• Le mahatma Barak s'offusque ! Le prix Nobel de la paix s'enflamme pour condamner l'horrible attentat commis par un psychiatre militaire (ben oui, il y avait pourtant des signes, hein ?) contre de pauvres militaires qui n'avaient rien demandé d'autre que de tuer impunément les méchants aux nom du pays de leur dieu...

    "Une chose est claire", déclare-t'il, ": aucune croyance religieuse ne justifie ces actes meurtriers et lâches. Aucun dieu ne les considère de façon favorable"

    Et non, 13 morts, pour un dieu, ce n'est pas assez, tandis que lui, avec tout le sang irakien, afghan, pakistanais et autre qu'il a sur les mains, au moins, il fait la fierté de sa maman !!!

    Sûr, bombarder des civils au seul prétexte qu'ils sont un peu trop "arabes", ça, ça vous pose un porte parole divin ! Tiens, quand ses braves militaires ont, la semaine dernière, décidé de balancer des bombes sur un camion citerne que les méchants terroristes en puissance cherchaient à piller pour se chauffer, faisant, pour le coup, plus de 130 morts dont une bonne partie d'enfants, c'était pour leur bien !!! Ça les a d'ailleurs bien réchauffé !!!

    Favoriser, et augmenter l'intervention militaire, participant ainsi à l'aggravation du terrorisme (enquête réalisée par Peter Bergen qui démontre que l'invasion américaine en Irak a multiplié par 7 le nombre de terroristes... et Bergen est pourtant américain), favoriser la paupérisation mondiale, organiser une domination violente, préparer et soutenir les coups d'état favorables à votre pays et frapper, surtout, sur tout ce qui ne vous convient pas, massacrer, piller, voilà qui est digne de leur dieu et mérite un Nobel, non ?

    Dans une telle optique, sûr que Barak est bien le digne héritier de JFK ! Pas celui des livres de contes historiques où l'Histoire est réécrite pour coller à l'image qu'on veut donner, mais le vrai, celui qui décidait en 62 de bombarder le Vietnam au napalm, celui qui soutenait et favorisait les coups d'état pro-ricains, celui qui s'enrichissait aux côtés des plus riches.

    Quand aux militaires, désolé, mais je ne vais surement pas verser sur eux, où sur ceux qui se sont fait tuer lors de leur guerre d'invasion, la moindre larme ! Au moins, ceux-là ne massacreront pas d'innocents dont tous le monde se fout, vu qu'ils ne sont pas nés au bon endroit (ce qui les rends forcément coupable)...

    SOURCE ICI 


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  • L’Espionnage exercé par Washington via Bogota

    Hernando CALVO OSPINA
    photo : Julio Londono Paredes de la Colombie
    Le Département Administratif de Sécurité, DAS, est un organisme de recherche et d’espionnage politique qui dépend directement du Président de la Colombie.

    Si au cours des années antérieures, il fut impliqué dans des crimes, des tortures et autres délits, jamais il n’avait atteint les niveaux actuels : narcotrafic à grande échelle, coordination avec des paramilitaires dans des assassinats de centaines de personnes et complots pour déstabiliser des gouvernements voisins. Tout ceci reconnu par d’ex-hauts fonctionnaires devant les autorités colombiennes et étasuniennes.

    Le ministre du Pouvoir Populaire pour les Affaires Intérieures et la Justice du Venezuela, Tarek El Aissami vient de dénoncer ce qui était déjà connu : le DAS agit au Venezuela et en Equateur à l’encontre des gouvernements de ces deux nations sœurs.

    Les complots s’appellent respectivement Falcon et Salomon, selon des documents trouvés sur deux agents du DAS capturés il y a quelques jours au Venezuela. Des stratégies de Washington que Bogota assume pleinement.

    Ce qui est nouveau, c’est qu’il existe aussi le Plan Fénix à l’encontre de la Révolution Cubaine.

    Mais, est-ce vraiment nouveau ? Depuis 1999, l’ex-colonel Julio Londoño Paredes est l’ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de Colombie à La Havane. Londoño est le plus expérimenté des diplomates colombiens. Il est entré au Ministère des Affaires Etrangères en 1969 et a été nommé chancelier en 1986 pour quatre ans. Il fut aussi chef de la délégation à l’ONU, à New York.

    Quelle importance a donc tellement Cuba pour que la Colombie ait envoyé un diplomate aussi prestigieux ?

    A cause de sa grande activité sur le plan de la solidarité, aussi bien que sur le plan culturel et politique, Cuba est un modèle pour de nombreux progressistes et membres de la gauche latino-américaine et mondiale. Elle est donc un sujet d’espionnage très important pour Washington. Et qui donc, sinon le grand allié colombien, est le plus approprié pour cette tache ?

    C’est aussi justement en 1999 que l’Ecole Latino-américaine de Médecine fut inaugurée à Cuba. Parmi des milliers de latino-américains arrivèrent des centaines de colombiens, que le gouvernement révolutionnaire pourvut d’une bourse. On apprit peu à peu que beaucoup d’entre eux étaient les enfants de familles liées au narco-paramilitarisme. Derrière cette façade d’activités culturelles, l’ambassade commença à les organiser pour qu’ils surveillent les autres étudiants dont les parents militent dans des organisations d’opposition, qu’elles soient syndicales ou paysannes.

    Et ce n’est pas tout. Il est possible que…. depuis le moment où ils ont été affectés dans différentes villes et peut-être même à l’insu de certains d’entre eux, ils travaillent à un réseau de surveillance de la société cubaine. Ceci est l’une des stratégies de Washington.

    Hernando Calvo Ospina.

    http://www.hernandocalvoospina.com/

    Traduction espagnol-français : Simone Bosveuil-Pertosa

    SOURCE ICI 


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  • Amérique, arrête de cirer les pompes à Israël


    Gideon Levy, Ha’aretz
    publié le lundi 2 novembre 2009.


    1er novembre 2009

    Barack Obama a été très occupé, donnant sa bénédiction au peuple juif pour Rosh Hashanah (nouvel an juif), enregistrant une vidéo flatteuse pour la conférence du Président à Jérusalem et une autre pour le rassemblement en mémoire d’Yitzhak Rabin. Seul, le Sheikh Hassan Nasrallah le surpasse en terme de productions de communiqués enregistrés.

    Dans toutes les vidéos, Obama abreuve Israël de louanges emmiellées, même s’il a passé près d’un an à faire presion en vain sur Israël, le priant d’être assez gentil pour faire quelque chose, n’importe quoi - ne serait-ce qu’un gel provisoire des constructions dans les colonies - pour que le processus de paix puisse avancer.

    L’envoyé du Président pour le Moyen-Orient, George Mitchell, fut lui aussi très occupé, faisant la navette entre un enterrement (celui du soldat des FDI Asaf Ramon, le fils du premier astronaute d’Israël, Ilan Ramon) et un mémorial (pour Rabin, bien qu’il ait été reporté à la semaine prochaine à cause de la pluie), afin de trouver grâce aux yeux des Israéliens. Les sondages ont montré qu’Obama était de plus en plus impopulaire ici, avec un pourcentage positif de seulement 6 à 10%.

    Il a décidé de s’adresser aux Israéliens par vidéo, mais même un discours persuasif ne convaincra personne de mettre fin à l’occupation. Il aurait mieux fait de dire au peuple israélien la vérité. La secrétaire d’Etat Hillary Clinton, qui est arrivée ici la nuit dernière, ne manquera pas d’exprimer des sentiments similaires : « l’engagement pour la sécurité d’Israël », « l’alliance stratégique », « le besoin de paix », et ainsi de suite.

    Jamais aucun autre pays sur la planète n’a mis les Etats-Unis à genoux et plaidé comme cela. En d’autres points chauds, l’Amérique prend un ton différent. Elle bombarde en Afghanistan, elle envahit l’Iraq et menace l’Iran et la Corée du Nord de sanctions. Quelqu’un à Washington a-t-il imploré Saddam Hussein de bien vouloir se retirer du territoire qu’il occupait au Koweït ?

    Mais Israël l’occupant, le contrariant entêté qui continue à se moquer de l’Amérique et du monde en construisant ses colonies et en maltraitant les Palestiniens, lui a droit à un traitement différent. Davantage de flatteries à l’ego national dans une vidéo, plus d’éloges embarrassants dans une autre.

    Il est temps maintenant de dire aux Etats-Unis : assez de flatteries. Si vous ne changez pas de ton, rien ne changera. Tant qu’Israël sentira qu’il a les Etats-Unis dans sa poche, et que les veto automatiques de l’Amérique le sauveront des condamnations et des sanctions, tant qu’il recevra une aide massive inconditionnelle et qu’il pourra continuer à mener des campagnes punitives, meurtrières sans la moindre remarque de Washington, tant qu’il pourra tuer, détruire et emprisonner sans que le gendarme du monde n’émette un son, Israël persistera dans sa voie.

    Les actes illégaux tels l’occupation et l’expansion de la colonisation, et les offensives avec des présomptions de crimes de guerre, comme à Gaza, de tels actes exigent une approche différente. Si l’Amérique et le monde avaient condamné l’opération Pluies d’été, en 2006 - laquelle a fait 400 morts chez les Palestiniens et endommagé gravement leur infrastructure dans ce qui fut la première grande opération sur Gaza depuis le désengagement (septembre 2005) - alors l’opération Plomb durci n’aurait jamais été lancée.

    Il est vrai que contrairement aux autres fauteurs de troubles dans le monde, Israël est considéré comme une démocratie occidentale, mais l’Israël de 2009 est un pays dont le langage est la force. Anwar Sadat fut peut-être le dernier chef d’Etat à avoir touché nos cœurs avec des discours optimistes, enflammés et pleins d’espoir. S’il venait en Israël aujourd’hui, il serait hué par l’opinion. Le président syrien plaide pour la paix et Israël l’écarte sans ménagement, les Etats-Unis implorent un gel des colonies et Israël fait le dégoûté. C’est ce qui arrive quand il n’y a aucune conséquence à l’inaction d’Israël.

    Quand Clinton sera de retour à Washington, elle ferait bien de prôner un changement fort de politique à l’égard d’Israël. Les cœurs israéliens ne peuvent plus être gagnés par l’espoir, les promesses d’un avenir meilleur ou par de gentilles discussions, ce n’est plus le langage d’Israël. Pour que quelque chose change, il faut qu’Israël comprenne que la perpétuation du statu quo se paiera dans la douleur.

    L’Israël de 2009 est un pays gâté pourri, arrogant et condescendant, convaincu que tout lui est dû et qu’il a le pouvoir de faire passer les Etats-Unis et le monde pour des idiots. Les Etats-Unis ont généré cette situation qui met en danger tout le Moyen-Orient et Israël lui-même. C’est pourquoi il faut un tournant dans l’année à venir : Washington doit enfin dire non à Israël et à l’occupation. Un non sans équivoque, un non présidentiel.

    1er novembre 2009 - Ha’aretz - traduction : JPP

    SOURCE 


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  • Et c’est ainsi qu’Obama sera grand *…

    Maxime VIVAS

    En juillet 2009 au cours d’une réunion du Conseil de la Défense Nationale cubaine, Raul Castro a rappelé qu’à la suite de l’attentat contre les Tours Jumelles de New York, l’administration Bush a annoncé ses desseins d’attaquer si nécessaire « les coins les plus obscurs du monde » (une soixantaine).

    Le gouvernement nord-américain d’alors avait renforcé le blocus économique et intensifié la guerre médiatique contre Cuba à tel point que la suite logique était une action militaire directe.

    Au cours de cette réunion du Conseil de la Défense Nationale cubaine, Raul Castro a évoqué une information rapportée par Bob Woodward, chercheur états-unien, au sujet d’une question que Bush avait posée à un officier de haut rang, peu après l’invasion de l’Irak. Bush lui avait demandé s’il voulait aller en Iran et celui-ci de répondre qu’il préférait aller à Cuba, où le rhum et les cigares sont meilleurs et les femmes plus belles. « Tu as fait mouche, tu as Cuba » avait alors répondu Bush.

    Bob Woodward rapporte d’autre part dans son livre « Bush at war » qu’au cours d’une réunion du Conseil de la Sécurité Nationale des USA, Donald Rumsfeld, alors secrétaire à la défense, avait proposé une attaque massive contre Cuba. Le chercheur souligne que Bush n’a pas seulement accepté la proposition mais il a encore demandé un plan circonstancié dans un bref délai.

    L’ordre d’attaquer n’a pas été donné, peut-être parce que l’armée US s’était engagée avec moins de succès que prévu dans l’invasion d’un autre pays dont nous savons tous aujourd’hui que, s’il possède du pétrole, il ne disposait pas d’ADM (Armes de Destruction Massive), contrairement à ce qu’avait affirmé l’Administration US relayée par l’ensemble des médias mondiaux.

    A un moment, nous y avons tous cru, n’est-ce pas ?

    Pour détruire La Havane, il faut le temps d’appuyer sur un bouton depuis la Floride et les missiles feront de la capitale cubaine la copie de Dresde dans une Allemagne vaincue. Pour envahir l’île, il suffit d’ouvrir les portails de Guantanamo qui est d’abord, ne l’oublions pas, une base militaire ennemie.

    Militairement, c’est rapidement gagné. Politiquement, il faut d’abord persuader le monde du bien-fondé de l’opération. Là, les choses seront plus difficiles, je vais y revenir.

    Par ailleurs, quiconque connaît Cuba mesure ce qui la sépare de l’Afghanistan ou de l’Irak. Les Cubains ont des acquis inestimables à défendre, ils sont fiers de leur révolution, ils sont instruits et un patriotisme exacerbé imprègne même les couches les plus critiques à l’égard du pouvoir. Fidel Castro a prévenu en son temps : en cas d’invasion, la guerre durera cent ans, elle fera un million de morts et Cuba serait sera le dernier pays que les USA se hasarderont à envahir.

    Reste donc ce bon vieux blocus.

    Blocus ou embargo ?

    Des esprits tatillons soutiennent que les USA n’appliquent pas à Cuba un blocus mais un embargo. La preuve : des échanges commerciaux existent avec nombre de pays et il existe du tourisme.

    Ne jouons pas sur les mots : Les USA consacrent des moyens humains, financiers, diplomatiques énormes pour « empêcher [Cuba] de communiquer avec l’extérieur et de se ravitailler » (c’est la définition du blocus).

    C’est à perfectionner le BLOCUS qu’ils travaillent. Et c’est, de l’aveu même de toutes les Administrations états-uniennes qui se sont succédé depuis 40 ans, une arme faite pour appauvrir et affamer la population et l’inciter à se révolter.

    Au sein du Département du Trésor US, un bureau (OFAC - Office of Foreign Assets Control - Bureau de Contrôles des Biens Etrangers) enquête sur toutes les transactions commerciales et financières suspectes.

    En 2004, 4 de ses 120 employés étaient affectés à la traque des finances d’Oussama Ben Laden et de Saddam Hussein, tandis que 25 étaient affectés à l’application du blocus contre Cuba.

    Entre 1990 à 2003, l’OFAC a mené 93 enquêtes sur le terrorisme et a infligé des amendes pour un total de 9.000 dollars. Pendant la même période, il a instruit 11.000 enquêtes visant à empêcher les Etats-uniens de voyager à Cuba et a distribué 8.000.000 de dollars d’amendes à ceux qui avaient contrevenu à cette interdiction.

    On lit parfois, exprimé en millions de dollars, pour impressionner, le montant de ventes de céréales des USA à Cuba. Autant dire que le commerce serait libre parce que vous avez vendu un grain de blé tout en interdisant la livraison de produits anesthésiants sans lesquels les malades seront opérés à vif.

    Les mesures US ne sont pas efficaces à 100%, des échanges existent entre Cuba et des pays du monde (y compris avec des agriculteurs US). Cela prouve deux choses :

    1 – Le pouvoir des USA a des limites. Ils ne sont pas « les maîtres du monde » et l’appât du gain les plonge dans des contradictions.

    2- Le blocus, s’il est plus qu’un simple embargo, est moins qu’une « mise en quarantaine », c’est-à-dire un isolement total (rien ne rentre, rien ne sort) par lequel on attendait jadis l’éradication des épidémies redoutées. Cernée par la mer, comme les galions maudits, Cuba a des côtes trop étendues pour une telle mesure. De plus, elle compte des amis innombrables qui jurent que la peste n’est pas à bord. Et qui y montent.

    Dans de multiples domaines (notamment les technologies de pointe, les produits manufacturés complexes) et dans des secteurs vitaux (notamment médicaux, pharmaceutiques) son commerce avec son partenaire naturel (et le plus proche), les USA, est BLOQUE autant qu’il peut l’être. D’où le mot approprié : BLOCUS.

    Même si le robinet de mon évier laisse couler quelques gouttes quand il n’est pas ouvert, je maintiens qu’il est fermé. Et il l’est !

    Si un rai de lumière passe sous mes volets fermés d’autorité par un voisin irascible, ils ne sont pas entrouverts pour autant. Il veut me confiner dans le noir.

    Dirions-vous d’un voyou qui nous porte des coups de couteau depuis 1960 sans nous tueur net que c’est un « blesseur » ?

    Dirions-vous d’un viol (sans grossesse consécutive) que c’est un flirt un peu brutal ?

    Employons donc le mot « blocus ».

    Chaque année, depuis 17 ans, au mois de novembre, un vote intervient à l’ONU sur la question du blocus. La communauté internationale le condamné chaque année. En 2008, 185 pays sur les 192 que compte l’ONU ont voté contre le blocus et 3 pour (USA, Israël et un micro-Etat de quelques centaines de milliers d’habitants, semi colonie US).

    Le blocus contre Cuba perdure, bien que 79% des Etats-uniens le jugent inefficace et que 55% d’entre eux demandent qu’il soit levé. Un autre sondage réalisé par une organisation états-unienne montre que 70 % sont favorables à la levée des interdictions pour les ressortissants états-uniens de voyager dans l’île.

    Il n’existe dans l’histoire aucun autre exemple de sanctions unilatérales similaires maintenues depuis si longtemps contre un autre pays.

    En général, les détracteurs de Cuba prétendent que « le blocus n’explique pas tout ». Après quoi, ils sont incapables d’expliquer ce qu’il explique, car ils ne savent rien du blocus. D’autres prétendent même que le blocus est une aubaine pour les autorités cubaines car il sert de prétexte au « désastre économique ». Ce à quoi les Cubains répondent par un défi lancé aux USA : « Faites-nous le tort de lever ce blocus, ne serait-ce qu’une année, pour voir ».

    Sur quoi porte le blocus, quels secteurs sont touchés ?

    Tous les secteurs de la vie économique, financière, culturelle. Le blocus affecte les transports, les importations et exportations, le sport, l’éducation, la construction, les moyens de communication, la culture, la recherche, etc. Il n’est pas un domaine qui lui échappe.

    Les autorités cubaines publient régulièrement un bilan sur le sujet. Je l’ai lu. Je ne peux vous imposer l’interminable énumération des méfaits du blocus dans mille domaines. Je vais simplement vous proposer un résumé de sa férocité dans le domaine de la santé publique :

    Interdiction est faite aux entreprises US ayant l’exclusivité de leur fabrication de vendre à Cuba des matériels et équipements médicaux. Interdiction est faite à d’autres pays de les vendre à Cuba s’ils sont sous brevet US. Interdiction également d’échanges scientifiques, interdiction de participation à des congrès médicaux.

    Exemples de matériel que Cuba ne peut se procurer :

    Génétique médicale : appareils d’analyse pour étudier l’origine de cancers du sein, du colon, de la prostate, pour traiter l’hypertension, l’asthme, le diabète (fabriqués aux USA).

    Chirurgie cardiovasculaire : équipement d’ablation d’électrode permanente sans lequel la solution est l’opération à thorax ouvert. Brevet US. Prothèses vasculaires, pinces pour biopsie (Société US).

    Equipements pour hôpitaux pédiatriques : Sondes digestives et trachéales, aiguilles de Huber pour trachéotomie et ponction lombaires (fabrication états-unienne pour la plupart).

    Médicament contre la leucémie (fabrication US).

    Equipements contre les cardiopathies permettant d’éviter les opérations à cœur ouvert (fabrication US).

    Microscope électronique fabriqué par Hitachi, au Japon (refus de vente pour cause d’extraterritorialité des lois sur le blocus).

    Pièces de rechange pour des équipements fournis. Refus de livrer par Philips Médical.

    Equipements de pointe, comme une chambre gamma utilisée pour des études d’isotopes radioactifs en médecine nucléaire, des appareils de résonance magnétique et des équipements d’échographie de haute précision. Refus par Toshiba.

    Une association de pasteurs US veut offrir à Cuba trois ambulances Ford d’occasion. On le leur interdit.

    Voila pour ce qui concerne la santé des hommes, des femmes, des enfants cubains.

    Sachez que ces pratiques sont généralisées et touchent les moindres détails dans tous les domaines. On m’a cité l’exemple d’une ambassade cubaine en Europe qui a même eu du mal à se procurer du toner pour photocopieuse, la succursale du fabricant états-unien refusant la vente en application des lois extraterritoriales sur le blocus.

    Le blocus est génocidaire.

    La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1948, souscrite par le gouvernement des États-Unis et par Cuba, entrée en vigueur en 1951, souscrite et ratifiée par 124 États, stipule textuellement en son article II :

    « Dans la présente Convention, le génocide s’entend de l’un quelconque des actes énumérés ci-après, commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux... ».

    Actes concernés : la « Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ».

    Huit mois à peine après l’adoption de cette Convention sur le génocide (1948), les Nations Unies à Genève adoptaient, dans une conférence internationale convoquée par le gouvernement suisse, une nouvelle Convention relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, souscrite et ratifiée par les gouvernements des États-Unis et de Cuba, entrée en vigueur le 21 octobre 1950 et ratifiée à ce jour par 188 États.

    Ladite Convention stipule à son article 23 :

    « Chaque partie contractante accordera le libre passage de tout envoi de médicaments et de matériel sanitaire, ainsi que des objets nécessaires au culte, destinés uniquement à la population civile d’une autre Partie contractante, même ennemie. Elle autorisera également le libre passage de tout envoi de vivres indispensables, de vêtements et de fortifiants réservés aux enfants de moins de quinze ans, aux femmes enceintes ou en couches. »

    Le Protocole additionnel I à ladite Convention stipule dans son article 54 qui traite de «  la protection de biens indispensables à la survie de la population civile. »

    «  1. Il est interdit d’utiliser contre les civils la famine comme méthode de guerre ».

    Le 23 septembre 2009, Barack Obama a déclaré devant l’ONU « Aucune nation ne doit être forcée d’accepter la tyrannie d’une autre nation, aucune nation ne peut ni ne doit tenter de dominer une autre nation ».

    Il paraphrasait ainsi avec bonheur un texte que Victor Hugo avait écrit en 1870 pour les femmes cubaines réfugiées à New York pour échapper aux soldats espagnols : «  Aucune nation n’a le droit de poser son ongle sur l’autre, pas plus l’Espagne sur Cuba que l’Angleterre sur Gibraltar. Un peuple ne possède pas plus un autre peuple qu’un homme ne possède un autre homme. Le crime est plus odieux encore sur une nation que sur un individu ; voilà tout ».

    « La démocratie, a poursuivi Obama, ne peut pas être imposée à une autre nation de l’extérieur. Chaque société doit trouver sa propre voie, et aucune voie n’est parfaite. Chaque pays doit poursuivre une voie ancrée dans la culture de son peuple et dans ses traditions, et je reconnais que les Etats-Unis ont, trop souvent, été sélectifs dans leur promotion de la démocratie ».

    Il a ajouté que les Etats-Unis devaient « entrer dans une nouvelle ère d’engagement basée sur les intérêts et le respect mutuels ».« de jeter un œil aux actions concrètes prises en à peine neuf mois ». Et il a demandé aux sceptiques

    Le ministre des Affaires étrangères cubain a salué la bonne volonté d’Obama le qualifiant d’« homme politique moderne, intelligent et animé de bonnes intentions », tout en regrettant qu’il n’ait pu saisir « l’opportunité historique d’user de ses facultés exécutives et d’être à l’origine de l’élimination du blocus contre Cuba ».

    Il faut déplorer des contradictions notables entre le discours et les actes, rares et timides.

    En avril 2009, Obama avait affirmé vouloir ouvrir un nouveau chapitre de rapprochement avec Cuba tout au long de son mandat.

    Il a effectivement levé en septembre des restrictions affectant les Cubains vivant aux Etats-Unis et ayant de la famille sur l’île. Désormais, les Cubains peuvent se rendre tous les ans dans l’île (au lieu de 14 jours tous les trois ans auparavant), et effectuer des transferts de fonds plus importants à leurs familles (100 dollars par mois auparavant).

    Mais il faut savoir qu’avec cette mesure, Obama a simplement rétabli la règle en vigueur jusqu’en 2004. Cependant, les citoyens cubains vivant aux Etats-Unis et n’ayant pas de famille dans leur pays d’origine ne peuvent toujours pas s’y rendre. Par ailleurs les citoyens états-uniens peuvent se rendre partout dans le monde, même en Chine, au Vietnam ou en Corée du Nord, mais pas à Cuba.

    L’administration Obama a également élargi la gamme de produits qui peuvent être envoyés à Cuba (aux vêtements, produits hygiéniques et au matériel de pêche (interdits auparavant). Elle a également permis aux entreprises états-uniennes de télécommunication de fournir certains services à Cuba.

    En septembre 2009, la sous-secrétaire d’Etat aux Affaires interaméricaine, s’est rendue à La Havane pour entamer des discussions sur la restauration du service postal entre Cuba et les Etats-Unis suspendu depuis 1963 et sur les questions migratoires. Elle est le plus haut fonctionnaire en visite officielle à Cuba depuis 2002. On note aussi dans les discours de l’administration Obama un decrescendo dans l’agressivité.

    Cependant, Obama n’a pas abrogé la loi d’ajustement cubain (Cuban Adjustment Act) qui favorise l’émigration illégale à destination des Etats-Unis. En effet, tout Cubain entrant, même illégalement, aux Etats-Unis, obtient automatiquement au bout d’un an le statut de résident permanent et diverses aides pour obtenir un logement et un emploi. Cette législation, unique au monde, favorise la fuite des cerveaux et elle prive Cuba d’un capital humain considérable. Elle ne concerne pas d’autres étrangers que les Cubains. Et pour cause : imaginez qu’un Mexicain mettant le pied aux USA dispose des même droits qu’un Cubain… A l’exception des Cubains, tous les étrangers entrant illégalement aux USA sont emprisonnés puis refoulés, quand ils ne sont pas abattus.

    L’administration Obama continue à financer des groupuscules dans l’île, financement illégal aux yeux du code pénal cubain et de la législation internationale.

    Les USA continuent à inonder l’île d’émissions de Radio et télévision, destinées à déstabiliser le gouvernement cubain.

    Les USA refusent toujours de rendre la base de Guantanamo occupée illégalement depuis 1902, contre la volonté des Cubains.

    Un bateau qui mouille dans un port Cubain ne peut toujours plus approcher d’un port US avant 6 mois.

    Cuba est toujours le seul pays au monde à qui les USA interdisent l’accès à Internet par le câble.

    Depuis l’élection d’Obama, sept multinationales ont été sanctionnées financièrement pour un montant total dépassant les six millions de dollars pour ne pas avoir respecté les restrictions à caractère extraterritorial relatives au commerce ou aux flux de capitaux avec Cuba.

    En septembre 2009, Obama a décidé de reconduire la Loi de Commerce avec l’ennemi (Trading with the Enemy Act) qui établit les sanctions économiques contre Cuba.

    Cuba figure toujours sur la liste des pays terroristes établie par les Etats-Unis. Pour l’anecdote, Nelson Mandela figurait sur cette liste jusqu’en juillet 2008.

    Autres signes qui montrent les limites de la décrispation annoncée, des refus de visas à des Cubains voulant participer à des congrès ou des manifestations culturelles aux USA, ou des refus de laisser des médecins étasuniens participer à des Congrès internationaux à La Havane.

    Cependant, 161 représentants et 33 sénateurs, veulent faire adopter une loi pour mettre fin à cette interdiction de voyager à Cuba. Pour être adoptée, elle doit réunir 218 voix à la Chambre et 60 au Sénat. Néanmoins, Barack Obama dispose des prérogatives nécessaires pour mettre un terme à cette interdiction en signant un simple ordre exécutif. Cuba se déclare prête à accueillir deux millions de touristes états-uniens qui pourront circuler librement dans l’île.

    L’ancien président Bill Clinton, époux d’Hillary Clinton secrétaire d’Etat, a qualifié les sanctions économiques de politique « absurde » et d’« échec total ».

    Le président OBAMA ne dispose pas des pouvoirs pour éliminer le blocus, mais il peut considérablement l’assouplir par le biais de décisions exécutives et de licences.

    En attendant, l’état de siège se prolonge contre un petit pays pauvre qui n’a jamais commis la moindre agression contre les USA.

    Depuis 1960, le blocus a coûté environ 96 milliards de dollars à l’économie cubaine.

    Mais Cuba reste debout, indépendante, souveraine aux portes d’un empire. C’est une situation inédite car la loi historique naturelle est que les petits pays, à plus forte raison les îles, tombent dans le giron des puissances voisines (voyez la Corse, voyez la Sardaigne, etc.). Or, les USA, depuis qu’ils existent, revendiquent Cuba comme une partie de leur territoire.

    Cuba paie d’un prix terrible cette résistance, mais elle préserve l’essentiel de l’âme de sa Révolution.

    Juste une anecdote pour étayer cette affirmation, sans m’éloigner de la question du blocus. Je la tiens d’un témoin direct. Au cours d’une réunion au sommet à Cuba, un intervenant dit : « Le blocus de l’Irak imposé par Bush senior depuis dix ans, a entraîné la mort de faim de 500 000 enfants irakiens ». Fidel Castro, alors aux affaires, l’interrompt pour lui rétorquer : « Non, ce n’est pas le blocus qui a tué 500 000 enfants irakiens, c’est Saddam Hussein. Nous, ici, nous subissons un blocus depuis plus de 40 ans, et aucun enfant cubain n’est mort de faim ».

    Pour conclure, le blocus sera-t-il levé ? Oui, mais quand ?

    Tout dépend de plusieurs facteurs :

    1 - La pression de l’opinion publique mondiale. Elle existe. Les pays du tiers monde ont pour Cuba les yeux de Chimène pour Rodrigue. Lors de la première tournée de Barack Obama en Amérique latine les représentants des pays du sous-continent lui ont demandé, par motions, résolutions, ou les yeux dans les yeux, de lever le blocus contre Cuba.

    Il faut savoir que la France est un cas particulier, s’agissant de la question cubaine. Dans de grands pays d’Europe, comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Espagne, la classe médiatico-politique est mieux informée que chez nous. On voit des journalistes écrire des articles sur, par exemple « les cinq cubains », ces antiterroristes encagés aux USA, on voit des parlementaires intervenir dans ces pays sur cette question, on lit des articles, jusque dans la presse états-unienne, mais rien en France. Douze prestigieux prix Nobel sont déjà intervenus sur Cuba, mais pas un seul député ou sous-ministre français ou président de région ou journaliste de renom. C’est l’exception française dont j’attribue la cause à une fausse ONG française qui s’appelle Reporters sans frontières, qui publie chaque année un millier de communiqués prêts-écrits pour les médias (un coupe-collé suffit pour les diffuser) et qui s’acharne depuis plus de 20 ans, sans répit, contre Cuba. Intervient ensuite le phénomène que Pierre Bourdieu appelait « la circulation circulaire de l’information ». Les journalistes se lisent entre eux, un discours s’auto-construit. Prenons l’exemple de l’expression « lider maximo » qui est une invention de la CIA pour faire croire que les officiels Cubains parlent ainsi de Fidel Castro, comme les Chinois parlèrent du « grand timonier » ou les Russes du « petit père des peuples ». Jamais un Cubain n’a employé cette expression (de haut en bas, ils disent « Fidel »), mais vous ne pouvez échapper à un article, un reportage, sans que le journaliste vous la serve.

    Je reviens aux facteurs qui pourraient favoriser la levée du blocus :

    2 - La pression des industriels et agriculteurs US. Elle ne cesse d’augmenter. Celle des pétroliers, aussi qui voient des compagnies vénézuéliennes, espagnoles, chinoises entreprendre des forages dans le golfe de Floride dans les eaux territoriales cubaines, et qui craignent de voir leur échapper cette source d’approvisionnement qui peut jaillir devant leur porte.

    Dernier facteur :

    3 - Le courage politique et physique de Barack Obama.

    Courage physique dont ont toujours dû faire preuve les grandes figures politiques du continent américain : voyez José Marti, Bolivar, Sandino, le Che, Raul et Fidel Castro, Chavez, Allende, voyez le hondurien Zelaya qui est revenu clandestinement à Tegucigalpa après avoir été expulsé du pays par l’armée, voyez Martin Luther King…

    L’écrivain Etats-unien William Blum a expliqué dans son livre « L’État Voyou » (Éditions Parangon) ce qu’il ferait s’il présidait les USA.

    « Si j’étais président, j’arrêterais en quelques jours les attaques terroristes contre les États-Unis. Définitivement.

    D’abord, je présenterais mes excuses à toutes les veuves, aux orphelins, aux personnes torturées, à celles tombées dans la misère, aux millions d’autres victimes de l’impérialisme américain.

    Ensuite, j’annoncerais aux quatre coins du monde que les interventions américaines dans le monde sont définitivement terminées, et j’informerais Israël qu’il n’est plus le 51e État des États-Unis mais dorénavant — chose curieuse à dire — un pays étranger.

    Et puis, je réduirais le budget militaire d’au moins 90 %, utilisant le surplus à payer des réparations aux victimes. Ce serait plus que suffisant. Le budget militaire d’une année, soit 330 milliards de dollars, équivaut à plus de 18 000 dollars de l’heure depuis la naissance de Jésus-Christ.

    Voilà ce que je ferais les trois premiers jours.

    Le quatrième jour, je serais assassiné. »

    Le 18 septembre 2009, 7 anciens directeurs de la CIA ont exhorté le président à clore les enquêtes ouvertes contre les excès commis lors des interrogatoires de terroristes sous l’ère de Bush (en clair, la torture).

    On voit à quels intérêts puissants, à quel conservatisme, parfois à quel obscurantisme, Barack Obama se heurte. Mais dans la marge de manoeuvre étroite dont il dispose, il peut se tailler, ou un costume de gestionnaire, ou un costume de grand homme d’Etat.

    L’ancien sénateur de l’Illinois a obtenu le prix Nobel de la paix 2009. Fidel Castro a jugé cette attribution positive car elle est à ses yeux « une critique de la politique génocidaire suivie par nombre de présidents de ce pays qui ont conduit le monde au carrefour où il se trouve aujourd’hui, une exhortation à la paix et à la recherche de solutions qui permettrait à notre espèce de survivre ».

    La plupart des citoyens du monde encouragent Obama à mériter ce prix, y compris son compatriote Michael Moore quand il lui dit « Mes félicitations, président, pour le prix Nobel de la paix. Maintenant, s’il vous plaît gagnez-le donc ! »

    Ce qui nous ramène au blocus. Mettre fin à cet acte de guerre génocidaire, serait un petit pas pour Obama et un grand pas pour l’humanité.

    Maxime VIVAS


    * Texte d’une conférence prononcée le 22 octobre 2009 dans les locaux de l’Institut d’Etudes Politiques de Toulouse en présence de l’ambassadeur de Cuba en France, sous le titre : « Cuba : Obama va-t-il enfin lever le blocus ? » dans le cadre des « Trois jours pour Cuba » organisés par France-Cuba et les Jeunesses communistes de Toulouse.

    SOURCE LE GRAND SOIR 


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  • L'effarant bréviaire de torture de la CIA


    New York Times  

        
    Les promesses de transparence de Barack Obama permettent de révéler peu à peu une partie des sombres dessous du règne de George W. Bush, notamment ceux relatifs au fonctionnement de la CIA. Fin juillet, le gouvernement US a “déclassifié” un certain nombre de documents concernant les abus dans les prisons secrètes de l’agence à l’étranger, et le procureur général des Etats-Unis, Eric H. Holder Jr, a chargé un procureur fédéral d’une enquête sur un rapport de 2004 de l’inspecteur général de la CIA qui mentionnait des mauvais traitements et plusieurs morts de détenus.


    Ces mesures ont déclenché la fureur des Républicains, emmenés par l’ancienne éminence grise de Bush, Dick Cheney, qui a déclaré qu’elles mettaient en péril la sécurité de la nation. Leur emboîtant le pas, la CIA a refusé de rendre publiques des centaines de pages d’enregistrements intérieurs d’interrogatoires et de conditions d’existence des prisonniers.
    Dans sa déclaration de 32 pages au tribunal fédéral de New York, l’agence écrit : “Rendre publiques les procédures d’interrogatoire risque d’amoindrir la capacité du gouvernement US de questionner efficacement les prisonniers terroristes et d’en obtenir l’information nécessaire à la protection du peuple américain. Ces méthodes font partie intégrante du programme d’interrogation du gouvernement et sont donc considérées comme top-secrètes.”
     

    Le mode d'emploi de la technique, comme dans un manuel de bricolage: le sujet est attaché. On lui applique sur le visage un tissu imbibé d'eau. La respiration devient difficile, le sujet est asphyxié, il a l'impression de se noyer.
     
    On comprend les réticences de la CIA, quand on prend connaissance des quelques documents déjà rendus publics. Ils ont de quoi provoquer un choc.
    Sans doute est-il d’usage, dans l’univers carcéral, de réglementer le traitement des détenus, et aucun gouvernement ne néglige la torture comme moyen d’information.
    Mais les documents de la CIA sont effarants par la minutie avec laquelle est détaillée l’exercice de la cruauté. Les fonctionnaires américains de la douleur avaient méticuleusement élaboré un manuel de son application qui évoque la tatillonne bureaucratie de Kafka. Tout y était prévu, à la virgule, à la seconde près. Le degré de souffrance à infliger, ce qu’un être humain peur endurer, les limites à ne pas franchir, les contrôles à effectuer.
    A partir de sa capture, un suspect de terrorisme important, appelé “détenu de haute va-leur”, était intégré à un programme précis. Amené en couches de bébé au “site noir”, il se voyait raser la tête et le visage et mis à nu pour être photographié. Puis commençait un régime de suppression de sommeil et d’alimentation limitée.
    Sa cellule devait être éclairée par deux ampoules fluorescentes de 17 watts, pas une de plus, pas une de moins. Un bruitage musical était constant, mais ne devait jamais excéder 79 décibels. Le prisonnier pouvait être douché par de l’eau à 5 degrés, mais seulement pendant 20 minutes par séance. Sa nourriture était fixée à 1.500 calories par jour. On pouvait l’enfermer nu dans une boîte pendant huit heures si la boîte était grande, deux heures si la boîte était petite. Le temps écoulé, il avait le droit de se rhabiller. Rapidement.


    L’interrogatoire (baptisé “technique d’interrogation perfectionnée”) allait de “la gifle pour capter l’attention” jusqu’aux procédés brutaux du wall-slamming (fracasser contre le mur) ou du waterboarding. Pour ce dernier (voir le dessin en p. 2), la CIA exigeait des rapports circonstanciés. “De manière à fonder correctement les futures recommandations et prescriptions médicales, il est important que chaque application du waterboard soit minutieusement documentée” figurait dans le bréviaire de l’interrogateur. Il fallait enregistrer la durée exacte de l’application, combien d’eau avait été utilisée (en tenant compte des éclaboussures) et comment elle avait été ingurgitée, si la victime avait été correctement baillonnée et si ses conduits naso-pharyngiens avaient été bouchés, la quantité et la nature de l’eau ou de la matière rejetée (vomie), la durée des intervalles entre chaque séance, et l’aspect du détenu durant ces intervalles.

    Selon une directive de 2004, le waterboarding ne devait pas dépasser deux sessions de deux heures chacune par jour, en présence d’un médecin et d’un psychologue. La torture était scientifiquement prescrite avec la précision d’un laboratoire.
    Il semble que ces procédés aient été désormais interdits par Obama. Pas tellement par humanité, plutôt parce que de nombreux spécialistes ont démontré qu’ils ne servaient à rien. Les informations extorquées par la violence sont souvent fausses, parce qu’arrachées à des sujets à bout de forces qui disent n’importe quoi. Il n’en reste pas moins qu’ils ont existé et passablement terni la pure image des USA. De plus, les prisons secrètes n’ont pas disparu, même si Guantanamo a du plomb dans l’aile, et il y fort à parier que les durs de l’inquisition anti-terroriste n’abandonneront pas de sitôt le principe des “interrogations perfectionnées”.


    D’après le New York Times des 27 juillet et du 3 août 2009.
    Source: B. I. n° 147, octobre 2009.

    SITE DE MICHEL COLLON 


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  • Petit coup de pouce à l'Empire

    Atilio_Boron
    Auteur: Atilio BORÓN

    C’est par une décision insolite que le Comité Nobel de la Norvège a clôturé sept mois de recherche parmi les 205 nominés pour le Prix Nobel de la Paix. Il a décerné ce prix à Barack Obama. Notre sénatrice colombienne Piedad Córdoba est restée sur le bord du chemin, alors que ses efforts pour la paix dans son pays déchiré méritaient largement d'être récompensés par le prix attribué au président usaméricain. Ce dernier avait été nominé, et ce n'est pas un fait mineur, juste deux mois après son entrée à la Maison Blanche.

    Qu’à t-il fait d’autre pour la paix mondiale durant cette courte période que prononcer de mièvres discours et formuler de nébuleuses exhortations ? Par contre, la sénatrice Córdoba met en danger depuis des années son intégrité physique avec ses paroles et ses actions pour une solution pacifique en Colombie. Mais le Comité norvégien ne l'a pas compris ainsi et une fois de plus Piedad a été repoussée sur la liste d’attente. Une femme, noire, de gauche, latino-américaine : ce sont trop de défauts pour les membres prudents et « politiquement corrects »du Comité, ces éternels « bienpensants » qui ne choisiraient que par erreur un personnage public dont le combat pour la paix ne serait pas acceptable pour l'Empire. Le Dalai Lama en est un ; Piedad, elle, ne l’est pas. Pour le premier le prix; pour la seconde que dalle.

    piedad_cordoba
    Piedad Córdoba, par Juan Kalvellido, Tlaxcala

    C'est pourquoi qu’il n’est pas surprenant que la décision du Comité norvégien ait provoqué des réactions si diverses dans le système international : des réactions de stupeur jusqu'à une gigantesque rigolade. Les déclarations du président de cette institution, Thorbjørn Jagland*, valent leur pesant de sel marin : « Pour le Comité, il est important de reconnaître les personnes qui luttent et qui sont idéalistes, mais ne pouvons pas faire ça toute les ans. De temps à autre nous devons entrer dans le royaume de la realpolitik. En fin de compte, c'est toujours un mélange d'idéalisme et de realpolitik qui peut changer le monde. » Le problème avec Obama c’est que son idéalisme reste sur le plan de la rhétorique, alors que dans le monde de la realpolitik ses initiatives sont on ne peut plus plus opposées à la recherche de la paix dans ce monde.

    Comme le dit Robert Higgs, un spécialiste en budgets militaires de l'Independent Institute d'Oakland, en Californie, la manière dont Washington élabore le budget de la défense cache systématiquement son montant véritable. En analysant les chiffres présentés au Congrès par George W. Bush pour l'année fiscale 2007-2008, Higgs a conclu qu'ils représentaient un peu plus de la moitié du chiffre qui devrait être effectivement déboursé, arrivant même à dépasser la limite, impensable jusqu'à alors, d'un billion de dollars.

    C'est-à-dire, mille milliards de dollars. Et cela s’explique car, selon Higgs, à la somme d'origine assignée au Pentagone il faut ajouter les dépenses pour les tâches de défense exécutées en dehors du Pentagone (sous-traitance), les fonds supplémentaires exigés par les guerres en Irak et en Afghanistan, les intérêts générés par l'endettement encouru par la Maison Blanche pour faire face à ces dépenses et celles du budget énorme que requiert l'Administration Nationale des Vétérans pour les soins médicaux et psychologiques aux 33.000 hommes et femmes qui ont souffert de blessures durant les guerres des USA. Obama n'a absolument rien fait pour arrêter cette infernale machine de mort et de destruction ; au contraire, sous sa gestion ce budget a été augmenté, de telle sorte que ce seuil du billion de dollars a déjà bien été dépassé. C'est pourquoi il est insupportable que la Maison Blanche dénonce   par la voix de sa Secrétaire d'État « les dépenses disproportionnées en armements »… du Venezuela bolivarien  au lieu de regarder la poutre qu’elle a dans l’œil !

    mickey
    collection de dessins à colorier. Page avec des dessins de Mickey
    Recevant-un-prix à colorier et peindre. Dessins d’enfant à peindre

    - Comme tu as le pouvoir matériel,
    nous te donnons le pouvoir symbolique.

    -
    Là ou l’on BRIDE (COREA (lit.ceinture)= CORÉE du Nord)
    le mot liberté,
    mes gars IRONS l’imposer (IRÁN)

    -Merci, ce
    Prix est
    La bombe !

    Juan Kalvellido, Tlaxcala

    Le tout nouveau Prix Nobel de la Paix a augmenté le budget pour la guerre en Afghanistan en même temps qu’il envisage d’augmenter le nombre de soldats déployé dans ce pays ; ses troupes continuent à occuper l'Irak ; il ne donne aucun signe pour vouloir réviser la décision de George Bush Jr. d'activer la Quatrième Flotte ; il s’achemine vers un traité gardé encore secret avec Álvaro Uribe pour répartir sept bases militaires usaméricaines sur le territoire de la Colombie, et on parle de cinq de plus qui seraient sur le point d'être confirmées, par conséquent il prépare (ou il devient complice) d'une nouvelle escalade guerrière contre l'Amérique latine .

    Il maintient son ambassadeur à Tegucigalpa - alors que pratiquement tous les autres sont partis - et ainsi il soutient les putschistes honduriens ; il maintient le blocus contre Cuba et il n’est même pas troublé par  le sort injuste des Cinq Cubains incarcérés aux USA pour avoir combattu le terrorisme. Bien sûr, le Comité norvégien se livre régulièrement à des divagations - on ne sait pas si elles sont provoquées par son ignorance des affaires mondiales, les pressions opportunistes ou l’abus d'aquavit ** norvégien -,qui se traduisent par des décisions aussi absurdes que la dernière en date. Mais, s’ils ont pu décerner en son temps le Prix Nobel de la Paix à Henry Kissinger, très justement défini par Gore Vidal comme étant le plus grand criminel de guerre en liberté au monde, comment pouvaient-ils le refuser à Obama, surtout après l'affront qu’il a eu à subir de la part de Lula à Copenhague ? La realpolitik exigeait de réparer immédiatement cette erreur.

    Car, en fin de compte, comme l’a déclaré le président US, lui-même, en apprenant son prix, il représente « la réaffirmation du leadership usaméricain au nom des aspirations des peuples de toutes les nations. » Et, dans une soudaine attaque de « réalisme », les camarades du Comité norvégien ont donné leur petit coup de pouce pour renforcer l'hégémonie usaméricaine déclinante dans le système international. On peut suspecter que pour cette petite contribution, ils seront eux aussi, dûment récompensés en temps utile.

    Traduction : Esteban

    Révision : Fausto Giudice

    ENGLISH, SVENSKA, ESPAÑOL

    Notes de Tlaxcala:

    * Thorbjørn Jagland (né en 1950), est un économiste et un homme politique du Parti du travail (social-démocrate), dont il a été le secrétaire général de 1986 à 1992 et le président de 1992 à 2002. Il a été Premier ministre de Norvège entre 1996 et 1997 et ministre des Affaires Étrangères entre 2000 et 2001. Il est président du Parlement norvégien depuis 2005 et secrétaire général du Conseil de l'Europe.

    ** Akevitt : « eau de feu norvégienne ». Elle est distillée, comme la vodka, à partir de pommes de terre ou de blé. En Norvège elle se boit particulièrement à l’occasion de fêtes, comme à Noël ou le 17 mai (fête nationale, jour de la constitution).

    ***************
    Source :
    Premio consuelo
    Article original publié le 11/10/2009
    Sur l’auteur
    Esteban et Fausto Giudice sont membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique.


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  • Obama se rendra nu à Oslo (Dissident Voice)

    John WALSH

    Répondez vite : qu’ont en commun Barack Obama, Woodrow Wilson, Theodore Roosevelt, Henry Kissinger et Egar Moniz ? Ils ont tous eu le prix Nobel, les quatre premiers le Nobel de la Paix, soit au cours de leur mandat présidentiel, soit, comme Kissinger, pendant que ses bombes tombaient sur des populations innocentes au Vietnam. Moniz, lui, a obtenu le prix en Physiologie ou Médecine pour ses travaux sur la lobotomie. De ces cinq-là, c’est celui qui a provoqué le moins de dégâts.

    Hier matin, au réveil, nous nous avons appris la nouvelle de l’attribution du Prix Nobel de la Paix à Obama. Certains se sont précipités sur le calendrier pour vérifier si ce n’était pas le 1ier avril. En général, les gens grommelaient d’un ton résigné : "la guerre c’est la paix". Je préfère la formule qui était utilisée à l’époque du Vietnam : "se battre pour la paix, c’est comme baiser pour la virginité".

    Quelques-uns pleuraient de dépit, comme probablement Medea Benjamin qui, s’étant récemment révélée définitivement va-t-en-guerre, avait dû penser qu’avec cet ajustement le Nobel était certainement en vue. Il va falloir rebaptiser Code Pink ("code Rose") maintenant. Justin Raimondo suggère "Code Yellow" (jaune/ trouillard, NDT).

    Mais je pense que "les Prostituées pour la Guerre" serait plus approprié (cela ne s’appliquerait qu’à Medea et celles qui sont au bureau national, de nombreux membres de Code Pink étant des anti-interventionnistes sincères qui ne supportent pas la narcissique direction nationale, comme la conformiste Medea)

    Mon ami Joshua, un expat israélien, a d’abord cru qu’il était en plein cauchemar ou que le comité Nobel se livrait à une plaisanterie cruelle. Car, en fin de compte, s’était dit Joshua, Obama est un criminel de guerre, qui a établi le budget militaire le plus élevé depuis que l’humanité existe, qui, tous les jours, bombarde des innocents, des femmes et des enfants dans trois pays au moins, l’Afghanistan, l’Irak et le Pakistan, qui soutient les pires criminels de guerre et en abrite certains dans son gouvernement qui ont anéanti en quelques mois tout "espoir" de paix au Moyen-Orient.

    Le monde occidental a perdu la tête, de toute évidence, dit Joshua. Et puisque la guerre c’est désormais la paix on pourrait rebaptiser de façon plus appropriée toutes les organisations - United for War and Justice (au lieu de "United for Peace and Justice") ; "War Action" (pour "Peace action") etc.

    Le Nobel de littérature de l’an prochain : Obama pour son livre : l’"audace de l’espoir’" - la plus grande fiction jamais écrite.

    Le Nobel d’économie de l’an prochain : Obama - pour avoir inventé un nouveau système de calcul pour évaluer la repris

    Le Nobel de la paix de l’an prochain : Bush/Cheney - décerné grâce au précédent créé par Obama

    Le Nobel de la Paix de l’année suivante : Netanyahu - l’homme derrière l’effort de paix d’Obama au MO.

    Quoiqu’on en dise, nous avons ici une répétition de l’histoire. La première grande guerre coloniale de l’empire US menée sur le continent asiatique de la seconde moitié du siècle dernier était la guerre de Corée de Truman.

    Cette tragédie se répétait aux Vietnam entre les mains des "Meilleurs et des plus Brillants" (the Best and Brightest) avec Johnson and Kennedy aux commandes. Et maintenant la guerre Irak/AfPak (Afghanistan/Pakistan) nous vient de Bush et d’Obama et des congrès à la fois démocrates et républicains.

    Si le Vietnam était une tragédie, alors, l’Iraq/AfPak est, sans aucun doute, une farce. Il n’y avait pas d’armes de destruction massive en Irak et tout le monde le savait. De l’aveu même de l’armée, il y a environ une centaine de membres d’Al-Qaïda en Afghanistan, et donc les troupes US ne sont pas là à cause d’Al-Qaida – et tout le monde le sait bien. Et maintenant, voilà qu’on nous sort le dernier numéro comique avec l’attribution du prix Nobel de la Paix à Obama.

    Le mouvement anti-guerre pourrait peut-être juste changer de ton et passer de l’indignation pure à la dérision. Après tout, Obama et les élites qui dirigent ce pays ne portent pas de vêtements quand ils défilent devant nous en temps qu’hommes de paix, gonflés d’importance, pour parler de la fausse réforme du système de santé et nous annoncer une reprise de l’économie qui ne crée pas d’emplois. Il serait difficile d’inventer ces trucs-là. Et malgré nos larmes à cause de la situation dans laquelle nous sommes, nous pouvons au moins ridiculiser ces meurtriers hypocrites. Ils méritent d’être vus tels qu’ils sont : des hommes cruels, vains et absurdes. Ils défilent nus devant nous sans le savoir.

    Si le comité Nobel était sérieux, il y a longtemps qu’il aurait décerné son prix à Cindy Sheehan

    John V. Walsh
    Professeur of physiologie à l’Université du Massachussetts, il est milite activement contre la guerre.

    Traduction des bassines et du zèle http://blog.emceebeulogue.fr/ pour le Grand Soir

    Autres articles du même auteur :
    http://dissidentvoice.org/author/JohnWalsh/

    Titre original : Obama, Kissinger, Wilson, Roosevelt and Moniz
    http://dissidentvoice.org/2009/10/obama-will-go-naked-to-oslo/
    October 10th, 2009


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  • Montée de l’agressivité de Washington à l’égard du Venezuela, de la Bolivie, de l’Equateur


    8 octobre par Éric Toussaint
     
    L’agressivité des Etats-Unis à l’égard des gouvernements vénézuélien, bolivien et équatorien augmente dans la mesure où ils réagissent à une réduction de leur emprise sur l’ensemble de l’Amérique latine et de la Caraïbe qu’ils attribuent en particulier à Hugo Chavez (et à Cuba, mais de ce côté, ce n’est pas nouveau).

    Quelques signes de cette perte de contrôle : lors des négociations qui ont suivi l’agression de l’Equateur par la Colombie le 1er mars 2008 |1.|, au lieu de recourir à l’Organisation des Etats américains (OEA) dont les Etats-Unis font partie, les présidents latino-américains se sont réunis à Santo Domingo sans les grands voisins du Nord dans le cadre du Groupe de Rio et ils ont clairement donné tort à la Colombie, alliée des Etats-Unis. En 2008, le Honduras, traditionnellement et entièrement subordonné à la politique de Washington, a rejoint Petrocaribe créé à l’initiative du Venezuela afin de fournir aux pays de la région non exportateurs d’hydrocarbures du pétrole à un prix inférieur au prix du marché mondial. Le Honduras a également adhéré à l’ALBA, autre initiative d’intégration régionale lancée par le Venezuela et Cuba.

    En décembre 2008, a eu lieu un important sommet réunissant la plupart des présidents latino-américains à Salvador de Bahia avec la présence remarquée du chef d’Etat cubain, Raul Castro, à côté duquel était assis Felipe Calderon, président du Mexique qui, jusqu’à récemment, adoptait une attitude hostile à l’égard de Cuba suivant ainsi les injonctions de Washington. Quelques mois plus tard, l’OEA décidait, malgré l’opposition des Etats-Unis, de réintégrer Cuba qui en avait été exclu en 1964. En 2009, l’Equateur a rejoint lui aussi l’ALBA et a mis fin à la concession de la base de Manta octroyée à l’armée des Etats-Unis.

    Depuis le début des années 2000, Washington a tenté systématiquement de contrecarrer le tournant à gauche pris par les peuples d’Amérique latine : soutien au coup d’Etat contre Chavez en avril 2002, soutien financier massif à l’opposition anti-chaviste, soutien à la grève patronale vénézuélienne de décembre 2002 - janvier 2003, intervention active de l’ambassadeur des Etats-Unis en Bolivie pour empêcher l’élection d’Evo Morales, téléguidage de l’intervention de la Banque mondiale en Equateur en 2005 pour obtenir la démission de Rafael Correa alors ministre de l’Economie et des Finances, organisation de manœuvres militaires conjointes dans le Cône Sud, réactivation de la 4e flotte, très forte augmentation de l’aide militaire à son allié colombien qu’il utilise comme tête de pont dans la région andine. Et pour surmonter l’échec de l’ALCA de novembre 2005, la négociation et/ou la signature d’un maximum de traités de libre commerce bilatéraux (Chili, Uruguay, Pérou, Colombie, Nicaragua, République dominicaine, Salvador, Guatemala, Honduras, Costa Rica).

    L’agressivité des Etats-Unis contre la contagion chaviste en Amérique latine est montée d’un cran en juin-juillet 2009 avec le coup d’Etat militaire au Honduras qui a renversé le président libéral Manuel Zelaya alors qu’il proposait à la population de se prononcer en faveur de la convocation de l’élection d’une assemblée constituante au suffrage universel. Si une assemblée constituante avait été élue au suffrage universel elle aurait immanquablement dû statuer sur la demande de réforme agraire, ce qui aurait remis en cause les énormes privilèges des grands propriétaires fonciers et des transnationales étrangères de l’agro business présentes dans le pays. C’est principalement pour cela que la classe capitaliste locale, dont le secteur agraire constitue une fraction très importante, a soutenu le coup. Il faut aussi prendre en compte que cette classe capitaliste est une bourgeoisie comprador totalement tournée vers l’import-export et dépendante des bonnes relations avec les Etats-Unis.

    C’est pour cela qu’elle a appuyé la signature avec Washington d’un traité de libre commerce et qu’elle était opposée à l’ALBA. L’augmentation du salaire minimum décrétée par Manuel Zelaya constitue aussi une des raisons qui a poussé les patrons à comploter pour le renverser |2.| Par ailleurs, on sait aussi que Manuel Zelaya comptait demander à Washington de libérer la base aérienne de Soto Cano située à moins de 100 km de la capitale afin de la transformer en aéroport civil.

    Le Pentagone n’avait pas digéré le virage à gauche d’un président dont il attendait un comportement docile car le Honduras fait partie de ses subordonnés dans la région. En imaginant même, ce qui est hautement improbable, que les généraux honduriens aient agi de leur propre initiative en concertation avec la classe capitaliste locale, il est inconcevable que Roberto Micheletti, le fantoche désigné par ces militaires, puisse rester au pouvoir si les Etats-Unis s’y opposent réellement. Ceux-ci forment depuis des décennies les généraux honduriens ; ils maintiennent dans le pays une importante base militaire à Soto Cano (avec 500 militaires états-uniens présents en permanence) ; et, comme l’a reconnu Hillary Clinton après le coup, ils ont largement financé l’opposition au président Zelaya ; leurs transnationales, notamment de l’agrobusiness, sont fortement implantées dans ce pays qu’elles considèrent comme une république bananière.

    Afin d’augmenter encore un peu plus la menace contre le Venezuela et l’Equateur, Washington a obtenu du président Alvaro Uribe l’annonce en juillet 2009 de l’octroi aux militaires états-uniens de sept bases colombiennes. Le délai très court qui relie le coup militaire au Honduras à l’annonce du président colombien n’est en rien une coïncidence : Washington indique là très clairement qu’elle veut mettre un coup d’arrêt à l’extension de l’ALBA et tuer dans l’œuf le socialisme du XXIe siècle. Il serait irresponsable de sous-estimer la capacité de nuisance de Washington et la continuité qui marque la politique extérieure des Etats-Unis malgré l’accession de Barack Obama à la présidence et une rhétorique plus soft. Au moment où ces lignes sont écrites, Washington refuse toujours de considérer qu’il y a eu un coup d’Etat le 28 juin 2009 au Honduras. Alors que le président Manuel Zelaya, rentré clandestinement dans son pays le 21 septembre 2009, a trouvé refuge dans l’ambassade du Brésil à Tegucigalpa et que les putschistes répriment violemment les manifestations des partisans du président constitutionnel, ferment les médias d’opposition |3.| et ont décrété le 27 septembre un Etat de siège d’une durée de 45 jours, tout ce que le n°2 de Washington à l’OEA a trouvé à dire est : « le retour de Zelaya est irresponsable et idiot » |4.|

    Par ailleurs, Hillary Clinton n’a pas condamné le couvre-feu prolongé décrété par Micheletti pour empêcher que la population ne se rassemble en face de l’ambassade du Brésil. A la lumière de cette expérience, on peut affirmer que l’administration Obama ne montre pas une volonté de rompre avec plusieurs méthodes qui ont été mises en oeuvre par ces prédécesseurs : le financement massif de différents mouvements d’opposition dans le cadre de sa politique de « renforcement de la démocratie », le lancement de campagnes médiatiques de discrédit à l’égard des gouvernements qui ne partagent pas son orientation (Cuba, Venezuela, Bolivie, Equateur, Nicaragua, le Honduras de Manuel Zelaya…), le maintien du blocus contre Cuba, le soutien aux mouvements séparatistes en Bolivie (la media luna, capitale Santa Cruz), en Equateur (la ville de Guayaquil et sa province) et au Venezuela (l’Etat pétrolier de Zulia, capitale Maracaïbo), le soutien à des agressions militaires comme celle perpétrée par la Colombie en Equateur en mars 2008 ainsi qu’à des actions des forces paramilitaires colombiennes ou autres au Venezuela.

    Il est frappant de constater que l’Union européenne adopte une politique très proche de celle de Washington. Déjà lors du putsch contre Chavez, le 11 avril 2002, l’Union européenne, par la voix de José Maria Aznar, avait apporté son soutien aux putschistes. En août 2009, elle a annoncé qu’elle maintient les accords commerciaux avec le Honduras et qu’elle ne dénoncera pas comme illégales les élections organisées dans ce pays par les putschistes. En matière de négociations et de signatures de traités de libre commerce, l’Union européenne est aussi agressive que les Etats-Unis quand elle n’exige pas des concessions encore plus importantes que celles accordées par les pays latino-américains à Washington.


    Notes
    |1.| L’Armée colombienne a bombardé et a capturé des éléments d’un camp de la guérilla des FARC en territoire équatorien, faisant une vingtaine de morts dont des civils. Il faut savoir que l’armée colombienne, pourtant extrêmement forte, est très peu présente sur la frontière Colombie-Equateur, ce qui permet à la guérilla des FARC d’y installer certains camps dont celui où se trouvait, à cette époque, un de ses principaux dirigeants, Raul Reyes, responsable des relations internationales. Le gouvernement colombien, entièrement couvert par les Etats-Unis, a utilisé les méthodes appliquées systématiquement par l’armée israélienne à l’égard de ses voisins : y mener des opérations militaires au mépris de leur souveraineté. L’Equateur a régulièrement reproché à la Colombie de ne pas assurer un contrôle adéquat de la frontière commune entre les deux pays.

    |2.| our une description détaillée des secteurs qui ont appuyé le coup d’Etat, lire l’étude de Decio Machado qui dresse une liste des entreprises et de leurs dirigeants ayant incité ou soutenu activement les putschistes : « Quiénes apoyan al gobierno ilegítimo de Roberto Micheletti » http://www.cadtm.org/Quienes-apoyan...

    |3.| L’armée hondurienne a pris le contrôle des locaux de la radio Globo le lundi 28 septembre 2009 à l’aube (heureusement Globo continue d’émettre via internet à partir d’une maison privée) et a mis fin aux émissions télévisées du Canal 36, la seule chaîne qui diffusait des informations non favorables aux putschistes. Par ailleurs, un décret, diffusé dimanche 27 septembre dans la soirée par toutes les chaînes de télévision, suspend les libertés d’expression et de réunion durant au moins 45 jours et prévoit la fermeture des médias "qui incitent à l’insurrection".

    |4.| “Zelaya’s return to Honduras is irresponsible and foolish and it doesn’t serve the interests of the people nor those seeking a peaceful reestablishment of democratic order in Honduras,” Lewis Amselem, représentant permanent adjoint des Etats-Unis à l’OEA. Il faut savoir que ce diplomate a été accusé par des organisations de défense des droits de l’homme de refus d’assistance et de diffamation à l’égard de sa compatriote Dianna Ortiz, une religieuse progressiste états-unienne de l’ordre des ursulines, qui a été torturée et violée à plusieurs reprises par des éléments des forces de sécurité guatémaltèque en 1989. A cette époque il travaillait à l’ambassade des Etats-Unis à Guatemala City comme officier des droits humains. http://www.kaosenlared.net/noticia/...

    SOURCE ICI 


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  • La « blague » du Prix Nobel de la « Paix »


    Surprenant tout le monde, le Prix Nobel de la Paix a été attribué au Président des Etats-Unis d’Amérique, M. Barack Obama. Si on s’appuie sur la propagande des médias occidentaux et les beaux discours de B. Obama – ce que la plupart des gens font – il est évident que nous n’hésiterions pas à crier haut et fort que c’est lui, le mieux placé pour recevoir ce Prix honorable. Néanmoins, il convient de rappeler certains éléments qui font que ce prix ne doit nullement être attribué à ce personnage. Serge Holo se bornera ainsi à expliquer les « dessous » du Prix Nobel.
    Barack Obama a sucité un grand emoi dans toute la planète lorsque son élection à la tête du plus grand empire meurtrier et corrompu de ce début de millénaire fut officiel. Les peuples qui avaient soif de changements, à la fois politiques et pacifiques, ont vu en cet homme aux qualités exceptionnelles d’orateur, un homme qui pouvait changer la face de ce monde profondément inégalitaire. Malheureusement plus dur est la chute... En effet il profite de cet amour aveugle que le peuple lui porte pour continuer la politique criminelle de l’administration Bush en feintant avec les mots dans ses discours, que ça soit au Caire ou au Ghana. Il y fit de nombreuses promesses ce qui amèna les gens à penser qu’il est en odeur de sainteté.

    Le vendredi 9 octobre 2009, Barack Obama obtient donc le Prix Nobel de la Paix [1].

    Qu’est-ce que le Prix Nobel ?

    Apès de la mort de Alfred Nobel, riche chimiste et industriel, ce dernier laissa un testament demandant que sa fortune soit dédiée à la Fondation Nobel préalablement créée. Il estimait que les personnes « ayant apporté le plus grand bénéfice à l’humanité » devaient être récompensées.

    Pas moins de quatre domaines sont rétribués, tels que la Physique, la Chimie, la Physiologie ou Médecine, la Littérature et la Paix. Nous nous intéresserons particulièrement au dernier.

    Alfred Nobel a bâti sa fortune en fabriquant des armes [2] – il est d’ailleurs l’inventeur de la dynamite – dans son entreprise Bofors [3].

    Dans ses dernières volontés, il demanda à ce que le Prix Nobel de la Paix récompense annuellement « la personnalité ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix ». A la réduction des armes permanentes... Pourquoi demander de réduire le nombre d’armes permanentes lorsque on contribue soi-même à l’augmenter ? Où est la cohérence entre ses propos et son « gagne-pain » ? Mais le pire est à venir.

    Les attributions des Prix sont presque aléatoires car beaucoup de personnes ayant reçu ce prix ne le méritaient pas. La liste est longue, je me bornerais donc à citer les quelques cas les plus flagrants ; il y a : Edward Teller (inventeur de la bombe à hydrogène), Harold Hillman (qui étudia « La douleur éventuellement ressentie durant l’exécution par différentes méthodes »), Shri Atal Bihari Vajpayee et Nawaz Sharif (pour avoir testé des bombes atomiques) etc. Il est évident qu’on ne peut pas mélanger les armes et la paix , cela revient à mélanger l’eau et l’huile.

    Mais quand les plus grands criminels du XX ème siècle, à savoir Bénito Mussolini, Adolph Hitler et Joseph Staline, sont nominés cela devient assez inquiétant (le premier en 1935 [4], le deuxième en 1939 [5], le troisième en 1945 [6]).

    Qu’en est-il vraiment du statut de ce pseudo-Prix ? Que pensent les gens à propos des nominés et des lauréats ? Ne se disent-ils pas que cet individu est « bon » lorsqu’il est nominé ou lauréat ? N’est-ce pas encore un moyen de domination de l’opinion publique ?

    Pourquoi Obama ?

    « Pour ses efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationales entre les peuples », selon le jury du prix à Oslo. Je repose ma question : pourquoi Obama ? Au risque de choquer, il est difficile de voir les changements diplomatiques effectués.

    Peut-être que le jury fait allusion à la main tendue d’Obama aux musulmans dans son discours au Caire. Rappelons tout de même que ce fameux discours est jonché de contradictions et de magouilles cachées derrière les mots. William Blum les a parfaitement illustrés dans son article intitulé « Selon quelles normes jugerons-nous Barack Obama ? » : « Je [William Blum] pourrais passer en revue le discours qu’Obama a donné au Caire et relever une par une les hypocrisies patentes, les platitudes, les couillonnades pures et simples et tout le reste (« J’ai [Barack Obama] interdit sans équivoque l’usage de la torture aux États-Unis » et pas un mot sur son transfert à l’étranger, à commencer par le pays même où il était en train de parler. « Aucune nation ne devrait choisir qui peut et qui ne peut pas posséder d’engins nucléaires », quand c’est précisément ce que les États-Unis sont en train de faire à propos de l’Iran et de la Corée du Nord.) » [7]

    Peut-être que le jury fait allusion à la levée partielle du blocus cubain, héritage de la haine anticommuniste. Les « Réflexions du compañero Fidel Castrob » résument assez bien la situation comme ça [8].

    Peut-être que le jury fait allusion aussi au démantelement du bouclier antimissile européen qui, soit dit en passant, n’était juste qu’une supercherie pour allier la Russie dans le camp étasunien. « L’abandon par les Etats-Unis du projet de bouclier antimissile en Pologne et en République tchèque annoncé le 17 septembre dernier laissant place à un autre dispositif plus souple, soit un bouclier antimissile doté d’intercepteurs de courte et de moyenne portée et l’invitation adressée à la Russie lui demandant de collaborer avec l’OTAN pour mettre au point un système commun de défense antimissile seraient des gestes posés par les Étatsuniens destinés à réchauffer leurs relations avec la Russie et obtenir ainsi de sa part un appui dans la prise de contrôle de l’Asie centrale et éventuellement de celle de l’Iran » [9]

    Espérons que ce jury ne se base pas non plus sur les promesses militaires d’Obama. Je me bornerais à éclaircir certains points de la politique militaire étasunienne. Le Président des Etats-Unis d’Amérique avait promis, dès les primaires, le retrait des troupes US en Irak, provoquant les acclamations béates de la foule étasunienne. Précisons que derrière cette belle phrase l’intention en était autre. En effet, le futur président n’allait faire qu’un simple tranfert de troupes en Afghanistan. Arrivé au pouvoir, changement de plan. Finalement, 50 000 GI’s resteraient en Irak [10].

    D’autre part le budget de la défense étasunienne n’a jamais été aussi élevé de toute l’Histoire. On remarque en outre qu’il a augmenté sous l’administration Obama, passant de 606,4 milliards de dollars sous Bush en fin 2008 [11] à 670 milliards de dollars au cours de l’année 2009 sous Obama.

    Dernier point important, les Etats-Unis d’Amérique restent le plus gros fabricant et exportateur d’armes de toutes sortes dans le monde entier.

    Néanmoins nous pouvons accorder deux bonnes actions faites par Obama :

    1. Ce dernier a essayé de contribuer au rapprochement des peuples par son système de santé visiblement rejeté par les néo-conservateurs désireux du maintien de leur pouvoir économique et social.

    2. Il a tendu la main aux africains lors de son discours au Ghana, en pensant nous bluffer avec son cadeau de 20 milliards de dollars sur trois ans à l’Afrique pour éradiquer la faim[12]. Quel cadeau généreux quand on sait que cela ne représente que 2% des dépenses militaires US et qu’il y a un être humain qui meure toutes les deux secondes. Ne serait-ce pas plutôt pour mieux piller l’Afrique de ses ressources naturelles et énergétiques en l’amadouant avec de jolis dollars ?

    Aprés toutes ces précisions, on conçoit mal qu’Obama, Président d’un pays en guerre, soit digne de recevoir un prix quelconque pour la paix. Si le jury d’Oslo a estimé bon d’accorder le Prix Nobel de la Paix à M. Obama, autant accorder le Prix Nobel de la Médecine aux guerriseurs, enfin qui sait...

    Serge Holo ICI lien 


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    En plus de soumettre les populations ciblées à une guerre sauvage, l’utilisation croissante d’armées privées facilite également la subversion de l’opinion publique nationale et la conduite de la guerre pour la Maison-Blanche.

     

    Les États-uniens sont moins enclins à s’opposer à une guerre menée par des mercenaires étrangers, même lorsque leurs propres impôts sont gaspillés pour la financer.

     

    « L’usage croissant de contractuels, de forces privées, ou, comme diraient certains, de “mercenaires” rend les guerres plus facile à commencer et à mener : on a seulement besoin d’argent, pas des citoyens », affirme Michael Ratner, du Center for Constitutional Rights de New York. « Dans la mesure où une population est appelée à aller en guerre, il y a de la résistance, une résistance nécessaire à la prévention de guerres d’autoglorification, de guerres stupides et, dans le cas des États-Unis, de guerres hégémonistes et impérialistes. »

     

    En effet, le Pentagone a connu les dangers de la conscription lors des manifestations populaires massives qu’elle a provoqué durant la guerre du Vietnam. Aujourd’hui il préférerait un champ de bataille électronique – et y travaille – où des robots guidés par des systèmes de surveillance sophistiqués mènent le combat, minimisant ainsi les pertes étatsuniennes. Entre-temps, il tolère l’emploi de contractants privés pour l’aider à livrer ses batailles.

     

    L’Irak offre l’exemple crève-coeur d’une guerre dans laquelle des combattants contractuels ont tellement indigné le public qu’ils devaient “libérer” que lorsque le combat a éclaté à Fallujah, la foule enragée a désacralisé les cadavres de quatre mercenaires de Blackwater. Cette scène atroce a été télévisée à travers le monde entier et a incité les États-Unis à lancer une agression militaire de représailles vindicative à Fallujah, provoquant la mort et la destruction sur un vaste territoire.

     

    Tout comme les colons étatsuniens méprisaient les Hessois lors de la guerre d’indépendance, les Irakiens en sont venus à détester davantage Blackwater et ses contractuels sympathisants que les soldats étatsuniens, qui leur témoignaient souvent de la gentillesse, selon un journaliste ayant vécu dans la zone de guerre.

     

    « Il n’était pas inhabituel pour un soldat étatsunien, ou même pour une unité complète, de développer une relation très amicale avec une communauté irakienne. Cela n’arrivait pas tous les jours, mais ce n’était pas inouï », écrit Ahmed Mansour, un reporter égyptien et animateur d’une émission-débat au Qatar pour al-Jazeera, le réseau de télévision du Moyen-Orient.

     

    « Il n’était absolument pas singulier non plus de voir des troupes étatsuniennes faire des top là aux adolescents irakiens, de tenir le bras d’une vielle dame irakienne pour l’aider à traverser la rue ou d’aider quelqu’un à se sortir d’une situation difficile […] Ce n’était pas le cas avec les mercenaires. Ils savaient qu’ils étaient vus comme des voyous malfaisants et voulaient que cela reste ainsi. »

     

    Dans son livre Inside Fallujah (Olive Branch Press), Mansour dit que « les mercenaires étaient vus comme des monstres, principalement en raison de leur comportement monstrueux. Ils ne parlaient jamais à personne avec des mots : ils utilisaient uniquement le langage du feu, des balles et de la force létale absolue. Il était assez courant de voir un mercenaire écraser une petite voiture irakienne dans laquelle se trouvaient des passagers, seulement parce que ces mercenaires étaient coincés dans un embouteillage ».

     

    Mansour, mieux connu pour son rôle d’animateur de l’émission-débat Without Limits, affirme que son auditoire était outré à la simple pensée qu’une superpuissance politique comme les États-Unis engage des mercenaires pour faire son travail déplaisant au lieu d’utiliser des soldats qui croient en leur pays et sa mission. Les téléspectateurs étaient de toute évidence également indignés par les épouvantables crimes de guerre que commettaient ces mercenaires.

     

    Blackwater a finalement été critiquée après que ses forces ont fauché 17 civils le 16 septembre 2007 dans ce que les autorités irakiennes ont décrit comme une agression délibérée sur la place Nisour à Bagdad. Ces dernières ont refusé de renouveler leur permis d’exploitation. Le groupe de sécurité, dont le siège social est à Moyock, N.C., a changé son nom pour Xe Services. Selon le magazine The Nation, l’entreprise a tout de même pu renouveler son contrat au montant 20 millions de dollars jusqu’au 3 septembre, pour protéger les fonctionnaires du département d’État. Toutefois, une partie de son travail est assumé par Triple Canopy, de Herndon, Va., une autre firme au passé sombre.

     

    Dans son livre Halliburton’s Army (Nation Books), Pratap Chatterjee prétend que Triple Canopy emploie des « agents de sécurité privés ayant prétendument ciblé des civils irakiens pour le plaisir, tentant de les tuer, alors qu’ils travaillaient pour Halliburton/KBR ». En parlant des mercenaires comme d’un groupe, le brigadier général Karl Hors, conseiller du commandement de la force conjointe des États-Unis, a déjà constaté ceci : « Ces gars sont libres dans ce pays et font des choses stupides. Personne n’a d’autorité sur eux, donc on ne peut pas leur tomber dessus lorsque leur usage de la force dégénère. Ils tirent sur les gens et quelqu’un d’autre doit faire face aux conséquences. Ça se produit partout. »

     

    Une journée avant de quitter Bagdad, le 27 juin 2004, le directeur de l’autorité provisoire de la coalition, le lieutenant Paul Bremer III, a émis la directive 17 interdisant au gouvernement irakien de poursuivre les contractants pour des crimes devant les cours irakiennes. Résultat : lorsque le gouvernement irakien a enquêté sur la place Nisour, ils ont rapporté qu’« à l’exemple de toute autre opération terroriste, le meurtre de sang froid de citoyens par Blackwater est considéré comme un acte terroriste contre des civils. ». Comme le révélait l’Associated Press le 1er avril dernier, « la compagnie ne fait face à aucune accusation. Toutefois l’incident de Bagdad a exacerbé le sentiment qu’ont de nombreux Irakiens que les contractants privés étatsuniens ont opéré depuis 2003 avec peu d’égard pour la loi et la vie irakienne ». Bagdad a également accusé Blackwater d’être impliquée dans un moins six incidents mortels durant l’année qui a précédé celui de la place Nisour, y compris celui ayant causé la mort du journaliste irakien Hana al-Ameedi.

     

    Au printemps 2008, 180 000 mercenaires opéraient en Irak. On ignore combien d’entre eux sont morts : leurs décès ne figurent pas sur les listes des pertes du Pentagone. Comme ils sont nombreux à effectuer des tâches non reliées au combat, il est peu probable qu’ils aient subit autant de pertes et de blessures que les G.I. Selon certaines estimations, 1000 mercenaires auraient peut-être péri en Irak, environ un décès chez les mercenaires pour 4 chez les G.I.

     

    Selon Mansour, un groupe irakien nommé Supporters of Truth (Sympathisants de la vérité) prétend que des hélicoptères étatsuniens volant à basse altitude ont laissé tombé des cadavres de mercenaires dans la rivière Diyala près de la frontière iranienne. Un autre groupe, Islamic Army of Iraq (l’Armée islamique d’Irak), « a découvert une fosse commune pour des mercenaires au service des forces étatsuniennes […] Le groupe affirme que la découverte de charniers pour mercenaires est devenue chose courante en Irak […] » On ne sait pas précisément si ces derniers étaient des mercenaires locaux ou des combattants venus d’ailleurs.

     

    De nombreux soldats de fortune sur la liste de paie de compagnies privées ont auparavant été au service de dictateurs en Afrique du Sud, au Chili et ailleurs. « En Irak, les firmes privées de sécurité, qui forment le deuxième grand élément constitutif de la « coalition des pays disposés » (coalition of the willing), pigent dans des bassins de combattants qualifiés. On estime que presque 70 pour cent d’entre eux proviennent du Salvador », écrit Noam Chomsky dans son livre « Les États manqués » (Fayard). « Les tueurs qualifiés de l’appareil de terrorisme d’État dirigé par Reagan peuvent gagner de meilleurs salaires en perpétuant leur art en Irak qu’en demeurant dans ce qu’il reste de leur société. »

     

    D’autres mercenaires ont été recrutés au sein même de la population irakienne. Dans son livre Rulers and Ruled in the U.S. Empire (Clarity Press), le sociologue James Petras écrit : « L’emploi de mercenaires locaux crée l’illusion que Washington remet graduellement le pouvoir au régime fantoche local. Cela donne l’impression que ce régime fantoche est capable de gouverner et propage le mythe voulant qu’il existe une armée locale stable et fiable. La présence de ces mercenaires locaux crée le mythe selon lequel le conflit interne est une guerre civile au lieu d’une lutte de libération nationale contre un pouvoir colonial.

     

    L’auteur ajoute que « l’échec de la politique étatsunienne préconisant l’utilisation des mercenaires irakiens pour vaincre la résistance se voit dans l’escalade des forces militaires de combat des États-Unis au printemps 2007, 5 ans après une guerre coloniale : de 140 000 à 170 000 troupes, sans compter la présence de quelque 100 000 mercenaires d’entreprises étatsuniennes comme Blackwater ». Il affirme que la force mercenaire irakienne est en proie à de hauts niveaux de désertion.

     

    Dans The Sorrows of the Empire ”(Metropolitan/Owl), Chalmers Johnson écrit : « On assume que le recours à des contractant privés est plus rentable, mais même cela est discutable lorsque les contrats ne vont qu’à des compagnies qui ont de bonnes relations et que l’appel d’offre n’est pas particulièrement compétitif. » Blackwater Security a obtenu un contrat de 27 millions de dollars sans appel d’offre de la part du lieutenant Paul Bremer III, le directeur de l’autorité provisoire de la coalition en 2003. Selon Joseph Stiglitz dans Une guerre à 3000 milliards de dollars (Fayard), le montant a augmenté à 100 millions de dollars un an plus tard et, en 2007, Blackwater détenait un contrat de 1,2 milliards de dollars pour l’Irak, où 845 contractants privés en sécurité étaient embauchés.

     

    Stiglitz note qu’en 2007 les gardiens de sécurité privés travaillant pour des firmes comme Blackwater et Dyncorp gagnaient jusqu’à 1222 dollars par jour ou 445 000 dollars par an. Par comparaison, un sergent de l’armée gagnait entre 140 et 190 dollars par jour en paie et prestations, pour un total de 51 100 à 69 350 dollars par an.

     

    Puisque ce sont les contribuables étatsuniens qui souscrivent les chèques de paie des « soldats privés », où sont les économies? C’est l’argent provenant des poches des contribuables qui a fait la grandeur de ces armées de l’ombre.

     

    Dans son succès de librairie Blackwater: The Rise of The World’s Most Powerful Mercenary Army (Nation Books), le reporter Jeremy Scahill écrit : « Son installation de sept mille acres à Moyock, N.C., est devenue le centre militaire privé le plus sophistiqué de la planète, car l’entreprise possède l’une des plus grandes réserves privées d’armes lourdes au monde. Il s’agit d’un grand centre d’entraînement à la fois pour les forces militaires et les forces de sécurité locales et fédérales des États-Unis, et les forces étrangères et les particuliers […] On y développe des dirigeables de surveillance ainsi que des bandes d’atterrissage privées pour sa flotte d’aéronefs, laquelle comprend des hélicoptères de combat. » Les représentants de la société affirme avoir entraîné chaque année environ 35 000 militaires et « agents de la force publique ».

     

    L’idée d’externaliser la plupart du travail du Pentagone, des corvées de cuisine au camionnage en zone de guerre, est venue en grande partie du secrétaire à la Défense Dick Cheney au début des années 1990, lorsque le Congrès lui a confié la tâche de réduire les dépenses du Pentagone après l’apaisement de la guerre froide. Puis, après avoir quitté son poste à la Défense pour devenir PDG chez Halliburton, Cheney a aussi géré l’emploi de contractants pour appuyer l’armée engagée en ex-Yougoslavie. Comme le rappelle Pratap Chatterjee dans Halliburton’s Army (Nation Books), « [d]ans l’opération Tempête du désert en 2001 (sic 1991), environ une personne sur cent sur le champ de bataille irakien était contractant, alors qu’aujourd’hui, pour l’opération Liberté immuable, leur nombre est pratiquement égal à celui du personnel militaire ».

     

    Et puisque les mercenaires peuvent travailler en civil, ils sont utiles au Pentagone quand il cherche à instaurer une présence militaire dans un pays sans trop attirer l’attention. Comme l’écrit Scahill, « au lieu d’envoyer des bataillons de l’armée active étatsunienne en Azerbaïdjan, le Pentagone a déployé des « contractants civils » de Blackwater et d’autres firmes pour mettre sur pied une opération servant deux objectifs : protéger la nouvelle exploitation rentable de gaz et de pétrole dans une région historiquement dominée par la Russie et l’Iran et possiblement mettre en place une importante base d’opérations avancée pour une attaque contre l’Iran.

     

    Scahill affirme que « [l]’opposition nationale aux guerres d’agression réduit le nombre de volontaires prêts à servir dans les forces armées, ce qui a toujours calmé l’ardeur guerrière ou entraîné la conscription. Parallèlement, l’opposition internationale a compliqué la tâche qu’avait Washington de persuader les autres gouvernements d’appuyer ses guerres et ses occupations. Mais avec des sociétés privées de mercenaires, cette dynamique change dramatiquement, puisque le bassin de soldats potentiels disponibles pour une administration agressive n’est limité que par le nombre d’hommes sur la surface du globe prêts à tuer pour de l’argent.


    Grâce à l’aide des mercenaires, on n’a pas besoin de conscription, ni même du soutien de sa propre population pour mener des guerres d’agression, pas plus que d’une coalition de pays « disposés » à vous aider. Si Washington n’a pas suffisamment de personnel dans ses forces nationales pour une invasion ou une occupation, les firmes de mercenaires offrent une alternative privatisée, incluant la base de données de 21 000 contractants de Blackwater […] Si les gouvernements étrangers ne participent pas, on peut toujours acheter des soldats étrangers ».

     

    En janvier 2008, le groupe de travail de l’ONU sur les mercenaires a décelé en Amérique latine une tendance émergente : « Des entreprises privées de sécurité protègent des sociétés extractives transnationales, dont les employés sont souvent impliqués dans la répression de manifestations des communautés, des organisations environnementales ou de protection des droits humains dans les zones où opèrent ces sociétés. » Pour sa part, le ministre sud-africain de la Défense, Mosiuoa Lekota, a qualifié les mercenaires de « fléau des régions pauvres du monde, particulièrement de l’Afrique. Ce sont des tueurs à gage, ils louent leurs compétences au plus offrant. Quiconque a de l’argent peut engager ces être humains et les transformer en machines à tuer ou en chair à canon ».

     

    Sans mâcher ses mots Ratner fait une mise en garde : « Ces sortes de groupes militaires rappellent les chemises brunes du parti Nazi, en fonctionnant comme mécanisme d’application de la loi extrajudiciaire qui peut opérer en dehors de la loi et le fait.

     

    Certes, les représentants des firmes de guerriers contractuels se voient sous un jour plus noble. Lors d’un discours, le vice-président de Blackwater, Cofer Black, a comparé son entreprise aux chevaliers de la Table ronde au service du roi Arthur, en affirmant qu’ils « se concentrent sur la morale, l’éthique et l’intégrité. C’est important. Nous ne sommes pas des escrocs. Nous ne sommes pas des filous. Nous croyons en ces choses là ». Malgré de telles affirmations, le jugement définitif sur la performance des entreprises militaires à contrat doit venir des populations que ces nobles chevaliers prétendent servir. Et si ceux de Blackwater sont un exemple, ils sont détestés.


    Article original en anglais : The Rise of Mercenary Armies: A Threat to Global Security, Help White House Thwart Peace Movement,

    Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca.

    Sherwood Ross a travaillé pour de grands quotidiens et des agences de transmission, et a été directeur du mouvement des droits civiques. Il oeuvre actuellement pour le mouvement antiguerre et dirige une firme de relations publiques dédiée aux bonnes causes.

    Vous pouvez le joindre au sherwoodr1@yahoo.com

     
     Articles de Sherwood Ross publiés par Mondialisation.ca
     


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