• Les "experts" occidentaux... et la leçon arabe

    Daniel VANHOVE

    Le constat est sans appel : malgré des chancelleries bien implantées, malgré des services secrets aussi nombreux qu’obscurs, malgré des milliers d’agents du renseignement, malgré des bases militaires aux quatre coins de la planète, malgré des officines de l’ombre, malgré des milliards dépensés dans leur technologie de la surveillance, malgré des pratiques infâmes de la torture pour arracher quelques aveux improbables, … les « experts » occidentaux – et jusqu’à ceux de Tel-Aviv pour ceux qui ne manquent jamais d’associer l’enclave sioniste dans l’espace occidental – n’ont rien vu venir de l’insurrection arabe. L’élémentaire question que chacun est donc en droit de se poser est : pourquoi ?

    La réponse, loin d’être complexe comme aiment à le présenter ces « experts » qui de la sorte tentent d’excuser leurs bévues et leur impéritie, est au contraire d’une simplicité confondante : s’ils n’ont rien vu venir c’est parce que fondamentalement l’Occident est d’une arrogance absolue qui le rend aveugle. Et il ne faut surtout pas croire que les choses changent parce qu’au détour de tel discours ou de telle intervention médiatisée, il est dit – pour la forme – que nous devrions mieux écouter nos « partenaires ». Dans la réalité, il n’en est rien. Nous ne les écoutons pas. Nous ne les avons jamais écoutés. Nous n’écoutons rien d’autre que nos propres intérêts, que nos « partenaires » sont priés de garantir par l’entremise d’une diplomatie servile qui nous les soumet.

    L’Occident est et reste profondément arrogant parce que depuis des siècles ses conquêtes guerrières lui ont permis d’asservir des pays entiers quand ce n’est pas des continents, comme l’Afrique ou les Amériques, qu’il a dépecés. Fort de ses victoires militaires, fort de ses pratiques coloniales, fort des matières premières et des richesses qu’il a pillées impunément, et fort de ses diktats auxquels il a contraint les peuples ainsi dominés – et qui continuent de l’être à travers les institutions occidentales, telles le FMI, la BM, l’OMC,… – il en a définitivement conclu à sa supériorité intellectuelle, morale, culturelle et, ne l’oublions pas, religieuse.

    Et ce n’est pas un hasard qu’à travers cette impression de toute-puissance, l’Occident ait produit de nouvelles théories comme celle de la « race » et ses dérives épouvantables qui en ont découlé. Il fallait un éclairage pseudo-scientifique pour expliquer voire légitimer doctement nos prouesses. Les faits ont ainsi conforté l’Occident qu’il était le plus fort partout où il posait le pied et il faut bien reconnaître qu’aujourd’hui encore, cette mentalité suffisante d’invincibilité prévaut à presque tous niveaux ! La différence avec le passé n’est qu’apparente. Les comportements restent profondément arrogants. Il serait fastidieux d’établir une liste d’exemples tant ils sont nombreux, voire quotidiens comme l’ont encore illustrés les derniers réflexes d’une piètre diplomatie française, à l’image de son président. Et le discours dominant reste celui de la « civilisation » face à la « barbarie » qui nous guette et nous menace.

    Certains me rétorqueront que l’Orient non plus, n’a rien vu venir. Peut-être. Mais l’on ne change pas de culture comme de chemise, en se déclarant simplement « citoyen du monde ». Je n’y cède pas, ayant trop de respect pour les cultures qui ne sont pas la mienne et méritent une approche tellement plus subtile que l’adoption de quelque mode vestimentaire, culinaire, philosophique ou religieuse. Non qu’il ne faille tendre à cette citoyenneté du monde, mais pour y parvenir cela requiert bien plus qu’une déclaration. Et d’abord, cela requiert un travail de remise à plat de nos certitudes, de nos convictions, de nos approches, de nos relations à l’Autre et ses différences. A ceux-là mêmes qui chez nous, adoptent la philosophie bouddhiste via son Dalaï Lama, celui-ci disait à peu près : qu’avant de vouloir embrasser une autre culture il fallait en priorité explorer la sienne et s’y reconnaître. Etant Occidental, j’essaie donc de m’assumer en tant que tel – ce qui n’est pas toujours aisé – puis de comprendre ce qui se passe de ce côté du monde, ce qui n’est pas rien non plus.

    Ensuite, la différence avec l’Orient tient aussi du fait que c’est l’Occident très chrétien qui depuis des siècles domine le monde et lui imprime ses directives et ses lois. C’est aussi l’Occident qui n’a de cesse de donner des leçons à l’ensemble de la planète, s’estimant au-dessus des autres, par la puissance de sa technologie, tant scientifique que guerrière, l’amenant au fil de ses conquêtes à la puissance économique et financière que nous connaissons aujourd’hui. Puissance et arrogance sont souvent jumelles, de même qu’il est dit – et avéré – que le pouvoir corrompt…

    Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme

    Mais certaines choses changent. Et malgré les apparences dans lesquelles l’Occident se drape, les équilibres qu’il impose dans un monde globalisé restent fragiles, provisoires et sont de plus en plus bousculés, pour ne pas dire contestés. L’Histoire ne s’arrête pas. Jamais. Pas plus aujourd’hui que demain. L’avoir cru et l’avoir adopté comme principe atteste de l’aveuglement arrogant de l’Occident, qui devrait donc veiller à ne plus se croire définitivement protégé par sa toute puissance. Et peut-être devrait-il commencer à écouter et prendre réellement en compte les intérêts de ses pairs, dans un nouvel équilibre.

    Aujourd’hui, la menace qui plane sur l’Occident est de ce type : ne pas voir, ne pas entendre, ne pas comprendre, ne pas admettre que sa suprématie se fissure, se lézarde et n’est plus incontestable. Maître absolu du monde, il doit apprendre à partager ce qu’il dérobait sans vergogne auparavant. Exercice difficile pour une culture dominante qui depuis des siècles a imprimé de son sceau tout ce qu’il touchait en considérant les autres comme inférieurs. Les récents exemples de nos différentes chancelleries viennent encore de le démontrer : personnel incompétent, hautain, menteur, suffisant et dès lors incapable de prendre la mesure des bouleversements actuels. Raison pour laquelle aucun d’entre nos « experts » occidentaux n’a rien vu venir, arcboutés sur l’obsession relayée en boucle depuis les attentats du 11 septembre 2001, d’une déferlante islamiste doublée d’un terrorisme qui renverseraient nos sociétés, avec en horreur absolue, la disparition de l’entité sioniste ayant englouti des dépenses incalculables dans l’effort qu’il a fallu déployer pour la maintenir debout. Politique absurde, à courte vue, sans voir que rien ne perdure sur des fondements injustes.

    Par ailleurs, quelle crédibilité l’Occident pense-t-il encore avoir, à travers des discours contradictoires sur les dictatures arabes courtisées hier, condamnées aujourd’hui pour usage excessif de la force, quand dans le même temps ses exactions en Irak, en Afghanistan, en Palestine ou ailleurs continuent à massacrer des civils chaque jour !? Arrogant, absurde, et intenable à terme…

    Quelle leçon à tirer des évènements actuels, et en faveur de qui ?

    Depuis plusieurs années, les citoyens occidentaux aussi dénoncent et réclament d’autres mesures que celles qui leur sont imposées par divers Directives et Traités qu’ils ne veulent pas, tant ils sont antisociaux : leurs gouvernements s’en moquent ! Et les écarts entre une poignée de toujours plus riches et les précarisés de plus en plus nombreux, se creusent. Ainsi la colère gonfle, les ressentiments s’accumulent, et le ras-le-bol enfle, avant une probable tempête. Mais les autorités n’entendent ni ne voient rien, trop affairées à satisfaire l’oligarchie qui les emploie. Comment penser dès lors qu’elles auraient la capacité de comprendre ce qui se passe à quelques milliers de kilomètres de leurs salons feutrés ?

    Dans une culture qu’ils n’appréhendent qu’à travers des clichés réducteurs et éculés, et que déjà sous leurs balcons ils ne comprennent rien de ce qui s’y passe, demander ne fut-ce que d’entendre l’Autre est impossible, impensable à ces incultes. Comme lors du récent remaniement ministériel, où dans une obsession proche de la névrose, le président Sarközy de Nagy Bocsa n’a pu s’empêcher un couplet sur le risque terroriste lié à l’immigration massive de réfugiés passant désormais à travers les mailles d’une Libye n’assurant plus son rôle de flic pour lequel l’UE soutenait son dictateur. Ainsi, après le « savoir faire français » en matière de répression policière, voici les réfugiés réduits d’un coup de plume à une potentielle et énième menace terroriste. C’est tout simplement affligeant !

    A tout citoyen lambda, ces choses paraissent évidentes. A ceux qui se pensent en « élites », ces évidences échappent. Elles sont incapables de comprendre la leçon que leur donne la rue arabe qui loin d’en appeler à un déferlement islamiste, ne fait que réclamer plus de liberté, plus de justice et une redistribution équitable des richesses détenues par une poignée, leur renvoyant ainsi à la figure leur propre modèle socio-économique aboutissant à une impasse. Mais cela paraît tellement lointain à ces oligarques tout affairés à se demander dans des raisonnements caducs et inadaptés, comment protéger leurs intérêts à travers ces soulèvements, qu’ils ne comprennent pas que demain cette leçon pourrait bien nous servir et surgir sous leurs fenêtres…

    Ces derniers jours, l’on a pu lire et entendre de la part de ces arrogants combien les dictateurs arabes récoltent ce qu’ils ont semé tant ils sont déconnectés des réalités de leur population. N’allez surtout pas croire que nos dirigeants et tous ceux qui reniflent autour du pouvoir, le sont moins…

    Daniel Vanhove – Observateur civil - Auteur - 02.03.11

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  • Le scandale Hamouri

    Alain Gresh
    Le Monde diplomatique

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    Jean-Claude Lefort, ancien député et président de l’Association France-Palestine solidarité, a rendu publique une information intéressante sur le site de solidarité avec Salah Hamouri (« Révélations sur Jean-David Levitte, conseiller diplomatique du président », 27 février).
     

    « Le 29 juin dernier, Jean-David Levitte, conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, recevait Denise Hamouri rue de l’Elysée. J’accompagnais cette dernière. Suite à l’entretien, où des propos nouveaux étaient tenus, un communiqué (voir ci-dessous) était publié et mis en ligne sur le site de Salah Hamouri. Jean-David Levitte devait me téléphoner aussitôt pour me demander de retirer celui-ci du site, compte tenu (sic) de la réaction de l’ambassadeur d’Israël en France et que, s’il confirmait ses dires, c’était dans l’intérêt de Salah que de le retirer. Aussitôt demandé, aussitôt fait. »

    Ainsi, cédant aux pressions de l’ambassade israélienne, le conseiller promettait quand même d’intervenir, et il est vrai que les propos tenus durant la réunion avec Lefort laissaient entrevoir des ouvertures après un long silence français sur ce scandale de l’incarcération d’un citoyen français par les autorités israéliennes.

    Mais, comme le note Lefort, aucune des promesses n’a été tenue. Il a donc décidé de publier le communiqué qui a fait suite à l’entretien avec Levitte.

    « Madame Denise Hamouri, la mère de Salah, accompagnée de Jean-Claude Lefort, a rencontré hier lundi 28 juin, rue de l’Elysée, Jean-David Levitte, Conseiller diplomatique du Président de la République, en présence de Nicolas Galey, Conseiller technique sur le Proche et le Moyen-Orient. »

    « Le Conseiller diplomatique a indiqué d’emblée que le Président Nicolas Sarkozy aurait une égale attention et une même détermination pour obtenir la libération de Gilad Shalit et de Salah Hamouri. Pour le Président, les deux jeunes sont des Français et il les défendait également. »

    « S’agissant de Salah Hamouri, il a été noté par le Conseiller que l’acte d’accusation du tribunal militaire israélien ne mentionne aucun fait ni acte répréhensibles mais une simple “intention”, notion qui relève d’un pur arbitraire. »

    « C’est pourquoi, selon le Conseiller, parmi les 2 000 Français détenus à l’étranger, le Président concentre son attention sur les cas les plus patents d’iniquité et donc qu’il serait mobilisé en cela pour obtenir la libération de Salah Hamouri qu’il a déjà, selon le Conseiller, demandée à plusieurs reprises auprès des actuelles autorités israéliennes. »

    « Il a été fait observé au Conseiller que ses paroles dénotaient assez nettement de ce qui avait été dit jusqu’ici sur Salah Hamouri et que si les deux cas signalés étaient traités sur un pied d’égalité il était alors difficilement compréhensible que, par exemple, le Président n’ait toujours pas reçu la famille de Salah Hamouri à la différence notable de la famille Shalit. »

    (...)

    « Il a été rappelé la demande de remise de peine déposée par Salah, aux deux tiers de sa peine accomplie, s’est soldée par un net refus de la Commission ad hoc et par une aggravation des charges portées contre lui. »

    « L’idée israélienne selon laquelle Salah, qui est innocent, devrait en plus présenter des “excuses” étant une humiliation inacceptable ajoutée à l’injustice lourde qui le frappe depuis plus de cinq ans. »

    « De même il a été redit hautement que l’expulsion de Salah ou son extradition en France était clairement refusée. Salah a le droit comme tout être humain de vivre là où il le souhaite. » (...)

    Dans son commentaire, Lefort souligne le changement de ton de l’Elysée, tout à fait notable.

    Mais, alors que s’approche le 13 mars, sixième anniversaire de l’emprisonnement de Hamouri, ces propos lénifiants n’ont pas été suivis d’effet. D’où la démarche de rendre publique cette rencontre...

    Alors qu’Israël a repris ses bombardements meurtriers sur Gaza, qui « complètent” un blocus toujours destructeur, Alexandre Adler commet un article dans Le Figaro (26-27 février), « Le Moyen-Orient s’articule autour de deux blocs ? Non, trois ! » où il ose écrire que l’occupation israélienne est « débonnaire » et que la Cisjordanie est « virtuellement indépendante ». S’il avait passé ne serait-ce qu’un seul jour en Palestine occupée, il aurait pu mesurer l’inanité de tels propos ; mais n’en demandons pas trop à ce « spécialiste » de la géopolitique.

    (JPG)

    Du même auteur :

    -  Faut-il intervenir militairement en Libye ?
    -  L’Egypte, les religieux et les religions
    -  Claude Imbert au Liban : « Je suis un petit peu menteur »


     

    1er mars 2011 - Les blogs du Diplo
    Vous pouvez consulter cet article à :
    http://blog.mondediplo.net/2011-03-...

     

     


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  • Bataille de Brega - 2 mars 2011

    Crédit Photo: Luis Sinco / Los Angeles Times

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  • La démocratie arabe, selon Mme Clinton

    mardi 1er mars 2011 - 08h:51

    K. Selim - Le Quotidien d’Oran

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    « Il est temps d’entendre l’appel de la jeunesse des rues de Tunis, de Tripoli et du Caire ! ». Ce merveilleux appel est celui lancé, hier à Genève, au Conseil des droits de l’homme par Mme Hillary Clinton, ministre des Affaires étrangères de M. Barack Obama. Que c’est beau !
     

    Bien entendu, la secrétaire d’État américaine n’a pas résisté à l’envie de marquer un point contre l’Iran en se demandant, ingénument : « Pourquoi le peuple de Tripoli pourrait accéder à la liberté et non celui de Téhéran ? ». Oui, le peuple de Téhéran mérite d’accéder à la liberté, mais la représentante de l’Empire oublie de noter que les peuples de Tunisie, d’Égypte et même de Libye se sont rebellés contre des gouvernants amis des États-Unis.

    Peut-être,– mais cela mérite d’être vérifié– que ce discours est une sorte de mea culpa implicite qui annonce un changement de politique. Les « remparts » érigés contre les peuples n’ayant de toute évidence pas tenu, autant faire semblant de les accompagner en énonçant que les « changements ne peuvent s’imposer que de l’intérieur ! ».

    Voilà qui est d’une grande justesse, à condition de ne pas oublier de rappeler que dans de nombreux pays arabes, les changements voulus « de l’intérieur » ont été constamment entravés de l’extérieur. Le cas de l’Égypte est bien entendu édifiant. Le cas de la Palestine aussi, où le peuple a été puni, assiégé et affamé pour avoir voté pour un parti qui n’agrée pas à Israël et aux États-Unis.

    Curieusement, Mme Clinton estime que le cours des évènements en Égypte et en Tunisie aurait discrédité les « mouvements extrémistes » - on suppose qu’elle veut dire islamiste – qui ne « sont pas parvenus à renverser les pouvoirs en place, contrairement aux mobilisations pacifiques ». L’argumentaire est spécieux. Ni en Égypte, ni en Tunisie, des mouvements « extrémistes » n’ont cherché à faire tomber le régime par la violence. Mme Clinton interprète l’histoire à l’aune de ses propres œillères. Il y a bien un courant islamiste en Égypte mais, hormis des petits groupuscules restreints, il n’a jamais prôné la violence. Idem en Tunisie. Mais il est clair que pour Mme Clinton - et M. Obama aussi -, tous ceux qui estiment qu’il faut être ferme avec Israël et refuser ses faits de violence sont des « extrémistes ». Qu’ils soient islamistes, laïcs, centristes ou libéraux… C’est cela le critère.

    M. Obama trouve normal qu’Israël occupe les territoires palestiniens et organise la purification ethnique. Il trouve que Mahmoud Abbas est un « extrémiste » car il n’a pas accepté de demander le retrait d’une résolution soumise au Conseil de sécurité qui condamne la colonisation. Mme Clinton considère que la violence israélienne n’est jamais condamnable et que la résistance des Palestiniens l’est toujours. Même quand elle s’exprime dans la manière ultramolle de Mahmoud Abbas.

    De quoi rester très dubitatif quand on l’entend proclamer que le soutien aux transitions en cours vers la démocratie dans le monde arabe est « un impératif stratégique ».

    En réalité, les États-Unis ont constamment entravé les élans des peuples arabes vers la liberté. Leur soutien aux transitions en cours a pour but de les circonscrire. Un processus démocratique sérieux en Égypte ne pourra qu’entraîner un changement à défaut de bouleversement de la politique du pays à l’égard d’Israël. Gageons que dans ce cas, l’Égypte sera soumise à d’intenses pressions et que si elle ne cède pas, elle deviendra un pays « extrémiste ».

    Le discours « démocratique » de la grande démocratie américaine restera toujours sans crédit en raison de la complicité indéfectible des dirigeants américains dans l’oppression des Palestiniens. Dans le monde arabe, les opinions attendent que la démocratie victorieuse en Égypte réalise l’ajustement nécessaire en faveur des Palestiniens. Manifestement, ce n’est pas la même démocratie que souhaite Washington.


    Du même auteur :

    -  Un îlot de fausse tranquillité
    -  Responsabilité historique
    -  Les Américains préservent le soldat Hosni !
    -  Shame on you, Mister Obama !
    -  Bougez, si vous ne voulez pas être bougés !
    -  En Égypte, la « Tunisie est la solution »
    -  Au-delà de l’imaginable


     
     

    1er mars 2011 - Le Quotidien d’Oran - Éditorial

     

     


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