• La balle à blanc

    Koldo Campos Sagaseta

    Aux États-Unis, mis à part ce que représente la légalisation de l’assassinat, on peut distinguer divers aspects, en vérité répugnants, de cette morale hypocrite qui régit l’exécution d’un condamné à mort. La mort récente, dans l’Utah, devant un peloton d’exécution, de Ronnie Gardner, à nouveau les met en évidence.

    La possibilité accordée au condamné de pouvoir choisir le type de mort par laquelle la justice encaissera sa vengeance est le premier fait qui souligne jusqu’à quel point c’est le cynisme qui caractérise cette société-là. Il est vrai que personne au monde ne vote plus que les citoyens des États-Unis habitués depuis leur enfance à voter pour tout, pour le MVP de n’importe quelle équipe sportive, pour le meilleur acteur, pour la miss la plus sexy, pour la résurrection d’Elvis… mais il est tout aussi vrai, également, que personne ne décide réellement, par le vote, moins que ces mêmes citoyens, habitués depuis qu’ils atteignent l’âge adulte à n’élire personne, pas même leurs présidents, tous copies clonées, nuance colorée mise à part, d’un pouvoir toujours identique et omniprésent et qui, lui, ne passe pas par les urnes.

    Ils ont donné à Ronnie Gardner à choisir entre une injection mortelle ou être fusillé par un peloton d’exécution et, en bon citoyen des Etats-Unis, Ronnie a voté.

    Ils lui ont également donné la possibilité de choisir le dernier repas qui lui serait servi. On connaît des condamnés à mort à qui, quelques secondes avant d’être assassinés, on a refusé cette dernière cigarette demandée parce que fumer dans l’enceinte de la prison était interdit et que le tabac est mauvais pour la santé et personne autant que les États-Unis ne se soucie autant de la santé et si peu de la vie. S’agissant de Gardner, ils n’ont pas été obligés de veiller sur sa santé au-delà de la pernicieuse nicotine, car Ronnie Gardner n’était pas fumeur. Mais, par contre, ils l’ont protégé de l’alcool qui lui fut interdit. Il se contenta donc d’un soda, d’un steak, de langouste et de tarte aux pommes.

    Peut-être, comme tant d’autres prisonniers condamnés à mort, au moment d’exprimer cette dernière volonté qui va transformer en réalité un ultime souhait, plutôt que de choisir son menu aurait-il préféré choisir un procès équitable, un bon avocat, une révision de son dossier… mais la coutume veut qu’aucune de ces options ne soit envisagée.

    Aux États-Unis, des milliers de personnes ont été exécutées par injection mortelle, sur la chaise électrique ou fusillées. La plupart du temps, ce sont des noirs ou des Hispaniques pauvres, condamnés à mort pour des délits qui, si leurs auteurs avaient été blancs et riches, auraient mérité un bon avocat et une sentence plus clémente.

    Karla Fayer, par exemple, a été exécutée malgré l’appel en sa faveur venu du monde entier, y compris de Paul VI, appel à respecter sa vie après quinze années passées à attendre son exécution. Aux États-Unis, ont été légalement assassinés des hommes de 40 ans qui avaient été jugés lorsqu’ils n’en avaient que 18 et des jeunes souffrant d’un handicap mental avéré. Rien n’y a fait ; ni la condition des prisonniers condamnés ni les appels à la clémence, ni leur conduite devenue irréprochable, ni les ombres qui dans de si nombreux cas ont accompagné les verdicts des tribunaux, ni la jeunesse des mineurs exécutés, ni leur santé mentale déficiente… rien.

    Dans de nombreux cas, les preuves de l’innocence, si longtemps clamée, sont arrivées à temps pour rétablir l’honorabilité du nom du condamné à mort, mais pas la santé de son cadavre.

    Pour ceux qui attendent dans le dénommé couloir de la mort, pas même un mouvement de pitié, ne parlons pas de justice, n’est permis, pas même ce mouvement de pitié qui, par contre, est bel et bien réel, tous les ans, envers une dinde, à l’occasion du traditionnel « thanksgiving day ». Ce jour-là, en effet, le président des États-Unis lui-même jouit du privilège de sauver la vie d’une dinde fort chanceuse qui, même si on ne lui permet pas de décider de son sort par un vote, c’est vrai, finira sa vie non dans une casserole, mais dans un paisible zoo.

    Avant de mettre à exécution la vengeance et comme le veut la coutume, on autorisa également Gardner à dire ses derniers mots. Il décida de ne rien dire.

    Mais s’il est un aspect qui peint bien l’hypocrisie morale qui accompagne l’assassinat d’un prisonnier livré à un État qui l’a réduit à l’impuissance et pour qui il ne représente désormais plus aucun danger, c’est bien la balle à blanc qui, introduite dans l’arme de l’un des exécutants, va permettre à chacun de ceux-ci de se sentir innocent du crime qui va se commettre.

    Cinq policiers volontaires — un de ces jours, ils seront remplacés par des parents des victimes du condamné ou bien ils verront leurs places mises aux enchères et attribuées au meilleur enchérisseur — armés d’un fusil et placés à sept mètres à peine pour ne pas rater la cible sur le coeur du condamné, font feu tous en même temps. Un des fusils, cependant, tire à blanc. Aucun des tireurs ne saura jamais si c’est lui qui a limité l’exécution à une détonation.

    Un de ces jours prochains, une telle pratique sera la règle pour les bombardements opérés par les forces aériennes des États-Unis pour que le pilote, au cas où il aurait des doutes sur la mission humanitaire qu’on lui a confiée ou au cas où cela lui poserait un problème de conscience, puisse trouver une consolation en espérant que, peut-être, ses bombes étaient chargées à blanc et que ce sont les autres, les bombes de ses complices en uniforme, qui ont, là-bas, tout en bas, semé la terreur.

    Koldo Campos Sagaseta
    Rebelión
    http://www.rebelion.org/noticia.php...

    Traduit par Manuel Colinas Balbona pour Le Grand Soir

    URL de cet article
    http://www.legrandsoir.info/La-balle-a-blanc.html

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  • Bolivie : Obama serait-il en train de préparer une "guerre subversive" mondiale ?

    vendredi 18 juin 2010, par Primitivi

    Obama a déçu, beaucoup, mais Obama est peut-être en train de faire pire encore, de faire pire que Bush. On sait déjà que le président des États-Unis est plus favorable au développement d’opérations discrètes qu’au déploiement de la troupe. La population des États-Unis est fatiguée des guerres de la dynastie Bush et elle verrait d’un bon oeil que ses soldats rentrent à la maison.

    Mais Obama est peut-être bien en train de préparer le pire, car il compte basculer de la guerre ouverte contre le terrorisme à la guerre secrète non conventionnelle, une guerre où toute population, où qu’elle soit, peut-être considérée comme l’ennemi "intérieur". En fait Obama est peut-être en train de mettre en place une "Bataille d’Alger" planétaire. Si c’est bien le cas on peut dire que l’humanité a des soucis à se faire.

    "La guerre secrète contre la bolivie"
    par Fortunato Esquivel

    Au début du mois de juin, le président Evo Morales, a recommencé à dénoncer l’Agence pour le Développement International des États-Unis (USAID) et l’a accusée d’infiltrer les mouvements sociaux, pour provoquer des conflits contre le gouvernement et tendre à sa déstabilisation, il les a averti qu’ils seraient expulsés s’ils continuaient à persister dans ce sens.

    Un travail impossible pour Morales. USAID ne se modérera jamais. C’est un organisme, une partie de la domination exercée par l’impérialisme nord-américain sur l’Amérique Latine, l’Afrique et l’Asie. C’est l’engrenage d’une stratégie complexe du capital monopoliste destiné à accroitre les intérêts de l’empire.

    Cette machinerie montée après la deuxième guerre mondiale est constitué par USAID, l’Alliance pour le Progrès (CIAP), substitué peu après par la Fondation Interaméricaine (IAF), la Banque d’Importation et d’Exportations (Eximbank), la Banque Interaméricaine de Développement (BID), le Fonds monétaire international (FMI), la Banque Internationale de Reconstruction et de Promotion ou Banque mondiale (BM), l’Organisation pour la Promotion des Investissements en Amérique Latine (ADELA) et leurs autres bras financiers.

    USAID a commencé ses activités sous le gouvernement de Harry S. Truman en 1946 et depuis ce temps-là elle a distribué plus de 200 milliards de dollars en "aides" militaires et économiques auprès des pays où elle exerce sa domination en protection des intérêts étasuniens. Combien doit la Bolivie à cet organisme ? C’est une donnée qu’il faut connaître.

    USAID, utilise au moins quatre types de programmes et ils sont : Des prêts pour le Développement, les Programmes d’Aide Technique, des Fonds pour les Urgences et le Programme d’Appui Politico-Militaire. Ce dernier fait parti d’un vaste appareil d’espionnage et d’intervention étasunien.

    Le Programme d’Appui Politico-Militaire est la raison de son existence, puisqu’il est destiné à freiner et à détruire les mouvements révolutionnaires d’Amérique Latine et pour cela un manuel répressif confidentiel a été mis au point, manuel qui a été révélé en Bolivie par le quotidien disparu "Hoy" dans son édition du 23 novembre 1978.

    USAID agit de manière directe entre l’agence et le gouvernement du pays où elle travaille et d’une manière indirecte à travers les entreprises monopolistes, en suivant des objectifs politico-économiques définis à l’avance. Cet organisme dispose de fonds pour les investisseurs yankees, cela inclus des investissement directs afin d’influencer les centres de pouvoir.

    L’appel à la modération qu’a fait le président Morales, ne s’accomplira jamais, parce que l’USAID a été organisé pour cela, pour conspirer et renverser des gouvernements révolutionnaires. Et maintenant elle aura encore plus d’aide puisque le Président Barak Obama vient d’approuver de nouveaux programmes “de guerre secrète” et “des opérations spéciales” au niveau mondial. La Bolivie et le Venezuela sont dans la mire d’Obama.

    Obama pire que Bush

    Une enquête publiée par le journal Washington Post, remarque que Barak Obama vient d’autoriser l’extension de la guerre secrète contre des groupes radicaux, en augmentant le budget nécessaire [1].

    Suivant l’article du Post, les opérations spéciales se déroulent dans 75 pays avec le concours de 13 000 militaires et civils, experts dans les opérations de renseignement, de guerre psychologique, d’assassinats sélectifs, de missions d’entraînement, d’actions clandestines et autres [2].

    La journaliste vénézuéliano-américaine, Eva Golinger fait remarquer dans l’un de ses récents articles [3] que l’enquêteur Jeremy Scahill a découvert que l’administration de Barak Obama a envoyé des équipes d’élites des forces spéciales, sous les ordres du Commandement des Opérations Spéciales Conjointes en Iran, en Géorgie, en Ukraine, mais aussi en Bolivie, au Paraguay, en Équateur et au Pérou.

    Le chancelier Choquehuanca, négocie la réouverture de relations diplomatiques avec les États-Unis, mais comme on peut lz vérifier, ni le gouvernement d’Obama ni USAID ne changeront leurs politiques. Dans ces conditions : ne vaudrait-il pas mieux de repousser l’idée d’une ambassade des États-Unis en Bolivie ?

    Des plans nord-américains pour déstabiliser les gouvernements, existent dans pour de nombreux endroits. Ils sont préparés et Washington attend uniquement le bon moment pour les activer. L’article de Golinger fait référence à un haut responsable militaire du Pentagone, qui a affirmé qu’Obama permet beaucoup d’actions, d’opérations et de stratégies qui n’ont pas été autorisées durant les mandats George W. Bush.

    Plus d’argent pour déstabiliser

    Il y aura de l’argent en trop pour conspirer et financer des organismes comme “La Torre” dans notre pays[La Bolivie] qui il y a presque deux ans ont tenté de renverser Morales avec un soulèvement de caciques qui s’est appelé le “coup civico-préfectoral”, coordonné par l’ambassadeur [US] de l’époque Philip Goldberg, opportunément expulsé depuis.

    Obama, vient de solliciter une augmentation de 5,7% du budget pour les Opérations Spéciales en 2011. Il a demandé 6.3 milliards de dollars, et 3.5 milliards de dollars de plus pour d’éventuelles opérations clandestines. Pour 2011, le budget total de la défense s’élève à 872 milliards de dollars, avec seulement 75 milliards de dollars pour la communauté du renseignement. De l’argent, il y a en trop.

    Quand au début 2009, le Président Obama a signé la “Doctrine de Guerre Irrégulière” [4], en lui accordant la priorité sur la guerre conventionnelle. Dans cette stratégie guerrière le champ de bataille n’a pas de limites, puisque les tactiques et les stratégies sont pas traditionnelles. La subversion, l’usage de forces spéciales pour des opérations clandestines, sont les principales techniques pour déstabiliser l’adversaire "de l’intérieur" [5].

    Pour réaliser ces travaux, des agences comme USAID, le National Endowment for Democracy (NED) et Freedom House serviront à canaliser les fonds vers les acteurs choisis par Washington. La "société civile" et les mouvements sociaux sont infiltrés dans les pays où l’on suppose que les intérêts impériaux peuvent être affectés [6].

    Golinger, indique dans son article, qu’une source des forces spéciales nord-américaines a indiqué : “Nous n’avons plus à travailler depuis les ambassades, nous n’avons plus à nous coordonner avec le Département d’État. Nous pouvons opérer d’où nous voulons”.

    Cette année, le Venezuela a été sur le point d’être classée comme “État terroriste”, mais Washington l’a sorti de la liste pour ne pas nuire à la vente de pétrole [vénézuélien] aux États-Unis. Il n’est pas donc étrange qu’en Bolivie surgissent des accusations en provenance de l’opposition sur une présumée augmentation du trafic de stupéfiants. Le gouvernement doit prendre en considération ces porte-parole de l’impérialisme qui cherchent à provoquer un changement de régime.

    "Guerra avisada, no mata moros", dit le proverbe, mais il est nécessaire d’être préparé face aux actions qui se développent à partir des ONG d’USAID. L’an prochain, ils seront une fois de plus habilités à corrompre ceux qui sont toujours disposés à se vendre.


    Source : America Latine en movimiento "La guerra secreta contra Bolivia"
    Traduction : Primitivi

    Notes

    [1] Voir entre autres "U.S. ’secret war’ expands globally as Special Operations forces take larger role"

    [2] Voir l’article en anglais "Obama secretly deploys US special forces to 75 countries across world"

    [3] Voir la traduction "Obama est en train d’intensifier sa guerre secrète et ses ’opérations spéciales’ selon le Washington Post" de l’artivle d’Eva Golinger

    [4] On voit bien ici qu’Obama ne fait que reprendre les principes de la "guerre contre-insurrectionnelle" développée durant la Bataille d’Alger et qui a fait depuis énormément de chemin, passant par toutes les dictatures d’Amérique Latine, grâce à l’École des Amériques (voir le très bon documentaire "Escadrons de la mort, l’école francaise"), repassant ensuite en Afrique se développant silencieusement au sein des pays riches en ressources naturelles. Puis ré-émergeant au grand jour après le 11 septembre incarnée principalement par Guantanamo et Habou Grahib, devenus mondialement connus, mais aussi par toutes les prisons clandestines que la CIA a semée dans le monde, en Europe comme ailleurs. N’excluons pas l’Afghanistan dont on sait peu, mais où l’on ne voit pas pourquoi la même tactique ne serait pas appliquée.

    [5] Obama a donc abouti à la phase ultime de la "guerre subversive" chère au colonel Roger Trinquier. La guerre qu’Obama est en train de mettre en place est une guerre subversive totale et mondiale. Par là même il se positionne encore plus loin que Bush qui disait "vous êtes avec ou contre nous", ici avec sa stratégie Obama positionne clairement toute la population mondiale comme étant un ennemi possible.

    [6] La société civile, et ces mouvements, sont également infiltrés et manipulés lorsque les États-Unis peuvent inclure un futur pays "libre" dans leur giron, l’exemple actuel étant celui des différentes "révolutions colorées" qui se sont déroulées et se déroulent encore dans l’ex-Bloc Est, aidées en cela par USAID, le NED et Freedom House ainsi que par la diffusion d’un petit livre édité par l’Institut Enstein "From dictatorship to democracy" qui est le parfait manuel pour mettre en place une révolution pacifique, avec l’aide de l’argent des États-Unis. Un très intéressant documentaire "Comment la CIA prépare les révolutions colorées" relate comment cela se déroule.


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  • Révéler les méfaits des autorités peut s’avérer dangereux : les « lanceurs d’alerte » en ligne de mire

    Les « Whistleblowers » ("lanceurs d’alerte" ou ceux qui dénoncent les abus en tous genres ou organisent des fuites à la presse) sont-ils désormais une espèce menacée ? L’administration Obama leur livre une guerre qu’aucune autre administration n’a osé livrer.
     
    Où il apparaît que les lanceurs d’alerte sont poursuivis avec plus de célérité que les criminels qu’ils dénoncent. Où il apparaît que les gouvernements, celui des Etats-Unis en tête, comptent de plus en plus sur le secret de leurs activités et supportent de moins en moins la transparence. Où il apparaît que le Pentagon a lancé une chasse à l’homme contre le fondateur de Wikileaks, le site qui a publié, entre autres, la vidéo de l’hélicoptère américain à Baghdad. Jusqu’où nous entraîneront-ils vers le côté obscur de la gouvernance ? - Le Grand Soir

    Le 16 avril, le journaliste John Cole écrivait : « Le message est clair – si vous torturez des gens et détruisez les preuves, vous vous en tirez sans même une remontrance. Mais si vous dénoncez une activité criminelle du gouvernement, vous êtes poursuivis. »

    En fait, c’est encore pire que ça. Sous l’administration Bush, la torture était une politique officielle. Elle l’est toujours sous Obama qui a absout les tortionnaires de la CIA, malgré les preuves incontestables de leur culpabilité. Mais en révélant cette information vous risquez d’être poursuivis pour diffusion de secrets d’état et mise en danger de la sécurité nationale.

    Le 7 juin, Elisabeth Bumiller écrivait dans le New York Times, en titre, « Un ex-hacker (pirate informatique – NdT) dénonce celui qui a livré des données de l’Armée à la presse », en expliquant que l’analyste des services de renseignement de l’armée, Bradley Manning, a raconté à Adrian Lamo qu’il avait transmis les informations suivantes à Wikileaks (site spécialisé dans la publication de documents « dérangeants » - NdT) :

    - 260.000 télégrammes diplomatiques US classifiés et la vidéo d’une frappe aérienne (US) en Afghanistan qui a tué 97 civils l’année dernière, » et

    - une « vidéo explosive (39 minutes) sur l’attaque par un hélicoptère américain à Bagdad qui a tué 12 personnes, dont deux employés de l’agence de presse Reuters ». Manning l’a qualifié de « meurtre collatéral », un crime qu’il s’est senti obligé de révéler.

    Lamo a déclaré aux autorités militaires, « j’ai dénoncé Brad Manning parce qu’il a révélé des documents. Je n’aurais jamais (et je n’ai jamais) dénoncé un Criminel Ordinaire Décent. Ce n’est pas la même chose. » Il n’a pas expliqué en quoi un criminel pouvait être décent.

    Le 7 juin, le commandement militaire en Irak a arrêté Manning, en déclarant dans la langue de bois du Pentagone : « Le Département de la Défense prend la gestion des documents classifiés très au sérieux parce que cela touche à notre sécurité nationale, à la vie de nos soldats, et à nos opérations à l’étranger. »

    A ce jour, Manning n’a pas encore été inculpé et se trouve en détention au Koweit en attendant qu’il soit décidé de son sort.

    Le 6 juin, sur le site wired.com, Kevin Poulson et Kim Zetter ont publié un article intitulé « Un analyste du renseignement militaire US arrêté dans le cadre de l’enquête sur la fuite d’une vidéo à Wikileaks », en expliquant : « la division d’enquête criminelle de l’armée a arrêté Manning après que Lamo l’ait dénoncé. Le Département d’Etat a déclaré ne pas être au courant de l’arrestation. Le FBI n’a pas fait de commentaire. Plus tard, le Département de la Défense a confirmé son arrestation pour avoir livré des informations classifiées. Selon un porte-parole de l’armée, Gary Tallman : « Si vous avez une habilitation en matière de sécurité et que vous fournissez volontairement ou involontairement des informations classifiées à quelqu’un qui n’a pas d’habilitation ou qui n’a pas besoin de connaître ces informations, vous violez les règles de sécurité et éventuellement la loi. »

    Manning a déclaré : « Partout où il y a un site états-unien, il y a un scandale diplomatique qui éclate. C’est de la diplomatie à l’air libre. Une anarchie mondiale sous format CSV (format de stockage de données des programmes d’analyste/présentation tels que Excel – NdT) . C’est un Climategate à l’échelle de la planète, et époustouflant par son ampleur. C’est à la fois magnifique et terrifiant. (Les documents décrivent) des activités politiques clandestines quasi-criminelles. (Ils appartiennent) au domaine public et ne sont pas stockés quelque part sur un serveur casé dans un coin obscur à Washington, DC. (Notre gouvernement est impliqué dans) des choses incroyables, des choses horribles. »

    Manning a révélé le meurtre de sang froid de civils innocents et de journalistes, tandis que les auteurs riaient sur la vidéo comme s’il s’agissait d’un jeu – le public ignore que les règles d’engagement au combat du Pentagone appliqués en Irak et en Afghanistan visent aussi bien les civils que ceux soupçonnés d’être des combattants.

    Le 11 juin, Scott Shane, dans le New York Times, titrait : « Obama Choisit la répression contre ceux qui livrent des informations à la presse. » et écrivait : « Au cours de ses 17 mois de mandat, le Président Obama a déjà dépassé tous ses prédécesseurs en matière de poursuites engagées contre les auteurs de fuites à la presse, » et citait des poursuites lancées contre Thomas A. Drake (voir ci-dessous), et contre James Risen, du Times, qui a reçu un assignation (délivrée par Bush et Obama) pour l’obliger à révéler les sources de son livre « State of War : The Secret History of the CIA and the Bush Administration » (Etat de Guerre : l’histoire secrète de la CIA et de l’administration Bush – NdT)

    Lucy Dalglish, directeur exécutif de Reporters Committee for Freedom, explique : « le message envoyé est clair, si vous êtes l’auteur de fuites à la presse, nous vous attraperons. Selon moi, il n’y a absolument aucune différence (entre Bush et Obama) et (il) semble y accorder plus d’attention. Tout ça n’annonce rien de bon. »

    Le procureur général Eric Holder a signé l’assignation et son porte-parole au Ministère de la Justice, Mattew Miller, a dit : « D’une manière générale, nous avons toujours dit que nous prenions très au sérieux la fuite d’informations classifiées »

    L’avocat de Risen, Joel Kurtzberg, a expliqué que l’assignation était en rapport avec un article sur les mesures clandestines entreprises par la CIA pour subvertir le supposé programme iranien de développement d’armes nucléaires. « Nous allons nous battre pour la repousser, » a-t-il dit. « Jim est un journaliste chevronné et adhère aux plus hauts principes de la profession. Et il a l’intention de tenir parole quant à la confidentialité de sa ou ses sources. »

    La maison d’édition de Risen, Simon et Schuster, s’occupe de l’affaire mais selon une déclaration de Time : « Cependant, notre opinion est que la confidentialité des sources est vitale pour livrer l’information au public, et une assignation émise plus de quatre ans après la publication du livre ne parait pas faire le poids devant la nécessité de protéger un auteur. »

    Une session de « grand jury » convoquée une première fois en 2006 par le ministre de la justice de Bush, Michael Mukasey, n’avait pas pris de décision dans les délais. Holder va convoquer une nouvelle commission. Risen risque un procès et une peine de prison pour refus de révéler ses sources, chose qu’aucun journaliste de devrait faire.

    Wikileaks : qu’est-ce que c’est ?

    Wikileaks se qualifie de « service de renseignement du peuple » et se décrit comme « un service public pluri juridictionnel ayant pour objectif de protéger les « lanceurs d’alerte », les journalistes et les militants qui auraient des informations sensibles à communiquer au public », un public qui a le droit de savoir.

    Ce n’est que lorsqu’ils connaissent « les véritables plans et comportements de leurs gouvernements » qu’ils peuvent décider s’ils leur accordent ou non leur confiance, ou comme l’a déclaré Jack Kennedy le 27 avril 1961 : « Le terme même de secret est répugnant dans une société libre et ouverte ; et en tant que peuple nous sommes intrinsèquement et historiquement opposés aux sociétés secrètes, aux serments secrets et aux actions secrètes. Il y a longtemps, nous avons décidé que les dangers d’une dissimulation excessive et injustifiée de faits importants sont nettement plus grands que les dangers avancés pour les justifier. »

    Wikileaks croit que « les fuites fondées sur des principes ont favorablement influencé le cours de l’histoire ; elles peuvent changer le cours de l’histoire présente, elles peuvent nous mener vers un avenir meilleur. » Elles peuvent révéler les abus de pouvoir en « comptant sur le pouvoir de l’information ouverte qui permet aux citoyens de traîner en justice des gouvernements et des entreprises répressifs et corrompus, » et aider à transformer des démocraties formelles en véritables démocraties.

    Le Secret et la répression des lanceurs d’alerte et des journalistes sous Obama

    Sous Obama, plus que jamais, nous vivons dans une société secrète, où les lanceurs d’alerte et les journalistes sont visés pour avoir fait leur travail – Helen Thomas (doyenne des journalistes accrédités à la Maison Blanche qui a récemment pris sa retraite après avoir fait des commentaires sur le lobby sioniste aux Etats-Unis – NdT), injustement pilonnée par le lobby pro israélien, a déclaré au mois de juillet dernier, au cours d’une conférence de presse de Robert Gibbs à la Maison Blanche, que l’administration « contrôlait la presse, », puis a ajouté « C’est choquant, vraiment choquant... Pour qui nous prennent-ils, des marionnettes ? Ils sont censés ne pas se mêler de nos affaires. Ce sont des fonctionnaires. C’est nous qui les payons. »

    Dans une interview à CNCNews.com du 1er juillet 2009, elle a dit que même Nixon n’avait jamais exercé un tel contrôle sur la presse. Elle a dit : « Nixon n’a pas essayé. Ils ne pouvaient pas contrôler (les médias). Ils n’essayaient pas... Je ne dis pas qu’il n’y a jamais eu d’informations contrôlées, mais cela atteint des niveaux jamais vus. Ils ne s’en cachent même plus. Ils s’en fichent que vous en soyez conscients ou pas. Ils devraient avoir honte. »

    Au mois de février 2009, une loi Free Flow of Information Act (loi sur la liberté de circulation de l’information) a été présentée devant la chambre des Représentants et le Sénat. Au mois de mars, la chambre des Représentants l’a voté à une écrasante majorité. Depuis, elle est bloquée dans une commission du Sénat.

    A l’époque, l’administration Obama a réduit la portée du texte malgré un fort soutien du congrès – sous prétexte que la sécurité nationale primait sur le droit du public de savoir, que les procureurs devaient pouvoir obliger les journalistes et les lanceurs d’alerte à révéler leurs sources. La loi n’a jamais été définitivement adoptée mais l’administration actuelle l’invoque pour tenter d’empêcher la divulgation d’informations qu’elle veut censurer, et avec plus d’agressivité qu’aucune autre administration précédente. Encore une mesure de l’homme qui avait promis le changement.

    Thomas Drake fait partie des cibles de l’administration Obama, ancien « cadre supérieur » de l’ancienne Agence de Sécurité Nationale, inculpé le 15 avril 2010, sous plusieurs accusations de « détention volontaire d’information classifiée, obstruction de justice et fausses déclarations, » selon le Procureur Lanny A. Breuer, de la Division Criminelle.

    Selon l’inculpation en dix points, il aurait fourni à un journaliste du Baltimore Sun, Sibohan Gorman, des documents classifiés de la NSA relatifs à l’agence. En fait, elle a écrit sur le gâchis et les erreurs de gestions du projet « Trailblazer » (un programme déstiné à analyser les données sur les réseaux informatiques), et sur des activités d’espionnage illégales.

    Le 18 mai 2006, elle a écrit un article intitulé « la NSA abandonne un système légal de récupération de données sur les communications téléphoniques » où elle a écrit : « Une fois le feu vert donné par le Président Bush à la NSA pour recueillir secrètement et analyser les données téléphonique locales – une autorisation qui ne faisait aucune mention de la protection des identités – les agents officiels ont considéré que le cryptage des données était inutile et l’a abandonné ».

    Cela dit, son article parlait surtout de Trailblazer, un projet de 1,2 milliards de dollars qu’un participant a qualifié de « plus gros gâchis actuellement en cours dans le monde du renseignement, » chose que le public avait le droit de savoir.

    Les fuites de Drake ont révélé des activités d’espionnage illégales de la part de la NSA, une énorme quantité de gâchis et de fraudes, ainsi que la formation d’un état de sécurité/surveillance nationale public/privé, ce qui avait pour résultat d’inciter les profiteurs à entretenir la peur pour le plus grand bien de leur chiffre d’affaires.

    En tant que candidat, Obama avait promis la transparence, la responsabilité et la réforme des politiques extrémistes de Bush. En tant que président, il a usurpé de pouvoirs de surveillance non contrôlés, dont les écoutes téléphoniques sans mandat, l’accès aux données personnelles, le suivi des transactions financières, le suivi des courriers électroniques, l’usage de l’Internet et des téléphones portables pour recueillir des données secrètes pour d’éventuelles inculpations. Il réclame aussi l’immunité du Ministère de la Justice pour les procès intentés pour espionnage illégal, une exigence qu’aucun membre du Congrès ou de l’administration n’avait formulée, pas même Bush et ses alliés Républicains.

    Le résultat est que son état de sécurité nationale s’en prend désormais aux militants, aux dissidents politiques, aux manifestants anti-guerre, aux musulmans, aux immigrés latinos, aux avocats qui les défendent, aux lanceurs d’alerte, aux journalistes qui révèlent les crimes fédéraux, la corruption, ceux qui refusent de dévoiler leurs sources, et Wikileaks, cité dans un rapport du Pentagone de 2008 comme une menace majeure pour la sécurité des Etats-Unis qu’il serait important de fermer en identifiant ses sources, en les décourageant et en les poursuivant. Nous allons y revenir.

    A une époque ou le gouvernement agit de plus en plus en s’entourant de secret, en versant dans l’illégalité et en trahissant la confiance du public, les révélations et le débat ouvert sont indispensables. Sans les lanceurs d’alerte, Wikileaks et les journalistes courageux, c’est la transparence de la société qui est mise en cause.

    WIKILEAKS, 15 mars 2010, a publié : « les services secrets US veulent détruire Wikileaks »

    Le fondateur du groupe, Julian Assange, a décrit un rapport de 32 pages de février 2008 des services de contre-espionnage « pour marginaliser définitivement l’organisation. » Deux ans plus tard, l’objectif n’as pas (encore) été atteint.

    Le rapport qualifie Wikileaks de « menace potentielle à la protection des forces, au contre-espionnage, à la sécurité opérationnelle (OPSEC), à la sécurité de l’information (INFOSEC), une menace pour l’Armée des Etats-Unis, (mettant en danger) le personnel du Ministère de la Défense, les sites et les installations. De telles informations (pourraient aider) les services de renseignement et de sécurité étrangers, des forces militaires étrangères, des insurgés étrangers, et des groupes terroristes étrangers (en leur fournissant) de l’information (qu’ils pourraient utiliser pour attaquer) les forces US, à la fois à l’intérieur des Etats-Unis qu’à l’extérieur » - une langue de bois typique du Pentagone pour exagérer les menaces et décourager les lanceurs d’alerte qui révèlent les crimes et des méfaits du gouvernement, choses que le public a le droit de connaître.

    En réponse, Wikileaks a dit que la protection des sources était une haute priorité. Il agit « pour dénoncer les pratiques douteuses, les comportements illégaux et les méfaits des agences gouvernementales, des entreprises ainsi que des régimes répressifs » à l’étranger, dont certains agissent ainsi avec la complicité de Washington.

    Ces objectifs – dénonciation des méfaits, exigence de responsabilité, soutien aux principes démocratiques d’une société libre et ouverte – sont autant de choses pour lesquelles les gouvernements sont censés oeuvrer. Mais lorsque ce n’est pas le cas, ce sont des organisations comme WikiLeaks qui représentent le plus haut degré de patriotisme et méritent nos louanges au lieu d’être espionnées, attaquées et détruites.

    Parmi ses nombreuses accusations du Département de la Défense contre Wikileaks :

    - Wikileaks a peut-être des taupes au sein du Département de la Défense qui fourniraient des données sensibles ou classifiées

    - utilise son site pour fabriquer et manipuler l’information

    - possède 2000 pages de documents de l’armée sur les forces US et les forces de la Coalition en Irak et Afghanistan

    - possède des informations sur le type et la quantité d’équipements affectés à la Commande Centrale US

    - Julian Assange a rédigé et co-signé des articles, basés sur des fuites, « pour faciliter les initiatives au Congrès US qui visent à retirer les troupes US en coupant les financements de(s) la guerre(s) »

    - des fuites qui « pourraient aider les forces ennemies à planifier des attaques terroristes, (choisir) le type et l’emplacement le plus efficace pour placer des bombes » et employer d’autres méthodes pour attaquer les troupes et convois US, ainsi que les bases militaires.

    - les données publiées sont des données mal interprétées, manipulées qui constituent de la désinformation et de la propagande.

    - le 9 novembre 2007, un rapport a indiqué que les forces US « avaient très probablement violé la Convention sur les Armes Chimiques, » et possède 2.386 armes chimiques de première catégorie en Irak et Afghanistan.

    - le même rapport accuse le Département de la Défense d’avoir illégalement employé du phosphore blanc lors de l’attaque en 2004 de la ville (irakienne) de Falloujah

    - l’administration Bush a été accusée de tortures et d’avoir refusé à la Croix Rouge internationale l’accès aux détenus de Guantanamo.

    - des détails ont été fournis sur le recours par l’armée aux tactiques de guerre asymétrique, techniques et procédures lors de l’assaut d’avril 2004 contre Falloujah et

    - de nombreuses autres accusations et préoccupations mentionnées dont la crainte que « des organisations étrangères... des services militaires étrangers, des insurgés étrangers ou des groupes terroristes financent ou soutiennent matériellement WikiLeaks.org »

    Le Département de la Défense conclut que réussir à identifier, poursuivre, et mettre fin aux activités des lanceurs d’alerte « porterait un coup et pourrait détruire » les opérations de Wikileaks et décourager d’autres à fournir des informations. Il a aussi insisté sur « la nécessité d’un gros programme auprès du contre-espionnage, de l’antiterrorisme, de la protection des forces, de la collecte d’informations, d’INFOSEC, et d’OPSEC pour former le personnel militaire » sur comment éviter les fuites et dénoncer les « activités suspectes ».

    Julian Assange se sent investi d’une mission : la transparence totale. Wikileaks est une ressource vitale pour fournir des informations importantes sur comment les gouvernements et les entreprises trahissent les intérêts du public. Eu égard à la tradition américaine de crimes de guerre, de corruption et autres abus de pouvoir, il n’est pas étonnant que le Département de la Défense s’en préoccupe, heureusement sans succès jusqu’à présent.

    Selon WikiLeaks : ses activités sont « le meilleur moyen à notre disposition pour générer une véritable démocratie et une bonne gouvernance auxquelles aspire toute l’humanité » et pourraient réussir, avec d’autres et avec force et détermination, à faire passer l’idée que le changement vient toujours du bas vers le haut, jamais du haut vers le bas. Une leçon qu’il faut assimiler pour agir en conséquence.

    Une dernière remarque

    Le 10 juin, Philip Shenon, de Daily Beast, écrivait en titre « La chasse à l’homme du Pentagone ». Il écrivait : « Préoccupés par le fait que Wikileaks serait sur le point de publier un lot de télégrammes secrets du Département d’Etat, les enquêteurs recherchent désespéramment son fondateur, Julian Assange. »

    Au début du mois de juin, Julian Assange devait prendre la parole à un forum organisé à New York (New York’s Personal Democracy Forum), mais on lui a conseillé de ne pas s’y rendre pour raisons de sécurité. A la place, il est intervenu via Internet (Skype) depuis l’Australie.

    Interviewé par Ellsberg (*) au sujet d’Assange, le célèbre lanceur d’alerte Daniel croit que ce dernier pourrait être en danger : « j’ai moi-même été la cible d’un escadron de la Maison Blanche. Le 3 mai 1972, une dizaine d’agents de la CIA, des anciens de la Baie des Cochons, des émigrés cubains, ont été acheminés de Miami avec l’ordre de « m’infliger une incapacité totale ». Ellsberg a demandé si cela voulait dire le tuer. La réponse fut « Cela signifie vous infliger une incapacité totale. Il faut comprendre que ce types n’emploient jamais le mot « tuer » ». Assange est-il en danger ? « Absolument. Pour les mêmes raisons que je l’ai été... Obama prétend à présent avoir un droit de vie et de mort, d’être le juge, le jury et le bourreau des citoyens américains, sans procès » qu’ils soient résidents ou à l’étranger, sans parler des non-américains, n’importe où dans le monde. L’état de droit peut aller se faire voir. « Aucun président n’a jamais eu de telles prétentions et peut-être personne depuis Jean 1er. »

    Le conseil d’Ellsberg à Assange : « Restez hors des Etats-Unis. Pour le reste, continuez de faire ce que vous faites. Ce que vous faites est important. Assange oeuvre pour la démocratie et l’état de droit précisément en défiant les régulations sur le secret de l’information, des régulations qui ne sont pas des lois, dans la plupart des cas. Il fait du très bon boulot pour notre démocratie, » chose qu’Obama, comme ses prédécesseurs, tente de corrompre tous les jours.

    Stephen Lendman
    http://www.sjlendman.blogspot.com/

    Traduction VD pour le Grand Soir ici

    (*) Note du Grand Soir : Daniel Ellsberg est à l’origine de la fuite en 1971 des célèbres "Pentagon Papers" qui dénonçaient les mensonges du Pentagon pendant la guerre du Vietnam. Dans un article (en anglais) publié par http://www.consortiumnews.com/2010/061510.html, Robert Parry souligne la différence de traitement par la "grande" presse de l’époque - qui s’est montrée solidaire d’Ellsberg en publiant à tour de rôle les "papiers" - et la presse d’aujourd’hui qui dénigre Manning pour avoir diffusé la vidéo de l’hélicoptère américain à Bagdad.


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  • Israël, le terrorisme intellectuel rejoint le terrorisme tout court
     
    L’affaire Helen Thomas, doyenne des correspondants de presse à la Maison Blanche, où elle avait commencé à travailler au début du mandat de John F. Kennedy et qui a démissionné la semaine dernière, est un exemple patent du terrorisme intellectuel qu’exerce Israël ; un Etat qui se veut au-dessus des lois.

    C‘est malheureusement un exemple aussi de la faiblesse de l’Occident et surtout l’Amérique, la superpuissance mondiale, face au sionisme et ses chantages. L’histoire on la rappelle, Helen Thomas a osé tenir des propos anti-israéliens prenant la défense des Palestiniens.

     

     

    A deux mois de son 90e anniversaire, Mme Thomas a annoncé sa décision de prendre immédiatement sa retraite du groupe de journaux Hearst, ce qu’a fait savoir son employeur. Dans un entretien qu’elle avait accordé le 27 mai au site RabbiLive.com, qui lui avait demandé si elle avait « des commentaires à faire sur Israël », elle avait répondu : « Dites-leur de foutre le camp de la Palestine ». « Souvenez-vous que ces gens-là sont occupés et qu’il s’agit de leur terre, que ce n’est pas l’Allemagne ni la Pologne », avait-elle ajouté à propos des Palestiniens.

    Les Israéliens « peuvent rentrer chez eux, en Allemagne, en Pologne, en Amérique et n’importe où ailleurs », avait lancé Mme Thomas, qui a travaillé pour l’agence United Press International (UPI) de 1943 à 2000, avant d’être embauchée par Hearst comme éditorialiste. Mais elle n’a jamais quitté sa place de correspondante à la Maison Blanche, où elle est entrée dans le sillage du président Kennedy, élu en 1960. En 50 ans, elle aura couvert 10 présidents, dont Barack Obama, né 41 ans jour pour jour après elle et qui lui avait présenté en personne en août dernier un gâteau d’anniversaire à l’occasion de ses 89 ans. Elle était la seule à posséder un siège à son nom, situé au premier rang, juste devant le podium du porte-parole de la Maison Blanche.

    Tous ces détails pour démontrer l’importance de son rang. Mais en disant la vérité au sujet d’Israël, elle a été expulsée et humiliée. Ceci presqu’au moment où Israël avait mené son massacre contre la flottille de paix, révélant sa haine, sa violence et son rejet de toute solution équitable au Proche-Orient.

     

    Al-Ahram/hebdo


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  • Donnons des coups de pied aux fesses.

    Il y a quelques jours, le président Barack Obama a demandé à ses collaborateurs de lui indiquer quelle était la paire de fesses qu’il lui fallait botter pour châtier le coupable du pire désastre écologique de l’Histoire que vient de provoquer BP dans la mer des Caraïbes. En m’appuyant sur une si salutaire exaspération, je me permets de lui dresser une liste, préliminaire, de paires de fesses qu’il va pouvoir botter.

    Tout d’abord, vous devriez, Monsieur le Président, demander à votre Première Dame de vous administer un grandiose coup de pied dans votre présidentielle paire de fesses parce que vous n’êtes pas, Monsieur le Président, comme on dit dans les Caraïbes, le « negrito du batey », le negrillon de l’usine à sucre, c’est-à-dire le gamin qu’on envoie faire les commissions, mais bien le premier magistrat de la plus formidable superpuissance qui ait jamais existé à la surface de cette Terre.

    Et si ces bandits de la BP polluent les côtes de votre pays, c’est parce que vous-même, tout comme vos prédécesseurs, vous avez été mous, faibles et timorés envers les oligopoles pétroliers qui, depuis des décennies, provoquent un véritable écocide en Alaska et dans le golfe du Mexique où il était certain que, tôt ou tard, des accidents comme celui qui vous alarme aujourd’hui se produiraient. Mollesse et complicité également manifestes envers les maffieux du casino financier mondial, avec siège à Wall Street, qui provoquent d’abord une crise et qui ensuite exigent leur sauvetage financier, sauvetage auquel vous procédez avec des fonds publics et en faisant main basse sur l’épargne et les revenus des contribuables étatsuniens.

    Un coup de botte, donc, dans vos fesses puisque vous ignorez que ces grandes sociétés sont presque invariablement dirigées par des délinquants en col blanc protégés par la Maison Blanche, les élus des deux Chambres, les grands médias et les lobbies qui financent les campagnes politiciennes des Représentants et des Sénateurs en leur demandant en échange de garantir l’impunité de ces mêmes oligopoles lorsqu’ils agressent l’environnement. Mais, en outre, votre épouse Michelle devrait vous asséner un autre coup de pied dans ves fesses pour punir votre puérilité lorque vous pensez qu’on bâtit son autorité politique en faisant appel aux twitters, facebooks et autres gadgets informatiques. Tout ça peut occasionnellement créer un éphémère climat d’opinion, mais rien de plus.

    Pour combattre les requins de Wall Street et le complexe militaro-industriel, il faut beaucoup plus que ça. Voyez ce que fit un de vos prédecesseurs, Franklin D. Roosevelt, qui put réaliser de très significatifs changements dans l’économie des Etats-Unis (Loi sur l’assurance maladie, rigoureux contrôle du système bancaire, impôts sur la fortune et la rente, banque centrale, etc.) en s’appuyant sur deux institutions qu’il mobilisa et renforça : les syndicats ouvriers et son propre parti. Aveuglé par les progrès de l’informatique, vous avez pensé qu’aujourd’hui ces outils sont dépassés et vous vous êtes trompé.

    Mais vous n’êtes pas le seul à mériter qu’on lui botte les fesses. D’autres illustres derrières méritent grandement de vigoureux coups de pied. Ceux du Secrétaire à l’Energie des Etats-Unis, ceux des présidents des Commissions de l’Energie de la Chambre des Représentants et du Sénat et, bien entendu, les sales derrières des membres de votre équipe de conseillers économiques et très spécialement Lawrence Summers et Robert Rubin, artisans de la totale dérégulation du marché financier et auteurs intellectuels de la crise économique.

    N’oubliez pas non plus d’administrer un autre coup de pied bien asséné aux escrocs de Goldman Sachs qui ont écrit les chiffres macroéconomiques de la Grèce (et allez donc savoir de combien d’autres pays !) et aux bandits de Moody’s qui avec leurs frauduleux calculs « risques pays », ont favorisé leurs amis et plongé de nombreux pays dans une profonde crise économique.

    Et puisque nous en parlons, n’oubliez pas non plus d’asséner un bon coup de pied dans les fesses de vos compères et laquais de Tel-Aviv qui s’imaginent qu’ils ont le droit de tuer en toute impunité des Palestiniens ou, comme à Gaza, de les soumettre à un lent génocide semblable à celui que le peuple juif a dû endurer de la part des nazis dans le ghetto de Varsovie, par exemple. Et, au passage, vous méritez un autre coup de pied dans vos insignes fesses parce que vous oubliez que vous êtes Prix Nobel de la Paix et soutenez ce gouvernement de fanatiques, fondamentalistes, racistes, génocidaires - qui, grâce à la politique impérialiste des gouvernements des Etats-Unis successifs, disposent des seules bombes atomiques qui existent au Moyen Orient - et permettez qu’ils continuent à bafouer les décisions de l’ONU et les règles les plus élémentaires de la légalité internationale.

    Coup de pied aux fesses plus que mérité parce que vous êtes parfaitement au courant de tout cela mais vous vous obstinez cependant à dénoncer l’armement nucléaire que… l’Iran pourrait finir par posséder, mais qu’aujourd’hui il ne possède pas ! Au passage vous pourriez donner un bon coup de pied dans les fesses de votre Secrétaire d’Etat Hillary Clinton qui est très angoissée par la course aux armements que mènerait, selon elle, le Venezuela et cela bien que les dépenses militaires du Venezuela ne totalisent que le quart de celles de la Colombie. Aïe !!

    Atilio A. Boron ici

    Rebelión
    http://www.rebelion.org/noticia.php...

    traduction M. Colinas


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  • La mort d'un adolescent mexicain suscite la colère

    La famille du jeune Sergio Adrian Hernan se recueille devant son 
cercueil.

    Photo: AFP/Jesus Alcazar

    La famille du jeune Sergio Adrian Hernan se recueille devant son cercueil.

    Les autorités mexicaines ont vivement condamné, mercredi, l'utilisation « disproportionnée » de la force par un garde-frontière américain qui s'est soldée par la mort d'un adolescent mexicain de 14 ans à Ciudad Juarez, dans le nord du Mexique.

    Des dizaines de Mexicains ont de leur côté exprimé leur colère contre les États-Unis lors des funérailles du jeune Sergio Adrian Hernandez.

    Selon le ministère des Affaires étrangères mexicain, l'officier a ouvert le feu depuis le poste texan d'El Paso sur un groupe de jeunes qui lançaient des pierres à partir d'un pont qui relie les deux nations. Le président Felipe Calderon a demandé aux États-Unis d'ouvrir une enquête.

    Le département d'État américain a de son côté affirmé par communiqué que les agents américains avaient réagi à un « groupe de présumés immigrants illégaux venant du Mexique ».

    Les agents auraient été assaillis avec des pierres par des personnes au nombre déterminé. Pendant l'assaut, un agent a utilisé son arme, tuant l'un des suspects. Nous regrettons qu'il y ait eu perte de vie.

    — Le département d'État américain

    Des agents mexicains ont cité des témoins qui ont affirmé avoir vu les gardes-frontières américains poursuivre les jeunes à vélo en direction du Mexique. Des témoins ont par ailleurs affirmé que deux agents avaient ouvert le feu. Selon le bureau du procureur général de Ciudad Juarez, le groupe de jeunes jouait lorsqu'il est entré en territoire américain par inadvertance, avant de repartir à la course vers le Mexique après avoir été surpris par les agents américains.

    Le maire de Ciudad Juarez, José Reyez, a quant à lui réclamé la divulgation des vidéos de surveillance placés en permanence le long de la frontière.

    Le père du jeune abattu, Jesus Hernandez, a appelé le gouvernement mexicain « à ne pas baisser son pantalon devant les autorités américaines » et a dit souhaiter que « justice soit faite ». Il assure que son fils était seulement venu manger avec un de ses frères et n'avait nullement l'intention d'entrer illégalement aux États-Unis.

    Les autorités américaines ont ouvert une enquête, et le garde-frontière a été suspendu.

    Le décès de cet adolescent est survenu une semaine après celui d'un autre Mexicain, battu à mort par des agents de la patrouille frontalière de San Diego, dans le sud-ouest des États-Unis, à quelques mètres de la ville mexicaine de Tijuana.

    Le ministère mexicain des Affaires étrangères a déploré l'augmentation du nombre de Mexicains tués ou blessés dans des incidents impliquant l'utilisation de la force par les autorités américaines. Il y a eu 5 cas en 2008, 12 en 2009 et 17 en moins de six mois cette année.

    Radio-Canada.ca avec Agence France Presse ici


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  • Le deux poids deux mesures du Conseil de Sécurité de l’ONU dans le cas d’Israël et de l’Iran

    Le Conseil de Sécurité de l’ONU s’apprête à donner au monde un exemple typique de ce que veut dire  "deux poids deux mesures" ou de ce qu’est, selon certains, manque total de morale, lorsqu’il votera un paquet de sanctions contre l’Iran en raison du programme nucléaire que celui-ci développe à des fins pacifiques. Le Conseil de Sécurité vient, cependant, de blanchir pratiquement Israël au sujet de l’assaut meurtrier de la Flottille de la Liberté. Cette action a coûté la vie à un groupe de pacifistes qui acheminaient de l’aide humanitaire pour la population palestinienne de Gaza.

    L’Ambassadrice des Etats-Unis auprès de l’ONU, Susan Rice, qui a d’ailleurs gardé un silence prudent lors de l’attaque israélienne, a souligné sur un ton menaçant que le document que le gouvernement de son pays impose aux autres membres du Conseil est « percutant, large et aura un impact significatif en Iran.

    Les mesures impliquent l’application d’une surveillance étroite sur les opérations des banques de ce pays asiatique y compris de sa banque centrale, ce qui est une ingérence dans des affaires d’État. Les sanctions prévoient aussi un régime de révision des bateaux iraniens et l’extension du blocus sur les ventes d’armes.

    De telles sanctions sont basées sur la simple présomption par les Etats-Unis, de la Grande Bretagne et de la France, membres permanents du Conseil de Sécurité, présomption selon lesquelles les recherches iraniennes dans le domaine du nucléaire auraient des fins militaires.

    On se souvient immédiatement du tissu de mensonges que l’on a présenté à la communauté internationale pour justifier l’invasion de l’Irak où il y avait soi-disant de terribles arsenaux chimiques et biologiques qui mettaient en danger l’humanité.

    Ce que Mme Rice passe sous silence c’est que le gouvernement iranien avait accepté un accord tripartite avec la Turquie et le Brésil en vertu duquel on enverrait en dépôt à Ankara 1 200 kg d’uranium enrichi à moins de 5%.

    En échange, l’Iran recevrait 120 kilogrammes de combustible nucléaire nécessaire à son réacteur spécialisé dans la production d’isotopes pour le traitement du cancer.

    Les Etats-Unis et leurs alliés ont simplement ignoré cet engagement et ils s’apprêtent à provoquer une crise suffisamment grave leur permettant d’attaquer l’Iran ou de laisser cette sale besogne à Israël, leur gendarme dans la région et qui possède soit dit en passant des armes nucléaires.

    Cependant, jusqu’à présent le Conseil de Sécurité de l’ONU n’a jamais proposé une inspection des arsenaux israéliens qui incluent entre 75 et 300 ogives nucléaires ou de ses sous-marins, dotés de missiles et qui croisent dans la Méditerranée et qui entendent se situer dans le Golfe Persique pour avoir leur cible à la portée de leurs armes.

    Il n’y a pas été question non plus d’un châtiment pour l’attaque brutale et illégale contre la flottille qui transportait de l’aide pour la Bande de Gaza, qui est soumise à un blocus et où un million et demi de personnes, la moitié d’entre elles des enfants souffrent de la faim entre autres maux parce que le régime sioniste le veut ainsi.

    Israël est un état terroriste, il est coupable de l’holocauste palestinien, il a collaboré activement avec les dictatures au Chili, en Argentine, en Uruguay, au Guatemala, au Salvador et en Colombie, des dictatures qui au nom de l’anticommunisme ont détruit ce qu’il y avait de mieux dans la société. Nous attendons encore une "position commune européenne" ou un système de sanctions de l’ONU pour ses violations flagrantes et prouvées, du droit humanitaire le plus élémentaire.

    Bien au contraire, ce que la Maison Blanche propose est d’augmenter les peines à la population iranienne, un fait inutile qui ne vient que démontrer que ce que les puissances occidentales craignent c’est que dans le Golfe Persique et dans bien d’autres zones riches en pétrole, éclate soudain, la paix.

    Radio Havane Cuba


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  • De Monica Lewinsky aux attentats du 11 septembre 2001

    Pascal SACRE ici

    Encore un matin, un matin pour rien, chante Jean-Jacques Goldman.

    Je vous rassure, Monica Lewinsky, pas plus que Paris Hilton, ne se trouvaient dans aucun des avions impliqués dans les attentats du 11 septembre 2001. Monica vit toujours et a obtenu en décembre 2006 un master en psychologie sociale à la London School of Economics.

    Elle aime bien signer des autographes mais souhaiterait être connue pour d’autres faits que ceux qui l’ont rendue célèbre.

    En 1998, âgée de 25 ans, Monica Lewinsky, passe de l’anonymat complet à la célébrité absolue (1). La Maison Blanche soigne ses stagiaires en robe bleue.Surtout son président William Bill Jefferson Clinton.

    Ce-dernier fut accusé de relations sexuelles avec sa jeune stagiaire entre novembre 1995 et mars 1997. Le mensonge sous serment de Bill Clinton à propos de cette relation conduisit à une procédure de mise en accusation (’impeachment’) à son encontre, procédure qui fut repoussée par le Sénat américain.

    Pour la petite histoire, le procureur Kenneth Starr (2), avait obtenu de Monica Lewinsky une robe bleue avec des traces du sperme présidentiel mises en évidences par un colorant.

    Ce procès aura duré de janvier 1998 à février 1999 (388 jours), aura coûté en tout plus de 50 millions de dollars US (3), et capté l’attention de tous les médias écrits et télévisuels, intarissables sur le sujet, chaque virgule, chaque soupir, chaque mimique étant analysée, disséquée…

    Cette affaire aura montré les efforts que le système étatsunien est capable de déployer, l’argent qu’il peut dépenser, au travers de son procureur « indépendant » Kenneth Starr, un homme qui ne reculera devant rien, lorsqu’il recherche et veut la vérité (4).

    Trois ans plus tard, à la fin de l’année 2002, un autre matin pour rien.

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    La Commission nationale sur les attaques terroristes menées contre les États-Unis le 11 septembre 2001, dite Commission du 11 septembre (en anglais National Commission on Terrorist Attacks Upon the United States ou 9/11 Commission) est mise en place, plus d’un an après les faits.

    Elle accouche de son rapport officiel le 22 juillet 2004, un rapport dans lequel, « on donne des réponses qui ne répondent à rien, des explications qui n’expliquent rien, et des conclusions qui ne concluent rien. » (5)

    La grande presse, elle, est très satisfaite.

    Après l’affaire Monica, qui n’était finalement qu’une histoire de relations extraconjugales, sans morts ni blessés, et de parjure modeste, sur un sujet privé, tout le monde aurait pu s’attendre à une enquête pugnace, tous azimuts, impitoyable dans les attentats du 11 septembre 2001. Quelque chose qui casse la baraque, surmonte toutes les résistances avec des médias déchaînés exigeant des résultats convaincants, des conclusions solides, des explications valables sur la troisième tour (le WTC n°7) indemne de tout impact d’avion et pourtant effondrée comme les autres, sur les délits d’initiés ayant précédé les attentats, sur les relations entre les services secrets pakistanais (ISI), affiliés à la CIA, et les terroristes présumés… Une enquête où le gouvernement le plus puissant de la Terre, la « Démocratie » des démocraties, aurait dépensé sans compter pour faire toute la lumière sur cette infâme agression, peu importent le temps nécessaire, les enquêteurs à mettre sur le coup, les ordinateurs à faire tourner, nuit et jour…

    Cette fois, ce sont tous les Etats-Unis qui ont été violés ! Désolé Monica, mais tu ne fais pas le poids !

    Si 50 millions de dollars peuvent être dépensés pour savoir si Bill Clinton a bien fait joujou avec sa stagiaire et légèrement coloré sa jolie robe bleue, cette fois, vu l’importance du drame, le nombre de morts, la terreur répandue sur le sol étatsunien lui-même, cela mérite bien 500 millions de dollars et des centaines de Kenneth Starr, de procureurs survitaminés, gonflés à bloc et accrédités pour fouiller tous les bureaux, mêmes ovales, interroger tous les gouvernements, même « alliés », Israël, Arabie Saoudite, Pakistan…

    Et bien non. C’est incompréhensible. Emballé, pesé dès le lendemain du drame, et sans utiliser de procureur « indépendant », en plus ! Un barbu milliardaire terré au fond d’une grotte, le fléau des Soviétiques. Des pirates de l’air suicidés dont certains sont retrouvés vivants plus tard dans leur pays. Des Talibans, pourtant encore amis des USA en août 2001, qui auraient rendu tout ça possible.

    C’est affreux.

    Tout cela trouvé en quelques jours, quelques semaines, et sans Kenneth Starr. C’est grandiose. Pas d’autres explications, d’autres investigations nécessaires (6).

    Si le procès Lewinsky-Clinton a duré 388 jours, tenant en haleine tous les médias du pays et d’ailleurs, pour l’enquête sur le 11 septembre, c’est attendre 441 jours qu’il aura fallu pour sa mise en place. 441 jours d’insistance et d’obstination de la part des familles des victimes et d’associations (9-11 Family Steering Committee et 9/11 CitizensWatch), car sans leur courage et leur obstination, George W Bush n’en aurait faite aucune.

    Et même pas de Kenneth Starr ou autre procureur « indépendant » nommé à la tête de cette commission, juste Henry Kissinger le premier choix de Doubleyou, remplacé par Philip D. Zelikow, l’avocat républicain dépendant très proche des néoconservateurs et de Condoleezza Rice.

    Budget alloué ? Trois millions de dollars. Non, ne changez pas de lunettes. Moins d’un dixième de celui attribué à une histoire de fellations.

    Quelle société évoluée que celle dans laquelle des attentats à la pudeur importent dix fois plus que des attentats à la vie et à la liberté.

    Finalement, tel un misérable geste de bonne volonté, l’administration Bush releva ce budget à hauteur de 14 millions de dollars (7), pour accoucher d’un rapport qui ne répond à rien, n’explique rien, et ne conclue rien, sans que cela ne dérange aucun des grands médias occidentaux qui se proclament pourtant les chantres de l’information libre et honnête.

    Comme beaucoup de gens, je n’ai que faire de l’affaire Monica Lewinski. Tout au plus concerne-t-elle la « pauvre » Hillary. Quand au chef d’inculpation de parjure, absolument tous les présidents des Etats-Unis, depuis longtemps, pourraient en être accusés, rien qu’au moment où ils jurent de protéger leur constitution, notamment son premier amendement.

    Cette comparaison montre avec certitude que les Etats-Unis d’Amérique, la nation la plus puissante et la plus orgueilleuse de la Terre, son gouvernement, son Sénat, son Congrès, ses médias n’ont jamais voulu, et ne veulent toujours pas, sur le plus terrible traumatisme de toute leur histoire, faire la plus petite enquête, la moindre des investigations, une enquête au moins aussi pugnace que celle qu’ils ont jugé nécessaire de mener pour savoir si Bill avait bien taché la robe de Monica.

    Cette décision, aux conséquences terrifiantes et encore incalculables aujourd’hui, est insupportable et incompréhensible.

    Pascal SACRE

    P.S. : Récemment, toutes les agences de presse signalaient que pour ceux qui en rêvaient, il était possible de passer une journée en compagnie de Bill Clinton (8) :

    « Cinq dollars ne mènent pas très loin aujourd’hui en Amérique. Mais, pour les plus chanceux, c’est tout ce qu’il faudra pour passer une journée à New York en compagnie de Bill Clinton. L’ancien président des États-Unis, reconverti avec succès dans l’action humanitaire, s’offre à la tombola pour éponger les dettes d’Hillary accumulées pendant sa campagne présidentielle de 2008 contre Barack Obama. « Aimeriez-vous avoir la chance de venir passer une journée à New York avec moi ? » écrit l’ancien président américain dans un courriel aux anciens partisans de son épouse, aujourd’hui secrétaire d’État. »

    Je conseillerai juste à la femme qui gagnerait de ne pas mettre de robe bleue.

    Sources :

    (1) L’affaire Lewinsky-Clinton, http://www.radio-canada.ca/nouvelle...

    (2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Kennet...

    (3) Document PDF : http://www.erudit.org/revue/ps/2000... , p.12

    (4) L’affaire Lewinsky-Clinton, op.cit

    (5) Citation de Fred Hampton, placée au tout début du tome 2 de « Franchir le Rubicond », de Michael C. Ruppert, éd Nouvelle Terre, 2007.

    (6) Le rapport de la « commission d’enquête » présidentielle passé au crible, 115 mensonges sur les attentats du 11 septembre par David Ray Griffin http://www.voltairenet.org/article1...

    (7) Commission nationale sur les attaques terroristes contre les États-Unis : http://fr.wikipedia.org/wiki/Commis...

    (8) http://www.lefigaro.fr/internationa...


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  •  Reconnaissons-le, Hillary Clinton est une sacrée dominatrice.

          Au début, la Secrétaire zunienne d'État a dit que la médiation brésilienne et turque, visant à faire accepter à l’Iran un échange de combustible nucléaire, était vouée à l'échec. Ensuite, le Département d'Etat a déclaré que c’était la « dernière chance » d’un accord sans sanction. Et enfin, moins de 24 heures après que Téhéran ait accepté l’accord, Hillary a fouetté le Conseil de sécurité jusqu’à ce qu’il se soumette et proclame triomphalement au monde qu’il est parvenu à un projet de résolution de l’ONU en faveur d’une quatrième série de sanctions contre l'Iran.

          Elle a monté un coup pour aboutir à des sanctions en « réponse aux efforts entrepris à Téhéran dans les tout derniers jours. » Attendez une minute. Immédiatement après une véritable – et fructueuse – médiation, sur un dossier très sensible, menée par deux puissances émergentes – et des négociateurs honnêtes – du monde multipolaire, le Brésil et la Turquie, Washington et ses deux alliés de l'Union européenne au Conseil de sécurité, la France et la Grande-Bretagne, la torpillent. Est-ce que cela passe pour de la « diplomatie » mondiale ?

         Pas étonnant que les alliés clefs de la Zunie, le Brésil et la Turquie, deux membres non-permanents du Conseil de sécurité, et deux puissances régionales clés, rageaient après une telle gifle en public. Le Brésil a d'abord dit qu'il ne voulait même pas discuter des sanctions à l'ONU. Puis le Brésil et la Turquie ont envoyé une lettre officielle à l'ONU, lui demandant de participer aux négociations des « Six sur l’Iran » à propos des sanctions, « pour empêcher l'adoption de mesures allant à l’encontre d’une solution pacifique. »

          Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva – qui avait personnellement dit à Clinton plus tôt cette année qu'il n'était « pas prudent de mettre l'Iran le dos mur » – ne pouvait que blâmer le Conseil de sécurité désuet, soulignant qu'au bout du compte, il n'était pas disposé négocier. Ahmet Davutoglu, le ministre turc des Affaires étrangères, a averti qu’une nouvelle série de sanctions « gâcherait l'atmosphère. »

          Et le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a souligné que la démarche avait gravement compromis la crédibilité du Conseil de sécurité – sans manquer de rappeler à tous, avec une ironie désabusée, l'idée absurde des cinq puissances nucléaires membres permanents du Conseil de sécurité visant à démanteler le programme nucléaire civil et légitime d'un pays en développement.

          Quant à « la crédibilité de la Zunie, » elle mord la poussière une fois de plus, non seulement dans la mesure où Lula et Erdogan sont concernés, mais à travers le monde en développement – la chair et le sang véritables de la « communauté internationale, » à la suite de cette comédie interminable.

    Déchaînement frénétique contre l'enrichissement

          Ces tout derniers mois, Clinton la dominatrice* a sans relâche accusé l'Iran de refuser un accord d’échange de combustible similaire à celui proposé par la Zunie en octobre dernier. Cela fait partie du scénario habituel de Washington** – se comporter d’une manière tortueuse typique, en insistant sur des sanctions « n'ayant rien à voir » avec l'enrichissement, puisqu’il y a seulement quelques semaines, l'absence d’accord d'enrichissement était la principale cause d’autres sanctions.
    [* Ndt : comme Pepe Escobar a déjà écrit « fouetter » plus haut, il n’y a plus aucun doute. Il compare effectivement la Clinton à la Grosse Lulu de Nantes (le Chameau de Nantes pour les connaisseurs), par exemple.]
    [** Ndt : un scénario soigneusement relayé sur France Inter par des « journalistes » comme Bernard Guetta.]

          Et il y a pire. Tel que l’a révélé Gareth Porter (Washington brûle les ponts avec l'Iran, Asia Times Online, 21 mai 2010), Washington a proposé un échange de combustible en octobre dernier uniquement parce qu'il voulait dès le départ forcer l'Iran à accepter de suspendre toute activité d'enrichissement (à laquelle il a droit en tant que membre du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Mais ça n'a jamais été dit publiquement.

          L'Iran continuera de toute façon à produire de l'uranium enrichi à 20% (il en a le droit d’après le TNP) et va entamer la construction d'une nouvelle installation d'enrichissement de la même taille que celle de Natanz. Elle fait partie du plan de construction de 10 nouvelles installations, annoncé l'an dernier par le gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad. Et, par-dessus le marché, la centrale nucléaire de Bushehr construite par les Russes est en cours de test final et sera inaugurée cet été. C’est la réalité incontournable du terrain.

          Le secrétaire du Conseil de sécurité national suprême de l'Iran, Saeed Jalili, de facto principal négociateur sur le nucléaire iranien, pourrait rencontrer bientôt en Turquie la chef de la politique étrangère de l'Union européenne, Catherine Ashton. Ashton, la négociatrice désignée par la « communauté internationale, » est aussi représentative de l'opinion publique mondiale que l’est un communiqué de presse de BP à propos de l’inondation de pétrole dans le Golfe du Mexique. Spécialement parce que l'UE est obligée de délivrer ses propres sanctions unilatérales contre l'Iran. Pareil pour le Congrès de Zunie, comme l’a confirmé cette semaine le sénateur démocrate du Connecticut, Chris Dodd. Mis à part le Conseil de sécurité, l'Iran devra également écoper de sanctions supplémentaires de la part d’une coalition sous direction zunienne, celle des larbins européens de droite bien disposés, embourbés dans le déclin.

    La Chine et la Russie manient du Sun Tzu

          L’ancien général de l’armée chinoise, le stratège, philosophe et auteur de L'Art de la guerre, Sun Tzu disait : « Permettez à vos ennemis de faire des erreurs, et ne le corrigez pas. » La Chine et la Russie, les deux maîtres stratèges, appliquent cette maxime avec brio en ce qui concerne la Zunie.

          Le projet actuel de résolution de sanctions de 10 pages de l'ONU a déjà été extrêmement édulcoré par les membres permanents, Russie et Chine – et quels que soient les reliquats de discours belliqueux, ils seront encore démontés au Conseil de sécurité par les membres non-permanents, Brésil, Turquie et Liban (sans l’unanimité au Conseil de sécurité, les nouvelles sanctions sont mortes à toutes fins pratiques). Si l'Iran s’engage effectivement à coopérer, Washington n’a aucun moyen de contraindre le reste du Conseil de sécurité à ratifier une nouvelle série de sanctions.

          Tel que ça se présente, la nouvelle série de sanctions tape dur sur les importations d'armes classiques de l'Iran ; freine les importations en rapport avec les missiles balistiques ; gèle les avoirs de membres clés du corps des Gardiens de la Révolution islamique ; et organise des inspections de fret dans les ports maritimes et dans les eaux internationales. Ces sanctions sont en majorité spontanées – ou non-contraignantes – et n’auront aucune interférence sur le commerce mondial pétrolier et gazier de l'Iran.

          Beijing et Moscou ne se contentent pas juste de lécher le fouet de Clinton. Immédiatement après son annonce ampoulée, l'ambassadeur chinois à l'ONU, Li Badong, a déclaré que le projet de résolution « ne doit pas fermer la porte à la diplomatie, » mettant une fois encore l'accent sur « le dialogue, la diplomatie et la négociation. »

          Et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est assuré de parler au téléphone avec Clinton, plaidant pour une analyse plus approfondie de l'accord d’échange de combustible dans lequel le Brésil et la Turquie ont servi de médiateurs. M. Lavrov a aussi souligné que la Russie n'avait pas du tout aimé les sanctions unilatérales supplémentaires de la Zunie et de l'UE. Il a déclaré que les sanctions unilatérales incluraient des mesures « de nature extraterritoriale, dépassant les décisions prises par la communauté internationale et en contradiction avec le principe de primauté du droit international, faisant partie intégrante de la Charte des Nations Unies. »

          Nous en sommes arrivés comme ça à une situation où un véritable échange de combustible nucléaire approuvé par Iran est envisagé à l'Agence internationale de l’énergie atomique, pendant qu’une croisade de sanctions contre l'Iran est en chantier à l'ONU. À qui la vraie « communauté internationale » fera-t-elle confiance ? Erdogan n'aurait pas pu mieux dire : « C'est le moment de discuter de la question de savoir si nous croyons en la suprématie de la loi ou si la loi des suprématies et supérieure... »

          Ce que voit la grande majorité, le monde en développement, c'est le passé – Zunie, France, Grande-Bretagne, Allemagne – en lutte contre le développement de l'avenir – Chine, Inde, Brésil, Turquie, Indonésie. L'architecture de la sécurité mondiale – assurée par une bande d’affreux, de gardiens occidentaux auto-proclamés – est comateuse. Les Atlantistes occidentaux sont en train de couler façon Titanic.


    Nous voulons la guerre et nous la voulons tout de suite

          Seul le puissant lobby zunien en faveur de la guerre perpétuelle est capable de décrire la première étape d’un accord nucléaire avec l'Iran comme un désastre. Ça inclut des journaux largement discrédités, favorables à la guerre en Irak, le New York Times (la médiation du Brésil et de la Turquie « complique les pourparlers sur les sanctions ») et le Washington Post (l’Iran « crée l'illusion d’un progrès dans les négociations nucléaires »).

          Pour le lobby pro-guerre, la médiation du Brésil et de la Turquie pour l’échange de combustible, constitue une « menace » car il est sur une trajectoire de collision avec l’attaque contre l'Iran (lancée par Israël et entraînant ensuite la Zunie) et le « changement de régime » – un caprice que Washington n'a jamais renié.

          Lors d'un discours récent au Council on Foreign Relations à Montréal, sa sommité le Dr Zbigniew « Conquérons l'Eurasie » Brzezinski, a averti que l’« éveil à la politique mondiale, » ainsi que les luttes intestines dans l'élite mondiale, représentent quelque chose à redouter sérieusement. L’ancien conseiller à la Sécurité nationale zunienne a fait remarquer que, « pour la première fois dans toute l'histoire humaine, l'humanité est éveillée politiquement – c'est une réalité totalement nouvelle – il n'en a pas été ainsi pendant la plus grande partie de l'histoire humaine. »

          Qui pense être ces nouveaux parvenus éveillés politiquement, comme le Brésil et la Turquie – en osant bouleverser « notre » autorité sur le monde ? Et puis le Zunien mal informé continue à se demander : « Pourquoi nous détestent-ils ? » Parce que, entre autres raisons, sectaire jusqu’au trognon, Washington n'hésite guère à faire un bras d’honneur, même à ses amis les plus proches.

          Pepe Escobar est l'auteur de Globalistan: How the Globalized World is Dissolving into Liquid War et de Red Zone Blues: a snapshot of Baghdad during the surge. Son nouveau livre, tout juste sorti, est Obama does Globalistan. Il est joignable à l’adresse pepeasia@yahoo.com

    Source ici

    Original : www.atimes.com/atimes/Middle_East/LE22Ak01.html
    Traduction copyleft de Pétrus Lombard


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  • L’ami (Haaretz)

    Comme l’a montré la rencontre de cette semaine entre Elie Wiesel et Obama, avec des amis comme ça Israël n’a pas besoin d’ennemis.

    Vous les colons de Pisgat Ze’ev, vous qui vous êtes imposés à Shekh Jarrah, vous qui convoitez Silwan, vous qui vous êtes infiltrés dans les quartiers musulmans, et vous aussi, Nir Barkat, Maire de cette ville nationaliste, pouvez cesser de vous inquiéter : Jérusalem toute entière vous appartient pour toujours. Le prix Nobel de la paix, Elie Wiesel a été à la Maison Blanche voir son ami, Barack Obama, en mission pour un autre ami, Benjamin Netanyahu, et en sortant il a dit qu’il avait bon espoir qu’Obama suive son conseil de reporter les pourparlers sur Jérusalem.

    Avec des amis comme ça, Israël n’a pas besoin d’ennemis. Soixante deux ans après avoir déclaré son indépendance, Israël a encore besoin de colporteurs juifs influents -parfois Wiesel et parfois Ron Lauder- pour aller intercéder après du Noble Maître. Quarante trois ans après le début de l’Occupation, tous ces gens unissent leurs efforts dans un seul but : la maintenir.

    Il n’y a pas beaucoup de Juifs qui, comme Wiesel, trouvent porte ouverte à la Maison Blanche et que le Président écoute. Et que fait Wiesel de cette chance unique ? Il demande à Obama de reporter les pourparlers sur Jérusalem. Il ne lui parle pas de la nécessité de mettre fin à l’occupation, ni d’établir une paix juste (et un Israël juste), ni de l’horrible injustice qui est faite aux Palestiniens. Non, il lui parle de maintenir l’occupation.

    Et lorsqu’il est invité à déjeuner par le Président, au lieu de profiter de son soit disant ascendant moral pour supplier son hôte de ne plus tolérer la mauvaise volonté d’Israël, il marchande un report. Il l’a fait apparemment pour le bien d’un pays dont le Premier Ministre, il y a juste un an, a fait un discours sur la solution de deux états mais n’a rien fait depuis pour la mettre en œuvre. Un pays que la Syrie supplie presque de faire la paix et un pays contre qui les Palestiniens ont arrêté depuis longtemps de perpétrer des attentats. Mais ce pays refuse de faire la paix. Et voyant tout cela qu’est-ce que cet ami recommande ? de reporter. De reporter et reporter encore, comme Netanyahu qui l’a envoyé lui a demandé de le faire.

    Cet homme dont le comité du prix Nobel a dit :" C’est un messager pour l’humanité , son message est un message de paix, de pardon et de dignité humaine", fait juste le contraire. Pas de paix, pas de pardon, pas de dignité humaine, en tous cas pas pour les Palestiniens. Après la ridicule campagne de publicité américaine faisant valoir que Jérusalem est citée dans la Bible (plus de 600 fois) et pas une seule fois dans le Coran, peut-être que malheureusement le Président du changement va écouter l’avis de son ami, le survivant de l’Holocauste, et détruire toute chance de paix.

    Wiesel fera le nécessaire et Obama reportera. Environ un quart de million de Palestiniens vivront sous occupation israélienne encore une génération. Un quart de million ? Non, trois millions et demi parce que pour Obama, Wiesel et en fait tout le monde, il est clair qu’il n’y aura pas de paix si on ne divise pas Jérusalem.

    Et qu’en sera-t-il si Obama reporte les pourparlers sur Jérusalem comme le lui demande son ami ? Et les reporter jusqu’à quand ? Encore 43 ans ? Ou peut-être 430 ans ? Et qu’arrivera-t-il en attendant ? 100 000 colons de plus ? Le Hamas au gouvernement en Cisjordanie aussi ? Et pourquoi ? Parce que Jérusalem n’est pas mentionnée dans le Coran, les Palestiniens qui y vivent n’ont pas le droit de décider de leur sort ?

    Et qu’en est-il de la sainteté de Jérusalem, troisième ville sainte de l’Islam après la Mecque et Medina ? Quel est le rapport entre la sainteté et l’indépendance, de toutes façons ? Que se passera-t-il si les pourparlers sont reportés et qu’ils parlent de l’eau comme le souhaite Netanyahu ? Aucune de ces questions n’a été posée a l’ami.

    Comme c’est triste que ce soient ces gens-là qui soient considérés par les Juifs comme des modèles ! On dirait qu’ils croient que le soutien automatique et aveugle à Israël et ses caprices est le signe d’une vraie amitié - que maintenir l’occupation sert les buts d’Israël et ne menace pas son avenir. Ils écoutent leur conscience et dénoncent les injustices dans le reste du Monde, mais quant il s’agit d’Israël, on dirait qu’un voile leur tombe sur les yeux et on ne les entend plus.

    Si j’étais Elie Wiesel un illustre survivant de l’Holocauste, un lauréat du prix Nobel, je dirais à mon ami de la Maison Blanche, au nom de la paix, de l’avenir d’Israël et de la paix dans le monde : "Je vous en prie, Monsieur le Président, soyez ferme. Israël dépend de vous plus que jamais. Il est si isolé que sans le soutien américain il disparaîtrait. C’est pourquoi, Monsieur le Président", je dirais à Obama, en mangeant la nourriture kosher qu’on me servirait, "soyez un vrai ami pour Israël et évitez lui la catastrophe".

    Gidéon Levy Ici

    Haaretz. 6 mai 2010

    Texte Original
    http://www.haaretz.com/print-editio...

    Traduction par D. Muselet pour le Grand Soir


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