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    USAID :  United States Agency for International Développement – Agence des USA pour le Développement International ......

    Par Eva Golinger ici

    Des documents récemment déclassifiés en fonction de la loi de l'Accès à l'Information (FOIA en anglais), mettent en évidence que l'USAID a investi 2,3 millions de dollars pour répandre une propagande sale contre Cuba et financer des journalistes à l'intérieur de l'île depuis l'année 1999.

    Les documents, qui comprennent les contrats originaux entre l'USAI et l'organisation CubaNet, montrent un shema de financement qui augmente et s'intensifie année après année dans son effort pour promouvoir une information déformée sur Cuba - le tout dans l'intention de provoquer une "transition démocratique", ou un "changement de régime", dans l'île des Caraïbes.

    Depuis 50 ans, Washington mène une guerre sâle contre Cuba. Une composante de cette agression a été l'utilisation des moyens de communication pour manipuler et pour déformer la réalité cubaine devant l'opinion publique internationale et, dans le même temps, infiltrer et répandre des informations fausses sur Cuba.

    Après l'échec des radio et TV Marti, qui alors existaient et recevaient les apports financiers de Washington, en dépit de leur inutilité, un nouveau champ d'agression contre Cuba a été établi à travers Internet. En 1994, CubaNet a été un des premiers sites Web confectionné pour répandre par Internet la propagande contre la Révolution Cubaine. Basé à Miami, CubaNet utilise l'argent de la USAI et de la "National Endowment for Democracy" (NED) - dont il reçoit plusieurs millions , pour financer des "journalistes" à l'intérieur de Cuba, et promouvoir la campagne médiatique internationale contre le gouvernement cubain.

    Même si ce n’est pas un secret que CubaNet reçoit un financement et des directives des agences de Washington, les documents récemment déclassifiés de la USAID démontrent le contrôle serré que l'agence des Etats Unis maintient sur l'organisation propagandiste.

    En 1999, au moment du contrat entre l' USAID et CubaNet, la somme apportée par Washington à l'effort de propagande par Internet était de 98 000 dollars. L'argent était destiné à "appuyer un programme de développement d'un site Internet pour les journalistes indépendants de Cuba". Le contrat était d'un an, avec la possibilité de le prolonger pour le temps nécessaire à l'exécution du programme. Celui qui était chargé du projet à l' USAID était David Mutchler, Conseiller Principal de l'USAID pour Cuba.

    Le contrat impliquait de remettre à l'USAID un rapport trimestriel sur l'avancement des travaux et un rapport annuel qui détaillait le travail réalisé pendant l'année.

    L'USAID EST LE CHEF

    Dans la clause 1.6 du contrat entre l'USAID et CubaNet, appelée "Accords pour une participation matérielle", on voit à l'évidence le contrôle maintenu par l'agence des Etats Unis sur l'organisation de Miami.

    "Il est compris et accordé que l'USAID maintiendra une participation matérielle durant l'exécution de cet Accord de Coopération de la manière suivante:

    Personne Référente: Le Conseiller Principal de l'USAID pour Cuba devra donner son approbation avant toute sélection de quelque personnel important et de ses suppléants.

    Plan de conduite et évaluation: le Conseiller Principal de l'USAID pour Cuba devra donner son approbation aux plans de conduite et d'évaluation des progrès dans les objectifs du programme au cours de la validité de l'Accord de Coopération"

    C'est à dire que c'est le fonctionnaire de l'USAID qui décide qui travaillera au projet de CubaNet, quel sera son plan de travail, et comment seront évalués ses progrès, en d'autres termes, c'est le chef de CubaNet.

    EN VIOLATION DES LOIS DES ETATS UNIS

    Dans les documents qui modifient le contrat originel, soit 11 documents qui vont de 2000 à 2007, on voit l'augmentation du financement annuel du projet CubaNet. Ceux-ci révèlent aussi d'autres éléments sur la nature du programme. Dans un document daté du 19 Avril 2005, il est autorisé d'envoyer des "fonds privés" à Cuba qui ne proviennent pas de l'USAID ou d'une autre agence des Etats Unis, pour "avancer dans la poursuite des objectifs de l'Accord".

    A cause des restrictions maintenues par le Département du Trésor de Washington sur l'envoi de dollars US à Cuba, selon le document de l'USAID, les "fonds privés" se cacheraient donc dans l'autorisation qu'avait maintenant l'agence des Etats Unis pour financer le programme CubaNet.

    Le même document révèle que CubaNet a non seulement fait son travail à Cuba, mais aussi qu'il "continue à publier des reportages... et à promouvoir leur dissémination dans les media aux Etats Unis et dans la presse internationale.". La loi des Etats Unis interdit de répandre une propagande financée par le gouvernement en la faisant passer pour une "information". Dès lors, le document déclassifié met en évidence que la USAID est en pleine violation de la loi.

    DE PLUS EN PLUS DE DOLLARS

    Les documents mettent en évidence aussi que l'USAID a augmenté annuellement son financement à CubaNet, afin de poursuivre ses efforts pour répandre la propagande contre Cuba. Voici les chiffres:

    1999: 98 000 dollars

    2000: 245 000 dollars

    2001: 260 000 dollars

    2002: 230 000 dollars

    2003: 500 000 dollars

    2005: 330 000 dollars

    2006: 300 000 dollars

    2007: 360 000 dollars

     

    Total = 2 323 000 dollars

     

    La campagne d'agression est plus intense aujourd'hui que jamais, et, en cette année 2010, l'USAID gère des fonds de plus de 20 millions de dollars pour financer des groupes qui font la promotion des intentions de Washington, à l'intérieur et à l'extérieur de Cuba. CubaNet reste l'un des principaux acteurs de la guerre sale contre Cuba.

    Quelques uns des documents déclassifiés sont téléchargeables ici:

    Premier contrat USAID CubaNet-1999: http://centrodealerta.org/documentos_desclasificados/usaid_contract-_cubanet_199.pdf

     

    Modification du contrat originel-2005

    http://centrodealerta.org/documentos_desclasificados/usaid-cubanet_modification_.pdf

    Modification du contrat en 2007

    http://centrodealerta.org/documentos_desclasificados/usaid-cubanet_2007_addendum.pdf

    Article original en espagnol :

    http://centrodealerta.org/noticias/usaid_invierte_mas_de_23_mi.html

    Traduction : Alma

    Lire aussi : 

    En bref : « USAID Pentagon même boutique. Alors, USAID NON MERCI ! (…)(valable aussi pour les ONG qui se fourvoieraient à collaborer avec cette officine "humanitaire" du Pentagone » (http://www.planetenonviolence.org/USAID-et-Pentagon-quand-l-humanitaire-et-le-militaire-font-planning-commun_a757.html)


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    Le juriste qui défend au Texas des condamnés à mort pour le compte d’une association raconte le fonctionnement de la justice pénale au quotidien aux Etats-Unis et son travail avec les détenus qui sont dans le couloir de la mort.

    il décrit un système pervers où « les policiers forcent de faux témoignages, les avocats commis d’office dorment pendant les procès et les jurés croient tout ce que disent des témoins “experts” sur des inculpés qu’ils n’ont jamais rencontrés », résume Dahlia Lithwick dans le New York Times. Sur la centaine de clients qu’il a accompagnés jusqu’au fameux « couloir de la mort », Dow estime que sept ont été victimes d’une erreur judiciaire. Et cela le hante.

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    La société a-t-elle le devoir et le droit de condamner à mort ceux qui violent ses lois et qui portent atteinte à leur prochain ? Peut-on venger le crime illégal par le meurtre légal ? Pendant des siècles, ces questions ont rencontré une réponse unanimement positive, soit que la condamnation à mort ait été ressentie comme une réparation indispensable de l'ordre des choses, soit que le corps social n'ait trouvé que dans la crainte, inspirée par le châtiment, le garde-fou de sa propre sécurité.

    Il a fallu les excès mêmes de cette justice immanente comme de cette répression cruelle pour qu'apparaisse l'autre face de la question : la justice n'a-t-elle pas aussi comme rôle de donner une nouvelle chance réparatrice à ceux qui ont violé ses lois ? D'exterminatrice ou, si l'on préfère, de protectrice des droits établis, la justice ne doit-elle pas devenir aussi éducatrice, c'est-à-dire également protectrice des coupables, si souvent eux-mêmes malchanceux ? Or la mort est délibérément la suppression de tout amendement possible. La peine de mort, si elle est punition et autoprotection, est aussi, de la part de la société, l'aveu de son incapacité à corriger, au sens pédagogique du terme.

    Chaque société a donc le code pénal, les sanctions et les prisons qui la jugent elle-même. Dans de nombreux pays, on assiste aujourd'hui à la suppression légale de la peine de mort ou à la progressive désuétude de sa mise en application. Mais dès que la société se sent menacée (conflit politique, conflit idéologique, recrudescence de criminalité, fléau social : le trafic de la drogue par exemple), une grande partie de l'opinion publique s'élève en faveur soit de son rétablissement, soit de sa mise en application.

    La société témoigne-t-elle par là de sa versatilité émotionnelle ? Ne montre-t-elle pas plutôt que le vrai débat ne pourra jamais se régler au niveau des principes (car chaque camp a des arguments impressionnants), mais au niveau de leur mise en application dans le régime des prisons. Éliminer ceux que l'on estime irrécupérables, c'est toujours un constat d'échec qui atteint l'ensemble des membres d'une société.

    La discussion théorique sur la légitimité de la peine de mort débouche donc immanquablement sur une réflexion pratique concernant le sens des peines infligées par une société et sur le régime pénitentiaire dont celle-ci dispose, humainement et financièrement, pour faire passer dans les actes ce sens et pour le rendre crédible.


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  • LE TNP RUINÉ PAR LE DOUBLE STANDARD OCCIDENTAL

    Par K. Selim Ici

    Comme d'habitude, la conférence d'examen du Traité de non-prolifération (TNP) est l'occasion pour les puissances occidentales de mettre à l'index l'Iran et d'occulter le fait qu'elles sont les premières à ne pas respecter les termes du traité en matière de désarmement nucléaire. Les représentants de ces pays ont d'ailleurs quitté la salle au moment où le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, rappelait quelques vérités déplaisantes à entendre.

    Le rapport des Occidentaux au TNP ne fait même pas dans la finesse. Il est celui de l'affirmation de la force : le monde entier - cela ne concerne pas Israël, bien entendu - doit l'appliquer, sauf eux. Il y a, bien sûr, cette ennuyeuse obligation contenue dans le traité qui disposait que l'engagement volontaire des pays signataires à ne pas se doter de l'arme nucléaire avait pour contrepartie un désarmement progressif des Etats membres du club nucléaire.

    Or, non seulement ce club nucléaire ne désarme pas  la réduction du nombre des armes nucléaires n'a pas de sens au sens militaire mais certains de ses membres, si bruyants contre l'Iran, ont mis beaucoup de leurs capacités dans la création de l'arsenal nucléaire israélien. Ces belles âmes s'étonnent d'ailleurs que l'on puisse leur dire qu'ils sont malvenus à faire des reproches à l'Iran – qui n'a jamais fait d'essai nucléaire mais qui mène un enrichissement de l'uranium, qui n'est pas interdit par le TNP – alors qu'Israël détient au moins deux cents ogives nucléaires. «C'est pas la même chose !», serine-t-on continuellement. Mme Hillary Clinton a d'ailleurs fait un discours préventif de ce type et sommé le monde entier de croire à sa vérité, à savoir que l'Iran a de fort mauvaises intentions en laissant ses savants acquérir le savoir que les mages du club veulent se réserver.

    Les termes du débat de sourds n'ont pas changé par rapport à 2005, où la conférence d'examen du TNP s'était soldée par un échec. Les pays du Sud constateront, encore une fois, que les puissances nucléaires ne désarment mais qu'elles essayent de leur interdire l'acquisition d'un savoir-faire à des fins pacifiques que le TNP leur reconnaît. C'est bien le but de la proposition de mise en place de «banques internationales » de combustible nucléaire. Les actionnaires de ces banques resteront les membres du club qui se retrouveraient ainsi les seuls autorisés à avoir le savoir.

    On imagine clairement ce que ce monopole et cette confiscation du savoir peuvent permettre dans le présent et encore davantage à l'avenir. Les pays arabes du Moyen-Orient, si fortement sollicités pour mettre l'Iran à l'index, peuvent-ils, sous l'argutie sans cesse rabâchée qu'Israël ne fait pas partie du TNP, occulter l'arsenal nucléaire effectif d'Israël pour se mettre à avoir peur d'une arme nucléaire iranienne totalement hypothétique ?

    C'est vrai que les Etats-Unis et d'autres pays occidentaux ont l'habitude de prendre les dirigeants de ces pays pour des simplets et ils croient qu'ils peuvent continuer à le faire en agitant la menace iranienne. Mais, chose ennuyeuse, même dans ces pays soumis, il existe des opinions qui ne font pas dans la fausse sophistication. Elles ne croient pas à une menace iranienne présumée alors que tous leurs pays sont sous la menace de l'arsenal nucléaire israélien.

    Le double standard des Occidentaux a déjà affaibli le TNP, il finira par le ruiner.


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  • Tout le monde s’en fiche (TruthDig)


    Cela fera bientôt dix ans que nous sommes en guerre en Afghanistan et bientôt huit en Irak. Des centaines de milliers d’Irakiens et des milliers de civils Afghans et Pakistanais ont été tués. Des millions ont été poussés vers des camps de réfugiés. Des milliers de nos propres soldats et marines sont morts ou sont estropiés physiquement ou psychologiquement.

    Nous finançons ces guerres, qui n’ont pas de véritable soutien populaire, en empruntant des milliers de milliards de dollars qui ne pourront jamais être remboursés, tandis que les écoles ferment, les états tombent en faillite, les services sociaux sont rognés, nos infrastructures tombent en ruines, des dizaines de millions d’Américains sont réduits à la misère, et le véritable taux de chômage approche les 17 %. Une inertie collective, suicidaire nous entraîne vers une insolvabilité nationale et l’effondrement de l’empire. Et personne ne proteste. Le mouvement pacifiste est mort, malgré les efforts héroïques d’une poignée de groupes tels les Vétérans d’Irak Contre la Guerre, le Parti des Verts et Code Pink. Tout le monde s’en fiche.

    Cette apathie de masse a pour origine la profonde division entre les libéraux, qui sont majoritairement blancs et bien éduqués, et notre classe ouvrière déshéritée, dont les enfants qui n’ont guère de possibilités de trouver un emploi décent, n’ont souvent pas d’autre choix que l’armée.

    Les libéraux, dont les enfants fréquent plus souvent une université d’élite qu’un corps de marines, n’ont pas combattu le NAFTA (Accord de libre échange de l’Amérique du Nord) en 1994 et le démantèlement de notre industrie. Ils n’ont rien fait lorsque deux ans plus tard les Démocrates ont saccagé les aides sociales et ils sont restés impassibles lorsque nos banques ont été offertes aux spéculateurs de Wall Street.

    Ils ont ratifié, en soutenant les Démocrates Clinton et Obama, le pillage mené par les entreprises privées au nom de la globalisation et d’une guerre sans fin, et ils ont ignoré le sort réservé aux pauvres. Pour toutes ces raisons, les pauvres n’accordent que peu d’intérêt aux protestations morales des libéraux. Nous avons perdu toute crédibilité. Nous sommes détestés, et à juste titre, pour notre complicité tacite dans l’assaut mené contre les travailleurs et leurs familles.

    Cependant, notre passivité à engendré quelque chose de plus qu’un aventurisme impérial et un sous-prolétariat structurel. Un coup d’état en douce effectué par un gouvernement contrôlé par des intérêts privés s’est transformé en une néo-feodalité où il n’y a plus que des maîtres et des serfs. Et ce processus ne peut pas être renversé par le biais des mécanismes traditionnels de la politique électorale.

    Jeudi dernier je me suis rendu à Washington pour rejoindre le Représentant Dennis Kucinich pour une conférence sur les guerres en cours. Kucinich a profité de cet événement organisé dans l’enceinte du Congrès pour dénoncer une nouvelle demande de Barack Obama pour une rallonge supplémentaire de 33 milliards de dollars pour la guerre en Afghanistan.

    Le Démocrate du Ohio a présenté une proposition de loi, soutenue par 16 élus, qui exige un débat à la Chambre des Représentants sur la poursuite de la guerre en Afghanistan. Kucinich est le seul membre du Congrès à condamner publiquement l’autorisation accordée par l’administration Obama pour l’assassinat d’Anwar al-Awlaki, un religieux américain qui vit au Yémen et qui est accusé d’entretenir des liens avec le kamikaze du vol de Détroit à Noël. Kucinich avait aussi invité le journaliste d’investigation Jeremy Scahill, l’écrivain/militant David Swanson, et le Colonel de l’armée à la retraite Ann Wright ainsi que le vétéran de la guerre en Irak Josh Steiber.

    La réunion, qui s’est tenue dans la bâtiment Rayburn, nous a brutalement rappelé notre insignifiance. Il n’y avait que quelques jeunes assistants parlementaires. Aucun autre membre du Congrès n’était présent. La majorité du public était composée d’environ 70 militants pacifistes qui, comme d’habitude dans ce genre d’événement, avaient été rejoints par un groupe hétéroclite de théoriciens du complot qui pensent que le 11/9 est l’œuvre du gouvernement et que le feu Sénateur Paul Wellston, mort dans un accident d’avion, a été assassiné. Scahill et Swanson ont donné une litanie de statistiques troublantes qui montrent comment les entreprises privées ont pris le contrôle des différents pouvoirs.

    Les entreprises privées ont réussi à prendre le contrôle de notre sécurité intérieure et de nos agences de renseignement. Elles dirigent notre économie et gèrent nos systèmes de communication. Elles possèdent les deux partis politiques principaux. Elles ont construit un appareil militaire privé. Elles pillent les caisses de l’état selon leur bon vouloir. Et elles sont devenues inattaquables. Ceux qui dénoncent le coup d’état sont tenus à l’écart du débat public et sont marginalisés, comme Kucinich.

    « Nous n’avons aucun système de communication dans ce pays, » a dit Swanson, qui est le co-fondateur d’une coalition pacifiste (AfterDowningStreet.org) et qui a mené sans succès une campagne pour la destitution de George W. Bush et Dick Cheney. « Nous avons un cartel médiatique privé qui se confond avec l’industrie de l’armement. La démocratie ne les intéresse pas. Le Congrès est à leur solde. Il est totalement corrompu par l’argent.

    Nous nous battons la coulpe à cause de notre inertie et de notre incapacité à imposer notre volonté, mais pour nous la barre est placée très haut. Il nous faudra travailler très très dur et faire de très gros sacrifices pour pouvoir exercer une influence sur ce Congrès si nous espérons le faire sans mettre la main à la poche et nous offrir des médias dignes de ce nom.

    Les parlementaires hypocrites du Congrès parlent toujours d’argent, de comment il faut faire attention à ne pas le dépenser n’importe comment, sauf lorsqu’il s’agit de financer des guerres. C’est de l’hypocrisie, mais qui ira les dénoncer ? Pas leurs collègues, pas leurs financiers, pas les médias, personne à part nous. Nous devrions le faire, mais en général nous ne le faisons pas parce que de temps à autre ils changent le parti au pouvoir et que nous sommes toujours partie prenant dans l’un ou l’autre. »

    Scahill – qui a effectué un remarquable travail d’enquête sur la sous-traitance y compris la société Blackwater, rebaptisée Xe – a expliqué comment la gestion des guerres en Irak et Afghanistan a été méthodiquement transférée par le Pentagone à des sous-traitants privés qui n’ont pas de comptes à rendre. Il a regretté le manque de soutien à un projet de loi présenté par le Représentant Jan Schakowsky, projet connu sous le nom de Stop Outsourcing Security (SOS) Act, H.R. 4102 (Interdiction de la sous-traitance en matière de sécurité – NdT), qui aurait « écarté les entreprises privées des fonctions qui devraient être réservées aux forces armées et aux fonctionnaires du gouvernement des Etats-Unis. »

    « Il s’agit là d’une des dures réalités de notre temps, où on peut proposer une loi qui énonce quelque chose d’aussi simple que « nous ne devons pas sous-traiter à des entreprises privées les questions de sécurité nationale » et ne trouver que 20 membres du Congrès pour le soutenir, » a dit Scahill. « La triste réalité est que le Représentant Schakowsky sait que l’industrie de l’armement est bipartisane. Elle finance les deux camps.

    Pendant un moment on a cru que le sous-traitant était devenu une sorte de nouveau Israël. On ne pouvait pas trouver un seul membre du Congrès pour les critiquer parce qu’il y en a tellement qui sont dépendants de financements privés pour garder leur siège à la Chambre des Représentants ou au Sénat. Je crois aussi que l’élection d’Obama, comme pour de nombreux autres sujets, a éliminé cette possibilité et que la Maison Blanche enverrait ses émissaires pour intimider les membres du Congrès qui ne suivraient pas la ligne du parti. »

    « La totalité du gouvernement a été privatisée », a poursuivi Scahill. « En fait, la totalité des ceux qui gagnent 100.000 dollars ou moins dans ce pays pourraient aussi bien donner tous leurs biens directement aux sous-traitants plutôt que de payer le gouvernement. C’est pour vous dire à quel point la société a été privatisée, à quel point le gouvernement a été sous-traitée dans ce pays.

    Il y a 18 agences de renseignement, militaires et civiles, et 70% de leur budget est consacré à des sous-traitants privés qui travaillent à la fois pour le gouvernement des Etats-Unis et des entreprises privées et des gouvernements étrangers. Nous avons massivement sous-traité les opérations de renseignement dans ce pays tout simplement parce que nous avons massivement tout sous-traité. 69% de toute la main d’œuvre du Pentagone, et je ne parle pas uniquement des théâtres d’opération, est désormais privatisée.

    En Afghanistan, les statistiques sont époustouflantes. L’administration Obama est infiniment pire en Afghanistan en matière de mercenariat et autres sous-traitants privés que l’administration Bush. En ce moment, en Afghanistan, il y a 104.000 sous-traitants privés du Ministère de la Défense aux côtés des 68.000 soldats américains. Le rapport est pratiquement du simple au double entre le nombre de soldats salariés du gouvernement américain et les employés de sociétés privées. Sans compter les 14.000 sous-traitants du Département d’Etat présents en Afghanistan. »

    « Dans quelques mois, en très certainement avant un an, les Etats-Unis auront jusqu’à 220.000 ou 250.000 personnes financées par l’état en train d’occuper l’Afghanistan. Nous sommes loin des 70.000 soldats que ceux qui prêtent un peu d’attention pensent que les Etats-Unis ont en Afghanistan. » a dit Scahill. « Nous parlons d’un pays où, selon le conseiller à la sécurité nationale du président, le général James Jones, se trouvent moins de 100 membres d’Al Qaeda incapables de frapper les Etats-Unis. C’était pourtant la raison invoquée de notre présence en Afghanistan. C’était pour poursuivre les auteurs des attentats du 11/9. »

    Josh Stieber a pris la parole en dernier. Stieber a été déployée avec l’armée en Irak entre février 2007 et avril 2008. Il était membre de la compagnie Bravo 2-16, celle impliquée dans l’attaque par des hélicoptères Apache en juillet 2007 contre des civils irakiens, montrée dans une vidéo récente publiée par Wikileaks. Stieber, qui a quitté l’armée comme objecteur de conscience, a publiquement demandé pardon au peuple irakien.

    « En aucun cas il ne s’agit d’un cas exceptionnel, » a-t-il dit en parlant de la vidéo, qui montre des pilotes d’hélicoptère en train de mitrailler avec nonchalance des civils, dont un photographe de l’agence de presse Reuters et des enfants, dans une rue de Bagdad. « C’était inévitable étant donné les conditions. Nous livrions de nombreux combats à l’époque.

    Une bombe pouvait exploser au bord d’une route ou un sniper pouvait tirer de n’importe où. La paranoïa était constante, nous étions constamment sous pression. Lorsqu’on place des gens dans une telle situation au milieu de civils, c’est le genre de choses qui arrivera et qui est arrivé et continuera d’arriver tant que notre pays ne s’en préoccupe pas. Maintenant que cette vidéo a été rendue publique, il est de notre responsabilité de reconnaître que c’est à cela que ressemble cette guerre au quotidien. »

    Je me sentais déprimé en sortant du bâtiment Rayburn pour aller prendre le train et rentrer chez moi. Les voix de la raison, les voix du bon sens, celles qui ont un contenu moral, comme celles de Kucinich ou Scahill ou Wright ou Swanson ou Stieber, n’ont que peu de chances d’être entendues. Les libéraux, qui n’ont pas compris les objectifs inavouables du gouvernement privé et ceux de ses maléfiques serviteurs du Parti Démocrate, ont leur part de responsabilité. Mais même une classe libérale éclairée aurait eu du mal à combattre les grotesques numéros de carnaval et de théâtre politique qui ont provoqué cet aveuglément collectif. Nous avons tous été subjugués. Et avec les milliers d’innocents en Irak, en Afghanistan, au Pakistan et ailleurs, nous serons tous dévorés.

    Chris Hedges ici

    http://www.truthdig.com/report/item...

    Traduction "non Chris, t’es pas tout seul, enfin presque" par VD pour le Grand Soir


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  • Malgré la poussée de racisme en Arizona
    Les États-Unis restent demandeurs de main-d’œuvre étrangère

    Par : Djamel Bouatta

    Alors que l'Arizona, État voisin du Mexique, vient de légiférer sur “le délit de faciès”, les hommes politiques américains de premier plan déclarent que les Ètats-Unis doivent ouvrir leurs frontières. C’est la nature même de la première puissance mondiale et c’est également le prix du maintien du niveau de vie américain, le fondement du mythe américain, plaident-ils.

    Paradoxe américain : la loi “SB1070”, adoptée le 19 avril par le Parlement de l'État de l'Arizona, autorise la police à contrôler les résidents et passants dès lors qu'elle a un soupçon sur leur statut. En clair, toutes les têtes latinos, qui font la richesse de l’Arizona, tombent sous le coup de cette loi infamante. Les immigrés ou descendants d'immigrés hispaniques représentent la première minorité du pays, ils sont les premiers concernés dans cet Etat gouverné par un républicain nostalgique des années Bush et frontalier du Mexique.

    Les post-bushiens, bien repris en main par Sarah Palin, gouverneur haut en couleur, de l’Alaska et représentative de l’Amérique blanche et raciste, reprochent aux Latinos leurs votes  démocrates. Lors des législatives de 2006, leurs voix  ont renvoyé chez eux des républicains et en 2008, elles ont contribué à ouvrir la route de la Maison-Blanche à Barak Obama. Les Latinos se sont mobilisés et en appellent donc à Obama. Des rassemblements massifs sont convoqués dans tout le pays. Le premier président noir des États-Unis avait fait des promesses électorales mais, il lui sera difficile, soutiennent ses proches, de renvoyer tout de suite l’ascenseur aux Latinos.

    À Washington, où le calendrier des démocrates est déjà chargé avec la régulation financière, le changement climatique et les efforts en cours pour doper l'emploi, l'idée d'aborder la question de l'immigration, divise les progressistes au Congrès comme les commentateurs politiques.
    En attendant une décision venue de Washington, le texte proposé par la gouverneure républicaine Jan Brewer est sévèrement condamné par les chefs d'État latino-américains.

    Le président du Mexique, Felipe Calderón, a dénoncé une loi “inhumaine, inacceptable, discriminatoire et injuste” et menace de boycotter les produits et services en provenance d'Arizona ainsi qu'à décourager ses ressortissants de s’y rendre en vacances. Près de 16,5 millions de touristes issus d'Amérique centrale et du Sud vont aux États-Unis chaque année, ils réfléchiront à deux fois avant de le refaire avec ce risque d'être interpellés en raison de la couleur de leur peau ou de la langue qu'ils parlent. Les Latinos de l’Arizona envisagent de s’expatrier vers des lieux américains plus accueillants comme Miami, Los Angeles ou d'autres grandes villes, où la population hispanique est importante et où ils ne risqueront pas un contrôle au faciès.

    C’est le moment choisi par l’ex-président Bill Clinton pour interpeler le Congrès à “voter quelque chose”. Car, selon lui, “la valeur de (son) pays, ce que n'ont pas la Chine ou l'Inde, c'est que nous avons des personnes de partout dans le monde ici, et qu'ils font du bon travail”. Il y a environ 12 millions d'immigrés illégaux, “nous n'allons pas les expulser, donnons-leur un statut. Il ne faut pas leur donner la citoyenneté, à moins qu'ils ne réussissent les tests, mais donnons-leur un statut permanent et tout ira bien”, a-t-il martelé.

    Contradictions chez les républicains : certains d’entre eux demandent plus d'immigrés, “la présence d'immigrés illégaux est une bonne chose pour les États-Unis, ils acceptent les jobs dont personne ne veut et à un salaire défiant toute concurrence”. Mike Bloomberg, le maire de New York réprouve la loi votée en Arizona, une “invitation au harcèlement” car il sait que sa ville ne doit son dynamisme pas qu’à Wall Street. Les services fonctionnent grâce aux petites mains latinos.

    Le maire de New York a ainsi annoncé qu'il soutiendrait  “à 100%” Obama, si le président décidait de revoir les lois sur l'immigration. Un projet de l'administration Obama devrait être présenté à l'été, il prévoit de permettre aux immigrés illégaux d'obtenir des papiers après un certain délai sur le sol américain. Ce projet est une promesse de campagne du candidat Obama aux Hispaniques. Mais dans son camp, beaucoup craignent que le moment soit mal choisi.

    L'argument selon lequel les immigrés “prennent le travail des Américains” est agité par les petits Blancs en cette période de crise. Une chose est certaine, dans une première étape, les clandestins qui ont un emploi seront régularisés et lorsque la croissance reprendra, même les républicains feront venir des étrangers.

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    Mobilisation contre la loi sur l'immigration en Arizona

     

    Des manifestations étaient prévues dans quelque 70 villes.

    La loi d'Arizona criminalise le fait d'être sans papiers et exige que la police détermine si les citoyens sont présents dans le pays de façon légale.

    Les défenseurs des droits de l'homme affirment que la loi conduit à appliquer le "délit de faciès" mais les autorités insistent sur le fait que le texte interdit expressément aux officiers de police d'arrêter des personnes en raison de leur appartenance raciale.

    La gouverneur d'Arizona, Jan Brewer, a indiqué que la loi, populaire dans les sondages nationaux, était nécessaire pour rendre étanche la frontière de l'Etat avec le Mexique, principal point d'entrée des immigrés sans-papiers.

    Les consulats à Los Angeles de nombreux pays latino-américains (Mexique, Bolivie, Brésil, Costa Rica, Equateur, Salvador, République Dominicaine, Pérou et Guatemala) ont assuré leurs ressortissants d'Arizona de leur soutien, et leur ont demandé de manifester samedi.

    Appel au boycottage de l'Arizona

    Le maire de L.A., Antonio Villaraigosa, a dit appuyer l'idée de boycotter l'achat de biens et de services en provenance de l'Arizona. «Cette loi est anti-patriotique et va à l'encontre de la Constitution des États-Unis, a dit le maire, lui-même fils d'immigrants latinos. J'invite les gens à manifester en grand nombre.»

    Les opposants à la loi ont déclenché une série de mesures de boycottage de l'Arizona et de ses produits. La Ville de San Francisco a interdit à ses employés d'aller en voyage d'affaires en Arizona, tandis que le président du Sénat de la Californie, Darrell Steinberg, a appelé l'État à «couper les liens avec l'Arizona tant que la loi qui encourage le profilage racial est maintenue».

    Signe que l'application de la loi sera ardue, des shérifs de différents comtés en Arizona commencent à critiquer ouvertement la loi, approuvée par 35 républicains de la Chambre des représentants, tandis que les 21 démocrates ont voté contre.

    Le shérif du comté de Pima, Clarence Dupnik, qualifie la loi de «raciste» et de «stupide». Il dit n'avoir aucune intention de la faire appliquer.

    «Si nous arrêtons les gens, nous allons nous faire poursuivre. Si nous ne faisons rien, nous allons nous faire poursuivre. Nous avons les mains liées», a-t-il confié aux médias locaux.

    Sur le plan national, un sondage Gallup montre que 39% des répondants sont en faveur de la loi, alors que 30% s'y opposent. Près du tiers des répondants, 31%, disent ne pas être assez familiers avec la loi pour avoir une opinion.

    La loi, qui oblige les policiers à interpeller les individus qu'ils soupçonnent d'être dans le pays illégalement, a été qualifiée de «malavisée» par le président Barack Obama. Le président mexicain, Felipe Calderon, a quant à lui affirmé que les citoyens mexicains risqueraient d'être intimidés en Arizona, et a critiqué la loi.

    Le procureur général des États-Unis et le département de la Justice étudient la possibilité de poursuivre l'État de l'Arizona. Jusqu'ici, la tâche de faire respecter les lois sur l'immigration incombait aux agents frontaliers fédéraux, une force de 20 000 agents présents le long de la frontière.

    Parallèlement, la loi est aussi acclamée: plusieurs élus veulent en faire un exemple. Au Texas, deux élus de la Chambre des représentants ont promis de proposer une loi sévère contre les immigrants illégaux, calquée sur l'initiative de l'Arizona.


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  • MISERABLE APPAT

    par K. Selim Ici


    Quel est le but de la nouvelle tournée de l'émissaire américain George Mitchell au Proche-Orient, alors qu'Israël répète à qui veut bien l'entendre qu'il n'y aura pas de pause dans la colonisation des territoires occupés et entreprend une des plus vastes opérations d'épuration ethnique de ces dernières années ?

     La mission de Mitchell n'est pas destinée à convaincre Israël de changer d'avis mais de l'assurer de l'indéfectible soutien américain à sa «sécurité». Cela a été dit par l'émissaire américain et on le croit volontiers. La seconde partie de la déclaration de l'émissaire d'Obama est que les Etats-Unis veulent la «création d'un Etat palestinien».

     Peu de gens censés au Proche-Orient prennent au sérieux cette assertion. Il suffit pour s'en rendre compte de voir comment Israël parvient à imposer aux Etats-Unis ses priorités, à savoir bombarder l'Iran et menacer la Syrie. L'entrain dont fait preuve l'administration américaine à satisfaire les désirs israéliens n'a pas d'égal.

     A quoi sert donc la nouvelle visite de George Mitchell au Proche-Orient ? A défendre les intérêts d'Israël, assurément ! Et à intimer l'ordre à Mahmoud Abbas d'entrer à nouveau dans le «processus» sans fin de négociation. Le chef de l'Autorité palestinienne, à la légitimité fortement contestée, s'est vu contraint ces dernières semaines, pour des raisons de pudeur élémentaire, de refuser de reprendre les vaines discussions avec Israël.

     La nouvelle tournée de Mitchell, représentant d'une administration sans aucun courage vis-à-vis d'Israël et de son puissant lobby, n'a qu'un seul but : dire à M. Mahmoud Abbas que la période de pudeur doit prendre fin. Et bien entendu, il arguera des incitations que les Etats de la région, si peu «modérés» en matière de libre expression de leur population, pour le contraindre à entrer dans un processus destiné à servir d'alibi.

     En cas d'agression contre l'Iran - c'est dans l'air -, il vaut mieux donner l'impression aux opinions de la région que les Etats-Unis sont sérieusement engagés dans un processus de solution pour les Palestiniens.

     Le plus remarquable est que les Etats arabes à l'alignement sans modération ne sont même pas à même de faire dans la plate «realpolitik» et d'obtenir une quelconque contrepartie à un soutien à une agression contre l'Iran. Au contraire, les Etats-Unis vont sonner la mobilisation pour amener les Etats arabes de la région à voir comme un grandiose «pas en avant» la proposition israélienne de création d'un «Etat palestinien avec des frontières provisoires».

     Voilà le misérable appât qui est offert pour amener Mahmoud Abbas et les autres dirigeants de la région à entrer dans un processus dont l'aspect mystificateur est connu depuis des années. Il ne faut pas être grand stratège pour comprendre que «l'Etat aux frontières provisoires» le restera définitivement et que les policiers de Ramallah seront chargés de veiller à la permanence d'un système d'apartheid soutenu par les démocraties occidentales.

     Si M. Abbas entre dans cette énième supercherie, il se transformera définitivement - et pour l'histoire - en prévôt en charge de veiller au silence des bantoustans palestiniens.


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  • Plus de trente-cinq ans plus tard, d’anciens membres des Black Panthers croupissent toujours en prison

    Jared BALL
     
    Ils s’appellent Sundiata, Jalil, Mumia, Herman, Albert ou Leonard … ils sont noirs – ou amérindien - et ils ont participé aux mouvements pour la libération des Noirs (et des peuples autochtones) dans les années 1970. Pas de chance pour eux, ils ont tué des gardiens de prison ou des policiers alors qu’ils militaient pour l’égalité des droits des citoyens de leur communauté.

    Curieux, cette propension à assassiner les policiers ou autres représentants de l’ordre chez les Peaux-Sombres, non ?
    Depuis, ils sont toujours en prison, attendant une liberté conditionnelle sans cesse reportée. Ah, il ne fait pas bon s’opposer à l’ordre établi et défendre les droits des citoyens. Mais dans une démocratie, ceux qui finissent en prison, on les appelle criminels de droit commun - ou terroristes. Et dans ce cas-là, ils n’ont pas le droit au statut de prisonniers politiques. Le texte qui suit est la traduction de la rubrique hebdomadaire du 9/03/2010 de Jared Ball, universitaire et chroniqueur pour la radio de Black Agenda Report

    Amitié et lutte : le scandale actuel de l’emprisonnement politique

    Depuis le président Obama jusqu’en bas de la hiérarchie, des forces puissantes soutiennent que le Black Freedom Movement (Mouvement pour la Liberté des Noirs) est non seulement terminé, mais qu’il s’est terminé par une réussite totale.

    Et pourtant, des décennies plus tard, des dizaines d’anciens militants croupissent encore en prison. Si nous avons gagné, comment se fait-il que les plus courageux d’entre nous sont encore derrière les barreaux ? "Même si on se berce d’illusions, il est un fait qu’il n’y a pas eu de conclusion heureuse au mouvement de libération dans ce pays".

    "Aucun mouvement des droits civiques ou de défense des droits de l’homme ne peut revendiquer la victoire quand ses militants les plus ardents sont encore emprisonnés".

    "Salut tout le monde.

    Ma liberté conditionnelle a été rejetée hier au bout d’une audience de 2 à 3 heures et mon dossier a été remis à un jury composé de trois membres qui déterminera la durée de la peine supplémentaire que j’aurai à effectuer, et qui dépassera peut-être le délai légal de 3 ans, avant que je puisse à nouveau déposer une demande de liberté conditionnelle.

    Je vous remercie tous pour le travail remarquable que vous avez réalisé pour tenter de me faire libérer et je sais que ce que vous avez fait était le maximum de ce qui était humainement possible dans les conditions actuelles.

    Amitié et lutte.

    Ce sont les propos qu’a tenus la semaine dernière Sundiata Acoli (*), ancien programmeur informaticien pour la NASA, devenu militant au Black Panther Party, et dont les actions pour soutenir la lutte pour la libération restent, 36 ans après, qualifiées de criminelles.

    Ce refus le liberté conditionnelle arrive juste à la suite des récentes conclusions des audiences où des décisions similaires ont été prises envers Jalil Muntaqim (*), Mumia Abu-Jamal (*), Leonard Peltier (*) et Hugo Pinell (*) et, comme celles-là, c’est le genre de réponse que donne l’Etat pour briser les mythes qui mérite qu’on s’y intéresse de plus près, précisément, non seulement à cause de ce qu’elle implique pour ceux qui subissent les horreurs de l’incarcération, mais également de ce qu’elle indique sur l’état des luttes en général pour les droits civils et la défense des droits des êtres humains.

    Le refus d’accorder la libération conditionnelle à ces gens-là et à d’autres, et leur statut particulier en tant que prisonniers politiques, c’est-à dire, des gens qui sont incarcérés à cause de "leurs opinions politiques et/ou de leurs actions", rappelle abruptement que, même si on se berce d’illusions, il est clair qu’il n’y a pas eu d’issue heureuse au mouvement de libération.

    "Le complexe industriel carcéral est la dernière des machinations politiques et pénales d’une série ininterrompue d’épisodes destinés à asseoir la suprématie des Blancs".

    En dépit des discussions actuellement en cours sur la place qu’aura Obama dans l’histoire, les illusions de progrès, ou le problème de savoir s’il faudrait ou pas un ordre du jour sur la question des Noirs, il est un fait incontestable que le maintien des prisonniers politiques en prison indique bien qu’aucun mouvement de libération ou de défense des droits des êtres humains ne peut crier victoire alors que les partisans les plus ardents sont justement encore incarcérés pour avoir participé à ces luttes.

    Indépendamment de l’accusation spécifique, aucun de ceux-là ne serait encore incarcéré si ces mouvements avaient été victorieux. Ces actions ne seraient alors pas considérées comme des crimes. Au pire, comme l’a décrit David Gilbert, un autre détenu politique, toutes les erreurs commises par ces hommes et ces femmes seraient jugées par les groupes avec qui ils luttent et pas par ceux auxquels ils s’opposent. C’est véritablement cette règle qui devrait être appliquée à tous les débats sur le progrès chaque fois que nous sommes confrontés avec la toute dernière série de mythes de progrès, et même avant d’en arriver aux chiffres qui montrent que les avancées et l’amélioration des conditions matérielles sont un mensonge, on devrait simplement se demander : "lequel parmi nos dizaines de prisonniers politiques a été libéré ?"

    Et pendant que nous y sommes, on pourrait aussi bien soutenir ceux qui luttent pour dénoncer et mettre un terme à un système encore plus important d’incarcérations massives, qui, selon une nouvelle enquête, une de plus, de Critical Studies of Race and Ethnicity réalisée à l’Université Ste Catherine dans le Minnesota, décrit un complexe industriel carcéral qui, "est la dernière en date des machinations politiques et pénales d’une série ininterrompue d’épisodes destinés à asseoir la suprématie des Blancs avec ses avantages économiques et sociaux contenus dans la loi et mis en vigueur avec elle".

    Et plus dans nos préoccupations immédiates concernant l’emprisonnement politique de ceux qui militent pour instaurer un changement progressiste, cette enquête explique que ce système est une riposte aux "mouvements pour l’Abolition et pour les droits civils" qui "œuvraient pour mettre un terme à l’esclavage, au lynchages et à la ségrégation institutionnalisée" et qui se sont heurtés à des "processus nouveaux et plus détournés" qui sont devenus des procédés non discriminatoires … mais en fait racistes … où les gens de couleur, surtout les Noirs, ne sont pas protégés par la loi de façon équitable, où ils subissent une surveillance excessive, une ségrégation effroyable et l’esclavagisme moderne par le biais de l’incarcération.

    Si Obama incarnait le véritable changement dû aux conquêtes d’un mouvement victorieux, il appliquerait au moins les mêmes règles aux prisonniers politiques que celles qu’il a jugées opportunes pour Bush et Cheney.

    Si ces deux là ne doivent pas être poursuivis pour crimes contre l’humanité parce que, comme l’a déclaré le président, il préfère "se tourner vers l’avenir plutôt que vers le passé" alors, pourquoi ne détourne-t-il pas les yeux d’un passé suffisamment lointain pour libérer immédiatement ces prisonniers politiques avec des excuses et des indemnisations ?

    Jared Ball

    http://www.voxunion.com/?p=207

    Texte original : Love and Struggle : The On-Going Scandal of Political Imprisonment
    http://www.blackagendareport.com/?q=content/love-and-struggle-going-scandal-political-imprisonment

    Traduction & complément par emcee Des Bassines et du Zèle

    EN COMPLEMENT :

    JPEG - 50.1 ko
    Dedicated_to_the_Black_Panther_Party

    Les Black Panthers
    http://www.secoursrouge.org/blackpa...
    Mouvement révolutionnaire né en 1966, un an après l’assassinat de Malcom X, le 21 février 1966. Les militants de ce mouvement seront sans cesse harcelés, traqués, emprisonnés, parfois à la suite de coups montés, ou assassinés.

    Qui sont certains de ces prisonniers politiques et qu’ont-ils fait ?

    Il y a, entre autres :

    Sundiata Acoli
    http://www.sundiataacoli.org/about
    Sundiata Acoli est "prisonnier de guerre de la Republic of New Afrika".

    Mathématicien et analyste programmeur, il est né le 14 janvier 1937, à Decatur, Texas, et a grandi à Vernon, Texas. Diplômé de "Prairie View A & M College", au Texas en 1956, il travaille 13 ans pour des sociétés d’informatique, essentiellement dans les environs de New York.

    Au cours de l’été 1964, il se rend dans le Mississippi pour faire inscrire les Noirs sur les listes électorales. En 1968, il adhère au Black Panther Party de Harlem et travaille dans des associations qui s’occupent d’éducation, du logement, de l’emploi, des crèches, de la drogue et de la brutalité policière.

    En 1969, lui et 13 autres sont arrêtés dans le cadre du complot soi-disant organisé par le groupe des Panther 21. Détenus sans possibilité de liberté sous caution, leur procès qui a duré deux ans s’est conclu par l’acquittement de tous, au bout de moins de deux heures de délibération.

    Une fois libéré, à cause de l’intimidation exercée sur des employeurs potentiels par le FBI, il n’a pas pu retrouver d’emploi dans l’informatique et le harcèlement, la surveillance et les provocations constantes de COINTELPRO l’ont rapidement forcé à entrer dans la clandestinité.

    En mai 1973, alors qu’ils roulaient sur une autoroute dans le New Jersey, lui et deux de ses camarades sont tombés dans une embuscade tendue par des policiers de l’état du N.J.

    Un de ses camarades, Zayd Shakur, était tué, une autre, Assata Shakur, blessée et arrêtée. Un des policiers était tué et un autre blessé et Sundiata était arrêté plusieurs jours plus tard.

    Après un procès très tapageur et préjudiciable, il était condamné pour la mort du policier à perpétuité, avec 30 années incompressibles, et incarcéré à Trenton State Prison (TSP). Sitôt en prison, il était enfermé, simplement à cause de ses activités politiques, dans une unité spéciale nouvellement créée. Il est resté dans cette section près de 5 ans, sortant de sa cellule seulement 10 minutes par jour pour prendre une douche et 2 heures par semaine pour la promenade.

    En septembre 1979, l’International Jurist interviewait Sundiata et lui conférait le statut de prisonnier politique. Quelques jours plus tard, les autorités carcérales le transféraient secrètement en pleine nuit au tristement célèbre camp de concentration fédéral de Marion, Illinois, alors qu’il n’était pas condamné par le gouvernement fédéral.

    Marion est une des prisons de haute sécurité, et également une des plus épouvantables, et, là-bas, Sundiata était enfermé 23 heures par jour. En juillet 1987 il était transféré à la prison fédérale de Leavenworth, Kansas.

    A l’automne 1992, Sundiata avait le droit de demander la liberté conditionnelle. On ne l’a pas autorisé à assister à l’audience où on délibérait sur sa libération conditionnelle et il a seulement été autorisé à participer par téléphone depuis la prison. Malgré un excellent rapport concernant le travail, les études et la discipline en prison, malgré de multiples offres d’emplois dans le secteur de l’informatique, et malgré des milliers de lettres de soutien, la liberté conditionnelle était refusée à Sundiata.

    Au lieu de cela, après une audience par téléphone d’une vingtaine de minutes, il en reprenait pour 20 ans, la peine la plus longue de toute l’histoire du New Jersey, qui stipule qu’il doit effectuer 12 années de prison avant d’avoir le droit de demander la liberté conditionnelle à nouveau. Le jury a expliqué que les raisons de cette condamnation à ces 20 années supplémentaires étaient que Sundiata avait été membre du Black Panther Party et de l’Armée de Libération des Noirs avant son arrestation, que la réception de centaines de lettres-types avec pour en-tête “Free Sundiata” le désignaient comme prisonnier de guerre de New Afrika, et qu’ils estimaient que les aspects punitifs de sa peine n’avaient pas été satisfaisants et que sa réhabilitation n’était pas totale.

    La véritable raison de cette nouvelle peine, c’est d’obliger Sundiata à renoncer à ses opinions politiques et de proclamer au monde entier qu’il avait eu tort de lutter pour la libération de son peuple. (ça ne vous rappelle rien ?)

    Jalil Muntaqim
    http://freejalil.com/
    Jalil A. Muntaqim, incarcéré depuis 1971, est un des prisonniers politiques qui a passé le plus de temps en prison dans le monde.

    Ancien membre du Black Panther Party et de la "Black Liberation Army", il a eu une grande influence dans la prise de conscience révolutionnaire aux US .

    Né le 18 octobre 1951, à Oakland, Californie.

    Après l’assassinat de ML King, Jalil s’est dit qu’il fallait opter pour des moyens de luttes plus radicaux contre le racisme et l’injustice. Il a donc rejoint les Black Panthers. Deux mois avant son vingtième anniversaire, Jalil était arrêté avec Albert “Nuh” Washington à la suite d’une fusillade avec la police de San Francisco. A cette époque, il avait terminé ses études secondaires et était travailleur social.

    Alors qu’il était incarcéré à la prison de San Quentin en Californie in 1976, Jalil lançait une campagne nationale de pétitions adressées aux Nations Unies pour faire reconnaître l’existence de prisonniers politiques aux Etats-Unis.

    En 1997, Jalil a lancé le Jericho Movement.

    Plus de 6000 manifestants se sont rassemblés au Jericho-98 lors de la marche sur Washington pour exiger l’amnistie pour les prisonniers politiques aux Etats-Unis en vertu du droit international.

    Le Jericho Amnesty Movement a pour objectif de faire reconnaître par le gouvernement US et l’ONU qu’il existe des prisonniers politiques aux Etats-Unis, et que, selon le droit international, ils devraient être amnistiés à cause de la nature politique de leurs actes.

    Mumia Abu-Jamal
    Mumia est chauffeur de taxi de nuit. Le 9 décembre 1981, Mumia Abu-Jamal est grièvement blessé lors d’une fusillade dans le quartier sud de la ville, où il vient de déposer un client. Arrêté, il est accusé du meurtre d’un policier, Daniel Faulkner, tué dans cette fusillade. Malgré ses dénégations, malgré son absence d’antécédents judiciaires, une enquête inéquitable (expertises balistiques inexistantes, balles non identifiables, absence de relevé d’empreintes, zone des faits non sécurisée, tests non effectués, etc.) conclut à la culpabilité de Mumia. Il est dans le couloir de la mort depuis près de 30 ans. Voir la suite ici …

    Leonard Peltier
    http://lpdctexas.blogspot.com/
    Leonard Peltier a passé plus de trente ans derrière les barreaux, ses droits violés à maintes reprises. En 1977, Leonard était condamné à tort pour les meurtres de deux agents du FBI au cours d’une révolte des peuples autochtones à Wounded Knee. Son dossier est si truffé d’erreurs et d’illégalités qu’il est une mascarade de tout notre système pénal.

    Amnesty International et tout un tas d’observateurs internationaux indépendants ont depuis longtemps maintenant confirmé que le FBI avait intimidé les témoins, dissimulé des preuves, falsifié des affidavits et commis toutes les vacheries possibles pour faire coffrer Peltier.

    Autres prisonniers et toujours plus ou moins le même scenario à la Peckinpah :

    Les Angola 3
    http://www.angola3.org/
    En 1972 et 1973, les autorités carcérales accusent Herman Wallace, Albert Woodfox, et Robert King Wilkerson, anciens des Black Panthers, de meurtres qu’ils n’ont pas commis et les placent dans des cellules d’isolement pendant près de 37 ans. Wilkerson, disculpé par l’état de Louisiane, a été libéré en février 2001. Albert Woodfox et Herman Wallace, eux, languissent toujours en prison. Ce sont, à ce jour aux Etats-Unis, les détenus qui ont passé le plus de temps en cellule d’isolement.

    Et aussi :

    Les 9 de Move
    http://blog.emceebeulogue.fr/post/2...
    En prison depuis le 8 août 1978, ils attendent encore d’être libérés.

    Conclusion ?

    Eh bien, conclusion, une fois encore la Grande Démocratie n’a absolument rien à dire sur les droits de l’homme dans les pays étrangers et rien à remontrer.

    Et pour bien faire, la communauté internationale devrait isoler complètement les Etats-Unis car tout ce qui se passe d’atroce dans le monde se retrouve à grande échelle là-bas, ou exporté ailleurs.

    Incarcération des prisonniers politiques sans perspective d’être libérés un jour. Mais aussi :

    Assassinat d’opposants, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.

    Incarcérations massives : 1 personne sur cent est actuellement en prison – dont 40% de Noirs : tiens, ça va faire plaisir à Z, ça ! il va pouvoir nous sortir une théorie infaillible là-dessus.

    Peine de mort, preuves et témoignages douteux, jugements arbitraires …

    Refus de réviser les procès, en particulier pour les condamnés à mort. Il me semble que si la société estime qu’un criminel ne mérite pas de vivre, elle devrait prendre toutes les garanties que c’est bien celui qui a commis le crime qui va être exécuté.

    Depuis 1976, une centaine de personnes ont été innocentées.

    Combien ont-été assassinées parce qu’on a refusé de procéder à des tests ADN, par exemple ?

    Dernier scandale en date : Hank Skinner dont l’exécution a été suspendue in extremis, et qui clame son innocence et réclame des tests ADN

    Hélas, ces cas ne sont pas rares en particulier pour les pauvres bougres qui se retrouvent dans cette situation.

    Sans parler du traitement ignoble réservé aux prisonniers et qui relève de la torture mentale et physique. Mais il paraît que la torture, c’est très tendance, ma chère.

    Les droits de l’homme et le bienpensing sont out, la discrimination et la torture sont in.

    Que voulez-vous : The times they are a-changing.

    Ou plutôt : plus ça change ...

    http://www.youtube.com/watch?v=gcgY...

    A reminder : http://www.youtube.com/watch?v=gcgY...

    Et puis, dans une version plus ... plus quoi au fait ? surréaliste ? http://www.youtube.com/watch?v=3MUr...

    Source ici


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  • La nouvelle doctrine nucléaire américaine cible l'Iran et la Corée du nord

    Par Patrick Martin
    La définition de la nouvelle doctrine nucléaire des Etats Unis, dite Nuclear Posture Review (NPR) publiée par le Pentagone mardi est saluée par les apologistes du gouvernement Obama comme un pas en avant vers un désarmement nucléaire à l'échelle mondiale. Mais il n'en est rien.

    Le document expose un raisonnement qui justifierait l'utilisation d'armes nucléaires contre un Etat ne disposant pas de l'arme nucléaire, et ce pour la première fois depuis le bombardement atomique américain d'Hiroshima et Nagasaki. L'Iran et la Corée du nord sont désignés du doigt comme cibles potentielles.

    Ce document de 72 pages a été publié la veille de la visite d'Obama à Prague, capitale de la République Tchèque où il va signer un traité sur les armes nucléaires avec le président russe Dmitri Medvedev jeudi. Comme le NPR, ce nouveau traité est annoncé par la Maison Blanche comme un effort visant à réduire les stocks d'armes nucléaires et rendre moins probables leur utilisation. Cela aussi est un écran de fumée politique visant à dissimuler le danger croissant d'une guerre.

    De nombreux détails de ce traité américano-soviétique demeurent obscurs, mais le consensus des professionnels du contrôle des armes est que les réductions sont en grande partie superficielles et en fait plus petites proportionnellement que lors du dernier accord de ce type négocié par le gouvernement Bush en 2002. Les Etats-Unis et la Russie vont réduire à 700 chacun le nombre de missiles et bombardiers potentiellement nucléaires déployés, soit une réduction d'environ 100 à 200 chacun. Mais les définitions sont tellement imprécises que le nombre réel d'ogives disponibles pour utilisation restera quasiment le même.

    Le document NPR a été publié par le secrétaire à la Défense d'Obama, Robert Gates, rescapé du gouvernement Bush et un pur et dur de la CIA tout au long des deux dernières décennies de la Guerre froide. Cela en soi devrait réfuter les déclarations selon lesquelles la nouvelle doctrine nucléaire est un pas vers le désarmement, sans parler de pacifisme. C'est Gates qui avait déclaré, il y a de cela moins de deux ans, que Washington avait besoin de préserver le droit au recours à la première frappe nucléaire dans l'éventualité d'attaques bactériologiques ou chimiques sur des cibles aux Etats-Unis ou chez les puissances alliées.

    Ce document rejette les appels à déclarer que « l'unique objectif » de la possession d'armes nucléaires est de dissuader les autres de les utiliser, aussi décrite comme l'engagement au non emploi « en première frappe », ce qui laisse ouverte la possibilité que les armes nucléaires pourraient être utilisées dans une opération militaire américaine qui commence comme une guerre conventionnelle, telle la Guerre du Golfe de 1990-1991 ou les guerre actuellement en cours en Irak et en Afghanistan.

    La Maison Blanche est aussi revenue sur une promesse d'Obama durant la campagne présidentielle de retirer les armes nucléaires américaines de l'alerte appelée « hair-trigger alert », selon laquelle elles peuvent être lancées sur-le-champ contre des cibles en Russie. Les hauts gradés militaires se seraient élevés contre cette démarche et il n'y aura pas de changement significatif sur le statut de l'alerte concernant l'immense arsenal nucléaire américain.

    Le changement majeur de ce nouveau document consiste à déplacer le point de mire immédiat du projet d'armes nucléaires américain de la Russie et de la Chine, principales cibles pendant toute la période de Guerre froide, vers ce que le gouvernement Bush appelait « les Etats voyous » et que le gouvernement Obama désigne sous le nom de « outliers »[littéralement « marginaux »], c'est à dire ces pays qui sont les cibles les plus vraisemblables de l'action militaire américaine.

    La nouvelle doctrine du Pentagone interdit l'autorisation de frappes nucléaires contre un pays ne disposant pas de l'arme nucléaire et qui utilise des armes bactériologiques ou chimiques, mais cette promesse n'est que pour la galerie étant donné que les Etats-Unis se réservent le droit de changer de politique dans le cas d'avancées significatives dans la capacité des armes bactériologiques à l'avenir.

    Plus significatif encore: Cette « interdiction » exclut tout spécifiquement les pays désignés comme n'étant pas en conformité avec le Traité de non prolifération (NPT.) Les Etats-Unis considèrent officiellement que la Corée du nord et l'Iran ne sont pas en conformité, bien que l'Iran n'ait pas été ainsi désignée par l'agence des Nations-Unies, l'Agence internationale de l'énergie atomique, qui applique ce traité. La Corée du nord s'était retirée du NPT avant de procéder à son premier essai nucléaire réussi en 2006.

    Gates a rendu explicite le ciblage de ces deux pays en disant ors d'une conférence de presse du Pentagone: « Il y a ici un message pour l'Iran et la Corée du nord... Si vous ne respectez pas les règles du jeu, si vous allez proliférer en matière de nucléaire, alors toutes les options sont ouvertes quant à la manière dont nous allons réagir envers vous. »

    Dans d'autres domaines de la stratégie nucléaire, le gouvernement Obama poursuit en grande partie la politique de George W. Bush, même s'il le fait à grand renfort de posture injustifiée sur la paix et le désarmement, du type qui avait été récompensé l'an dernier par le prix Nobel de la paix.

    Le Pentagone a déclaré que les Etats-Unis ne construiraient plus de nouvelles armes nucléaires. « Plus de nouveaux essais, plus de nouvelles ogives, a dit le général de Marine James Cartwright, président adjoint des des Etats majors réunis et principal commandant des forces de frappe nucléaire américaines. Mais le Los Angeles Times a fait remarquer, « Des officiels ont ensuite fait remarquer que cette politique pourrait leur permettre de ressortir des composants et modèles de vieilles ogives testées pour construire ce qui serait, à toutes fins pratiques, une nouvelle arme. »

    Le budget du gouvernement Obama comprend 5 milliards de dollars pour que le département de l'énergie mette en place ce que Gates appelle « un projet de modernisation crédible pour maintenir l'infrastructure nucléaire et soutenir la force de dissuasion de notre pays. » Il y a aussi des milliards mis de côté pour que des radars et des détecteurs très perfectionnés rendent les frappes des missiles non nucléaires plus précis et efficaces.

    Le NPR fait aussi des systèmes de défense antimissile un objectif stratégique majeur. Le gouvernement a réfuté les demandes des Russes d'inclure la défense antimissile dans le traité sur les armes nucléaires qu'Obama et Medvedev vont signer jeudi. Prenant la parole mardi à Moscou, le ministre des Affaires étrangères russe Sergei Lavrov a averti que la Russie pourrait se retirer du traité si elle sentait que ses forces nucléaires stratégiques étaient menacées par des avancées dans les défenses antimissiles américaines.

    La publication de la doctrine sur les armes nucléaires a provoqué chez les ténors républicains des fulminations prévisibles concernant la politique d'apaisement et le désarmement. Rudolph Giuliani, ancien maire de New York et candidat présidentiel, a dit sur National Review Online, « Un monde sans nucléaire est un rêve de la gauche, vieux de 60 ans, tout comme le service de santé socialisé. Cette nouvelle politique, tout comme le programme de santé d'Obama géré par le gouvernement est un pas de géant dans cette direction. »

    La comparaison est pertinente, mais pas pour les raisons avancées par Giuliani. Tout comme la « réforme » de la santé, la doctrine d'Obama sur les armes nucléaires est un effort pour diriger la politique gouvernementale vers la droite tout en utilisant une phraséologie réformiste. La restructuration des soins de santé va diminuer les dépenses globales allouées aux services médicaux des Américains, tout comme la « réduction » du nucléaire va augmenter les dépenses militaires et rendre dans les faits plus probable l'utilisation des armes nucléaires en temps de guerre.

    Les sénateurs républicains, John McCain et Jon Kyl ont publié une déclaration commune exigeant que le gouvernement Obama « ne retire de la table aucune option » de sa politique sur les armes nucléaires. On ne sait pas encore si les républicains du Sénat vont chercher à faire barrage au nouveau traité américano-russe qui requiert une majorité de 67 voix au Sénat pour être ratifié.

    D'anciens représentants de Bush ont toutefois mis l'accent sur la continuité de la politique entre les deux gouvernements. Gates, bien sûr, a eu le dernier mot sur la doctrine nucléaire, ainsi que les officiers militaires de haut rang tel le président des Etats majors réunis, l'amiral Michael Mullen, lui aussi venu de l'ère Bush.

    Nicholas Burns, sous-secrétaire d'Etat aux Affaires politiques sous Bush a salué la nouvelle politique et « sa ligne très dure » concernant l'Iran. « Les Etats voyous comme l'Iran et la Corée du nord sont réellement perturbateurs et représentent une menace pour le monde, » a-t-il dit. « Il me semble que cette nouvelle définition de la politique nucléaire du gouvernement Obama consolide la capacité des Etats-Unis à contrer cette menace et à sauvegarder les intérêts américains. »

    Le Wall Street Journal, farouche opposant du gouvernement Obama dans la plupart des domaines, a publié un article sur la doctrine des armes nucléaires déclarant qu'elle ne représentait que « de modestes changements aux forces nucléaires américaines, laissant intacte la menace américaine de longue date d'avoir recours à la première frappe nucléaire même contre des pays n'ayant pas l'arme nucléaire. »

    Dans une interview accordée au New York Times lundi, Obama a renchéri ses exigences sur l'Iran, déclarant que ce n'était pas seulement que le gouvernement américain s'opposait à la possession par l'Iran d'armes nucléaires, mais que l'Iran ne devait pas devenir 'un Etat capable du nucléaire.' »

    « Je pense que la communauté internationale ressent fortement ce que cela signifie de rechercher l'énergie nucléaire civile dans un but pacifique et contrairement à cela la capacité à construire des armes, » a-t-il dit. « Et une capacité à construire des armes est évidemment significative au moment où nous évaluons si oui ou non l'Iran ou tout autre pays fait preuve de sérieux concernant ces questions. »

    Etant donné que le terme « capacité » se réfère principalement à la possession de la connaissance scientifique et technologique cruciale, une telle capacité requerrait la destruction de l'infrastructure d'équipement avancée que l'Iran a développée au cours de nombreuses décennies.

    Source WSWS


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  • Aux Etats-Unis, la peine de mort est en sursis

    Colette BERTHES

    Hank Skinner, un procès plus que douteux

    Hank Skinner, probablement innocent du meurtre de trois personnes – sa compagne et ses deux fils -aurait dû être exécuté le 24 février 2010, à Hunstville, Texas. Il a reçu un sursis de la Cour Suprême une heure à peine avant son exécution. Actuellement la Cour réfléchit pour savoir si elle instruira ou non son dossier.

    Depuis son procès, des témoins à charge sur qui la police avait fait pression, se sont rétractés ; des témoins à décharge n’ont jamais été entendu par le tribunal. Des tests ADN partiels conduits à la demande du professeur de journalisme David Protess ( qui avec ses étudiants rouvre des enquêtes douteuses) ont montré que les cheveux trouvés entre les doigts de la victime n’appartenaient pas à Hank. Par ailleurs Hank Skinner avait, avant son arrestation, des démêlés avec le shériff local car il défendait les droits des prisonniers du Comté et dénonçait la façon dont ils étaient traités par les autorités. Ses avocats actuels demandent, depuis des années, que toutes les pièces à conviction leur soient données afin de faire conduire des tests ADN qui l’innocenteraient. Jusqu’à présent l’avocat général de Gray County a toujours refusé.

    Malgré tous les doutes, toutes les irrégularités, Hank Skinner risque toujours l’exécution.

    Quelques chiffres pour commencer…

    En ce début 2010 quelques 3300 condamnés à mort, femmes et hommes, attendent leur exécution dans les couloirs de la mort des Etats-Unis, certains depuis vingt ans ou plus. Ils passent en moyenne dix ans dans les couloirs avant d’être exécutés.

    Au 1° janvier 2010, 1188 condamnés avaient été exécutés depuis 1976, date de la reprise des exécutions après un moratoire de plusieurs années décrété par la Cour Suprême. Le Texas à lui seul en a exécuté 447 ! Depuis 1973, 139 de ces condamnés à mort ont été reconnus innocents et libérés, des centaines d’autres ont vu leur peine cassée et ont été condamné à la prison à vie grâce à l’action d’avocats, d’enquêteurs, de journalistes, de comités de soutien, de bénévoles souvent réunis dans des Projets Innocence ( qui agissent aussi auprès de condamnés à des peines diverses)

    La pauvreté et l’ignorance mènent au Couloir

    Au-delà de ces chiffres, impressionnants et terribles, il y a des hommes et des femmes dont le profil est presque toujours le même : milieu modeste ou pauvre voire misérable, familles disloquées, violences familiales, viols et/ou prostitution, scolarité tôt arrêtée etc Et derrière ces chiffres il y a aussi les addictions aux drogues, l’alcool, les armes si faciles à acquérir ou à voler et la violence inouïe de la société américaine.

    Une société qui criminalise la misère et les pauvres, où le tout répressif remplace le social – tolérance zéro, qui préconise la punition de tout acte délictueux même minime et ce quelque soit l’âge, « théorie du carreau cassé » qui veut que la répression des petits délits empêchent les crimes, travail forcé (chaînes aux pieds dans certains états), augmentation des effectifs de police et du nombre de prisons très souvent privées etc

    Les américains aiment de moins en moins les exécutions

    Pourtant tous les observateurs américains le constatent : la peine de mort recule peu à peu aux Etats-Unis. En 2009 seulement 52 exécutions ont eu lieu contre le double il y a dix ans et dans 11 états seulement alors que 35 l’ont dans leur législation. Le nombre des condamnations à mort est au plus bas depuis 1976 : 106 en 2009 contre 324 il y a 15 ans.

    Récemment deux nouveaux états ont aboli la peine de mort, le New Jersey et le Nouveau Mexique, portant à quinze le nombre des états sans peine de mort. Parmi les 35 qui peuvent la pratiquer plusieurs n’ont pas exécuté depuis des années.

    Alors la population et les hommes (et femmes) politiques US se sont ils convertis majoritairement à l’abolition ???Pas vraiment. La population est encore très pro peine de mort, surtout dans les états du sud et de l’ouest et le fait que la police elle-même déclare, sur son site, que cette peine est classée dans les dernières causes qui peuvent faire baisser la criminalité, ne fait pas bouger l’opinion de ceux qui la défendent.

    Mais les actions des divers comités, avocats abolitionnistes, Defense Project commencent à porter leurs fruits : enquêtes bâclées par la police mises à jour, procès iniques, condamnés mal défendus par des avocats nommés d’office incompétents ou surchargés d’affaires,racisme, témoins « achetés », etc et surtout l’utilisation des tests ADN…quand ils sont possibles, que la police n’a pas détruit les preuves ou qu’elle consent à les fournir . Les diverses erreurs judiciaires largement médiatisées influent sur la frange la moins dure des pro peine de mort et donne du courage aux militants abolitionnistes, plus nombreux, plus visibles et mieux écoutés.

    La crise est abolitionniste !

    Cela ne suffirait pas à faire reculer la peine de mort au niveau des Etats ni de ses défenseurs les plus acharnés, mais il y a la crise ! Et si elle se poursuit ou s’aggrave la peine de mort risque bien de disparaître ! Condamner à mort coûte suivant les états de 3 à 5 fois plus cher que condamner à la prison à vie : procès plus longs, plus chers, nombreux appels, couloirs de la mort ultra sécurisés, gardiens plus nombreux etc. Ainsi la Californie dépense chaque année quelques 137 millions de dollars pour ses 690 condamnés à mort ! Les élus et les contribuables renâclent de plus en plus devant ces dépenses !

    Quant au président Obama, s’il s’est déclaré pour la peine de mort, il a aussi œuvré , en tant que sénateur de l’Illinois à faire promulguer des lois qui l’encadrent sévèrement la condamnation à cette peine et qui rendent très difficiles une exécution. Il a par ailleurs nommé un abolitionniste au Ministère de la Justice, Eric Holder.

    Alors la peine de mort US bientôt au musée ???

    Pas tout de suite, mais ça vient…Heureusement il restera longtemps (toujours ???) un état différent, celui à « l’étoile solitaire » pour qui les abolitionnistes, ceux qui les soutiennent et la plupart des citoyens des états du nord et d’Europe sont de dangereux libéraux, voire des révolutionnaires, voire des communistes…le Texas où 88% environ de la population est pour la peine de mort… La loi du talion a encore quelques beaux jours devant elle.

    Colette BERTHES
    Association lutte pour la justice

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  • Mêmes délits, mêmes crimes

    Plaidoyer pour la destitution de Barack Obama

    Dave LINDORFF

    En 2005-2006, j’ai écrit un livre « The Case for Impeachement » (« plaidoyer pour une destitution » – NdT) dans lequel j’ai présenté des arguments en faveur d’une destitution du Président George W. Bush et du Vice-président Dick Cheney, ainsi que d’autres hauts responsables de l’administration Bush/Cheney tels que Condoleezza Rice, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld et le ministre de la Justice Alberto Gonzales, pour crimes de guerres et violation de la constitution des Etats-Unis.

    A présent, lorsque je mentionne le titre du livre, parfois certains me demandent, sur le ton de la plaisanterie, si je me réfère au président actuel, Barack Obama.

    C’est triste à dire, mais le temps est venu, à peine 14 mois après l’entrée en fonctions du nouveau président, de répondre que oui, ce président, et certains de ses subordonnés, sont coupables eux aussi de crimes de guerre – dont beaucoup sont les mêmes que ceux commis par Bush et Cheney - pouvant mener à une destitution.

    Commençons par la guerre en Afghanistan, qu’Obama a personnellement pris en charge par une escalade qui verra le nombre de soldats US dans ce pays (sans compter les mercenaires embauchés par le Pentagone) s’élever à 100.000 d’ici le mois d’Août prochain.

    Ce président a autorisé l’emploi de drones Predator (avions sans pilotes) pour mener une campagne de bombardements contre le Pakistan ce qui a pour effet d’étendre illégalement la guerre en Afghanistan vers un autre pays sans l’autorisation du Congrès. Ces avions sans pilotes sont connus pour tuer beaucoup plus de passants innocents que d’ennemis, ce qui les rend leur emploi comme armes fondamentalement illégal. De plus, cette vague d’attaques contre le Pakistan constitue une guerre d’agression contre un autre pays, si le mot « guerre » a encore un sens, et par conséquence constitue une violation de la Charte des Nations Unies. L’acte de déclencher une guerre d’agression contre un pays qui ne représente aucune menace imminente à l’agresseur est considéré par la Charte et la Charte du Tribunal de Nuremberg comme le plus grave de tous les crimes de guerre.

    Le président, en tant que commandant en Chef, en collusion avec le ministre de la justice Eric Holder, bloqué toute poursuite contre ceux qui ont autorisé et appliqué la torture contre des prisonniers lors de la guerre en Irak, la guerre en Afghanistan et aussi la soi-disant guerre contre le terrorisme – notamment le juge de la Cour d’Appel Jay Baybee et le professeur de droit à l’université de Berkeley John Woo qui, comme avocats du ministère de la Justice, ont rédigé les rapports qui justifiaient l’usage de la torture – et qui permettent encore aujourd’hui la poursuite de telles pratiques contre les prisonniers. Tout ceci constitue une violation claire des Conventions de Genève qui font partie intégrante, de par les traités signés, de la Constitution des Etats-Unis. Selon ces traités, les responsables dans la chaîne de commande qui permettent ou s’abstiennent de punir les auteurs de torture se rendent eux-mêmes coupables de torture.

    En tant que Commandant en Chef, le Président Obama a aussi supervisé une stratégie en Afghanistan qui consiste à étendre les attaques contres les civils. Comme en Irak sous l’administration Bush, la phase actuelle de la guerre en Afghanistan provoque plus de morts parmi les civils que parmi les combattants ennemis, à cause de l’emploi d’armes telles que des hélicoptères dotés de canons, des bombardements aériens, des bombes à fragmentation, etc, ainsi que le recours à des tactiques de raids nocturnes contre des zones habitées censés abriter des insurgés – des raids qui se soldent fréquemment par la mort de nombreux hommes, femmes et enfants innocents. Il est significatif de constater que la récente exécution de sang froid de 9 étudiants, âgés entre 11 et 18 ans, par des forces dirigées par les Etats-Unis n’a donné lieu à aucune poursuite ni enquête. Au contraire, l’affaire est étouffée et ignorée, avec l’évident accord de la Maison Blanche et des chefs du Pentagone.

    De plus, il est largement admis que le Général Stanley McChrystal, qui a dirigé une opération à grande échelle d’escadrons de la mort en Irak avant d’être nommé à son poste actuel, est actuellement en train de diriger une campagne similaire d’assassinats en Afghanistan – une campagne qui rappelle le sinistre Programme Phénix dans les années 60 au Vietnam – qui se solde par de nombreux morts chez les Afghans innocents.

    En politique intérieure, le président a autorisé la poursuite des détentions sans procés de centaines de prisonniers à Guantanamo et dans d’autres prisons, dont la base aérienne de Bagram en Afghanistan. Son directeur à la Sécurité Nationale a même déclaré que la politique de l’administration actuelle était que les citoyens américains qui seraient considérés par le gouvernement d’être des combattants ennemis ou des terroristes pourraient faire l’objet d’exécutions sommaires. Des crimes d’état officiellement assumés constituent une violation flagrante de la Constitution qui précise clairement que chaque Américain bénéficie de la présomption d’innocence et du droit à un procès équitable.

    Le président a aussi poursuivi, et d’une certaine façon même renforcé, le programme de Bush/Cheney d’espionnage sans mandat des communications électroniques de millions d’Américains par l’Agence de Sécurité Nationale (NSA). Une partie de ce programme, la surveillance d’une organisation caritative islamique vient d’être déclarée illégale par un juge fédéral dans une affaire qui l’opposait à l’administration Bush/Cheney, mais que la présente administration persistait à défendre. Il n’est pas encore connu si l’administration Obama décidera de faire appel de ce jugement. Alors que l’affaire en question ne constitue pas un crime de la part de l’administration Obama, il est cependant clair qu’elle représente la pointe d’un gigantesque iceberg d’espionnage intérieur, et le fait que l’administration déploie autant d’efforts pour clore ce procès ou le gagner indique qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé et que la NSA agit ainsi à une très grande échelle. En fait, si cette affaire a atterri un jour devant un tribunal, c’est un uniquement parce qu’un rapport qui décrivait la surveillance avait été envoyé par erreur par courrier électronique aux victimes de la surveillance.

    Et pendant que nous y sommes, je voudrais dire aussi qu’il y a suffisemment d’éléments pour destituer le secrétaire au Trésor Timothy Geither qui, lorsqu’il dirigeait la Réserve Fédérale de New York, parait avoir été complice dans une tentative d’étouffer la fraude massive de Lehman Brothers, puis en tant que secrétaire au Trésor, a participé à la plus grande distribution de l’argent des contribuables à plusieurs des plus grandes banques du pays.

    L’énumération des violations de la Constitution et des crimes commis montrent que ce président, comme son prédécesseur, et pratiquement depuis son premier jour de mandat, perpétue les actions criminelles et anticonstitutionnelles qui menacent l’existence même d’un gouvernement constitutionnel aux Etats-Unis.

    En termes simples : le Président Barack Obama, et son ministre de la Justice Eric Holder, son ministre de la Défense Robert Gates, son ministre de l’Economie Geithner, devraient être destitués pour crimes de guerre et crimes contre la Constitution.

    Bien sûr, après avoir assisté pendant deux ans à un Congrès Démocrate faillir sans honte à son devoir de lancer une procédure de destitution contre le Président Bush et le Vice-président Cheney ainsi que leurs subordonnés criminels, je ne me fais aucune illusion quant à la destitution du président actuel.

    Cela dit, je crois qu’il est important de faire savoir publiquement que ce président, comme son prédécesseur, mérite la destitution pour de graves délits et crimes.

    Dave Lindorff

    ARTICLE ORIGINAL
    http://www.counterpunch.org/lindorf...

    Traduction - dans l’expression "premier président noir des Etats-Unis", les seuls mots qui comptent sont "président " et "Etats-Unis" - par VD pour Le Grand Soir

    Source Ici


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