• Incroyables décomptes

    Nouveau traité START et vieille politique de puissance. (Il Manifesto)

    Tommaso DI FRANCESCO, Manlio DINUCCI
    12 avril à Washington, au sommet du Conseil de sécurité de l’Onu sur la non-prolifération et le désarmement nucléaire, le président Obama va "montrer des faits et pas seulement des mots ». Quels sont ces faits ?

    Avec le nouveau traité START, qui sera signé le 8 avril à Prague, les Etats-Unis et la Russie, les deux plus grandes puissances nucléaires, lancent « un message clair » : ils entendent « guider » la lutte contre la prolifération des armes nucléaires. C’est ce qu’a déclaré le président Obama qui, après avoir scellé l’accord, interviendra le 12 avril à Washington, au sommet du Conseil de sécurité de l’Onu sur la non-prolifération et le désarmement nucléaire. Là, a dit un porte-parole de la Maison Blanche, Obama « pourra montrer des faits et pas seulement des mots ». Quels sont ces faits ?

    Selon le Bulletin of the Atomics Scientists, les Etats-Unis possèdent 5.200 têtes nucléaires opérationnelles, soit toujours utilisables ; la Russie, 4.850. En plus de celles-ci, les deux puissances possèdent au total 12.350 têtes non opérationnelles (mais non encore démantelées). Le nouveau START ne limite pas le nombre de têtes nucléaires opérationnelles contenues dans les arsenaux. Il établit seulement une limite pour les « têtes nucléaires déployées », soit celles qui sont prêtes au lancement, installées sur des vecteurs stratégiques de portée supérieure à 5.500 Kms : des missiles balistiques intercontinentaux avec une base à terre, des missiles balistiques lancés depuis des sous-marins, et depuis des gros bombardiers.

    L’incroyable décompte

    Mais, tandis que les têtes de missiles sont comptées à la pièce, chaque gros bombardier est compté comme une seule pièce même s’il en transporte beaucoup plus. Un B-52 – rappelle le New York Times (30 mars 2010)- transporte 14 missiles de croisière et 6 bombes nucléaires. Ainsi, sur la base d’un compte partiel, le Département d’Etat estime que les USA ont actuellement 1.762 têtes nucléaires déployées sur 798 vecteurs ; la Russie, 1.741 sur 566 vecteurs. Le nouveau START permet à chacune des deux parties de conserver 1.550 têtes nucléaires déployées, soit un nombre à peine inférieur (10% environ) à l’actuel, et un nombre de vecteurs substantiellement inchangé : 800 chacun, dont 700 prêts au lancement à tout instant. Un potentiel destructif capable de balayer l’espèce humaine et quasiment toute autre forme de vie sur la Terre.

    En outre le nouveau traité n’indique aucune limite effective à l’augmentation qualitative des forces nucléaires. Aux Etats-Unis, les responsables des laboratoires nucléaires ont déjà averti le Congrès que le programme fédéral pour « l’extension de la vie de l’arsenal nucléaire » ne suffit pas à en garantir la fiabilité dans les prochaines décennies. Ils font ainsi pression pour créer une « coûteuse nouvelle génération de têtes nucléaires » (The New York Times, 26 mars) et le vice-président Joseph Biden leur a promis à cet effet 5 milliards de dollars de plus. On est en train de développer en même temps de nouveaux vecteurs, tel que le « missile global hypersonique » de Boeing qui pourrait devenir opérationnel en moins de trois ans : il permettrait au Pentagone de frapper en une heure n’importe quel objectif dans n’importe quelle partie du monde. Reste aussi en dehors du traité la question des armes nucléaires « tactiques », que les USA continuent à conserver dans cinq pays « non nucléaires » de l’OTAN (Belgique, Allemagne, Italie, Hollande et Turquie) et dans d’autres, en violant ainsi le Traité de non-prolifération.

    Le « Bouclier » sans freins

    En même temps, le nouveau START ne met aucune limite au nouveau projet de « bouclier » anti-missiles que les USA veulent étendre à l’Europe, sur la frontière du territoire russe : système non pas de défense mais d’attaque qui, une fois mis au point, leur permettrait de lancer une première frappe (first strike), en se fiant à la capacité du « bouclier » de neutraliser les effets de représailles. A Washington, on assure que le « bouclier » n’est pas dirigé contre la Russie mais contre la menace de missiles iraniens. A Moscou on le prend au contraire pour une tentative de prendre un avantage stratégique décisif sur la Russie. Le général Nikolaï Makarov a donc averti que, si les USA continuent à développer le « bouclier », cela « amènera inévitablement à une nouvelles phase de la course aux armements, en minant l’essence même du traité sur la réduction des armes nucléaires » (Rossiyskaya Gazeta, 23 mars). En attendant Moscou ne reste pas les bras croisés : en mai sera lancé le nouveau sous-marin multifonctions Yasen à propulsion nucléaire, armé de 24 missiles de croisière à longue portée, y compris à tête nucléaire.

    C’est avec ces faits que le président Obama se présentera le 12 avril au Conseil de sécurité, en exhibant le nouveau START qui confère aux deux plus grandes puissances nucléaires, détentrices de 95% des plus de 23 mille armes nucléaires existant dans le monde, le droit de « guider » la lutte contre la prolifération des armes nucléaires. Le doigt accusateur sera pointé sur l’Iran (comme le confirme la rencontre Obama-Sarkozy du 31 mars), accusé de vouloir fabriquer la bombe atomique, tandis qu’on laissera à coup sûr dans l’ombre le fait qu’Israël possède un arsenal de centaines d’armes nucléaires, qu’il garde pointées sur d’autres pays de la région.

    Edition du 1er avril 2010 de Il manifesto

    http://www.ilmanifesto.it/il-manifesto/in-edicola/numero/20100401/pagina/10/pezzo/275056/

    Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

    Source ici


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  • Le Hindenburg du système de santé a atterri

    Chris Hedges   
    La décision de l'élu Dennis Kucinich de voter "oui" à la Chambre des Représentants dimanche dernier au projet de loi sur la réforme de santé, alors qu'il avait juré de voter contre tout projet de loi qui ne comportait pas d'option publique, est l'exemple parfait de la raison pour laquelle je ne pourrai jamais faire de politique.


    Je respecte Kucinich. Pour un homme politique, il est même ce qu'on peut trouver de mieux, mais c'est quand même un homme politique. Il faut qu'il fasse campagne pour être élu. Il lui faut trouver de l'argent. Il lui faut apaiser la machine du parti démocrate ou risquer les représailles et la défaite. Et donc, il a approuvé un projet de loi qui ne fera rien pour améliorer les souffrances de nombreux Américains, qui obligera des dizaines de millions de personnes à débourser beaucoup d'argent pour un produit défectueux et, qui finiront par rejoindre les rangs de ceux qui ne sont pas assurés.


    Les affirmations des partisans de ce projet de loi relèvent de la publicité mensongère habituelle diffusée par le secteur privé. Le projet de loi ne va pas étendre la couverture maladie à 30 millions de personnes qui n'en avaient pas, surtout que les subventions accordées par l'Etat ne seront pas versées avant 2014. Les familles qui n'ont pas les moyens de payer les cotisations élevées, les franchises et tout ce qui n'est pas remboursé, qui représentent, en général, selon les estimations, entre 15 et 18% des revenus des familles, devront se passer de couverture maladie, ce qui augmentera le nombre des personnes non assurées. Les compagnies d'assurance privées peuvent unilatéralement augmenter les prix sans plafonnement et monopoliser les marchés locaux pour écraser la concurrence. Les 1055 trillons de dollars (trillion=mille milliards) qui seront dépensés au cours des dix prochaines années impliqueront l'ajout de services de gestion administrative supplémentaires à un système déjà ingérable et finalement indéfendable.


    La malhonnêteté des leaders démocrates face à cette réalité est stupéfiante. Howard Dean, qui est médecin, déclarait récemment: "On vote sur une seule question: êtes-vous pour les compagnies d'assurance privées ou être-vous pour la population?".


    Voilà un homme (Kucinich, NDLT) qui était partisan de l'option publique et qui a aujourd'hui vendu son âme au diable.A quoi bon le soutenir, lui, ou tout autre Démocrate? Quel degré de lâcheté peuvent-ils atteindre?
    Regardez le désastre de l'assurance maladie au Massachusetts, le modèle qui va servir pour l'ensemble du pays. Une personne sur six à qui on a imposé de contracter une assurance maladie n'a pas les moyens de se soigner parce que les factures sont trop élevées, et des dizaines de milliers de personnes ont été rayées des listes des bénéficiaires des aides publiques à cause des réductions budgétaires.


    Les 45000 Américains qui meurent chaque année parce qu'ils n'ont pas les moyens de s'assurer ne seront pas sauvés par la loi fédérale. La moitié de toutes les faillites personnelles seront toujours dues à l'impossibilité d'acquitter des factures de soins de santé astronomiques. La seule bonne nouvelle, c'est que les actions et les bonus pour les dirigeants des compagnies d'assurance sont en train de grimper en flèche. Notez bien cela: il s'agit une nouvelle fois d'une victoire des seigneurs féodaux et d'une défaite des serfs.


    Les Etats-Unis dépensent deux fois plus que les autres pays industrialisés pour les soins de santé - 7129 dollars par personne – alors que 45,7 millions n'ont pas de couverture maladie et des millions d'autres ont une couverture insuffisante, ce qui veut dire que s'ils tombent gravement malades, leur traitement ne sera pas remboursé.


    14000 personnes par jour perdent aujourd'hui leur assurance maladie. Un article dans Health Affairs (magazine mensuel sur la santé, NDT) explique que si le système reste inchangé, un dollar sur les cinq dépensés par les Américains en 2017 ira à l'assurance maladie. Les frais de gestion des assurances privées s'élèvent à 31 cents pour chaque dollar consacré aux dépenses de santé. Réorganiser les prestations avec une caisse publique unique permettrait d'économiser plus de 400 millions de dollars par an, suffisamment, comme le fait remarquer l'association "Physicians for a National Health Plan" (Médecins pour un régime de santé public), pour fournir une assurance-maladie de qualité et qui couvre tout pour l'ensemble de la population.


    Ce projet de loi ne concerne donc ni le souci de réduire les dépenses publiques ni celui du bien-être de toute la population. Il vise à augmenter les profits des sociétés d'assurance aux dépens des contribuables. C'est la version industrie de la santé au renflouement de Wall St. Ce projet de loi sert à distribuer des centaines de millions d'argent public à l'industrie pharmaceutique et au secteur des assurances privées. Les quelque 3000 lobbyistes du secteur de la santé à Washington, dont les mains sales sont toutes posées sur le projet, ont une fois de plus trahi la population pour de l'argent.


    Ce projet montre une fois de plus que le changement ne viendra jamais des démocrates. Le parti est dirigé par les grands groupes privés et leur appartient. Les cinq plus grandes compagnies privées d'assurance maladie et leur association, America's Health Insurance Plans, ont dépensé en 2009 plus de 6 millions de dollars pour faire du lobbying. Pfizer, le géant mondial de l'industrie pharmaceutique, a dépensé plus de 9 millions de dollars au cours du dernier trimestre de 2008 et des trois premiers mois de 2009. Le Washington Post a révélé qu'une trentaine d'élus du Congrès des deux partis occupant des postes-clés dans les comités détiennent des parts importantes dans les compagnies privées du secteur de la santé pour un total entre 11 millions et 27 millions de dollars.


    Le directeur du président Barack Obama chargé de la santé, qui refuse d'entendre parler d'option publique, a siégé aux conseils d'administration de plusieurs groupes de services de santé privés. Et pendant que les salaires de la plupart des Américains stagnaient ou baissaient au cours de ces dix dernières années, les profits des compagnies d'assurance augmentaient de 480 %.


    Obama et les leaders du congrès ont sciemment écarté des débats les défenseurs d'une caisse unique d'assurance publique. La presse, y compris des journaux comme le New York Times, traite le mouvement pour l'assurance-maladie publique comme s'il s'agissait d'un phénomène marginal. Et les chaînes de télévision n'en parlent presque jamais. Et pourtant, entre 45 et 60 % des médecins sont favorables à une caisse d'assurance maladie unique. Entre 40 et 62 % des Américains, parmi lesquels 80% des démocrates encartés, souhaitent un système de santé universel avec une caisse d'assurance maladie unique à but non lucratif pour tous les Américains. La capacité des groupes privés à discréditer et à faire taire les revendications d'au moins la moitié de la population prouve hélas une fois de plus la capacité de notre Etat à la solde du secteur privé à verrouiller tous les débats de fond.


    Nous ne pourrons changer les choses que si nous construisons des mouvements qui s'opposeront de façon énergique et intransigeante aux démocrates et aux républicains. S'ils peuvent amener Kucinich et John Conyers, qui étaient à l'initiative de la Résolution 676 de la Chambre des représentants, un projet de loi qui visait à créer un système de sante universel public et qui aurait éliminé les compagnies privées, à voter pour cette arnaque orchestrée par les groupes privés, à quoi bon prétendre qu'il y a de la place pour nous dans ce parti?


    Et pourquoi donc devrions-nous perdre notre temps avec des groupes de libéraux dégonflés comme Moveon.org, qui a imaginé de récolter 1 million de dollars pour faire pression sur les élus démocrates de la chambre des Représentants qui avaient voté "non" au projet de loi initial, tout ça pour se rétracter au final? Que faisait, de toute façon, ce groupe soi-disant pacifiste à servir d'agent recruteur pour Obama pendant la campagne des présidentielles? Plus nous restons pieds et poings liés aux démocrates et à ces organisations progressistes en déconfiture et plus nous paraissons ridicules et impuissants.

        "Je suis prêt à écouter ce qu'a à dire la Maison Blanche, si la Maison Blanche est prête à écouter l'intérêt qu'il y a à inclure une option publique dans ce projet de loi", avait déclaré, avant de basculer, le vieux Kucinich aux émissions de radio et de télévision de Democracy Now!". "Ils peuvent le faire. Vous savez, ils sont encore en train de conclure des accords de dernière minute. Remettez l'option publique dans le projet. Et que ce soit une option solide. Donnez aux gens la possibilité de négocier vraiment leurs contrats avec les compagnies privées … en s'appuyant sur l'option publique. Mais ne dites pas aux gens que vous procédez à la réforme du système de santé si vous offrez aux compagnies d'assurance privées une place dans notre économie encore plus importante ".

    Note:
    Le dirigeable Zeppelin LZ 129 "Hindenburg" était le plus grand aéronef jamais construit. Son vol inaugural a été effectué en 1936]. Après 14 mois de service actif dédié au transport commercial de passagers, il a été détruit par un incendie le 6 mai 1937 lors de son atterrissage à Lakehurst.

    Chris Hedges écrit régulièrement pour le site: Truthdig.com. Diplômé de Harvard Divinity School, Hedges a été pendant près de vingt ans correspondant à l'étranger pour le New York Times. Il a écrit de nombreux livres, dont le dernier s'intitule: : Empire of Illusion: The End of Literacy and the Triumph of Spectacle (l'empire de l'illusion: le fin de la culture et le triomphe du spectacle) . 


    Source: www.truthdig.com ... et

    Traduction: http://blog.emceebeulogue.fr/

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  • « Mes chers compatriotes, je vais vous parler franchement d’une satanée petite nation appelée Israël... »

    A. Cockburn - CounterPunch ici


    "Depuis 1953, Israël et les amis d’Israël en Amérique déterminent les grandes lignes de la politique américaine dans la région. Ne sont laissés aux présidents américains que la mise en œuvre de cette politique, avec des degrés variés d’enthousiasme, et le traitement des questions tactiques."

     
     
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    La colonisation se poursuit en Cisjordanie, dont Jérusalem-Est
    (Emad Hajjaj-Jordan)


    1) - Une satanée petite nation appelée Israël

    Crise ou pas crise ?

    Ne vous emballez pas. Elle n’arrivera jamais. D’ailleurs, est-ce seulement une crise dans les relations américano-israéliennes ? Oui et non. Oui, parce que la première puissance du monde se fiche de voir son vice-président publiquement humilié par une miniature de nation dont l’ensemble de la population ne représente même pas celle du comté de Los Angeles. Non, parce que les politiciens élus qui, théoriquement, dirigent le gouvernement de la première puissance du monde, vivent dans une frayeur mortelle du lobby proisraélien aux Etats-Unis. Cette fois, comme toujours, personne ne l’emportera. (Vous pourrez trouver un récit détaillé de Jeffrey Blankfort sur CounterPunch daté d’aujourd’hui et dont une grande partie de cet article est tirée.)

    Examinons la réaction de Biden, le lendemain du jour où le ministre de l’Intérieur, Eli Yishai, probablement au su de Netanyahu, annonça la construction programmée de 1 600 appartements - pour juifs, seulement - à Jérusalem-Est, juste au moment où Biden essayait de redonner vie au « processus de paix ».

    Voilà le vice-président des Etats-Unis d’Amérique, drapé dans la dignité blessée d’un homme qui vient de recevoir un seau d’eaux usées sur la tête et qui, en pleine déconvenue, utilise vraiment les mots « condamner » et « Israël » dans le même paragraphe. Le lendemain, Biden se rend à l’université de Tel-Aviv et confie à l’auditoire qu’il est un sioniste et que, « Tout au long de ma carrière, Israël n’a pas simplement été près de mon cœur, mais au centre de mon travail de sénateur des Etats-Unis et aujourd’hui, de vice-président des Etats-Unis. » Ecoutez ça : « le centre de mon travail ». Cette déclaration de mission n’est pas reprise par la presse états-unienne.

    Puis Biden se met à répéter les sornettes qu’il avait débitées à son arrivée à Jérusalem : « Il n’y a aucun espace ; c’est ce qu’il (le monde) doit savoir, à chaque fois qu’on progresse c’est quand le reste du monde sait qu’il n’y a absolument aucun espace entre les Etats-Unis et Israël à propos de sécurité, aucun. Aucun espace. C’est seulement à ce moment-là que des progrès ont été accomplis. »

    Bien sûr, si aucun « progrès » n’a pu être identifié au cours des quarante années passées - affirmation à débattre - c’est seulement parce que, quand un président américain s’armait de courage pour établir rapidement l’agenda, avec ses menaces et ses dangers, le tout était dûment retiré quand le lobby concentrait et commençait sa contre-attaque.

    Enfin, Biden s’avance en catimini vers la « crise ». « J’apprécie... la réponse que votre Premier ministre a faite ce matin, disant qu’il mettait en place un processus visant à empêcher que ne se renouvelle ce genre d’évènements (sic) et précisant que le début de la construction proprement dite de ce projet spécifique n’aurait probablement lieu que dans plusieurs années... C’est important, parce que cela donne aux négociations le temps de résoudre ce problème, de même que d’autres questions en suspens. Parce que, lorsque cela a été annoncé, je me trouvais en Cisjordanie. Tout le monde a pensé là-bas que cela signifiait la reprise immédiate de la construction des 1 600 nouveaux logements. »

    Oui, c’est exactement ce que cela voulait dire, la reprise de la construction des 1 600 logements. Et comme le quotidien israélien Ha’aretz le souligne, ces 1 600 unités envisagées ne sont qu’une partie des 50 000 planifiées pour la partie orientale de Jérusalem. Netanyahu l’a dit, ce n’est pas négociable, quoi qu’en dise Washington, sans parler de la pitoyable Autorité palestinienne.

    Au milieu des cris angoissés des princes et émirs arabes, cette conduite éhontée d’Israël à l’égard de Biden fait qu’il leur sera plus difficile de trahir les Palestiniens. Le premier conseiller politique d’Obama, David Axelrod - sans doute sans le feu vert de son patron - a déclaré à NBC News qu’il s’agissait non seulement d’une conduite « insultante » d’Israël envers les Etats-Unis, mais « destructrice » pour le processus de paix au Moyen-Orient.

    Hillary Clinton a fait savoir qu’elle avait chapitré Netanyahu au téléphone pendant 43 minutes. Son porte-parole prétend qu’elle lui a dépeint le projet de logements dans Jérusalem-Est comme l’expression d’un « signal profondément négatif sur la démarche d’Israël quant aux relations bilatérales, et contraire à l’esprit du voyage du vice-président », et que « cette action avait sapé la confiance et l’assurance dans le processus de paix et dans les intérêts de l’Amérique. » Dans le même temps, l’envoyé spécial George Mitchell annulait son voyage dans la région.

    Donc, oui, nous pouvons appeler cela une crise, mais de celles qui ne durent pas. Obama n’est pas le premier Président à avoir perdu patience avec Israël au point de semer la pagaille dans des projets plus vastes de l’Oncle Sam. Mme Clinton n’est pas la première secrétaire d’Etat à crier de colère au téléphone avec Tel-Aviv.

    Ce n’est pas la première crise

    Blankfort, historien du Lobby, énumère toute une liste d’autres crises, toutes résolues de façon satisfaisante au profit d’Israël. Celle de 1975, où le président Gerald Ford et son secrétaire d’Etat, Henry Kissinger, ont publiquement accusé Israël d’avoir rompu les négociations avec l’Egypte sur le retrait israélien du Sinaï. Ford déclara qu’il allait dire au peuple américain que les relations US-Israël seraient repensées. Poussés par l’AIPAC, 76 sénateurs US ont alors signé une lettre à l’attention de Ford lui disant de laisser tranquille Israël. Ce qu’il fit.

    En mars 1980, le Président Carter fut contraint de s’excuser après le vote du représentant états-unien aux Nations-Unies, Donald McHenry, en faveur d’une résolution qui condamnait la politique des colonies d’Israël dans les territoires occupés, dont Jérusalem-Est, et qui demandait à Israël de les démanteler.

    En juin de la même année, alors que Carter venait de demander l’arrêt des colonies juives et son secrétaire d’Etat, Edmund Muskie, de déclarer que les colonies juives étaient un obstacle à la paix, le Premier ministre Menachem Begin annonça les projets de constructions de 10 nouvelles colonies.

    En août 1982, alors que la veille, Reagan avait demandé qu’Ariel Sharon mette fin au bombardement de Beyrouth, Ariel Sharon réagit en ordonnant le bombardement de la ville précisément à 14 h 42 puis à 15 h 38 dans l’après-midi, les moments coïncidant avec les deux résolutions des Nations unies qui exigeaient le retrait d’Israël des territoires occupés.

    En mars 1991, le secrétaire d’Etat James Baker s’est plaint devant le Congrès, « A chaque fois que je suis allé en Israël pour le processus de paix... j’ai été accueilli par l’annonce d’une nouvelle activité de colonisation... Cela affaiblit notre influence dans notre tentative d’aboutir à un processus de paix et crée une situation très difficile. » En 1990, il était arrivé à un tel dégoût devant l’intransigeance d’Israël sur les colonies qu’il donna publiquement le numéro de téléphone du standard de la Maison-Blanche et dit aux Israéliens : « Quand vous prendrez la paix au sérieux, appelez-nous ! ».

    Le 12 septembre 1991, le Président George Bush Senior s’est trouvé suffisamment exaspéré par le succès de l’AIPAC - qui avait acquis assez de voix dans les deux chambres du Congrès pour qu’elles passent outre son veto à la demande israélienne de 10 milliards de dollars de garanties de prêts - pour déclarer devant les caméras de télévision, « Je me heurte à des forces puissantes. Elles ont quelque chose comme 1 000 lobbyistes au Capitole qui travaillent à contre-courant. Nous avons un gamin isolé ici qui fait cela ». Un sondage national, réalisé immédiatement après, donna au Président 85% d’approbation. Le Lobby cligna des yeux mais pas longtemps. Non seulement il s’arrangea pour que les garanties de prêts passent finalement, mais les électeurs juifs se retournèrent en masse contre Bush aux élections de 1992, un fait que Bush Junior n’a jamais oublié.

    Comme Blankfort le rappelle également, en janvier 2009, l’ancien Premier ministre israélien, Ehud Olmert, s’est vanté publiquement d’avoir fait « honte » à la secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice, en obtenant au dernier moment du Président Bush qu’il l’empêche de voter une résolution de cessez-le-feu à Gaza, une résolution qu’elle avait travaillée pendant plusieurs jours avec les diplomates arabes et européens aux Nations-Unies.

    Olmert a aussi fanfaronné devant une assistance israélienne, disant qu’il avait fait descendre Bush d’une tribune où il faisait un discours pour qu’il prenne son appel, quand lui, Olmert, avait appris le vote imminent de la résolution et qu’il voulait exiger du Président qu’il intervienne.

    « Je n’ai eu aucun problème avec ce qu’a fait Olmert, » dit Abraham Foxman, directeur national de la Ligue anti-diffamation, « Je pense que l’erreur fut d’en avoir parlé en public ».

    Je dois souligner que cette liste ne date pas de Mathusalem de même que les affirmations tout aussi retentissantes de l’implication d’Israël, comme celle sur son agression contre le USS Liberty en juin 1967, tuant 34 personnes et en blessant 171, toutes étouffées par l’administration Johnson, en particulier Lyndon Johnson et Robert McNamara.

    Des forces puissantes aux USA pour s’y opposer

    En somme, comme Stephen Green l’écrit dans Prendre position : Les relations secrètes des USA avec l’Israël militant (Morrow, 1984) il y a un quart de siècle, « Depuis 1953, Israël et les amis d’Israël en Amérique déterminent les grandes lignes de la politique américaine dans la région. Ne sont laissés aux présidents américains que la mise en œuvre de cette politique, avec des degrés variés d’enthousiasme, et le traitement des questions tactiques. »

    Il existe des forces puissantes aux Etats-Unis qui voudraient qu’il en soit autrement, à commencer par l’armée US. Avant le récent voyage de Biden, ce n’est pas moins qu’un commandant de premier plan et grandement admiré, le général David Petraeus, qui écrivit une note au Comité des chefs d’état-major interarmées (Joint Chiefs of Staff), et son opinion fut réitérée dans un témoignage, mardi dernier, devant une Commission des services armés au Sénat.

    Dans sa déclaration au Congrès, Petraeus présente le conflit israélo-arabe comme le premier « défi transversal posé à la sécurité et à la stabilité » dans la zone d’influence du CENTCOM (Commandement central US) - Moyen-Orient (AOR). « Les hostilités constantes entre Israël et certains de ses voisins présentent des défis distincts à notre capacité de faire avancer nos intérêts dans les pays de l’AOR. »

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    Pays de la zone AOR
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    Petraeus déclare alors à la Commission du Sénat que « le conflit fomente un sentiment antiaméricain, en raison d’une perception de partialité US en faveur d’Israël. La colère arabe sur la question palestinienne limite la force et la profondeur des partenariats US avec les gouvernements et les peuples de la zone AOR, et affaiblit la légitimité des régimes modérés du monde arabe. » Peu avant, Mike Mullen, président du Comité des chefs d’état major interarmées, avait prévenu les Israéliens publiquement qu’une agression contre l’Iran serait un « gros, gros, gros problème pour nous tous. »

    En Israël, le très lu quotidien Yediot Ahronoth, a fait savoir qu’en privé, Biden s’était fait l’écho de l’opinion de Petraeus, disant à Netanyahu que la conduite d’Israël « commençait à devenir dangereuse pour nous (les USA) ». « Ce que vous faites ici, » aurait dit Biden, «  menace la sécurité de nos troupes qui combattent en Iraq, en Afghanistan et au Pakistan. Cela nous met en danger, et met la paix régionale en danger. »

    L’accusation selon laquelle Israël met en danger la vie des Américains combattant en première ligne le terrorisme ne serait-elle pas dévastatrice si elle était présentée d’une façon aussi dure par une personnalité politique capable au peuple américain ? Oui, elle le serait. Et avec des sondages réalisés honnêtement, sans mots équivoques, cette personnalité obtiendrait probablement des pourcentages aussi élevés ou plus élevés que ceux de Bush en 1991.

    Le général Petraeus, à supposer qu’il s’embarque dans la course politique en 2012 ou 2016, prendra-t-il une telle initiative ? Tout d’abord, on peut avancer l’hypothèse qu’après sa note et son témoignage, il ne se passera guère de temps avant qu’on ne lise quelque histoire d’investigations à propos « d’allégations douteuses », en lien avec les nombreuses médailles du général Petraeus, peut-être même des révélations sur sa prudence Flashmanesque sur le champ de bataille. Ensuite, tout candidat républicain devra courtiser les ultrachrétiens républicains, passionnés dans leur soutien à Israël, en raison d’une programmation doctrinale de l’ultime Extase. Enfin, pourquoi tenter une telle intimidation qui ne ferait qu’envoyer l’argent des campagnes juives vers le Parti démocrate ?

    Comme le remarque Blankfort, peu avant la première entrevue avec le Président Obama, 76 sénateurs états-uniens, conduits par Christopher Dodd et Evan Bayh, plus 330 membres de la Chambre, envoyèrent des lettres à en-tête de l’AIPAC au Président, l’appelant à ne pas mettre la pression sur le Premier ministre israélien lors de leur rencontre. La Chambre, ne l’oubliez pas, a acclamé l’agression israélienne contre Gaza et, par 334 voix contre 36, a condamné le rapport Goldstone.

    Le Parti démocrate est fortement dépendant des plus grands donateurs politiques juifs, jusqu’à 60% du niveau le plus élevé des donateurs, selon Blankfort. L’AIPAC va bientôt tenir son congrès (où Tony Blair sera une attraction mineure). Y viendront toutes les principales personnalités politiques, pour flagorner et rendre leur hommage. Le 3 juin 2008, juste après avoir battu Hilary Clinton dans la course à l’investiture, Obama s’était adressé à la foule de l’AIPAC, quelque 7 000 personnes : « Nous utiliserons aussi tous les éléments de la puissance américaine pour faire pression sur l’Iran, » assura-t-il à l’AIPAC. « Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire. Tout ce qui est en mon pouvoir. Tout, et je veux dire, tout. » Il jura qu’il ne parlerait pas aux représentants élus palestiniens du Hamas. Tonnerre d’applaudissements. Et de déclarer alors : « Jérusalem restera la capitale d’Israël, et elle doit rester indivisible. » Le lendemain, les conseillers en politique étrangère d’Obama, horrifiés par cet éclat, apportaient quelques corrections.

    Uri Avnery, écrivain chevronné israélien et activiste pacifiste, indigné, s’était exprimé furieusement à la suite de ce dernier propos : « Et voici qu’arrive Obama qui ressort des poubelles le slogan usé de "Jérusalem indivisible, capitale d’Israël pour l’éternité". Depuis Camp David, tous les gouvernements israéliens ont compris que ce mantra constituait un obstacle insurmontable à tout processus de paix... La crainte de l’AIPAC est si épouvantable que même ce candidat qui promet le changement en tous domaines n’ose pas l’affronter. Dans ce domaine, il accepte le pire conformisme du Washington ancien style. Il est prêt à sacrifier les intérêts américains les plus fondamentaux. Après tout, les États-Unis ont un intérêt vital à réaliser une paix israélo-palestinienne qui leur permette de toucher les cœurs des masses arabes, de l’Irak au Maroc. Obama a nui à son image dans le monde musulman et hypothéqué son avenir - dans le cas où il serait élu président... S’il maintient ces déclarations un fois élu, il sera contraint de dire, à chaque fois qu’il sera question de la paix entre les deux peuples de ce pays : "Non, je ne peux pas". »

    Donc oui, la crise sera bientôt terminée, et non, il n’y a pas d’ère nouvelle dans les relations US/Israël à l’horizon.

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    Le USS Liberty après l’agression israélienne le 8 juin 1967, qui fit 34 tués et 171 blessés états-uniens, agression couverte par l’Administration Johnson


    2 - La lutte contre le pouvoir des grandes entreprises

    Dans son important rapport spécial paru dans notre dernier bulletin, Mason Gaffney traite de la fameuse décision du 21 janvier 2010 de la Cour suprême des Etats-Unis dans l’affaire « Citoyens unis c/Commission fédérale des élections », où la Cour décide qu’une grande entreprise peut contribuer financièrement sans limite pour faire connaître ses opinions et s’opposer aux candidats politiques de son choix - en pratique, du choix de son PDG ou de ses directeurs. « Les Etats-Unis sont nés d’une rébellion contre les entreprises, » écrit Gaffney. « La Cour suprême des Etats-Unis commença très vite à restaurer leur pouvoir et quand elle devenait trop ambitieuse, des mouvements dirigeants et populaires forts l’ont fait reculer : sous Andrew Jackson, Abraham Lincoln, Teddy Roosevelt et Franklin D. Roosevelt (FDR). Aujourd’hui, elle va trop loin à nouveau ; reste à savoir si un nouveau mouvement ou dirigeant va se présenter pour la faire reculer une nouvelle fois. »

    Gaffney analyse les meilleures stratégies politiques pour une contre-attaque populaire. Il conclut, « Les contribuables "ordinaires" vont-ils se rebeller comme ils l’ont fait lors de la Révolution américaine, de l’Emancipation, à l’époque de la Réforme progressive, et du New Deal (Nouvelle Donne), ou le pouvoir des grandes sociétés va-t-il croître, incontrôlé, jusqu’à remplacer tout à fait la démocratie ?

    Selon une théorie cyclique, nous devrions avoir une autre réaction anti-sociétés, mais l’histoire enregistre aussi des points de basculement vers le déclin des nations, lesquelles mettent des générations à se redresser, quand elles y parviennent. Ceci pourrait passer de justesse. »

    Retour à FDR, je dis. Remballez la Cour suprême !

    Dans le même bulletin exceptionnel, JoAnn Wypijewski, publie un article vraiment terrible sur « la chaîne du fret » tel que l’ont décrite, lors d’une récente conférence, des dockers radicaux venant du monde entier, réunis à Charleston, Caroline du Sud. Elle écrit :

    « "Les gens qui font bouger le monde peuvent aussi l’arrêter," affirment les dockers radicaux, et cela rend d’une fragilité essentielle une production mondiale et un système de distribution à la merci d’une coordination précise de centaines de milliers de parties mobiles. Si certaines de ces parties mobiles - des travailleurs sur des plates-formes de correspondances aériennes importantes, dans des centre de triages vitaux sur des grands axes ferroviaires, ou, surtout, dans un ensemble stratégique de ports maritimes - si certaines de ces parties refusent de faire leur part, alors c’est tout le système qui se bloque. Le refuser suffisamment longtemps et assez largement, et c’est tout le système qui est en crise. »


    (JPG) Alexander Cockburn, né le 6 juin 1941, est journaliste politique irlando-américain. Cockburn a grandi en Irlande mais vit et travaille aux États-Unis depuis 1972. Avec Jeffrey St. Clair, il anime la lettre d’information CounterPunch. Il tient également une chronique intitulée Beat the Devil pour The Nation et une chronique hebdomadaire dans le Los Angeles Times et The First Post.

    Du même auteur :

    -  Mais que font les pacifistes américains ? (Le Monde diplomatique)
    -  Ça ne sert à rien d’accuser l’Iran pour l’insurrection en Irak (The Independent)


     
     

    CounterPunch - édition hebdo du 19 et 21 mars 2010 - Illustrations et sous-titrage 1ère partie par la traduction (JPP)

     

     


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  • Comment répondre au rapport sur les droits de l’homme publié par l’administration américaine


    La prétention des Etats-Unis à protéger et préserver les droits de l’homme est en soi une agression contre ces droits...
     
     
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    Prison d’Abu Ghraib, Irak - Des soudards américains sont en train d’infliger une leçon de "principes démocratiques à l’occidentale" à un de leurs prisonniers irakiens.

    Nawwaf al-Musawî, membre du bloc de fidélité à la résistance (Liban) et responsable du Hezbollah a déclaré :

    « L’administration américaine continue à s’ériger en protecteur des droits de l’homme, publiant régulièrement un rapport, avec effronterie et arrogance, tentant de tromper une opinion publique, qui a appris, par le fer et le feu, dans l’âme et le sang, que la violation la plus grave du droit humain et de la dignité humaine se matérialise dans le comportement américain impérial, et notamment dans le soutien absolu à l’entité sioniste, dans son agression barbare contre les Arabes, Palestiniens et Libanais notamment.

    Le registre des violations des droits de l’homme des administrations américaines a été saturé et a même débordé du fait de leurs pratiques diverses, à tous les niveaux, envers les droits humains : la violation du droit à l’autodétermination, les tortures, les arrestations arbitraires, la répression des libertés publiques, la protection de la tyrannie, le soutien aux criminels de guerre sionistes, le meurtre des civils dans des massacres collectifs. De plus, l’occupation militaire suffit à elle seule, avec les crimes qu’elle comporte, pour la considérer comme la plus grave attaque contre les droits de l’homme. L’administration a été et est toujours une force d’occupation et d’agression, qui soutient les forces d’agression et d’occupation dans plus d’un pays dans le monde, et en Palestine occupée en particulier.

    La prétention des Etats-Unis à protéger et préserver les droits de l’homme est en soi une agression contre ces droits, car se donner en exemple en vue d’être imité annule le fondement moral sur lequel s’appuie l’idée des droits humains.

    L’insistance des Etats-Unis à publier ce rapport régulier est une persistance à poignarder cette idée humaine, tant au niveau de ses principes que de ses applications pratiques. Qu’advient-il alors lorsque ce rapport essaie de camoufler le vrai par le faux, en mettant l’accent sur des lieux de violation tout en cachant des monstruosités commises envers le droit humain, que ce soit contre l’individu, le groupe, la nation ou la patrie.

    L’admnistration américaine cache, derrière ses rapports réguliers, les crimes monstrueux qu’elle commet contre le peuple irakien et le peuple afghan, sous le prétexte de lutter contre le terrorisme. C’est cette administration qui reconnaît les faits, notamment après l’arrestation du chef d’un groupe terroriste en Iran, qu’elle est la première à protéger les groupes terroristes qui adoptent le meurtre collectif, la haine et le fanatisme, tant au niveau de la pensée que de la pratique.

    Derrière les contenus équivoques se cachent les réalités des prisons américaines, déclarées ou secrètes, répandues dans le monde entier, qui malgré leur obscurité et leur silence, témoignent de la sauvagerie américaine, comme le montre en partie l’exemple de la torture dans la prison d’Abu Ghrayb en Irak.

    L’administration américaine ne peut faire oublier au monde qu’elle soutient l’entité sioniste et raciste dans son agression barbare et quotidienne contre le peuple palestinien, elle contribue même à cette agression en empêchant toute tentative du mouvement de la solidarité internationale de poursuivre les criminels israéliens, responsables politiques ou militaires.

    C’est pourquoi il n’est pas étrange que le rapport évite tout ce qui se rapporte à la situation du peuple palestinien sous l’occupation israélienne, ainsi que la vérité de l’oppression israélienne dans les centres de détention collective, qui regroupent femmes et enfants, ou dans les villages et les villes palestiniennes qui sont devenus des centres de détention également, son agression criminelle contre Gaza pendant 22 jours et les massacres des enfants, des femmes et des vieillards, considérés comme des crimes génocidaires contre l’humanité, et à Gaza dont le siège est un affront à l’humanité qui n’agit pas pour défendre ses droits.

    Il n’est pas non plus étrange que le rapport évite de mentionner les violations aériennes quotidiennes de la souveraineté libanaise, ni l’impact des bombes à fragmentation qui ont tué et blessé des centaines, jusqu’à aujourd’hui, ni les réseaux d’espionnage fauteurs de guerres civiles et responsables des crimes organisés, au vu et au su des grandes puissances, sans susciter de réactions.

    Les peuples opprimés qui ont découvert depuis longtemps, par leurs blessures et les cris de leurs enfants, la véritable et hideuse image de l’administration américaine ne peuvent être trompés par cette tentative de l’enjoliver dans un rapport qui est en soi une violation des droits de l’homme.

    Il serait préférable aux organisations des droits de l’homme, indépendantes et soucieuses de préserver leur cause de rédiger un rapport régulier sur les violations américaines des droits de l’homme, qui recense les faits alors que ceux qui sont encore cachés sont plus nombreux que ceux qui ont été dévoilés.


     
     

    14 mars 2010 - Diffusion et traduction par CIREPAL
    Centre d’Information de la résistance en Palestine

     

     


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    Barack Obama a signé le renouvellement du « Patriot Act »



    Pour ceux qui croient encore que Barack est la meilleur chose qui pouvait arriver a ce monde et qu'il va sauver le monde.
    Tout comme vous avez réalisez a 6,7 ans que le père noël n'existe pas
    Tout comme vous avez réalisez a la fin d'un film inspiré d'un comics que les super héros ça n'existe pas
    Il est tant d'ouvrir les yeux et de réalisez qu'un président américain gentille ça n'existe pas.
    Tout comme ces prédécesseur Obama poursuit les politiques meurtrières, opressivent et baser uniquement sur l'argent et l'exploitation des ressources mondiales par la force !

    Voilà l'extrait de l'article sur le renouvellement du "patriot act" par obama

    Barack Obama a signé le renouvellement du « Patriot Act », sans aucune des réformes qu’il réclamait lorsqu’il était candidat.

    Une des raisons de la haine par le peuple de gauche américain pour George W. Bush tenait à ses agressions insidieuses contre nos libertés et droits constitutionnels. Mais la semaine dernière, Barack Obama a signé le renouvellement d’un des pires de ces assauts, la loi « Patriot Act », sans aucune des réformes exigées par les progressistes, réformes pourtant réclamées par Obama lui-même quand il était candidat à la Maison Blanche.

    Le « Patriot Act », voté par le Congrès à la demande de Bush dans l’hystérie sécuritaire qui a suivi les attentats meurtriers de 11 Septembre 2001, confère d’immenses pouvoirs au gouvernement fédéral pour les « écoutes » téléphoniques et le contrôle des courriers. Il autorise la saisie de dossiers officiels et officieux de suspects sans les prévenir et légalise la surveillance des individus, même s’ils n’ont aucun lien avec un groupement terroriste organisé.

    La désillusion galopante à l’égard de Barack Obama se renforce à gauche. Après deux guerres et une politique économique conservatrice, le chef de l’état poursuit dans bien des domaines l’oeuvre de son prédécesseur en défiant et en assassinant nos libertés civiles. Le mois dernier, la vénérable American Civil Liberties Union, prestigieuse association gardienne de nos libertés depuis 1920, a publié un rapport accablant sur la « déception » Obama. Dans pas moins de 66 cas, le président aurait eu le pouvoir de restaurer des libertés mais n’a rien fait, et dans 27 autres, ses actions auraient été « essentiellement négatives ».

    Parmi les atteintes bushiennes aux libertés laissées en l’état par Obama, on peut citer la politique de « rendition », c’est-à-dire le transfert d’individus soupçonnés d’avoir des liens avec le terrorisme vers des pays où la torture est d’usage pendant les interrogatoires (Égypte, Maroc, ou Jordanie), l’utilisation des militaires pour surveiller les citoyens aux États-Unis et à l’étranger, le pouvoir de désigner sans procès un individu ou une association comme « terroriste », les empêchant ainsi de faire du business, la surveillance de militants politiques quand bien même aucun soupçon de crime ne pèse sur eux ,l’utilisation de tribunaux militaires pour les procès de civils accusés de terrorisme en lieu et place des cours qu’autorise la Constitution , l’emprisonnement illimité sans procès des individus soupçonnés de terrorisme (y compris à Guantanamo où 188 d’entre eux croupissent toujours sans avoir été jugés), l’utilisation du « secret d’État » pour empêcher un procès et pour refuser de fournir au Congrès des documents qu’il réclame, et bien d’autres exemples…

    Le 3 février dernier, Dennis Blair, le directeur des renseignements nationaux - conseiller principal de la Maison Blanche nommé par Obama – a déclaré devant une commission du Congrès que le gouvernement avait parfaitement le droit d’assassiner des citoyens américains s’il les soupçonne de terrorisme !

    Cette conduite anticonstitutionnelle d’Obama et de ses sbires rappelle le dicton vieux de 250 ans de Benjamin Franklin, le vieux sage de la révolution américaine : « Ceux qui sacrifient des libertés essentielles pour obtenir un peu de sécurité temporaire ne méritent ni liberté, ni sécurité »

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  • Les guerres qui mènent les Etats-Unis à la ruine


    Le prix Nobel de la Paix Barack Obama poursuit des combats qui sont au-dessus des moyens de son pays, et il est de plus en plus évident qu’il est le jouet du complexe militaro-industriel, écrit Eric Margolis.
     
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    Les invasions américaines en Irak et en Afghanistan n’auraient pas été possibles sans crédits massifs venus de Chine, d’Union Européenne, des pays producteurs de pétrole du Moyen-Orient ... - Photo : Al Jazeera

    Le Président Barack Obama a qualifié le budget de 3,8 trillions de dollars [un trillion équivaut à 1000 milliards de dollars - N.d.T], envoyé récemment au Congrès, d’étape importante pour restaurer la santé économique de l’Amérique. En fait, c’est une nouvelle dose fournie à un malade gravement dépendant d’une drogue dangereuse : la dette.

    Plus d’empires sont tombés en raison de finances catastrophiques que d’invasions. Le dernier exemple a été l’Union Soviétique qui s’est ruinée en achetant des tanks. Le déficit de Washington [la différence entre les dépenses et les revenus par les impôts] atteindra cette année la somme vertigineuse de 1,6 trillion de dollars. Cette somme énorme sera empruntée principalement à la Chine et au Japon auxquels les États-Unis doivent déjà 1.5 trillion de dollars. Le service de la dette coûtera cette année 250 milliards de dollars.

    Pour parvenir à dépenser 1 trillion de dollars US, quelqu’un aurait dû commencer à dépenser 1 million de dollars chaque jour depuis peu de temps après que Rome ait été fondé puis continuer ainsi pendant 2738 années jusqu’à aujourd’hui.

    Le budget militaire total [2010] d’Obama est presque de 1 trillion. Cela comprend les 880 milliards de dépense du Pentagone. Ajoutons les sombres programmes secrets (environ 70 milliards), l’aide militaire aux nations étrangères amies comme l’Egypte, Israël et le Pakistan, ainsi que 225000 « contractuels » militaires (mercenaires et employés), et enfin les coûts des vétérans.

    Additionnons encore 75 milliards (presque quatre fois le budget total de la défense du Canada) pour 16 agences de renseignements avec 200 000 employés.

    Les guerres d’Afghanistan et d’Irak (1 trillion de dollars jusqu’ici), coûteront de 200 à 250 milliards de plus cette année, en incluant des dépenses cachées et indirectes. « L’escalade [surge] » afghane d’Obama avec ses 30000 soldats supplémentaires coûtera encore 33 milliards de dollars - plus que le budget total de la défense de l’Allemagne.

    Pas de problème si les stocks de la défense n’ont cessé de gonfler après le budget « d’austérité » d’Obama, prix Nobel de la Paix.

    Les dépenses militaires et de renseignement augmentent de façon implacable alors que le chômage atteint les 10% et que l’économie saigne une encre rouge. L’Amérique est devenu l’homme malade de hémisphère occidental, un estropié économique comme l’a été le défunt empire Ottoman. Le Pentagone représente maintenant à lui seul la moitié des dépenses militaires de la planète dans sa totalité. Ajoutez-y les riches alliés de l’OTAN ainsi que le Japon, et les chiffres atteignent 75%. La Chine et la Russie dépensent conjointement à peine un malheureux 10% de ce que les États-Unis dépensent pour la défense.

    Il y a 750 bases militaires des États-Unis dans 50 pays et 255 000 militaires ou employés stationnés en permanence à l’étranger dont 116 000 en Europe et presque 100 000 au Japon et en Corée du Sud.

    La dépense militaire dévore jusqu’à 19% des dépenses fédérales et au moins 44% des recettes fiscales. Sous l’administration Bush, les guerres d’Irak et d’Afghanistan — financées par l’emprunt — ont coûté à chaque famille américaine plus de 25 000 dollars.

    Comme Bush, Obama finance les guerres de l’Amérique par des autorisations supplémentaire de paiement, sur le compte déjà au maximum à découvert de la nation. Les générations futures seront coincées par cette facture. Ce yoyo financier du Président et du Congrès est la pire manifestation de malhonnêteté publique. Les guerres de l’Amérique doivent être payées par les impôts, et non pas par des jeux d’écriture comptable.

    Si les contribuables des États-Unis devaient réellement acquitter la facture des guerres d’Afghanistan et d’Irak, ces conflits cesseraient très rapidement. L’Amérique a besoin d’un juste et transparent impôt de guerre. Les États-Unis ont clairement atteint le point de rupture. Les dépenses militaires et le service de la dette cannibalisent l’économie américaine, la vraie base de sa puissance mondiale. Aux côtés de l’ancienne URSS, les États-Unis ressemblent maintenant de plus en plus à l’Empire Britannique disparu en 1945, écrasé par d’immenses dettes contractées pour participer à la deuxième guerre mondiale et incapable de continuer de financer ou défendre son empire, tout en restant malgré tout imprégnée de prétentions impériales.

    Il est de plus en plus évident que le Président n’est pas aux volant du camion militaire américain complètement emballé. Il y a soixante ans, le grand Président Dwight Eisenhower, dont le portrait orne mon bureau, avait averti les Américains de prendre garde au complexe militaro-industriel. Six décennies plus tard les partisans de la guerre permanente et de la domination du monde se sont liés avec les bailleurs du fonds de Wall Street pour pousser l’Amérique dans le gouffre.

    Un nombre croissant d’Américains sont fort justement scandalisés et effrayés de l’emballement des déficits. La plupart d’entre eux ne comprennent pas que leurs dirigeants politiques mènent leur nation à la ruine dans des guerres étrangères inutiles et dans une vaine tentative de diriger une grande partie du globe — ce que les neocons appellent un « plein spectre de domination [domination dans tous les domaines - N.d.T] ».

    Si Obama était vraiment sérieux concernant la rétablissement de la santé économique de l’Amérique, il exigerait que les dépenses militaires soient réduites, mettrait fin rapidement aux guerres d’Irak et d’Afghanistan et briserait l’échine des « Frankenbanks géantes [jeu de mots à partir de ‘Frankenstein’ et ‘banques’ - N.d.T] » de la nation.

    (JPG) Du même auteur :

    -  Guerre d’Afghanistan : un pont trop loin - 12 février 2008


     
     

    5 février 2010 - Toronto Sun - Vous pouvez consulter cet article à :
    http://www.torontosun.com/comment/c...
    Traduction de l’anglais : Al-Mukhtar

     

     


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  • Par consentement éclairé

    William BLUM
    Photo : partis combattre pour un pays qui n’était même pas capable de leur offrir un empoi...

    Environ la moitié des états des Etats-Unis exigent qu’une femme qui désire se faire avorter soit informée de certaines choses avant de pouvoir procéder à l’opération. Dans le Dakota du Sud, par exemple, il y a encore quelques mois, le personnel médical devait annoncer à la femme : « l’avortement mettra fin à une vie, celle d’un être humain formé, distinct et unique » ; la femme enceinte a « un lien avec cet être humain qui n’est pas encore né, » un lien protégé par le Constitution des Etats-Unis et les lois du Dakota du Sud ; et aussi qu’un « risque médical connu » de l’avortement était « une augmentation du risque de suicide ou de pensées suicidaires ». Un juge fédéral a éliminé les deux dernières affirmations, en les qualifiant d’ « inexactes et trompeuses ». (1)

    Personnellement, je contesterais même la première affirmation sur l’embryon qui est un être humain mais là n’est pas le sujet. Je voudrais souligner ici que lorsqu’un jeune homme ou une jeune femme s’engage dans l’armée, il ou elle devrait être avisé(e) de la chose suivante :

    « Les Etats-Unis sont en guerre (une affirmation qui est toujours vraie). Vous serez probablement envoyé sur un champ de bataille où on exigera le meilleur de vous pour mettre fin à des vies humaines formées, distinctes et uniques, des êtres humains vivants dont vous ne savez rien et qui ne vous ont fait aucun mal, pas plus qu’à votre pays.

    Au cours du processus, vous pourriez éventuellement perdre un bras ou une jambe. Ou la vie. Si vous revenez vivant et en un seul morceau, il existe une bonne probabilité que vous souffriez d’un stress post-traumatique. N’attendez pas du gouvernement qu’il vous soigne au mieux, ni même qu’il vous soigne du tout.

    Quoi qu’il en soit, vous pourriez en arriver à infliger de mauvais traitements à votre conjoint et vos enfants et/ou à d’autres personnes, à tuer différents individus, à consommer des drogues et/ou de l’alcool, et par constater une augmentation du risque de suicide ou de pensées suicidaires.

    Quelle que soit la gravité de votre état, le Pentagone pourrait décider de vous renvoyer en mission sur le champ de bataille. C’est ce qu’ils appellent « stopper l’hémorragie du recrutement ». Votre seule alternative sera de vous faire porter "absent sans permission". Avez-vous des amis au Canada ? (principale destination pour les "déserteurs" étatsuniens - NdT)

    Surtout, ne vous avisez pas de demander à vos officiers supérieurs pourquoi vous combattez. Même les généraux n’en savent rien. En fait, ce sont surtout les généraux qui n’en savent rien. Ils n’occuperaient jamais le poste qu’ils occupent s’ils étaient capables de comprendre les choses au-delà de la propagande que l’on nous sert, cette même propagande qui fait que vous êtes là aujourd’hui dans ce bureau de recrutement. »

    En considérant que pour de nombreux jeunes ces dernières années, c’est la situation économique qui est la raison principale de leur engagement dans l’armée, je les invite à réfléchir à ceci : « Vous avez été enrôlés pour aller combattre, et peut-être mourir, pour un pays qui n’est même pas capable de vous offrir un emploi décent, ni même un emploi tout court. »

    « J’ai peur pour nous tous, mais j’ai surtout peur pour ceux qui sont déjà au plus bas. Jusqu’où peuvent ils encore tomber sans devenir de la chair à canon ou des candidats à la chaise électrique ou des détritus sur un trottoir ou aller remplir les prisons, ou tout simplement finir dans la solitude et le suicide ? » Carolyn Chute, romancière, Maine, USA

    (...)

    William Blum
    http://www.killinghope.org/bblum6/aer79.html

    traduction partielle VD pour le Grand Soir  ici


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    El Correo

    Un rapport de l’International Human Rights Law Clinic de Berkeley conclut que le Département de Justice des Etats-Unis a gêné le procès des 25 chefs « paras » extradés.

    Par action et inaction, le gouvernement étasunien a aidé à ce que les crimes des paramilitaires en Colombie restent impunis. L’accusation ne vient pas d’une organisation des droits de l’homme ni d’ un dirigeant de gauche de Bogotá, mais d’ une équipe d’avocats de l’Université de Berkeley [Californie], une des institutions les plus prestigieuses des États-Unis. Cette semaine l’International Human Rights Law Clinic de Berkeley a publié « La Vérité derrière les barreaux » [ « Truth Behind Bars » : extradition should not shield paramilitary leaders. ], un rapport qui décrit comment le Département de Justice des Etats-Unis a géré les procès au pénal pour trafic de stupéfiants contre les 25 des principaux chefs paramilitaires colombiens extradés. « Comme représentants des familles des victimes des crimes des paramilitaires, nous envoyons des lettres au Département de Justice en demandant qu’ils reconnaissent l’existence de victimes en Colombie. La réponse par écrit fut toujours que pour eux, les victimes colombiennes du trafic de stupéfiants n’existent pas, délit pour lequel ils sont jugés ici », a expliqué à ce quotidien Roxanna Altholz, l’une des avocates de l’équipe.

    Le 13 mai 2008, les Colombiens et le monde ont appris que les principaux responsables de plus de 30 000 assassinats, d’innombrables séances de tortures, de menaces de mort et de déplacements forcés avaient été extradés aux États-Unis, sans prévenir personne, ni les victimes ni les juges qui les jugeaient. Ce jour, pour apaiser l’avalanche de critiques, l’ambassadeur des Etats-Unis à Bogotá, William Brownfield, a promis que les victimes, leurs avocats et les juges colombiens auraient l’accès, l’information et la collaboration nécessaires pour avancer sur les procès pour violations des Droits de l’Homme dans le pays andin. Un an et huit mois après, cela n’a pas été le cas.

    Du début jusqu’à aujourd’hui, le Département d’État a restreint toute l’information en référence aux procès. Les preuves à charge ne sont pas connues, ni ce que les accusés ont déclaré, ni les arguments pour chaque condamnation. « Les extraditions ont substantiellement réduit la coopération des accusés dans des procès sur les Droits de l’Homme et de corruption, ils ont gêné à l’accès des victimes colombiennes et ils ont affaibli les efforts étasuniens contre le trafic de stupéfiants, et renforcent la Cour Suprême colombienne à bloquer les futures extraditions de paramilitaires pour des charges de trafic de drogues », conclut le rapport.

    Hier, le plus haut tribunal de Bogotá a à nouveau rejeté l’extradition d’un leader paramilitaire (Lire plus bas). L’année dernière, après quelques visites à Washington et tentatives frustrées, pour négocier une collaboration réelle, les juges de la Cour avaient décidé de contre-attaquer. « L’expérience récente démontre que les extraditions ont permis que dans les procès du programme Justice et Paix la connaissance de la vérité soit paralysée, étant donné que les extradés n’ont pas pu continuer à avouer leurs crimes et, ainsi, les victimes restent sans connaître la vérité, et la société, sans garanties qui ne se répèteront pas », a analysé le tribunal.

    Le gouvernement des Etats-Unis avait permis à ce momement là quelques vidéoconférences entre la Cour Suprême colombienne et certains paramilitaires. Les accusés devaient témoigner sur les liens qu’ils ont tissés avec une grande partie de la direction politique de leur pays, spécialement avec les alliés du président Alvaro Uribe. Quand le président a donné l’ordre de les extrader, plus de 60 parlementaires, plusieurs de ses ministres et jusqu’à son cousin même étaient sous enquête judiciaire.

    Quand les chefs paramilitaires sont arrivés sur la terre étasunienne, tous ont promis de continuer à avouer et de commencer à remettre les biens qu’ils avaient gagnés par la force du sang et de la terreur. Mais les mois passant et l’apparition des premières sentences (entre quatre jusqu’à trente-et-un ans de prison), les paramilitaires ont perdu l’envie de collaborer avec la Justice colombienne. Jusqu’à présent il y a huit condamnations, et la majorité s’est déclarée déjà coupable et attend sa sentence dans les prochains mois.

    « Le Département de Justice a beaucoup d’outils pour faire en sorte que les paramilitaires coopèrent avec les victimes, mais il les n’utilise pas », a reproché Altholz. En proposant deux choses : réduire les peines et offrir des visas aux parents des paramilitaires, dont certains ont été visés par des attentats en Colombie.

    La troisième option est un peu plus osée. « Si le gouvernement voulait, il pourrait les accuser de tortures, comme il l’a fait avec Chukie Taylor, le fils du dictateur du Liberia », a suggéré l’avocate. Le mois passé, la juge fédéral Cecilia Altonaga a condamné le jeune homme de 31 ans à 97 ans de prison pour exercice de tortures et exécutions sommaires. Depuis 1994 , les États-Unis ont une loi fédérale, qui établit que toute personne qui a torturé, à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, peut être jugé si elle est arrêtée sur le territoire des Etats-Unis.

    Les paramilitaires colombiens remplissent ces conditions et avec la décision de la juge Altonaga : « Nous agissons parce qu’il est difficile de s’imaginer des offenses aussi graves contre la dignité et la vie des êtres humains ».

    Ils n’extradent pas « Diego Vecino »

    La Cour Suprême de Justice de la Colombie a refusé hier la demande d’extradition des États-Unis du chef paramilitaire Edgar Cobo Téllez, alias « Diego Vecino ». Le chef paramilitaire démobilisé est en train d’être jugé pour des crimes de Droit de l’Homme dans son pays et, comme l’a établi le tribunal, il a encore beaucoup à raconter. Aux États-Unis en revanche ils le réclament pour l’envoi de quelques tonnes de cocaïne à ce pays. « Doit prévaloir le devoir de veiller pour la protection et l’assistance des victimes », a décidé la Cour dans son délibéré. Comme l’a informé le Ministère public colombien cette semaine, les paramilitaires qui sont passés par les tribunaux locaux ont déjà avoué plus de 30 000 assassinats et beaucoup plus de cas de tortures, de menaces et de déplacements forcés. La majorité des chefs de ce groupe armé a été extradée aux États-Unis, mais ceux qui sont restés continuent à donner des noms. Hier, Daniel Rendón Herrera, alias « Don Diego », a accusé l’ex-chef de l’Armée et actuel ambassadeur à la République Dominicaine, le général Mario Montoya, d’avoir reçu 750 000 dollars en 2004 de la part des paramilitaires.

    Par Marie Laura Carpineta
    Página 12 . Buenos Aires, le 18 Février 2010.

    Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi

    http://www.elcorreo.eu.org/?Les-Etats-Unis-


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  • Le néo-impérialisme made in USA

    Emrah KAYNAK ici
     
    affiche du film Starship Troopers. "Un nouveau genre d’ennemi. Un nouveau genre de guerre".

    L’impérialisme est défini généralement comme « la politique d’un pays qui cherche à conserver ou à étendre sa domination sur d’autres peuples ou d’autres territoires ».

    Les États-Unis n’ont pas une politique coloniale traditionnelle en ce sens qu’ils ne visent pas à occuper ou à annexer directement des territoires. Leur hégémonie s’exprime de préférence à travers l’expansion de sphères d’influence. Pour ce faire, ils allient des moyens culturels, médiatiques, économiques, politiques, etc.

    Cette approche pluridimensionnelle n’exclue pas pour autant l’usage de la force militaire qui reste le pilier de leur stratégie de domination globale. Les Etats-Unis conçoivent le monde comme un vaste champ de bataille dont les bases militaires constituent l’épine dorsale. La subdivision de la surface terrestre en unités de commandement renvoie à cette approche. On dénombre pour l’heure plus d’un millier de bases militaires usaméricaines disséminées dans le monde et une présence armée dans plus de 150 pays (http://www.globalresearch.ca). Ce réseau s’ajuste et se renforce suivant les nécessités tactiques. Le moindre bouleversement géopolitique ou cataclysme naturel est mis à profit par l’empire pour accroître sa capacité de projection comme l’illustre le déploiement massif de soldats en Haïti.

    Les interventions militaires des Etats-Unis n’ont pas exclusivement des motivations économiques mais s’expliquent aussi par des considérations géopolitiques : il s’agit pour les Etats-Unis d’asseoir leur ambition impériale à travers le contrôle des flux énergétiques.

    Sous couvert de lutte contre le terrorisme, les Etats-Unis tentent de mettre au pas tous les pays réfractaires à leur autorité et à l’ordre néo-libéral. En première ligne de ce combat, on retrouve les pays latino-américains regroupés au sein de l’ALBA, principalement Cuba et le Venezuela. Les USA s’efforcent par tous les moyens de mettre en échec les efforts d’intégration et de coordination politico-économique des pays socialistes. Ils viennent d’implanter sept nouvelles bases le long de la frontière vénézuelienne au point de menacer dangereusement la paix régionale.

    L’expansion impérialiste ne s’appuie pas seulement sur des éléments objectifs (innovation technologique, production économique, puissance militaire,…) mais aussi sur les relais culturels : production audiovisuelle, domination de l’anglais en tant que référent universel, contrôle de l’information, etc. La production culturelle n’est jamais neutre ; elle charrie une certaine vision du monde, des concepts et des valeurs idéologiques qui sont presque mondialement intériorisés.

    Dans cette optique, le cinéma joue un rôle clef. Hollywood a toujours entretenu des relations électives avec les autorités publiques. Depuis les événements du 11 septembre, ces liens se sont encore renforcés. Un des raisonnements récursif de la production cinématographique est la lutte contre un ennemi irréductible qu’il faut par toutes les voies anéantir. Hollywood accompli scrupuleusement son rôle idéologique : redorer l’image des forces publiques et légitimer d’un point de vue morale les menées militaires et l’inflexion autoritaire des Etats-Unis.

    Le néo-impérialisme cherche à imposer ses valeurs pour mieux assurer ses intérêts. Les déclarations de George W. Bush qui vont dans ce sens sont abondantes (http://www.commondreams.org/headlin...) : « La stratégie de sécurité nationale des États-Unis sera fondé sur un internationalisme typiquement américains, qui reflète l’union de nos valeurs et nos intérêts nationaux. L’objectif de cette stratégie est de contribuer à rendre le monde non seulement plus sûr mais mieux. Nos objectifs sur la voie du progrès sont clairs : liberté politique et économique, les relations pacifiques avec les autres Etats et le respect de la dignité humaine… Les États-Unis saisiront cette opportunité pour étendre les avantages de la liberté à travers le globe. Nous allons travailler activement pour apporter l’espoir de la démocratie, le développement, les marchés libres et de libre-échange aux quatre coins du monde ».

    La fin de l’ère coloniale n’a pas mis un terme à l’exploitation économique, sociale et culturelle des peuples du Sud qui, drapé dans le manteau de la mondialisation, se poursuit sous des formes plus sournoises. Les crocs de l’impérialisme sont plantés encore plus profondément dans la chaire des pays les plus démunis qui se font inlassablement dépouiller de leurs ressources et de leur identité.

    Les observations de Lénine dans « Impérialisme, stade suprême du capitalisme » n’ont rien perdues de leur vigueur : « Les savants et les publicistes bourgeois défendent généralement l’impérialisme sous une forme quelque peu voilée ; ils en dissimulent l’entière domination et les racines profondes ; ils s’efforcent de faire passer au premier plan des particularités, des détails secondaires, s’attachant à détourner l’attention de l’essentiel par de futiles projets de "réformes" tels que la surveillance policière des trusts et des banques, etc. Plus rares sont les impérialistes avérés, cyniques, qui ont le courage d’avouer combien il est absurde de vouloir réformer les traits essentiels de l’impérialisme ».

    Emrah Kaynak


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  • La répression de Haïti par les États-Unis se poursuit


    Project Censored       

    Le gouvernement américain prévoit d’exproprier et de démolir les logements de centaines de Haïtiens dans le bidonville de Cité Soleil afin d’agrandir la base militaire des forces occupantes de l’ONU.
     

    NB: Le Project Censored est un livre reprenant certains articles censurés. "La répression de Haïti par les Etats-Unis se poursuit" fait partie de ce projet. Datant de 2008, l'article qui suit se présente dans son intégralité puis est accompagné de mises à jour. Investig'Action


    L’entreprise du gouvernement américain, DynCorp International (DCI), un bras quasi officiel du Pentagone et de la CIA, est responsable de l’expansion de la base. La base hébergera les soldats de la mission de stabilisation de Haïti de l’ONU (MINUSTAH).
    Cité Soleil est le champ de bataille le plus truffé de balles de l’occupation militaire étrangère, qui a débuté après que les Forces spéciales américaines ont kidnappé et exilé le président Jean-Bertrand Aristide, le 29 février 2004. Depuis lors, des citoyens ont été victimes de massacres réitérés des œuvres de la MINUSTAH.

    Les contrats de DCI, portant sur 5 millions de dollars, comprennent l’expansion de la base principale, la reconstruction du poste de police de Cité Soleil et de deux autres postes militaires avancés, de même que l’aide à la formation et la livraison d’équipements.
     Selon le maire de Cité Soleil, Charles Joseph, et un responsable de DCI sur le site, c’est l’US Agency for International Development (USAID) du département d’État se charge du financement de l’expansion de la base – une façon guère orthodoxe de se servir de l’aide au développement.

    L’avocat Evel Fanfan, président de l’Action des unités motivées pour une Haïti de droit (AUMOHD) déclare qu’environ 155 constructions seront rasées au moment où l’expansion de la base devra aller de l’avant. En mars 2009, quatre-vingts habitations avaient déjà été démolies. La plupart des bâtiments visés sont des habitations, mais il y a également une église.
     « Ils ont commencé les travaux sans dire quoi que ce soit aux personnes qui vivaient là », a déclaré Fanfan. « Les autorités ne leur ont pas dit ce qu’on allait faire, ni si elles allaient être relogées, ni comment elles allaient être dédommagées ni même si elles allaient être dédommagées du tout. »

    Inquiets, des résidents de la zone ont constitué le Comité pour les maisons devant être démolies (KODEL), qui a contacté l’AUMOHD. Fanfan a rédigé un communiqué de presse et le KODEL a tenu une conférence de presse.
     « Les soldats de la MINUSTAH sont venus à notre conférence de presse et nous ont dit d’envoyer un avocat discuter avec l’ambassade des États-Unis, parce que c’est celle-ci qui est responsable des travaux », a déclaré la pasteur auxiliaire Eddy Michel.
     « Légalement, le gouvernement haïtien n’a autorisé personne à faire quoi que ce soit », a expliqué Fanfan. « Le maire de Cité Soleil, est supposé avoir autorisé la construction, mais il n’y a ni papier, ni décret, ni ordre qui l’autorise. »

    Le 25 mars 2009, l’ambassadrice des États-Unis à Haïti, Janet Sanderson, a été rejointe par le chef de la MINUSTAH, Hedi Annabi, au cours de la cérémonie d’inauguration de la remise en état de la base, qui hébergera trente-deux policiers haïtiens, y compris une unité de contre-insurrection spécialisée dans la lutte contre les émeutes, de même qu’un contingent plus important de troupes des Nations unies.

    Un communiqué de presse de DCI, daté du 31 mars 2008, expliquait : « Conformément au devis  des tâches de l’Initiative de stabilisation de Haïti, DCI fournit une aide à la formation de 444 membres de la Police nationale de Haïti. Le devis comprend la livraison par DCI aux forces de police haïtiennes d’équipements de base et d’équipements spécialisés non mortels, de véhicules et d’appareils de communication. La valeur de ce travail est de 3 millions de dollars. DCI a également été chargé de remettre à neuf le poste de police principal de Cité Soleil. Ce poste fonctionnera en tant que base principale de cette nouvelle unité spécialisée. Les travaux de remise à neuf s’élèveront à plus de 600.000 dollars. »

    Des preuves similaires de graves ingérences américaines dans la souveraineté et les processus démocratiques de Haïti ont fait surface le 23 juin 2008 quand les groupes pour les droits de l’homme Zamni Lasante (partenaires du plus important programme de santé à Haïti), le Centre des droits et l’homme et la justice dans le monde et le Centre du Mémorial Robert F. Kennedy pour les droits de l’homme (Centre RFK) ont publié un rapport révélant que l’administration Bush bloquait une aide « potentiellement vitale » à Haïti afin de s’ingérer dans les affaires politiques de cette nation appauvrie.

    En plus d’être la nation la plus pauvre de l’hémisphère occidental, Haïti est également l’un des pays les plus pauvres en eau potable dans le monde, et figure même en dernière place de l’Indice de pauvreté en eau.
    Le 4 août 2008, le Centre RFK a rendu publics des documents internes du département américain du Trésor, dénonçant ainsi des actions du gouvernement américain, motivées politiquement et visant à bloquer la ventilation de 146 millions de dollars en prêts que la Banque interaméricaine de développement (IDB) avait approuvés pour Haïti. L’IDB avait d’abord approuvé ces prêts en juillet 1998, y compris 54 millions de dollars pour des projets de nécessité urgente tournant autour de l’eau et des conditions sanitaires.

    Toutefois, les documents montrent que les responsables de l’IDB et du département américain du Trésor ont cherché des moyens de lier la livraison des prêts à des conditions politiques sans rapport auxquelles le gouvernement américain voulait soumettre le gouvernement haïtien. Cette intervention constituait une violation directe de la charte de l’IDB qui interdit à la banque de faire dépendre ses décisions des affaires politiques de ses États membres.
     « Après plusieurs années d’enquête sur la rétention de ces prêts, nous disposons aujourd’hui de preuves claires et détaillées des interventions remarquables du gouvernement américain et de l’IDB pour bloquer les fonds ‘vitaux’ destinés à Haïti », a déclaré Monika Kalra Varma, directrice du Centre RFK. « Du fait que leurs transgressions ont été rendues publiques, ils doivent tenir compte de l’appel au contrôle et à la transparence.
    Nous les pressons de faire appliquer les mécanismes de contrôle nécessaires afin d’empêcher que se reproduisent ces actes malveillants en coulisse et, par-dessous tout, nous les invitons instamment à remplir leurs obligations vis-à-vis du peuple haïtien, »
     
     
    Mise à jour de Cyril Mychalejkou


    Quand l’administration Bush a retenu l’aide à Haïti destinée à financer des projets concernant l’eau potable et les conditions sanitaires et destinés à améliorer « la qualité de la vie – particulièrement pour les femmes et les enfants – et à réduire l’incidence de la maladie et de la mortalité infantile », elle l’a fait dans un pays où, selon International Action, dont le siège est à Washington, DC, « l’eau est la principale cause de la mortalité infantile et des maladies des enfants (…) Haïti a actuellement le taux de mortalité infantile le plus élevé de l’hémisphère occidental (…) et plus de la moitié des décès à Haïti étaient dus à des maladies gastro-intestinales apportées par l’eau. »

    En dépit du rapport publié en juin par le Centre RFK et qualifiant l’action comme « l’un des exemples les plus remarquables de malfaisance de la part des États-Unis ces dernières années » et en dépit également des documents du département américain du Trésor rendus publics en août qui prouvent que le blocage du prêt obéissait à une motivation politique, il y a eu un black-out médiatique virtuel sur ces découvertes.


    Le New York Times a publié un article de 487 mots (« Des groupes des droits de l’homme attaquent les États-Unis pour avoir retenu l’aide à Haïti pour des motivations politiques », 24 juin 2008) qui couvrait la publication du rapport, mais n’a jamais donné de suivi à la chose. Et en dépit d’avoir reconnu que l’administration Bush n’était pas du tout satisfaite de l’ancien président haïtien Jean-Bertrand Aristide et que le président Bush avait encouragé le coup d’État qui devait éloigner Aristide du pouvoir en 2004, le NYT a, soit été incapable, soit refusé de reconnaître que le blocage de l’aide aurait pu avoir été une action délibérée en vue de créer un climat susceptible de provoquer des troubles politiques et sociaux – des conditions qui pouvaient encourager certaines parties de la population haïtienne à accepter un renversement de leur gouvernement démocratiquement élu.


    Mais ce fut quelque chose que Jeffrey Sachs, ancien conseiller au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale, reconnut bel et bien. Dans un article du Los Angeles Times (« Dès son premier jour au pouvoir, Bush était prêt à déloger Aristide », 4 mars 2004, Sachs écrivait : « Les responsables américains savaient certainement que l’embargo sur l’aide allait se traduire par une crise dans la balances des paiements, une hausse de l’inflation et un effondrement du niveau de vie, et tous ces éléments alimentèrent la rébellion. » (1)

    Le fait que l’administration Bush peut avoir causé la mort de milliers de Haïtiens en bloquant l’aide dans des buts politiques cyniques et auto-intéressés n’était pas une histoire digne d’être couverte par les médias traditionnels américains. Pas plus que le rôle de l’administration Bush dans le violent coup d’État qui éloigna la président Aristide ou que le fait qu’octroyer sélectivement ou retenir l’aide est utilisé comme outil en politique étrangère afin d’influencer, de déstabiliser et de renverser des gouvernements.  Mais il y a des organes médiatiques et des organisations auxquels les lecteurs peuvent s’adresser s’ils veulent suivre les développements de ce genre d’affaires. Pour plus d’informations sur Haïti et l’Amérique latine, voir :


    http://www.UpsdideDownWorld.org
    http://www.RFKcenter.org
    http://www.Haitianalysis.org
    http://www.Nacla.org
    http://www.haitiliberte.com
    http://www.rightsaction.org
    http://www.zcommunications.org


    (1) Dan Beeton, « What the World Bank and IDB Owe Haiti » (Ce que la BM et l’IDB doivent à Haïti), Global Policy Forum, 25 juillet 2006.
     

    Mise à jour par le Centre Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l’homme


    L’enquête du Centre RFK et de Zamni Lasante publiée dans Upside Down World le 26 août 2008 fournit de nouveaux éclaircissements sur le rôle des hauts responsables américains dans le gel des emprunts destinés à Haïti. L’article comprend un passage en revue des documents rendus publics par le gouvernement des États-Unis, après une requête introduite conformément à la loi sur la liberté de l’information (FOIA) par le Centre RFK pour la justice et les droits de l’homme et par Zanmi Lasante (ZL). Cette requête FOIA avait pour but de dénoncer les actions des hauts responsables du département américain du Trésor et de la Banque interaméricaine de développement (IDB) tendant à bloquer illégalement les prêts potentiellement vitaux au secteur social de Haïti. Le fait d’avoir rendu ces documents publics signifia la fin d’une bataille de plusieurs années en vue de dénoncer le rôle du gouvernement des États-Unis.

    Cependant, elle signifia également le début d’un appel à rendre des comptes. Le présent article et le rapport en question publié par le Centre RFK et ZL appuyés par le Centre pour la justice et les droits de l’homme de la faculté de droit de l’Université de New York, ainsi que par l’association Partners In Health, provoquèrent une relance du niveau de conscience des ONG, de la diaspora haïtienne et des responsables des gouvernements haïtien et américain à propos de ce problème. Cet été, le rapport sera rendu public à Haïti, tant en créole qu’en français.  

    Le rapport particulièrement édifiant intitulé « Wòch nan Soley : Le déni du droit de l’eau à Haïti » examine les documents FOIA et l’impact des actions en coulisse qu’ils passent en revue tout en fournissant un compte rendu sur les coûts en vies humaines de ces actions et en analysant les violations des droits de l’homme. Ce rapport, y compris l’analyse FOIA, a été commenté par le New York Times, le Miami Herald et d’autres médias importants.
     
    Depuis que ce rapport a été rendu public, des membres du Congrès se sont mis à enquêter sur une possible malfaisance à propos des prêts et à examiner des solutions politiques afin d’empêcher que de tels agissements se reproduisent. L’expérience et les informations acquises en rédigeant le rapport et en plaidant pour des demandes de comptes dans cette affaire ont aidé le Centre RFK à élargir ses efforts pour défendre une réforme de l’aide à l’étranger et le recours à une argumentation centrée sur les droits de l’homme quand il s’agit aux donateurs de se justifier.

    Malgré l’article et le rapport, le peuple de Haïti continue à souffrir en raison des actions entreprises par les États-Unis par le biais de l’IDB. La communauté de Port-de-Paix, qui devait être la première à recevoir des fonds émanant de ces prêts – déjà en 2001 – attend toujours la remise en état de sa distribution d’eau publique. Les délais de déboursement ont ajouté une nouvelle série d’entraves aux obstacles existants rencontrés par les projets de développement à Haïti.


    L’impact durable de l’interférence américaine dans les prêts est surtout ressenti par les tout jeunes enfants de Haïti, du fait qu’ils continuent à survivre sans accès à une eau sûre, suffisante et propre. Toutefois, le fait d’avoir rendu publics les documents FOIA et le rapport a créé un espace constructif de dialogue avec l’IDB. Au moment où ce rapport a été rendu public, l’IDB à Port-au-Prince a finalement œuvré avec beaucoup de zèle pour que soient lancés sans plus attendre les projets concernant l’eau potable.


    Alors que la progression sur le terrain est lente, les démarches entreprises depuis la publication du rapport indiquent concrètement qu’un jour l’eau coulera enfin à Port-de-Paix, en espérant qu’il en aille de même pour les autres régions de Haïti qui attendent cette ressource depuis 2001.

    Traduit par Jean-Marie Flémal pour Investig'Action - michelcollon.info  
    Source: projectcensored.org
     
    Pour de plus amples informations, voir :


    Robert F. Kennedy Center for Justice and Human Rights (Centre RFK pour la justice et les droits de l’homme) : http://www.rfkcenter.org/
    Partners in Health/Zanmi Lasante : http://www.pih.org/where/Haiti/Haiti.html
    Center for Human Rights and Global Justice at NYU Law School (Centre pour les droits de l’homme et la justice dans le monde, Faculté de droit de l’Université de NY) :
    http://www.chrgj.org
    Ou lisez le rapport intégral sur : http://www.rfkcenter.org/files/080730_Haiti
    RighttoWater_FINAL.pdf.
     
    Références:


    Haïti Liberté, 4 septembre 2008
    Titre : « La base militaire de l’ONU en expansion : Que mijote Washington à Cité Soleil ? »
    Auteur : Kim Ives
    Upside Down World, 25 juin 2008
    Titre : « L’administration Bush accusée de retenir l’aide ‘vitale’ à Haïti »
    Auteur : Cyril Mychalejko
    Upside Down World, 4 août 2008
    Titre : « Le centre RFK rend publics des documents soulignant les actions américaines visant à bloquer les fonds ‘vitaux’ d’aide à Haïti »
    Auteurs : Centre du Mémorial RFK des droits de l’homme
    Étudiants responsables des recherches : Elizabeth Vortman, Leora Johnson et Rob Hunter
    Évaluateurs de l’université : Karen Grady, PhD et Sasha Von Meier, PhD
    Université de l’État, Sonoma

    VOIR DOSSIER HAITI  REUNI PAR L'EQUIPE D'INVESTIG'ACTION - MICHELCOLLON.INFO


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