auschwitz, qui servit au vert ministre des Affaires étrangères, Josef Fischer, à justifier l’attaque de la Yougoslavie par l’OTAN en 1999, et l’allégation purement imaginaire des USA, selon laquelle l’Irak fabriquait des gaz toxiques? Des questions auxquelles les députés verts déchaînés doivent répondre, plutôt que d’envoyer les autres faire la guerre en leur nom.
     
    S’il existe en Libye un mouvement de résistance émancipateur, la meilleure façon de l’aider est entre autres d’essayer d’empêcher toute intervention militaire et d’épauler les élans venus d’en bas.
     
    Une version abrégée de cet article est publiée dans le TAZ d’aujourd’hui
     


    [i] Cité d’après Mathias Geis, « Vacciné contre la compassion » dans la tageszeitung du 11 octobre 1993.

    [ii] Interview de Daniel Cohn-Bendit par Theo Kroll, ZDFspezial « Blutiger Machtkampf in Libyen»(Luttes de pouvoir sanglantes en Libye) http://www.youtube.com/watch?v=Xsk6QsiI9X4, du 24.2.2011 [3:00-3:22 Min.]





    Merci à Tlaxcala
    Source: http://www.oekolinx-arl.de/
    Date de parution de l'article original: 14/03/2011
    URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=4238


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  • Des colons attaquent des maisons palestiniennes près de Naplouse ainsi qu’à Bethlehem, Hébron et Ramallah.

    Saed Bannoura IMEMC, 13 mars 2011

    Des douzaines de colons israéliens armés ont attaqué dans la nuit de samedi et dimanche à l’aurore des douzaines de maisons palestiniennes dans la ville de Huwwara au sud de la ville septentrionale de Naplouse. Les colons aussi ont attaqué plusieurs quartiers de Bethlehem, Hebron et Ramallah.

    Les colons se sont d’abord réunis au barrage de la route de Za’tara, au nord de Huwwara et au sud de la colonie illégale de Yitzhar.

    Des témoins oculaires ont dit que les colons avaient jeté des pierres sur les voitures des habitants, brûlé plusieurs véhicules et étaient entrés par effraction dans plusieurs maisons après les avoir cernées.

    L’armée israélienne a fermé la route 60 qui relie Ramallah à Naplouse quand les attaques des colons se sont intensifiées.

    Des centaines de résidents locaux sont sortis dans les rues pour empêcher les colons lourdement armés d’attaquer leur maison pendant que les soldats attendaient à l’entrée de Huwwara sans essayer de déloger les colons d’huwwara.

    De plus, des colons ont jeté des pierres sur des véhicules palestiniens qui roulaient à proximité de la colonie de Ofer près de Silwan, à l’est de la principale ville de Cisjordanie Ramallah.

    Dans le district de Hébron, des colons ont brûlé une voiture et blessé un enfants dans la ville de Beit Ummar. Les colons ont attaqué plusieurs maison palestiniennes situées près de la colonie illégale de Ramat Yishai dans le quartier de Tal Romeida de la ville.

    Des colons de la colonie de keriat Arba de Hébron ont attaqué plusieurs maisons proches de la colonie. Les colons de la colonie de Kharsina, à l’est de la ville, ont aussi attaqué plusieurs maisons voisines. Il y a eu des dégâts matériels dans les deux endroits.

    Selon des sources locales à Beit Ummar, les attaques contre la ville ont été perpétrées par au moins 250 colons ; les colons ont aussi jeté des pierres sur les maisons et les véhicules et un enfant a dû être emmené dans une clinique locale après avoir inhalé des gaz envoyés par l’armée israélienne.

    De plus un groupe de colons a attaqué des maisons dans le camps de réfugiés de Al Arroub sur la route principale qui relie Hébron à Bethlehem ; il y a eu des dégâts matériels mais pas de blessés.

    Cinq membres d’une famille de Abu Aker ont été blessés samedi soir par un groupe de colons armés qui les a attaqués. La famille rentrait chez elle en voiture par la route qui va de Hébron à Jérusalem.

    Les colons ont prétendu qu’ils vengeaient la mort des cinq personnes d’une même famille de colons, dont deux enfants de 11 ans et 4 ans et un bébé de 5 mois, poignardées chez elles vendredi soir, dans le nord de la Cisjordanie, par quelqu’un qui s’était introduit dans leur maison située dans la colonie d’Itamar.

    Izzat al-Rishiq, un membre du bureau politique du Hamas, a dit que le Hamas n’avait rien à voir avec cette attaque et a précisé que le Hamas et les autres mouvements palestiniens de libération ne s’attaquaient pas aux enfants.

    Al-Rishiq pense que l’attaque était de nature criminelle comme d’autres crimes brutaux qui ont choqué la société israélienne.

    Le Comité palestinien contre le mur, qui représente le mouvement non violent de Palestine, a aussi condamné l’attaque et exprimé ses regrets et ses condoléances à la famille.

    Dans sa déclaration, le Comité, a dit qu’il pensait que ces meurtres étaient la conséquence de l’escalade générale de la violence de la politique d’occupation israélienne, car cette politique créait les circonstances qui favorisent l’apparition de tels actes haineux.

    Le Comité a déclaré que " bien que le crime ait été commis en territoire colonisé, nous considérons le meurtre d’enfants comme un crime méprisable, quelques soient leur nationalité, leur sexe ou leur religion."

    Dans la nuit de samedi, le cabinet ministériel israélien pour les affaires coloniales s’est réuni et a décidé d’approuver la construction de centaines de nouvelles unités dans les colonies juives de Gush Etzion, Maaleh Adumim, Ariel et Keryat Sefer.

    La réunion était présidée par le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et y participaient le ministre de la défense, Ehud Barak, et les ministres Moshe Yaalon, Benni Begin, et Matan Vilnai.

    Pour consulter l’original : http://www.imemc.org/article/60851

    Traduction : D. Muselet

    URL de cet article 13076
    http://www.legrandsoir.info/Des-colons-attaquent-des-maisons-palestiniennes-pres-de-Naplouse-ainsi-qu-a-Bethlehem-Hebron-et-Ramallah.html
     

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    Une ville située au nord de l'État de Chihuahua au Mexique. Un motel, près de Juárez. Chambre 164. Ce documentaire a reçu le Prix FIPRESCI à la Mostra de Venise 2010.

    Le documentariste Gianfranco Rosi et son auteur Charles Bowden ont donné rendez-vous à l'un des tueurs du cartel des narco-trafiquants mexicains. Cet homme qui a tué des centaines de personnes, véritable expert en torture et en kidnapping, a connu une première vie professionnelle dans les forces de Police locale.

    Au moment où la caméra s'apprête à recueillir son incroyable témoignage, c'est un fugitif recherché par ses anciens patrons, prêts à payer 250 000 dollars à qui le ramènera mort ou vif. La tête masquée, il livre les confessions détaillées de vingt ans de sa vie.

    *****

    Je l'ai uploadé ici EL SICARIO


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  • Libye: Sarkozy s'en va-t-en guerre, mironton, mironton, mirontaine...


    Gilles Munier Ici

    Vendredi 11 mars 2011

    Nicolas Sarkozy, ci-devant Président de la République française, chef de ce qui reste des Armées, veut sa guerre. A la demande expresse du « philosophe », « tiers-mondain », pro israélien, Bernard-Henry Lévy, il a reçu trois représentants du Conseil national intérimaire de transition libyen (CNT), une des tendances de l’opposition libyenne réfugiée à Benghazi. Et, à la stupeur de ses partenaires européens, il a reconnu le CNT comme « représentant légitime du peuple libyen », va envoyer un ambassadeur à Benghazi, et envisage d’effectuer des « frappes aériennes ciblées » sur des objectifs militaires tenus par les forces gouvernementales libyennes… si les Nations unies le décident. A dix jours des élections cantonales qui s’annoncent désastreuses pour son camp, il espère peut-être regagner des points sur Marine Le Pen, présidente du Front national, qui grignote des pans entiers de son électorat. Tant pis pour les dommages collatéraux prévisibles en Libye, les pertes militaires françaises, les effets déstabilisateurs en Méditerranée et pour l’image de la France dans le concert des nations. On se demande ce qu’Alain Juppé, nouveau ministre des Affaires étrangères, est allé faire dans cette galère… <o:p></o:p>

       L’interventionnisme français en Libye est un sale coup pour les révolutionnaires arabes qui veulent renverser les régimes liés aux Etats-Unis et/ou à Israël, et qui tiennent à ce que leur mouvement libérateur soit indépendant de toutes influences étrangères. <o:p></o:p>

       En jetant aux orties le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, Sarkozy donne raison à Mouammar Kadhafi qui n’en demandait pas tant. Nul doute que l’aventurisme élyséen sera perçu par beaucoup en Libye et dans le monde arabe, comme une résurgence du vieux colonialisme français. Une voie royale – pour ne pas dire califale -  s’ouvre devant les partisans de l’Emirat de Barqa (Al-Qaïda en Libye), implantés dans l’ouest du pays depuis l’époque où Oussama Ben Laden résidait au Soudan, et qui sont très actifs dans les combats qui se déroulent actuellement. <o:p></o:p>

       Sarkozy s’en va en guerre… ne sait quand reviendra*. <o:p></o:p>

    *Malborough s’en v’a-t-en guerre - Chanson historique


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  • La Libye, la gauche européenne et le retour de l’impérialisme humanitaire

    Douze ans plus tard, c’est de nouveau le Kosovo. Des centaines de milliers de morts irakiens, l’OTAN acculée dans une position impossible en Afghanistan et ils n’ont rien appris ! Donc maintenant tout le monde doit réduire sa consommation à cause du réchauffement climatique, mais les guerres de l’OTAN sont recyclables et l’Impérialisme a été intégré au Développement Durable.

    Le Gang au complet est de retour : les partis de la gauche européenne (inclus les partis « modérés » communistes européens ) les « Verts » avec José Bové, maintenant allié à Daniel Cohn Bandit qui a toujours soutenu les guerres de l’OTAN, différents groupes Troskystes et bien sûr, les deux Bernard, Henry Levy et Kouchner, tous appelant à une sorte d’intervention humanitaire en Libye ou accusant la gauche d’Amérique latine dont les positions sont bien plus sensées d’agir comme des « idiots utiles » pour le « Tyran libyen ».

    Douze ans plus tard c’est de nouveau le Kosovo. Des centaines de milliers de morts irakiens, l‘OTAN acculée dans une position impossible en Afghanistan, et ils n’ont rien appris ! La guerre du Kosovo a été lancée pour stopper un génocide inexistant, la guerre afghane pour protéger les femmes (allez donc vérifier leur situation actuellement) et la guerre d’Irak pour protéger les Kurdes. Quand vont-ils comprendre que toutes les guerres sont justifiées pour des raisons humanitaires ? Même Hitler "protégeait" les minorités en Tchécoslovaquie et en Pologne.

    D’un autre côté Robert Gates a mis en garde que tout futur Secrétaire d’Etat qui conseillerait au président US d’envoyer des troupes en Asie ou en Afrique « devrait subir un examen du cerveau ». L’Amiral MC Mullen a de même conseillé la prudence. Le grand paradoxe de notre époque c’est que le QG du mouvement de la paix se trouve au Pentagone et au département d’Etat tandis que le parti pro-guerre est une coalition de néo-conservateurs et d’interventionnistes libéraux divers dont des guerriers gauchistes humanitaires de même que certains Verts, des féministes ou des communistes repentis.

    Donc maintenant tout le monde doit réduire sa consommation à cause du réchauffement climatique mais les guerres de l’OTAN sont recyclables et l’Impérialisme a été intégré au Développement Durable.

    Bien sûr les Etats-Unis feront la guerre (ou pas) pour des raisons très éloignées des conseils offerts par la gauche pro guerre. Bien sûr le pétrole ne sera pas le facteur principal de leur décision car tout gouvernement libyen futur devra vendre du pétrole et la Libye ne pèse pas suffisamment sur le cours du pétrole. Bien sûr le chaos en Libye mène à la spéculation qui elle-même affecte les prix mais c’est un autre sujet. Les sionistes ont certainement deux avis sur la Libye : ils haïssent Kadhafi et aimeraient le voir chassé du pouvoir comme Saddam, de la façon la plus humiliante possible, mais ils ne sont pas sûrs qu’ils apprécieront son opposition (et selon le peu que l’on connaît, ils ne l’aiment pas).

    L’argument principal pro guerre est que si l’affaire est réglée rapidement et sans heurts l’OTAN et l’intervention humanitaire, dont l’image a été ternie par l’Irak et l’Afghanistan, s’en trouverait réhabilitée. Un nouveau Grenade ou au mieux un nouveau Kosovo, c’est exactement ce qu’il faut. Un autre motif d’intervention, c’est de mieux contrôler les rebelles en venant les « sauver » dans leur marche vers la victoire. Mais cela a peu de chance de réussir : Karzai en Afghanistan, les nationalistes kosovars, les Shi’ites d’Irak et bien sûr Israël sont parfaitement contents de bénéficier de l’aide américaine quand ils en ont besoin, mais après ils poursuivent leurs propres objectifs. Et une occupation militaire totale de la Libye après la « libération » est peu faisable ce qui bien-sûr, du point de vue des US, rend l’intervention moins attrayante.

    D’un autre côté, si les choses tournent mal ce sera probablement le début de la fin de l’Empire américain, d’où la prudence des gens qui sont actuellement au pouvoir et qui ne se contentent pas d’écrire des articles dans le Monde ou de pester contre les dictateurs devant les caméras.

    Il est difficile pour des citoyens ordinaires de savoir exactement ce qui se passe en Libye car les médias occidentaux se sont complètement discrédités en Irak, en Afghanistan, au Liban et en Palestine et les sources d’informations alternatives ne sont pas toujours crédibles non plus. Ce qui bien-sûr n’empêche pas la gauche pro guerre d’être absolument convaincue de la véracité des pires informations qui circulent sur Kadhafi comme elle l’était il y a douze ans sur Milosevic.

    Le rôle négatif de la Cour Internationale de Justice est de nouveau évident ici comme l’a été celui du Tribunal International pour la Yougoslavie dans le cas du Kosovo. Une des raisons pour laquelle il y a eu relativement peu de sang versé en Tunisie et en Egypte est qu’il y avait une sortie possible pour Ben Ali et Moubarak. Mais la « justice internationale » veut s’assurer qu’une telle sortie soit impossible pour Kadhafi et probablement pour les gens proches de lui, les poussant ainsi à combattre jusqu’à un dénouement tragique.

    Si « un autre monde est possible », comme la gauche européenne le proclame sans arrêt, alors un autre Occident devrait être possible et la gauche européenne devrait s’y atteler. La rencontre récente de l’Alliance Bolivarienne pourrait servir d’exemple : la gauche d’Amérique Latine veut la paix et ils veulent empêcher l’intervention US car ils savent qu’ils sont dans la ligne de mire des Etats-Unis et que leur processus de transformation sociale exige d’abord et avant tout la paix et la souveraineté nationale. Ils ont donc suggéré l’envoi d’une délégation internationale conduite éventuellement par Jimmy Carter (qu’on ne peut pas accuser d’être une marionnette de Kadhafi) pour commencer un processus de négociation entre le gouvernement et les rebelles. L’Espagne s’est dite intéressée par cette idée, idée rejetée bien-sûr par Sarkozy. Cette proposition peut sembler utopique mais si l’ONU met tout son poids derrière, ce ne sera pas le cas. Ce serait une façon de remplir sa mission rendue impossible actuellement par l’influence des Etats-Unis et de l’Occident. Cependant, il n’est pas impossible que dès aujourd’hui ou lors d’une prochaine crise, une coalition de nations non interventionnistes dont la Russie, la Chine, l’Amérique latine et peut être d’autres, puissent œuvrer ensemble pour construire des alternatives crédibles à l’interventionnisme occidental.

    Contrairement à la gauche d’Amérique latine, la version pathétique européenne a complètement perdu le sens de ce que signifie faire de la politique. Elle n’essaie pas de proposer des solutions concrètes aux problèmes et est seulement capable d’adopter des positions morales dénonçant en particulier de façon grandiloquente les dictateurs et les violations des droits de l’homme. La gauche social-démocrate suit la droite avec au mieux quelques années de retard et n’a pas d’idées personnelles. La gauche « radicale » réussit souvent à dénoncer à la fois les gouvernements occidentaux de toutes les manières possibles et à demander que ces gouvernements interviennent militairement partout dans le monde pour défendre la démocratie. Leur manque de réflexion politique les rend particulièrement vulnérables aux campagnes de désinformation et fait d’eux des soutiens aux guerres US-OTAN.

    La gauche n’a pas de programme cohérent et ne saurait quoi faire même si elle accédait au pouvoir par la grâce divine. Au lieu de « soutenir » Chavez et la Révolution vénézuélienne, une affirmation vide de sens que certains se complaisent à répéter, ils devraient humblement apprendre d’eux et d’abord et avant tout réapprendre ce que signifie faire de la politique.

    Jean Bricmont

    08/03/2011

    source : http://www.michelcollon.info/La-Lib...

    LGS : traduction d’un article paru en anglais : http://www.counterpunch.org/bricmon... (traduction non précisée et légèrement modifiée par le Grand Soir)

    Jean Bricmont enseigne la physique en Belgique et est membre du Tribunal de Bruxelles. Son livre "Humanitarian Imperialism" est publié par Monthly Review Press la version française « Impérialisme Humanitaire » l’est aux éditions Aden.

    URL de cet article 13052
    http://www.legrandsoir.info/La-Libye-la-gauche-europeenne-et-le-retour-de-l-imperialisme-humanitaire.html

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