• Le Dalaï Lama et Obama

    La rencontre entre deux Prix Nobel du mensonge

     

     

    La nouvelle est à présent officielle. Sous peu le Dalaï Lama sera reçu par Obama à la Maison Blanche. La rencontre entre ces deux âmes jumelles était inévitable : à vingt ans d’écart  l’un de l’autre (1989 et 2009), tous les deux ont reçu le Prix Nobel pour  la paix, et tous les deux ont reçu cette distinction ad maiorem Dei gloriam, ou, pour plus d’exactitude,  pour la plus grande gloire de la « nation élue » par Dieu.

     

    1989 était l’année où les Usa obtenaient le triomphe dans la guerre froide et s’apprêtaient à démanteler l’Union soviétique, la Yougoslavie et aussi –comme ils l’espéraient- la Chine. Dans ces conditions, celui qui allait être couronné champion de la paix ne pouvait être que le moine intrigant qui depuis trente ans déjà, encouragé et financé par la Cia, se battait pour détacher de la Chine un quart de son territoire (le Grand Tibet).

     

     

    En 2009, la situation  avait radicalement changé : les dirigeants de Pékin étaient arrivés à éviter la tragédie qu’on voulait infliger à leur pays ;  au lieu d’être renvoyés aux décennies terribles de la Chine, opprimée, humiliée et souvent condamnée en masse à la mort par inanition, à la « Chine crucifiée » dont parle les historiens, un cinquième de la population mondiale avait connu un développement  prodigieux, tandis que s’avéraient clairement le déclin et le discrédit qui frappaient la superpuissance solitaire qui en 1989 avait cru avoir le monde dans ses mains. Dans les conditions qui avaient émergé en 2009, le Prix Nobel pour la paix couronnait celui qui, grâce à son habileté oratoire et sa capacité de se présenter comme un homme nouveau et venant d’en bas, était appelé à redonner quelque lustre  à l’impérialisme étasunien.

     

    En réalité, la signification authentique de la présidence Obama est à présent sous les yeux de tous. Il n’est de zone au monde dans laquelle  ne se soient pas accentués le militarisme et la politique de guerre des Usa. Dans le Golfe Persique a été envoyée une flotte, équipée pour neutraliser la riposte possible de l’Iran aux bombardements  sauvages qu’Israël prépare fébrilement grâce aussi aux armes fournies par Washington. En Amérique Latine, après avoir encouragé ou promu le coup d’état au Honduras, Obama installe sept bases militaires en Colombie, relance la présence de la IVème flotte, profite de l’urgence humanitaire en Haïti (dont la gravité est aussi la conséquence de la domination néocoloniale que les Usa y exercent depuis deux siècles) pour occuper massivement le pays : avec un déploiement de forces qui est aussi un lourd avertissement  aux pays latino-américains.

     

    En Afrique, sous prétexte de combattre le « terrorisme », les Usa renforcent leur dispositif militaire par tous les moyens : sa tâche réelle est de rendre le plus difficile possible l’approvisionnement  en énergie et matières premières dont la Chine a besoin, de façon à pouvoir l’étrangler au moment opportun.  En Europe même, Obama n’a pas du tout renoncé à l’expansion de l’OTAN à l’Est, et à l’affaiblissement de la Russie ; les concessions sont formelles et ne visent qu’à isoler le plus possible la Chine, le pays qui risque de mettre en question l’hégémonie planétaire de Washington.

     

    Oui, c’est en Asie que le caractère agressif de la nouvelle présidence états-unienne émerge dans toute sa clarté. Il ne s’agit pas  seulement du fait que la guerre en Afghanistan a été étendue au Pakistan, avec un recours aux avions sans pilotes (et sa suite de « dommages collatéraux) nettement plus massif qu’à l’époque de l’administration Bush junior.

     

    C’est surtout ce qui arrive à Taïwan qui est significatif.  La situation allait s’améliorant nettement : entre la Chine continentale et l’île, les contacts et les échanges ont repris et se développent ; les rapports entre le Parti Communiste Chinois et le Kuomindang ont été rétablis. Avec la nouvelle vente d’armes, Obama veut atteindre un objectif bien précis : si vraiment on ne peut pas démanteler le grand pays asiatique, du moins faut-il en empêcher la réunification pacifique.

     

    Et c’est en ce point là qu’annonce son arrivée à Washington une vieille connaissance de la politique du containment et du démantèlement de la Chine. Voici qu’au moment opportun entre de nouveau en scène Sa Sainteté qui, avant même de mettre les pieds aux Usa, bénit à distance le marchand de cannons qui siège à la Maison Blanche. Mais le Dalaï Lama n’est-il pas universellement connu comme le champion de la non-violence ? Je me permets, à propos de cette manipulation raffinée, de renvoyer à un chapitre de mon livre (La non-violence. Une histoire hors du mythe), que l’éditeur Laterza (Bari-Rome, NdT) sortira en librairie le 4 mars prochain[1].

     

    Pour le moment je me borne à anticiper un seul point. Des ouvrages ayant pour auteur ou co-auteur des ex-fonctionnaires de la Cia révèlent une vérité qui ne doit jamais être perdue de vue : la non-violence est un « écran » (screen) inventé  par le département des services secrets étasuniens majoritairement engagé dans la « guerre psychologique ».  Grâce à cet « écran », Sa Sainteté était plongé dans une aura sacrée, alors que depuis longtemps, après sa fuite hors de Chine en 1959, il a promu au Tibet une révolte armée, alimentée par les ressources financières massives, par la puissante machine organisatrice et multi médiatique et par l’immense arsenal états-uniens ; révolte qui a cependant échoué à cause du manque  d’appui de la part de la population tibétaine. 

     

    Il s’agissait d’une révolte armée –écrivent encore les ex-fonctionnaires de la Cia- qui a permis  aux Usa d’accumuler de précieuses expériences pour les guerres en Indochine, c’est-à-dire pour des guerres coloniales –c’est moi qui ajoute, cette fois- qui sont à ranger parmi les plus barbares du XXème siècle.

    Maintenant, le Dalaï Lama et Obama se rencontrent. C’était dans la logique des choses.  Cette rencontre entre les deux Prix Nobel du mensonge sera plutôt affectueuse comme seule peut l’être une rencontre entre deux personnalités liées entre elles par des affinités électives. Mais elle ne promet rien de bon pour la cause de la paix.

     

    Domenico Losurdo

     

    Domenico Losurdo enseigne l’histoire de la philosophie à l’Université d’Urbino. Il dirige la Internationale Gesellschaft Hegel-Marx für dialektisches Denken, et, récemment, l’Associazione Marx XXIesimo secolo. « Rievoluzione » (voir : http://www.pdcitv.it/video/2644/Associazione-Marx-XXI--Domenico-Losurdo ).

    Parmi ses nombreux ouvrages, sont (entre autres) disponibles en français :

    Fuir l’histoire ? La révolution russe et la révolution chinoise aujourd’hui. (Le temps des Cerises-Delga, 2007),

    Démocratie ou bonapartisme, triomphe et décadence du suffrage universel. (Le temps des Cerises

    Le péché originel du 20ème siècle. (Aden, 2007)

    Le révisionisme en histoire. Problèmes et mythes.  (Albin Michel, 2005)

    Gramsci. Du libéralisme  au « communisme critique » (Syllepse, 2006)

    Nietzsche, philosophe réactionnaire. Pour une biographie politique (Delga, 2008).

     

    Contre-histoire du libéralisme,

    Le Langage de l’Empire. Lexique de l’idéologie états-unienne (Laterza editori), sont en cours de traduction.

    Staline. Histoire et critique d’une légende noire, paraîtra au printemps 2010 chez Aden.

     

    Article original sur le blog de l’auteur :www.domenicolosurdo. it

    Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio


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  • les balles avant les antibiotiques, les fusils avant les bistouris

    Une drôle d’aide à Haïti

    Nestor NUNEZ

    Les centaines de médecins haïtiens qui ont été formés à Cuba ces dernières années ont volé au secours de leurs compatriotes. Ils travaillent au coude à coude avec les membres des brigades de spécialistes cubains qui prêtent leur assistance aux survivants du séisme qui a rasé Port au Prince. L’un d’entre eux a su résumer clairement la situation en ces quelques mots : « Ce dont nous avons besoin, a-t-il déclaré à la télévision, ce sont des médecins, des secouristes, des pompiers, des ingénieurs et des architectes. Nous n’avons rien à faire de soldats ni d’armes au milieu de cette tragédie nationale. »

    Pourtant, il semble bien qu’il existe des pays disposant d’énormes ressources qui seraient d’une effectivité fabuleuse si elles étaient bien utilisées, mais qui font passer le souci de maintenir « l’ordre et la sécurité » avant la tâche de sauver des vies humaines.

    C’est la raison pour laquelle, quelques heures après qu’ait été connue la nouvelle du désastre causé par le séisme, plus de mille soldats du Commando Sud sont immédiatement arrivés à Haïti pour prendre en main la situation à l’aéroport de la capitale du pays, assurer unilatéralement le contrôle des pistes et même gêner l’arrivée rapide et efficace d’avions envoyés par de nombreux autres pays et transportant des vivres, des médicaments, des engins pour dégager les décombres, des tentes et tout un approvisionnement d’articles de première utilité pour les presque 3 millions de victimes du tremblement de terre.

    Ce n’est pas de la médisance. Les pilotes de nombreux pays qui se sont vus dans l’impossibilité d’atterrir à Port au Prince avec leurs chargements peuvent en témoigner, ainsi que d’autres qui se sont vus relégués dans des recoins obscurs de l’aéroport sans que le personnel militaire présent sur place leur accorde la moindre attention.

    Parmi les nouvelles promesses d’ « aide » nord-américaine, on retrouve celle de l’augmentation du nombre de troupes devant arriver pour s’installer aux endroits stratégiques d’un pays ruiné et endeuillé, comme si la catastrophe était le meilleur des prétextes pour répéter les épisodes d’occupation militaire nord-américaine qui se sont succédées de 1916 à 1934.

    On est en droit de se demander si, à Washington, certains « cerveaux guerriers » ont imaginé que, dans le cas où l’état haïtien et ses institutions, durement atteintes par le séisme, ne parviendraient plus à jouer leur rôle, le « grand voisin » ne pourrait pas se charger de « la noble tâche » d’assumer le contrôle du pays et de le réorganiser selon ses propres critères. Il était donc prudent d’installer, dès le début, les forces armées qui, le moment venu, se chargeraient de mener à bien leur mission de mainmise sur le pays.

    C’est pour cela que les balles sont arrivées avant les antibiotiques, les fusils avant les bistouris et les soldats avant les spécialistes de la santé.

    Pendant ce temps, la demande du jeune médecin haïtien flotte sur les ruines qui recouvrent les morts.

    Néstor Núñez

    Servicio Especial de la AIN (La Havane) ICI


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  • Washington ferme la porte aux réfugiés haïtiens



    L’administration Obama a pris des mesures extraordinaires pour empêcher les Haïtiens désespérés d’entrer aux Etats-Unis depuis que le tremblement de terre du 12 janvier a dévasté la nation caribéenne, tuant environ 200.000 personnes, faisant au moins 1,5 million de sans-abris et faisant 1 million d’enfants orphelins. L’effort pour empêcher les Haïtiens d’entrer au pays — incluant les blessés qui recherchent un traitement médical — illustre que la priorité de l’intervention menée par les Etats-Unis n’est pas de sauver es vies, mais d’établir un contrôle militaire sur la population.

    Cinq navires de la garde côtière américaine ont rejoint des navires de la marine américaine déployés sur les côtes haïtiennes — pas pour livrer de la nourriture, de l’eau ou des médicaments aux malades et aux mourants, mais pour arrêter les Haïtiens qui pourraient tenter de s’échapper. Le commandant de la garde côtière, Chris O’Neil, a dit au New York Times que tous ceux qui tentent de fuir Haïti seraient capturés et retournés, mais que, jusqu'à maintenant, son unité n’a pas été témoin d’une tentative. « Rien, zéro, a dit O’Neil, et pas d’indice qui nous montre que quelqu’un est en train de faire des préparations pour faire une telle tentative. »

    Les responsables américains ont dit qu’il y a peu de preuve que les Haïtiens quittent les Etats-Unis, mais « ils s’inquiètent que dans les prochaines semaines, les conditions de vie qui iront en se dégradant en Haïti pourraient encourager un exode. » Le fait que les responsables américains planifient des « conditions qui iront en se dégradant » en Haïti lors des « prochaines semaines » — au-delà de la situation désespérée qui règne là-bas maintenant — est une admission flagrante que Washington n’a pas l’intention de rendre les secours disponibles au plus grand nombre, encore moins de rebâtir Haïti.

    L’administration Obama fait aussi des plans pour incarcérer les Haïtiens qui pourraient risquer le dangereux voyage en mer jusqu’aux Etats-Unis, qui, à chaque année, coûte la vie de centaines de personnes. Des responsables ont dit au Times qu’ils « ébauchent des plans pour ramasser tout bateau qui transporte des immigrants illégaux et les envoyer à Guantanamo Bay » — la base militaire américaine à Cuba qui est célèbre pour ses abus de « terroristes suspectés ». Le département de la sécurité intérieure a annoncé qu’il allait vider des espaces dans sa prison de déportés du sud de la Floride, le Krome Service Processing Center, au cas où un flot d’Haïtiens arriverait.

    Le porte-parole du département d’Etat américain, Noel Clay, a annoncé que les Etats-Unis n’assoupliraient pas leurs conditions pour l’obtention d’un visa pour les Haïtiens. La politique stricte de visa s’étend aux 1 million d’orphelins qui sont estimés provenir du tremblement de terre — 10 pour cent de la population haïtienne. Le secrétaire du département de la sécurité intérieure, Janet Napolitano, a dit lundi que les Etats-Unis prendront une poignée d’orphelins sur « parole d’honneur humanitaire ». La politique s’applique à ceux qui avaient des papiers d’orphelins avant le tremblement de terre et qui devaient déjà être adoptés par des familles américaines. Lundi, environ 50 enfants haïtiens qui dont toutes les formalités pour leur adoption aux Etats-Unis avaient été remplies sont arrivés à Pittsburgh, à l’Hôpital pour enfant de la Pennsylvanie, après que leur orphelinat se soit effondré dans le tremblement de terre.

    Le département d’État a même refusé d’octroyer des visas à des Haïtiens malades ou mourants pour qu’ils puissent être traités dans un hôpital d’urgence adjacent à l’aéroport de Miami. Le Dr William O’Neill, le doyen de la faculté de médecine de l’Université de Miami qui a créé l’hôpital, a affirmé que cette politique était « plus qu’absurde ». Le département d’Etat est dirigé par Hillary Clinton, qui, avec son mari l’ancien président américain Bill Clinton, prend la posture d’un ami des survivants au tremblement de terre en Haïti.

    Les mesures prises pour empêcher les Haïtiens de chercher refuge aux Etats-Unis sont presque sadiques. Alors que les Etats-Unis ont refusé de donner la permission d’atterrir à Port-au-Prince à de nombreux avions d’aide, tous les jours, un avion-cargo de l’armée de l’air américaine survole pendant des heures les zones sinistrées pour émettre le message suivant en créole : « Écoutez, ne tentez pas de quitter le pays par bateau. Si vous tentez de faire cela, vous ne ferez qu’empirer vos problèmes. Parce que, pour être honnête avec vous, si vous pensez que vous pourrez atteindre les Etats-Unis et que les portes vous seront ouvertes, ce ne sera pas le cas. Et vous serez intercepté sur la mer et retourner là d’où vous êtes partis. »

    Le Miami Herald a rapporté mardi que les Etats-Unis avaient interdit tous les vols commerciaux en provenance d’Haïti non pas à cause des dommages à l’aéroport, mais parce qu’on ne pouvait pas déterminé si les passagers potentiels se trouvaient sur une liste d’interdiction de vol ou les faire passer par des détecteurs de métal. Spirit Airlines et American Airlines ont des vols cargos et amènent des travailleurs de l’aide humanitaire à Port-au-Prince depuis le lendemain du tremblement de terre, mais leurs avions reviennent toujours avec des « centaines de sièges vides ». Une des rares exceptions à cet état de fait, lundi dernier quelques douzaines d’étudiants américains et le journaliste américain de Fox Geraldo Rivera ont obtenu l’autorisation de prendre l’avion du secrétariat d’Etat et sont revenus aux Etats-Unis sur un vol de Spirit.

    Spirit et American ont dit qu’ils recevaient beaucoup de demandes pour des vols hors de Haïti et qu’ils perdaient de l’argent. « Les gens nous appellent continuellement » pour des vols hors de Haïti a dit la porte-parole de Spirit, Misty Pinson, au quotidien The Herald. « Nous sommes submergés. »

    Le département d’Etat a exempté les vols nolisés privés provenant de Haïti des exigences « anti-terroristes ». Ces compagnies peuvent prendre des passagers qui louent des avions pour autant que 4000 $ l’heure ou qui peuvent payer 1000 $ pour un aller vers la Floride.

    L’indifférence complète et la cruauté de l’embargo américain contre les Haïtiens venant aux Etats-Unis furent mises en relief par un reportage en direct diffusé mardi lors des nouvelles de la radio de CBS décrivant les milliers de résidents de Port-au-Prince remplissant les plages dans un effort désespéré pour embarquer dans des bateaux déjà surpeuplés.

    Les efforts des Etats-Unis pour garder les réfugiés haïtiens hors du pays font contraste avec leurs efforts, menées par Bill Clinton, pour promouvoir le transfert des ateliers de misère de vêtements en Haïti. La pauvreté extrême en Haïti est le résultat de décennies de domination du capitalisme américain.

    Les travailleurs américains doivent rejeter cette dernière tentative de victimisation des Haïtiens et demander qu’ils leur soient permis de s’installer aux Etats-Unis avec tous les droits.

    Pendant ce temps, l’opération de secours — le soi-disant objectif de la présence militaire américaine — s’est avérée être une telle débâcle que même les médias ont été forcés d’admettre l’échec évident à livrer de la nourriture, de l’eau et des médicaments au peuple haïtien.

    Très rapidement après le tremblement de terre, l’armée américaine a pris l’aéroport de Port-au-Prince et a pris le contrôle du port de la capitale de la ville, qui est largement détruit. Des flottilles navales et de la garde côtière ont été rapidement déployées dans les eaux d’Haïti. Des milliers de soldats ont été déployés.

    Mais, non seulement l’armée américaine n’a pas fourni une aide significative aux Haïtiens lors de la dernière semaine, pendant laquelle des dizaines de milliers d’individus sont morts sous les immeubles effondrés ou par l’absence de nourriture, d’eau et de médicaments de base. Elle a, en fait, joué un rôle contre-productif, ordonnant à des douzaines de vols contenant de l’aide de rebrousser chemin. Ces vols provenaient des organisations de secours aux sinistrés et d'autres pays.

    L’armée américaine a prétendu que les détournements d’avion sont le résultat de congestion à l’aéroport. Mais, 40 pour cent de tous les atterrissages ont été militaire — un de ces atterrissages étant l’avion Air Force Cargo qui a fait des vols en cercle à chaque jour au-dessus du pays afin d’avertir les Haïtiens de ne pas aller aux Etats-Unis.

    La décision d’ordonner à des vols transportant des docteurs, des infirmières et des vivres de rebrousser chemin a sans doute eu comme conséquence des milliers de morts. Médecins sans frontières a dit que, pendant la fin de semaine, cinq de ses vols n’ont pas eu la permission d’atterrir à Haïti, mais furent plutôt détournés vers la République dominicaine. Benoit Leduc, le chef des opérations de l’organisation, a dit que les délais encourus ont coûté des « centaines de vies ». La Croix-Rouge a aussi dit que ses avions n’avaient pu atterrir pendant la fin de semaine.

    Dans un communiqué de presse mardi, Médecins sans frontière a dit que ses avions sont encore en train d’être retournés. Un avion-cargo transportant 12 tonnes d’équipements, de médicaments et d’équipements chirurgicaux a été retardé trois fois dans la nuit de dimanche, selon le communiqué.

    Les centaines de vols militaires qui ont atterri n’ont fourni que peu d’aide. S’il y avait des preuves que les soldats américains fournissent de l’aide, c’est certain que les médias américains la télédiffuseraient de manière incessante. Des soldats ont dit qu’ils n’avaient toujours pas quitté leurs navires de guerre et leur base à l’aéroport. Ils « n’ont, pour la majeure partie, pas été une présence significative dans les rues, » comme le New York Times l’a dit de manière charitable.

    Il y a eu une exception mardi matin, lorsque les médias ont diffusé des images d’hélicoptères de l’armée américaine atterrissant devant le palais national effondré, où des dizaines de milliers d’Haïtiens ont attendu pendant près d’une semaine en ne recevant pratiquement aucune aide. Les soldats ont distribué du matériel de secours, mais ils ont aussi semblé construire un centre de commande, situé symboliquement au même endroit que le siège du gouvernement haïtien.

    L’ambassade américaine en Haïti prétend qu’elle n’a pas été en mesure de livrer le matériel nécessaire « pour des raisons de sécurité ». Il est donc sous-entendu que les vies des travailleurs humanitaires sont mises en danger par des Haïtiens « pilleurs ». En fait, il n’y a pas eu un seul cas rapporté de travailleurs humanitaires attaqués par des Haïtiens. Comme le Wall Street Journal de mardi l’a noté, « Les responsables américains ont pointé du doigt les questions de sécurité pour le retard dans l’approvisionnement en aide. Mais, une équipe de docteurs cubains a été vue lundi en train de traiter des centaines de patients sans qu’il n’y ait de fusil ou de soldat visible. »

    Même si de tels dangers existent, cela ne ferait que soulever la question de ce que l’armée américaine fait en Haïti si ses milliers de soldats ne sont pas en train d’amener l’aide humanitaire à la population ou de protéger ceux qui le font.

    Étant donné les preuves de plus en plus grandes qu’elle entrave les opérations de sauvetage, l’armée américaine fut contrainte mardi de nier la nature évidente de sa mission en Haïti. « Il y a eu des reportages dans  les actualités selon lesquels les Etats-Unis envahissent Haïti », a dit le colonel Kane de l’armée américaine. « Nous n’envahissons pas Haïti. C’est ridicule. Il s’agit d’aide humanitaire. »

    Le colonel Kane a déclaré aux journalistes à l’aéroport de Port-au-Prince « qui en est venu à ressembler à une base militaire américaine, où des hélicoptères décollent et atterissent sans cesse », selon le New York Times. Ce qui reste du gouvernement haïtien doit se réunir dans un poste de police adjacent à l’aéroport.

    La présence militaire internationale à Haïti, sous direction des Etats-Unis, continue à gagner en importance. Les soldats américains et internationaux ont maintenant l’autorité de réprimer la population en vertu d’un décret du gouvernement haïtien promulgué hier à la demande de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton.

    On s’attend à ce que les forces américaines en Haïti même et au large du pays atteignent 11.000 personnes au cours des prochains jours. Le Pentagone a dit que le 22e corps expéditionnaire de la marine arrivera bientôt à l’ouest de Port-au-Prince.

    Les soldats canadiens, au nombre d’environ 2000, seront déployés dans les villes dévastées de Léogâne et de Jacmel, près de l’épicentre du tremblement de terre au sud-ouest de Port-au-Prince. Le Canada a envoyé deux navires de guerre auxquels se joindront bientôt des navires de l’Italie, de l’Espagne et du Venezuela.

    Le Conseil de sécurité des Nations unies qui s’est réuni mardi dernier à New York a approuvé l’envoi de 3500 soldats et agents de police supplémentaires en Haïti. Avec ces nouvelles troupes, l’ONU aura 10.500 dans ce pays.

    Alors que plus de soldats sont dépêchés sur les lieux, les efforts internationaux d’aide sont loin d’être suffisants pour satisfaire aux besoins de nourriture, d’eau et de soins. Ces efforts jusqu’à présent ont résulté en ce que seulement « une petite fraction de l’aide promise a pu se rendre aux centaines de milliers de Haïtiens qui en ont désespérément besoin » selon une évaluation qu’a faite le Guardian de l’aide distribuée mardi dernier.

    La recherche pour des survivants dans les décombres des immeubles qui se sont écroulés n’a sauvé que 90 personnes à ce jour selon les chiffres de l’ONU. L’espoir diminue, mais deux femmes ont été extirpées des décombres d’un immeuble de l’université mardi dernier et les équipes de sauvetage ont pu détecter des battements cardiaques au moyen d’équipements sophistiqués sous les décombres d’une banque.

    Malgré le fait que des experts affirment que des victimes sont toujours en vie sous les ruines des villes d’Haïti, l’armée américaine a dit qu’il était de mettre un terme aux opérations de recherche et de sauvetage. « Nous nous attendons à passer très bientôt de la phase de recherche à une phase de reconstruction », a dit le général de la marine Daniel Allyn, l’adjoint au commandant des forces américaines en Haïti.

    Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), une agence de l’ONU basée à Rome, seulement 250.000 rations alimentaires quotidiennes auraient été distribuées à ce jour, la moitié de ce nombre par l’armée américaine. Le PAM a réussi a distribué environ 50.000 rations lundi passé, environ la moitié du nombre prévu. Les Etats-Unis ont commencé mardi à parachuter de la nourriture et de l’eau. La première semaine de la crise, le Pentagone a refusé de considérer cette méthode de distribution en disant que cela finirait en émeutes.

    Des journalistes ont rapporté des scènes d’horreur et de peur à Port-au-Prince. Des dizaines de milliers de Haïtiens quittent la capitale pour la campagne, soit à pied, soit en s’entassant dans des autobus et des bateaux. Des camions servant habituellement à la collecte des ordures viennent déposés des centaines de corps dans des fosses communes.

    A cause du manque d’antibiotiques et d’autres médicaments, beaucoup d’amputations sont réalisées d’une façon sommaire, souvent sans morphine ou autre antidouleur, dont on manque partout. Des docteurs et des infirmières au comble du désespoir continuent à demander des anesthésiants, des scalpels et des scies pour amputer les membres écrasés, selon Associated Press. Un représentant de Médecins sans frontières a dit que les chirurgiens de son hôpital de première ligne à Cité Soleil ont été forcés d’acheter une scie au marché local pour pouvoir réaliser des amputations après qu’un autre de ses avions s’est vu refuser la permission par l’armée américaine d’atterrir à Port-au-Prince.

    « C’était l’amputation ou la mort », a dit à NBC le Dr Nancy Snyderman, travaillant pour l’aide humanitaire. « Il y a beaucoup d’infections secondaires. C’est la principale cause de mort actuellement. »

    « Dans un pays où il est si difficile de survivre en temps normal, cela devient presque impossible pour un amputé. Cela soulève immédiatement la question de ce qui viendra ensuite », a déclaré Snyderman. « On ne trouve pas de prothèses dans ce pays qui sera bientôt un pays d’orphelins et d’amputés. »

    « J’ai vu des bébés dont le crâne était fendu comme un melon d’eau », a-t-elle continué. « Les médecins ne pouvaient rien faire que de leur bander la tête, les couvrir et les laisser mourir. »

    L’indifférence de Washington devant ces horreurs est palpable. Après avoir vu des chirurgiens stérilisés leur équipement avec de la vodka, Bill Clinton, en tête des opérations de sauvetage, a déclaré « C’est incroyable ce que les Haïtiens peuvent accomplir. »

    Avant la visite de Clinton, l’hôpital a été mis sous la protection de 100 parachutistes américains, a rapporté l’Agence France-Presse. Les parachutistes refoulaient les foules désespérées de Haïtiens aux portes de l’hôpital.



    Article original anglais, WSWS, paru le 20 janvier 2010.


    Tom Eley est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca.  Articles de Tom Eley publiés par Mondialisation.ca


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  • L’humanitaire au service du capital, le cas de Haïti.

    Mohamed BELAALI

    Une fois encore le cas de Haïti vient de démontrer d’une manière éclatante combien l’humanitaire est au service du capital. Tous les pays impérialistes, grands et petits, se sont précipités comme des vautours, au nom de l’humanitaire, sur la tragédie de ce petit pays.

    Que voit-on sous nos yeux ? D’un côté l’armée américaine, avec ses boys surarmés, qui se déploie dans les rues de Port-au-Prince, qui contrôle l’aéroport de la capitale haïtienne et tous les axes stratégiques. De l’autre, des survivants, hommes, femmes et enfants hagards, affamés et assoiffés qui errent à la recherche d’un introuvable point d’eau, d’une introuvable nourriture.

    Les uns cherchent à occuper le pays, les autres tentent, vaille que vaille, à survivre au milieu des cris des blessés et des cadavres jonchés à même le sol ou enfouis sous des bâtiments effondrés. Si les troupes américaines sont arrivées dès les premières heures du séisme, la population, elle, attend toujours dans des conditions inhumaines cette fameuse « aide humanitaire ». Huit jours après le séisme, des centaines de milliers de sans-abris vivent dans des campements improvisés ou comme le dit l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) « dans des abris de fortune, sans accès à des réseaux d’eau ». La rapidité des vols des avions et la rotation des hélicoptères militaires contraste avec la lenteur des secours. Dans les petites villes avoisinantes de la capitale haïtienne, « l’aide humanitaire » est totalement absente.

    Et c’est la population elle- même, à mains nues puisqu’elle manque de tout, qui a procédé aux secours d’urgence loin des caméras et du battage médiatique hypocrite. C’est cette même population c’est à dire des rescapés, dans le dénuement total, qui luttent contre la mort, qui sont traités par les grands médias occidentaux de pillards, de bandits, d’émeutiers etc. Ce sont peut-être ces « émeutiers » des quartiers populaires que les américains et leurs caniches européens craignent le plus. Car l’émeute peut se transformer en révolte et celle-ci en résistance à l’occupant.

    Barack Obama en compagnie de Bill Clinton et même de Bush promet au peuple haïtien de rester à ses côtés « aujourd’hui, demain et à l’avenir ». Les GI ne sont donc pas prêts à quitter le sol de ce pays qu’ils occupent au nom de l’humanitaire mais en toute illégalité.

    ONG, entreprises multinationales, artistes, sportifs de haut niveau, hommes et femmes politiques sont ainsi enrôlés dans cette sinistre opération coordonnée par un commandement militaire. « La coopération s’opère à tous les niveaux sous la conduite du Pentagone, seul capable d’assurer le rôle de leader (...) le contrôle est laissé au militaire, subordonnant l’acteur civil et humanitaire » disait Stéphane Sisco membre du Conseil d’administration de Médecins du Monde (1). Aujourd’hui à Haïti rien n’échappe à l’œil vigilent du Pentagone. C’est lui qui contrôle, coordonne, dirige et refoule ; il est le maître de la situation. 10 000 soldats, des navires de guerre dont un porte-avion nucléaire, des hélicoptères en tout genre une base militaire permanente au nord de Port-au Prince etc. sont à la disposition du général Ken Keen qui n’est que l’exécutant des ordres du pentagone.

    L’aide humanitaire est évidemment la mission officielle de cette armada : « Notre mission est de fournir une assistance humanitaire », déclarait à l’AFP le colonel Pat Haynes. C’est d’ailleurs le président de l’USAID, agence gouvernementale américaine d’aide au développement, qui a accompagné samedi 16 janvier 2010 Hillary Clinton dans son voyage à Haïti pour accomplir cette noble mission humanitaire. « Nous travaillons de concert avec la constellation d’organisation non gouvernementales qui s’efforcent depuis des années d’améliorer la vie du peuple haïtien. (...) L’argent afflue à la Croix-Rouge et dans d’autres organisations humanitaires » soulignait de son côté Barack Obama président des États-Unis dans un texte publié par Newsweek et Le Monde du 20 janvier 2010.

    Les multinationales dont la brutalité exercée sur leurs propres salariés est quotidienne(exploitation, conditions de travail insupportables etc) se métamorphosent en entreprises philanthropiques et envoient, dans un élan de générosité, des millions d’euros ou de dollars aux pauvres haïtiens.

    Ainsi des banques comme la Société Générale ou le Crédit Agricole, après avoir distribué à leurs dirigeants et « collaborateurs » de substantiels bonus et autres stock options, se sont engagées à envoyer 1 million d’euros aux sinistrés du tremblement de terre. France Telecom, dont la direction des relations humaines a poussé au suicide nombre de ses salariés, a lancé par le biais de sa filiale Orange et en collaboration avec les autres opérateurs Mobile une campagne de récolte de dons par SMS. EADS, célèbre groupe aéronautique pour ses scandales financiers, prête à l’association Action contre la faim un gros porteur A 340 pour porter secours aux haïtiens.

    Pour ces entreprises et pour bien d’autres qui participent à cette grande messe humanitaire, le drame haïtien est utilisé, avec beaucoup de cynisme, comme opération de relations publiques. L’humanitaire constitue, pour elles, une aubaine qui leur permet, à peu de frais, d’améliorer leur image de marque bien ternie par des scandales multiples et par leur attitude inhumaine vis à vis de leurs propres salariés.

    Quant aux grands médias, notamment la télévision, la tragédie haïtienne est un show rentable qui permet d’augmenter l’audimat et d’engranger des recettes publicitaires en exploitant, eux-aussi, la compassion et la générosité des téléspectateurs. Elle leur permet, par ailleurs, de ne pas parler ou de ne pas montrer les luttes sociales qui éclatent ici ou là.

    L’humanitaire sert de paravent aux visées hégémoniques impérialistes. Il exploite cyniquement les sentiments altruistes et de solidarité des citoyens pour servir, en dernière analyse, les intérêts d’une classe sociale minoritaire, mais qui possède tous les pouvoirs.

    Mohamed Belaali

    (1) Mohamed Belaali « L’humanitaire au service du capital »
    http://www.legrandsoir.info/L-humanitaire-au-service-du-capital.html


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  • Yémen: Ce n'est pas Al-Qaïda que les USA combattent, mais la démocratie


    INTERVIEW DE MOHAMED HASSAN*
    PAR GREGOIRE LALIEU & MICHEL COLLON
     

    Un pantalon prend feu dans un avion près de Détroit et des missiles pleuvent au Yémen : l’effet papillon ? Pour Mohamed Hassan, la menace terroriste n’est qu’un prétexte. Dans ce nouveau chapitre de notre série « Comprendre le monde musulman », notre spécialiste nous explique le véritable enjeu du Yémen : combattre la démocratie dans le Golfe pour garder le contrôle du pétrole.
     
     
    Depuis l’attentat manqué de l’avion Amsterdam-Détroit, le Yémen fait la une des journaux : c’est là que le jeune terroriste nigérian aurait été entraîné. Comment ce pays, allié des Etats-Unis, serait-il devenu un refuge pour Al-Qaïda ?


    Tout d’abord, nous devons observer ce phénomène qui se répète : chaque fois qu’un régime soutenu par Washington est menacé, des terroristes apparaissent. Dans le cas de pays musulmans, ça tombe sur Al-Qaïda. Ce groupe terroriste fantôme apparaît partout où des mouvements nationalistes ou anti-impérialistes ébranlent des gouvernements marionnettes soutenus par les Etats-Unis. C’est ce qui se passe aujourd’hui au Yémen.

    Ce pays est dirigé par un régime corrompu allié de Washington. Mais il est menacé par des mouvements de résistance.
    Et voilà qu’apparaît ce jeune Nigérian qui embarque avec des explosifs dans un avion à destination de Détroit. Ca n’a pas de sens. Ce présumé terroriste était placé sur des listes de surveillance depuis que son père avait prévenu les autorités américaines. De plus, les Etats-Unis disposent d’importants dispositifs de sécurité et de matériel de pointe : avec leurs satellites, ils pourraient dire si vous mangez un sandwich au thon ou au poulet ! Cette histoire de terrorisme ressemble à une popote interne qui montre que la situation du Yémen échappe aux Etats-Unis et que leurs intérêts sont en danger.

    Pourquoi le Yémen est-il devenu si important aux yeux de Washington ?
    Le président du Yémen, Ali Abdullah Saleh, est au pouvoir depuis trente ans. Son régime est corrompu, mais aligné sur la politique des Etats-Unis. Un groupe de résistants dans le nord du pays et des séparatistes dans le sud menacent la stabilité du gouvernement. Si un mouvement révolutionnaire renverse Saleh, cela pourrait avoir un impact dans toute la région et encourager les résistants qui luttent dans les Etats pro-impérialistes de la région. Particulièrement contre le régime féodal d’Arabie Saoudite.


    D’ailleurs, lorsque les combats avec les résistants du nord ont éclaté au Yémen, la Ligue Arabe, dirigée par l’Egypte, a immédiatement condamné les rebelles et apporté son soutien au gouvernement yéménite. J’attends encore que cette même Ligue condamne les agressions d’Israël contre le Liban et la bande de Gaza. Le conseil de coopération du Golfe, une organisation dévouée aux intérêts occidentaux, regroupant certains pays producteurs de pétrole, a également condamné les résistants du Yémen. Pour les Etats-Unis, qui sont en pleine récession, leur colonie saoudienne ne peut être menacée par des mouvements de résistance. L’Arabie Saoudite fournit en effet une part importante de pétrole à Washington et constitue un précieux allié dans le Golfe. Si la région devenait instable, cela aurait de graves conséquences économiques pour les Etats-Unis.   

    Qui sont ces résistants au nord du pays ? Quelles sont leurs revendications ?
    Dans le nord du pays, le gouvernement affronte depuis plusieurs années la résistance armée des Houtis qui tirent leur nom du fondateur de ce mouvement, Hussein Al-Houti. Ce dernier est mort au combat il y a quatre ans et son frère a pris la relève. Tout comme la majorité des Yéménites au nord, les Houtis sont zaydites. L’islam est divisé en plusieurs courants tels que le sunnisme ou le chiisme. Ces courants se déploient à leur tour en différentes branches, le zaydisme étant une branche du chiisme.


    Le président Saleh est lui-même zaydite, mais les Houtis ne reconnaissent pas son autorité. Le fait est que le Yémen est un pays très pauvre : son économie repose essentiellement sur une agriculture en déclin, quelques rentes pétrolières, un peu de pêche ainsi que l’aide international et l’argent envoyé par les travailleurs expatriés. Et avec tout cela, seule une poignée de personnes dans l’entourage du président profite des quelques richesses du pays alors que la population devient de plus en plus pauvre. La majorité des Yéménites ont moins de trente ans mais aucune perspective pour le futur : le chômage atteignait 40% en 2009. Les Houtis ont donc interpellé le gouvernement sur le sous-développement de la région, le manque d’eau et les problèmes d’infrastructures. Mais le président Saleh n’a pas répondu à leurs appels. Depuis, les Houtis ont entamé une lute armée. Leur bastion est la ville de Saada. Ce qui est très symbolique : c’est dans cette ville que s’installa il y a plus de dix siècles le fondateur du zaydisme yéménite.

    Les combats près de Saada font rage. On dénombre plusieurs milliers de réfugiés et le gouvernement accuse l’Iran de soutenir les rebelles…
    Cette accusation est fausse. L’Iran est à majorité chiite, mais les zaydites du Yémen, par leur manière de prier et bien d’autres choses encore, sont en réalité plus proches des sunnites. Si la résistance houtiste a suffisamment d’armes pour continuer le combat pendant les dix prochaines années, c’est parce qu’elle bénéficie de l’aide d’une partie de l’armée yéménite. En effet, beaucoup de soldats et d’officiers sont zaydites eux aussi. Les combats dans la région ont déjà fait plus de 150.000 réfugiés et les militaires zaydites voient que leurs frères souffrent. Certains rejoignent même la résistance.


    Le président Saleh doit donc mobiliser des sunnites opportunistes au sein de l’armée pour combattre la résistance dans le Nord. Ce qui n’est pas sans conséquence : ce président zaydite, qui a déjà usé de ses convictions religieuses pour mobiliser la population et l’armée, fait aujourd’hui appel à des sunnites pour combattre d’autres zaydites. Saleh est en train de perdre tout le soutient qui lui restait au nord du pays.

    Et le Sud demande la sécession ! Le président yéménite semble vraiment en mauvaise posture…


    L’histoire du Yémen est essentielle pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui. Le pays dans sa configuration actuelle est né de la fusion en 1990 de la République démocratique populaire du Yémen au Sud et de la République arabe du Yémen au Nord. Ces deux Etats ont eu des parcours différents…
    La création du Nord remonte à plus de dix siècles avec l’arrivée des zaydites à Saada. Mais, en 1962, une révolution éclate pour renverser le régime féodal et installer une république. Nasser, le président égyptien défenseur de l’indépendance arabe, soutient le mouvement révolutionnaire. De leur côté, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Arabie Saoudite et le chah d’Iran envoient des mercenaires pour secourir les éléments réactionnaires de l’ancien régime féodal et affaiblir Nasser.

    Le conflit débouche sur une guerre horrible où plus de dix mille soldats égyptiens perdent la vie. Finalement, le gouvernement républicain n’est pas renversé, mais sort très affaibli du conflit. Il n’a pas les moyens d’amorcer une révolution culturelle, de démocratiser complètement le pays, ni de l’industrialiser. Bien que l’imam-roi qui dirigeait le pays se soit enfui en Arabie Saoudite, une grande partie du Yémen du Nord reste à l’état féodal.

    Et au Sud ?


    Le Yémen du Sud a eu un parcours différent. Il a été colonisé par les Britanniques pour bloquer l’expansion des Français qui s’étaient emparés de Djibouti et des Russes qui s’étendaient jusqu’à l’Asie centrale. Mais il s’agissait aussi de maintenir la domination britannique dans le Golfe arabe et sur le passage stratégique du détroit d’Hormuz. C’est la Grande-Bretagne qui a construit la ville portuaire d’Aden au Yémen du Sud.

    Cette ville est devenue très importante pour l’empire britannique. On pourrait dire que c’était le Hong-Kong ou le Macao de l’époque. Beaucoup d’étrangers ont également été envoyés dans la région.
    Voici quelle était la pyramide sociale dans cette société coloniale : au sommet, trônaient les colons britanniques ; venaient ensuite des communautés somaliennes et indiennes qui constituaient une sorte de tampon avec la dernière classe, les Yéménites. C’était une stratégie classique des colons britanniques : utiliser un groupe d’individus contre un autre pour se préserver eux-mêmes. Ce faisant, toutes les personnes que la Grande-Bretagne jugeait dangereuses dans sa colonie indienne - comme les nationalistes ou les communistes - étaient envoyées en exil à Aden.

    Comme nous l’avons vu pour la Somalie, ces prisonniers politiques vont influencer le cours de l’Histoire dans la région ?
    Tout à fait. Des mouvements indépendantistes font fuir les colons britanniques en 1967 et la République démocratique populaire du Yémen voit le jour deux ans plus tard. Elle est gouvernée par le Parti socialiste yéménite : une coalition des divers éléments progressistes hérités en partie des prisonniers d’Aden. On y trouve des communistes, des nationalistes, des libéraux, des baasistes venant de Syrie ou d’Irak… Tous ces acteurs se trouvent réunis sous la bannière du Parti socialiste.


    Le Yémen du Sud devient alors l’Etat arabe le plus progressiste de la région et connaît ses plus belles années avec une réforme agraire, l’égalité des sexes, etc. Cependant, le Parti socialiste reste composé de nombreux éléments aux origines diverses. Les communistes encadrent le parti et maintiennent une certaine cohésion mais chaque fois qu’il faut faire face à un enjeu de taille, les contradictions éclatent au grand jour. A cause du manque de base industrielle et du caractère petit bourgeois de la coalition, ces contradictions débouchent sur des assassinats. Les membres s’entretuent littéralement ! Le parti connaîtra ainsi trois révolutions internes sanglantes. Et la dernière lui sera fatale.

    La plupart des cadres idéologiques qui dirigeaient le parti sont assassinés et l’aile libérale prend la tête du mouvement. C’est donc un Parti socialiste très faible qui gouverne le Yémen du Sud lorsque la réunification des deux Yémen prend effet en 1990. Bien qu’elles aient eu des parcours relativement différents, les parties Nord et Sud ont toujours inscrit l’unification du pays dans leurs agendas respectifs.

    Alors, pourquoi a-t-il fallu attendre 1990 pour que le Nord et le Sud s’unissent ?
    Au nord, l’Etat était très faible depuis la guerre. Il était dirigé par des libéraux dépourvus d’idées vraiment révolutionnaires et contrôlés par les pays du Golfe, surtout l’Arabie Saoudite. Le voisin saoudien fournissait en effet des armes et de l’argent à la classe féodale afin d’affaiblir le gouvernement central. Pour l’Arabie Saoudite, un Yémen du Nord tribalisé était plus facile à gérer. Le Sud était par contre devenu un bastion des idées progressistes. En pleine guerre froide, il était considéré comme un ennemi de la région et devait être placé en quarantaine.


    Mais en 1990, les choses avaient changé. Tout d’abord, l’Union soviétique s’était effondrée et la guerre froide était finie. De plus, le Parti socialiste yéménite ne représentait plus une grande menace. En effet, ses leaders idéologiques avaient été supprimés lors de la troisième révolution interne du parti. Pour les pays de la région et pour les intérêts stratégiques des Occidentaux, l’unification du Yémen ne présentait donc plus de gros danger. Ali Abdullah Saleh, qui était déjà président de la République Arabe du Yémen depuis 1978, prit la tête du pays. Il est encore au pouvoir aujourd’hui.

    En 1990, le Yémen est le seul pays avec Cuba à s’opposer à la guerre en Irak. Vingt ans plus tard, si Castro tient toujours tête aux « Yankees », Saleh s’est pour sa part rangé aux côtés des Etats-Unis dans leur guerre contre le terrorisme. Comment expliquez-vous ce changement ?
    L’opposition à la guerre en Irak n’était pas le fruit de la politique de Saleh, mais des membres de l’ancien Parti socialiste yéménite qui occupaient quelques postes-clé dans le nouveau gouvernement. Cependant, bien que le Parti socialiste ait toujours souhaité l’unification des deux Yémen sur une base progressiste, il était trop affaibli par ses révolutions internes pour faire passer complètement sa politique.

    De plus, l’Arabie Saoudite, fidèle allié des Etats-Unis, fit payer très cher au Yémen cette prise de position contre la guerre en Irak. Le royaume saoudien expulsa en effet un million de travailleurs yéménites qui bénéficiaient d’un statut spécial pour travailler librement de l’autre côté de la frontière. Cela provoqua une grave crise économique au Yémen tout en envoyant un signal fort au président Saleh. Ce dernier revit sa politique pour devenir graduellement la marionnette de l’impérialisme US que nous connaissons aujourd’hui.

    Et les éléments progressistes du Sud l’ont laissé faire ?
    La réunification a été une grande déception pour les dirigeants du Sud. Ils se sont lancés dans ce processus sans véritable stratégie. Et comme nous l’avons vu, le Parti socialiste était très faible. Le centre du pouvoir gravitait donc au nord autour du président Saleh. Le régime était corrompu, le renvoi des Yéménites travaillant en Arabie Saoudite avait provoqué une crise majeure et la situation économique se détériorait.
    Tous ces facteurs ont amené le Sud à demander la sécession en 1994. Les séparatistes étaient soutenus par l’Arabie Saoudite qui préférait avoir un voisin divisé et faible pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’elle entretenait des contradictions avec son voisin sur le tracé de la frontière : le Yémen réclamait en effet certains territoires situés en Arabie Saoudite. Ensuite, parce qu’un Yémen uni avec un bon leadership pouvait apporter des problèmes aux classes féodales des pays du Golfe comme l’Arabie Saoudite.


    Ces tensions entre Nord et Sud débouchèrent finalement sur un conflit. Le président de confession zaydite mobilisa la population du Nord et une grande frange de l’armée autour de ses convictions religieuses pour lutter contre le Sud à majorité sunnite. Les séparatistes furent vaincus, ce qui affaiblit encore plus les anciens membres du Parti socialiste au sein du gouvernement yéménite. Cette guerre a finalement offert au Nord et à Saleh l’occasion d’asseoir leur domination sur les plans militaire et politique.

    Quinze ans plus tard, le Sud demande à nouveau la séparation. Pensez-vous que le président Saleh s’en sortira aussi bien cette fois ?
    Non, évidemment. Saleh doit affronter des problèmes de toutes parts. Le Sud réclame à nouveau un partage équitable du pouvoir après que ce gouvernement corrompu ait pratiquement ramené le pays à l’état féodal. Pour les Yéménites du Sud qui ont un passé progressiste, la situation n’est pas acceptable. Mais elle ne l’est pas non plus pour les Houtis au Nord. Et dans ce cas-ci, le président Saleh ne peut plus mobiliser une grande partie de la population et de l’armée autour de ses convictions religieuses : les Houtis sont aussi des zaydites ! La résistance houtiste a en fait permis de mettre à nu la véritable politique de ce gouvernement comme aucun stratège n’aurait pu le faire en si peu de temps. La population découvre ce qui se passe vraiment et le mécontentement gronde de plus en plus fort.

    Quelles sont les raisons de la colère du peuple yéménite ?
    Tout d’abord, la situation sociale et économique. Alors que le régime profite des richesses, le peuple devient de plus en plus pauvre. Il y a aussi le fait que le Yémen soit devenu un bastion de l’impérialisme US et que Saleh se soit rangé aux côtés de Washington dans sa guerre contre le terrorisme. Les Yéménites voient ce qui se passe en Afghanistan, au Pakistan et en Irak. Pour eux, c’est une guerre contre les musulmans. Barack Hussein Obama a beau avoir un nom musulman et faire tous les discours qu’il veut, il n’y a pas d’autres mots pour définir cette guerre.


    De plus, le gouvernement yéménite n’est même pas capable de protéger ses citoyens. Après les attentats du 11 septembre, certains ont été enlevés et séquestrés sans raisons. C’est arrivé à un chef religieux yéménite éminent. Alors qu’il se rendait aux Etats-Unis pour voir son fils, il a été arrêté et envoyé à Guantanamo sans motif valable. Après six années de détention, il a finalement été relâché. Mais il est décédé trois semaines plus tard, car sa détention l’avait rendu malade. Cette guerre contre le terrorisme ne fait vraiment pas l’unanimité au sein du peuple yéménite !


    Enfin, Saleh a reconnu les frontières de l’Arabie Saoudite dans le différend qui opposait les deux pays. Il a aussi autorisé les bombardiers saoudiens à pilonner la région où sont établis les rebelles houtistes. Pour les Yéménites, cette situation est inacceptable. Saleh est sur un siège éjectable. C’est pourquoi il a besoin du soutien des Etats-Unis qui agitent l’épouvantail d’Al-Qaïda afin de pouvoir agir librement dans le pays.

    Après l’Afghanistan et l’Irak, le Yémen va-t-il donc devenir le troisième front des Etats-Unis ?
    Je pense que ça l’est déjà. L’armée américaine a déjà envoyé des missiles et des troupes spéciales sur place. Elle fournit également beaucoup de matériel au Yémen, mais une bonne partie de ce dernier passe aux mains des résistants à cause des liens qu’ils entretiennent avec les zaydites de l’armée yéménite ! Cela fait six mois que Saleh a lancé une offensive de taille contre les Houtis.

    Il a également fait appel aux renforts des armées saoudienne et US. Je ne serais pas étonné qu’Israël rejoigne prochainement la partie. Mais malgré tout, ils ne parviennent pas à bout de la résistance houtiste. Cette dernière est logée dans une région montagneuse, comme les talibans. On sait toute la difficulté qu’il y a à combattre des rebelles sur ce terrain. De plus, les Houtis disposent d’assez d’armes pour combattre encore longtemps.

    Un nouvel échec en vue pour les Etats-Unis ?


    L’histoire semble se répéter pour les Etats-Unis. Ce pays a beau être aujourd’hui dirigé par un ancien musulman, sa politique n’a pas changé. Le discours d’Obama peut d’ailleurs être très semblable à celui de Georges W. Bush : il promet de traquer les terroristes où qu’ils soient. Washington agite l’épouvantail d’Al-Qaïda pour combattre des rebelles tapis dans les montagnes du Yémen ? Bush a fait la même chose il y a plus de huit ans avec l’Afghanistan et cette guerre n’est toujours pas finie.
    La question est de savoir combien de temps cela va-t-il encore durer. L’historien Paul Kennedy a relevé que le décalage entre la base économique et l’expansion militaire était l’un des principaux facteurs de déclin des grands empires. Si l’économie d’une grande puissance est en perte de vitesse, mais que ses dépenses militaires augmentent, cette grande puissance est condamnée à sombrer et à devenir très faible. C’est la situation des Etats-Unis aujourd’hui.
     
     
    Mohamed Hassan* est un spécialiste de la géopolitique et du monde arabe. Né à Addis Abeba (Ethiopie), il a participé aux mouvements d’étudiants dans la cadre de la révolution socialiste de 1974 dans son pays. Il a étudié les sciences politiques en Egypte avant de se spécialiser dans l’administration publique à Bruxelles. Diplomate pour son pays d’origine dans les années 90, il a travaillé à Washington, Pékin et Bruxelles. Co-auteur de L’Irak sous l’occupation (EPO, 2003), il a aussi participé à des ouvrages sur le nationalisme arabe et les mouvements islamiques, et sur le nationalisme flamand. C’est un des meilleurs connaisseurs contemporains du monde arabe et musulman.
     

    Déjà paru dans notre série "Comprendre le monde musulman":


    - Comment expliquer le succès du Hamas? ici
    - Réponse à vos questions sur le Hamas: "Gaza est un endroit normal avec des gens normaux" ici
    - Crise au Darfour: le sang, la faim et le pétrole ici
    - Afghanistan-Pakistan: Le trou noir de l'Empire ici
    - Que doit faire Ahmadinejad pour recevoir le Prix Nobel? ici
    - Somalie: Comment les puissances coloniales maintiennent le pays dans le chaos ici

    Image: Les aventures du prix Nobel de la paix : Barack part au Yémen. Grégoire Lalieu pour Investig'Action. ici


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  • Mary O’Grady du Wall Street Journal incite à la violence contre une communauté pour la paix colombienne

    par Bethléem Fernández

    mercredi 6 janvier 2010, par Primitivi

    Dans sa dernière initiative de relations publiques au nom des régimes de droite d’Amérique latine, Mary Anastasia O’Grady du Wall Street Journal a interviewé un ex-commandant du 5º Front des Forces Armées Révolutionnaires de la Colombie (FARC) - Daniel Martínez Sierra, alias « Samir » - qui a abandonné l’organisation en 2008 et qui sert maintenant de principal complice au gouvernement colombien dans ses efforts pour démontrer que les paysans sont des terroristes.
    Dans son article du 13 décembre intitulé « les FARC et ’la Communauté de Paix’ » (The FARC and the ’Peace Community’), O’Grady annonce que « la semaine dernière, les autorités colombiennes ont permis que [« Samir »] s’asseoit avec moi et me parle de son expérience comme guérillero » un arrangement qui n’a certainement pas dû déranger les autorités outre mesure.

    Terroristes potentiels de la Communauté pour la Paix ?
    Photo par Amelia Opalinska

    La ’Communauté pour la Paix’ en question est celle de San José de Apartadó, qui a été fondé en 1997 dans le nord-ouest du département d’Antioquia, près de la frontière avec le Panama. San José de Apartadó est un réseau de peuples géographiquement proches qui ont renoncé à collaborer avec les militaires, paramilitaires, ou les guérillas. Le rejet unilatéral des conflits armés n’a pas empêché que dans la communauté de seulement 1.500 personnes on ait perpétré 184 meurtres depuis sa fondation il y a 12 ans. Ce type de décès semble naturel en Colombie, puisque des philosophies de vie basée sur la non-violence ne paraissent pas être compatibles avec les efforts peux scrupuleux afin d’avoir la main mise sur des territoires pour exploiter les mines de charbon et autres ressources locales.

    Le sous-titre de l’article dont O’Grady est l’auteure - qui est à l’origine intitulé « les ONGs amies des FARC » - explique que les communautés pour la paix en Colombie « sont contrôlées par des ONGs » et que la communauté était « un important outil des FARC dans leur effort pour discréditer l’armée ». Peut-être dans un effort pour souligner son rejet de la paix, O’Grady commence son article :

    « Aux moments où les Etats-Unis se préparent à envoyer 30.000 soldats supplémentaires en Afghanistan dans une mission qui inclus la défense de la population civile au sein d’une narco-économie, l’expérience de la Colombie avec le trafic de drogues et le terrorisme pourrait s’avérer utile. Le témoignage de l’ex-commandant du 5° Front des Forces Armées Révolutionnaires de la Colombie (FARC), qui opère dans la région bananière d’Urabá qui est également un centre du narcotrafic, pourrait servir de première leçon. »

    La capacité des Etats-Unis à défendre les civils qui habitent des narco-économies est la première de toute une série d’hypocrisies quand l’histoire des USA est infestée d’épisodes où ils ont défendu des narco-économies aux dépens de la population civile - comme cela est arrivé avec le Plan Colombie, lequel n’a pas réduit la production de cocaïne colombienne, mais a donné lieu à la fumigation de nombreux paysans, de leurs enfants, leur bétail, et leurs approvisionnements en eau. Quant à ce que « la première leçon » signifie précisément, ça n’est pas très clair est-ce que O’Grady a l’intention de signaler à la population afghane de ne pas renoncer à la violence, ou comme un avertissement au gouvernement afghan de ne pas permettre aux ONGs d’entrer dans le pays.

    Le danger que courent les ONGs a été détaillé dans un discours de 2003 par le président colombien, Álvaro Uribe. O’Grady explique que Uribe, « a exprimé sa crainte face à la possibilité que quelques groupes de ’droits de l’homme’ étaient des façades pour des groupes terroristes. La gauche internationale, y compris le sénateur américain Chris Dodd, un démocrate qui représente l’Etat du Connecticut, a attaqué le président colombien pour avoir fait ces déclarations. » Des membres plus récents de la gauche internationale ont été identifiés en août 2009 par O’Grady dans un article intitulé « les amis des FARC au Honduras, » où elle démontre les liens terroristes du parti politique Unification Démocratique (UD), qui était contre le coup d’état au Honduras, à travers une lettre qui « était arrivée à son bureau ». La lettre avait été hypothétiquement trouvée dans un des ordinateurs de Raúl Reyes, le commandant des FARC abattu en Équateur en mars 2008 par l’armée colombienne, et qui un an et demi après l’incident continue à servir à incriminer ceux qui il est nécessaire d’accuser de liens avec les FARC.

    Quant au « ’Défenseurs des droits de l’homme’ amis des FARC », qui a été le titre d’un article en juillet 2008 où O’Grady suggère que le succès du sauvetage récent de la députée colombienne Ingrid Betancourt et de ses compagnons captifs des FARC avaient beaucoup à voir avec le fait que « [l’armée] a convaincu les rebelles FARC de mettre les otages à bord d’un hélicoptère. Les forces spéciales cachées ont a simplement dit aux commandants des FARC que l’aéronef était prêté par une ONG fictive. » Quant à l’assistance prêtée par ONGs au FARC dans la Communauté pour la Paix de San José de Apartadó, celle-ci ne s’est pas matérialisée en mars dernier pendant que j’étais à San Josesito - le principal village de la communauté. J’ai seulement trouvé deux italiens appartenant à une ONG allongés dans des hamacs à côté du four où ils cuisaient du pain. Ils ont expliqué qu’on ne leur permettait de prendre part à aucune activité qui pouvait être interprétée comme étant de caractère politique et que la présence des organismes internationaux n’était pas désirée plus que nécessaire pour éviter la fermeture de la communauté.

    O’Grady a perdu l’occasion d’ajouter les boliviens à la liste des « amis des FARC » quand le 22 novembre ele a choisi le titre « la fin de la démocratie bolivienne » pour son article sur l’imminente réélection présidentielle d’Evo Morales. Ses plaintes en ce qui concerne la perpétuation de la « narco-dictadure » en Bolivie et non en Colombie indiquent qu’elle ne reconnaît ce terme que quand il est appliqué à des situations où le président s’oppose à la pénalisation de la feuille de coca, et non dans les situations où un rapport de la U.S. Defense Intelligence Agency (DIA) décrirait le président comme « consacré à la collaboration avec le cartel de Medellín dans les plus hautes sphères du gouvernement ». Ce rapport en particulier a été compilé en 1991 durant le mandat d’Uribe comme sénateur et, en outre, le décrit comme un ami personnel de Pablo Escobar, célèbre parrain de la cocaïne.

    Un autre individu avec des antécédents dans la cocaïne est son interlocuteur, l’ex-membre des FARC, Samir, qui selon elle « a été ennuyé par la décision des FARC d’entrer dans le trafic de drogues et de travailler avec les paramilitaires pour ce commerce lucratif. Il s’est aussi opposé à l’exploitation des paysans ». Le fait que Samir ait attendu 23 ans pour s’opposer aux activités partisanes n’interfère pas avec l’apparente conviction d’O’Grady que l’ex-commandant repenti doit être considéré comme une source vraiment fiable, et il explique que « en échange d’une réduction de peine, il a dû donner une information sur ce qu’il a fait pendant les deux décennies durant lesquelles a appartenu au FARC. » Samir a été grâcié et le gouvernement colombien l’a nommé « gestionnaire de paix » en juin 2009 - une position offerte aux guérilleros déserteurs qui s’engageraient à promouvoir la réconciliation nationale, conformément aux stratégies dictées par le gouvernement. Le gouvernement n’a pas expliqué pourquoi Pablo Escobar ne s’est jamais vu offrir un poste dans le bureau des conseillers sur les drogues dans les collèges de la ville de Medellín, la Colombie.

    Les offres d’opportunités lucratives de la part d’Uribe aux paramilitaires colombiens fait partie de la loi Justice et Paix de 2005, qui a réussi a masquer le regroupement de nouvelles bandes paramilitaires avec des noms différents comme une démobilisation totale. Ce faisant durant ma récente visite dans le département du Putumayo les habitants de plusieurs villes m’ont informé avoir reçu des tracts, qui ne sont plus signés par « les Auto-défenses Unies de la Colombie » (AUC - l’organisation paramilitaire qui a signé les accords de paix) mais par « les Aigles Noirs » en menaçant de mort certains secteurs de la société, comme les personnes qui quitteraient leur domicile après 22h. O’Grady, choisit toutefois de ne pas se référer à la Loi Justice et Paix, mais plutôt à l’ONG colombienne appelée Justice et Paix, comme étant du côté des terroristes.
    María Brígida González, membre fondateur de la communauté, dont la fille a été tuée en 2005 par la 17° brigade de l’armée colombienne
    Photo par Amelia Opalinska

    Selon O’Grady, Justice et Paix est une des ONGs « qui contrôlent » la Communauté pour la Paix de San José de Apartadó, et ses dirigeants, en accord avec Samir, « avaient une relation proche » avec les chefs des FARC « depuis leurs débuts. » D’autres détails significatifs fournis par Samir incluent que « la Communauté pour la Paix était un refuge pour les blessés, les malades des rebelles FARC et pour stocker des approvisionnements médicaux, » - une affirmation qui est contredite parce que j’ai dormi dans l’infirmerie du village de San Josesito pendant ma visite en mars et cette dernière n’hébergeait ni rebelles, ni approvisionnements médicaux. Avec ses allégations de relation étroite entre la communauté et les FARC, elle n’explique pas pourquoi les membres de la communauté attribuent 24 des 184 meurtres ayant eu lieu depuis 1997 à la guérilla. Arón David, membre du Conseil Interne de San José, a toutefois admis que les FARC remboursaient, plus souvent que les autres groupes armés, les citoyens s’ils consommaient ou détruisaient leurs récoltes et le bétail.

    La paix vécue dans la Communauté pour la Paix est due à un système de groupes collectifs de travail qui cultivent cacao, maïs, yucca, et bananes miniature exportés vers les USA conditionnés dans des sacs plastique portant l’étiquette « Baby ». David regrette les liens paramilitaires avec les intermédiaires dans la chaîne commerciale de la banane et l’impossibilité qu’ils puissent vivre dans un isolement total par rapport aux conflits armés colombiens. O’Grady n’a évidemment pas suggéré, ce désir ardent des communautés de s’isoler totalement du conflit armé, et affirme que, « selon Samir, la Communauté pour la Paix a aidé les FARC dans son effort pour stigmatiser l’armée colombienne comme un violateur des droits de l’homme. »

    ET bien que O’Grady ait apparentement commencé son article comme un effort pour démontrer l’affection pour les FARC logé par les ONGs, elle venait ici de formuler des charges sans fondement dont celle selon laquelle « la Communauté pour la Paix a aidé les FARC », qui est précisement le type de liens que la communauté a tenté de rejeter avec la règle qui stipule qu’il ne faut soutenir aucun des acteurs armés. María Brígida González, une femme avec deux tresses de couleur grise qui est une des fondatrices de la Communauté pour la Paix, qui a en outre perdu sa fille Eliseña de 15 ans en décembre 2005 lors d’un massacre perpétré par la 17° brigade de l’armée colombienne, m’a expliqué que l’armée avait justifié l’action en alléguant que Eliseña et les 5 autres victimes, assassinées quand ils dormaient, étaient des combattants des FARC. Quant à l’objectif final des massacres commis par des groupes armés colombiens, González a confirmé que c’était « pour semer la terreur, déplacer tout le monde, et ainsi pouvoir exploiter les ressources de la terre. »

    O’Grady continue à rapporter comme la Communauté pour la Paix a aidé « les FARC dans leur effort pour stigmatiser l’armée colombienne comme un violateur des droits de l’homme » : « Quand la communauté se préparait à accuser quelqu’un de violation des droits de l’homme, Samir organisait des « témoins » en ordonnant à des membres des FARC qu’ils s’habillent en civils pour qu’ils donnent leur témoignage. »

    Comment est-ce que les guérilleros ont eu le temps de s’habiller en civil et pour dénoncer des abus sur les droits de l’homme, tout en continuant avec leurs fonctions normales de trafiquants de drogues et l’exploiteurs des paysans, cela n’est pas claire, quoique l’implicite talent de performance des FARC révèlent la nature de la rencontre entre O’Grady et Samir. D’autres manières d’habiller des personnes était pratiquées par l’armée colombienne comme cela a été décrit dans le rapport sur la Colombie de Human Rights Watch (HRW) en 2008, qui établit que « les membres de l’armée prennent des civils dans leurs maisons ou sur leur lieux de travail, ils les tuent, et ensuite ils les habillent comme les FARC pour affirmer qu’ils étaient des combattants morts en action. »

    ET comme si les FARC n’avaient pas déjà suffisaments de collaborateurs dans leur campagne de diffamation contre l’armée, on ajoute Jorge Humberto Milanés Vallée, lieutenant retraité de l’armée, protagoniste d’un article publié le 14 décembre dans le journal colombien El Espectador intitulé « Un militaire admet la responsabilité de la 17° brigade dans le massacre de San José de Apartadó ». Jusqu’à présent, O’Grady s’est abstenu une réplique titrée « L’armée colombienne amie des FARC », probablement parce qu’elle préfère faire abstraction de certaines parties de l’histoire de la Communauté pour la Paix, comme le massacre de du 21 février 2005, qui ne doit pas être confondu avec le massacre de 2005, qui a coûté la vie à Eliseña.

    Le premier massacre, a entraîné la mort de 8 membres de la communauté, y compris le chef communautaire Luis Eduardo Guerra, un enfant de 5 années d’âge, et un bébé de 18 mois. De proéminents médias colombiens, obéissants, ont dénoncé l’incident comme étant le travail des FARC et ont accusé Guerra d’être un guérillero essayant de déserter. Mais ces affirmations ont perdu leur crédibilité avec les confessions de militaires et paramilitaires, des confessions qui ont été amoindries avec l’extradition aux USA, en conformité avec la Loi Justice et Paix, d’un ex-paramilitaire démobilisé mêlé au massacre. L’extradé fait maintenant face à des charges de narcotrafic au lieu de charges en rapport avec la violation de droits de l’homme en Colombie. Les données fournies par le lieutenant Milanés confirmaient que les membres de la 17° brigade de l’armée colombienne avaient fourni l’accès aux paramilitaires appartenant du front « Héros de Tolová » des AUC dans la zone de la Communauté pour la Paix.

    Selon l’article d’El Espectador, l’accès aux paramilitaires a été aussi facilité parce que les combattants s’étaient déguisés en paysans. Ce qui suggère que les FARC n’ont pas été les seuls capables de s’habiller en civils. Le talent des paramilitaires pour agir en civil a été dénoncé par HRW dans son rapport de 2008 sur la Colombie : « Tandis que plus de 30.000 [paramilitaires] ont été hypothétiquement démobilisés, les procureurs colombiens ont trouvé des preuves que beaucoup d’entre eux n’étaient pas paramilitaires, mais plutôt des civils engagés pour se faire passer pour paramilitaires. Les autorités n’ont jamais fait des recherches sur majorité de ces cas. »

    Le membre de la Communauté Paix, d’Arley Tuberquia, chargé de la station de radio communautaire m’a informé en mars que la seule raison pour laquelle il y a eu une enquête sur le massacre du 21 février a été que les USA avaient suspendu une partie de l’aide militaire à la Colombie, mais qu’une telle préoccupation n’avait pas été étendue aux 750 autres accusations de violations des droits de l’homme que la communauté avait dénoncées contre la 17° brigade de l’armée - incluant des viols, des déplacements forcés, des blocus économiques -. Le membre du Conseil Interne, Jesus Emilio Tuberquia, pendant ce temps, a fait valoir que le gouvernement faisait des recherches sur les massacres selon les visites des présidents nord-américains en Colombie. ET des rapports de témoins oculaires indiquent que l’armée avait joué un rôle plus direct dans les meurtres au lieu de se limiter seulement à fournir l’accès de la zone aux paramilitaires, Tuberquia a affirmé qu’il n’y avait pas une grande différence entre les soldats et ce qui est paramilitaires de toutes manières, tous les deux travaillaient au nom de l’État, quelque chose mentionné par Ingrid Betancourt dans une entrevue avec la BBC après le sauvetage de du 2008, dans lequel il a souligné l’appui écrasant de de ce qui est paramilitaires à Uribe.

    Après le massacre du 21 février, le gouvernement colombien a déterminé que la réponse la plus adéquate à l’incident serait l’installation d’un commissariat de police dans le villagede San José de Apartadó, où on trouvait le noyau du village. Comme la présence de policiers violait naturellement le compromis de la communauté de vivre à part de tout acteur armé, la majorité des habitants se sont déplacés à un kilomètre, où s’est fondé San Josesito afin de servir de nouveau noyau du village. Pendant la commémoration du 12º anniversaire de la Communauté pour la Paix en mars dernier, les paysans qui arrivaient à San Josesito des zones les plus éloignées ont expliqué que plusieurs de leurs collègues étaient restés en arrière afin de protéger leurs maisons contre l’armée, mais ceci n’empêche pas O’Grady de conclur son récent article de la manière suivante : « Mais ce que l’on ne peut nier est que tandis que les FARC ont été largement discrédité parmi la population rurale, c’est l’armée colombienne, et non la soit-disant Communauté pour la Paix, qui a pacifié Urabá et offert une nouvelle vie à ses habitants. »

    La raison pour laquelle O’Grady est soudainement arrivée à cette conclusion n’est pas claire, parce qu’elle s’est abstenu de citer un seul exemple de pacification ou de nouvelle vie dans la région d’Urabá, mais l’armée colombienne a toutefois retourné le compliment d’O’Grady en publiant son article sur son site web. Quant à la nouvelle vie de Samir, O’Grady déclare que « Évidemment, ses adversaires l’accusent d’avoir inventé tout ceci pour plaire au gouvernement ». Mais elle n’aborde pas le fait que la démobilisation de Samir en 2008 a consisté en son transfert à la 17° brigade de l’armée, laquelle s’est abstenue de le livrer au bureau du Procureur Général comme le requiert la loi, un détail que le Père Javier Giraldo, de l’ONG Justice et Paix, mentionne dans sa réponse à l article d’O’Grady.

    Les idées pour leurs futurs articles, comme « les amis FARC d’Uribe » ont été suggérées par le message d’Ingrid Betancourt en 2008, dans lequel elle dit que « sans les FARC, Uribe n’existerait pas » - au moyen duquel elle expliquait pourquoi les colombiens avaient voté pour Uribe, mais la phrase peut aussi être une explication du pourquoi il doit conserver les guerillas. En implicant la Communauté pour la Paix de San José de Apartadó avec les FARC, O’Grady s’implique elle-même dans la violence continue contre la Communauté, ainsi que contre les ONGs colombiennes et internationales. quoiqu’elle n’ait jamais établi ce qu’elle proposait dans « la première leçon » pour l’Afghanistan, cela peut-être une leçon que l’Afghanistan a déjà apprise, qui est que les conflits armés peuvent être perpétués à travers l’application libérale du terme « terroriste ».

    Belen Fernandez a été reporter au Honduras depuis juillet. Son livre "Coffee with Hezbollah" (Café avec le Hezbollah), un carnet de voyage politique basé sur un voyage en auto-stop à travers le Liban durant le contrecoup de la guerre de 2006, sera bientôt publié. Elle peut être jointe à belengarciabernal[at]gmail.com.


    Source :
    Upside Down World Mary O’Grady Incites Violence in Colombian Peace Community
    via Prensa Rural Mary O’Grady incita a la violencia contra una Comunidad de Paz de Colombia
    Traduction : Primitivi

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  • Le président Barack Obama a éloigné les Etats-Unis de l’Amérique Latine et de l’Europe en validant le coup d’Etat militaire au Honduras

    Noam CHOMSKY

    Barack Obama est le quatrième président américain à gagner le prix Nobel de la Paix et il rejoint ses prédécesseurs dans cette longue tradition de "pacification" qui depuis toujours, a servi les intérêts états-uniens.

    Les quatre présidents primés ont laissé leur empreinte sur “notre petite province lointaine, qui n’a jamais fait de mal à personne” comme le secrétaire à la Guerre, Henry L. Stimson, appelait les Amériques en 1945.

    Face à la position du gouvernement Obama quant aux "élections" au Honduras de novembre dernier, il convient de rappeler quelques éléments historiques.

    Théodore Roosevelt

    Au cours de son second mandat en tant que président, Theodore Roosevelt a déclaré que “l’expansion des peuples de sang blanc ou européens au cours des quatre derniers siècles s’est traduite par des bénéfices durables pour les peuples qui existaient déjà sur les terres où s’est déroulée cette expansion" (malgré tout ce que peuvent penser les afro-américains, les philippins et autres “bénéficiaires”)

    Par conséquent, il était “inévitable et en grande partie souhaitable pour l’humanité tout entière que le peuple étasunien termine vainqueur face aux mexicains et conquière la moitié du Mexique.” puisqu’il “était hors de question que les (texans) se soumettent à la suprématie d’une race inférieure”. Utiliser la diplomatie des flottes militaires pour ravir les terres de Panama et de Colombie et y construire un canal constitua un autre cadeau pour l’humanité.

    Woodrow Wilson

    Woodrow Wilson fut le plus honnête des présidents récompensé par le prix Nobel, et probablement le pire pour l’Amérique Latine. Son invasion d’Haïti en 1915 a tué des milliers de personnes, a quasiment réinstauré l’esclavage et à laisser une large part du pays en ruines.

    Pour prouver son amour de la démocratie, Wilson a ordonné à ses Marines de mitrailler le Parlement haïtien, en représailles au refus d’approuver une législation progressiste qui permettait aux entreprises étasuniennes d’acheter le pays caribéen. Wilson remédia au problème lorsque les Haïtiens adoptèrent une Constitution dictée par les Etats-Unis, rédigée avec le pistolet des marines sur la tempe. Cet effort sera “bénéfique pour Haïti” assura alors aux captifs le Département d’Etat. Wilson a également envahit la République Dominicaine, pour garantir son bien-être. Cette nation et Haïti resteront sous le commandement de polices violentes. Des décennies de torture, violence marqueront la doctrine de politique étrangère étasunienne.

    Jimmy Carter

    Pour le président Jimmy Carter, les droits humains étaient “l’âme de notre politique étrangère”. Robert Pastor, conseiller en Sécurité Nationale pour l’Amérique Latine expliqua qu’il fallait faire une différence importante entre les droits et la politique. Fait regrettable, l’administration étatsunienne dût soutenir le régime du dictateur nicaraguayen Anastasio Somoza, et quand cette politique se révéla impossible à poursuivre, elle maintint une force spéciale entrainée aux Etats Unis, même si celle-ci perpétuera ensuite des massacres contre la population “d’une brutalité équivalente à celle que les nations réservent à leurs ennemis” selon les propos du même fonctionnaire, lesquelles firent quelques 40 000 morts.

    Pour Pastor, la raison est élémentaire : “Les Etats Unis ne voulaient pas contrôler le Nicaragua ni aucun autre pays de la région, mais ne souhaitaient pas non plus que les événements leur échappent. Ils voulaient que les nicaraguayens agissent de manière indépendante, sauf si cela pouvait atteindre les intérêts des Etats Unis”.

    Barack Obama

    Le président Barack Obama a éloigné les Etats Unis de presque toute l’Amérique Latine et de l’Europe en validant le coup d’Etat militaire qui mit un terme à la démocratie hondurienne en juin 2009.

    Les émeutes qui suivirent ont, pour le New York Times reflété “les abyssales et croissantes divisions politiques et socio-économiques. (...)" Pour la “petite classe sociale aisée” Le président hondurien Manuel Zelaya était devenu une menace pour ce que cette classe appelle la “démocratie” mais qui en réalité est le gouvernement des “forces patronales et politiques les plus puissantes du pays”.

    Zelaya a pris des mesures extrêmement dangereuses comme l’augmentation du salaire minimum dans un pays où 60% de la population vit dans la pauvreté, il devait donc s’en aller.

    Les Etats-Unis ont été pratiquement la seule nation à reconnaitre les "élections" (dont est sorti victorieux Pepe Lobo) tenues sous l’égide d’un gouvernement militaire et qui furent “une grande célébration de la démocratie” selon l’ambassadeur d’Obama au Honduras, Hugo Llorens.

    L’appui aux élections permet également de garantir aux Etats Unis l’usage pérenne de la base aérienne de Palmerola, située en territoire hondurien, dont la valeur pour l’armée étasunienne augmente à mesure où elle se voit expulsée de la majeure partie des pays d’Amérique Latine.

    Après les élections, Lewis Anselem, représentant d’Obama devant l’Organisation des États Américains (OEA) a conseillé aux Etats latino-américains d’accepter le coup militaire et d’appuyer les Etats Unis : “le monde réel, ce n’est pas le réalisme magique”.

    Obama a ouvert la brèche en appuyant le coup militaire. Le gouvernement étasunien finance l’Institut International Républicain (IRI) et l’Institut National pour la Démocratie (NDI) qui déclarent défendre la démocratie.

    L’IRI appuie régulièrement les coups d’Etat militaires pour renverser des gouvernements élus comme celui survenu au Venezuela en 2002 et en Haïti en 2004. Le NDI s’était jusqu’alors retenu. Au Honduras, pour la première fois, cet institut a accepté d’être observateur des élections organisées par le régime de facto, à la différence de l’OEA et de l’ONU, qui continuent de vivre dans le monde du réalisme magique.

    A cause de l’étroite relation qu’entretient le Pentagone avec l’armée hondurienne, tout comme l’énorme influence économique étatsunienne dans ce pays d’Amérique Centrale, il aurait été très simple pour Obama de s’unir aux efforts des latino-américains et des européens pour défendre la démocratie au Honduras.

    Mais Obama a choisi la politique traditionnelle.

    Dans son histoire des relations hémisphériques, l’académicien britannique Gordon Connell-Smith écrit : "Alors qu’ils tentent de faire croire au mythe qu’ils agissent en faveur de la démocratie représentative en Amérique Latine, les Etats-Unis ont des intérêts importants qui vont justement dans la direction opposée et qui utilisent la démocratie “comme un simple procédé, spécialement quand se tiennent des élections qui le plus souvent sont une farce”.

    Une démocratie fonctionnelle peut répondre aux préoccupations du peuple, alors que “les Etats Unis se soucient plus de réunir les conditions les plus favorables pour leurs investissements privés à l’étranger

    Il faut une bonne dose de ce que l’on appelle parfois “ignorance intentionnelle” pour ne pas voir ces faits.

    Il faut donc maintenir soigneusement cette cécité si l’on a pour désir que la violence d’Etat suive son cours et joue son rôle. Toujours en faveur de l’humanité comme nous l’a rappelé Obama une fois encore dans son discours de réception du prix Nobel.

    Noam Chomsky
    pour La Jornada de Mexico . Titre original : "Pacificación" presidencial en América Latina.

    Traduction : Grégoire Souchay pour : http://www.larevolucionvive.org.ve/

     

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    Pacificación presidencial en América Latina
    Noam Chomsky
    Foto
    Estadunidenses en favor y en contra de Obama se manifiestan en Kailua, Hawai, donde vacaciona Foto Reuters

    Barack Obama es el cuarto presidente estadunidense en ganar el Premio Nobel de la Paz y se une a otros dentro de una larga tradición de pacificación que desde siempre ha servido a los intereses estadunidenses.

    Los cuatro presidentes dejaron su huella en nuestra pequeña región de allá, que nunca ha molestado a nadie como caracterizó al hemisferio el secretario de Guerra, Henry L. Stimson, en 1945.

    Dada la postura del gobierno de Obama hacia las elecciones en Honduras de noviembre último, vale la pena examinar el historial.

    Theodore Roosevelt

    En su segundo mandato como presidente, Theodore Roosevelt dijo que la expansión de pueblos de sangre blanca o europea durante los pasados cuatro siglos se ha visto amenazada por beneficios duraderos para los pueblos que ya existían en las tierras en que ocurrió dicha expansión (pese a lo que puedan pensar los africanos nativos americanos, filipinos y otros beneficiados puedan creer).

    Por lo tanto, era inevitable y en gran medida deseable para la humanidad en general, que el pueblo estadunidense terminara por ser mayoría sobre los mexicanos al conquistar la mitad de México”, además de que estaba fuera de toda discusión esperar que los (texanos) se sometieran a la supremacía de una raza inferior.

    Utilizar la diplomacia de los barcos artillados para robarle Panamá a Colombia y construir un canal también fue un regalo para la humanidad.

    Woodrow Wilson

    Woodrow Wilson es el más honrado de los presidentes galardonados con el Nobel y posiblemente, el peor para América Latina. Su invasión a Haití en 1915 mató a miles, prácticamente reinstauró la esclavitud y dejó a gran parte del país en ruinas.

    Para demostrar su amor a la democracia, Wilson ordenó a sus marines desintegrar el Parlamento haitiano a punta de pistola en represalia por no aprobar una legislación progresista que permitía a corporaciones estadunidenses comprar el país caribeño. El problema se remedió cuando los haitianos adoptaron una Constitución dictada por Estados Unidos, redactada bajo las armas de los marines. Se trataba de un esfuerzo que resultaría benéfico para Haití, aseguró el Departamento de Estado a sus cautivos.

    Wilson también invadió República Dominicana para garantizar su bienestar. Esta nación y Haití quedaron bajo el mando de violentos guardias civiles. Décadas de tortura, violencia y miseria en ambos países fueron el legado del idealismo wilsoniano, que se convirtió en un principio de la política exterior estadunidense.

    Jimmy Carter

    Para el presidente Jimmy Carter, los derechos humanos eran el alma de nuestra política exterior. Robert Pastor, asesor de seguridad nacional para temas de América Latina, explicó que había importantes distinciones entre derechos y política: lamentablemente la administración tuvo que respaldar el régimen del dictador nicaragüense Anastasio Somoza, y cuando esto resultó imposible, se mantuvo en el país a una Guardia Nacional entrenada en Estados Unidos, aun después de que se habían perpetrado matanzas contra la población de una brutalidad que las naciones reservan para sus enemigos, según señaló el mismo funcionario, y en que murieron unas 40 mil personas.

    Para Pastor, la razón es elemental: Estados Unidos no quería controlar Nicaragua ni ningún otro país de la región, pero tampoco que los acontecimientos se salieran de control. Quería que los nicaragüenses actuaran de forma independiente, excepto cuando esto podía afectar los intereses de Estados Unidos.

    Barack Obama

    El presidente Barack Obama distanció a Estados Unidos de casi toda América Latina y Europa al aceptar el golpe militar que derrocó a la democracia hondureña en junio pasado.

    La asonada reflejó abismales y crecientes divisiones políticas y socioeconómicas, según el New York Times. Para la reducida clase social alta, el presidente hondureño Manuel Zelaya se había convertido en una amenaza para lo que esa clase llama democracia, pero que en realidad es el gobierno de las fuerzas empresariales y políticas más fuertes del país.

    Zelaya adoptó medidas tan peligrosas como el incremento del salario mínimo en un país en que 60 por ciento de la población vive en la pobreza. Tenía que irse.

    Prácticamente solo, Estados Unidos reconoció las elecciones de noviembre (en las que resultó victorioso Pepe Lobo); las que se celebraron bajo un gobierno militar y que fueron una gran celebración de la democracia, según el embajador de Obama en Honduras, Hugo Llorens.

    El apoyo a los comicios también garantiza para Estados Unidos el uso de la base aérea de Palmerola, en territorio hondureño, cuyo valor para el ejército estadunidense se incrementa medida de que está siendo expulsado de la mayor parte de América Latina.

    Después de las elecciones, Lewis Anselem, representante de Obama ante la Organización de Estados Americanos, aconsejó a los atrasados latinoamericanos que aceptaran el golpe militar y secundaran a Estados Unidos en el mundo real, no el el mundo del realismo mágico.

    Obama abrió brecha al apoyar un golpe militar. El gobierno estadunidense financia al Instituto Internacional Republicano (IRI, por sus siglas en inglés) y al Instituto Nacional Democrático (NDI, por sus siglas en inglés) que, se supone, promueven la democracia.

    El IRI regularmente apoya golpes militares para derrocar a gobiernos electos como ocurrió en Venezuela, en 2002, y en Haití, en 2004. El NDI se ha contenido. En Honduras, por primera vez, éste instituto acordó observar las elecciones celebradas bajo un gobierno militar de facto, a diferencia de la OEA y la ONU, que seguían paseándose por el mundo del realismo mágico.

    Debido a la estrecha relación entre el Pentágono y el ejército de Honduras, así como la enorme influencia económica estadunidense en el país centroamericano, hubiera sido muy sencillo para Obama unirse a los esfuerzos de latinoamericanos y europeos para defender la democracia en Honduras.

    Pero Barack Obama optó por la política tradicional.

    En su historia de las relaciones hemisféricas, el académico británico Gordon Connell-Smith escribe: Mientras se habla de dientes para afuera en favor de una democracia representativa para América Latina, Estados Unidos tiene importantes intereses que van justo en la dirección contraria, y que requieren de la democracia como un mero procedimiento, especialmente cuando se celebran elecciones que, con mucha frecuencia, han resultado una farsa.

    Una democracia funcional puede responder a las preocupaciones del pueblo, mientras Estados Unidos está más preocupado en coadyuvar las condiciones más favorables para sus inversiones privadas en el extranjero.

    Se requiere una gran dosis de lo que a veces se conoce como ignorancia intencional para no ver estos hechos.

    Una ceguera así debe ser celosamente guardada si es que se desea que la violencia de Estado siga su curso y cumpla su función. Siempre en favor de la humanidad, como nos recordó Obama otra vez en su discurso al recibir el Premio Nobel.

    Traducción: Gabriela Fonseca


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  • Le Nigérian A La Bombinette : Une Opération Sous Faux Pavillon Pour Une Nouvelle Guerre D’Agression US…Au Yémen ?


    par Anne-Nonyme 
    Ici   


    de Mireille Delamarre

    Des similitudes avec le cas Reid des inconsistances dans cette affaire remettent en cause la version officielle simpliste colportée par les médias serviles. Obama a besoin de justifier sa prochaine guerre… au Yémen. Cette opération sous faux pavillon tomberait donc à pic. Explications


    Du déjà vu
    Souvenez vous le 22 décembre 2001, Richard Reid l’homme à la chaussure bourrée d’explosifs était arrêté pour avoir tenté selon les autorités officielles de faire sauter un avion de l’American Air Lines, le vol 63 venant de Paris à destination de Miami. Cette fois, à Noël, huit ans plus tard, Umar Farouk Abdul Mutallab, un Nigérian de 23 ans, a lui essayé de faire sauter un avion américain de la Cie Northwest Airlines le vol 253, reliant Amsterdam à Détroit aux USA.

    Tous deux ont utilisé le même type d’explosif le PETN ( pentaerythritol) ont été maîtrisés par des passagers des vols qu’ils étaient supposés faire exploser, et dans les deux cas également, les autorités responsables de la sécurité aéroportuaire en ont profité pour resserrer les contrôles des passagers. Dans le cas de Reid, l’obligation d’enlever ses chaussures et autres mesures de fouilles approfondies, et dans le cas d’Umar, interdiction de se lever pendant une heure avant l’atterrissage et d’autres restrictions aux libertés de mouvement à venir.

    Autre similitude entre l’affaire Reid et celle d’Umar, l’environnement politique particulièrement volatile. Pour Reid cela s’est passé juste après les attaques du 11 Septembre à New York alors que l’Administration Bush se préparait déjà depuis plusieurs mois à attaquer et occuper l’Afghanistan et l’Irak. Dans le cas d’Umar, le moment est lui aussi politiquement sensible puisqu’ Obama vient de lancer une grande offensive en Afghanistan avec de larges débordements au Pakistan, a ordonné récemment à l’aviation américaine « d’aider » les forces armées du gouvernement yéménite à bombarder de soit disant repères de « terroristes » d’Al Qaeda, où, selon ce que colportent les médias pro guerre, Umar aurait reçu un « entraînement » dans l’utilisation d’explosifs.

    Le fiasco de sa tentative pour allumer ce que les passagers du vol 253 ont eux-mêmes qualifié de «pétard », semble démontrer soit que ce type d’ « entraînement » n’est pas sérieux, soit en fait que cette histoire d’ »entraînement » au Yémen est tout simplement bidon. Reid n’avait pas réussi lui non plus à faire détonner ses explosifs placés dans sa chaussure.

    L’affaire Umar, des inconsistances évoquant une opération sous faux pavillon.

     


    Le père d’Umar, le Dr Umaru Mutallah, l’un des plus importants banquiers nigérian, ancien ministre de l’économie du Nigeria, a contacté l’ambassade US et rencontré des responsables de la CIA de même que des hauts fonctionnaires de l’agence des services de renseignement de son pays et les a prévenu que son fils représentait un danger. Alors pourquoi Umar a –t-il été autorisé à monter à bord d’un avion en partance pour les US. Les autorités américaines disent qu’il était dans une banque de données d’individus surveillés mais pas sur la liste de ceux interdits de vol malgré les alertes de son père.

    Autre inconsistance : Umar qui n’avait pas de passeport a pu prendre le vol 253, dans des circonstances pas claires du tout. Un passager de ce vol, Kurt Haskell, a livré un témoignage des plus accablants sur la manière dont Umar a pu monter à bord de cet appareil.

    « J’étais à proximité du terroriste quand il a été contrôlé à l’aéroport d’Amsterdam tôt à Noël. Ma femme et moi-même nous jouions aux cartes directement devant le bureau d’enregistrement. C’est ce que j’ai vu (et j’ai fait cette déclaration au FBI quand nous avons été retenus à la douane) :

    « un homme d’Inde bien habillé d’environ 50 ans s’est approché du bureau d’enregistrement avec le terroriste et a dit « cet homme a besoin de monter à bord de ce vol et il n’a pas de passeport » Les deux hommes formaient un couple bizarre, le terroriste un homme petit noir qui semblait être très pauvre et avoir environ 17 ans (bien que je pense qu’il ait 23 ans il ne les fait pas). Cela ne m’est pas venu à l’esprit que c’était des terroristes, seulement qu’ils formaient un couple bizarre. Le contrôleur de billet a dit « vous ne pouvez pas monter à bord sans passeport ». L’indien a alors répondu, « il vient du Soudan, nous faisons cela tout le temps. » Je ne peux que conclure de cela qu’il est difficile d’obtenir des passeports au Soudan et que c’était en quelque sorte un stratagème motivé par de la sympathie. Le contrôleur de billet a alors dit : « vous devrez discuter avec mon directeur » et a envoyé les deux hommes dans le couloir. Je n’ai plu revu l’indien il n’était pas sur le vol. C’est aussi étrange que le terroriste n’ait prononcé aucune parole pendant tout cet échange. De toute façon, le terroriste à réussi à monter à bord. Je ne suis pas sûr qu’il y ait eu un pot de vin ou simplement de la sympathie de la part du directeur de la sécurité ».

    Pourtant, les contrôles de sécurité à l’aéroport d’Amsterdam sont réputés très stricts les passagers sont même soumis à un interrogatoire personnel.

    Autre élément troublant dans les témoignages donnés de cette tentative pour faire exploser en vol un avion américain, ce qu’a dit de Jasper Shuringa le passager qui a bondi de son siège pour maîtriser Umar et éteindre le début d’incendie :

    « Il tremblait. Il n’a opposé aucune résistance. C’est tout simplement difficile de croire qu’il était entrain d’essayer de faire sauter l’avion. Il était en transe. Il avait très peur. »

    Le fait qu’il n’ait pas résisté laisse planer de sérieux doutes sur ses capacités de "jihadiste" tout comme Reid d’ailleurs. Les deux semblaient présenter au moment des faits des attitudes et comportements de personnes sous l’emprise de stupéfiants..

    La narration officielle simpliste faite de ces évènements et colportée complaisamment par les médias de masse commence à s’effriter alors que de nouvelles informations émergent.

    Un an à peine après son investiture, Barack Obama a endossé la politique étrangère de « guerre contre le terrorisme » « guerre contre Al Qaeda » de Bush II en ce qui concerne les états que les US qualifient de «voyous » comme le Yémen et la Somalie.

    Au Yémen, selon le NYT, la CIA est déjà très active depuis plus d’un an dans le cadre d’opérations clandestines et la formation d’agents gouvernementaux de contre insurrection. Dans les 18 mois à venir, le gouvernement US va dépenser 70 millions de $ pour financer le déploiement de forces spéciales US pour ces entraînements et pour équiper les forces armées yéménites soit le double de ce qui avait été dépensé auparavant.

    L’administration Obama essaie de développer des relations de vassalité avec l’actuel président du Yémen, Ali Abdullah Saleh. Ce pays occupe une position stratégique dans la péninsule arabique et selon Christopher Boucek, spécialiste du Yémen à la Carnegie Endowment for International Peace à Washington «les problèmes de sécurité au Yémen ne sont pas l’affaire du seul Yémen… ce sont des problèmes régionaux et ils affectent également les intérêts occidentaux ». Autrement dit l’interventionnisme guerrier américain a trouvé une nouvelle proie : ce pays pauvre, instable, dont les dirigeants sont facilement manipulables.

    Les USA se sont fait une spécialité d’attaquer ce genre de pays faible stratégiquement bien situé.


    Obama peut compter sur « l’opposition » à Washington pour lui faire endosser cette nouvelle « guerre de nécessité ». Certains sénateurs faucons républicains mais aussi Joe Lieberman, un sioniste américain à l’avant-garde de toutes les initiatives guerrières des US, ont déjà exigé d’Obama qu’il lance une attaque "préventive" contre ces « nids de terroristes d’Al Qaeda » au Yémen.

    Mais, l’opinion publique américaine, majoritairement contre de nouvelles guerres, n’est pas prête à accepter une nouvelle guerre de « nécessité ». Pour finir de la persuader d’échanger liberté contre fausse sécurité le totalitarisme qu’il soit le fait d’un président blanc ou noir adopte toujours les mêmes méthodes. Faire régner la terreur au besoin en montant de fausses attaques, ce que l’on appelle une opération sous faux pavillon.

    L’affaire Umar - montée en épingle par des médias dont le rôle principal c’est de battre le rappel des troupes comme le fait si bien le NYT qui s’évertue à vendre à cette opinion publique américaine une attaque «préventive» contre un pays repère de « terroristes » - présente des éléments troublants qui font penser à ce genre d'opération.
    Mireille Delamarre


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  • Prix Nobel de la guerre : « si tu veux la paix prépare la guerre »

    Oscar FORTIN

    OBAMA, président des États-Unis, vient d’expliquer, dans son discours de réception du Prix Nobel de la Paix, jusqu’à quel point les guerres sont parfois nécessaires pour que la paix arrive à tous les peuples du monde. Il a pris à son compte ce que les Empereurs romains avaient comme consigne : «  SI VIS PACEM PARA BELLUM ».

    Le problème c’est que la paix dont il est question est rarement définie et que ceux qui s’en font les promoteurs la ramène très souvent à leur propre paix, peu importe le prix qu’il faille faire payer aux autres humains de la planète terre. Les Empereurs romains avaient un langage plus clair et moins ambigu : la paix reposait sur l’asservissement des autres peuples à leur autorité. Toute rébellion était immédiatement réprimée par une guerre qui ramenait la paix, leur paix.

    À y regarder de plus près, le panorama du monde projette une situation dans laquelle le sens de la guerre et de la paix n’a guère changé de la part de ceux qui le dominent. BUSH parlait carrément de la grande confrontation entre le BIEN et le MAL, les forces du BIEN étant évidemment celles les États-Unis d’Amérique et de leurs alliés, alors que les forces du MAL, étant tous les autres qui ne partagent pas leur vision des choses.

    OBAMA, dans ses discours de campagne électorale et dans ceux de ses premiers mois de présidence, laissait entendre qu’il fallait sortir de ce schéma plutôt simpliste et repenser les relations des peuples et des nations sur la base du respect, de l’entendement et d’objectifs fondés sur la justice, la dignité et la recherche d’une paix durable pour tous. Cette approche qui lui avait gagné le respect et l’estime, non seulement de ses compatriotes, mais aussi du monde entier, s’évapore complètement lorsque vient le temps de prendre des décisions. Ici, dans nos médias, on parle beaucoup du Moyen Orient, de l’Afghanistan, du Pakistan, de l’Iraq, de l’Iran mais très peu de l’Amérique latine, pourtant si près de nous.

    L’Amérique latine avait de grands espoirs dans celui dont les discours reconnaissaient le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, qui croyait dans les vertus d’un dialogue respectueux et sincère, savait reconnaître la transcendance de certaines valeurs comme celle de l’égalité entre les personnes, de la justice entre les nations et les peuples, de la vérité dans les communications. De quoi ouvrir la voie à un dialogue fructueux entre les peuples du sud et celui du nord. Une occasion unique, également, de mettre fin à plus de 50 ans d’injustice à l’endroit de Cuba, toujours soumis à un blocus économique et politique, qui va à l’encontre du droit international et condamné par la très grande majorité (185 sur 192) des pays de l’Assemblée générale des Nations Unies.

    Cet OBAMA, attendu par le Continent latino-américain, ne s’est jamais présenté au rendez-vous de l’Histoire dans le cadre des décisions assumées par son Administration. La CIA et le PENTAGONE ont poursuivi leurs actions d’infiltration et de guerres. La quatrième flotte, véritable armée flottante, fait sentir sa présence dans tous les recoins du Continent. L’oligarchie du Honduras a pu procéder à un coup d’État militaire sous le regard bienveillant de Washington et la complicité à peine voilée de la CIA et de la base militaire que les États-Unis ont dans le pays. Au même moment où se produisait ce coup d’État militaire, OBAMA finalisait, avec le Président de la Colombie, une entente sur la présence de sept bases militaires USA dans ce pays frontalier avec le VENEZUELA et l’ÉQUATEUR. Cette incursion militaire au cœur des Amériques n’est pas sans inquiéter fortement les pays de la région. Une longue histoire d’interventionnisme de cette Puissance a laissé des souvenirs de souffrances, de morts, de tortures, d’emprisonnements de régimes militaires sans morale ni scrupules. Le Plan Condor n’est pas encore si loin dans la mémoire de ces peuples, Plan qui visait l’élimination physique de tous les opposants.

    Quant à Cuba, rien de fondamental n’a changé. Le Blocus est toujours aussi criminel, les cinq cubains condamnés injustement par la Cour de justice de Miami sont toujours en prison, les programmes de désinformation et d’infiltration sont toujours aussi intenses. Les mains tendues par les autorités cubaines pour discuter de tous les différends n’ont jamais été accueillies.

    Le budget, destiné aux activités de la CIA, pour l’année qui vient, est de 72 milliards $. Ce n’est pas une erreur, il s’agit bien de « milliards $ ». Ce n’est certainement pas pour mettre en évidence la transparence dans les communications, le respect dans les échanges, la bonne foi des interlocuteurs, le désir de résoudre pacifiquement les différents dans le respect des droits de chacun.

    S’il faut avoir un PRIX NOBEL POUR LA GUERRE qu’on en fasse un, en précisant toutefois la PAIX au service de laquelle elle sera justifiée.

    Oscar Fortin
    Québec, le 10 décembre 2009
    http://humanisme.blogspot.com


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  • Yes We Canistan.

    William BLUM

    Que leur arrive-t-il à gauche, à verser leurs larmes sur Obama “le candidat de la paix” qui serait devenu “le candidat de la guerre” ? Ou est la surprise ? Voici ce que j’écrivais en aout 2008, lors de la campagne électorale :

    Obama a menacé, à plusieurs reprises, d’attaquer l’Iran s’ils refusent de faire ce que les Etats-Unis exigent qu’ils fassent sur la plan nucléaire ; il a menacé à plusieurs reprises d’attaquer le Pakistan si leur politique anti-terroriste n’était pas assez ferme ou si un changement de régime devait s’y produire et qui ne serait pas à son goût ; il réclame une forte augmentation de troupes US en Afghanistan et une politique plus dure ; il soutient totalement et sans équivoque Israël comme si ce dernier était le 51eme état de l’union.

    Pourquoi quelqu’un serait-il surpris par la politique étrangère d’Obama ? Il n’a même pas interdit la torture, contrairement à ce que ses supporters tentent désespéremment de nous faire croire. S’il fallait encore des preuves, voici un article du 28 novembre du Washigton Post : « Deux adolescents Afghans détenus par les américains au nord de Kaboul cette année ont déclaré avoir été battus par les gardiens américains, photographiés nus, privés de sommeil et maintenus en isolement dans des cellules en béton pendant au moins deux semaines tout en étant soumis à des interrogatoires sur leurs supposés liens avec les Taliban. » Ceci n’est que le dernier exemple en date de la continuation de la torture sous la nouvelle administration.

    Mais les défaillances de Barack Obama et la naïveté de ses fans n’est pas le point important. Le point important est la continuation de l’escalade de la guerre américaine en Afghanistan, fondée sur un mythe selon lequel les personnes que nous qualifions de « Taliban » sont liés à ceux qui ont attaqué les Etats-Unis le 11 septembre 2001, que nous qualifions généralement d’ « Al Qaeda ». « Je suis convaincu », a dit le président dans son discours à l’Académie Militaire des Etats-Unis (West Point) le 1er décembre, « que notre sécurité est en jeu en Afghanistan et au Pakistan. C’est l’épicentre d’un extrémisme violent pratiquée par Al Qaeda. C’est de là que nous avons été attaqués le 11/9, et c’est de là que de nouvelles attaques sont préparées à l’heure où je vous parle. »

    Obama a prononcé le mot « extrémiste » sous une forme ou sous une autre onze fois en une demi-heure. Les esprits jeunes et maléables doivent être soigneusement éduqués ; la future génération de responsables militaires qui commanderont les guerres sans fin de l’Amérique ne devront avoir aucun doute que les méchants sont des « extrémistes », que les « extrémistes » sont par définition des méchants, que les « extrémistes » n’agissent pas selon des normes humaines et logiques, contrairement à nous qui sommes la quintessence du non-extrémisme et des modérés épris de paix, qui sommes les gentils et qui avons été entrainés contre notre volonté dans une guerre après l’autre. Evidemment, envoyer des drones au dessus de l’Afghanistan et du Pakistan et larguer de puissantes bombes sur des mariages, des enterrements et des maisons ne constitue en aucun cas un comportement extrémiste.

    Et les méchants ont attaqué les Etats-Unis à partir « d’ici », l’Afghanistan. C’est pour cela que les Etats-Unis sont « là-bas », en Afghanistan. Mais en réalité les attentats du 11/9 ont été préparés en Allemagne, en Espagne et aux Etats-Unis plus qu’en Afghanistan. Ils auraient pu être planifiés dans une petite chambre à Panama, à Taiwan ou à Bucarest.

    Que faut-il comme moyens pour acheter des billets d’avion et prendre des cours de pilotage aux Etats-Unis ? Et les attaques ont eu lieu sur et à partir du territoire des Etats-Unis. Mais Barack Obama doit maintenir cette fiction selon laquelle l’Afghanistan était, et est encore, un élément vital et indispensable pour toute attaque contre les Etats-Unis, passée ou future.

    Ce qui lui accorde le droit d’occuper un pays et de tuer ses citoyens comme ça lui chante. Robert Baer, un ancien officier de la CIA qui connait bien la région, a souligné : « les gens qui veulent libérer leur pays de l’occident n’ont rien à voir avec Al Qaeda. Ils veulent juste que nous partions, parce que nous sommes des étrangers, et ils se rallient aux Taliban parce que les Taliban sont des combattants aguerris. » (1)

    Mais les faux prétextes vont encore plus loin. Les dirigeants des Etats-Unis ont livré à l’opinion publique une certaine image des insurgés (tous qualifiés de « taliban ») et du conflit pour masquer la nature véritablement impérialiste de cette guerre. L’image qui prédomine dans les médias et au-delà est que les Taliban sont un « ennemi » implacable et monolithique qui doit être écrasé militairement à n’importe quel prix au nom de la sécurité des Etats-Unis et qu’aucun accord ou compromis n’était envisageable.

    Cependant, examinons ce qui suit et qui a été publié à plusieurs reprises au cours des deux dernières années sur le comportement des Etats-Unis et de ses alliés en Afghanistan vis-à-vis des Taliban, et qui soulève des questions sur la dernière escalade déclenchée par Obama : (2)

    L’armée US en Afghanistan a longtemps envisagé de payer les combattants Taliban qui renonçaient à la violence contre le gouvernement de Kaboul, comme les Etats-Unis ont fait avec les insurgés en Irak.

    Le Président Obama a laissé entendre qu’il pouvait y avoir une négociation avec les Taliban modérés. (3)

    L’envoyé US en Afghanistan et Pakistan, Richard Holbrooke, a déclaré le mois dernier que les Etats-Unis soutiendraient toute initiative de l’Arabie Saoudite pour nouer des contacts avec les officiels Taliban. (4)

    Les militaires canadiens ont plusieurs types de contacts avec les Taliban.

    Un haut fonctionnaire de l’Union Européenne et un membre du personnel des Nations Unies ont été ordonnés par le gouvernement de Kaboul de quitter le pays après avoir été accusés de rencontrer des insurgés Taliban sans en informer les autorités.

    Et deux hauts diplomates des Nations Unies ont été expulsés du pays, accusés par le gouvernement Afghan d’avoir mené des négociations non autorisées avec les insurgés. Cependant, le gouvernement Afghan lui-même a tenu une série de pourparlers secrets avec les « taliban modérés » depuis 2003 et le président Hamid Karzai a lancé un appel à négocier au dirigeant Taliban Mohammed Omar.

    Des organisations comme la Croix Rouge Internationale ainsi que les Nations Unies sont de moins en moins discrets sur leurs contacts avec les dirigeants Taliban et autres groupes d’insurgés.

    Les gestes d’ouverture sont courants chez certains alliés de Washington en Afghanistan, notamment les Hollandais dont la négociation avec les Talibans fait officiellement partie de leur stratégie.

    Le gouvernement allemand se prononce officiellement contre les négociations, mais certains membres du gouvernement de coalition ont suggéré que Berlin pouvait initier des pourparlers avec les Taliban.

    MI-6, le service de sécurité extérieure de la Grande-Bretagne, a tenu des pourparlers secrets avec les Taliban à au moins une demi-douzaine de reprises. Au niveau local, les Britanniques ont conclu un accord, en nommant un ancien dirigeant Taliban comme chef de district dans la province de Helmand en échange de garanties de sécurité.

    Des officiers supérieurs engagés en Afghanistan on confirmé l’existence de contacts directs avec les Taliban qui ont abouti au ralliement de certains insurgés qui ont changé de camp ou à la collaboration de rivaux des Taliban qui ont fourni des informations qui ont permis le capture ou l’assassinat de certains dirigeants.

    Les autorités britanniques affirment qu’il y a une grande différence entre différentes « entités » chez les Taliban et qu’il est important de tenter d’isoler les extrémistes doctrinaires de ceux qui se battent pour de l’argent ou parce qu’ils n’aiment la présence de forces étrangères dans leur pays.

    Les contacts britanniques avec les Taliban ont eu lieu malgré les affirmations publiques du Premier Ministre Gordon Brown qui avait exclu cette idée ; à une occasion, il a déclaré devant la Chambre des Communes « Nous ne négocierons pas avec eux ».

    Depuis des mois on trouve des articles sur les « bons Taliban » qui ont été transportés par les occidentaux à l’autre bout du pays pour les mettre à l’abri des forces militaires Afghanes ou Pakistanaises. Lors d’une conférence de presse à Kaboul, le 11 octobre, le Président Hamid Karzai a lui-même affirmé que « certains hélicoptères non identifiés ont dans la nuit déposé des hommes armés dans les provinces du nord. »

    Le 2 novembre, IslamOnline.net (Qatar) signalait :

    Selon des sources gouvernementales afghanes, le mouvement taliban enhardi a repoussé une offre américaine de partage du pouvoir en échange de la présence de troupes étrangères. « Les négociateurs US ont proposé aux dirigeants Talibans, par l’intermédiaire de Mullah Wakil Ahmed Mutawakkil (ancien ministre des affaires étrangères des Taliban), que s’ils acceptaient la présence de troupes de l’OTAN en Afghanistan, ils pourraient prendre la direction de six provinces du sud et du nord-est… Les Etats-Unis veulent huit bases militaires dans différentes parties d’Afghanistan afin de riposter à un éventuel regroupement du réseau Al Qeada » a déclaré un haut officiel du Ministère des Affaires Etrangères afghanes à IslamOnline.net. (6)

    Les autorités américaines n’ont pas confirmé cette histoire, mais le New York Times du 28 octobre donnait la liste de six provinces qui devaient être protégées en priorité par l’armée US - dont cinq figurent parmi celles mentionnées par l’article d’IslamOnline - et où des bases militaires US devaient être implantées, mais le Times ne fait aucune allusion à de tels offres.

    Le lendemain, Asia Timesles Etats-Unis ont retiré leurs troupes des quatres bases clés du Nuristan, à la frontière pakistanaise, abandonnant la province du nord-est aux Talibans qui sont libres d’y organiser leurs batailles régionales. » Nuristan, où au début du mois huit soldats US ont été tués et trois hélicoptères Apache ont été touchés, est une des six provinces offertes aux Taliban selon l’article publié par IslamOnline.net écrivait : « 

    La partie concernant Al Qaeda est ambigue et mérite examen, non seulement parce que le terme est depuis longtemps employé pour désigner tout groupe ou individu opposé à la politique étrangère des Etats-Unis dans cette partie du globe, mais aussi parce que le propre conseiller du Président à la sécurité nationale, l’ancien marine General James Jones, a déclaré début Octobre : « Je ne crois pas au retour des Taliban. L’Afghanistan n’est pas sur le point de tomber. La présence d’Al Qaeda a beaucoup diminué. Leur nombre maximum est estimé à moins de 100 personnes opérant dans le pays, sans base, sans la capacité de lancer des attaques contre nous ou nos alliés. » (7)

    Peu après les remarques de Jones, on pouvait lire dans le Wall Street Journal : « Selon des rapports des services de renseignement et d’officiels pakistanais et américains, Al Qaeda, pourchassé par les drones US, confronté à des problèmes d’argent et aux difficultés croissantes pour enrôler de jeunes Arabes pour les montagnes austères du Pakistan, voit son influence diminuer ici et en Afghanistan... Pour les jeunes Arabes, chez qui Al Qeada recrute en priorité, « il n’y a rien de romantique à avoir froid et faim et à se cacher. » a dit un haut officiel US en Asie du Sud. » (8)

    A la lumière de tout ce qui précéde, n’est-il pas raisonnable de conclure que les Etats-Unis sont prêts et disposés à vivre aux côtés des Taliban, aussi répoussant que puisse être leur philosophie sociale ? Dans certains milieux, on a même parlé d’un état Taliban à cheval entre l’Afghanistan et le Pakistan. Alors pourquoi les Etats-Unis font-ils cette guerre ? Qu’est-ce qui pousse le président des Etats-Unis à sacrifier autant de sang et d’argent américains ?

    Dans le passé, les dirigeants américains parlaient d’apporter la démocratie en Afghanistan, de libérer les femmes afghanes, ou de moderniser un pays arriéré. Le Président Obama, dans son discours du 1er Décembre, n’a fait aucune allusion de ces anciens soi-disant « objectifs vitaux » . Il n’a parlé que des attentats du 11 septembre, d’Al Qaeda, des Taliban, des terroristes, des extrémistes, et ainsi de suite. Autant de symboles qui ne manqueront pas d’enflammer un public américain. Et pourtant, le président lui-même a dit à un moment donné : « Al Qaeda n’est pas revenu en Afghanistan en aussi grand nombre qu’avant le 11/9, mais ils ont toujours leurs territoires le long de la frontière » Ah oui, le danger terroriste… tout le temps et partout, sans fin, surtout lorsqu’il a l’air d’être à son niveau le plus bas.

    Combien de cadets à West Point, combien d’Américains, réfléchissent à la présence des immenses réserves de pétrole qui entourent l’Afghanistan, dans le Golfe Persique et la Mer Caspienne ? Ou à l’emplacement idéal de l’Afghanistan pour le passage d’oléoducs et de gazoducs destinés à alimenter une bonne partie de l’Europe et de l’Asie, des oléoducs et gazoducs qui pourront contourner des pays non alliés, comme l’Iran et la Russie ? A condition que les Taliban n’attaquent pas le réseau. « Un de nos objectifs est de stabiliser l’Afghanistan pour en faire un point de passage et un centre de redistribution entre l’Asie du Sud et l’Asie centrale afin que l’énergie puisse s’écouler vers le sud… » a déclaré en 2007 Richard Boucher, secrétaire d’état adjoint aux affaires d’Asie du Sud et d’Asie centrale. (9)

    L’Afghanistan pourra aussi héberger des bases militaires US, utiles pour surveiller et intimider le voisin, l’Iran, ainsi que le reste de l’Eurasie. Et l’OTAN… qui cherche une raison d’être depuis la fin de la Guerre Froide. Si l’alliance devait quitter l’Afghanistan après huit années de présence tout en n’ayant rien accompli, son avenir serait probablement en péril.

    Ainsi donc, et jusqu’à présent, la Guerre Américaine contre le Terrorisme en Afghanistan se poursuit et crée régulièrement de nouveaux terroristes anti-américains, comme ce fut le cas en Irak. Ceci est reconnue y compris au Pentagone et à la CIA. Que Dieu Bénisse l’Amérique.

    (…)

    La guerre contre Tout, contre Tous et Sans Fin.

    Nidal Malik Hasan, le psychiatre de l’Armée US qui a tué 13 personnes et blessé environ 30 à Fort Hood, Texas, en novembre dernier considérait la Guerre contre le Terrorisme comme une guerre contre les Musulmans. Il a déclaré à des collègues que « les Etats-Unis ne combattent pas des menaces en Irak et en Afghanistan, mais combattent l’Islam lui-même. » (10) Hasan avait longtemps été en contact étroit avec Anwar al-Awlaki, un religieux né aux Etats-Unis et sympathisant d’Al Qaeda qui vit à présent au Yemen, qui lui aussi qualifiait la Guerre US de « guerre contre les Musulmans ». Beaucoup de Musulmans, probablement la majorité, et partout dans la monde pensent la même chose de la politique étrangère des Etats-Unis.

    Je crois qu’ils se trompent. Depuis de nombreuses années, en remontant au moins jusqu’à la guerre en Corée, il est courant d’entendre des militants, ainsi que des Musulmans, lancer de telles accusations contre la politique des Etats-Unis. Tous disent que les Etats-Unis choisissent de bombarder des gens de couleur, des populations du Tiers-Monde, ou des Musulmans.

    Mais il faut se rappeler qu’une des campagnes de bombardement les plus longues et les plus féroces jamais menées par les Américains – 78 jours d’affilée - a été contre les Serbes de l’ex-Yougoslavie qui sont blancs, européens et chrétiens. Bien entendu, on nous raconte que le bombardement était destiné à secourir la population du Kosovo, qui sont majoritairement Musulmans. Avant, les Etats-Unis étaient venus en aide aux Musulmans de la Bosnie dans leur lutte contre les Serbes. Les Etats-Unis en fait, sont en faveur de la discrimination positive sous les bombes. Les seules qualités requises à un pays pour devenir la cible des bombardements américains semblent être :

    a) le pays doit constituer un obstacle – réel, imaginaire ou, comme dans le cas de la Serbie, idéologique – aux desiderata de l’Empire ;

    b) le pays doit être sans défense face à une attaque aérienne.

    William BLUM Ici 
    http://killinghope.org/bblum6/aer76.html

    Traduction VD pour le Grand Soir

    Notes

    1. Video on Information Clearinghouse http://www.informationclearinghouse.info/article24061.htm

    2. For the news items which follow if not otherwise sourced, see : - The Independent (London), December 14, 2007
    - Daily Telegraph (UK) December 26, 2007
    - The Globe and Mail (Toronto) May 1, 2008
    - BBC News, October 28, 2009

    3. New York Times, March 11, 2009 ↩

    4. Kuwait News Agency, November 24, 2009 ↩

    5. Pakistan Observer (Islamabad daily), October 19, 2009 ; The Jamestown Foundation (conservative Washington, DC think tank), "Karzai claims mystery helicopters ferrying Taliban to north Afghanistan", November 6, 2009 ; Institute for War and Peace Reporting (London), "Helicopter rumour refuses to die", October 26, 2009 ↩

    6. IslamOnline, "US Offers Taliban 6 Provinces for 8 Bases", November 2, 2009 http://www.islamonline.net/servlet/Satellite?c=Article_C&pagename=Zone-English-News/NWELayout&cid=1256909637728

    7. Washington Times, October 5, 2009, from a CNN interview ↩

    8. Wall Street Journal, October 13, 2009 ↩

    9. Talk at the Paul H. Nitze School for Advanced International Studies, Washington, DC, September 20, 2007. ↩

    10. Christian Science Monitor, November 17, 2009


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