• Rapport n° 56 sur les violations israéliennes des droits humains


    Les Forces d’occupation israéliennes (FOI) continuent d’agresser systématiquement les civils palestiniens et leurs biens dans les Territoires palestiniens occupés (TPO).
     
     

    Durant la semaine du 28 janvier au 3 février :

     

     

     

    • un mineur a été blessé à Beit Ummar, au nord d’Hébron, en Cisjordanie ;
    • les FOI ont ouvert le feu depuis la terre, l’air et la mer sur les civils et sur des cibles civiles dans la bande de Gaza ;
    • les FOI ont mené 19 incursions dans les communautés palestiniennes de Cisjordanie :
      • elles ont arrêté 20 Palestiniens et un militant états-unien des droits humains ;
      • elles ont envahi des domiciles de militants non violents contre la construction du mur d’annexion ;
      • un Palestinien a été arrêté par les troupes d’occupation sur un check-point en Cisjordanie ;
    • la marine israélienne a continué ses attaques contre les pêcheurs palestiniens dans la bande de Gaza ;
    • les FOI ont maintenu un siège total sur les TPO et l’isolement de la bande de Gaza du monde extérieur ;
    • Israël a poursuivi ses activités de colonisation en Cisjordanie et les colons leurs agressions contre les Palestiniens et leurs biens :
      • les FOI ont bouclé 150 dunums (15 ha) de terres à Beit Ummar et empêché les Palestiniens d’y accéder ;
      • la première pierre d’un nouveau site colonial a été posée dans Hébron ;
      • un Palestinien a été obligé de démolir une pièce de sa maison dans la vieille ville de Jérusalem ;
      • des colons israéliens ont saisi un étage d’un immeuble appartenant à une famille palestinienne.

    (JPG)

    Village de Bourin, Naplouse : une Palestinienne regarde avec tristesse un olivier endommagé par les colons israéliens.


    Violations israéliennes recensées durant la période du 28 janvier au 3 février 2010

    1 - Incursions dans les zones palestiniennes et agressions contre les civils palestiniens et leurs propriétés en Cisjordanie et dans la bande de Gaza

    Jeudi 28 janvier

    Incursions dans la région d’Hébron : vers minuit, les FOI sont entrées dans le camp de réfugiés d’al-‘Aroub, au nord d’Hébron, elles ont fouillé un certain nombre de maisons et arrêté deux Palestiniens, dont un mineur : Jamal Abdul Fattah Nemer Jawabra, 17 ans, et Ashraf Yousef Mahmoud Jawabra, 35 ans.

    Vers minuit également, incursion dans le camp de réfugiés d’al-Fawar, au sud-ouest d’Hébron, même opération et arrestation de 2 frères : Khalil Ahmed Khalil al-Hmouz, 21 ans et Fadi Ahmed Khalil al-Hmouz, 19 ans.

    Région de Naplouse : vers 1h du matin, incursion dans Naplouse et dans le camp de réfugiés d’‘Ein Beit al-Maa’, à l’ouest de Naplouse. Deux arrestations : Nour Addin Tayzir Abdul Haq, 21 ans du quartier d’al-Makhfeya de Naplouse, et Mu’taz Saleh Khabbas, 18 ans, du camp d’‘Ein Beit al-Maa’.

    Région de Ramallah : vers 1h30, l’armée d’occupation a pénétré dans le village de Bil’in, à l’ouest de Ramallah. Elle a investi et fouillé la maison de Mohammed Abdul Karim al-Khatib, 35 ans ; elle a arrêté al-Khatib et saisi certains de ses documents. Al-Khatib est membre du Comité populaire contre le mur et les colonies à Bil’in. Le Dr Adib Abu Rahma, membre du Comité populaire, a déclaré que 35 militants engagés dans l’action populaire à Bil’in avaient été arrêtés au cours de ces six derniers mois.

    Région de Jénine : vers 1h30, incursion dans Al-Yamoun, à l’ouest de Jénine. Fouilles de maisons mais pas d’arrestations. Au même moment, incursion dans le village de Zabouba, à l’ouest de Jénine. Et vers 2h, dans le village d’al-‘Irqa.

    Région de Jéricho : vers 1h30, l’armée est entrée dans le village d’al-Zubeidat, au nord de Jéricho. Fouille de la maison d’Ahmed Ibrahim al-Zubeidat, l’armée arrête ses deux fils : Ibrahim Ahmed Ibrahim al-Zubeidat, 40 ans, et Eyad Ahmed Ibrahim al-Zubeidat, 33 ans.

    Bande de Gaza : 14h00, les FOI pénètrent à 250 mètres dans la localité frontalière de Khuza’a à l’est de Khan Younis. Elles se sont positionnées à l’Est de Khuza’a sur le secteur qui n’est plus habité de la « famille » Abu Rida. Leurs fermes et bâtiments ont été rasés et nivelés. Les FOI ont procédé à l’opération sous la protection de tirs permanents et sans objectifs précis. On ne compte aucune victime.

    Vendredi 29 janvier

    Hébron : incursion vers 19h30 dans le village de Beit Ummar à nouveau, où l’armée prend position dans la partie est du village. Elle investit et fouille quatre maisons qui se trouvent à environ 100 à 120 mètres du check-point militaire et du mirador qui s’élève près de l’entrée du village de Beit Ummar. L’armée prétendait rechercher un Palestinien qui aurait lancé un cocktail Molotov sur un site militaire.

    Selon l’enquête du PCHR, les FOI ont investi des maisons et obligé les habitants à sortir. Elle a gardé en détention les habitants et les a mis sous interrogatoire pendant deux heures successives. Les FOI se sont retirées vers 22h30, sans faire de victimes ni d’arrestations. Les maisons appartiennent à : Ahmed Younis Abu ‘Ayash, Mahmoud Younis Abu ‘Ayash, Abdul ‘Aziz Mahmoud Abu ‘Ayash, et Anwar Mahmoud Breighith.

    Samedi 30 janvier

    Hébron : vers 20h, incursion dans Beit Ummar, bouclage des entrées nord et est du village. L’armée a fait la chasse à des ados et des gamins dans le secteur de Bayad, partie nord-ouest du village. Les enfants et les jeunes ont lancé des pierres sur les soldats de l’occupation qui ont répondu par des bombes sonores et des lacrymogènes. Vers 20h30, Ahmed Mahmoud ‘Aziz ‘Awad, 17 ans, a été blessé par un éclat dans le dos, quand une bombe sonore a percuté un mur près de lui. ‘Awad a été transféré au centre médical du village.

    Dimanche 31 janvier

    Bande de Gaza : 09h10, depuis la frontière à l’est de Gaza ville, les FOI tirent plusieurs obus sur l’usine de retraitement des ordures ménagères de la municipalité située à Juhr Addiq, localité située entre Gaza ville et la frontière. Les employés ont dû se sauver et aucun n’a été blessé mais ce bombardement a interrompu le retraitement des ordures de tout le nord de la bande de gaza et de Gaza ville. Les ordures restent sur les trottoirs. Ce n’est pas la première fois que les FOI s’en prennent à cette usine.

    Lundi 1er février

    Hébron : vers 1h du matin, l’armée est entrée dans la ville d’Hébron, elle a fouillé certaines maisons et arrêté deux Palestiniens : ‘Azzam Ahmed al-Salyma, 45 ans, et Yousef Ramadan, 34 ans.

    Naplouse : incursion dans le village d’‘Orta, au sud-est de Naplouse. Fouilles de maisons et deux arrestations : Abdul Salam Mohmmed Yousef ‘Awwad, 39 ans, et Mohammed Abdul Karim Mohmmed Yousef ‘Awwad, 22 ans.

    Ramallah : dans le village de Bil’in vers 3h du matin, où l’armée patrouille dans les rues du village, lançant des grenades lacrymogènes et des grenades assourdissantes sur les maisons. Pas d’irruptions dans les maisons ni d’arrestations.

    Bande de Gaza : 13h50, du haut de leurs miradors à Beit Haznoun-Erez les FOI aperçoivent un groupe de civils en train de récupérer de la ferraille parmi les décombres de bâtiments détruits dans l’ancienne zone industrielle. Elles leur tirent dessus. Ils parviennent à s’échapper. Pas de victime. 16h00, depuis la frontière à la hauteur de Gaza ville, les FOI ouvrent le feu sur des maisons d’al Shejaeya. Les tirs ne sont manifestement pas ciblés. On ne déplore ni victimes ni dégâts.

    Mardi 2 février

    Jénine : vers 1h du matin, l’armée entre dans le village de Kafr Ra’i, au sud-ouest de Jénine, pénètre dans des maisons, les fouille, et arrête deux Palestiniens : Bassam Nabil Sa’id Dyab, 24 ans, et Mansour Hafez Najib Melhem, 23 ans.

    Vers 1h30, incursion dans Seilat al-Thuhur, au sud de Jénine, même opération, arrestation de Thamin Ahmed Abu Dayak, 27 ans. Celui-ci travaille à l’Institution islamique des Produits alimentaires congelés à Jénine.

    Bethléhem : camp de Deishé, au sud-ouest de Bethléhem, où l’armée a fouillé des maisons et arrêté un Palestinien : Hazem Faraj, 37 ans.

    Tulkarem : vers 9h, les FOI ont pénétré dans le village de Jabbara, au sud de Tulkarem. Elles ont érigé un barrage volant près de l’entrée du village et l’ont maintenu jusqu’à 17h. Elles ont empêché les civils d’entrer et de sortir du village. Elles les ont fouillés et ont contrôlé leur carte d’identité, retenant des dizaines de véhicules palestiniens. Les FOI ont frappé Tha’er Zeyad Mohammed Saleh, 21 ans, alors qu’il tentait de sortir du village.

    Bande de Gaza : 10h00, une vedette garde-côte ouvre le feu sur des bateaux de pêche à la hauteur de Deir Al Balah. Plusieurs canots pneumatiques sont mis à l’eau qui prennent en chasse les bateaux de pêche. Les bouées des filets sont visées. Plusieurs filets sont rendus inutilisables, d’autres sont confisqués. Ils appartiennent à Fawzi Musallam al-‘Aqra’a, ‘Awni Rashad al-‘Aqra’a, Suheil Fayeq al-‘Aqra’a, et Sameh Mohammed al-‘Aqra’a.

    23h45, l’aviation assure 6 frappes sur Rafah ville, au moins 5 missiles sur l’aéroport au sud-est de Rafah et au moins un missile sur un tunnel. Aucune victime. Toutefois la population habitant sur les lieux ciblés a été prise de panique. L’aéroport a été pratiquement entièrement détruit, passé au bulldozer et bombardé à plusieurs reprises au cours de l’Intifada Al Aqsa

    Mercredi 3 février

    Naplouse : vers 1h du matin, les FOI ont pénétré dans la ville, fouillant un certain nombre de maisons. Elles ont arrêté Sharhabil ‘Awwad, 22 ans, du quartier de Makhfeya, au sud-ouest de Naplouse.

    Ramallah : à nouveau le village de Bil’in, où l’armée s’en prend cette fois au domicile d’Ibrahim Abdul Fattah Burnat, 29 ans, lui aussi membre du Comité populaire contre le mur et les colonies de Bil’in. Dans le même temps, Hamdi Phathi Abu Rahma, photographe de l’Association des Amis de la liberté et de la justice, arrivait à la maison de Burnat pour couvrir les faits. En outre, un citoyen états-unien, appelé « Stormy », arrivait lui aussi sur les lieux et tentait d’empêcher les FOI d’arrêter Burnat. Les FOI ont arrêté Burnat, Abu Rahma et « Stormy ».

    Bande de Gaza : 07h00, les FOI pénètrent à 350 mètres de la frontière à l’est de Jabaliya. Elles nivèlent le terrain en se protégeant par des tirs sporadiques. Elles se retirent à 07h40 sans faire de victimes.


    2 - Bouclage maintenu des TPO

    Les FOI ont maintenu un siège serré sur les TPO et les restrictions sévères sur les déplacements des Palestiniens dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, dont Jérusalem-Est occupée.

    Bande de Gaza

    Israël poursuit depuis plus de deux ans et demi la fermeture de tous les postes frontière avec la bande de Gaza. Cette sanction illégale imposée qui a été maintenue fermement depuis Juin 2007 a un impact désastreux sur la situation économique et humanitaire.

    1 million 500 mille personnes sont privées de leurs droits fondamentaux - liberté de se déplacer et tous les droits attachés au travail, à la santé et à l’éducation. Leur préoccupation majeure est d’obtenir nourriture, médicaments, eau et électricité.

    Israël persiste depuis deux ans et demi à interdire l’entrée des matériaux de construction et, depuis le 10 décembre 2008, n’autorise que des quantités limitées de gaz domestique et de fioul industriel.

    Le poste frontière de Rafah International n’est ouvert que quelques jours pour laisser entrer des patients qui sont allés se faire soigner à l’étranger. Celui de Beit Hanoun - Erez reste fermé aux patients désireux de se faire soigner en Israël ou en Cisjordanie, aux commerçants et aux visiteurs. L’entrée de pièces détachées nécessaires à l’entretien du réseau de distribution de l’eau et celui des eaux usées est toujours interdite. Les pertes impliquées dans ce secteur s’élèvent à 6 millions de dollars.

    Des restrictions supplémentaires sont venues s’ajouter aux précédentes concernant les diplomates, les journalistes et les « humanitaires » qui veulent entrer dans la bande de Gaza. Les représentants de plusieurs organisations humanitaires internationales ont été refoulés.

    Le seuil de pauvreté et le chômage sont en forte augmentation.

    Les familles ayant un membre dans une prison israélienne sont interdites de visite depuis plus de deux ans et demi. Les FOI maintiennent leurs attaques contre les pêcheurs tout le long de la côte.

    Mouvements des personnes et des biens aux postes frontière

    Rafah International

    Date  : Détails
    27 janvier  : 6 Palestiniens sortent ;
    296 autres rentrent.
    28 janvier  : 23 Palestiniens sortent ;
    120 autres rentrent.
    29 janvier  : 3 Palestiniens rentrent.
    30 janvier  : fermé
    31 janvier  : fermé
    1er février  : 4 Palestiniens rentrent.
    2 février  : fermé

    Karm Abu Salem (Kerem Shalom)

    Date  : Détails
    27 janvier  : 100 containers d’aide alimentaire en provenance d’organisations humanitaires internationales
    et des denrées pour les commerçants, 85,5 tonnes de gaz domestique
    et 189 100 litres de fioul rentrent ;
    un container de fraises sort.
    28 janvier  : 124 containers, 105,93 tonnes de gaz et 410 010 litres de fioul rentrent ;
    un containeur de fraises sort.
    29 janvier  : fermé
    30 janvier  : fermé
    31 janvier  : 124 containers, 85,9 tonnes de gaz et 410 620 litres de fioul rentrent ;
    1 container de fraises et 1 containeur de fleurs sortent.
    1er février  : 109 containers rentrent ;
    1 containeur de fraises sort.
    2 février  : 117 containers, 42,35 tonnes de gaz et 261 425 litres de fioul rentrent ;
    un containeur de fleurs sort.

    Al-Mentar (Karni)

    Ouvert le 1er février pour l’entrée de 1 400 tonnes de céréales et 720 tonnes d’aliments pour bétail. Il est resté fermé tous les autres jours de la semaine.

    Beit Hanoun (Erez)

    Date  :
     :
    Patients  :
     :
    Accompagn.  :
     :
    Arabes
    d’Israël
     :
     :
    Ambassad.  :
     :
    Presse  :
     :
    Internat.  :
     :
    Gazaouis  :
     :
    Commerç.
    26 janvier  : 55  : 55  : 3  : 1  : 3  : 18  : 2  : 3
    27 janvier  : 29  : 29  : 6  : 0  : 0  : 14  : 0  : 4
    28 janvier  : 31  : 30  : 3  : 7  : 3  : 46  : 4  : 3
    29 janvier  : 3  : 2  : 6  : 0  : 0  : 14  : 0  : 0
    30 janvier  : 0  : 0  : 0  : 0  : 0  : 0  : 0  : 0
    31 janvier  : 28  : 28  : 24  : 4  : 0  : 16  : 0  : 0
    1er février  : 35  : 35  : 3  : 0  : 6  : 8  : 3  : 5
    2 février  : 51  : 49  : 8  : 2  : 2  : 32  : 2  : 2


    Cisjordanie

    La Cisjordanie tout entière connaît toujours les mêmes restrictions aux déplacements.

    L’occupant a installé en Cisjordanie 630 check-points permanents, avec présence ou nom de l’armée. De plus, 60 à 80 barrages « volants » sont posés chaque semaine sur les routes, souvent aux abords des villages pour empêcher d’entrer ou de sortir. Sur les routes et dans les rues des cités de Cisjordanie, comme à Jérusalem-Est les Palestiniens sont harcelés, fréquemment arrêtés, fouillés par les soldats des FOI.

    Au moins 65% des routes principales qui mènent au 18 communautés palestiniennes de Cisjordanie sont fermés aux Palestiniens ou totalement contrôlés par les forces d’occupation (47 routes sur 72).

    Il y a environ 500 km de routes en Cisjordanie où les Palestiniens ne peuvent pas, ou de façon restreinte, circuler. En outre, un tiers de la Cisjordanie, dont Jérusalem-Est annexée, est inaccessible aux Palestiniens sans un permis spécial délivré par les FOI, permis extrêmement difficile à obtenir.

    De surcroît, les Palestiniens sont continuellement arrêtés, fouillés sur les routes de Cisjordanie.

    Jérusalem : les FOI ont maintenu les mêmes restrictions sur la cité pour les Palestiniens. Des milliers d’entre eux, de Cisjordanie et de la bande de Gaza ne peuvent toujours y accéder, les barrages sont encore plus hermétiques les vendredis, jours de prière, pour empêcher les Palestiniens d’aller prier à la mosquée al-Aqsa, ceux d’entre eux qui cherchent à contourner les check-points se font violemment frappés par les policiers et les soldats de l’occupation.

    Naplouse : le jeudi 28 janvier, les troupes israéliennes ont pris position à l’entrée nord de Naplouse, au check-point « 17 », de même qu’au check-point d’El-Bathan, au nord-est, et monté un barrage autour du village de Talouza, au nord de Naplouse. Des témoins ont déclaré que les FOI avaient arrêté et fouillé les véhicules palestiniens. Dimanche, 31 janvier, l’armée sur le check-point de Za’tarah, au sud de Naplouse, a imposé des restrictions supplémentaires. Mardi 2 février, l’armée a monté un nouveau check-point à l’entrée sud d’‘Assira, au nord de Naplouse, pour bloquer et fouiller les véhicules palestiniens.

    Ramallah : sur les check-points de Jaba’ et de Qalandya, au sud-est de Ramallah, des restrictions plus sévères ont été imposées aux Palestiniens ainsi que des contrôles prolongés. Pendant la semaine écoulée, des barrages volants ont été montés pour arrêter les véhicules. Vendredi, 29 janvier, l’armée a fermé le check-point d’‘Atarah, à l’entrée nord de Birzeit, au nord de Ramallah. Des témoins disent que les FOI ont arrêté, fouillé les véhicules et obligé les gens à faire demi-tour. Au même moment, les troupes montaient un check-point au carrefour de la route de Naplouse/Ramallah, dans le secteur de Wad ‘Eyoun El-Haramiyah, au nord de Ramallah. L’armée y a obligé les gens à retourner au check-point de Jaba’, à l’entrée sud-ouest de Ramallah. Dimanche, 31 janvier, au check-point de Jaba’, les troupes ont imposé des restrictions supplémentaires. Ce check-point est à trois kilomètres de celui de Qalandya et sépare le sud de la Cisjordanie de ses parties centre et nord.

    Bethléhem : le dimanche 31 janvier, vers midi, les FOI stationnées au check-point Container, au nord-est de Bethléhem, ont fermé le passage. Les Palestiniens n’ont pas été autorisés à passer pendant trois heures. Ce check-point, sur la route de Wadi El-Nar, relie les villes du sud de la Cisjordanie aux autres villes cisjordaniennes, et il n’y a aucune autre route pour s’y rendre.

    Hébron : le lundi 1er février, les FOI ont posé des check-points provisoires sur les routes qui conduisent à des bandes de terre cultivées dans le nord et le nord-ouest de la ville d’Halhoul, pour empêcher les agriculteurs palestiniens d’arriver à leurs terrains. Mardi 2 février, les FOI ont fermé une route secondaire reliant Al-Dhaheriya et El-Sammou’ à la route principale qui conduit aux autres villes dans le sud d’Hébron. La route fut bloquée avec des tas de sable et des cubes de béton.

    Arrestations sur les check-points militaires

    Mardi 2 février, les troupes d’occupation sur le check-point à l’entrée de Zabouba, un village à l’ouest de Jénine, ont arrêté Mohammed Naseer Mahamid, 20 ans, de ce même village et l’ont emmené vers une destination inconnue.


    3 - Construction du mur d’annexion

    Si le mur illégal d’annexion se termine, il s’étendra sur 724 kilomètres autour de la Cisjordanie, isolant toujours plus toute une population. 350 km sont déjà construits, dont 99% environ à l’intérieur même du territoire palestinien, confisquant de plus en plus de terres palestiniennes.

    Les forces israéliennes d’occupation utilisent toujours la force face aux manifestations non violentes organisées par les Palestiniens, avec des internationaux et des militants israéliens, pour protester contre la construction du mur.

    Bourin, village au sud de Naplouse : le matin du jeudi 28 janvier, des groupes d’agriculteurs de Bourin, et d’autres civils venus des villages voisins, se sont dirigés vers des terres cultivées appartenant au village pour planter de jeunes oliviers. Les terrains sont situés le long de la route de contournement qui sépare le village de la colonie Yetsahar. Alors que les Palestiniens plantaient les oliviers, une jeep des FOI est arrivée sur les lieux. Quatre soldats en sont descendus et ont exigé que les Palestiniens quittent le secteur. Ceux-ci ont refusé de partir et les soldats ont alors demandé des renforts. Les soldats ont tenté de forcer les journalistes à s’en aller et de leur confisquer leurs caméras. Puis, les FOI se sont mises à lancer des grenades lacrymogènes et des bombes sonores sur les civils et à les pourchasser pendant environ 200 mètres.

    Rami Rouhi Darwish Sweidan, 34 ans, est caméraman pour Ma’an News Agency. Il a fait la déclaration suivante au membre du PCHR :

    « Vers 11h30 le jeudi 28 janvier, j’étais en reportage, couvrant la plantation d’oliviers à Bourin, au sud de Naplouse, à l’occasion de la Journée de l’Arbre. Le ministre de l’Agriculture, le sous-secrétaire, des personnalités sociales et des habitants du village participaient à l’évènement. L’initiative avait lieu dans le sud de Bourin, près de la route de contournement. Il y avait une jeep de l’armée dans la zone. Alors que les civils commençaient à planter les arbres, les soldats sont allés embêter les civils. Soudain, quatre soldats s’en sont pris aux quatre journalistes qui couvraient l’évènement, moi-même, Ashraf Abu Shawish qui est photographe de Pal Media Agency, Hassan al-Titi et Abdul Rahim al-Qousin, tous les deux photographes chez Reuters. Les soldats ont essayé de saisir nos caméras. Comme nous refusions de les leur remettre, ils ont lancé des grenades lacrymogènes et des assourdissantes sur nous et nous ont chassés du secteur avec les agriculteurs. Ils ont appelé une autre jeep de l’armée. Ils nous ont pourchassés au moins sur 200 mètres, continuant à balancer leurs grenades. Nous nous sommes dispersés hors du lieu de la plantation. »

    Bil’in, à l’ouest de Ramallah : le vendredi 29 janvier, comme chaque vendredi, après la prière, les Palestiniens avec des internationaux et des militants israéliens se sont rassemblés dans le centre du village puis dirigés vers le mur. Les FOI étaient cachées derrière des blocs de béton. Elles avaient bloqué la porte du mur avec des barbelés. Alors que les manifestants essayaient de passer le mur pour se rendre sur leurs terres situées de l’autre côté, les FOI se sont mises à tirer à balles réelles, à balles caoutchouc, à lancer des grenades lacrymogènes et des bombes sonores. Nombre de manifestants ont suffoqué en inhalant les gaz et certains souffrent de contusions suite aux coups portés par les soldats israéliens.

    Ni’lin : même jour, même manifestation palestinienne non violente, les Palestiniens se sont regroupés pour protester contre la construction du mur d’annexion. Ils se sont dirigés vers le mur, tentant d’arriver jusqu’à leurs terres qui sont derrière et qui font partie des terres de Ni’lin. Les FOI les ont empêchés de passer la porte montée dans le mur, et les manifestants se sont mis alors à lancer des pierres sur l’occupant. Lequel a répliqué avec des tirs à balles réelles, balles caoutchouc, des lacrymogènes et des bombes sonores, sur les manifestants. Des dizaines d’entre eux souffrent de l’inhalation des gaz et certains de contusions suite aux coups reçus.

    Il faut noter que les FOI avaient fermé les entrées ouest et est du village de Ni’lin dans la matinée, afin d’empêcher les militants de la solidarité, israéliens et internationaux, d’arriver jusqu’au village et de participer à la manifestation.

    Wad al-Raya, au nord-ouest de Ramallah, secteur entre les villages d’al-Nabi Saleh et Deir Netham : les Palestiniens se sont rassemblés et ont tenté d’aller sur les terres situées près de la colonie Halmish, pour mettre en terre des plants d’olivier. Les soldats israéliens qui étaient sur les lieux ont tiré des balles caoutchouc, lancé des grenades lacrymogènes et assourdissantes. Nombre de manifestants souffrent des inhalations.

    Buqa’a, à l’est d’Hébron : dans l’après-midi de dimanche, 31 janvier, 4 Palestiniens ont été attaqués par les FOI alors qu’ils essayaient de défendre leurs terres qui étaient attaquées par les colons israéliens. Rashid Rabi’ Jaber, 16 ans, a été arrêté, puis relâché un peu plus tard, sur caution.

    D’après les investigations menées par le PCHR et les déclarations des témoins, notamment d’‘Ata Abdul Jawad Jaber, il était environ 7h ce dimanche, 31 janvier, quand 5 cars transportant des colons israéliens, la plupart des jeunes, sont arrivés dans le secteur de Buqa’a, à l’est d’Hébron. Les forces dites de « sécurité des colonies », la police des FOI et des véhicules de la municipalité de la colonie de Kiryat Arba’a accompagnaient les colons. Les FOI se sont immédiatement déployées sur la zone et les colons, sous protection militaire, sont entrés sur les terres cultivées situées à proximité des maisons palestiniennes, le long de la route coloniale n° 60. Ils se sont placés à travers tout le secteur, sur plus de 200 dunums. Les colons ont alors planté des pins. Les officiers des FOI qui accompagnaient les colons ont prétendu qu’ils s’agissaient de terres qui étaient la « propriété de l’Etat ». Une quarantaine de Palestiniens se sont alors regroupés pour empêcher les colons israéliens de planter leurs arbres sur leurs terres et se sont mis à manifester de façon non violente contre les évènements. Les soldats ont immédiatement utilisé la force et les menaces pour faire partir les Palestiniens. Ils ont fourni toute la protection et les facilités nécessaires aux colons pour que ceux-ci puissent continuer leur activité. Les FOI ont arrêté Rashid Rabi’ Jaber, 16 ans, et l’ont emmené à la colonie Kiryat Arba’a, au sud-est d’Hébron. Jaber a été relâché le même jour, après que la famille ait payé une caution de 1 200 NIS (environ 230 €). Les FOI ont accusé Jaber de perturber leur travail dans le secteur.

    Les FOI ont bouclé le secteur où se trouvaient présents les Palestiniens et les ont pris en chasse pendant plusieurs heures. Elles ont essayé de les faire partir et de les empêcher de perturber l’activité des colons. Les FOI ont attaqué les civils, en poussant certains violemment ou les jetant au sol. Quatre Palestiniens, dont trois femmes, souffrent de contusions. L’une des femmes blessées a été transférée à l’hôpital du gouvernorat d’Hébron pour des soins, alors que les autres étaient soignées sur place. Les personnes blessées sont : Bakza Ahmed al-Salayma, 65 ans, ‘Azzam Ahmed al-Salayma, 45 ans, Najah Fadel Jaber, 50 ans, et Rudaina Bader Jaber, 40 ans.

    ‘Ata Abdul Jawad Jaber a déclaré qu’il y a une semaine, des colons israéliens avaient essayé de s’emparer de certaines terres et de les entourer d’une clôture. Il a expliqué que les FOI étaient intervenues afin de protéger les colons, et qu’elles avaient déclaré lesdites zones « zones militaires fermées » pour empêcher les propriétaires palestiniens de s’y rendre. Les terres visées appartiennent à des Palestiniens qui en possèdent les titres de propriété. Les propriétaires sont : Zeyad Hamouda Jaber et ses frères, Salah Saleh Jaber, Ali Saleh Jaber, Shu’eib Saleh Jaber, Belal Saleh Jaber, héritiers d’Ahmed Asad Jaber, Amjad Ayoub Talhami, ‘Azmi al-Salayma et ses frères, Badran Jaber, héritiers de Bader Jaber, héritiers d’Husein al-Za’tari, Kayed Fadel Jaber, Ibrahim Fadel Jaber et ‘Ata Abdul Jawad Jaber.


    4 - Mesures visant à créer une majorité démographique juive à Jérusalem

    Les FOI ont récemment intensifié leurs mesures arbitraires contre les Palestiniens de Jérusalem-Est afin de les obliger à quitter la ville. Le PCHR consacre cette section dans son rapport hebdomadaire aux violations graves des droits humains perpétrées par les FOI contre les Palestiniens à Jérusalem-Est.

    -  Les FOI ont obligé Farouq Bassam al-Mamlouq à démolir une pièce de sa maison dans le secteur d’‘Aqabet Riman, quartier al-Sa’deyeh, dans la vieille ville de Jérusalem-Est. Les FOI ont prétendu que la pièce avait été construite sans l’autorisation de la municipalité de Jérusalem. Al-Mamlouq vit avec sa famille dans une vieille maison. En 2004, il a construit cette pièce qui mesurait environ 10 m2. Plus tard, la municipalité de Jérusalem lui a imposé une amende de 6 000 NIS (un peu moins de 1 200 €).

    -  Durant la semaine écoulée, la municipalité de Jérusalem a remis un avis à Abdul Rahman Yousef Abu Farha, 40 ans, lui notifiant l’intention des FOI de démolir sa maison dans le quartier d’al-Sa’deyeh, dans la vieille ville, sous le prétexte de l’absence de permis de construire israélien. La famille Abu Farha est composée de sept membres, dont cinq enfants. Ils vivent dans une maison de 45 m2. En 1997, la municipalité de Jérusalem a contraint Abu Farha à faire des réparations sur sa maison, ou de payer une amende de plus de 1 800 NIS, en plus de 130 NIS pour chaque jour de retard dans la réalisation des réparations. Abu Farha avait fait les réparations malgré ses difficultés économiques.

    -  Le 29 janvier dernier, un groupe de colons israéliens a envahi la maison de Fatma Abdul Dawod al-Dawodi, 80 ans, dans ‘Aqabet al-Saraya, à Jérusalem-Est occupée. Les colons ont forcé la serrure de la porte du second étage et sont entrés.

    Leur opération fait suite à une décision prise par le tribunal de police israélien de Jérusalem qui autorise les colons à entrer au second étage de la maison. La décision précise que Fatma al-Dawodi sera emprisonné et paiera une amende de 20 000 NIS en cas de non-respect de la décision. Les colons israéliens avaient déjà forcé la porte de la maison familiale d’al-Dawodi en septembre 2009.


    5 - Activités de colonisation et agressions par les colons israéliens des civils palestiniens et de leurs biens

    Les activités de colonisation se poursuivent dans les TPO en violation du droit humanitaire international, et les colons continuent d’attaquer les Palestiniens.

    -  Le jeudi 28 janvier, dans l’après-midi, les FOI ont remis des avis à un certain nombre de Palestiniens de Beit Ummar, au nord d’Hébron, déclarant qu’il leur était interdit de se rendre sur environ 150 dunums (15 ha) de leurs terres, prétendant en être les propriétaires.

    D’après l’enquête du PCHR et les déclarations de Mohammed ‘Ayad ‘Awad, coordinateur du projet de solidarité à Beit Ummar, les avis militaires, publiés le 28 janvier 2010, étaient signés par le « commandant de la région Centre des Forces de défense israéliennes ». Les avis militaires exigent que les propriétaires des terres visées ne doivent pas y être présents ; ces terres sont situées dans la zone de Shamaleya, au nord du village. Les terres représentent environ 150 dunums. Les avis étaient attachés à des cartes qui situaient les terrains ; ceux-ci appartiennent à Mohammed Ahmed Ibrahim Thalji ‘Adi, Mahmoud Ahmed Ibrahim Thalji ‘Adi, Ali Ahmed Ibrahim Thalji ‘Adi, Ibrahim Ahmed Ibrahim Thalji ‘Adi et Fathi Ahmed Abdul Hamid Jaber Salibi.

    Il faut indiquer que la délivrance de ces avis est une mesure d’un nouveau genre prise par les FOI à Beit Ummar. C’est la première fois qu’une telle mesure est appliquée. Les FOI écartaient en permanence les Palestiniens de leurs terres, dans la ligne des agressions continuelles réalisées par les colons israéliens. Les terres ciblées sont des terres cultivées qui ont été soumises aux attaques des colons de la colonie Bat ‘Ein, au nord de Beit Ummar, l’été dernier. Le PCHR est préoccupé parce que cette mesure pourrait annoncer d’autres mesures militaires du même ordre ciblant des centaines de dunums près de la zone de Wadi Abu al-Rish.

    -  Samedi matin, 30 janvier, des dizaines de fermiers palestiniens, avec des internationaux et des Israéliens défenseurs des droits humains, se sont dirigés vers les terres agricoles situées dans le nord de Beit Ummar, pour y planter des oliviers et tailler les arbres. Vers 9h30, les FOI sont arrivées sur les lieux et ont empêché les Palestiniens et les militants d’arriver sur place sous le prétexte que la zone était « propriété de l’Etat » et que les Palestiniens n’avaient pas le droit de s’y rendre en vertu d’un ordre militaire publié ce jeudi, 28 janvier.

    -  Samedi après-midi, 30 janvier, les FOI ont fait la chasse à des bergers palestiniens qui étaient accompagnés de militants du mouvement Ta’ayush, dans les secteurs d’Um Zaytouna et d’al-Mafqara, à al-Musafer, à l’est de Yatta, dans la région sud d’Hébron. Les FOI ont fait partir les bergers de ces deux zones qui sont fermées au profit des colonies Maoun et Karmael, pour permettre aux colons israéliens de contrôler des centaines de dunums, dont ces terres agricoles avec leurs récoltes d’hiver.

    -  Dimanche matin, 31 janvier, des membres du gouvernement israélien ont posé la première pierre d’un nouveau complexe colonial à proximité de la colonie Beit Hajai, au sud d’Hébron. Cette pierre a été posée par Beini Beighen, ministre sans portefeuille, et il fut annoncé que cette structure comprendrait dix nouveaux logements. Beighen a prétendu que la nouvelle colonie avait reçu son approbation il y a trois mois, quand « trois mille maisons ont été autorisées en Judée et Samarie » avant la décision du gouvernement de suspendre temporairement les activités de colonisation en Cisjordanie, suspension qui ne concerne pas Jérusalem-Est.


    (JPG) Document public

    Pour plus d’informations, notamment les noms des victimes, merci de consulter le site (http://www.pchrgaza.org) ou de contacter le PCHR à son bureau de Gaza, par mel (pchr@pchrgaza.org) ou par téléphone (+972 (0)8 2824776 - 2825893).


     
     

    Rapport hebdomadaire pour la période du 28 janvier au 3 février 2010 : PCHR
    traduction pour ce qui concerne Gaza : Jacques Salles, et la Cisjordanie, JPP.

     

     


    votre commentaire
  • DES ENNEMIS MENACENT LA STABILITÉ DE L'AMÉRIQUE LATINE

    QUI SONT-ILS ?


    Le président Evo Morales dénonce, un rapport unilatéral des États-Unis, rédigé par la CIA et le FBI, qui considère le regroupement des pays tels la Bolivie, l’Équateur, le Nicaragua, Cuba et le Venezuela comme une menace pour la stabilité de l’Amérique Latine. Qu’ont-ils donc en commun ces pays et en quoi peuvent-ils être une menace pour les États-Unis?

    CE QU’ILS SONT

    Tous ces pays affirment leur indépendance comme peuples et nations et exigent, dans leurs relations avec les autres États, le respect mutuel. Ils sont d’autant plus jaloux de cette indépendance qu’ils ont été, tout au long de leur histoire, des arrières cours d’oligarchies et de puissances qui en disposaient comme bon leur semblait. Ce n’est pas pour rien qu’ils remettent à l’avant scène les grands noms de ceux qui ont conquis leur première indépendance et qui ont mené la lutte pour cette seconde indépendance.

    Tous ces pays placent au premier rang de leurs priorités la justice sociale qui doit répondre aux besoins essentiels et fondamentaux des peuples dont ils sont les représentants. Ils investissent dans la santé, l’éducation, l’alimentation et le logement. Tous ces secteurs avaient été ignorés pour une grande majorité de la population. Ces interventions ont pour effet de favoriser une plus grande participation de cette dernière à la vie sociale, politique et économique du pays.

    Tous ces pays se font un devoir de reprendre le contrôle de leurs richesses naturelles pour les mettre au profit de leur développement économique, politique, sociale et culturel. Ils le font en révisant l’ensemble des ententes qui donnaient « carte blanche » à des multinationales et autres entreprises pour disposer à volonté de ces richesses à des coûts dérisoires sous les yeux d’une population analphabète, sans attention médicale, sous-alimentée et vivant dans des bidonvilles. Les images qui nous parviennent d’Haïti, au-delà de celles du séisme, nous montrent ce que pouvait être, il n’y a pas encore si longtemps, la situation de la grande majorité des populations de ces pays. La tâche est loin d’être terminée, mais c’est à celle-ci que travaillent ces gouvernements « qui menacent la stabilité de l’Amérique Latine. »

    Tous ces pays s’ouvrent de plus en plus au monde, cherchant à diversifier leurs relations politiques, économiques, sociales et culturelles. Ils ne veulent plus être soumis au chantage d’une seule source d’approvisionnement et d’influence pour l’ensemble des secteurs. En somme, ils ne font que suivre la politique que la grande majorité des pays de la planète développe de plus en plus : diversifier leurs relations à tous les niveaux. Rien de plus normal.

    Tous ces pays favorisent les voies pacifiques, non violentes et démocratiques pour réaliser les changements. Quatre de ces cinq pays ont des gouvernements élus démocratiquement selon les règles des démocraties occidentales. Cuba dispose d’un système électoral distinct de celui des autres pays, mais qui lui assure, tout autant que les autres, un système de droit. Les Présidents ont tous un appui très fort de la part de leur population respective

    LES CRAINTES ÉTASUNIENNES

    N’est-il pas curieux que le pays dont l’héroïque histoire d’indépendance inspirant autant de respect et d’admiration du monde trouve à redire sur des orientations qui valorisent, pour l’essentiel, les grandes valeurs qu’il a fait siennes tout au long de sa propre histoire? Comment l’affirmation de l’indépendance, la recherche d’une plus grande justice sociale, le contrôle de ses richesses naturelles, l’ouverture au monde et l’approche pacifique des changements peuvent-ils devenir une menace pour tout un Continent?

    La seule réponse plausible est que ce qui fut bon pour eux, ne peut pas l’être pour les autres. Une indépendance qui ne leur soit pas soumise est à oublier. Une justice sociale qui menace les privilèges des oligarchies devient une atteinte à la liberté. Une reprise en main de leurs richesses naturelles devient une usurpation de pouvoir. L’ouverture au monde et la diversification des relations avec d’autres pays deviennent suspectes et anti-étasuniennes, la démocratie et la non-violence au service du développement sont autoritarisme, dictature et populisme.

    À y regarder de près, ce n’est pas tellement la stabilité de l’Amérique Latine qui est en cause, sinon la stabilité de leur main mise sur l’Amérique Latine. L’arrière cour leur échappe, non pas au profit d’une autre puissance, mais au profit des peuples qui forment ce Continent. De cela, ils ne veulent rien savoir et il leur importe peu de s’allier avec les plus grands « requins » qui se remplissent les poches avec l’argent des contribuables, qui vendent leur âme pour un pot de vin. Avec un budget de plus de 72 milliards $ pour la seule CIA, ils peuvent acheter, corrompre, manipuler, tuer. Ils sauront faire parler des cardinaux, à l’occasion même le Pape, pour donner de la crédibilité à leurs bonnes intentions. Ils sauront aussi payer des paramilitaires pour poser des gestes terroristes de nature à déstabiliser ces gouvernements. Les bases militaires et la quatrième flotte leur permettra de veiller au grain.

    DE QUI SOMMES-NOUS SOLIDAIRES ?

    Je pense que toute personne de bonne foi, soucieuse de faire réalité les valeurs qu’elle porte, se doit de prendre position devant cette situation qui va à l’encontre des droits fondamentaux des peuples et des personnes. Nous ne pouvons pleurer sur la misère du monde tout en appuyant les puissances qui résistent avec force à ceux et celles qui prennent les moyens pacifiques et démocratiques pour s’en sortir. En 1970, Richard Nixon, expliquait pourquoi il ne fallait pas qu’Allende réussisse. « La principale préoccupation avec le Chili c’est qu’Allende consolide son gouvernement et projette ainsi au monde l’image de son succès (NDA : qu’il est possible par la démocratie de changer les choses). Si nous permettons que d’autres leaders pensent qu’ils peuvent faire de même, alors là, nous aurons de sérieux problèmes. » Nous connaissons la suite : COUP D’ÉTAT MILITAIRE, LE 11 SEPTEMBRE 1973. Évidemment pour sauver la démocratie et la liberté. Coup d’État au Honduras, le 28 juin 2009, également pour sauver la démocratie. L’occupation et la prise de contrôle d’Haïti avec plus de 10 000 soldats suite au séisme de janvier ne semblent pas faire problème. C'est une action exclusivement humanitaire.



    Oscar Fortin
    Québec, le 6 février 2010  Ici 


    votre commentaire
  • Le Dalaï Lama et Obama

    La rencontre entre deux Prix Nobel du mensonge

     

     

    La nouvelle est à présent officielle. Sous peu le Dalaï Lama sera reçu par Obama à la Maison Blanche. La rencontre entre ces deux âmes jumelles était inévitable : à vingt ans d’écart  l’un de l’autre (1989 et 2009), tous les deux ont reçu le Prix Nobel pour  la paix, et tous les deux ont reçu cette distinction ad maiorem Dei gloriam, ou, pour plus d’exactitude,  pour la plus grande gloire de la « nation élue » par Dieu.

     

    1989 était l’année où les Usa obtenaient le triomphe dans la guerre froide et s’apprêtaient à démanteler l’Union soviétique, la Yougoslavie et aussi –comme ils l’espéraient- la Chine. Dans ces conditions, celui qui allait être couronné champion de la paix ne pouvait être que le moine intrigant qui depuis trente ans déjà, encouragé et financé par la Cia, se battait pour détacher de la Chine un quart de son territoire (le Grand Tibet).

     

     

    En 2009, la situation  avait radicalement changé : les dirigeants de Pékin étaient arrivés à éviter la tragédie qu’on voulait infliger à leur pays ;  au lieu d’être renvoyés aux décennies terribles de la Chine, opprimée, humiliée et souvent condamnée en masse à la mort par inanition, à la « Chine crucifiée » dont parle les historiens, un cinquième de la population mondiale avait connu un développement  prodigieux, tandis que s’avéraient clairement le déclin et le discrédit qui frappaient la superpuissance solitaire qui en 1989 avait cru avoir le monde dans ses mains. Dans les conditions qui avaient émergé en 2009, le Prix Nobel pour la paix couronnait celui qui, grâce à son habileté oratoire et sa capacité de se présenter comme un homme nouveau et venant d’en bas, était appelé à redonner quelque lustre  à l’impérialisme étasunien.

     

    En réalité, la signification authentique de la présidence Obama est à présent sous les yeux de tous. Il n’est de zone au monde dans laquelle  ne se soient pas accentués le militarisme et la politique de guerre des Usa. Dans le Golfe Persique a été envoyée une flotte, équipée pour neutraliser la riposte possible de l’Iran aux bombardements  sauvages qu’Israël prépare fébrilement grâce aussi aux armes fournies par Washington. En Amérique Latine, après avoir encouragé ou promu le coup d’état au Honduras, Obama installe sept bases militaires en Colombie, relance la présence de la IVème flotte, profite de l’urgence humanitaire en Haïti (dont la gravité est aussi la conséquence de la domination néocoloniale que les Usa y exercent depuis deux siècles) pour occuper massivement le pays : avec un déploiement de forces qui est aussi un lourd avertissement  aux pays latino-américains.

     

    En Afrique, sous prétexte de combattre le « terrorisme », les Usa renforcent leur dispositif militaire par tous les moyens : sa tâche réelle est de rendre le plus difficile possible l’approvisionnement  en énergie et matières premières dont la Chine a besoin, de façon à pouvoir l’étrangler au moment opportun.  En Europe même, Obama n’a pas du tout renoncé à l’expansion de l’OTAN à l’Est, et à l’affaiblissement de la Russie ; les concessions sont formelles et ne visent qu’à isoler le plus possible la Chine, le pays qui risque de mettre en question l’hégémonie planétaire de Washington.

     

    Oui, c’est en Asie que le caractère agressif de la nouvelle présidence états-unienne émerge dans toute sa clarté. Il ne s’agit pas  seulement du fait que la guerre en Afghanistan a été étendue au Pakistan, avec un recours aux avions sans pilotes (et sa suite de « dommages collatéraux) nettement plus massif qu’à l’époque de l’administration Bush junior.

     

    C’est surtout ce qui arrive à Taïwan qui est significatif.  La situation allait s’améliorant nettement : entre la Chine continentale et l’île, les contacts et les échanges ont repris et se développent ; les rapports entre le Parti Communiste Chinois et le Kuomindang ont été rétablis. Avec la nouvelle vente d’armes, Obama veut atteindre un objectif bien précis : si vraiment on ne peut pas démanteler le grand pays asiatique, du moins faut-il en empêcher la réunification pacifique.

     

    Et c’est en ce point là qu’annonce son arrivée à Washington une vieille connaissance de la politique du containment et du démantèlement de la Chine. Voici qu’au moment opportun entre de nouveau en scène Sa Sainteté qui, avant même de mettre les pieds aux Usa, bénit à distance le marchand de cannons qui siège à la Maison Blanche. Mais le Dalaï Lama n’est-il pas universellement connu comme le champion de la non-violence ? Je me permets, à propos de cette manipulation raffinée, de renvoyer à un chapitre de mon livre (La non-violence. Une histoire hors du mythe), que l’éditeur Laterza (Bari-Rome, NdT) sortira en librairie le 4 mars prochain[1].

     

    Pour le moment je me borne à anticiper un seul point. Des ouvrages ayant pour auteur ou co-auteur des ex-fonctionnaires de la Cia révèlent une vérité qui ne doit jamais être perdue de vue : la non-violence est un « écran » (screen) inventé  par le département des services secrets étasuniens majoritairement engagé dans la « guerre psychologique ».  Grâce à cet « écran », Sa Sainteté était plongé dans une aura sacrée, alors que depuis longtemps, après sa fuite hors de Chine en 1959, il a promu au Tibet une révolte armée, alimentée par les ressources financières massives, par la puissante machine organisatrice et multi médiatique et par l’immense arsenal états-uniens ; révolte qui a cependant échoué à cause du manque  d’appui de la part de la population tibétaine. 

     

    Il s’agissait d’une révolte armée –écrivent encore les ex-fonctionnaires de la Cia- qui a permis  aux Usa d’accumuler de précieuses expériences pour les guerres en Indochine, c’est-à-dire pour des guerres coloniales –c’est moi qui ajoute, cette fois- qui sont à ranger parmi les plus barbares du XXème siècle.

    Maintenant, le Dalaï Lama et Obama se rencontrent. C’était dans la logique des choses.  Cette rencontre entre les deux Prix Nobel du mensonge sera plutôt affectueuse comme seule peut l’être une rencontre entre deux personnalités liées entre elles par des affinités électives. Mais elle ne promet rien de bon pour la cause de la paix.

     

    Domenico Losurdo

     

    Domenico Losurdo enseigne l’histoire de la philosophie à l’Université d’Urbino. Il dirige la Internationale Gesellschaft Hegel-Marx für dialektisches Denken, et, récemment, l’Associazione Marx XXIesimo secolo. « Rievoluzione » (voir : http://www.pdcitv.it/video/2644/Associazione-Marx-XXI--Domenico-Losurdo ).

    Parmi ses nombreux ouvrages, sont (entre autres) disponibles en français :

    Fuir l’histoire ? La révolution russe et la révolution chinoise aujourd’hui. (Le temps des Cerises-Delga, 2007),

    Démocratie ou bonapartisme, triomphe et décadence du suffrage universel. (Le temps des Cerises

    Le péché originel du 20ème siècle. (Aden, 2007)

    Le révisionisme en histoire. Problèmes et mythes.  (Albin Michel, 2005)

    Gramsci. Du libéralisme  au « communisme critique » (Syllepse, 2006)

    Nietzsche, philosophe réactionnaire. Pour une biographie politique (Delga, 2008).

     

    Contre-histoire du libéralisme,

    Le Langage de l’Empire. Lexique de l’idéologie états-unienne (Laterza editori), sont en cours de traduction.

    Staline. Histoire et critique d’une légende noire, paraîtra au printemps 2010 chez Aden.

     

    Article original sur le blog de l’auteur :www.domenicolosurdo. it

    Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio


    1 commentaire
  • LE MINARET EST TOMBE, ON A PENDU LE COIFFEUR

     

    Ah ! S'ils pouvaient être invisibles, sans odeurs, sans couleurs, silencieux et si possible transparents ! Leur religion, ils la pratiqueraient chez eux, sans faire de bruit, et surtout repliés sur eux-mêmes. La foi étant intérieure, ils n'auraient besoin ni de mosquée et encore moins de minarets. Ce serait l'idéal. Des immigrés parfaits. Rien ne serait dérangé dans le paysage.

    Ils travailleraient de nuit de préférence pour ne pas déranger les braves citoyens qui dorment. Leurs femmes ne feraient pas d'enfants, parce qu'avant d'arriver là, elles se seraient fait ligaturer les trompes. Ce serait une présence si légère, si discrète que personne ne remarquerait rien et n'aurait surtout rien à leur reprocher. Ni voile, ni burqa, ni exaspération, ni racisme. Mais alors que ferait le Front national ? Privé de ce thème riche en peurs et en inquiétudes, il serait capable de protester contre cette absence de visibilité. Il réclamerait que leur présence soit grotesque, dérangeante, brutale et insupportable.

    Avant, au début des années 1970, les immigrés n'existaient pas. Ils étaient là, travaillaient durement, mais on ne les voyait pas et on ne parlait jamais d'eux. Ils vivaient dans des cités de transit, loin des villes, loin des grands boulevards. Mais les Arabes sont incorrigibles ! Voilà qu'en 1973, ils sortent l'arme du pétrole. On a appelé cela "le choc pétrolier". Une descente dans les quartiers pourris de Marseille une nuit s'était soldée par une dizaine de morts, tous immigrés, tous maghrébins.

    Tout d'un coup, les immigrés sont apparus dans les médias. Certains journaux évoquaient leurs conditions de vie, d'autres réclamaient leur renvoi pour répondre au président algérien Houari Boumediene. Je me souviens d'un éditorial de Jean Dutourd en première page de France Soir où il incitait les pouvoirs publics à des représailles. On aurait dû l'écouter et les renvoyer tous ; la France se serait développée toute seule, sans l'aide d'une main-d'oeuvre venue des anciennes colonies.

    Depuis, ils ne cessent d'exister à leur corps défendant. Ils sont là, pas plus nombreux qu'il y a quarante ans, mais avec des enfants, lesquels sont de fait des Français d'un autre type, non reconnus, non considérés. Alors, face à ce refus, face à la discrimination, le repli. Même ceux qui ne faisaient pas grand cas de leur religion se sont mis à la revendiquer et à en faire une culture, une morale et une identité. Le reste allait vite prendre des proportions inquiétantes. Le fanatisme allait s'engouffrer dans cette brèche. Le dialogue entre l'immigration et la France est devenu un choc des ignorances. Les amalgames, le racisme ordinaire planqué dans l'inconscient collectif, le malheur et le malaise se sont installés dans le pays, et ce depuis longtemps.

    L'homme et le chagrin

    La vérité a des racines dans la souffrance d'une guerre et d'une mémoire encore meurtrie. Comme dit Herman Melville, "quand elle est exprimée sans compromis, la vérité a toujours des bords déchiquetés". C'est ce que devrait faire la France qui refoule l'assainissement de son histoire récente et continue de repousser cette vérité qu'il faudra bien un jour aborder. L'Algérie sombre dans la déchirure et le mal-être. La France ne sait pas lui parler et croit rendre service au peuple algérien en étant complice de ses dirigeants impopulaires et incompétents.

    Mais le problème est peut-être dans ce grand malaise où, entre l'homme et le chagrin, les deux Etats choisissent le chagrin. Des millions d'hommes et de femmes sont immigrés dans ce pays et n'arrivent pas à annuler leur corps, leur apparence physique ni leurs désirs pour supporter de vivre dans une société qui ne les accepte pas tout à fait. Leurs enfants, dont certains (40 %, paraît-il) condamnés au chômage et aux dérives de la délinquance font du tapage, perturbent l'ordre, crient leur désespoir.

    Alors mosquées, minarets, voile, burqa et bien d'autres signes extérieurs de présence deviennent très secondaires et ne parlent pas pour les laissés-pour-compte. L'immigration rêvée ne tient pas ses promesses. Elle envahit la scène et voilà que la France se demande ce qu'elle a fait pour mériter

    Tahar Ben Jelloun
     
     
    Identité nationale : Lettre ouverte d’un écrivain franco-marocain au Président Sarkozy
     

    Monsieur le Président, Je ne supporte plus ces dérapages volontaires, ces phrases imbéciles qui explosent comme des bombes mortelles des bouches haineuses de vos ministres et de votre entourage.

    Je ne suis pas de votre bord politique, mais j’ai toujours su garder le respect nécessaire à votre fonction. Maintenant, à vrai dire, je commence moi aussi à éprouver la même haine à votre égard et l’égard des vôtres... Et pour que les choses soient dites sans détour et avec la même désinvolture que vos émissaires en terre FN, votre idée de la France, je n’en veux pas. Mieux : votre France, je n’en suis pas, je vous la laisse ; gardez-la pour vous et pour les vôtres, faites-en une réserve pour une seule « espèce » de citoyens à l’exclusion de toutes les « racailles » envahissantes que nous sommes nous autres.

    Pourtant il m’a fallu du temps pour me sentir membre à part entière de cette belle aventure qu’on nomme France. Déjà par un apprentissage précoce de la langue de Molière depuis ma tendre enfance au fin fond de la campagne marocaine. Ensuite par quarante longues années de vie parmi ce paradoxal peuple de France : aussi généreux qu’inquiétant. Mais aujourd’hui j’en arrive à comprendre les jeunes que vous nommez « racailles » quand ces jeunes sifflaient la Marseillaise. Pourtant à l’époque cela m’avait offusqué. Oui, je n’en peux plus de courir après « votre » France, que vos diatribes estampent de devant moi tel un mirage qui s’éloigne indéfiniment. J’en ai assez de me rapprocher de gens qui sans cesse jettent le doute sur ma « fidélité française » à cause de mes origines et de mes supposées croyances. J’en ai assez de subir l’invective à chaque fois qu’un gouvernement et un président sont en mal de popularité.

    Avec l’âge, je ne crois plus guère que le temps règlera les choses sans heurts voire même sans violence, vu que le temps qui passe ne fait qu’aggraver la situation. Alors, autant jouer franc jeu, si j’ose employer ce terme : à partir d’aujourd’hui, je cesse de défendre mon identité française. Peut-être vos ministres xénophobes s’en donneront-ils à cœur-joie et se laisseront aller à plus d’accusations racistes. Peut-être des mouvements extrémistes (des deux bords) vont-ils exploiter cette situation. En vérité, cela m’importe peu dorénavant. Et je vais de ce pas militer pour que nous soyons nombreux à s’octroyer une certaine « objection de conscience identitaire ».

    Monsieur le Président, c’en est trop que vos discours et ceux des dirigeants politiques en général distillent impunément et à longueur de médias cette idée venimeuse qu’un fossé infranchissable sépare les bons Français de nous autres les métèques, les « musulmans », les « quand il y en a un ça va... », les « non white », les « gris par mariage », « les qui sifflent la marseillaise », enfin toutes ces hordes et les rejetons de ces hordes qui ont fui les guerres, les dictatures et « toute la misère du monde ». Bref, les impurs voire même les impies d’une France et d’une Europe si radicalement chrétiennes qu’elles ne sauraient accueillir en son sein ces turcs musulmans...

    Si ce n’était que politique politicienne, on pourrait se terrer le temps d’une campagne électorale. Mais vos discours renforcent au sein de la population les comportements les plus discriminatoires, une discrimination qui met déjà au banc de la société des pans entiers de la jeunesse « non native », même quand cette jeunesse est diplômée des fleurons de nos universités. Pour nommer les choses telles qu’elles sont, vos méthodes ressemblent à s’y méprendre à quelque stratégie – consciente ou inconsciente - d’apartheid. Et, à mon niveau, j’ai comme le sentiment que vous savez ce que vous faites. Quoi qu’il en soit, tout semble illustrer votre état d’esprit ségrégationniste : votre jeu de petites phrases malsaines ne nous est-il pas en fin de compte destiné : histoire de nous faire comprendre que vous êtes de ceux qui sauront nous mettre au pas le moment venu ? Ne sert-il pas aussi à rassurer les « vôtres » et à les protéger de toute mixité contagieuse ?

    Comme ce pays bascule de jour en jour dans le repli, je suppose qu’il n’y a aucune raison que cela s’arrête. Je sais que les nombreuses campagnes électorales à venir seront autant d’occasions de « nous » vexer, de « nous » humilier, de nous classer dans la catégorie « non intégrable » malgré « votre » immense hospitalité française... Eh ben, soit ! Jouons donc ensemble à ce jeu vicieux puisque vous semblez y tenir tant. Mais il vous faudra vous habituer à un changement nécessaire afin que les règles soient moins « injustes » : nous n’accepterons plus dorénavant votre injonction à être français selon votre bon vouloir. Non, vous ne pourrez plus nous sommer d’être ceci ou cela, encore moins sous peine d’excommunication...

    Pour ma part, j’affirme ne pas me sentir français quand je vous entends parler des « miens » avec arrogance et mépris. A vrai dire, votre façon d’être français me fait plutôt honte. Non, je ne suis pas de « votre » France, je ne suis pas de cette France frileuse, repliée sur elle-même, de cette France raciste qui pense qu’un jeune français de confession musulmane est un être à part, un être dangereux, asocial. Tout comme hier dans les colonies. Bref, je ne suis pas de cette France chrétienne avec des relents collaborationnistes voire même croisés...

    Non, Monsieur le Président, votre France n’est plus la mienne. Gardez-la pour vous et pour les vôtres. Et parquez ceux qui ne partagent pas votre conception de la France, cette France qui hait ses jeunes dont le faciès n’est pas aux normes, cette France qui dresse un mur entre elle et nous autres « dangereux étrangers ». Oui, c’en est fini de nous prêter à ce jeu stupide qui consiste à ce que les plus « méchants » de la classe politique nous insultent et nous vexent pendant que les plus « gentils » nous somment de ne pas crier de peur de réveiller la bête immonde...

    Aussi, j’appelle tous ceux qui en ont marre de cet affront à se rebeller, à se révolter. Je leur demande de crier haut et fort qu’ils ne sont plus français, en tout cas pas à la manière de ces racistes qui nous pourrissent la vie par des vexations assassines pour voler quelques voix à l’abject Le Pen... Je demande à tous ceux qui se sentent concernés de se mettre en quelque objection de conscience identitaire.

    Éventuellement, nous voudrons bien faire partie d’une autre France si tant est que nos politiques nous en offrent les perspectives, la France des Lumières, de la grande Révolution française, celle de la résistance et celle qui a combattu l’esclavage et le colonialisme. Oui une France qui saurait respecter chaque français, quelle que soit son origine, qui le traite à égalité des droits et des devoirs, sans préjugé et surtout sans cette haineuse discrimination qui agit en écho à la haine qui transparaît jusqu’aux cœur même du pouvoir...

    Mustapha Kharmoudi
    Ecrivain franco-marocain

    Article publié sur Yabiladi.com
    http://www.yabiladi.com/article.php?cat=politique&id=1893



    votre commentaire
  • Bolivie : Nationalisation des chemins de fer pour 2010

    samedi 6 février 2010, par Primitivi

    La Bolivie annonce une nationalisation de chemins de fer pour cette année. Cette action compléterait la nationalisation d’autres entreprises dans les secteurs de l’exploitation des ressources naturelles et des télécommunications ainsi que la production d’énergie électrique qui permet de favoriser des projets au bénéfice des citoyens boliviens.

    Delgadillo a assuré que la cession sera réalisée "d’une manière très ordonnée, très sérieuse, responsable". (Photo : archives TeleSur)

    L’Exécutif bolivien a annoncé ce dimanche 10 janvier qu’en 2010 les chemins de fer seront nationalisés. Les chemins de fer boliviens sont actuellement aux mains de deux entreprises internationales : le groupe chilien Luksic et l’entreprise nord-américaine Genesee Wyoming.

    "Cette année nous allons récupérer les chemins de fer", a annoncé aux médias Walter Delgadillo, Ministre des Travaux Publics, chargé du secteur du transport, qui a aussi annoncé la création de l’Entreprise Bolivienne des Chemins de fer [1] pour mettre en place les plans de jonction des deux systèmes ferroviaires.

    Le ministre a déclaré que "en ce moment même il y a une équipe de travail au vice-ministère du Transport qui prépare cette cession", cession qui, comme il l’a indiqué, sera mise en place "d’une manière très ordonnée, très sérieuse et responsable".

    Á côté des négociations avec les entreprises privées pour que se concrétise le transfert du réseau des chemins de fer à l’État, le gouvernement planifie aussi les investissements pour qu’au centre du pays soit faite la jonction entre les réseaux ferroviaires de l’ouest avec celui de l’est.

    Le ministre a appuyé sur le fait que le gouvernement cherche à récupérer les chemins de fer et à injecter plus de fonds pour que ce soit une réponse réelle à la nécessité de transport pour la production bolivienne et il a signalé la nécessité de cet investissement pour exporter la glace et le lithium.

    Le groupe Luksic est associé à l’entreprise Ferroviaire Andine qui opère à l’ouest, tandis que Genesee Wyoming participe à la Ferroviaria del Oriente, à l’est du pays.

    Dans la dernière décennie, la Bolivie a privatisé l’entreprise nationale des chemins de fer [2] ce qui, selon l’actuel gouvernement, n’a pas donné les résultats escomptés parce que la connexion entre les deux réseaux ferroviaires n’a pas été faite et que le service a été suspendu pour plusieurs frange de la population dans l’ouest.

    Sous l’ordre de Morales, la Bolivie a déjà nationalisé des entreprises dans les secteurs des hydrocarbures, des télécommunications et de l’industrie minière et il négocie actuellement avec les entreprises qui administrent trois unités de production d’électricité et les trois aéroports les plus grands du pays, ce qui devrait entraîner un grand bienfait aux citoyens boliviens qui à une autre époque n’ont subi que les nuisances de l’exploitation de leurs ressources naturelles par des capitaux étrangers.


    Source : TeleSur "Bolivia anuncia nacionalización de ferrocarriles para este año"
    Traduction : Primitivi

    Notes

    [1] Empresa Boliviana de Ferrocarriles

    [2] Empresa Nacional de Ferrocarriles


    votre commentaire