• Italie : tract italien de solidarité avec les arrêtés de ces dernières semaines ...

    Une opinion publique forgée par les médias, reflet d’une société conforme aux exigences d’un marché en crise. Une masse impassible à la guerre à l’extérieur, guerre à laquelle elle s’est tristement habituée. Elle en vient alors même jusqu’à applaudir le développement des stratégies militaires sur le front intérieur.

    Des décharges de Naples aux rues des différentes villes italiennes, des détournements de fonds à l’Aquila en passant par les lagers pour immigrés sans permis de séjour, jusqu’aux dispositifs de "protection des sommets internationaux" : il s’agit de situations d’urgences permanentes contrôlées par une armée "engagée dans des missions d’ordre public", il s’agit clairement de bancs d’essais dans une société lancée à toute allure vers des scénarios toujours totalitaires.

    Rien d’étonnant donc si ceux qui défendent l’arme au poing cette désolante réalité répriment toujours plus souvent et intensément ceux qui refusent de se soumettre, ceux qui se rebellent, ceux qui s’insurgent.

    Le 10 juin, six personnes ont été arrêtées entre la Sardaigne, Rome et Gênes. La Digos les suspectait de vouloir "faire quelque chose de gros" contre le G8. Tous sont accusés de port d’arme, association de malfaiteurs à finalité terroriste, bande armée, et ce, comme par hasard, deux jours avant le verdict contre les communistes arrêtés le 12 février 2007 de la même façon, juste avant une grande manifestation contre la base militaire américaine Dal Molin.

    Vendredi 3 juillet à l’aube, 40 habitations d’anarchistes majoritairement des Abruzzes et du Lazio ont été perquisitionnées par les carabiniers des ROS. Tous sont accusés d’association subversive. Sergio et Alessandro, deux compagnons de Pérouse, sont incarcérés pour tentative de sabotage d’une ligne ferroviaire à grande vitesse.

    Lundi 6 juillet aux premières lueurs du jour, la Digos a arrêté 21 étudiants actifs lors des mobilisations étudiantes à travers toute l’Italie, les accusant d’avoir participé et organisé les affrontements lors du G8 à l’Université de Turin.

    Vendredi 10 juillet au soir, une rue de Bologne a été bloquée avec des pneus en flammes, dans le même coin deux banques ont été dégradées, une action suivie de jets de peinture, dont un tag incomplet : "Bloquer lorsqu’ils se l’attendent le moins". Un peu plus loin, deux compagnons anarchistes, Robert et Mattia, ont été arrêtés par les flics, portés au comico puis à la prison de la Dozza. La "chasse à l’anarchiste" s’est alors déchaînée : qu’ils mangent une glace en ville ou sortent leur chien pisser, tous ont été amenés au commissariat et retenus là des heures.

    Ces attaques du pouvoir ne sont que le dernier acte d’un climat répressif très pesant : fin mai à Bologne, un compagnon anarchiste a été condamné à 6 mois de prison pour avoir réagi à un énième contrôle de police, d’autres compagnons ont été mis en examen pour dégradations en réunion aggravées, pour avoir collé des affiches sur des murs (pour ne citer que quelques exemples). Sans parler du climat de répression à Ferrara [ville proche de Bologne] où incarcérations, arrestations, perquisitions et intimidations ne se comptent plus : jeudi 9 juillet par exemple, 6 compagnons de cette ville ont été gardés au commissariat pendant des heures suite à des tags contre le G8.

    Il est fondamental de placer toutes ces arrestations dans un contexte plus général de stérilisation sociale, afin qu’on comprenne l’importance de défendre non seulement les compagnons, mais aussi en même temps les pratiques pour lesquelles ils ont été arrêtés : reculer signifie aplanir le terrain face à l’avancée de l’ennemi ; diversifier et élargir la solidarité est la meilleure manière de relancer les luttes.

    Ce n’est pas pour rien si ces arrestations ont lieu pendant la période du G8 de l’Aquila : ceux qui nous commandent nous envoient un message de menace évident : "Gare au dissensus qui ose briser la barrière de l’assentiment" -et, ajoutent-ils avec un réalisme cynique- "vous pouvez protester, mais dans les rails de l’ordre constitué". Ce qui les effraie est clair.

    Du côté de ceux qui, tombés d’un ciel de plomb, choisissent de déclencher la tempête,
    Liberté pour tous, liberté tout de suite !

    Anarchistes bolognais

    [Traduit de l’italien, de informa-azione] trouvé sur Cette Semaine
    Lun, 13/07/2009 - 01:14


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  • La clinique  occupée à Montreuil n'a jamais été un centre culturel ou alternatif, mais un lieu d'organisation politique et de mise en question de la gestion de la ville et de nos vies. Se permettre d’occuper des espaces vacants, que ce soit pour accéder à autre chose qu’un logement insalubre ou minuscule, ou se donner les moyens d'éviter le travail salarié. S’organiser pour se rassembler en cas d’arrestation de sans-papiers, soutenir, rendre visible, empêcher. Se réunir pour soutenir des prisonniers pris dans l’épouvantail antiterroriste. S’organiser face aux institutions sociales pour éviter le contrôle permanent pour avoir un bout de RSA ou pour débloquer des cas individuels en occupant la CAF. S’organiser pour empêcher la venue de Nicolas Sarkozy ou Dieudonné. Des magasins gratuits dans la rue, un journal mural hebdomadaire, des barbecues et cantines, un ciné club et des projections, des concerts…  La clinique c’est tout cela et bien d’autres choses.

    Mercredi dernier, c'est tout cela qui s'est fait expulser par deux cent flics suréquipés occupant la Croix de Chavaux, le RAID bastonnant les habitants pour les arracher du toit.
    Le soir même, lors d’une déambulation de protestation, 5 personnes se font tirer au flash ball au niveau de la tête. L’une d’elle est  atteinte à l'œil, et le perd. Seules la préfecture et la presse minimisent toujours ces blessures et font mine de douter du lien entre le tir et cette mutilation.

    Et pendant que nous nous faisons soigner, la police se couvre: le commissariat saisit l’IGS et le parquet charge lourdement deux personnes arbitrairement arrêtées ce soir-là. Exactement comme le 4 juin 2008, quand le même commissariat de Montreuil avait utilisé ces deux outils bien rodés après une violente charge contre une manifestation de protestation à l'arrestation d'un sans-papier: saisie de l’IGS et inculpation des manifestants blessés, dont un par flash ball. Déjà. Alors qu’un an plus tard les personnes mises en cause étaient relaxées grâce aux nombreux témoins, l’enquête de l’IGS n’avait donné lieu à aucune poursuite,  tout comme celles de la CNDS (commission nationale de la déontologie de la sécurité) qui pourtant condamnait une « intervention disproportionnée ». Les fins tireurs de la  BAC ce mercredi étaient-ils les mêmes?


    ILS EXPLOITENT RAFLENT EXPULSENT TUENT
    AUTODEFENSE


    Il n'y a pas à s'étonner de la violence policière. Nous continuerons à occuper la rue car c’est notre terrain de lutte et nous l'occuperont sans attendre que la Commission de déontologie, l’IGS, les Verts, la Mairie, le PS, la justice, ou le pape jugent que la police a exagéré et qu’il faut intervenir contre les violences républicaines.  « Nous
    sommes  casqués car nous prenons la mesure des dangers que l’on encourt quand on manifeste notre colère dans la rue. Il nous faut être prêts à nous défendre si les flics nous attaquent. » Voilà ce qu'expliquait le texte que nous avons lu et distribué aux quelques 500 personnes qui nous ont emboité le pas lors de la  manifestation de lundi. Voilà pourquoi certains d'entre nous étaient casqués, équipés pour se défendre face à la police. Voilà pourquoi des banderoles renforcées protégeaient la tête et la queue de la manif. Le déroulé de la manifestation montre que ces protections n'étaient pas du luxe...

    Les flics nous ont bloqué à diverses reprises. Les barrages ont été contournés jusqu’au marché de la Croix de Chavaux. Mais là, profitant du vaste espace de la place, les flics, gardes mobiles et fidèles BACeux,  nous ont attaqué latéralement.
    De la peinture et des pétards ont bien été jetés par endroits vers les Robocops
    surprotégés, pour soutenir les banderoles dans leur résistance aux charges policières, mais 11 manifestants, heureusement protégés de leurs coups par les banderoles, ont été isolés et placés en garde à vue . Ils ont été libérés sans suite judiciaire au petit matin, les flics n'ayant rien pour les charger juridiquement.

    Dans la soirée,  des vitrines de la rue piétonne, boîte d'interim (Tais-toi et trime), EDF (Tu peux pas payer, on va te couper), Quick (Boulot de merde, bouffe de merde), agence immobilière (Ça va te coûter cher) tombent. C'est le quatorze juillet. Dans tous le département, la police est débordée par les voitures qui brûlent et les feux d'artifices dirigés contre eux. La police fait ce qu'elle peut. Au commissariat de Montreuil, une manifestante est enfermée avec une gamine de 10 ans, arrêtée parce qu'elle  avait des pétards dans son sac.


    Communiqué de l’Assemblée de la clinique en exil
    Mardi 14 juillet, La Boissière, Montreuil


    Notre défense collective ne se construira pas en un jour.
    Contre toutes les polices, organisons-nous.

    - Vendredi 17 juillet: Table de presse et diffusion  de tracts au marché de la Croix-de-Chavaux

    - Dimanche 19 juillet à 15h:  Assemblée à la Parole errante, 9 rue François Debergue
    m° Croix de Chavaux.

    laclinique93@gmail.com


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  • Lundi 13 juillet, Manifestation rendez-vous Rue piétonne Croix de Chavaux  (M9), Montreuil, 19h précise.

    A propos de notre expulsion et de la soirée du 8 juillet

    La Clinique occupée  était un lieu d'habitation et d'organisation politique depuis janvier 2009. Elle a été expulsée le 8 juillet à 6h du matin par 200 flics, le RAID et les vigiles. Le quartier de la Croix de Chavaux a été entièrement quadrillée pendant deux heures.

    A 19h, nous nous sommes rassemblés à l'entrée de la rue piétonne autour d'une cantine de rue pour informer de l'expulsion du matin, et affirmer que nous continuerons à occuper la rue quoi qu'il arrive.  Nous avons distribué des tracts et pris la parole. Plusieurs bagnoles de flics nous surveillaient depuis la place. A la fin de la cantine, des feux d'artifice partis de devant la Clinique ont embrasé le ciel. Nous sommes allés devant l'entrée de la Clinique gueuler notre colère, notre rage de voir ce lieu que nous avons fait vivre repris par des flics et des vigiles, avec la destruction comme seul horizon.

    Alors qu'on était juste devant, les flics se sont équipés et ont chargé violemment. Les gens ont commencé à courir pour se protéger. C'est à ce moment là qu'ils ont tiré dans le tas au flashballs à hauteur de tête: cinq personnes ont été touchées : épaule, clavicule et tête. L'une des personnes a perdu un oeil.

    Les flics ont continué à poursuivre les gens jusqu'à la rue piétonne. Plusieurs personnes ont été arrêtées durant la soirée. Trois personnes sont en garde à vue depuis 48h, avec des risques de poursuites pour couvrir le fait qu'il y ait des blessés.

    Les tirs de flashball avaient pour objectif de blesser, au risque de mutiler ou de tuer. Tirer plusieurs coups à bout portant au niveau de la tête n'est pas une erreur. Au moindre trouble, les consignes sont claires : mater. On ne peut pas se dire que la violence de la police lors de cette soirée est une « bavure », elle s'inscrit dans une tension permanente: contrôles d'identités, menaces depuis qu'il y a eu les avis d'expulsion. La police fait son travail : défendre une propriété privée en centre-ville, éviter qu'il y ait du bruit ou de la résistance lors d'une expulsion, faire que rien ne se passe.

    Nous ne voulons pas que la police tire sur des gens en silence. Nous ne voulons pas de police du tout.

    TIR À LA TÊTE : LA PRÉFECTURE S'EXPRIME, LA PRESSE IMPRIME

    « Un jeune homme a perdu son oeil mais pour le moment il n'y a pas de lien établi de manière certaine entre la perte de l'oeil et le tir de flashball » (sic)

    Une fois de plus, c'est la version policière qui sert à nier les brutalités commises par la police elle-même. Il est inadmissible que la presse ne prenne pas en compte la parole des premiers concernés : ceux qui subissent l'ultra-violence policière.

    Ainsi sur le site du Monde, repris par Libération et tiré de l'AFP on peut lire : « Un jeune squatteur perd un oeil après un affrontement avec la police. »

    De quel affrontement parle-t-on ? Voici le témoignage d'un participant à la déambulation de mercredi soir :

    « Les manifestants arrivent devant la Clinique, lieu dont ils ont été expulsés le matin.

    A l'arrivée de la police, les manifestants décident de partir, lançant de vive voix : « on s'casse ! ».

    Des policiers se sont alors précipités sur un participant, le jetant à terre.

    Tandis que quelques uns d'entre nous se retournaient vers le camarade au sol, d'autres policiers, situés à quelques mètres seulement, ont tiré un nombre très important de coups de flashball, immédiatement et sans sommation. Cinq manifestants ont été touchés par ces salves - tous au dessus du torse. Un premier au front, un second à la clavicule, un troisième à l'épaule, un quatrième à la main alors qu'il se protégeait la tête, le dernier en plein visage. Il s'écroule ensanglanté ; des camarades l'aident à se relever, puis il est emmené dans un bar où les pompiers viennent le chercher. Nous avons appris vendredi matin que malgré une opération d'urgence, ce tir lui a coûté l'oeil droit. »

    Trois interpellations ont eu lieu, dans le but habituel de justifier les violences policières. Deux des interpellés ont été relâchés au bout de 45 heures avec une convocation au tribunal le 7 octobre pour destruction d'un distributeur de billets et refus d'empreintes génétique, le 3e est encore en garde à vue. Il sera déféré dans la nuit et passera demain en comparution immédiate à Bobigny. Nous demandons l'abandon des poursuites contre ces personnes (et la libération de celle qui se trouve encore emprisonnée sans raison).

    Nous rappelons que des communiqués ont été envoyés dès jeudi 9 juillet par les expulsés de Montreuil eux-mêmes et la CIP-IDF Chasse à l'opposant : la police vise à la tête un manifestant perd un oeil à Montreuil

    Nous continuons à recueillir les témoignages sur la violence banale de la Police ce 8 juillet au soir à Montreuil. Déjà, récemment, la commission nationale de déontologie de la sécurité a pointé une intervention abusive de la police de Montreuil sur des manifestants le 4 juin 2008 devant le commissariat. rapport 2008

    Jamais nous n'accepterons la répression policière qui pour terroriser les opposants et dissuader toute insoumission, tire et vise ostensiblement la tête. Désarmons la police !

    Message reçu des organisateurs  le 11 juillet 20h

    Place de la Croix de Chavaux,
    A l'entrée de la rue Dreyfus (anciennement Gallieni)
    Montreuil (93)
    Métro Croix-de-Chavaux



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  • A chaque guerre, coup d’Etat ou agression menée par l’Occident, les grands médias appliquent ces cinq « règles de la propagande de guerre ». Employez vous-même cette grille de lecture lors des prochains conflits, vous serez frappé de les retrouver à chaque fois :

    1. Cacher l'Histoire.
    2. Cacher les intérêts économiques.
    3. Diaboliser l’adversaire.
    4. Blanchir nos gouvernements et leurs protégés.
    5. Monopoliser l'info, exclure le vrai débat.
    Application au cas du Honduras – Juillet 2009

    1. Cacher l'Histoire.

    Le Honduras est l’exemple parfait de la « république bananière » aux mains des USA. Dépendance et pillage colonial ont provoqué un énorme fossé riches-pauvres. 77% de pauvres selon l’ONU. L’armée hondurienne a été formée et encadrée - jusque dans les pires crimes - par le Pentagone. L’ambassadeur US John Negroponte (1981-1985) était surnommé « le vice-roi du Honduras ».

    2.  Cacher les intérêts économiques.

    Aujourd’hui, les multinationales US (banane Chiquita, café, pétrole, pharmacie…) veulent empêcher ce pays de conquérir son indépendance économique et politique. L’Amérique du Sud s’unit et vire à gauche, et Washington veut empêcher l’Amérique centrale de suivre la même voie.

    3. Diaboliser l’adversaire.

    Les médias ont accusé le président Zelaya de vouloir se faire réélire pour préparer une dictature. Silence sur ses projets sociaux : augmentation du salaire minimum, lutte contre l’hyperexploitation dans les usines-bagnes des firmes US, diminution du prix des médicaments, aide aux paysans opprimés. Silence sur son refus de couvrir les actes terroristes made in CIA. Silence sur l’impressionnante résistance populaire.

    4. Blanchir nos gouvernements et leurs protégés.

    On cache le financement du putsch par la CIA. On a présenté Obama comme neutre alors qu’il refusait de rencontrer et de soutenir le président Zelaya. S’il avait appliqué la loi et supprimé l’aide US au Honduras, le coup d’Etat aurait été vite arrêté. Le Monde et la plupart des médias ont blanchi la dictature militaire en parlant de « conflit entre pouvoirs ». Les images de répression sanglante ne sont pas montrées au public. Bref, un contraste frappant entre la diabolisation de l’Iran et la discrétion sur le coup d’Etat hondurien « made in CIA ».

    5. Monopoliser l’info.

    Exclure le vrai débat. La parole est réservée aux sources et experts « acceptables » pour le système. Toute analyse critique sur l’info est censurée. Ainsi, nos médias empêchent un vrai débat sur le rôle des multinationales, des USA et de l’UE dans le sous-développement de l’Amérique latine. Au Honduras, les manifestants crient « TeleSur ! TeleSur ! » pour saluer la seule télé qui les informe correctement.

    MICHEL COLLON 

     


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  • La doctrine de la guerre révolutionnaire, spécialité française, ne subit-elle pas un regain d’actualité ? De l’ultragauche au sans-papiers, du chômeur à l’anti-hadopiste, du gréviste au schizophrène dangereux, les stigmatisations et dénonciations de groupes sociaux rappellent cette spécialité de la police et de l’armée françaises aussi appelée doctrine de la contresubversion.

     

    Un climat de terreur latente

     

    Si la doctrine de la guerre révolutionnaire est de retour, au moins à titre d’arme politique, cela signifie que l’ennemi intérieur, ou plutôt les ennemis intérieurs sont l’objet d’une seule et même campagne de création d’ennemis de la société [1]. Une campagne relayée et amplifiée par la caisse de résonance médiatique. Selon la doctrine de la guerre révolutionnaire, sur laquelle nous revenons plus bas, cette campagne aurait pour effet d’activer chez les groupes non stigmatisés un réflexe de non identification et de non solidarité avec les groupes stigmatisés, et, par suite, de recentrement autour du discours officiel. Des attaques multiples qui pourraient n’être qu’une tentative de terrorisation et d’orientation psychologique de la « majorité silencieuse », victime d’une manipulation destinée à servir des enjeux d’une domination politique.

     

    Le principe marche très bien à l’échelle d’une population : pourquoi dans le cas où l’on n’appartient à aucun des groupes stigmatisés se rapprocherait-on d’eux ou adopterait-on leurs idées, à moins de vouloir se confronter aux autorités, avec ses collègues bien-pensants ou avec… son boss ? C’est ainsi que certains salariés ont refusé l’étiquette de « rouges » et ne se sont pas déclarés grévistes lors des dernières manifestations nationales. Combien serait-on si chacun pouvait débrancher ce petit système de survie ? La suggestion marche de fait très bien, comme dans l’expérience de la goutte d’huile dans l’eau, au milieu du sel et du poivre – pour ceux qui ne connaissent pas l’expérience, l’huile sépare brutalement le sel et le poivre, qui s’en vont chacun sur un bord opposé de l’assiette. Chez les esprits bien pensants, le principe d’éloigner des groupes visés par la stigmatisation ou la répression, qu’elle soit policière ou médiatique, et, corrélativement, d’identification avec les groupes non visés, est une tendance inévitable.

     

    Dans l’hypothèse où la surenchère sécuritaire reposerait sur une stratégie de contresubversion, les attaques répétées contre les « virus » du système politico-économique actuel auraient pour but de diffuser un sentiment de terreur et, corrélativement, de passivité, au moment même où les attaques du système démocratiques se multiplient et où le citoyen ressent qu’il a perdu le pouvoir de faire entendre ses exigences [2]. Cette perte de pouvoir est précisément ce qui doit être maintenu le plus longtemps possible dans l’ombre en limitant la propagation de l’esprit de révolte, en orchestrant la désignation d’ennemis intérieurs et la stabilisation de l’opinion. Nous verrons que cette stabilisation sert, dans le même temps, à légitimer le déploiement d’une architecture du contrôle et des choix sécuritaires en vue de la répression de tous les contre-pouvoirs émergents, autrement dit le maintien d’une politique de classes.

     

    Retour sur une doctrine de guerre

     

    Au Festival des résistances et alternatives à Paris (FRAP), mi-mai, Mathieu Rigouste exposait à ses auditeurs ses recherches sur les techniques de la guerre révolutionnaire, à partir notamment des archives de l’Institut des hautes études de la Défense nationale (IHEDN). En tant que spécialité qui a valu aux Français une réputation mondiale, la doctrine de la guerre révolutionnaire tire son origine d’expériences de guerres, en Indochine puis en Algérie. Ces expériences, incluant torture, disparitions forcées, infiltrations, recensement, maillage de la population, dénonciations, visaient d’une part à maîtriser l’adversaire et d’autre part à obtenir la collaboration de la population non révolutionnaire. Ces expériences furent rassemblées dans plusieurs documents au retour de la guerre d’Indochine.

     

    La doctrine suppose que les « virus » subversifs – révolutionnaires, communistes, de libération nationale, etc. – mettent en danger la population d’une zone, ayant des effets nocifs sur son « unité » et pouvant aussi renverser l’opinion de la partie non atteinte de la population. Ces virus subversifs sont cachés au sein de la population, sans qu’on puisse séparer les citoyens inoffensifs des révolutionnaires. Ils sont logiquement organisés autour d’une OPA (organisation politico-administrative). La mission de l’armée et des services de renseignement est alors de lutter contre ces virus en identifiant et en poursuivant l’OPA dans la population globale. Pour y parvenir, il est nécessaire d’influencer celle-ci, en la persuadant de son intérêt à ne pas cacher les subversifs, à s’en éloigner, ainsi qu’à collaborer et à dénoncer les membres de l’OPA.

     

    Constituée entre 1953 et 1960, la doctrine a fait l’expertise des renseignements et de l’armée française à l’étranger, au point que d’autres pays sont venus se former en France à ce type de tactique urbaine. Elle a été interdite officiellement en France en 1961, mais cela n’a pas empêché Mai 1968 d’en être un nouveau terrain d’application. De plus, depuis les années 1970, quoique interdite, la doctrine a sans doute contribué à façonner la grille de lecture sécuritaire face aux poulations immigrées, vécues comme vecteur intérieur d’une menace globale – islamisme, terrorisme, immigration clandestine, violences urbaines… – et a entraîné la mise en place du nouvel ordre sécuritaire sur une base identitaire. C’est l’avis de Mathieu Rigouste [3], pour qui le modèle matriciel issu des guerres coloniales a imprégné la vision des politiques de sécurité intérieure et les premiers dispositifs sécuritaires.

     

    Au sein de l’IHEDN, qui n’est autre qu’un institut créé par Pétain pour former les cadres de la nation, Mathieu Rigouste indique que la doctrine a toujours eu ses défenseurs, qu’elle y reste discutée encore aujourd’hui et continue d’influencer une élite à la fois militiaire, politique et médiatique par ses principes simples et efficaces. Or cette élite de l’IHEDN, qui est pour un tiers composée de cadres de l’armée, pour un tiers de magistrats et pour un tiers de personnalités du privé – patrons de l’audiovisuel et de la presse, du complexe militaro-industriel… –, est-elle toujours chargée ou tentée de transmettre les représentations des subversifs et la manière de les reconnaître dans le corps social ? La doctrine peut-elle s’étendre à de nouveaux ennemis, de plus en plus imaginaires ? Et dans quel but, sachant qu’une telle stratégie se double toujours d’enjeux de domination totale ?

     

    Les « risques gris » et la multiplication des « ennemis intérieurs »

     

    A ces questions il est tentant de répondre par une autre : pourquoi un pays dont c’est la spécialité, qui a plusieurs fois affirmé sa supériorité dans ces techniques, y compris en 1968, et dont l’élite (militaire, médiatique, etc.) continue à être en contact avec les principes très simples de la contresubversion, bref, pourquoi l’ordre établi se priverait-il d’une telle arme ? L’on n’abandonne pas une arme qui marche, qui plus est dans un pays dont c’est devenu la spécialité en matière d’ordre social…

     

    Plus précisément, dans un rapport des RG de 2005, au moment où la police est confrontée aux émeutes urbaines dans les banlieues, les risques « sociaux » prennent le pas sur l’islamisme, qui formait jusqu’alors le principal ennemi potentiel. Il y a une inflexion dans la façon de considérer les facteurs de risques sociaux. Le rapport de RG généralise la cause des émeutes. Il s’agit d’un « risque gris » multiple, au sein des milieux populaires, par opposition aux milieux bourgeois. Tous les milieux populaires sont considérés comme des milieux à risques. A cette période, les discutants de l’IHEDN montrent qu’il ne semble pas y avoir de récupération gauchiste ni d’animation terroriste dans les émeutes et que ces mouvements sont avant tout « sociaux », autrement dit sans véritable OPA – l’organisation politico-administrative qui caractérisait le réseau subversif. Curieusement, après les émeutes, la police française a redoré son blason de spécialiste mondial dans les combats contre les risques intérieurs. Depuis, quoiqu’il ne s’agisse pas de rechercher la « tête » de réseaux de subversion – et peut-être à cause de ce côté flou des « risques sociaux » mal définis –, l’on voit sans cesse brandir des solutions de quadrillage technologico-sécuritaire du territoire, comme ces derniers jours autour des établissements scolaires.

     

    Cependant, il ne peut être question d’étendre ces instruments de contrôle à tous les espaces publics et parfois privés – cf. l’incitation faite aux commerçants de s’équiper de caméras de sécurité – sans créer ou orchestrer des événements qui le légitimeront. C’est là que le principe psychologique de la contresubversion pourrait s’avérer efficace, pour légitimer ces installations en s’appuyant sur la construction d’ennemis intérieurs désignés. Ainsi, la croissance du nombre d’interpellations, de violences policières, de garde à vue prolongées, ainsi que de stigmatisations de plus en plus multiformes de groupes sociaux présentés comme subversifs pourraient servir la logique de domination globale d’une classe dirigeante de moins en moins « soucieuse » des libertés. Cette logique globale, au-delà des intérêts que l’on pourrait qualifier d’économiques – de relance économique par l’innovation sécuritaire, puisque la recherche et l’équipement technologique sécuritaire se trouvent de fait largement stimulés – est surtout porteuse d’une intention de maintien de l’ordre. Intimider, voire terroriser l’opinion, et par là aussi et surtout : convaincre une majorité d’adhérer au renforcement de tous les contrôles et de maintenir en place un pouvoir qu’elle serait tentée de désavouer s’il n’y avait pas ces ennemis intérieurs.

     

    Dans les faits, les dispositifs sécuritaires conquièrent des espaces où ils n’auraient pas été tolérés un an plus tôt. Installations de caméras, fichiers de renseignements, portiques de détection des métaux, fouilles des élèves, descentes de police – vecteurs d’une « bonne insécurité » selon certains, après des descentes de prévention contre la drogue –, etc., gagnent tout le système éducatif. Dans la même logique antisubversive, il faut rappeler, fin 2008, un appel d’offres du ministère de l’Education pour la création de fichiers répertoriant les « leaders d’opinion » à l’université, analysant « leur potentiel d’influence et leur capacité à se constituer en réseau ». Ce système en place depuis 2006, de l’aveu du ministère, et digne des méthodes de renseignement les plus contresubversives augure mal de la façon de considérer le milieu universitaire. Il faut dire que depuis la loi Devaquet, en 1986, et à la suite des mouvements anti-CPE en 2006, le gouvernement a fort à faire avec la lucidité d’un milieu retors aux manipulations (sans parler des prises de conscience de cette année). De fait aussi, les lieux de la criminalité désignés comme tels se multiplient, avec une focalisation particulière, ces jours-ci encore, sur le système éducatif, après le coup de poignard d’un collégien sur une prof de maths qui l’avait puni ou l’agression d’une CPE dans les couloirs d’un collège. Des faits dramatiques surexploités et où l’on se hâte de légitimer la réponse sécuritaire par l’exemple du grand frère américain. Las, l’intelligence statistico-comparative a ses limites lorsqu’on n’oublie tant d’autres paramètres et que l’on fait l’impasse sur le bilan d’un pays en proie à une crise totale… Mais certains continuent, comme le fait le gouvernement, à se servir de l’argument d’autorité du grand frère américain.

     

    Quant aux offensives médiatiques, la liste serait longue. Quelques-unes parmi les plus visibles : en janvier 2009, le JDD titrait à propos des grévistes de Saint-Lazare : « SUD, le nouvel ennemi public », au milieu d’une campagne médiatique générale analysée par Le Plan B dans son numéro de février-mars ; des colonnes entières sont consacrées aux sacages occasionnés en marge des manifestations – anti-OTAN, anti-G20, grèves nationales… –, dont certains sont visiblement entretenus par les services de sécurité ; quant au montage de l’« ultragauche » et de la « bande à Coupat », référence aux années 1920 dont personne ne connaît plus rien, il est l’emblème du refus de laisser émerger des alternatives critiques (aux modes de production-consommation actuels, etc.) et de voir étalés au grand jour les tabous de l’ordre établi. D’une manière générale, la presse a intérêt à relayer les attaques du gouvernement, à stabiliser l’opinion et à la maintenir éloignée des « subversifs », faisant le jeu de la contresubversion en relayant les effets d’intimidation [4].

     

    Il faudrait ajouter, parmi d’autres, la manipulation des chiffres sur la délinquance pour modifier les principes de la justice des mineurs, les attaques aux sans-papier pour justifier des chasses à l’homme terrorisantes, la culpabilisation des associations d’aide aux sans logement (le DAL face à la justice) ou aux sans-papiers, l’organisation de la délation, etc. Face à ce qui pourrait être des applications médiatiques du principe de contresubversion, on ne peut omettre de mentionner la grippe A, diagnostiquée comme une pandémie dès les premiers cas et elle aussi en bonne place pour maintenir l’angoisse d’une pandémie mortelle à son maximum, laisser planer la perspective d’une loi martiale prochaine – comme au Mexique début mai, où elle a favorisé des interpellations. Une situation visiblement prévue depuis mi-2007, date où un programme d’éducation récemment évoqué par le président de France Télévisions a été conçu avec l’aide de France 5, afin de poursuivre l’éducation des jeunes par des modules télévisés, dans l’hypothèse où serait pronconcée l’interdiction de sortir des chaumières.

     

    A la différence de la guerre révolutionnaire, la figure de ces ennemis est entachée d’un flou général quant à leurs revendications. Cela rappelle le « risque gris » mentionné plus haut, et l’absence d’OPA dans un certain nombre de cas. En revanche, dès qu’un simili d’OPA se présente, il devient une cible directe. Un risque gris émergeant qui plonge ses racines dans la remise en cause de l’ordre établi, la lutte contre un Etat mafieux ou, comme on pourrait le dire à l’ancienne : la lutte des classes… Et cela au sein des milieux populaires, mais pas seulement – Coupat dans l’interview qui précède sa remise en liberté a cette phrase : « Il y a de la plèbe dans toutes les classes » (citant Hegel)…

    C’est ainsi que sont visées toutes les voix discordantes qui ne servent pas la « planification » étatique en matière de développement industriel et social, les choix de l’innovation et de la croissance financière, toutes les voix discordantes qui luttent contre les choix sécuritaires et de contrôle, contre la régression du droit du travail et les choix de mise au pas du salariat par les grandes instances internationales, et enfin toutes les générations susceptibles d’apprendre et de repenser le monde autrement – d’où la focalisation sur les étudiants et la jeunesse. Tout cela doit être considéré comme des virus et il faut empêcher la collusion et le rapprochement du reste de la population avec eux, qui pense : « Plutôt ma sécurité que de moisir au poste 96 heures pour avoir barbouillé un panneau publicitaire »… (comme c’est arrivé récemment à des antipubs).

     

    Ces « virus » peuplent les journaux, les postes de police ou les prisons, soumis à des procédures d’interpellation, de garde à vue et d’emprisonnement de moins en moins conformes au droit et à la justice. Les rapports récemment publiés d’Amnesty, de la LDH ou de la Commission de déontologie de la sécurité confirment la tendance, même s’ils font l’objet d’une médiatisation infime et que la classe politique s’en saisit très peu. Même, à un autre niveau, le bilan 2009 de la CNIL – qui comportait des critiques sur les atteintes au droit dans la loi Création et Internet – a subi un retard de publication jusqu’au dernier vote de la loi Hadopi afin de limiter sa médiatisation. C’est dire la transparence dans laquelle ces rapports sont publiés et accueillis par la classe politique. Sans doute les rapports sur la sécurité seront-ils eux aussi lettre morte au niveau politique, car les violences policières et les interpellations dites régulières sont, vis-à-vis des subversifs, la preuve renouvelée d’une stratégie de violence morale et d’une urgence de soumission générale de la société.

     

    Ici, en temps de paix, les caméras, interpellations, fichiers, enregistrements divers valent pour le quadrillage des villes et les barrages filtrants dans la casbah d’Alger en pleine guerre d’Algérie. En temps de paix aussi, cette arme psychique qui consiste à faire grandir les peurs, sur fond de crise économique, s’avère être l’arme idéale pour faire admettre une politique d’inégalités contraire aux intérêts de la majorité.

     

    L’ère de la manipulation

     

    Voilà au final à quoi pourrait servir la multiplication des groupes stigmatisés et l’amplification du volume des attaques contre toutes sortes d’opposants :


    1) faire agir la séparation spontanée entre « ceux qui n’ont rien à se reprocher » et les personnages « dangereux pour la société » ;
    2) faire entrer en vigueur tous les dispositifs les plus impensés auparavant afin de préparer le contrôle de tous les espaces sociaux, voire privés ;
    3) Maintenir un ordre de domination dont les intérêts sont classiques : la domination sans contre-pouvoir, avec de nouveaux instruments de l’ordre, y compris les techniques d’intimidation psychologique.

     

    L’on peut considérer aujourd’hui que l’Etat et la classe dominante organisent la domination d’une manière technique, en abusant de leur statut officiel d’Etat et de dirigeants ou de professions influentes, par la dénonciation officielle d’ennemis de l’ordre intérieurs dont il s’agit d’éloigner le reste de la population. Il faut organiser la suspicion à l’égard des fauteurs de troubles afin qu’elle soit plus forte que la suspicion que peuvent engendrer le maillage des lieux d’existence par l’industrie sécuritaire ou le marketing, la destruction systématique des oppositions émergentes et les politiques d’inégalités. C’est en effet le seul biais qui s’offre à eux pour maintenir un simulacre d’adhésion. Et cela marche sur tous les esprits bien-pensants.

     

    Et si cela s’avérait ne pas être une technique de contresubversion – mais une logique autogénérée par le système de gouvernementalité actuel, fondé sur des calculs de risques, et qui, selon une logique foucaldienne, génère de façon systématique des instruments d’analyse et de contrôle de ces risques pour installer ses parefeux là où sont décelés des risques d’insécurité –, les conséquences psychologiques sont identiques : le témoin des coups de sang des ministres et des stigmatisations à l’emporte-pièce interprète que, s’il est un bon citoyen, il ne doit pas s’acoquiner ou collaborer avec les « rebelles ».

     

    Inquiéter, terroriser ou empêcher les plus dociles de rejoindre le camp « rebelle » : cela marche sur tous les esprits bien-pensants à l’heure ou il semble que la pire des obcénités soit devenue l’exigence de liberté.

     

    Louise A. Renard
    Publié sur hns-info

    Ars Industrialis 

     

     

    [1] On pourrait ajouter d’autres axes, ils se multiplient tous les jours et convergent, sans réelles raisons, à former un ennemi global : ainsi, de l’anti-hadopiste (cf. le salarié de TF1 licencié) à l’anti-ogm, dont les premiers sont « criminels » vis-à-vis de l’industrie de la création, et dont les seconds pourraient un jour se voir accusés d’empêcher certains industriels de « nourrir l’humanité », vu la tendance de la propagande pro-ogm à affirmer être une solution contre la faim dans le monde… Les axes seront sans doute innombrables dans quelque temps, ce qui, dans l’hypothèse de forger une ennemi global, peut avoir pour effet de faciliter la doctrine de la contresubversion, car les interpellations seront d’autant plus faciles que le chef d’accusation sera imaginaire.

     

    [2] Emblématique de ce qu’est devenu le débat parlementaire : la campagne anti-hadopiste a montré à quel point l’Assemblée était vidée de sa fonction démocratique. Des députés de la majorité ont fait savoir en effet, entre les deux passages à l’Assemblée, tout leur mépris du processus démocratique (la loi passera, martèle l’un d’eux), avouant par là que les votes se réduisent toujours plus à une procédure formelle et que le travail parlementaire ne protège plus des effets d’une politique de domination.

     

    [3] Cf. « L’ennemi intérieur. La généalogie coloniale et militaire de l’ordre sécuritaire dans la France contemporaine », de Mathieu Rigouste. Consultable sur le site de l’éditeur : http://www.editionsladecouverte.fr.

     

    [4] La caisse de résonance médiatique partage une large responsabilité dans la diffusion de l’intimidation. L’effet psychologique joue d’autant mieux que la saturation d’informations empêche d’élaborer les faits et maintient l’opinion dans l’incapacité de s’interroger réellement sur ce qui s’est passé. La succession des messages semble court-circuiter les processus de réflexion. La diffusion de messages traumatisants oblige de plus chacun à brider sa sensibilité et à endommager la capacité de critique et d’engagement


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  • Levée de l'accord de Schengen durant le G8

    Le 28 juin 2009, afin de refouler les hordes anarcho-autonomes prêtes à s'abattre sur l'Italie, le gouvernement Berlusconi suspend l'accord de Schengen sur la libre circulation des personnes, et ce jusqu'au 15 juillet.
    Quant à l'ennemi intérieur, le plus tenace, il sera tenu à bonne distance par pas moins de quinze mille agents des forces de l'ordre.

    NO G8: PROGRAMME du CONTRE-SOMMET

    PROGRAMME du CONTRE-SOMMET (du 4 au 10 juillet 2009 en Italie):

    - 4 juillet. Manifestation contre la base militaire Dal Molin à Vicence (region Vénétie).
    -La nuit, entre le 5 et 6 juillet, exactement à
    3h et 32 minutes (l'heure à laquelle s'est produit le tremblement de terre dévastateur du 6 avril dernier), aura lieu à L'Aquila, la veillée « Mémoire, vérité et justice » pour se souvenir des victimes et des responsabilités.
    - 7 juillet. Manifestation internationale à Rome pour l'accueil des Puissants de la Terre.
    - 7 juillet. Forum des communautés locales rebelles dans le parc de l'UNICEF à L'Aquila, sur les modèles de développement, la démocratie et la participation.
    - 8 et 9 juillet. Révolte générale, avec des manifestations sur l'ensemble du territoire et des actions surprises.
    - 10 juillet. Manifestation internationale à L'Aquila. Départ de la gare Paganica. Passage par les lieux symboliques du tremblement de terre. Fin à l'entrée du centre-ville.

    Information pratique : la ville de L'Aquila est géographiquement à côté de Rome.

    G8 : Quelques conseils pour l'usage

    La réunion est annulée

    Les réunions auront lieu : trouvez vos amis ; organisez-vous. Quelqu'un que vous ne connaissez pas bien, faites-lui confiance ; en toute prudence n'avancez pas n'importe quelle idée, n'importe quel projet. Soyez réalistes et non paranoïaques.
    Nous nous reconnaîtrons... ^^


    Organisation sur place

    Cet événement sera l'occasion d'un type de socialisation extrêmement vivant et chaleureux. Inutile d'avoir des appréhensions fondées sur la peur de l'inconnu. Au moins des dizaines de milliers d'amis potentiels seront là, on aura facilement les moyens de se retrouver sur place. Pour deux raisons. Communiquer avec un camarade pour trouver des lieux de rencontre : il y aura des amis partout. Ensuite, il y aura des pôles de convergences et donc, une médiation totale entre tous, des possibilités inouïes. Les italiens feront tout pour nous accueilir, soit dans un camp, soit chez des particuliers, et surtout dans des lieux occupés qui se préparent dès maintenant, légalement ou non.


    Le déplacement

    Le déplacement pose certains problèmes : les frontières sont plus rigides car la liberté de circulation est partiellement suspendue (la Convention de Schengen n'existera plus!) ; nous n'avons pas tous un Jet Privé aux frais du Grand Peuple.
    Voilà quelques suggestions.
    Éviter les transports "militants", type bus de gens se rendant au G8 de façon visible ou connue. Les polices ne se géneront pas pour vous immobiliser autant qu'elles le voudront. Ne rien emporter de suspect, quoique ce soit qui prêterait à croire que vous voulez faire du drame. Ou alors très bien le dissimuler. Tout dépend de votre capacité à vous faire passer pour un bon campeur, un touriste aliéné qui aime bien porter des vêtements colorés et qui s'en va par delà les Alpes se vautrer dans la quête acharnée de son propre vide. Cela va juste pour les points de passage difficile. Le matos se trouvera sur place. Si l'on progresse en terre inconnue il faut se fier à nos amis qui connaissent le terrain. Il est fort possible que les contrôles s'accentuent plus on se rapproche.
    Préférer le déplacement par petits groupes ou en stop. Si vous n'avez jamais fait de stop, ça n'est pas trop compliqué, ni dangereux si on sait s'y prendre, voici quelques conseils : - voyage à deux maximum en voiture. Ou plus nombreux depuis des bases, c'est-à-dire depuis le départ - c'est le départ depuis la ville qui est compliqué. - en demandant dans une station service à des gens qui vous plaisent, vous évitez le mythe des rencontres inattendues du violeur barbu et sanguinaire. Les rapports sont plus directs et la personne n'est plus sollicitée, mais interpellée. Plus de chances donc.- l'essentiel c'est l'aventure et ce goût qui se répand. Attention : samedi 4 juillet : grand départ. Ca rend le voyage plus long si c'est encombré, MAIS il y a plus de monde pour le stop et, d'autre part, on se fond plus facilement dans la masse des vacanciers.

    Pour les trucs pratiques :

    http://infokiosques.net/ c'est là que sont les infos "groupe affinitaire", les règles pour ne pas se mettre dans des dangers inutiles.

    Contre-sommet à deux vitesses.

    L'ensemble du programme d'actions contre le sommet de juillet.
    Des actions décentralisées. Il n'y a pas d'accord sur le cortège à L'Aquila.

    Si Berlusconi était convaincu de diviser le "mouvement" en déplaçant au dernier instant le sommet international de la Maddalena à L’Aquila, il restera déçu. Il suffit d'écouter l'assemblée du Réseau des comités No-g8 qui s’est réunie dimanche dernier pour organiser les protestations (qui vont durer toute la semaine) : «La population locale a d'abord accueilli avec satisfaction le déplacement- dit Renato De Nicola du forum social des Abruzzes - Mais aujourd'hui elle perçoit la faillite politique du gouvernement et voit ce rendez-vous comme une vitrine pour critiquer le décret pour la reconstruction».

    De plus , la militarisation du territoire, le contrôle social dans les camps de tentes, l'énorme spéculation en place et le manque de fonds pour la reconstruction font monter le mécontentement. Les premiers à se mobiliser contre le G8 seront les habitants de Vicenza (Vénétie) opposés à la DalMolin, qui prévoient pour le 4 Juillet une manifestation, ayant pour point de départ le rassemblement permanent et se terminant par l'occupation de la base militaire. Il est également à prévoir que des Abruzzeses et d'autres militants no-global viendront à Vicenza pour donner un coup de main à ce qui se présente comme le premier rendez-vous du contre-sommet.

    Au cours de la nuit, entre le 5 et 6 juillet, exactement à 3h et 32 minutes (l'horaire à lequelle s'est produit le tremblement de terre dévastateur du 6 avril dernier), aura lieu à L'Aquila, la veillée «Mémoire, vérité et justice» pour se souvenir des victimes et des responsabilités. Et notamment celles – dénoncent les comités - des constructeurs et de la protection civile, qui «savait et n'a rien fait». Le jour le plus "turbulent" sera celui du 7, où on prévoit l'accueil des puissants de la Terre. Les modalités n’ont pas été encore décidées. Le réseau romain, pour le moment, parle de « places thématiques » qui conflueront en une contestation unitaire. Pendant ce temps dans la capitale des Abruzzes aura lieu un «forum» dans le parc mis en place par l'UNICEF, dans lequel on débattra avec des communautés locales «rebelles» (comme cela de Chiaiano, la No-DalMolin et la no-Tav) sur les modèles de développement, la démocratie et la participation.

    Le 8 et le 9 juillet, la révolte deviendra générale, avec des manifestations sur l'ensemble du territoire et des actions surprises. Puis le 10, aura lieu à L'Aquila la manifestation organisée, entre autres, par le Patto di Base (avec les syndicats de base Cobas, Rdb et SDL), Socialismo Rivoluzionario et la Rete dei comunisti. La manifestation commencera à partir de la gare Paganica et atteindra les lieux symboliques du tremblement de terre : les camps de tentes de Onna, Tempera, San Gregorio et Sant’Elia, et terminera à l'entrée du centre-ville.

    Mais cette manifestation a conduit à des frictions dans l’assemblée des anti-G8, qui n'ont pas finalement trouvé d'accord. « c'est forcer les gens, les Aquilains ne comprendrons pas tous l'arrivée de l'extérieur de milliers de personnes, c’est mieux de respecter leur volonté », explique Sara Vegni du comité 3e32. Certains craignent que la manifestation soit interprétée comme un « appel lancé par le haut » et qu'elle détourne l'attention du problème de la « reconstruction » au profit d'éventuels affrontements. "Il s'agit de la dernière vitrine internationale pour exprimer la colère - continue Vegni – C’est mieux de laisser la contestation seulement aux Aquilains, qui sont de plus en plus enragés. On doit faire un anti-G8 créatif et intelligent et délocaliser la révolte dans tout le pays ».

    Parmi les partisans de la manifestation il y a par contre Epicentro Solidale, qui affirme qu'il n’existe pas de fossé entre les habitants Abruzzes et les autres. Piero Bernocchi de Cobas garde courage. « Il n’y a pas de divisions entre ceux qui veulent critiquer les dirigeants et ceux qui veulent s'opposer au décret sur les Abruzzes - soutient-il - ce sont les deux faces de la même médaille ». Toutefois, la plupart des comités locaux, tandis qu’ils ne soutiennent pas la manifestation, jetent de l'eau sur le feu: « Nous sommes pourtant tous d'accord pour nous opposer à ce sommet et au gouvernement Berlusconi, après chacun le fait à sa manière ».

    SourceNO G8 


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  • Pour demander la libération des 11 étudiants de Marrakech du groupe de Zahra toujours détenus à la prison de Boulmharez depuis 14 mois.


    Ils ont été arrêtés en mai 2008, emprisonnés à la prison de Boulmharez à Marrakech, sauvagement torturés par la police pour avoir protesté contre les mauvaises conditions de vie et d’études. La police s’est acharnée de manière particulièrement abjecte sur Zahra Boudkour, la seule fille du groupe. Le 11 juin ils ont entamé une grève de la faim de 46 jours à l’issue de laquelle plusieurs d’entre eux étaient dans le coma.. Un procès en appel a eu lieu le 4 août : leur détention a été prolongée. Depuis les procès sont ajournés de mois en mois …
    Voilà bientôt 14 mois qu’ils subissent une détention injuste et injustifiée, que les droits de l’homme y sont bafoués, que le pouvoir qui ose parler de « marche vers un Etat de droit » s’abaisse à harceler et mépriser la jeunesse qui est l’avenir du pays. Le dernier procès a eu lieu le 28 mai. Leurs familles ont voulu y assister. Elles ont été tabassées, humiliées, menacées de viol…
    Zahra est très malade, elle souffre d’une maladie gynécologique à la suite d’un viol à la matraque. On lui refuse le droit d’être examinée par un gynécologue. Le doyen de la fac s’acharne à lui faire échouer ses examens qu’elle tente de préparer malgré son état...
    A bout de force elle se remet en grève illimitée de la faim. Plutôt mourir que subir ces humiliations !
    "Pendant les années les plus noires du protectorat, pendant les années les plus dures du règne de Hassan II, un tel acharnement contre des prisonniers d'opinion et leurs familles était inconcevable.." Khalid Jamaï.

    Merci de votre mobilisation pour tenter d'obtenir leur libération.

    Marie José Fressard Solidarité Maroc 05
    Alain Uguen Association Cyber @cteurs

    COMMENT AGIR ?

    Sur le site
    Cette cyber @ction est signable en lignelien 


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  • Séance unique le vendredi 26/06 à 20h30 à ST-OUEN L'AUMÔNE: la projection sera suivie d’une rencontre avec Claude Guillaumaud-Pujol, universitaire, auteur d’une biobraphie de Mumia Abu-Jamal («Un homme libre dans le couloir de la mort», édition la Découverte) et co-animatrice du Collectif national de soutien à Mumia Abu-Jamal.

    film de Mark EVANS - documentaire USA 2007 1h29mn - Scénario M. EVANS et William FRANCOME.

    Du 26/06/09 au 29/06/09


    William Francome est né à Londres le 9 décembre 1981. Ce jour-là, à plus de 5000 km de là Mumia Abu-Jamal, Black Panter et journaliste radical, était arrêté pour le meurtre d'un policier à Philadelphie. Malgré ses dénégations, malgré une enquête menée en toute « légèreté » (expertises balistiques inexistantes, absence de relevé d'empreintes, balles non identifiables, test non effectués…) le tribunal conclut à la culpabilité de Mumia. Témoins menacés, subornés, écartés, rapports de police contradictoires, violation des droits… aboutiront néanmoins à la condamnation à mort en 1982 de cet opposant politique gênant. Elle lui sera évitée à deux reprises par une mobilisation internationale dans laquelle Amnesty a joué un rôle fort.

    Depuis plus de 25 ans en cellule dans le couloir de la mort, Mumia Abu Jamal est devenu le symbole de la lutte contre la peine de mort et William Francome mène une enquête sur ce prisonnier peu ordinaire et d'une rencontre à l'autre avec Angela Davis, Noam Chomsky, Alice Walter, Snoop Dogg et beaucoup d'autres… nous entraine à travers l'histoire des luttes d'une époque tout en explorant le climat socio-politique de l'Amérique actuelle.


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  • Une trentaine de  militants anarchistes et libertaires ayant directement été acteurs et témoins de la révolution sociale libertaire et autogestionnaire espagnole de 1936 raconte l'autre société: les usines et terres expropriées et collectivisées, la liquidation de l'Etat et de la propriété privée...




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  • Affiche trouvée sur les murs du Nord-Est de Paris, juin 2009 No Fides 



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