• Haarp, Glurp, Beuark… C’est un complot ! Cherchez l’erreur


    AUTEUR:  Ayman EL KAYMAN


    Le 13 janvier 2010, Haïti a été frappé par un tremblement de terre. Le 13 est un chiffre magique qui dénote la main d’une puissance occulte derrière le séisme. Ne cherchez pas, la puissance occulte, ce sont les USA, le Pentagone, et derrière eux, les Illuminati, et derrière ceux-ci, les…Envahisseurs (venus d’une planète non déterminée).

    Avant Haïti, la puissance occulte a déclenché les tremblements de terre en Iran, en Turquie, en Chine, le tsunami en Asie du Sud-est, le cyclone Katrina et tous les autres cyclones qui ont ravagé la Caraïbe. La preuve ? Dans le ciel au-dessus des territoires frappés par les séismes, on a chaque fois vu les mêmes nuages colorés. Et ces nuages portent la signature… HAARP !

    HAARP ? Non, ce n’est pas une interjection de personnage de BD. C’est l’acronyme du High frequency Active Auroral Research Project, un projet de recherche financé par le Pentagone, tellement obscur et incompréhensible pour les profanes qu’il alimente depuis des années tous les délires possibles. Un des objectifs de HAARP est de détecter les tremblements de terre. Certains ont vite fait d’en conclure qu’il peut les déclencher.

    Je ne vous en dis pas plus. Il vous suffit de taper « haarp» sur Google et vous aurez le choix entre  630 000 pages. Ma préférée du moment est celle-ci : http://www.bibleetnombres.online.fr/haarp.htm dont voici un extrait pour vous allécher :



    Cliquer sur l'image pour l'agrandir
    Œil de l'ouragan Isabel le 12 Septembre 2003
    « Ce pentagramme inscrit à l'intérieur d'un cercle, dans l'œil de l'ouragan Isabel par la NASA en milieu de journée du 12 Septembre 2003 est à lui seul suffisamment explicite pour éveiller de justes inquiétudes sur la nature des temps que nous vivons sur le plan eschatologique. La taille de cette figure satanique est d'environ 70 kilomètres.
    Il est donc salutaire de connaître la nature des nouvelles armes qui font l'objet d'expériences en grandeur réelle, la planète servant de laboratoire comme on nous y a habitués depuis l'invention de la bombe atomique. » (sic)


    Que penser de ces délires ? J’avoue ma perplexité. Non pas que je ne croie pas le Pentagone capable des pires saloperies, mais j’ai du mal à suivre les délires des illuminés qui sévissent sur Internet et diffusent tous les bobards possibles, repris par des sites et blogs qui se veulent anti-impérialistes mais néanmoins sérieux.  De quoi fournir des armes aux « Voix de Son Maître » qui partent en guerre contre les « théories du complot ». « Main basse sur l’info », la dernière soirée Thema d’ARTE, le 9 février, présentée et préparée par le consternant Daniel Leconte, nous en a donné un exemple éclatant. Toute la soirée a consisté à nous asséner  qu’Internet était plein de fous furieux absolument pas crédibles, et qu’il fallait garder sa confiance à la « vraie » presse et aux « vrais » journalistes, du Spiegel à France2, en passant par Charlie Hebdo et autres Point.

    À propos du tremblement de terre d’Haïti et du projet HAARP, une des plus grosses manipulations qui a circulé sur le Net n’émanait pas de blogueurs fous, mais du très respectable quotidien espagnol ABC. Celui-ci a titré faussement un article publié le 20 janvier 2010 Chávez acusa a EE.UU. de provocar el seísmo de Haití (Chávez accuse les USA d’avoir provoqué le séisme d’Haïti). L’article ne contenait aucune indication d’une quelconque déclaration de Chávez, mais se contentait de citer un article publié le 18 janvier sur le site de la télévision d’État vénézuélienne  vive,  "Terremoto experimental" de Estados Unidos devastó Haití (Un "tremblement de terre expérimental » des USA a ravagé Haïti), qui rendait compte d’un rapport émanant de la flotte russe et émettant des hypothèses sur la responsabilité du projet HAARP dans divers tremblements de terre. Petit détail : cet article n’était qu’une reprise d’une dépêche de l’agence de presse espagnole EFE. On peut se demander pourquoi ABC a jugé nécessaire de reprendre  la version vénézuélienne de cette « info » sans citer sa première source – russe et espagnole – et en l’attribuant à Chávez.

    « Crois ce que tu vois et pas ce que tu entends », disait mon papa. Mais c’était dans des temps reculés, avant la télé et internet. Aujourd’hui, il dirait : « Crois ce que tu vois toi-même dans le ciel réel et pas dans des photos du ciel diffusées sur Internet »

    <o:p></o:p>Ayman El Kayman, délégué du FILCI (Front Intergalactique de Lutte contre la Conjuration des Imbéciles)

    <o:p></o:p>Bonne semaine, quand même !
    Que la Force de l’esprit soit avec vous !
    ...et à la semaine prochaine !


    Source : Coups de dent - Chronique satirique hebdomadaire sur l'actualité politique française et mondiale

    Article original publié le 16/2/2010

    Sur l’auteur

    Ayman El Kayman est un auteur associé à Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cet article est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur et la source.

    URL de cet article sur Tlaxcala :
    http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=10026&lg=fr

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  • Sur le fronton du Panthéon est inscrit "Aux grands hommes, la patrie reconnaissante".
    Le Panthéon, temple laïc, témoin de la Révolution, a été le théatre, le 7 février 2010, de notre disparition.


    Parce que nous avons le sentiment que la phrase "Aux immigrés, la patrie non reconnaissante" de Youssoupha résonne en écho au symbole du Panthéon , le 1er mars, nous ne consommerons pas, nous ne travaillerons pas, nous nous rassemblerons entre 12h et 14h, bras croisés, devant les mairies de France.


    Remerciements et crédits
    :

    • Musique "La même adresse" : Youssoupha
    • Réalisation : Jean Michel Vecchiet
    • Cadre : Jean Michel Vecchiet, Christine Combe
    • Montage et habillage : Noam Roubah
    • Figuration : collectif et sympathisants de "La journée sans immigrés - 24 h sans nous"

     

    24h sans nous en Europe


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  • Faut-il tuer les vieux ?

    Caleb IRRI Ici

    Après m’être longuement interrogé sur la manière dont fonctionne le capitalisme, j’en suis arrivé à la conclusion que l’humanité court à sa perte, et ce pour une raison évidente : les gouvernements se sont trompés d’ennemis.

    Que le système combatte les pauvres ou les musulmans, les étrangers ou les fainéants, il oublie une donnée essentielle à la sauvegarde de l’espèce humaine : il faut des jeunes pour remplacer les vieux.

    Car en réalité l’idée selon laquelle un taux de fécondité inférieur à 2,1 enfants par femme est signe de développement est fausse, ne retenant comme critère principal que le développement économique. Cela signifie par extension qu’un monde entièrement développé ne serait pas capable de renouveler sa population, ce qui est économiquement positif mais suicidaire du point de vue de l’humanité.

    Alors, face aux critiques non constructives du système qui ne proposent pas de solution, j’ai entrevu une solution radicale qui pourra choquer certains, mais qui après tout en vaut bien une autre : il faut tuer les vieux !!

    Et oui bien sûr, au lieu de s’évertuer à inciter les jeunes à consommer moins, à contrôler les naissances ou à travailler plus longtemps, au lieu de chercher sans relâche un ennemi pour éliminer dans la guerre tant de jeunes recrues dans la force de l’âge, et plutôt que de fermer des maternités en ouvrant des hospices, ne serait-il pas plus simple de laisser mourir les vieux sans les obliger à vivre si longtemps ?

    A vouloir régler un problème économique par l’économie l’humanité est entrainée inévitablement vers une sélection financière eugéniste, et cela au mépris de l’humanisme naturel censé régir les actions des hommes. Alors les vieux plutôt que les jeunes, pourquoi pas ?

    Car cette idée n’est pas si bête lorsqu’on regarde les choses sous un angle économique : Moins de vieux c’est moins de dépenses pour la sécu car moins de dépenses de santé Moins d’années de cotisations pour la retraite ce qui signifie travailler moins pour gagner plus

    Moins d’accidents sur la route, moins de queues au supermarché, plus de logements libres, plus de travailleurs, plus d’enfants et donc plus de croissance.

    Il ne s’agit pas de rendre l’euthanasie obligatoire à partir d’un certain âge ni d’organiser des « chasses aux vieux », mais tout simplement d’édicter des lois capables de contraindre les vieux à s’éteindre de misère avant l’arrivée d’un Alzheimer mental, à la manière dont les lois actuelles engendrent la misère pour quantité d’individus dont de nombreux enfants.

    On pourrait imaginer, plutôt que le traçage précoce des enfants dès la maternité au bracelet électronique, plutôt que les contrôles biométriques des élèves à l’entrée des classes, avant leur fichage dès 3 ans et pour tout le reste de leur vie, le contrôle physique et mental des vieux à partir d’un certain âge, et selon leur condition financière adapter des aides plus ou moins conséquentes.

    On pourrait inciter à l’euthanasie par des crédits d’impôts pour les descendants ou dénoncer les grabataires et les incontinents contre rémunération…

    Car l’avantage des vieux, c’est qu’ils n’opposent pas la résistance des jeunes, et qu’on en trouve dans tous les pays du monde… pas besoin de chercher « l’étranger », l’ennemi est partout.

    Évidemment, il se peut que la morale soit quelque peu bousculée par ce concept novateur, et j’entends bien que certains puissent même trouver cette idée scandaleuse : je leur pardonne volontiers. Et j’avoue pour ma part être effrayé d’écrire de telles insanités.

    Mais le pire n’est pas là.

    Le pire c’est qu’il va certainement se trouver des gens qui, sans rire cette fois, vont véritablement se poser cette question fatidique et inhumaine : combien cela rapporterait ?

    Et oui, à partir du moment où l’être humain se met à réfléchir le monde en termes économiques, il se trouve confronté à cette question de la morale, qui est définitivement résolue pour le capitalisme : le capitalisme est amoral.

    Je le déplore croyez le bien. J’entendais l’autre jour un analyste politique indiquant bêtement que les consommateurs étaient les ennemis des travailleurs : mais c’est pourtant vrai !

    Le seul problème c’est que ce sont les mêmes…sauf pour les vieux !

    Caleb Irri


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  • La Société interaméricaine de presse (SIP) contre l’émancipation médiatique

    Publié le 17 février 2010 par Nils Solari

    Du 6 au 10 novembre 2009, s’est tenue à Buenos Aires la 65ème assemblée générale de la Société Interaméricaine de Presse (SIP). Une lecture rapide des conclusions générales de la réunion laisse entrevoir une partialité caricaturale : aucune mention du coup d’Etat au Honduras et de véhémentes critiques à l’égard – presque exclusif - des pays de l’Alba (l’Alliance Bolivarienne des Amériques)…

    Rien de bien surprenant pourtant. La SIP répond une nouvelle fois au dessein pour lequel elle a été modelée : stopper tout élan d’émancipation - notamment médiatique - qui pourrait faire obstacle aux intérêts privés et à la politique étrangère états-unienne au niveau des Amériques…

    Dans un article intitulé « La SIP arremete contra unión latinoamericana  » [1], le Correo del Orinoco souligne que « L’organisme qui regroupe les patrons des médias de communication n’a pu occulter sa tendance politique à l’issue de son assemblée générale (…) ». Mais qui est vraiment la SIP ?

    I. Qu’est-ce que la SIP ?

    Sur son site la Société Interaméricaine de Presse (SIP) se définit comme « une organisation sans but lucratif qui se consacre à défendre la liberté d’expression et de presse dans toutes les Amériques. » Et de préciser ainsi ses « principaux objectifs » :


    - Défendre la liberté de presse n’importe où elle est contestée au niveau des Amériques
    - Protéger les intérêts de la presse des Amériques
    - Défendre la dignité, les droits et les responsabilités du journalisme
    - Encourager des standards élevés de professionnalisme et de conduite entrepreneuriale
    - Promouvoir l’échange d’idées et d’information qui contribue au développement technique et professionnel de la presse
    - Encourager une ample connaissance et l’échange le plus important d’information entre les peuples des Amériques en appui aux principes de base d’une société libre et de la liberté individuelle » [2]

    Rien de bien extraordinaire en apparence mais, la SIP, c’est d’abord…

    Le Medef des entreprises de presse sur le continent américain…

    Toujours selon son site [3], la SIP trouve son origine en 1926, avec le Premier Congrès Panaméricain de Journalistes qui eut lieu à Washington DC et qui avait approuvé à l’époque, une résolution recommandant l’institution d’un organisme interaméricain permanent de journalistes. Ladite résolution ne fut pas suivie d’effet jusqu’en 1942 à Mexico où un nouveau « premier congrès panaméricain » décida de créer une Commission permanente. Des conférences postérieures (La Havane, Caracas, Bogotá et Quito) établirent l’organisation sous son nom actuel et approuvèrent ses statuts et règlements. Organisation strictement latino-américaine au début, elle fut rejointe ensuite par un groupe nord-américain similaire en 1946.

    Jusqu’en 1950, la SIP était accueillie et financée par les gouvernements. Elle fonctionnait selon le principe de vote un pays = une voix, et beaucoup de membres n’étaient alors pas forcément des journalistes. Depuis cette date (« peut être l’année la plus importante », précise l’historique), les délégués ont adopté de nouveaux règlements fixant que les fonds proviendraient désormais exclusivement de ses membres et de dons issus de fondations : « la SIP s’est alors convertie en une entité indépendante qui ne répond d’aucun gouvernement ni d’intérêt particulier  ». Les membres et associés de la SIP représentent des publications et chaînes de journaux ; chaque délégué siège au titre de sa propre publication et est doté d’une voix pour le vote.

    Le groupement se vante aujourd’hui de compter plus de 1 300 publications affiliées « de la Patagonie jusqu’à l’Alaska » (avec un siège dans plus de 30 pays), et totalisant plus de 43 millions d’exemplaires : « La force de la SIP provient de ses associés. N’importe quelle influence que l’organisation puisse exercer en défense des traditions démocratiques provient d’une unité d’intention qui va au-delà des barrières géographiques et culturelles ; plus l’organisation a d’associés, plus importante est son influence [4] »

    Quelle « unité d’intention » ? Quelle « influence » ?

    Le bras « médiatiquement armé » de la politique du « containment »

    Le passage de la « Commission permanente » à la SIP proprement dite s’est effectué à la Havane en 1943, sous les auspices du chef de la junte militaire, le président Fulgencio Batista.

    Sur son blog, sous le titre « ¿Qué y a quién defiende la SIP ? » (15/11/2009) , Juan Gargurevich, historien du journalisme et professeur à l’Université de San Marcos et à la Pontificia Universidad Católica (Pérou), précise :

    « Il ne faut pas oublier, par exemple, que pour la contrôler [sous entendu, la SIP], les Etats-Unis ont forcé en 1949 le changement de “un pays un voix” à “un journal une voix” ; et comme ils possédaient –jusqu’à aujourd’hui -, le plus grand nombre de titres [de presse], ils sont parvenus à la contrôler avec l’aide d’associés sud-américains qui partageaient des penchants maccarthystes. Ce fut une étape noire de la SIP dans la mesure où elle a contribué à la persécution des gauches latino-américaines, en la justifiant, dénonçant d’ailleurs et à maintes reprises des syndicats qui n’avaient rien à voir avec la vieille URSS (…) Durant la vague nationaliste des années soixante dix, les membres de la SIP ont ouvert le feu contre ceux qui planifiaient des politiques de communication et, évidemment, ils furent les alliés de la démolition du célèbre appel d’un “Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Communication”, au début des années 80. »

    Pis encore, nombre de travaux ou blogs comme « Taringa », « el Aire Libre », ou Indymedia Bolivie font état de la collaboration active de la SIP avec les régimes dictatoriaux en Amérique latine (l’Argentine de Videla, le Chili de Pinochet, le Nicaragua de Somoza, etc…) … et par conséquent, avec l’incontournable CIA états-unienne…

    Pascual Serrano précise à ce propos que la SIP fut « créée en 1943 et refondée en 1950 par les agents de la CIA Jules Dubois et Joshua Powers, au côté de l’agent du Département d’Etat Tom Wallace. Son orientation était axée sur l’appui inconditionnel à la politique extérieure des États-Unis, à la lutte anti-syndicale et anti-communiste inspirée par Mac Carthy et la promotion du libéralisme économique (…) Pour la SIP, la liberté de la presse et la démocratie sont seulement compatibles avec la propriété privée des moyens de communication, ce qui constitue une interprétation très particulière de la pluralité de l’information. (…) [5]. »..

    Dans le même article, Serrano rappelle deux haut-faits de la SIP :

    - « Pendant le gouvernement d’Allende au Chili, la SIP a joué un rôle premier dans la campagne visant à promouvoir l’intervention militaire. A l’occasion de la Journée nationale de la Presse, le 12 février 1973, le président chilien avait déclaré : “Nous nous sommes vus obligés de souligner l’absence d’autorité morale et d’objectivité de la part de ceux qui se nichent dans la Société interaméricaine de Presse”. ».
    - « L’exemple le plus clair de qui dirige la SIP et avec quel modèle de liberté d’expression nous a été offert le 9 octobre dernier [2003] au moment où la conseillère de sécurité nationale des États-Unis, Condoleezza Rice, a ordonné via une téléconférence avec l’Assemblée générale de la Société interaméricaine de Presse “d’appuyer le gouvernement constitutionnel de Bolivie ” dont la démission était exigée par les Boliviens après le massacre de plus de 80 personnes par la répression policière. [6]. »

    Pour ne rien dire des positions de la SIP sur la question des médias au Venezuela ou en Argentine... De façon générale, la SIP s’est dressée contre toutes les tentatives de démocratisation de l’espace médiatique, au nom de la liberté de la presse systématiquement confondue avec la liberté des entreprises de presse… de la SIP.

    II. La 65ème assemblée générale de la SIP en 2009

    Conformément à ses statuts, la réunion de milieu d’année et l’Assemblée générale de la SIP se sont tenues cette année en Amérique latine, respectivement.à Asunción (Paraguay) et Buenos Aires (Argentine),

    Détails touristiques ?

    Or, dans sa « lettre d’information » (appel à convocation), on apprend que c’est la troisième fois que une telle assemblée générale se tenait dans la capitale Argentine (la précédente en 1968) et que cette dernière était supposée recevoir la SIP « (…) avec les bras ouverts […] lors d’un rendez vous qui à coup sur sera mémorable  » [7]. Outre les considérations touristiques destinées à appâter les futurs congressistes et les agapes pour leurs « accompagnantes » (pour un coût à faire blêmir un pigiste !), la lettre mentionne les efforts du comité d’accueil qui « s’est retrouvé depuis des mois à planifier chaque détail de l’évènement  »

    Chaque détail ? Le choix d’organiser tel évènement en Argentine pourrait apparaître totalement anodin… si cette réunion n’était pas intervenue dans le pays où près d’un mois auparavant fut promulguée la « loi sur les services de communication audiovisuelle », comdamnée par les grands groupes médiatiques de la région… et la SIP [8]… Le lieu des réjouissances : l’hôtel Hilton Buenos Aires dans le quartier de Puerto Madero disposait, outre des avantages que procure un tel type d’hébergement, l’avantage symbolique d’être « un des lieux les mieux situés dans la capitale fédérale, face à la Casa Rosada , siège du gouvernement national  ».

    Tandis que patrons de presse festoyaient, des étudiants manifestaient à l’extérieur du Hilton, brandissant des slogans tels que « la SIP défend à sa convenance les intérêts des groupes monopolistiques des médias  » [9].

    Au siège syndical de la Fédération argentine des Travailleurs de presse, se tenait également en guise de contre forum la Première Rencontre Internationale « Médias et Démocratie en Amérique latine », et traitait des conditions de travail du secteur. Luis Làzzaro, coordinateur du Comité Fédéral de Radiodiffusion affecté au Secrétariat des Medias de communication de la présidence de la République argentine y aurait comparé les membres de la SIP à un « un chœur épouvantable de dinosaures [10] »

    Résolutions et déclarations générales

    Dès le préambule de la déclaration générale, le syndicat des patrons de presse s’en prend à « l’action coordonnée de gouvernements pour contrôler la presse et le discrédit constant à laquelle ils la soumettent, l’avancée démesurée de la violence faite aux journalistes, la prolifération de lois restrictives et de décisions judiciaires arbitraires qui limitent le travail informatif ». [11]

    La SIP y voit « des indices clairs de détérioration de la liberté de la presse et de l’affaiblissement consécutif du système démocratique », sans pour autant faire mention dans ces mêmes conclusions, du coup d’Etat au Honduras du 28 juin 2009. Il faut parcourir les deux résolutions ayant trait à ce pays pour trouver la référence à ce sombre évènement - le terme de « coup d’Etat » n’apparaît que deux fois – ; et alors que le président de la Commission des Affaires Internationales de la SIP n’est autre que Jorge Canahuati, représentant de La Prensa, un journal hondurien…

    Non, la SIP est bien plus préoccupée par une certaine « tendance à l’autoritarisme » sur le continent dont l’origine est clairement identifiée : « (…) il n’est un hasard que plusieurs gouvernements soient désormais unis par une idéologie exportée depuis le Venezuela par le président Hugo Chávez (…). Cette tendance à la manipulation de la loi se reflètent dans d’autres législations de divers pays, comme la nouvelle Loi sur les Services de Communication Audiovisuelle promue par le gouvernement d’Argentine dans le cadre d’une campagne inédite de harcèlement contre les médias indépendants  ; le Projet de Loi de Communication qu’étudie l’Assemblée Nationale en Equateur et ses répliques comme la proposition de loi sur les médias au Salvador  ».

    Et de poursuivre : « L’asservissement contre la liberté d’expression légitimé par des réformes constitutionnelles et des lois faites sur mesure est liée à la création et l’acquisition de médias de la part de l’Etat et des secteurs proches du pouvoir, qui sont utilisés comme des organes de propagande  ».

    Pour autant, la SIP se réjouit de « quelques aspects positifs comme la dépénalisation des délits de diffamation et injures en Uruguay et l’envoi au Congrès argentin de la part du Pouvoir exécutif d’un projet de loi pour dépénaliser les délits d’injures et calomnies, sur la base d’une décision rendue par la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme », pratiques qui sont légion en Amérique latine mais qui à coup sûr participent de la « liberté de la presse », notamment à l’encontre des institutions officielles de certains pays…

    Le ton est du même acabit lorsque l’on s’attache à la lecture des résolutions détaillées par pays. Comme le précise à nouveau le Correo del Orinoco (Venezuela) [12] : « les accusations les plus sévères [portées par la SIP] ont été émises à l’encontre de l’Argentine, de la Bolivie, de Cuba, de l’Equateur, du Nicaragua et du Venezuela, pays qui ont été désignés comme les principaux responsables des restrictions de la liberté de la presse et les tentatives pour contrôler l’information. Est-ce un hasard que 6 de ces 7 [pays] soient membres de l’Alliance Bolivarienne pour les Peuples des Amériques (ALBA)  ? »

    Un hasard ? Sûrement pas. Il suffit pour s’en convaincre de s’être penché sur les origines et les faits d’armes de la SIP de sa création jusqu’à maintenant. On comprend dés lors qu’elle n’ait pas souhaité changé de cap historique et idéologique durant sa dernière assemblée générale.

    Nils Solari Source ici

    Notes

    [1] Repris sous le titre « Dinosaurios de la SIP arremeten contra la ALBA y la integración latinoamericana  », sur le site « La revolutionvive, 11/11/2009

    [2] Page de présentation de la SIP. Traduction libre soulignée par nous, ici comme dans la suite.

    [3] « Historia de la SIP ».

    [4] « Comment s’associer à la SIP ? » (site de la SIP)

    [5] Pascual Serrano, Le vrai visage de la Société interaméricaine de presse (SIP), 30 /10/ 2003,, sur le site de RISA.

    [6] Pascual Serrano, op.cit, reprenant une information du quotidien mexicain La Jornada, du 9-10-2003

    [7] Carta de informaciòn, 2/04/2009,

    [8] Lire ici même « Démocratisation des médias audiovisuels en Argentine, 28/10/2009.

    [9] “La SIP defiende por conveniencia los intereses de los grupos monopólicos de medios de comunicación”[Sur le site Dinosaurios de la SIP arremeten contra la ALBA y la integración latinoamericana, (« La revolutionvive11/11/2009

    [10] “un coro desaforado de dinosaurios”, Dinosaurios de la SIP arremeten contra la ALBA y la integración latinoamericana, op.cit.

    [11] ,Conclusions de la 65ème assemblée générale de la SIP, Communiqué de presse .

    [12] Dinosaurios de la SIP arremeten contra la ALBA y la integración latinoamericana, op.cit.


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  • Sarkozy, le gros mensonges sur les retraites.. et le reste.

    Lundi dernier, Nicolas Sarkozy recevait les "partenaires sociaux" pour fixer le calendrier de "négociations" de la réforme des retraites. Il a promis de donner du temps à la discussion. Il a fait semblant.

    Il a fait semblant de temporiser.


    Temporiser...


    En annonçant qu'«Il n'est pas question de passer en force sur les retraites», lundi, Nicolas Sarkozy voulait faire mentir ceux qui le soupçonnaient de vouloir précipiter cette réforme, comme il en l'habitude. Le président français n'a pas non plus le choix. Il eût été difficile, pour lui, d'annoncer qu'il comptait faire adopter la réforme, anxiogène à souhait, des retraites d'ici quelques mois. Le commentaire du Figaro, à destination d'un électorat conservateur en mal de victoires politiques, est éloquent: "Cette phrase, prononcée lundi devant les partenaires sociaux, lui donne l'occasion d'apparaître conciliant, alors qu'en réalité il ne cède que quelques semaines sur le calendrier prévu." En acceptant quelques mois de retard, Nicolas Sarkozy se montre conciliant, histoire de démonter toute critique de précipitation.

    A lire le Figaro, généralement bien informé sur les intentions présidentielles, la feuille de route de Xavier Darcos est d'ores et déjà fixée : il faudra concilier "à la fois allongement de la durée de cotisation et report à 62 ans de l'âge officiel de départ à la retraite". La menace est claire: au sortir de l'été, le Parlement sera saisi d'une loi. Avec ou sans consensus. La proposition d'un nième débat-diagnostic sur le sujet pourrait faire rire... Michel Rocard, en son temps, avait déjà rédiger un "Livre Blanc".

    Comprendre...


    Lundi, le Monarque s'est expliqué aux journalistes, dans un court monologue. Il a loué "l'esprit de responsabilité réciproques, quelque soit nos désaccords." En avril, a promis Sarkozy, il fera le bilan des mesures de soutien à l'emploi avec son gouvernement et les partenaires sociaux, pour "arrêter celles qui ne servent plus, doper celles qui ont besoin de l'être, mettre d'autres mécanismes si besoin s'en faisait sentir" ajouta-t-il dans un haussement d'épaules, le regard vide. Le sujet des chômeurs en fin de droits a "bien sûr" été évoqué. La réponse est toute prête, et toute floue : (1) on ne sait pas combien ils sont, (2) on ne créera d'allocation spécifique pour eux, mais (3) on les enverra en formation.

    "Nous avons convenu de la nécessité d'un diagnostic partagé pour savoir quel est le nombre exact de ces chômeurs en fin de droits, et leur situation précise, car naturellement si on n'est pas d'accord sur le diagnostic, il est difficile de trouver le bon remède. En tout état de cause, je veux le dire" (il quitte son papier des yeux, lève le regard vers le fonds de l'assistance) "personne ne sera laissé sur le bord du chemin" et d'ajouter: "on ne peut pas lutter contre l'exclusion par l'assistance uniquement. Il ne s'agit donc pas de créer un allocation d'assistance de plus pour ceux qui arrivent en fin de droits, mais de donner à chacun d'entre eux une formation rémunérée qui lui permette de trouver un emploi." Puis, incantation finale :  "C'est par le travail que l'on ... se ... réinsère... dans... la société."

    Piéger...


    Concernant les retraites, Sarkozy a pris bien soin de ne pas aborder les sujets qui fâchent, comme l'élargissement de l'assiette des cotisations, la pénibilité ou les niches fiscales. Ainsi, la pénibilité des carrières sera traitée "en parallèle", un curieux concept alors que ce sujet est au coeur des critiques de certains contre l'allongement des durées de cotisation pour les professions les plus pénibles... La prise en compte de la pénibilité devra se négocier. C'est même Nicolas Sarkozy qui l'a annoncé lundi: il y aura"une négociation sur le thème de la pénibilité", a-t-il dit. Bizarrement, il n'y a eut aucune négociation du bouclier fiscal.

    Les "éléments de language"du Monarque ont été repris et répétés par ses fidèles. Mardi matin sur France Inter, Laurent Wauquiez excella avec sa langue de bois habituelle. Les journalistes insistaient. Pas un mot, pas une révélation, pas une orientation. Place au débat ! Pourtant, les membres du gouvernement, Fillon et Darcos en tête, n'ont évoqué que deux pistes : l'allongement de la durée légale du départ à la retraite, et celui de la durée de cotisations. Rien d'autre. Ces deux sujets sont des tartufferies dangereuses : il faut attendre 65 ans pour partir à la retraite à taux plein. La gauche et les syndicats résistent mal au piège qui leur est tendu par Nicolas Sarkozy : ce dernier agite l'âge légal de 60 ans comme un chiffon rouge. Il n'espère qu'une chose, que la polémique grandisse, que chacun s'engouffre dans le piège.

    Mardi, Xavier Darcos a enfoncé le clou, ... par la petite porte. Il a fustigé "les entreprises qui utilisent les facilités fiscales et sociales des plans de sauvegarde de l'emploi normalement destinées aux entreprises en difficulté" partir leurs salariés de plus de 60 ans ayant tous leurs trimestres de cotisation. "Vous ne réglerez pas le problème des retraites si vous laissez faire n'importe quoi sur l'emploi des seniors. Il faut faire en sorte que les gens puissent travailler jusqu'au bout de leur temps de travail". Autrement dit, de "méchantes" entreprises profitent du système pour empêcher ceux qui veulent travailler au-delà de 60 ans de le faire... le tout aux frais du contribuable.

    Vous avez compris ? 

    Non ?

    Ce n'est pas grave. Ils vont nous "concerter"...

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