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LE TPN RUINÉ PAR LE DOUBLE STANDARD OCCIDENTAL
Par K. Selim Ici
Comme d'habitude, la conférence d'examen du Traité de non-prolifération (TNP) est l'occasion pour les puissances occidentales de mettre à l'index l'Iran et d'occulter le fait qu'elles sont les premières à ne pas respecter les termes du traité en matière de désarmement nucléaire. Les représentants de ces pays ont d'ailleurs quitté la salle au moment où le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, rappelait quelques vérités déplaisantes à entendre.
Le rapport des Occidentaux au TNP ne fait même pas dans la finesse. Il est celui de l'affirmation de la force : le monde entier - cela ne concerne pas Israël, bien entendu - doit l'appliquer, sauf eux. Il y a, bien sûr, cette ennuyeuse obligation contenue dans le traité qui disposait que l'engagement volontaire des pays signataires à ne pas se doter de l'arme nucléaire avait pour contrepartie un désarmement progressif des Etats membres du club nucléaire.
Or, non seulement ce club nucléaire ne désarme pas la réduction du nombre des armes nucléaires n'a pas de sens au sens militaire mais certains de ses membres, si bruyants contre l'Iran, ont mis beaucoup de leurs capacités dans la création de l'arsenal nucléaire israélien. Ces belles âmes s'étonnent d'ailleurs que l'on puisse leur dire qu'ils sont malvenus à faire des reproches à l'Iran qui n'a jamais fait d'essai nucléaire mais qui mène un enrichissement de l'uranium, qui n'est pas interdit par le TNP alors qu'Israël détient au moins deux cents ogives nucléaires. «C'est pas la même chose !», serine-t-on continuellement. Mme Hillary Clinton a d'ailleurs fait un discours préventif de ce type et sommé le monde entier de croire à sa vérité, à savoir que l'Iran a de fort mauvaises intentions en laissant ses savants acquérir le savoir que les mages du club veulent se réserver.
Les termes du débat de sourds n'ont pas changé par rapport à 2005, où la conférence d'examen du TNP s'était soldée par un échec. Les pays du Sud constateront, encore une fois, que les puissances nucléaires ne désarment mais qu'elles essayent de leur interdire l'acquisition d'un savoir-faire à des fins pacifiques que le TNP leur reconnaît. C'est bien le but de la proposition de mise en place de «banques internationales » de combustible nucléaire. Les actionnaires de ces banques resteront les membres du club qui se retrouveraient ainsi les seuls autorisés à avoir le savoir.
On imagine clairement ce que ce monopole et cette confiscation du savoir peuvent permettre dans le présent et encore davantage à l'avenir. Les pays arabes du Moyen-Orient, si fortement sollicités pour mettre l'Iran à l'index, peuvent-ils, sous l'argutie sans cesse rabâchée qu'Israël ne fait pas partie du TNP, occulter l'arsenal nucléaire effectif d'Israël pour se mettre à avoir peur d'une arme nucléaire iranienne totalement hypothétique ?
C'est vrai que les Etats-Unis et d'autres pays occidentaux ont l'habitude de prendre les dirigeants de ces pays pour des simplets et ils croient qu'ils peuvent continuer à le faire en agitant la menace iranienne. Mais, chose ennuyeuse, même dans ces pays soumis, il existe des opinions qui ne font pas dans la fausse sophistication. Elles ne croient pas à une menace iranienne présumée alors que tous leurs pays sont sous la menace de l'arsenal nucléaire israélien.
Le double standard des Occidentaux a déjà affaibli le TNP, il finira par le ruiner.
Tags : tpn, iran, israel, usa, conference
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