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    Le nombre de détenus dans les prisons françaises atteint un nouveau record ...  64 584 personnes sont en cellule au 1er mai 2011 pour 56 150 "places"(condamnés et prévenus confondus).


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  • Il y a quelque chose de pourri dans l’air.

    Il est dix heures du soir.. Les rues sont déjà presque désertes.

    Deux jeunes discutent encore dans une voiture de location, à l’arrêt sur le rond-point, sur la place de la jeunesse du centre-ville de Zarzis lorsque surgissent deux fourgons et deux pick-ups de la police. Ils freinent brutalement tandis qu’une dizaine d’hommes en tenue sombre et cagoulés s’extirpent au pas de charge d’un des fourgons pour se positionner autour de la voiture. Fusils-mitrailleurs braqués sur les occupants, matraques à la main, ils les somment de présenter leurs papiers d’identité. L’ambiance est tendue. Les quelques badauds encore dehors sont comme tétanisés par cette scène d’un autre temps.

    Mardi dernier, un groupe d’élite des forces de sécurité est arrivé à Zarzis pour rétablir l’ordre. Son objectif est, selon les autorités, de lutter contre le trafic de harragas, la consommation de drogue, la circulation de faux-billets, les cambriolages, les menaces à l’arme blanche et les vols de voiture. Depuis, la seule et véritable action d’envergure mené par ce groupe d’élite est d’avoir confisqué les frigos remplis de bières fraîches vendus illégalement sur la plage…

    Ce groupe d’élite d’une trentaine d’hommes s’occupe essentiellement de contrôler tous les véhicules de location qu’il croise. Ces véhicules étant réputés pour servir de navettes dans le trafic de harragas. Pourtant on ne signale plus de départ de Zarzis pour Lampedusa et ce, depuis au moins deux semaines. La scène décrite ci-dessus se répète inlassablement tous les jours et il est difficile de ne pas se sentir terrorisé par une bande de flics en cagoule les armes à la main.

    On est bien loin des déclarations post-révolutionnaires du ministère de l’intérieur souhaitant établir un climat de confiance entre la police et les citoyens. Opérations spectaculaires, démonstrations de force, l’Etat tunisien dévoile son intention de rétablir son autorité plus de quatre mois après le soulèvement populaire de décembre. Et il applique pour cela les bonnes vieilles recettes du maintien de l’ordre. Comme avant.

    Pendant plusieurs semaines, une campagne de presse des plus grossières a fait ainsi quotidiennement état d’une insécurité générale dans le pays. Les tunisiens souhaitaient, parait-il, le retour de la police. Pour le coup, ils ont été servis. La police est revenue aussi soudainement qu’elle avait disparu.

    Communiqué de presse publié par le ministère de l’intérieur jeudi 12 mai et relayé par les principaux médias : « Dans le souci de préserver l’intégrité territoriale nationale et de se prémunir contre tout ce qui pourrait porter atteinte à la sécurité de la patrie, le ministère de l’intérieur appelle tous les citoyens à faire preuve de vigilance et à appuyer les efforts déployés par les forces de la sécurité intérieure, en informant, le plus rapidement possible, l’unité sécuritaire la plus proche, de toute activité suspecte pouvant constituer une menace dangereuse pour la sécurité du pays. »


    Le ministère souligne que « tous les propriétaires d’hôtels ou de logements meublés à louer et tous ceux qui hébergent des étrangers doivent impérativement informer de manière immédiate sur ces personnes. »

    Pendant le régime de Ben Ali, les gérants d’hôtel étaient dans l’obligation de signaler toute arrivée d’étrangers à la police politique. Ils étaient tout comme les taxis des informateurs très précieux du dispositif sécuritaire tunisien.


    Quatre adresses facebook interdites cette semaine par le ministère de l’intérieur pour incitation à la violence. Takriz fait partie du lot. La police politique a été dissoute mais la police est désormais la politique en Tunisie


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  • Du délire médiatique autour de l’explosion en v(i)ol de DSK

    Je n’ai pas l’intention de paraphraser tout ce qui se dit depuis deux jours autour de l’affaire DSK, et qui semble véritablement passionner le public. J’en veux pour preuve le nombre de visites sur ce blog, qui fut, hier comme aujourd’hui, trois ou quatre fois supérieur à celui d’un jour comparable.

    Tout ça parce que j’avais commis, quelques heures avant la révélation de la nouvelle, un billet pour dire le dégoût que m’inspirait l’étalage de pognon de DSK et sa clique.

    L’angle qui m’intéresse aujourd’hui, c’est le traitement médiatique délirant du sujet par la presse française, et la comparaison avec ce qui se dit dans la presse américaine.

    En préambule, je veux signaler que je veux bien faire un effort pour respecter la présomption d’innocence de DSK. Je vais donc employer le conditionnel. Mais ça ne m’empêchera pas de signaler qu’à titre personnel, compte tenu du contexte et des antécédents, je n’y crois pas une seconde. Mais je ne suis pas juge, ni même journaliste, et mon avis n’a pas la moindre importance. D’ailleurs la juge non plus n’a pas l’air convaincue, puisqu’elle l’a maintenu en taule ; pas davantage que la police qui dit que les premiers éléments de l’enquête semblent confirmer la version de la femme de chambre. Mais bon, c’est un fait : pas condamné, pas coupable.

    Au passage, on pourrait juste faire remarquer que ceux qui sont si tatillons avec DSK prennent souvent moins de gants avec les criminels ordinaires : même si certains journalistes, par habitude, ajoutent toujours l’adjectif “présumé” derrière des mots comme “assassin” ou “violeur”, en général le suspect en question est immédiatement traité comme un coupable, et d’autant plus que le crime est sordide. Dernier exemple en date : le type qui “aurait” froidement liquidé toute sa famille avant de s’enfuir. Et dois-je évoquer le cas de Villepin ou Colonna, ou, dans un genre différent mais tout aussi scandaleux, de Julien Coupat et des anars de Tarnac, hâtivement transformés en “Terroristes” ?

    Je suis donc totalement sidéré, non seulement par la mansuétude dont bénéficie DSK dans les médias français, mais bien plus encore par le crédit qu’on apporte aux hypothèses sorties de l’imagination délirante de ses supporters, qui accusent certes le coup, mais semblent refuser d’admettre que cela va sans doute leur coûter la place qu’ils convoitaient.

    Bien sûr les images de DSK hagard et menotté sont terribles pour lui (mais les médias, tout en faisant mine de s’en indigner, les font tourner en boucle… Vous remarquez que j’ai préféré publié une photo plus conforme à l’image qu’il voulait donner de lui…). Tout comme le fait que l’audience ait été filmée et complaisamment retranscrite. Mais de là à le défendre au delà de toutes les évidences, il y a un gouffre.

    Rappelons que les médias français sont ceux qui ont permis à Mitterrand de mener pendant plus de 10 ans une double vie aux frais de la république. Pire, ce sont les médias français qui ont couvert les turpitudes de Chirac (et de ses complices Tibéri and co), qui a mené grand train pendant une période incroyablement longue, truquant, rackettant, détournant, menant grand train, et organisant même son impunité totale. Ce sont les mêmes qui s’offusquent de voir Chirac, finalement rattrapé par la justice (il court moins vite qu’avant) sous prétexte qu’il faudrait avoir pitié d’un vieillard…

    Ce sont encore les mêmes médias qui avaient quasiment déclaré DSK élu depuis plus d’un an, et louaient à tout bout de champ sa prétendue compétence. Alors que le principal intérêt de DSK, c’est qu’il défendait les mêmes valeurs que Sarkozy, et qu’il était implicitement adoubé par les patrons, les banksters, les riches, les puissants… À part peut-être Fakir, le Canard et quelques autres exceptions, qui avait pointé les conflits d’intérêts de DSK, qui tel un vulgaire Longuet, alternait les périodes de pouvoir (jusqu’au poste de Ministre des Finances) et un travail hyper grassement rémunéré de consultant auprès des multinationales ?

    Pourtant, dans tous les cas que j’ai cités, les médias savaient. Ils connaissaient aussi le travers de DSK. Mais ne disaient rien, et continuaient de traiter les individus concernés comme des gens respectables, compétents, dignes de leur fonction et légitimes à se représenter aux plus hautes fonctions.

    Après la journée du choc hier, aujourd’hui aurait dû être la journée où on commençait à réfléchir à froid.

    Pourtant, l’hallu totale ce matin sur France Inter ! L’insolente, la délurée Pascale Clark, connue pour sa propension à charrier et malmener ses invités, et qui il y a quelques semaines à peine en était venue à la limite de l’insulte avec Robert Ménard (ce que par ailleurs je peux fort bien comprendre) s’est faite au contraire toute petite pour interroger un Jean-Marie Le Guen tout chose, tout juste si elle ne lui a pas prêté son Kleenex pour endiguer le flot de sa légitime affliction, lui qui vient peut-être de voir s’envoler ses ambitions ministérielles anticipées…

    Quelques minutes plus tard, c’est Patrick Cohen qui était chargé d’interroger Borloo. Pauvre Borloo, qui venait sans doute faire la retape de son nouveau mouvement, et dont l’affaire DSK faisait complètement foirer le plan média. Borloo qui comme la quasi-totalité des politicards, même de droite, a sans doute fait un triple salto arrière de joie dans sa salle de bain en ouvrant la radio dimanche matin, mais qui, sur instruction de ses communicants, fait profil ultra-bas devant les médias. Pire, Borloo jouait la tristesse (pour la France, évidemment) et Cohen, après avoir en vain essayé de lui faire dire que la déconfiture de DSK lui ouvrait un boulevard, se mettait à compatir avec lui.

    C’est simple, sur France Inter ce matin, on aurait dit une veillée funèbre.

    France Inter, c’est la chaîne qui a viré l’olibrius Guillon, autour d’une chronique mémorable et jugée de mauvais goût le jour d’une visite de DSK, qui avec un manque total d’humour, n’avait pas trouvé ça drôle et l’avait fait savoir. La radio avait même présenté ses excuses… Or si vous réécoutez la chronique, vous verrez qu’elle était pourtant particulièrement pertinente et prémonitoire. Jugez plutôt :

    Les partisans de la théorie du complot rivalisent d’imagination pour élaborer les théories les plus farfelues qui pourraient innocenter leur chouchou (forcément injustement) foudroyé.

    “Il nie formellement”. Ah ouais, ça c’est une preuve ! Tous les accusés, coupables ou innocents, commencent par nier. C’est humain.

    “C’est une espionne qui l’a attiré dans un piège machiavélique”. Oui, sauf que la victime (putative) a tout sauf le profil d’une Mata-Hari…

    “Ça peut être un coup du FMI”. Vachement crédible, en effet, alors que DSK s’apprêtait à en démissionner pour venir briguer la Présidence française sous les acclamations de la presse conquise.

    “C’est un coup de ses opposants politiques, ils avaient prévenu”. Ses opposants politiques, je suppose qu’il s’agit de l’UMP. Franchement, vous les voyez faire un truc pareil, aux Etats-Unis ? Avant même que DSK se soit déclaré ? À un an de la présidentielle, DSK ne s’en remettra évidemment pas, mais le P”S”, lui, a largement le temps de se retourner. S’ils ne sont pas trop cons (ils ont déjà prouvé le contraire dans le passé), ils trouveront un candidat qui n’offre aucun angle d’attaque commun avec DSK, et Sarkozy sera pulvérisé, comme prévu… L’UMP avait déjà commencé, avec un certain succès, à exploiter le filon de la Porsche et du train de vie de DSK. Frédéric Lefèbvre, toujours aussi malin, avait menacé de sortir des photos de partouzes. Il n’en aurait sans doute rien fait, trop de risques de se prendre un retour de boomerang. Quoi qu’il en soit cette hypothèse ne tient pas.

    Plus drôle, Julien Dray et Jack Lang, qui sont évidemment des modèles d’impartialité, sont persuadés que la juge lui en veut, soit personnellement, soit parce qu’il est français. Non seulement c’est grotesque, mais c’est aussi ce que disent la plupart de ceux qui ont été confrontés à un juge hostile.

    C’est simple, il n’y a quasiment que Marine Le Pen, certes tout à fait dans son rôle, qui ne se cache pas derrière la fameuse “présomption d’innocence”. Citons aussi Bernard Debré. Quant à Clémentine Autain et Nicolas Dupont-Aignan, bien seuls dans cette unanimité toute occupée à pleurer le triste destin de DSK, ils soulignent qu’on n’a pas la moindre pensée pour la vraie victime, la femme de chambre. Il est vrai qu’elle est noire, et pauvre. Et que c’est une servante, qui aurait mieux fait de rester à sa place…

    Je glisse rapidement sur le comique involontaire de Woerth, qui profite de l’occase pour faire la promo de son bouquin, et qui ose faire le parallèle entre son affaire et celle de DSK puisque tous deux seraient victimes de lynchage médiatique et de bafouement de la présomption d’innocence. Vu tout ce qui a été trouvé sur Woerth, ses conflits d’intérêts et sa dévotion pour les riches, à sa place, je la ramènerais un peu moins…

    La presse française “mainstream” n’a jamais évoqué l’affaire Tristane Banon, qui dans un témoignage tout à fait digne de foi avait pourtant relaté une scène étrangement similaire à celle du Sofitel, et qui accusait DSK de tentative de viol en des termes explicites.

    Même si par une série d’entourloupes et de pressions sur la victime, DSK s’était tiré sans trop de dommages de l’affaire Piroska Nagy en 2008, il était tout de même clair, au moins en lisant la presse anglo-saxonne, que le consentement de sa subordonnée était loin d’être total.

    On devrait d’ailleurs plus souvent la lire, cette presse anglo-saxonne, car son ton tranche singulièrement avec les commisérations hypocrites de chez nous. En gros, ces yankees qui ne respectent rien clament que la presse française connaissait par coeur les fâcheuses tendances de DSK mais les taisait. Dans les détails graveleux que la presse française tait pudiquement, on apprend que DSK n’est pas simplement accusé de tentative de viol, mais aurait forcé la femme de chambre à lui faire une petite gâterie. Sans doute pensait-il que c’était compris dans le prix exorbitant de la piaule ! Classe, notre ex-futur Président plébiscité, non ? Et tout à fait pertinent au pays de Clinton et Lewinsky… Ironie, le dernier politicien français accusé de ce genre de gaudriole, c’était Balkany, qui lui avait, il est vrai, usé de la menace d’un flingue pour parvenir à ses fins… Et qui avait réussi à convaincre sa victime de retirer sa plainte.

    Voici ce qu’écrit le New York Times du jour, l’un des canards les plus sérieux et les plus respectés du monde, quand il rapporte la plainte de la femme de chambre.

    According to the law enforcement official, the woman entered Mr. Strauss-Kahn’s suite early Saturday afternoon by saying “housekeeping.” She heard no answer and believed that the suite was unoccupied. She left the door open behind her, as is hotel policy.

    She went to the bedroom and a naked man rushed from the bathroom to the bedroom. She apologized, the law enforcement official said, and tried to leave.

    But according to the official, the man chased her, grabbed her and shut the door, locking it. He then pulled her toward the bedroom, the official said, and tried to attack her there.

    He dragged her to the bathroom, the official added, and forced her to perform oral sex. The police said the woman eventually escaped from the suite and reported the attack to other hotel personnel, who called 911.”

    Traduction maison :

    Selon la police, la femme est entrée dans la suite de M. Strauss-Kahn samedi en début d’après-midi en disant “ménage !”. N’entendant pas de réponse, elle a cru que la suite était inoccupée. Elle a laissé la porte ouverte derrière elle, comme le règlement le prévoit.

    Elle s’est rendue dans la chambre, quand un homme nu a jailli de la salle de bain vers la chambre. Elle s’est excusée, dit la police, et a tenté de partir.

    Mais ajoute-t-il, l’homme l’a pourchassée, l’a attrapée et a fermé la porte en la verrouillant. Il l’a alors poussée dans la chambre et là a tenté de l’agresser.

    Il l’a traînée dans la salle de bains, et l’a forcée à le sucer. La police dit que la femme a réussi à s’échapper de la suite et raconter son agression à d’autres membres du personnel de l’hôtel, qui ont appelé la police.”

    Ce ne sont évidemment que des accusations, pas forcément la vérité. Mais elles sont terribles. Pourquoi la presse française ne parle-t-elle que de “tentative de viol”, alors qu’en droit français, si je comprends bien ce qu’écrit le New-York Times, c’est bien d’un viol qu’il est accusé ! Entendons-nous bien, on ne l’accuse pas d’être un gentil dragueur invétéré qui tente sa chance, on l’accuse bien d’être un violeur sordide, et ça fait une légère nuance.

    Dans ces conditions, les considérations ultraméprisantes de la presse et des supporters de DSK sont scandaleuses : tous s’indignent que DSK soit jugé en même temps qu’un conducteur sans permis ou un dealer. Mais à la place de ces petits malfrats, c’est moi qui serais sérieusement indigné d’être jugé en même temps qu’un type accusé d’un crime autrement plus grave !

    La justice américaine est certes parfois étrange. Des condamnés innocents y ont souvent été exécutés parce qu’ils n’avaient pas de pognon pour se payer un vrai avocat. Ce n’est évidemment pas le cas du millionnaire DSK, qui s’est déjà offert les services du meilleur avocat de New York, dont on apprend qu’il a compté parmi ses clients un certain… Michael Jackson… Sacrée référence ! Mais ce qui fout la gerbe, c’est que contrairement au dealer et au conducteur sans permis qui étaient sans doute défendus par des débutants commis d’office, et étaient sans doute résignés à aller croupir en taule en attendant leur procès, DSK a eu le culot d’offrir 1 million de dollars de caution pour tenter d’obtenir sa liberté. Selon que vous serez puissants ou misérables… Sauf que la justice américaine n’est pas si malade de la peste, car elle a refusé cette justice des puissants…

    On apprend en outre que ce n’était pas pour des raisons professionnelles que DSK a passé la nuit au Sofitel de Manhattan. Ainsi, après l’appart à 4 millions de dollars, le palace de Marrakech, la Porsche et les costards à 35000 dollars, on sait donc que DSK se paie à titre privé des nuits dans une chambre d’hôtel à 3000 dollars. Et là, il n’ y a pas de complot ni de présomption d’innocence qui tienne, ce sont des faits.

    …et c’est le même mec qui impose aux Grecs et aux Portugais de se serrer la ceinture pour payer la note de l’incurie des bansksters, et qui s’apprêtait à faire de même en France pendant 5 ans.

    Putain, on l’a échappé belle, moi je vous dis… Des politicards comme ça, on en a soupé, on a même cru qu’on avait touché le fond avec Sarkozy, et on n’en veut plus !

    C’est cela, tout autant que les faits, et non une haine personnelle, qui alimente ma rage.

    C’est une des raisons d’être de ce blog. Dénoncer les politicards corrompus et insolents, les Chirac, les Sarkozy, les DSK (liste évidemment non exhaustive), tous ceux qui ne sont motivés que par le pouvoir et ses représentations matérielles, le pognon ou le sexe, et qui se foutent comme de leur première cantonale de l’intérêt de leurs concitoyens, ou de l’avenir de la planète, faisant sans vergogne la politique des riches et des puissants dont ils sont les marionnettes.

    Ils ont les médias à leur botte. Ils prennent la place de citoyens de bonne volonté qui ont de bonnes idées et souhaiteraient les mettre en œuvre, mais en sont empêchés par la force de frappe des susdits qui prennent toutes les places et se goinfrent.

    Une opération Mani Pulite, voilà ce qu’il nous faut. Et tant pis si c’est un juge New-Yorkais qui s’en charge. Bon débarras, bonne retraite (à 62 ans, il est plus que temps !) et au suivant !

    le blog de SuperNo


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  • Chili: répression d’une manifestation anti-barrages en Patagonie


    HidroAysén est le nom d'un megaprojet que le gouvernement de droite essaie de mettre en oeuvre en Patagonie chilienne et qui a réveillé le mécontentement dans les rues.

    Selon les Carabiniers ce sont 30 000 personnes qui sont descendues dans les rues vendredi pour protester contre HidroAysén, un megaprojet énergétique qu'Endesa et la fortunée famille Matte essaient de mettre en oeuvre en Patagonie chilienne. Pour ceux qui ont participé à la manifestation, ils étaient plus de 50 000.

    Au-delà des chiffres, il est certain que l’approbation de l’étude d’impact environnementale de l'initiative privée a échauffé une bonne partie de la population - non seulement à Santiago - qui est contre un projet qui inondera des milliers d'hectares, modifiera pour toujours le sud du Chili et qui voit comment le gouvernement de Sebastián Piñera serre de plus en plus de mains patronales et ordonne des pompeux projets de loi.

    La marche est pacifiquement partie de la Place l'Italie, centre névralgique de la capitale. Les manifestants ont défilé en direction de la Place de la Citoyenneté, en face du Palais de La Moneda. Les manifestants étaient tranquilles, portant des bougies et entonnant des chants de contestation contre le gouvernement de droite au pouvoir dans le pays. La tranquillité a peu duré. Des forces Spéciales de Carabiniers ont empêché que les gens s’approchent du palais du gouvernement. Certains qui ont réussi à atteindre la place, ont été pratiquement balayés du lieu. Appuyés par des voitures lance-eau, les effectifs ont commencé à lancer des bombes lacrymogènes vers 21.30, à l’heure des infos televises.

    Cependant, les chaines n’ont pas ressortis la nouvelle, malgré le fait qu’à cette heure la marche avait déjà dérivé en dur affrontement contre les forces de l'ordre de Piñera, qui pour beaucoup ont fait un usage démesuré de la force. De fait, les twitters qui étaient dans la manif ont dénoncé que plusieurs effectifs policiers ne portaient pas de plaque d'identification. Une telle situation fait rappeler les temps dans lesquels l'ennemi du peuple avait nom et prénom : Augusto Pinochet.

    Dans les réseaux sociaux, le coupable de cette situation est le ministre de l'intérieur, Rodrigo Hinzpeter (de reconnue obsession pour faire baisser les indices de criminalité, coûte que coûte), qui a interdit que la manifestation ne circule librement et a mis Tous les policiers en état d'alerte. "Cela n'est pas seulement pour HidroAysén. Il y a un mécontentement avec ce gouvernement, avec la manière de faire les choses et avec les offres de campagne non accomplies. Ils nous ont promis une administration d'excellence, où il n'y aurait pas d'espace pour perdre de temps et hier nous avons vu le  porte-parole de La Moneda (Ena von Baer) déguisée de motoquera dans une revue pituca", avancait le sociologue Roberto Valencia tandis qu’il se séchait les larmes provoquées par les gaz toxiques. Des feux de circulation arrachés, presque tous les panneau de signalisation détruits, plusieurs rideaux métalliques de magasins abîmés, des automobiles avec leurs verres cassés et des succursales bancaires affectées, c'était le bilan de la journée.

    La manifestation a été organisée par l'ONG Patagonie Sans Barrage. L'organisation s'oppose au projet approuvé par douze fonctionnaires gouvernementaux lundi dernier de  construction de cinq barrages dans le lit des rivières Pascua et Baker, et un réseau de transmission de 2 mille kilomètres jusqu'à Santiago. Les 67 personnes arrêtées et les nombreux blessés de vendredis - entre manifestants et carabiniers – n’ont en aucune façon freiné les plaintes. Le mouvement Action Écologique a convoqué à une nouvelle manifestation pour vendredi prochain, qui veut arriver jusqu’au menton de Piñera. Les manifestations continueront jusqu'au 21 mai prochain, jour où le président Sebastián Piñera remettra au Congrès le compte-rendu public de sa gestion. Hier il y a déjà eu un préalable avec un massif "concert de casseroles".


    Cristian palma, Pagina/12, 16 mai 2011.
    http://www.pagina12.com.ar/diario/elmundo/4-168246-2011-05-16.html

    Traduit par http://amerikenlutte.free.fr


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  • Sur la frontière de l’ouest : Vers Nalut.

    Le poste-frontière de Dehiba est au djebel Nefussah ce que le port est à Misrata. Un lien vital. Dans le strict sens du terme.

    Alors que de sinistres experts en géopolitique glosaient encore, il y a quelques jours, à propos d’une hypothétique partition du pays, entre l’Est insurgé et l’Ouest soi-disant loyaliste, le djebel Nefussah, tout comme Misrata, résiste toujours. Cette résistance contredit en tout point les pronostics imbéciles de ces stratèges de plateau télé et prouve une fois encore que ce qui se joue, c’est ce qui se vit sur le terrain loin du spectacle. Dans le djebel Nefussah, loin des débats médiatiques convenus et polis, les insurgés préparent et organisent la contre-offensive en vue de faire tomber le régime.

    Pour cela, les insurgés doivent conserver à tout prix le poste-frontière de Dehiba-Wazan pour ne pas étouffer de nouveau sous l’étau des milices de Khadafi.

    Depuis plus d’une semaine, il est devenu beaucoup plus difficile d’accéder au poste-frontière tunisien de Dehiba. En effet, l’armée tunisienne a renforcé ses positions le long de la frontière et sur la route qui y mène depuis Tataouine. La garde nationale est toujours sur les check-points entre cette dernière et Remada. A la sortie de cette ville de garnison et en direction de Dehiba, on trouve, en contrebas sur la gauche, un oasis derrière lequel a été installé un camp d’accueil pour les réfugiés libyens. Ils sont environ 1200 à attendre là, sous des tentes fournies par le HCR, de trouver d’autres solutions d’hébergement. Tout de suite après la terminaison végétale de l’oasis, nous trouvons sur la route de Dehiba un autre genre de végétaux. Le kaki.

    Il faut stopper à un check-point de la police militaire tunisienne qui fouille intégralement tous les véhicules dans les deux sens de la circulation et vérifie les identités de leurs occupants. Les fouilles sont aussi minutieuses que les vérifications. Les militaires cherchent principalement des armes et du matériel sensible que voudraient faire passer les insurgés en Libye. Pour arriver jusqu’à Dehiba, il faudra encore franchir plusieurs autres check-points pour répéter les mêmes opérations et répondre aux mêmes questions stupides. Il est toujours difficile de se figurer le phénomène de la neuro-transmission chez un militaire. Surtout lorsqu’il ausculte votre passeport depuis deux bonnes minutes et ce, sous toutes les coutures, pour finir par vous demander : de quelle nationalité êtes-vous?

    Le village de Dehiba est à un peu plus de 130 kilomètres de Tataouine et compte un peu moins de 4000 habitants. Il n’a pas beaucoup changé depuis dix jours. Un petit rond-point interrompt la route principale et fait office de centre-ville. Là, les changeurs attendent leurs clients libyens. Ces habitants de dehiba se sont toujours livrés au change sauvage mais depuis l’insurrection du 17 février, ils profitent comme jamais de l’instabilité du dinar libyen. Son cours s’est divisé par deux en trois mois.

    Les changeurs sont vifs, alertes, scrutant les plaques minéralogiques des véhicules et lorsque ceux-ci sont identifiés comme libyens, ils se plantent quasi sur la route tout en agitant frénétiquement dans leurs mains leurs liasses de dinars tunisiens. Surplombant le « centre-ville » de Dehiba, le café de Tunis rappelle, malgré les apparences, que nous sommes pourtant et toujours en Tunisie. Car quasiment tous les véhicules garés en vrac ici et là sont libyens et les nombreux groupes d’hommes qui conversent de ci, de là, sont composés pour la plupart de libyens. Dehiba vit au rythme de ce qui se passe dans le pays voisin et jamais Tunis n’a semblé aussi loin que de Dehiba.

    Le poste-frontière n’est plus qu’à quelques kilomètres et l’on peut voir des deux côtés de la route des casemates de fortune récemment faites par les militaires tunisiens qui bivouaquent à proximité de celles-ci. Depuis quelques jours la frontière est régulièrement survolée à des fins de surveillance par des chasseurs F5 de l’armée de l’air tunisienne et des hélicoptères Gazelle. Un dispositif militaire renforcé pour dissuader toute nouvelle incursion des milices de Khadafi en territoire tunisien.

    Celles-ci avaient effectivement franchi plusieurs fois la frontière ces dernières semaines lors d’offensives sur le poste-frontière occupé par les insurgés. Des dizaines de missiles grads s’étaient alors écrasés sur la Tunisie suscitant la colère des autorités gouvernementales. Disons plutôt dans un langage plus diplomatique : de vives protestations.

    Deux derniers check-points et l’on arrive sous la halle des douanes tunisiennes. Il y a là aussi beaucoup moins de cohue qu’il y a quelques temps. Les véhicules venant de Libye sont moins nombreux aussi. Ce qui laisse paradoxalement présager d’une situation plus stable pour les insurgés. On enregistrait ici parfois jusqu’à plus de 4000 libyens par jour venant se réfugier en Tunisie. Un afflux provoqué par une peur panique de voir le poste de Dehiba-Wazan tomber aux mains des milices et fermer la frontière pour enfermer le djebel Nefussah.

    Il faut tout de même une bonne heure avant de pouvoir s’acquitter des formalités douanières et sortir du territoire tunisien. Situation absurde et cocasse où l’on tient absolument à vous faire sortir officiellement d’un pays pour en rejoindre un autre qui n’existe plus en tant que tel. La Libye n’est plus un pays, plus une nation et surtout elle n’est plus un état. Jusqu’à preuve du contraire, c’est une insurrection. Nos passeports conserveront à jamais une sortie du territoire tunisien pour nulle part. C’est ce que chaque état considère comme un néant à conjurer, une guerre civile à éteindre.

    Arrivés dans ce «nulle part», nous trouvons un petit bureau perdu sous l’ombre d’un parasol à apéritif derrière lequel sont assis, serrés, des insurgés qui, amusés par la situation, nous demande qui  nous sommes et quelle est la raison de notre visite. Pas de tampon d’entrée, pas de formalités, pas de doute on est en territoire libéré.

    Un petit musée s’est improvisé là, rassemblant des vestiges de grads et d’autres roquettes tombées sur le poste ainsi que deux casques de tankistes ennemis. Un énorme Toyota 4×4 Santa Fe blanc arrive à vive allure soulevant un nuage de poussière dans son sillage. Il n’y a plus de plaques d’immatriculation ni à l’avant ni à l’arrière. Elles ont été remplacées par des énormes autocollants ornés du drapeau des insurgés libyens. La voiture stoppe en glissant sur les gravillons. L’homme qui en descend est notre contact de Nalout, Ali. Allure d’un gangsta américain. Carrure puissante qui ferait penser à celle d’un videur de boîte de nuit parisienne si nous n’étions pas en Libye. Béret militaire trop petit enfoncé sur son large crane rasé, petites lunettes de vue fumées, barbichette. Il porte sur ses mains énormes deux chevalières. L’une à l’effigie d’une tête de mort, sur l’autre est gravé en relief Mettalica.

    Départ pour Nalut, ville rebelle de 25000 habitants à une cinquantaine de kilomètres de la frontière. Ali est un fan de Metallica et Dire Straits et pendant que nous traversons Wazan désertée par ses habitants, nous écoutons Ali nous parler des derniers combats autour de Nalut tout en écoutant les enceintes cracher Brother in arms.

    Peu après Wazan, la route grimpe sur le haut du djebel. Nous roulons pendant quelques dizaines de kilomètres sur une route serpentant entre les collines du plateau pour faire subitement halte à proximité d’une épave de 4×4 Mazda et d’un pick-up Toyota sur lequel est montée une arme anti-aérienne dissimulée sous une bâche.

    Trois insurgés sont à bord. Ce sont des amis d’Ali. Ils nous invitent à visiter un des multiples postes d’observation que les insurgés ont installé sur le bord des falaises du djebel Nefussah.

    Le point de vue est saisissant et permet enfin de comprendre la configuration si particulière du front ouest.


    Leur poste d’observation est une ancienne maison de bergers dans laquelle six hommes vivent jour et nuit.

    Ils viennent de recevoir un télémètre neuf qui leur permet depuis d’observer plus finement et plus loin les milices de Khadafi stationnées dans le village de Ghezaya dans la plaine.

    La vue sur la plaine court sur plus de quatre-vingt kilomètres et permet de tout voir, de déceler le moindre mouvement de troupes ennemies dans un paysage semi-désertique. Les abris sont rares. L’absence de relief rend toute dissimulation impossible. Les milices de Khadafi sont là à une dizaine de kilomètres. Leurs campements et tous leurs déplacements sont même visibles à l’oeil nu.

    Les insurgés sont en contact permanent les uns avec les autres. Le conseil militaire de Nalut coordonne toutes les opérations dans la région entre la frontière et les alentours de Nalut. Des colonnes sont stationnées aux points les plus stratégiques. Notamment, comme on peut l’observer sur la photo suivante, sur les montagnes à gauche.

    Celles-ci séparent la plaine devant nous, de Wazan. Une piste mène de Ghezaya à Wazan et emprunte un corridor à travers ces montagnes. Une piste que les insurgés ont enseveli en dynamitant la montagne il y a une dizaine de jours. Ils ont finit le boulot au bulldozer afin d’en interdire définitivement l’accès aux milices. Le seul moyen pour elles de contourner cet obstacle et d’attaquer le poste-frontière est d’emprunter le territoire tunisien. Une chose devenue impossible avec le récent déploiement massif de troupes militaires tunisiennes.

    Les milices sont donc, pour le moment, bloquées sur cette plaine. Elles bombardent de rage les crêtes occupées par les insurgés pour leur rappeler aussi qu’ils n’ont pas les moyens de le faire. L’artillerie est un des gros points faibles des insurgés dans le Djebel. Ils n’ont pu récupérer jusqu’ici que quelque obsolètes mortiers russes de 81mm abandonnés par les troupes militaires libyennes il y a plusieurs semaines. Désormais les munitions sont épuisées.

    Ici comme à Misrata ou sur le front est en général, on ne peut compter que sur la débrouille pour s’équiper en « matériel lourd ». Et encore, on ne parle que de récupération chez l’ennemi ou dans le peu de stocks militaires qui ont pu être pillés. Nous en verrons d’ailleurs une bonne illustration, quelques heures plus tard, en admirant sur le pont arrière d’un pick-up une structure métallique supportant une tourelle de blindé russe BMP-1 équipé d’un canon de 73mm.

    Deux jeunes insurgés arrivent au poste un peu plus tard à pied pour prendre la relève. Kalash en bandoullière, le sac au dos avec dedans quelques vêtements de rechange et un peu de nourriture pour les prochains jours de garde au poste d’observation.

    On continue à observer l’ennemi. Les talkies-walkies crachent régulièrement des informations sur les déplacements adverses. On blague, on se vanne et tous rigolent à travers les ondes de leurs appareils. Et pourtant, quelques minutes auparavant, on nous montrait méthodiquement, presque céremonieusement tous les impacts de grads autour du poste, exhibant aussi à cette occasion les vestiges de ces missiles qui pour certains ne se sont écrasés qu’à une dizaine de mètres de leur poste.

    Ils nous font aussi le récit des atrocités commises par les milices à Ghezaya en bas devant nous sur la plaine. Un village essentiellement peuplé de familles berbères, amazigh. Des familles proches liées par le sang, par la terre à Nalut, à ces insurgés. Les femmes et les hommes ont été séparés lorsque les milices ont occupé le village. Les femmes violées et dont on ne sait ce qu’elles sont devenues, les hommes disparus et dont on se doute malheureusement de ce qu’ils ont pu devenir. Liquidés très probablement.

    C’est aussi certainement ce lien extrêmement ténu entre la vie et la mort, presque sans latitude, sans marge possible, qui donne à ces hommes tant de force. La mort rôde mais de leur rire jaillit une joie de vivre inextinguible, irréductible. Une force pure et rare.

    On entend soudainement un avion passer quelque part, très haut, mais aucun d’entre nous n’arrive à le réperer. NATO, clament les insurgés en riant encore. Pourquoi ? Parce que pour eux cela signifie un petit moment de vengeance. La peur change de camp avec caprice mais il semblerait que ces deniers temps, celle-ci ait élu domicile chez les miliciens. Le télémètre de fabrication suisse est redoutable. Son optique nous permet en effet de voir, comme s’ils n’étaient qu’à quelques dizaines de mètres, les miliciens de Khadafi fuir leurs véhicules pour s’engouffrer au plus vite dans les maisons de Ghezaya. Probablement morts de trouille. Sachant ce qu’ils ont fait là-bas, qui pourrait les plaindre ? Personne sans doute.

    On se quitte après l’obligatoire séance photo où tout le monde pose les mains faisant le V d’une victoire que l’on ne peut que souhaiter. On regarde encore une fois cette plaine immense qui mène jusqu’à la mer, jusqu’à Tripoli. La liberté est parfois au bout du fusil. La liberté se gagne aussi les armes à la main. De toutes les manières, les insurgés n’ont pas le choix, on ne choisit pas entre la liberté et la mort. S’ils veulent vivre, ils devront aller arracher cette liberté au delà de la plaine. Jusqu’à Tripoli. Un fusil à la main.


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