• Lorsque les américains sont épargnés, une guerre n’est pas une guerre

    Attaquer la Libye en même temps que le dictionnaire. (Tomdispatch.)

    Jonathan Schell

    L’administration Obama vient de présenter une étonnante justification pour avoir déclenché une guerre contre la Libye sans l’approbation du Congrès exigée par la Constitution et la loi « War Powers Resolution » de 1973.

    Des avions américains décollent, pénètrent l’espace aérien libyen, localisent des cibles, larguent des bombes, des bombes qui tuent et qui détruisent. C’est la guerre. Certains disent que c’est une bonne guerre et d’autres le contraire, mais aucun doute n’est possible, il s’agit bien d’une guerre.

    Néanmoins, l’administration Obama insiste pour dire que ce n’est pas une guerre Pourquoi ? Parce que, selon un rapport de 32 pages publié la semaine dernière par le gouvernement et intitulé « United States Activities in Libya », « les opérations américaines n’impliquent pas de combats soutenus ou d’échanges de tirs avec des forces hostiles, ni la présence de troupes américaines au sol, ni de victimes américaines ou de risque tangible d’escalade vers un conflit caractérisé par ces facteurs. »

    En d’autres termes, l’équilibre des forces est tellement en faveur des Etats-Unis qu’aucun Américain ne meurt ou ne risque sa vie. Apparemment, une guerre n’est une guerre que lorsque des Américains meurent, lorsque « nous » mourrons. Lorsque les seuls morts sont les « autres », les Libyens, c’est autre chose, une chose pour laquelle on n’a pas encore trouvé de nom. Lorsque les autres attaquent, c’est une guerre. Lorsque nous attaquons, ce n’est pas une guerre.

    C’est à l’évidence une manière de raisonner très étrange et qui n’est possible qu’à cause d’un fait étrange : aujourd’hui, il est effectivement possible pour certains pays (peut-être uniquement le nôtre) et pour la première fois dans l’histoire, de déclencher une guerre sans subir une égratignure en retour. Cela a failli être le cas avec le bombardement de la Serbie en 1999, où un seul avion américain avait été abattu (et le pilote secouru).

    Le modèle de cette nouvelle forme de guerre est le drone (avion sans pilote), le Predator, qui est devenu l’emblème de l’administration Obama. Ses pilotes humains sont assis dans une base militaire du Nevada ou à Langley, en Virginie, tandis que le drone survole l’Afghanistan, le Pakistan, le Yémen ou la Libye en semant sa destruction. Une telle guerre ne fait pas de victimes chez l’agresseur parce qu’aucun soldat de l’agresseur ne se trouve à proximité du champ de bataille – si on peut l’appeler ainsi.

    D’étranges conclusions sont tirées de cette étrange manière de raisonner et ces étranges faits. Avant, une attaque contre un pays était un acte de guerre, quel que soit l’agresseur ou ce qui s’ensuivait. Désormais, l’administration Obama dit que puisque l’adversaire est incapable de riposter, ce n’est pas une guerre.

    Les ennemis des Etats-Unis ont donc une nouvelle raison de vouloir nous infliger un minimum de dégâts car c’est uniquement dans ce cas qu’on pourrait leur reconnaître quelques droits (qui sont ce qu’ils sont) dans le cadre d’une guerre autorisée. Sans ça, ils sont à la merci du Président.

    La « War Powers Resolution Act » autorise le président à déclencher des opérations militaires uniquement lorsque le pays est directement attaqué, lorsqu’il existe « un état d’urgence provoqué par une attaque contre les Etats-Unis, son territoire ou ses colonies, ou ses forces armées. » Cependant, l’administration Obama justifie ses actions en Libye justement parce que les forces armées US ne courent aucun risque et le territoire des Etats-Unis encore moins.

    Il y a un parallèle à faire ici avec la position de l’administration Bush sur la question de la torture (sans faire de parallèle, bien entendu, entre la guerre contre la Libye à laquelle je m’oppose mais sur laquelle on peut encore débattre, et la torture qui n’est en aucun cas justifiable). Le Président Bush voulait que la torture qu’il avait ordonnée ne soit pas considérée comme de la torture, alors il s’est débrouillé pour avoir quelques juristes du Ministère de la justice pour rédiger des rapports expliquant que certaines formes de torture, comme le Waterboarding (simulations de noyade) n’étaient pas de la torture. De telles pratiques ont donc été baptisées « techniques d’interrogatoires poussés ».

    A présent, Obama ne veut pas que sa guerre en Libye soit qualifiée de guerre alors il s’est débrouillé pour définir un certain type de guerre – le genre qui épargne les Américains – qui n’est pas une guerre (ceci sans le soutien total de ses propres avocats). En même temps que la Libye, un bon vieux mot du langage courant - guerre – vient de subir une agression.

    Dans ce genre d’opération sémantique du pouvoir contre le langage, un mot se retrouve détaché de son sens le plus commun. La signification des mots est un des rares terrains d’entente entre communautés. Lorsque le sens communément admis est remis en cause, plus personne ne peut employer le mot sans provoquer des « débats » fallacieux, comme cela s’est produit autour du mot « torture ». Par exemple, les grands médias, en se soumettant à la décision de George Bush sur la signification des mots, ont cessé de qualifier le Waterboarding de torture et ont commencé à employer d’autres termes, comme « technique d’interrogatoire poussé », ou « mauvais traitement », ou « pratique abusive », etc.

    Est-ce que les médias vont maintenant cesser d’appeler la guerre contre la Libye une guerre ? Aucun euphémisme pour « guerre » n’est encore apparu mais peu après le déclenchement des attaques contre la Libye, un officiel de l’administration a proposé le terme « action militaire cinétique » ou plus récemment, dans le rapport de 32 pages, le terme proposé est « opérations militaires limitées ». Sans doute quelqu’un finira par trouver un terme plus accrocheur.

    Comment l’administration a-t-elle réussi une telle acrobatie ? Une interview accordée à Charlie Savage et Mark Landler du New York Times par le conseiller juridique de Département d’Etat Harold Koh nous éclaire un peu. De nombreux administrations et législateurs s’en sont pris à la « War Powers Resolution » en affirmant que cette loi remettait en cause des pouvoirs inhérents à la présidence. D’autres, comme le vice-ministre adjoint de la Justice, John Yoo, ont argumenté que la phrase toute simple de la Constitution qui dit que le Congrès « déclarera la guerre » ne signifie pas ce que la plupart des gens comprennent en la lisant, et que par conséquence le président a toute latitude pour déclencher toutes sortes de guerres.

    Koh s’est longtemps opposé à ces interprétations – et d’une certaine manière, il est resté cohérent. En parlant de l’administration, il reconnaît le pouvoir du Congrès de déclarer la guerre et la constitutionnalité de la « War Powers Resolution ». « Nous ne disons pas que le Président peut décider seul d’entrainer le pays dans une guerre, » a-t-il dit au Times. « Nous ne disons pas que la « War Powers Resolution » est anticonstitutionnelle ou qu’elle devrait être abrogée ou que nous refusons de consulter le Congrès. Nous disons que la nature limitée de cette mission précise ne constitue pas le genre « d’hostilités » visées par le texte. »

    Ainsi, d’une manière étrange, en voulant éviter d’être confrontés à la loi, ils s’en pris au dictionnaire. Pour que l’administration Obama puisse aller de l’avant dans une guerre qui n’avait reçue aucune forme d’approbation de la part du Congrès, il lui fallait choisir entre une remise en cause de la loi ou celle de la signification des mots. Entre la loi et le langage, il fallait choisir.

    Ils ont choisi le langage.

    Jonathan Schell

    Jonathan Schell is the Doris M. Shaffer Fellow at The Nation Institute, and a Senior Lecturer at Yale University. He is the author of several books, including The Unconquerable World : Power, Nonviolence, and the Will of the People. To listen to Timothy MacBain’s latest TomCast audio interview in which Schell discusses war and the imperial presidency, click here, or download it to your iPod here.

    SOURCE ORIGINALE http://www.tomdispatch.com

    Transcodage inter-linguistique « on se comprend » par VD pour La Tombée de la Nuit d’Une Taille Imposante avec probablement les fautes et coquilles habituelles


    URL de cet article 14042
    http://www.legrandsoir.info/attaquer-la-libye-en-meme-temps-que-le-dictionnaire-tomdispatch.html

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  • troy_davis.jpg

    Alors que la France entière se lamente sur le système judiciaire américain à propos d'un de nos ressortissants peu prudent, il serait bon qu'elle en sache un peu plus sur les vrais problèmes.
    Troy Anthony Davis, né le 9 octobre 1968, a été condamné à mort en 1991 pour le meurtre d'un policier, commis dans la nuit du 19 août 1989.

    Troy Davis est noir et issu d'une famille pauvre. Comme près de 43% des condamnés à la peine capitale, alors que les Noirs ne représentent que 12% de la population US (EZ, petit chroniqueur mesquin et suffisant aurait sans doute son mot à dire là-dessus).


    Troy Davis a été envoyé dans le couloir de la mort sur la foi des déclarations de témoins oculaires, dont la majorité d'entre eux se sont ensuite désistés.
    Aucune preuve matérielle n'existe.
    Pas d'arme du crime. Pas d'ADN. Rien.
    Hélas.

    Car, sans cela, Davis ne peut ni être déclaré coupable de façon irréfutable. Ni être innocenté de façon définitive.

    Alors, les juges ont tranché. S'il ne peut apporter la preuve de son innocence, c'est qu'il reste coupable, même s'il y a de gros doutes, reconnaissent-ils.
    Les juges ne se déjugent pas et il vaut mieux exécuter un innocent que de relâcher un coupable au bout de 20 ans d'incarcération.
    "Sidérant", non?

    Troy ayant épuisé tous ses recours judiciaires, il est maintenant sur le fil du rasoir, et attend l'annonce très prochaine d'une 4ème date d’exécution en l’espace de 4 ans.

    Seule une mobilisation massive de l’opinion publique pourra convaincre le Comité des Grâces de l’Etat de Géorgie de commuer sa peine de mort.


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    Manifestation à Londres

    Article à ce sujet de Jen Marlowe "Our Racist Justice System: How Troy Davis Has Spent 20 Years on Death Row, With Little Evidence Against Him", pubié le 2 juin 2011

    Notre système judiciaire raciste: comment Troy Davis a passé 20 ans dans le couloir de la mort, malgré le manque de preuves formelles de sa culpabilité.

    “De’Jaun, viens par ici, il faut que je te parle".

    De’Jaun Correia, un adolescent de 13 ans, élancé, les cheveux tressés à la rasta, s'assoie près de son oncle Troy Davis dans un coin de la pièce. Troy explique à De’Jaun ce qui va se passer maintenant qu'il devient adolescent.
    "Ton corps va changer … les femmes changent et nous aussi. Il m'est arrivé la même chose quand j'étais adolescent.".

    De’Jaun écoute avec beaucoup d'attention les explications de son oncle sur les oiseaux et les abeilles (c'est un peu dépassé, à l'heure actuelle, comme méthode, mais Troy n'est plus sorti de là depuis 20 ans, il a des excuses, NDT).
    Ce n'est pas la première fois que De’Jaun et Troy ont une conversation en tête-à-tête. C'est avec son oncle, un homme robuste aux yeux marrons chaleureux, que De’Jaun se sent le plus à l'aise pour discuter.

    Martina Davis-Correia, la mère de De’Jaun et la sœur aînée de Troy, a toujours encouragé cette relation étroite entre Troy et son fils. Troy aidait Martina à gronder De’Jaun quand il avait fait des bêtises à l'école. "On ne va pas à l'école pour bavarder, on y va pour apprendre!", disait Troy. Puis, quand il était certain que De’Jaun avait bien compris, Troy reprenait avec tendresse: “Allez, viens m'embrasser". Et il serrait son neveu dans ses bras.

    C'est Troy qui lui apprend la discipline", explique Martina. "Et qui lui donne aussi de l'affection".

    Ces échanges entre un oncle et son neveu pourraient paraître banals, si ce n'est le lieu où ils se passaient.

    Ces échanges avaient lieu dans une pièce étroite avec des verrous et des barres sur l'unique porte, à la prison "Georgia Diagnostic and Classification", où Troy Davis est incarcéré dans le couloir de la mort. Quand De’Jaun était encore petit, les prisonniers du couloir de la mort et leurs visiteurs pouvaient se retrouver dans la salle réservée aux visites; mais les visites où ils étaient en contact direct ont été supprimées il y a un an et demi.

    Et maintenant, De’Jaun reçoit les conseils de son oncle à travers des écouteurs installés des deux côtés d'une vitre en plexiglas.
    Davis se trouve dans le couloir de la mort pour le meurtre, en 1989, d'un officier de police blanc de Savannah, Mark MacPhail. Le 19 août, MacPhail était abattu alors qu'il volait au secours d'un SDF qu'on frappait à coups de pistolet sur le parking de l'arrêt des cars Greyhound.

    Le lendemain du meurtre, un homme du nom de Sylvester “Red” Coles racontait à la police que c'était Troy Davis qui avait tiré. Davis était alors arrêté, et avait été condamné en 1991, essentiellement sur la foi des déclarations de témoins oculaires.

    Il n'y a aucune preuve matérielle qui puisse relier Davis au meurtre. L'arme du crime n'a jamais été retrouvée. Mais malgré cela, Davis a été condamné à mort. Cela fait vingt ans qu'il est dans le couloir de la mort, en dépit du fait que le dossier d'accusation est complètement réduit à néant.

    Actuellement, il attend qu'une date soit fixée pour son exécution, ce qui pourrait être fait à tout moment, son dernier appel ayant été rejeté par la Cour Suprême.
    Des associations renommées de défense des droits humains et des libertés civiles, comme le NAACP (National Association for the Advancement of Colored People), Amnesty International, et l'ACLU (American Civil Liberties Union) se sont intéressées à l'affaire Davis, et des personnalités allant de l'ex-président Jimmy Carter à l'archevêque Desmond Tutu ont plaidé sa cause.

    L'affaire Davis est devenue emblématique d'une grande partie des problèmes que pose un système de peine capitale marqué par le racisme, les différences de moyens financiers et les erreurs judiciaires.

    Les défenseurs publics n'ont pas les moyens nécessaires pour enquêter correctement ou pour traiter convenablement la multitude de dossiers dont ils sont chargés.

    En même temps, il y a de nombreux éléments qui prouvent les inégalités de traitement selon l'appartenance raciale face à la peine de mort.
    D'après une étude publiée en 2001 par l'Université de Caroline du Nord, un inculpé dont la victime était blanche avait 3,5 fois plus de chances d'être condamné à la peine capitale que si la victime n'était pas blanche. Une étude de 2005 réalisée en Californie conclut que si la victime de l'accusé est blanche, celui-ci a trois fois plus de chances d'être condamné à mort.

    Même ceux qui sont pour la peine de mort, comme l'ancien directeur du FBI, le juge fédéral William Sessions et l'ancien élu républicain au Congrès, Bob Barr, se sont prononcés contre l'exécution de Davis, évoquant des "questions capitales restées sans réponse" (Sessions) et le "manque d'équité et de précision requises pour appliquer la peine de mort" (Barr).

    Parmi ces "questions capitales restées sans réponse", il y a le fait que sept des 9 témoins oculaires se sont rétractés plus tard ou ont modifié leur témoignage, beaucoup ayant affirmé qu'ils avaient subi des pressions et des intimidations de la part de la police, et qui les ont conduits à accuser Davis dans leurs premières dépositions.

    "Au bout de deux heures où j'ai dû subir les hurlements et les menaces des enquêteurs, j'ai finalement craqué et je leur ai dit ce qu'ils voulaient entendre", a écrit en 2002 le témoin Darrell Collins dans une déclaration sous serment.
    Collins avait 16 ans la nuit du meurtre et il avait été interrogé par la police pendant des heures hors de la présence de ses parents. “Ils me disaient ce qui s'était passé et je répétais tout ce qu'ils disaient".

    De nouveaux témoins se sont présentés, désignant Coles lui-même comme étant celui qui avait tiré.
    "J'ai vu Sylvester Coles — je l'appelle Red — tirer sur l'officier de police. Je suis affirmatif, c'est bien Red qui a tiré sur le policier" a déclaré sous serment et par écrit Joseph Washington en 1996.
    L'étude balistique avait cherché à prouver que Davis était impliqué dans une fusillade précédente où la victime n'avait pas été tuée. Or, cette dernière a démenti que Davis lui avait tiré dessus et un rapport du Bureau d'Investigations de l'état de Géorgie constatait qu'il n'y avait pas de preuves concluantes permettant de faire un rapprochement entre les douilles retrouvées sur les deux lieux du crime.

    Cela fait des années que Davis demande d'avoir la possibilité de présenter les éléments de preuves à décharge éventuelles devant un tribunal. Tous les appels lui ont été refusés pour des questions de procédure. Finalement, en juin 2009, la Cour Suprême US, prenant une décision exceptionnelle, ordonnait la tenue d'une audience où Davis pourrait présenter ces nouveaux témoignages.

    Cette audience avait eu lieu en juin 2010 devant un tribunal fédéral de Géorgie. Mais la charge de la preuve incombait à Davis. C'est-à-dire qu'au lieu d'être présumé innocent, comme cela aurait été le cas si on lui avait accordé un nouveau procès, la Cour Suprême exigeait que Davis "établisse son innocence de façon irréfutable".

    Comme il n'y avait aucune preuve matérielle, les tests ADN ne pouvaient pas aider Davis à se disculper.
    Quatre témoins s'étaient rétractés depuis leur déposition en 1991 contre Davis. Alors qu'il avait estimé que leurs témoignages initiaux étaient suffisamment crédibles à l'époque pour envoyer Davis dans le couloir de la mort, l'état attaquait à présent violemment la crédibilité de ces témoins.

    Les nouveaux témoignages des personnes qui disaient qu'elles avaient vu Coles appuyer sur la gâchette, ou à qui Coles s'était confié, étaient considérés comme des rumeurs. Le président du tribunal, le juge William Moore, décrétait que Davis ne répondait pas aux normes extrêmement exigeantes qui étaient de "prouver son innocence de façon irréfutable", bien que même Moore ait admis dans son verdict que cette audience avait fait naître des doutes supplémentaires quant à sa culpabilité et que cette affaire n'était pas "en béton". La condamnation à mort de Davis a donc été maintenue.

    Le 28 mars 2011, la Cour Suprême rejetait le tout dernier recours de Davis, permettant à l'état de Géorgie de fixer, pour la quatrième fois depuis toutes ces années, la date d'exécution.

    Des vérités que même les enfants peuvent constater

    De’Jaun se souvient très bien de la première date d'exécution. C'était le 17 juillet 2007. Il avait 13 ans.

    "Nous sommes allés le voir, et il ne s'inquiétait pas réellement pour lui. Il s'inquiétait essentiellement pour sa famille. Pour nous. Je regardais ma grand-mère. Elle priait, elle ne faisait que prier. Il y avait beaucoup de gens qui priaient continuellement".

    Troy avait indiqué à chaque membre de la famille les tâches à accomplir. Qu'avait-il chargé son jeune neveu de faire?

    Il m'a dit: "continue simplement de bien travailler à l'école, sois honnête, choisis bien tes amis, occupe-toi de la famille et respecte-la. Respecte ma mère, ma grand-mère, mes tantes. Fais ce que tu aimes faire et apprends un bon métier".

    L'exécution avait été ajournée moins de 24 heures avant la date prévue. L'année suivante, Davis passait à 90 minutes de l'injection mortelle.
    En plus d'avoir à supporter le fait que son oncle risque d'être exécuté, et tout en ayant à suivre des cours accélérés dans son lycée, De’Jaun vit avec l'angoisse à cause de la maladie de sa mère. Martina se bat contre un cancer du sein depuis que De’Jaun a six ans. Au départ, on ne lui donnait pas six mois à vivre. C'était il y a dix ans, et Martina, qui est bien plus solide que ne le laisse présager sa frêle carrure, se bat encore.

    De’Jaun s'est toujours tourné vers son oncle Troy dans les moments difficiles.
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    Martina a emmené De’Jaun voir son oncle pour la première fois dans le couloir de la mort quand il avait six semaines.

    "C'était comme si j'avais offert à Troy un lingot d'or", raconte Martina. “Troy avait peur de le prendre dans ses bras. Je lui ai mis d'autorité De’Jaun dans les bras et je me suis reculée", et il disait: "mais il est si petit, viens le prendre, vite. Et je lui ai répondu: "non, toi, tu le portes. Tu le gardes aux bras" Martina sourit en se rappelant la scène. "C'était un instant magique, parce que c'était comme un cadeau que je faisais à mon frère".

    Tout petit, De’Jaun ne comprenait pas que son oncle était incarcéré, à fortiori qu'il allait être exécuté. De’Jaun m'a raconté: "quand la famille s'apprêtait à partir après une visite, je disais:

    "Allez, Troy, viens, partons! Mais il ne pouvait pas venir avec nous et ma mère me disait: 'il est à l'école, il ne peut pas venir. Un jour, il reviendra avec nous'".

    Quand De’Jaun a grandi, Martina lui a expliqué que son oncle était en prison. Mais elle ne lui avait pas encore dit que l'état de Géorgie avait l'intention de le tuer. Quand De’Jaun a eu 12 ans, il est devenu clair pour Martina que son fils comprenait bien plus que ce qu'elle n'avait imaginé.

    Leur chien, Egypt, était sorti de la cour et avait été écrasé par une voiture. Martina et De’Jaun avaient immédiatement emmené Egypt chez un vétérinaire qui leur avait expliqué que la patte du chien était cassée en trois endroits différents et qu'il fallait une opération lourde pour le sauver. Si Egypt n'était pas opéré, il fallait le piquer. Le coût de l'opération, avait dit le vétérinaire, dépasserait les 10000 dollars.
    En ramenant De’Juan à la maison, Martina se disait qu'elle ne pourrait jamais trouver 10.000 dollars. Faire piquer Egypt était probablement la solution la plus réaliste.


    Pendant le trajet silencieux, De’Jaun s'était tourné vers sa mère et lui avait dit: "Maman, tu va faire piquer mon chien comme ils veulent faire piquer oncle Troy?”

    "J'ai regardé mon fils, il me regardait … j'ai dû ravaler la boule que j'avais dans la gorge et retenir mes larmes. Je ne m'étais pas rendu compte qu'il reliait les deux événements, qu'il savait qu'ils cherchaient à tuer son oncle. Et qu'il savait quel moyen ils allaient utiliser pour le faire. C'est à ce moment-là que j'ai décidé … même s'il a fallu que je mette ma voiture en gage … je n'allais pas pouvoir faire piquer mon chien".

    Tuer Troy Davis

    Le rapprochement qu'avait fait De’Jaun entre les méthodes de l'état de Géorgie pour tuer son oncle et celles pour piquer un animal a une signification particulière aujourd'hui. La Géorgie utilisait depuis toujours un mélange de trois drogues pour les injections. Un des produits, le sodium thiopental, servait à anesthésier la victime. Mais, Hospira, le seul fabricant national de sodium thiopental a arrêté de le fabriquer l'an dernier, ce qui a obligé les états à agir dans l'urgence pour en faire une provision.


    La Géorgie avait acheté un stock de ce produit à Dream Pharma, une société britannique louche qui travaille dans l'arrière boutique d'une auto-école à Londres. La Géorgie a importé le produit sans le déclarer à la Drug Enforcement Administration (DEA), ce qui constitue une violation des lois fédérales. Et donc, en mars dernier, la DEA a saisi le stock de sodium thiopental de la Géorgie, mettant un frein temporairement à la possibilité de l'état d'appliquer la peine de mort.
    Le 20 mai, toutefois, la Géorgie annonçait qu'elle comptait remplacer le sodium thiopental par du pentobarbital, ce qui permettait de poursuivre les exécutions. Comme l'avait suggéré De’Jaun le pentobarbital est, en effet le produit utilisé pour euthanasier les animaux.


    L'exécution de Troy sera probablement la première à être programmée avec cette nouvelle méthode, même s'il y aura un délai de grâce. Les services du procureur de Chatham County ont annoncé qu'ils n'avaient pas l'intention de demander dans l'immédiat un mandat pour l'exécution de Davis, peut-être par compassion à la suite du décès de Virginia Davis, la mère de Troy, survenu le 12 avril dernier.
    Martina pense que sa mère est morte de chagrin. "Je pense que ma mère n'aurait pas supporté l'annonce d'une nouvelle date d'exécution", a-t-elle dit à un journaliste. C'est De’Jaun qui a trouvé sa grand-mère de 65 ans affalée sur son fauteuil en revenant de l'école.


    Troy n'a pas eu l'autorisation d'assister à l'enterrement de sa mère. Mais il a écrit une lettre d'adieu qu'un De’Jaun, stoïque et posé, a lue dans une église de Savannah pleine à craquer:

    “À ma très chère maman,
    Qui aurait cru que cette lettre serait la dernière que nous échangerions? J'ai toujours craint que ce jour n'arrive avant mon retour à la maison … Pendant toutes ces années, j'ai refusé de pleurer mais, toi, maman, tu m'as fait pleurer toutes les larmes de mon corps le jour où tu as fermé les yeux pour toujours. Je suis sûr que je sortirai d'ici libre très bientôt et que je contribuerai à donner de la force à notre famille exactement comme tu aurais voulu que je le fasse …"

    Les défenseurs de Davis ne pensent pas qu'il va sortir de prison dans un avenir proche. Ce qui les préoccupe avant tout, c'est d'empêcher l'exécution imminente. Le délai accordé par compassion par le procureur du Chatham County sera peut-être de courte durée. Sitôt qu'une date sera fixée pour l'exécution, l'ultime ligne de défense entre Davis et la mort dépend du Comité des grâces et des libérations conditionnelles de Géorgie, qui a le pouvoir de gracier Davis.


    Amnesty USA, le NAACP et l'ACLU ont à nouveau uni leurs efforts, appelant les professionnels de la justice, les représentants des communautés religieuses, et les particuliers à envoyer un message fort au Comité des grâces et des libérations conditionnelles: "quand il existe un doute, n'exécutez pas".
    Martina a toujours joué un rôle capital dans les actions de sensibilisation. Elle a lutté pendant des années pour plaider la cause de son frère jusqu'à ce que, finalement, les associations de défense des droits humains et par la suite, les medias, se mettent à s'y intéresser.
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    De'Jaun à Londres (Amnesty UK)

    De’Jaun, aujourd'hui un grand jeune homme de 17 ans avec les cheveux coupés ras et un large sourire qui vient facilement, s'est lancé lui-même dans le militantisme. Il a fait le tour des Etats-Unis, et s'est rendu à Londres, pour défendre la cause de son oncle et condamner l'application de la peine capitale.

    "Il y a tant de gens ici comme mon oncle", dit De’Jaun. "Mon oncle n'est pas le seul à subir ce calvaire … il y en a beaucoup qui aimeraient bien se faire entendre mais ils n'ont pas le pouvoir ni les moyens de le faire. Je me considère comme un militant, quelqu'un qui défend les gens. "

    Quand on lui demande où il trouve les ressources nécessaires pour gérer tout ce qu'il doit assumer, De’Jaun évoque sa foi en dieu. Et, dit-il, il a deux modèles principaux auprès de qui il puise sa force, son courage, sa ténacité, son humanité et sa dignité.
    L'un d'entre eux est sa mère, Martina. L'autre, son oncle Troy.

    Jen Marlowe est réalisatrice de documentaires, écrivaine et militante des droits de l’Homme. Elle a, entre autres, réalisé une courte vidéo sur l'affaire Troy Davis et écrit un livre avec Martina Correia, la sœur de Troy Davis.

    Liens utiles:

    L'affaire Troy Davis

    Signez la pétition

    Photos ici et ici

    Et puis, si vous cliquez sur le tag "prison" de ce blog, vous aurez une vue globale du système carcéral aux Etats-Unis.

    Peine de mort aux Etats-Unis (quelques notes de rappel):

    59 exécutions par an

    Aux États-Unis, la peine de mort peut être appliquée au niveau des États fédérés et de l’État fédéral. Depuis que les États-Unis ont repris les exécutions, en 1977, après une décennie sans exécution, plus de 1 200 hommes et femmes ont été mis à mort dans 35 États et par le gouvernement fédéral. Entre 2000 et 2009, les États-Unis ont procédé, en moyenne, à 59 exécutions par an. Au cours des sept premiers mois de 2010, il y en a eu 33. Le pays compte actuellement plus de 3 200 condamnés à mort (chiffres oct. 2010)

    Erreurs judiciaires

    "Depuis 1973, 138 condamnés à mort ont été innocentés, dont 17 grâce aux tests ADN. Selon des recherches menées par la Coalition nationale pour l’abolition de la peine de mort (NCADP), au moins quatre innocents auraient été exécutés".

    Pour la peine de mort:

    Depuis 1976, près de 90 % des exécutions ont eu lieu dans la ceinture de la Bible (Bible Belt), c’est-à-dire les 12 États situés au sud des États-Unis, qui formaient, lors de la guerre civile, la Confédération sudiste et où la croyance religieuse est la plus marquée, la plus publiquement affirmée et la plus rigidement interprétée. La ceinture de la peine de mort correspond également, à un ou deux États près, à celle de l’esclavage et ce qu’il a enfanté de plus odieux, le lynchage. Lire la suite ici.

    Exécutions aux US (à noter: plusieurs états utilisent désormais l'anesthésiant vétérinaire).

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    Et puis, n'oublions pas Moumia, autre figure emblématique, qui est dans le couloir de la mort depuis 30 ans, accusé d'avoir tué un policier.
    Dans un pays démocratique, trente ans de prison, c'est déjà une peine énorme, même pour un meurtrier, non?
    Pas aux Etats-Unis, qui donnent, pourtant, des leçons sur les Droits humains à tous les autres pays et qui n'hésitent pas, pour bien leur enfoncer ça dans le crâne, à aller les dévaster.

    Note perso

    Bon, ils sont où, les indignés contre la justice américaine?
    Ceux qui trouvaient insupportable et "sidérant" de voir un accusé sous les flashes de photographes. Ceux qui accusent le système judiciaire US quand ça les arrange, mais qui oublient tous les anonymes qui croupissent dans les prisons pendant des décennies.


    Qui oublient ceux qui croupissent dans le couloir de la mort, à qui on annonce régulièrement la date de leur exécution, qui est parfois suspendue au dernier moment.

    Qui oublient que certains prisonniers vont passer leur vie entière dans une prison et n'en ressortiront que les pieds devant.

    Qui oublient que certains prisonniers sont des malades mentaux.

    Qui oublient que certains prisonniers étaient mineurs au moment des faits.

    Qui oublient que la politique gouvernementale en France en prend le chemin.

    Alors, oui, le système judiciaire américain est barbare.

    Barbare pour les pauvres, en particulier les noirs ou les latinos.
    Les "dealers", quoi, comme dit Badinter.

    Pas des escrocs de grande envergure qui arrosent les partis politiques de leurs largesses bien mal acquises et qui sont au-dessus des lois, parce que là-haut, tout le monde protège tout le monde, parce que tout le monde a quelque chose à se reprocher.


    Auteur : emcee - Source : Des bassines et du zèle


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  • N’oublions pas à quoi ressemble une « intervention humanitaire »

    William BLUM

    Irak : n’oublions pas à quoi ressemble une « intervention humanitaire »

    Libye : sachons pourquoi la Libye a été désignée pour une « intervention humanitaire »

    Le 9 avril, Condoleezza Rice a prononcé un discours à San Francisco. Du moins elle a essayé. L’ancienne Secrétaire d’Etat fut continuellement interrompue par des cris du public, « criminelle de guerre » et « tortionnaire » (grâce aux camarades de Code Pink et World Can’t Wait). Tandis qu’un des protestataires se faisait emmener par des membres de la sécurité, Rice a fait une déclaration qui est devenue un grand classique chez les officiels Américains dans une telle situation.

    "N’êtes vous pas contents de savoir que cette femme vit dans une démocratie où elle peut exprimer son opinion ? " Elle a aussi balancé une autre phrase qui est désormais de rigueur (en français dans le texte è NdT) depuis le renversement de Saddam Hussein par les Etats-Unis, un argument qui est brandi lorsque tout le reste a échoué : « Les enfants en Irak ne vivent plus sous Saddam Hussein, Dieu merci » (1)

    A quoi on peut lui répondre : Si vous deviez subir une opération chirurgicale pour réparer un genou et que le chirurgien ampute par erreur la jambe, quelle serait votre réaction si quelqu’un vous faisait remarquer que, Dieu merci, vous n’avez plus de problème de genou ? Le peuple irakien n’a plus de problème de Saddam.

    Malheureusement, ils ont perdu à peu près tout le reste. Vingt ans de bombardements américains, d’invasion, d’occupation et de torture ont abouti à la perte de leurs maisons, leurs écoles, leur électricité, leur eau potable, leur environnement, leurs quartiers, leur archéologie, leurs emplois, leurs techniciens, leurs entreprises d’état, leur santé physique, leur santé mentale, leur système de santé, leur système de protection, leurs droits de la femme, leur tolérance religieuse, leur sécurité, leurs enfants, leurs parents, leur passé, leur présent, leur avenir, leurs vies... plus de la moitié de la population est soit morte, mutilée, en prison ou en exil à l’étranger... leur air, leur sol, leur eau, leur sang et leurs gênes sont imprégnés d’uranium appauvri... les enfants naissent avec d’abominables déformations... des bombes à fragmentation n’attendent qu’un enfant pour exploser... une rivière de sang coule aux côtés de l’Eurphrate et du Tigre... dans un pays qui ne sera peut-être jamais reconstruit.

    En 2006, l’enquêteur spécial de l’ONU sur la torture a déclaré que les rapports en provenance de l’Irak indiquent que la torture « avait complètement échappé à tout contrôle. La situation est si mauvaise que nombreux sont ceux qui disent que les choses sont pires qu’à l’époque de Saddam Hussein  ». Un autre rapport de l’ONU de la même époque a révélé une augmentation des « crimes d’honneur » contre les femmes. (2)

    « Il est courant d’entendre chez les irakiens épuisés par la guerre que la situation était meilleure avant l’invasion US en 2003 » a rapporté le Washington Post, le 5 mai 2007.

    « Je ne fais pas de politique, mais je sais que sous Saddam Hussein, nous avions l’électricité, l’eau potable, un système de santé qui faisait l’envi du reste du monde arabe, et une éducation gratuite. » a déclaré la pharmacienne irakienne Dr. Entisar Al-Arabi à la militante pacifiste Medea Benjamin en 2010. «  J’ai cinq enfants et à chaque naissance j’avais droit à une année rémunérée de congé maternité. J’avais ma propre pharmacie et je pouvais fermer à n’importe quelle heure sans me soucier des problèmes de sécurité. Aujourd’hui, il n’y a plus de sécurité et les Irakiens subissent de terribles pénuries pour tout – électricité, nourriture, médicaments, et même l’essence. La plupart des gens éduqués ont fui le pays, et ceux qui restent regrettent l’époque de Saddam Hussein » (3)

    Et ceci aussi, qui date de deux mois :

    « Les manifestants, les militants des droits de l’homme et des officiels de la sécurité disent que le gouvernement du Premier Ministre Nouri al-Maliki a répondu aux manifestations en Irak avec la même brutalité que les pays voisins plus autoritaires. Des témoins à Bagdad et jusqu’au nord du pays à Kirkouk ont raconté avoir assisté la semaine dernière à des forces de sécurité en uniformes noires, survêtements et t-shirts arrivant sur des chapeaux de roues à bord de camions et de Humvees, et attaquant des manifestants, en raflant d’autres aux terrasses de cafés et chez eux et les entraînant les yeux bandés vers des centres militaires de détention. Des quartiers entiers... ont été bloqués pour empêcher les habitants de rejoindre les manifestants. Des journalistes ont été tabassés. » (4)

    Donc... peut-on attendre des Etats-Unis et de leurs comparses voyous de l’OTAN qu’ils interviennent militairement en Irak comme ils le font en Libye ? Pour protéger les manifestants comme ils prétendent le faire en Libye ? Pour provoquer un changement de régime en Irak comme ils tentent de le faire, mais sans l’avouer, en Libye ?

    De manière similaire, au cours des derniers mois, la Tunisie, l’Egypte, le Bahrein, le Yémen, la Syrie... ont tous vu éclater des manifestants et une répression gouvernementale brutale, et même dans une certaine mesure en Arabie Saoudite, une des sociétés les plus répressives au monde. Aucun de ces gouvernements n’a été attaqué à l’instar de la Libye par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou la France. Aucune opposition d’un de ces pays ne reçoit un soutien militaire, financier, juridique ou moral de la part des puissances occidentales contrairement aux rebelles Libyens – malgré le comportement brutal des rebelles libyens, de leurs meurtres racistes et les relations claires de certains d’entre eux avec les djihadistes. (5) Les rebelles libyens font penser aux rebelles kosovars – des mafieux connus pour leur trafic d’organes et de femmes, eux aussi soutenus inconditionnellement par les puissances occidentales contre l’Ennemi Officiellement Déclaré, la Serbie.

    Alors pourquoi est-ce seulement la Libye qui est visée par les missiles US/OTAN ? Selon quel principe ou morale ? Les libyens sont-ils les pires violateurs des droits de l’homme de la région ? (Un indicateur du Développement Humain de l’ONU en 2010 qui prend en compte la santé, l’éducation et les revenus a classé la Libye en tête des pays africains). Aucun autre gouvernement n’est plus laïque que le Libyen. (Par contraste, certains rebelles libyens ont pour habitude d’exclamer la phrase que nous ne connaissons que trop bien, « Allah Akbar ».) Aucun autre pays n’a un bilan des droits de l’homme meilleur que la Libye, aussi imparfait soit-il – en Egypte, une commission d’enquête officielle a annoncé qu’au cours du récent soulèvement au moins 846 manifestants avaient été tués par la police par balles réelles tirées dans la tête et la poitrine. (6) Des horreurs similaires ont été signalées en Syrie, au Yémen et d’autres pays de la région au cours de la même période.

    Il faut souligner que (la chaine de télévision) l’ultra-conservatrice Fox News a rapporté le 28 février : « Tandis que les Nations Unies travaillent sans relâche à faire condamner le dirigeant Muammar al-Kadhafi pour la répression contre les manifestants, le Conseil des Droits Humains de l’organisation s’apprête à publier un rapport bourré de louanges à l’égard du bilan de la Libye en matière des droits de l’homme. Le rapport félicite la Libye pour l’amélioration des conditions d’accès à l’enseignement, pour avoir accordé une « priorité » aux droits de l’homme et pour avoir renforcé le cadre « constitutionnel ». Plusieurs pays, dont l’Iran, le Venezuela, la Corée du Nord, l’Arabie Saoudite mais aussi le Canada ont distribué des bons points à la Libye pour les protections juridiques offertes aux citoyens – qui se révoltent à présent contre le régime et subissent des représailles sanglantes. »

    De toutes les accusations portées contre Kadhafi, la plus aberrante est celle assénée sans cesse et selon laquelle il « tue son propre peuple ». C’est vrai, mais c’est ça qui arrive dans une guerre civile. Abraham Lincoln lui aussi a tué son propre peuple.

    Kadhafi est le plus vieux dirigeant Ennemi Officiellement Désigné au monde, à l’exception de Fidel Castro. L’animosité a commencé en 1970, un an après la prise de pouvoir par Kadhafi lors d’un coup d’état, lorsqu’il a fermé une base aérienne US

    Puis il s’est lancé dans une carrière de soutien à ceux qu’il considérait comme des groupes révolutionnaires. Au cours des années 70 et 80, Kadhafi a été accusé de consacrer ses hauts revenus pétroliers au soutien – en argent, armes, formation, camp et diplomatie – a un large éventail d’organisations radicales/d’insurrection/terroristes, particulièrement certaines factions palestiniennes et mouvements musulmans dissidents et minoritaires au Moyen Orient, en Afrique et en Asie ; l’IRA et des séparatistes basques et corses en Europe ; plusieurs groupes engagés dans la lutte contre le régime d’Apartheid en Afrique du Sud ; différents groupes d’opposition et de politiciens en Amérique latine ; l’Armée Rouge japonaise, les Brigades Rouges italiennes, la Bande à Baader-Meinhof en Allemagne.

    On disait aussi que la Libye était derrière, ou était impliquée d’une manière ou d’une autre, dans l’attentat de l’ambassade US au Caire, dans différents détournements d’avions, d’une explosion dans un avion de ligne américain au-dessus de la Grèce, l’explosion en vol d’un avion de ligne français au-dessus de l’Afrique, l’attentat contre une synagogue à Istanbul, et l’attentat contre une boite de nuit à Berlin qui a couté la vie à plusieurs soldats américains. (7)

    En 1990, lorsque les Etats-Unis avaient besoin d’un pays pour l’accuser (à tort) d’être responsable de l’attentat contre le vol 103 de la Pan Am au dessus de Lockerbie, en Ecosse, la Libye fut le choix tout désigné.

    Le principal crime de Kadhafi aux yeux du Président Ronald Reagan (1981-1989), n’était pas son soutien à des groupes terroristes, mais au fait qu’il ne soutenaient pas les bons groupes terroristes. En clair, Kadhafi ne soutenait pas les mêmes groupes terroristes que Washington, comme par exemple les Contras au Nicaragua, l’UNITA en Angola, les exilés cubains à Miami, les gouvernements du Salvador et du Guatemala, et les militaires US à Grenade. Le seul groupe de terroristes que les deux hommes soutenaient ensemble était les Moudjahidin en Afghanistan.

    Et si tout cela ne suffisait pas à faire de Kadhafi l’Ennemi Public No 1 à Washington (Reagan l’appelait le « chien enragé du Moyen orient »), Kadhafi a souvent critiqué la politique étrangère des Etats-Unis, était un antisioniste convaincu, a pan-africaniste, un pan-arabiste (jusqu’à ce que l’hypocrisie et le conservatisme des gouvernements arabes se révèlent des obstacles). Il qualifiait aussi son gouvernement de socialiste. Quelle tolérance et de patience peut-on attendre de la part de l’Empire ? Lorsque de grandes manifestations ont éclaté en Tunisie et en Egypte, est-ce que Washington aurait pu résister à instiguer des évènements similaires dans le pays qui situé entre les deux autres ? La CIA a été très occupée à fournir les rebelles en armes, soutien aérien, argent et personnel.

    Il se pourrait que les alliés occidentaux réussissent à chasser Kadhafi du pouvoir. Ensuite le monde observera en toute innocence le nouveau gouvernement libyen accorder à Washington ce que ce dernier cherche depuis longtemps : une base pour Africom, le Commandement Africain des Etats-Unis, un des six commandements que le Pentagone a positionnés dans le monde. De nombreux pays africains qui avaient été sollicités ont décliné, parfois en des termes relativement durs.

    Actuellement, Africom est basé à Stuttgart, en Allemagne. Selon un officiel du Département d’Etat : « Nous avons un sérieux problème d’image de marque là-bas... l’opinion publique est vraiment opposée à toute collaboration avec les Etats-Unis. Ils ne font tout simplement pas confiance aux Etats-Unis. » (8) Tous les pays africains sont réticents à accueillir une base militaire US. Il n’y a qu’une seule base US en Afrique, à Djibouti. Alors gardez l’oeil ouvert lorsque la poussière retombera en Libye. La base sera située près des puits de pétrole américains. Ou peut-être que le peuple Libyen aura le choix : une base militaire américaine ou une base militaire de l’OTAN.

    Et rappelez-vous – eu regard à l’histoire récente en Irak, Corée du Nord et Iran – que si la Libye avait eu des armes nucléaires, les Etats-Unis n’auraient pas attaqué.

    Ou bien les Etats-Unis pourraient réaliser que Kadhafi n’est finalement pas une menace tout simplement parce qu’il est amoureux de Condoleezza Rice. Voici ce que disait le dirigeant libyen lors d’une interview à Al Jazeera le 27 mars 2007 : « Leezza, Leezza, Leezza... Je l’aime beaucoup. Je l’admire, j’en suis fier, parce qu’elle est une noire d’origine africaine. »

    Au cours des années, le gouvernement américain et les médias nous ont gavé de scandales concernant Kadhafi : qu’il prenait des drogues, qu’il était obsédé par les femmes, qu’il était bisexuel, qu’il s’habillait en femme, qu’il se maquillait, qu’il se promenait avec un ours en peluche, qu’il avait des crises d’épilepsie, et bien d’autres choses encore ; une partie est peut-être vraie. A présent, voici l’ambassadrice US auprès des Nations Unies qui nous apprend que les forces de Kadhafi se livrent à des violences sexuelles et qu’on leur a administré de la Viagra, apparemment pour augmenter leurs capacités. (9) Etonnant. Qui aurait cru que l’armée Libyenne avait autant de soldats âgés entre 60 et 70 ans ?

    Au moment de rédiger ces lignes, des missiles US/OTAN viennent de frapper une maison libyenne, tuant un fils et trois petites filles de Kadhafi, peu après que les offres de négociation de Kadhafi aient été rejetées – encore un haut fait d’armes dans la glorieuse histoire des interventions humanitaires, et un rappel aussi des bombes US sur la Libye en 1986 qui ont tué une fillette de Kadhafi.

    (...)

    William Blum

    2 mai 2011

    www.killinghope.org

    Traduction "dans la famille Kadhafi, je demande la fillette explosée par une bombe humanitaire" par VD avec probablement les fautes et coquilles habituelles

    Notes : voir texte original

    URL de cet article 13663
    http://www.legrandsoir.info/N-oublions-pas-a-quoi-ressemble-une-intervention-humanitaire.html

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  • La peine capitale : le pire crime des USA (The Guardian)

    Amy GOODMAN

    Mumia Abu-Jamal est dans les couloirs de la mort depuis 29 ans. Et maintenant la Cour vient de statuer que sa condamnation est inconstitutionnelle. Quand apprendrons-nous ?

    Mumia Abu-Jamal un ancien membre des Black Panther a passé 29 ans dans le couloir de la mort après avoir été jugé coupable du meurtre de Daniel Faulkner, un officier de police de Philadelphie.

    Le cas du condamné à mort Mumia Abu-Jamal a pris une tournure surprenante cette semaine, quand une Cour d’appel fédérale a jugé pour la seconde fois que la condamnation à mort de Abu-Jamal était inconstitutionnelle. La troisième Cour d’appel régionale des USA située à Philadelphie a jugé que les instructions que le jury avait reçues avant la délibération ainsi que l’énoncé du verdict qu’il devait utiliser pour décider de la sentence, n’étaient pas claires. Ce jugement ne porte pas sur les désaccords autour de sa culpabilité ou de son innocence, mais il met en lumière les problèmes inhérents à la peine de mort et au système de justice pénale et en particulier le rôle joué par la race.

    Le matin du 9 décembre de bonne heure, l’officier de police de Philadelphie Daniel Faulkner a signalé à William Cook, le frère d’Abu-Jamal, d’arrêter sa voiture au bord de la route. Il y a eu des coups de feu et l’officier Faulkner et Abu-Jamal ont tous les deux été blessés. Faulkner est mort et Abu-Jamal a été jugé coupable du meurtre par une Cour présidée par le juge Albert Sabo qui est bien connu pour être raciste. Une greffière du tribunal rapporté une des remarques horriblement racistes du juge ; elle l’aurait entendu dire dans l’antichambre du tribunal : "Je vais les aider à faire griller ce nègre."

    La dernière décision de la Cour d’appel a un rapport étroit avec la manière dont Sabo a mené la phase de la sentence au procès de Abu-Jamal. La Cour suprême de Pennsylvanie a étudié divers arguments contradictoires pour déterminer si le procès d’Abu-Jamal a été équitable ou non. La conclusion à laquelle la Cour d’appel a abouti à l’unanimité cette semaine, est que le procès n’a pas été équitable. Le procureur de Philadelphie, Seth Williams, a décidé de faire appel de la décision à la Cour suprême des USA car selon lui :

    "Il faut maintenant demander à la Cour suprême des USA de statuer là-dessus."

    A l’issu de ce jugement, Abu-Jamal pourrait bénéficier d’une nouvelle audience de détermination de la peine* au tribunal devant un jury. Au cours de cette nouvelle audience, le jury recevrait des instructions claires sur la manière de décider de l’application d’une peine de prison à vie plutôt que d’une peine de mort - ce dont il n’a pas bénéficié en 1982 selon la Cour. Au mieux, Abu-Jamal sortirait du cruel isolement carcéral du couloir de la mort de la prison de SCI Greene en Pennsylvanie. John Payton, le conseiller directeur du NAACP legal defence fund qui représente Abu-Jamal à la Cour a dit :

    "Cette décision est un pas important dans la lutte menée pour corriger les erreurs de ce triste chapitre de l’histoire de la Pennsylvanie... et elle nous permet de reléguer loin dans le passé le type d’injustice qui avait généré cette condamnation à mort."

    Son autre avocat, Judith Ritter, professeur de droit à Widener University school of law, m’a dit : "Cette décision revêt une importance capitale. C’est une question de vie ou de mort." Je lui ai demandé si elle avait réussi à parler à Abu-Jamal et elle m’a dit que la prison avait refusé sa demande pour un appel téléphonique légal d’urgence. Cela ne m’a pas surpris, moi qui couvre son cas depuis des années.

    Ses efforts pour se faire entendre ont rencontré de multiples obstacles. Le 12 août 1999, alors que je recevais à l’antenne l’organisation "Democraty now" (démocratie maintenant), Abu-Jamal a appelé au milieu du bulletin d’informations pour qu’on l’interviewe. Au moment où il commençait à parler un garde de la prison a arraché le téléphone du mur. Abu-Jamal a rappelé un mois plus tard et il a dit :

    "Un autre garde est arrivé en hurlant de toutes ses forces : "Cet appel est terminé !" J’ai immédiatement appelé le sergent qui était présent et qui observait la scène et je lui ai demandé : "Sergent qui a donné cet ordre ?" Il a haussé les épaules et a dit : "Je ne sais pas. On nous a juste appelés pour nous dire de vous couper."

    Abu-Jamal a poursuivi la prison pour violation de ses droits et à gagné le procès.

    En dépit du l’isolement carcéral, Abu-Jamal a continué son travail de journaliste. Ses chroniques hebdomadaires sont diffusées à la radio de la côte atlantique à la côte pacifique. Il est l’auteur de six livres. Il a été récemment invité à faire une conférence sur l’incarcération raciale à l’Université de Princeton. Il a dit (en parlant dans un micro avec un téléphone portable) :

    "Il y a beaucoup d’hommes, de femmes et de jeunes... emprisonnés dans les bâtiments de l’industrie carcérale ici aux USA. Comme beaucoup d’entre vous le savent, les USA qui ne représentent que 5% de la population mondiale, ont dans leurs prisons 25% des prisonniers du monde... le nombre des prisonniers noirs y est supérieur à celui de l’Afrique du Sud à l’apogée de l’horrible système d’apartheid."

    Les Etats-Unis sont la seule nation du monde à s’accrocher à la peine de mort. En fait, ils font partie, avec la Chine, l’Iran, la Corée du Nord, l’Arabie Saoudite et le Yémen, des pays qui effectuent le plus d’exécutions à mort. La décision de cette semaine concernant le cas d’Abu-Jamal est un argument de plus en faveur de l’abolition de la peine de mort.

    Denis Moynihan a participé aux recherches pour cet article.

    Note :

    *Pour les délits graves aux USA la sentence est généralement prononcée lors d’une "sentencing hearing" au cours de laquelle le procureur et la défense présentent leurs arguments en faveur de la peine qui leur paraît appropriée. Pour les délits mineurs la sentence est soit déterminée d’avance soit prononcée immédiatement après la condamnation.

    Pour consulter l’original : http://www.guardian.co.uk/commentis...

    Traduction : D. Muselet pour LGS

    URL de cet article 13574
    http://www.legrandsoir.info/La-peine-capitale-le-pire-crime-des-USA.html

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  • Le coût de l’armement US pour Israël ne peut plus être ignoré

    vendredi 29 avril 2011 - 12h:34

    Josh Ruebner
    The Electronic Intifada

     

    On peut excuser Israël de ne pas prendre conscience des malheurs budgétaires actuels des États-Unis. Après tout, non seulement l’aide militaire des États-Unis à Israël se sort indemne du vote ce mois-ci (le 15 avril) du budget US pour 2012, mais elle atteint des sommets avec 3 milliards de dollars...

    (JPG)

    Gaza, il est probable que c’est l’un des missiles fournis par les USA, tiré par un hélicoptère fourni par les USA, qu’Israël a utilisés pour cela.

    ...En outre, les USA fournissent à Israël 415 millions de dollars pour l’acquisition, la recherche et le développement de projets communs Israël/USA d’antimissiles, dont 205 millions iront au financement du système Iron Dome (Dôme d’acier - système de défense aérienne mobile) récemment déployé par Israël.

    Cette batterie antimissile a déjà changé de façon significative l’équilibre stratégique dans le conflit israélo-palestinien, Israël ayant réussi à abattre des roquettes tirées sur Israël depuis la bande de Gaza au début de ce mois. Avec le soutien diplomatique assuré des États-Unis pour empêcher qu’Israël n’ait de comptes à rendre à la communauté internationale pour son blocus illégal, Iron Dome va encourager Israël à resserrer son siège et à intensifier ses attaques contre la bande de Gaza occupée, ayant donné à ses citoyens une protection supplémentaire contre tout tir de représailles.

    Le financement américain d’Iron Dome n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de la façon dont les armes états-uniennes s’en vont vers Israël pour privilégier la domination militaire israélienne au détriment de la liberté des Palestiniens, et fournir des démotivations économiques perverses à Israël pour défier les objectifs politiques des États-Unis, tels que l’arrêt de la colonisation israélienne de la terre palestinienne, la fin des punitions collectives contre les Palestiniens dans la bande de Gaza, et une négociation en toute bonne foi d’un accord de paix durable.

    (JPG) Aussi longtemps que les armes américaines continueront d’affluer chez lui, Israël se sentira libre de dédaigner les flatteries douceâtres de l’administration Obama et ses tentatives mollassonnes pour l’amener à la table des négociations. Malheureusement, ce système démotivant est voué à être renforcé au cours des années à venir.

    En vertu d’un engagement pris par Bush, les transferts d’armes US vers Israël sont budgétisés pour un total de 30 milliards de dollars, qui courent de 2009 à 2018, soit une augmentation annuelle moyenne de 25 % par rapport aux montants précédents. Avec ce protocole d’accord de 2007, les États-Unis consolident la position d’Israël comme premier bénéficiaire de l’aide militaire US pour cette décennie. Dans la droite ligne des augmentations inscrites dans cet accord, le Président Obama a demandé une dotation qui crève le plafond avec 3,075 milliards de dollars d’armements pour Israël dans sa demande pour le budget 2012.

    Une nouvelle base de données en ligne - Combien d’armes pour Israël ? - exprime ses doutes que les USA puissent se permettre, que ce soit moralement, financièrement ou politiquement, de continuer à transférer des armes vers Israël aux frais des contribuables sans examiner les ramifications qu’entraîne cette politique.

    De 2000 à 2009, les USA ont autorisé, payé et livré à Israël plus de 670 millions d’armes et d’équipements connexes, évaluées à près de 19 milliards de dollars, en utilisant trois principaux programmes de transferts d’armes (Foreing Military Sales [Ventes d’armes à l’étranger], Direct Commercial Sales [Ventes commerciales directes], et Excess Defense Articles [Articles défense en excédent]). Ces programmes de transferts d’armement ont représenté près de 80 % des plus de 24 milliards de dollars d’aide militaire affectée à Israël au cours de ces mêmes années. La majeure partie de l’argent restant a été dépensée par Israël pour sa propre industrie nationale d’armement, une dérogation exceptionnelle inscrite dans la loi au profit d’Israël. Tous les autres pays qui reçoivent de l’aide militaire US doivent dépenser le montant total de l’aide accordée à l’intérieur des États-Unis.

    L’aide militaire à Israël passe par tout un éventail allant de l’absurde patent - avec un cuiseur-vapeur évalué à 2100 dollars - jusqu’au plus meurtrier - avec 93 jets de combat F-16D, pour un montant de près de 2,5 milliards. Avec près de 500 catégories d’armes transférées en Israël, les États-Unis sont, de façon omniprésente, complexe et totale, impliqués dans l’armement de l’armée israélienne.

    Ces transferts d’armes font que les États-Unis sont profondément complices dans la plupart des actions engagées par l’armée d’Israël pour consolider son occupation militaire de quarante-trois ans, en toute illégalité, de la Cisjordanie avec Jérusalem-Est et de la bande de Gaza palestiniennes, comme dans la politique d’apartheid que développe la position du gouvernement israélien à l’égard des Palestiniens.

    De septembre 2000 à décembre 2009, à peu près la même période durant laquelle les USA ont transféré ces 670 millions d’armes en Israël, l’armée israélienne a tué au moins 2969 Palestiniens - dont 1128 enfants - qui ne prenaient aucune part aux hostilités, d’après l’organisation israélienne des droits de l’homme, B’Tselem.

    Par exemple, Israël a tué 446 Palestiniens sans armes, dont 149 enfants, avec des missiles tirés depuis ses hélicoptères. Le Pentagone classe par numéro, type et valeur les missiles transférés en Israël ; cependant, les USA ont donné à Israël près de 200 hélicoptères, de types Apache AH-64D, Sikorsky CH-53 et Cobra, depuis lesquels au moins un certain nombre de ces missiles meurtriers ont été tirés. Il est probable que c’est l’un de ces missiles fournis par les USA, tiré par un hélicoptère fourni par les USA, qu’Israël a utilisé sur le camp de réfugiés de Jabalya dans la bande de Gaza, le 29 décembre 2008, et qui a tué cinq sœurs, Jawaher 4 ans, Dina 7 ans, Samar 12 ans, Ikram 14 ans, et Tahrir Baulusha 17 ans, dans l’attaque contre une mosquée toute proche.

    Le mauvais usage des armes US par Israël pour commettre de telles violations des droits humains contre des civils palestiniens devraient déclencher des sanctions contre Israël, au lieu de cela, ce sont les aides militaires qui sont augmentées. L’Arms Export Control Act (législation sur le contrôle des exportations d’armes) limite l’usage des armes américaines à la « sécurité intérieure » et la « légitime défense ». L’occupation israélienne de la Cisjordanie avec Jérusalem-Est et de la bande de Gaza palestiniennes est qualifiée par le gouvernement américain d’occupation militaire étrangère, et le meurtre de milliers de civils non armés pour maintenir une occupation militaire ne peut être justifié comme légitime, sauf à dénaturer complètement le sens même d’une légitime défense.

    De plus, le Foreign Assistance Act (loi sur l’aide à l’étranger) interdit strictement aux USA d’apporter une aide à tout pays qui « se livre à une pratique régulière de violations flagrantes de droits humains internationalement reconnus ». Le rapport 2010 sur les droits de l’homme publié par le Département d’État informe amplement, si ce n’est complètement, sur les violations par Israël des droits humains des Palestiniens.

    Alors que Washington envisage aujourd’hui de relever le plafond de la dette et de faire des coupes plus que drastiques dans le budget 2012, le coût moral, financier et politique de l’armement d’Israël ne peut être ignoré plus longtemps.

    Si l’Administration Obama est sérieuse dans ses efforts pour résoudre le conflit israélo-palestinien, et honnête dans son engagement affiché pour l’universalité des droits humains, alors, elle doit utiliser l’important effet de levier que les États-Unis exercent sur Israël avec son programme d’aide militaire. En mettant fin à leurs transferts d’armes à Israël, au moins jusqu’à ce que Israël se conforme à ses obligations issues du droit états-unien et du droit international, qu’il mette fin à son occupation militaire illégale de la terre palestinienne et qu’il négocie en toute bonne foi une paix juste et durable avec les Palestiniens, au moins jusque-là, les USA peuvent créer une situation incitative qui leur permettrait d’atteindre leurs objectifs politiques aujourd’hui contrariés.

    (JPG)


    Josh Ruebnet est directeur juridique national de la Campagne états-unienne pour la fin de l’occupation israélienne, une coalition nationale de plus de 350 organisations qui agit pour changer la politique américaine envers Israël et les Palestiniens, pour la défense des droits de l’homme, le droit internationale et l’égalité. Il a travaillé comme analyse aux Affaires du Moyen-Orient au service Recherche du Congrès.

    Du même auteur :

    -  Pas d’armes pour Israël - Revoir le coût de la « paix » - The Detroit Free Press


    25 avril 2011 - The Electronic Intifada - traduction : JPP


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  • Selon le président Obama, Manning "a enfreint la loi". C’est ça le procès ?

    Le président Barak Obama a fait une déclaration stupéfiante concernant le PFC Bradley Manning accusé d’être la source de Wikileaks en affirmant clairement que Manning "avait enfreint la loi". Apparemment le président des USA qui se dit expert constitutionnel se moque que Manning n’ait pas encore été jugé ni convaincu du moindre crime.

    Dans un entretien hier avec Logan Price, un supporter de Bradley Manning qui faisait partie d’un groupe de militants qui s’est mis à chanter pendant la soirée des donateurs du Président à San Francisco, le président Obama a déclaré tranquillement que Bradley Manning avait "copié" des fichiers électroniques et qu’il "avait enfreint la loi."

    Voici une transcription de l’échange fournie par les amis anglais de Bradley Manning qui n’a pas été mise en forme :

    OBAMA : On peut avoir des opinions philosophiques [sur Bradley Manning] mais je ne peux pas faire de la diplomatie en toute transparence.... Ce n’est pas comme cela que le monde marche.

    Et si vous êtes un militaire... Et je dois respecter certaines lois concernant l’information classifiée. Si je communiquais des informations que je n’avais pas le droit de communiquer, j’enfreindrais la loi.

    Nous vivons dans un état de droit ! On ne peut pas laisser des individus décider par eux-mêmes de ce qui est légal. Il a enfreint la loi.

    [Q : Est-ce qu’il n’a pas révélé des crimes de guerre ?]

    OBAMA : Ce qu’il a fait c’est copier...

    [Q : Est-ce que ce n’est pas exactement ce qu’a fait Daniel Ellsberg ?]

    OBAMA : Non, pas du tout. Les informations fournies par Ellsberg n’avaient pas le même niveau de classification."

    C’est le président des USA qui parle d’une soldat emprisonné depuis presque un an parce qu’il est accusé d’avoir fait fuiter des documents classifiées (mais pas top secrets, comme l’étaient les dossiers que Ellsberg avait révélés). l’avocat de Manning a l’intention (avait l’intention car il a été transféré depuis) de déposer une ordonnance d’habeus corpus* portant sur la durée et la quantité des mauvais traitements subis par Manning pendant sa détention militaire.

    Le président Obama a déjà pris sa décision. Selon lui, Manning "a enfreint la loi". Il ne faut donc pas s’étonner qu’il considère que les mauvais traitements infligés à Manning "sont conformes aux normes de base" puisqu’il sait déjà que Manning est coupable.

    C’est une honte.

    Pour mémoire : le Pentagone a l’intention de garder Manning en prison indéfiniment. C’est normal puisqu’ils savent déjà qu’il est coupable.

    Note : *L’ordonnance, bref ou mandat d’habeas corpus (en anglais writ of habeas corpus), plus exactement habeas corpus ad subjiciendum et recipiendum, énonce une liberté fondamentale, celle de ne pas être emprisonné sans jugement. En vertu de cette loi, toute personne arrêtée a le droit de savoir pourquoi elle est arrêtée et de quoi elle est accusée. Ensuite, elle peut être libérée sous caution, puis amenée dans les trois jours qui suivent devant un juge. (Wikipédia)

    Pour consulter l’original : http://fdlaction.firedoglake.com/20...

    Traduction : D. Muselet pour LGS

    URL de cet article 13508
    http://www.legrandsoir.info/Selon-le-president-Obama-Manning-a-enfreint-la-loi-C-est-ca-le-proces.html

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  • La démocratie arabe, selon Mme Clinton

    mardi 1er mars 2011 - 08h:51

    K. Selim - Le Quotidien d’Oran

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    « Il est temps d’entendre l’appel de la jeunesse des rues de Tunis, de Tripoli et du Caire ! ». Ce merveilleux appel est celui lancé, hier à Genève, au Conseil des droits de l’homme par Mme Hillary Clinton, ministre des Affaires étrangères de M. Barack Obama. Que c’est beau !
     

    Bien entendu, la secrétaire d’État américaine n’a pas résisté à l’envie de marquer un point contre l’Iran en se demandant, ingénument : « Pourquoi le peuple de Tripoli pourrait accéder à la liberté et non celui de Téhéran ? ». Oui, le peuple de Téhéran mérite d’accéder à la liberté, mais la représentante de l’Empire oublie de noter que les peuples de Tunisie, d’Égypte et même de Libye se sont rebellés contre des gouvernants amis des États-Unis.

    Peut-être,– mais cela mérite d’être vérifié– que ce discours est une sorte de mea culpa implicite qui annonce un changement de politique. Les « remparts » érigés contre les peuples n’ayant de toute évidence pas tenu, autant faire semblant de les accompagner en énonçant que les « changements ne peuvent s’imposer que de l’intérieur ! ».

    Voilà qui est d’une grande justesse, à condition de ne pas oublier de rappeler que dans de nombreux pays arabes, les changements voulus « de l’intérieur » ont été constamment entravés de l’extérieur. Le cas de l’Égypte est bien entendu édifiant. Le cas de la Palestine aussi, où le peuple a été puni, assiégé et affamé pour avoir voté pour un parti qui n’agrée pas à Israël et aux États-Unis.

    Curieusement, Mme Clinton estime que le cours des évènements en Égypte et en Tunisie aurait discrédité les « mouvements extrémistes » - on suppose qu’elle veut dire islamiste – qui ne « sont pas parvenus à renverser les pouvoirs en place, contrairement aux mobilisations pacifiques ». L’argumentaire est spécieux. Ni en Égypte, ni en Tunisie, des mouvements « extrémistes » n’ont cherché à faire tomber le régime par la violence. Mme Clinton interprète l’histoire à l’aune de ses propres œillères. Il y a bien un courant islamiste en Égypte mais, hormis des petits groupuscules restreints, il n’a jamais prôné la violence. Idem en Tunisie. Mais il est clair que pour Mme Clinton - et M. Obama aussi -, tous ceux qui estiment qu’il faut être ferme avec Israël et refuser ses faits de violence sont des « extrémistes ». Qu’ils soient islamistes, laïcs, centristes ou libéraux… C’est cela le critère.

    M. Obama trouve normal qu’Israël occupe les territoires palestiniens et organise la purification ethnique. Il trouve que Mahmoud Abbas est un « extrémiste » car il n’a pas accepté de demander le retrait d’une résolution soumise au Conseil de sécurité qui condamne la colonisation. Mme Clinton considère que la violence israélienne n’est jamais condamnable et que la résistance des Palestiniens l’est toujours. Même quand elle s’exprime dans la manière ultramolle de Mahmoud Abbas.

    De quoi rester très dubitatif quand on l’entend proclamer que le soutien aux transitions en cours vers la démocratie dans le monde arabe est « un impératif stratégique ».

    En réalité, les États-Unis ont constamment entravé les élans des peuples arabes vers la liberté. Leur soutien aux transitions en cours a pour but de les circonscrire. Un processus démocratique sérieux en Égypte ne pourra qu’entraîner un changement à défaut de bouleversement de la politique du pays à l’égard d’Israël. Gageons que dans ce cas, l’Égypte sera soumise à d’intenses pressions et que si elle ne cède pas, elle deviendra un pays « extrémiste ».

    Le discours « démocratique » de la grande démocratie américaine restera toujours sans crédit en raison de la complicité indéfectible des dirigeants américains dans l’oppression des Palestiniens. Dans le monde arabe, les opinions attendent que la démocratie victorieuse en Égypte réalise l’ajustement nécessaire en faveur des Palestiniens. Manifestement, ce n’est pas la même démocratie que souhaite Washington.


    Du même auteur :

    -  Un îlot de fausse tranquillité
    -  Responsabilité historique
    -  Les Américains préservent le soldat Hosni !
    -  Shame on you, Mister Obama !
    -  Bougez, si vous ne voulez pas être bougés !
    -  En Égypte, la « Tunisie est la solution »
    -  Au-delà de l’imaginable


     
     

    1er mars 2011 - Le Quotidien d’Oran - Éditorial

     

     


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  • prision-guantanamo.jpg

    Jean-Guy Allard

    Traduction : Alma

    23 Février 2011 - Le président des Etats-Unis, Barack Obama, a exigé la libération "immédiate et sans condition" des prisonniers politiques à Cuba, au moment de l'anniversaire de la mort du délinquant Cubain Orlando Zapata, converti en "martyre" par ses propres services. Il n'a pas eu une parole à propos des torturés du Pentagone, séquestrés depuis des années dans le camp de concentration de Guantanamo, en territoire cubain occupé illégalement.

    Il y a un an, déjà avant que sa mort ne survienne, que la CIA avait son plan tout prêt pour médiatiser la mort de Orlando Zapata que ses propres services avaient baptisé "dissident" et dont ils ont programmé le suicide par grève de la faim. Le choeur des officines d'"information" de la CIA et du Département des Etats-Unis a aussitôt déclenché la publication dans des milliers de médias - comme pour le communiqué "présidentiel" d'aujourd'hui - de toute une série d'interventions dont les caractéristiques mettaient en lumière un plan de propagande bien organisé.

    Le "Nuevo Herald" de Miami, que la CIA utilise comme navire de tête dans ce genre d'opération, avec El Pais de Madrid et les agences EFE et AFP, a dirigé le concert des attaques, avec la participation de toutes les organisations subventionnées par la USAID, qui s'étaient déjà concertées pour ce coup d'état médiatique.

    Dans un communiqué distribué par la Maison Blanche hier, Obama a assuré que "la souffrance du peuple Cubain ne passe pas inaperçue et que les Etats-Unis demeurent inébranlables". Il a omis de préciser que son gouvernement maintient cyniquement un blocus génocidaire qui prétend depuis des dizaines d'années étouffer la souveraineté à Cuba par la faim et les privations.

    Tandis qu'il diffamait Cuba, Obama n'a pas eu un mot pour les dizaines de milliers de travailleurs déçus qui manifestent en divers Etats des USA pour réclamer le respect de leurs droits élémentaires, violés par des politiciens d'extrême droite qui conduisent le pays au fascisme.

    Il a préféré continuer à appuyer les services de "diplomatie publiques" créés par Otto Reich sous Ronald Reagan qui se consacrent à diffamer et désinformer, au service des multinationales et des banquiers escrocs qui ont assuré le financement de son arrivée à la Maison Blanche.


    Source :aporrea

      guantanamo.jpg

    Un prisonnier est mort à Guantanamo - sans que des accusations aient jamais été formulées et sans qu'il ait jamais été jugé.

    Le 3 Février 2011 - Un prisonnier Afghan est mort d'un collapsus au Centre de Détention de Guantanamo après avoir accompli des exercices sur une machine, ont dit les forces armées des Etats-Unis.

    Awal Malim Gul, accusé d'être un commandant Taliban et d'être en relation vec Al Qaida, est mort le mardi soir à la base navale américaine de la Baie d Guantanamo, a informé le "Commando Sur" de l'Armée.

    (...) L'Afghan était détenu sans charges à Guantanamo depuis Ocobre 2002. C'est le septième prisonnier qui meurt là depuis que le centre de détention a éé ouvert dans la base navale des Etats-Unis en Janvier 2002.

    L'un est mort de mort naturelle - cancer du côlon - et les cinq autres se sont apparemment suicidés.

    Source : aporrea

    CubaSi


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  • Rappelez-vous, juste après son élection, Obama se rendait au Caire et y prononçait un discours qui, selon beaucoup d'observateurs, annonçait un virage de la politique étatsunienne vis à vis du conflit israélo-palestinien. Le président américain y avait dit ceci:

     Pendant des dizaines années, il y a eu une impasse : deux peuples aux aspirations légitimes, chacun avec son histoire douloureuse qui fait fuir tout compromis. Il est facile de pointer du doigt les responsabilités - pour les Palestiniens, pointer les migrations provoquées par la fondation d’Israël, pour les Israéliens de pointer la constante hostilité et les attaques qu’ils ont subies dans leur histoire, depuis l’intérieur de leurs frontières aussi bien que du dehors.

    Mais si nous ne considérons ce conflit que d’un côté, noue ne verrons pas la vérité : la seule solution pour répondre aux aspirations des deux côtés passe par deux Etats, où Israéliens et Palestiniens vivront chacun en paix et en sécurité. Il y va de l’intérêt d’Israël, de la Palestine, de l’Amérique et du monde. C’est pourquoi j’ai l’intention de rechercher personnellement cette solution, avec toute la patience que la tâche requiert. Les obligations que les parties ont contractées dans le cadre de la feuille de route sont claires. Pour que la paix advienne, il est temps pour elles - et pour nous tous - de prendre nos responsabilités.

     Puis ceci:

     Les Etats-Unis n’acceptent pas la légitimité de la continuation de la colonisation. Ces constructions violent les accords précédents et sapent les efforts consentis pour parvenir à la paix. Il est temps que ces colonies cessent.

    Israël doit aussi respecter ses engagements et assurer aux Palestiniens la possibilité de vivre, travailler et développer leur société. Et, tout comme elle dévaste les familles palestiniennes, la crise humanitaire qui continue à Gaza ne sert pas la sécurité d’Israël, pas plus que l’absence continue de perspectives en Cisjordanie. Le progrès de la vie quotidienne des Palestiniens doit faire partie du chemin vers la paix ; et Israël doit prendre des mesures concrètes pour permettre ce progrès.

    Hier, à l'ONU, une résolution a été proposé au conseil de sécurité pour condamner la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jerusalem.

    Tous les membres du conseil de sécurité l'ont adopté, même la France. Tous sauf les Etats-Unis qui ont opposé leur veto...

    Bizarrement, les Etats-Unis se sont justifiés avec une déclaration qui sonne comme des excuses: "Notre opposition à la résolution ne doit pas être prise pour un soutien, à la colonisation israélienne. Au contraire, nous rejetons avec virulence la légitimité d'une poursuite de la colonisation." L'ambassadrice des Etats-Unis, Susan Rice, a ajouté que si cette résolution avait été adoptée, elle aurait encouragé les deux parties à rester en dehors de négociations.

     

    On marche sur la tête! Les Etats-Unis veulent tout et son contraire: la paix mais au bénéfice d'Israël. Pour eux, Israël doit pouvoir garder la main mise sur le futur état palestinien, un futur état voulu comme morcelé, soumis et dépendant. La souveraineté mais sans les moyens de celle-ci. Cela démontre que les craintes de voir l'état juif disparaître sont fondées pour les Etats-Unis alors, pour eux, Israël doit être le fort possible. Sans doute, voit-il dans un état palestinien, un regroupement de quelques cantons, dont la population fera la navette entre la "Palestine" et les pays arabes voisins, avec l'espoir qu'ils y restent un jour. Cela empêcherait à la Palestine de voir sa population augmenter et de se trouver encore plus à l'étroit.

    Israël a les mêmes objectifs mais sans passer par la case "état palestinien", tant ils ont envie de grignoter encore plus de territoires, tant ils ont peur que la Palestine ait les droits d'un état qui pourrait contester sur le plan juridique, certains pans de la légitimité d'un Israël dominateur et macrophage.

    Milton Ici


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  • Mercredi 17 Novembre à Washington : conspiration guerrière contre l’Amérique Latine.

    Eva GOLINGER

    Le Congrès des USA parraine un évènement contre les pays de l’ALBA

    Seront présentes des personnes de l’extrême droite latino-américaine qui ont participé à des coups d’état et à des actes terroristes et de déstabilisation, avec des hauts représentants du pouvoir législatif des Etats-Unis. L’évènement met en évidence l’escalade des agressions impérialistes à l’égard de la région.

    Le 14 Novembre 2010 - La nouvelle salle de conférences du Centre des Visiteurs du Congrès des Etats-Unis à Washington sera le siège mercredi prochain 17 Novembre d’un rencontre intitulée : "Danger dans les Andes : menaces à la démocratie, aux droits de l’homme et la sécurité interaméricaine."

    Les sujets principaux qui seront débattues au sein du Congrès américain mettent en évidence l’escalade des agressions contre des pays comme le Vénézuéla, cuba, la Bolivie, l’Equateur et le Nicaragua - tous membres de l’Alliance Bolivarienne des Peuples de Notre Amérique (ALBA) - et comprennent des "débats" fondés sur trois questions :

    - Est-ce que la démocratie et les droits de l’homme sont mis en danger par le développement du ’Socialisme du XXI° Siècle’ au Vénézuéla, en Equateur en Bolivie ?

    - La ALBA de Cuba, du Vénézuéla, de la Bolivie, de l’Equateur et du Nicaragua constitue-t-elle une menace pour les intérêts américains et pour la sécurité interaméricaine ?

    - La politique des Etats-Unis dans la région permet-elle de répondre à l’érosion de la démocratie et à l’influence dangereuse d’acteurs hostiles comme l’Iran, les groupes terroristes et les narcotrafiquants ?

    L’évènement est parrainé par le Congrès des Etats-Unis et comportera la participation des chefs des commissions des relations extérieures, soit :
    - Elliot Engel, Démocrate Newyorkais et actuel chef du Sous Comité des Relations Extérieures pour l’Hémisphère Occidental
    - Connie Mack, Républicain de Floride, et prochain chef du Sous Comité des Relations Extérieures pour l’Hémisphère Occidental
    - Ileana Ros-Lehtinen, parti Républicain de Floride, prochain chef du Comité des Relations Exrérieures
    - Ron Klein, Démocrate de Floride et membre du Sous Comité des Relations Extérieures pour l’Hémisphère Occidental.

    La présence de Démocrates aussi bien que de Républicains à cet évènement contre les pays de l’ALBA met en évidence que la politique d’agression de Washington à l’égard de l’Amérique Latine est une politique bipartite, et une politique d’État de l’empire des États-Unis.

    Aux côtés de ces congressistes, participeront comme "experts" des figures de l’extrême droite latino-américaine pour disserter sur ce que eux considèrent comme une "menace" à leur pouvoir et influence dans la région.
    - Pour le Vénézuéla, il y aura Guillermo Zuloaga, criminel fuyant la Justice Vénézuélienne et artisan du coup d’état.
    - Pour la Bolivie, participeront des membres des groupes séparatistes et terroristes de Santa Cruz, comme Luis Nuñez, président du Comité Civique de Santa Cruz et Javier El-Hage, représentant de la néfaste Fondation pour les Droits de l’Homme, section Bolivie.

    La Fondation pour les Droits de l’Homme est une organisation créée par le Vénézuélien Thor Halvorrsen (fils) qui se consacre à attaquer le gouvernement d’Hugo Chavez et qui a sollicité l’intervention militaire des Etats-Unis au Vénézuéla.

    Participeront aussi à cette rencontre :
    - Alejandro Aguirre, président de la Société Inter-américaine de Presse (SIP),
    - José Cárdenas, ancien directeur de la USAID pour l’Amérique Latine,
    - John Walters, l’ex-tsar anti-drogue des USA
    - Joel Hirst, du puissant Conseil des Relations Extérieures, éminence grise de Washington,
    - Otto Reich, ancien ambassadeur des Etats-Unis au Vénézuéla (qui fit sortir de sa prison vénézuélienne le terroriste Orlando Bosch) et qui fut aussi Assistant au Secrétaire d’Etat pour l’Amérique Latine pendant le coup d’état de 2002.
    - Roger Noriega, lui aussi ex-Assistant au Secrétaire d’Etat pour l’Amérique Latine sous le gouvernement Bush et ancien ambassadeur des Etats-Unis à l’OEA.

    Tous ces personnages ont une histoire d’agression et d’hostilité contre le gouvernement d’Hugo Chavez au Vénézuéla et ont promu, soutenu et financé les coups d’état au Vénézuéla, en Bolivie, Honduras et Equateur, durant les 10 dernières années. En permanence, ils portent des coups à la paix et à la stabilité de Cuba.

    Il y aura des représentants de l’Equateur, comme l’avocat de droite Edgar Teran, et le congressiste Enrique Herreria, et d’autres représentants d’institutions (think-tanks) américaines.

    Parmi les amphitryons supplémentaires de cet évènement terroriste figurera l’organisation Vénézuélienne de Miami FUDAPREFC (www.fundaprefc.org), créée par la partisane de coup d’état Yuri López Pérez, qui se consacre à défendre les commissaires de la police métropolitaine condamnés pour homicides multiples durant le coup d’état d’Avril 2002 : Lázaro Forero, Iván Simonovis y Henry Vivas.

    Parrainera aussi l’évènement l’Institut Inter-américain pour la Démocratie, fondé à Miami par l’Argentin Guillermo Lousteau Heguy et qui a sous ses ordres par exemple les terroristes Cubains Carlos Alberto Montaner et Armando Valladares. Cet institut a organisé un évènement intitulé " déjeuner avec Lucio Gutierrez" le 23 Septembre, curieusement une semaine avant la tentative de coup d’état contre le président Rafael Correa en Equateur qui a été conduite par Guttierez.

    Parmi les accueillants on note aussi la Fondation Héritage, l’American Enterprise Institute (AEI),le Centre pour une Police de Sécurité et l’Institut Hudson, quatre “think tanks” de l’extrême droite US qui se sont consacrés à agresser le Vénézuéla ces dernières années, en publiant des "informations" sur les "menaces" du gouvernement de Hugo Chavez et en dirigeant plusieurs millions de dollars vers les secteurs de l’opposition vénézuélienne.

    Participe enfin « Americas Forum », organisation fondée par Otto Reich et Roger Noriega, entre autres membres de l’extrême droite latino-américaine aux Etats-Unis, pour mettre au point des stratégies d’agression contre les pays de l’ALBA.

    Cet évènement met en évidence qu’après les élections législatives des Etats-Unis le 2 Novembre dernier, lors desquelles la droite US a atteint une majorité de choc au Congrès, la politique de Washington envers l’Amérique Latine sera beaucoup plus agressive et dangereuse durant les prochains mois.

    Source : http://centrodealerta.org/noticias/...

    traduction non précisée

    URL de cet article
    http://www.legrandsoir.info/Mercredi-17-Novembre-a-Washington-conspiration-guerriere-contre-l-Amerique-Latine.html

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