• Des fermiers démasqués depuis l’espace 

    Des bulldozers utilisés pour la déforestation illégale photographiés par les enquêteurs du gouvernement.
    Des bulldozers utilisés pour la déforestation illégale photographiés par les enquêteurs du gouvernement.
    © GAT/ Survival

    Au Paraguay, de riches propriétaires terriens ont été pris la main dans le sac par des images satellite montrant qu’ils ont abattu près de 4000 hectares de forêts habitées par des Indiens isolés.

    Les entreprises brésiliennes River Plate S.A. et BBC S.A. ont été interceptées au cours d’une opération secrète menée par les autorités de l’Etat et les Indiens dans la région du Chaco, au nord du Paraguay, qui abrite les Ayoreo-Totobiegosode, le dernier groupe d’Indiens isolés d’Amérique du Sud vivant en dehors du bassin amazonien.

    La plupart des forêts ancestrales des Indiens ont été abattues par les propriétaires terriens pour y élever du bétail.

    Déforestation illégale (encerclée), octobre-décembre 2010. La plupart des forêts environnantes ont été illégalement abattues depuis.
    Déforestation illégale (encerclée), octobre-décembre 2010. La plupart des forêts environnantes ont été illégalement abattues depuis.
    © GAT/ Survival
    Déforestation illégale (encerclée), octobre-décembre 2010. La plupart des forêts environnantes ont été illégalement abattues depuis.
    Déforestation illégale (encerclée), octobre-décembre 2010. La plupart des forêts environnantes ont été illégalement abattues depuis.
    © GAT/ Survival

    Les Ayoreo déjà sédentarisés s’inquiètent du sort des membres de leur groupe qui vivent encore isolés dans la forêt.

    Ojnai, un Ayoreo nous a confié : ‘Je suis extrêmement inquiet parce que personne ne sait exactement où se trouvent les groupes isolés qui vivent encore dans la forêt. Ma sœur se trouve parmi eux. C’est pour cela que nous ne voulons pas que les étrangers continuent de détruire la forêt avec leurs bulldozers’.

    L’Institut national paraguayen de l’Indien (INDI) a récemment annoncé qu’une parcelle de 34 000 hectares, rachetée aux éleveurs de bétail, serait restituée aux Ayoreo à une date non encore précisée.

    Les négociations avec d’autres compagnies, dont l’entreprise brésilienne Yaguarete Pora ont jusqu’ici échoué, les magnats du bétail refusant de revendre les terres ancestrales des Ayoreo qu’ils ont spoliées.

    Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré aujourd’hui : ‘Tout comme les Totobiegosode, les propriétaires terriens ne peuvent plus se cacher. Grâce aux images satellite, il est désormais pratiquement impossible que la déforestation à grande échelle puisse passer inaperçue. Mais les autorités doivent agir avant qu’il ne soit trop tard et prendre toutes les mesures pour enrayer cette déforestation sauvage’.

    Source SURVIVAL Source SURVIVAL


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  • Venezuela. Hugo Chavez : "Triste la révolution qui dépend d’un seul homme."

    Triste la révolution qui dépend d’un seul homme. Ce ne serait pas une révolution, elle serait trop fragile pour prétendre en être une ». C’est ce qu’a répondu le président Chavez à la question du journaliste uruguayen Federico Fasano, sur ce qui se passerait au Venezuela sans lui. Le mandataire a insisté sur le fait que le processus politique qui se vit au Venezuela est une situation sui generis. « Je ne me crois pas indispensable. Personne n’est indispensable » a-t-il dit. Il a rappelé un épisode de sa vie : à 18 ans il avait failli mourir noyé dans une rivière de son Etat natal de Barinas, dans les Llanos vénézuéliens. « Croyez-vous que si je m’étais noyé ce jour-là, la Révolution Bolivarienne n’aurait pas eu lieu ? L’homme individuel apporte son style, son rythme… à des processus qui ne dépendent pas d’un seul homme, mais qui sont le produit d’un temps historique » a-t-il affirmé.

    Révolution pacifique mais armée

    « On ne peut pas mener une révolution pleine et profonde sans pouvoir la défendre » a dit le Président Chavez, interrogé sur la politique militaire de la Révolution Bolivarienne. Il a affirmé que cette politique est orientée vers l’intégration humaine des forces armées dans révolution sociale. Il a rappelé que dans le cas de la Révolution cubaine, Fidel a dû créer une armée, contrairement au cas vénézuélien où la rébellion a surgi des casernes.

    Il a conclu qu’« aujourd’hui, les forces militaires vénézuéliennes sont une force qui se définit fièrement comme anti-impérialiste, révolutionnaire, socialiste », et a affirmé que «  sans eux (les militaires) il serait impossible d’avancer »

    Il a rappelé les évènements du 11 avril 2002, lorsque s’est produit le coup d’Etat dirigé par l’impérialisme étatsunien et l’oligarchie vénézuélienne, mené par certains hauts gradés formés par la School of Americas (NDT : école étatsunienne par laquelle sont passés un grand nombre de dictateurs et de bourreaux). « Leur coup a échoué. Les capitaines ont continué à m’appuyer, les soldats m’ont libéré et se sont unis au peuple… pas un seul soldat n’a tiré contre le peuple » a-t-il expliqué.

    « Pourquoi as-tu été si généreux avec les vaincus ? » "Est-ce une caractéristique de la Révolution Bolivarienne ?" a demandé Fasano. « Oui, je crois qu’il faut être généreux, écarter la rancune » a répondu Chavez.

    A 12 ans de son écrasante première victoire électorale comme Président de la République, Chavez et son gouvernement continuent d’étendre les droits politiques, économiques et sociaux.

    En 2010, les élections législatives ont marqué un moment particulier dans la consolidation de la démocratie et des droits civils et politiques dans le pays. Ces élections ont vu la participation d’une quarantaine de partis de la gauche à la droite et 66% de participation, un niveau historique à ce type d’élection. Les partis de l’opposition ont choisis de revenir dans le jeu démocratique et ont gagnés 65 des 165 sièges à l’Assemblée Nationale.

    Depuis 1998, 16 élections ont eu lieu au Venezuela et ont toutes été validées par les observateurs internationaux de l’UE ou de l’OEA, incluant l’historique référendum de 2004.

    Malgré les accusations de supposées atteintes à la liberté d’expression, plus de 86% des médias utilisant le spectre radioélectrique public sont dans les mains du secteur privé et la plupart d’entre eux sont contrôlés par l’opposition politique. Plus de 184 chaînes transmettent librement au travers du câble. Il suffit de regarder les vifs débats dans la multiple presse écrite et les titres disponibles dans les kiosques pour se rendre compte de la vivacité de la liberté d’expression et de la presse dans le pays.

    D’après le rapport régional de l’ONG chilienne indépendante Latinobarometro 2010, 84% des vénézuéliens appuient la démocratie dans leur pays ; c’est l’indice le plus haut de la région.

    De plus, depuis 1998, le gouvernement appuie fortement les médias communautaires, soutient le développement de l’industrie des producteurs indépendants et l’accès à Internet pour tous les vénézuéliens. Actuellement, plus de 33% de la population dispose d’un accès à Internet. Un énorme bond en avant, sachant qu’en 1998, il n’étaient que 3%. Ce qui a valu au Venezuela de recevoir en janvier 2011 un prix de l’UNESCO

    Le Venezuela a également fait d’énormes progrès dans la lutte contre la pauvreté, l’inégalité et l’exclusion sociale. Depuis 1998, la pauvreté a diminué de moitié et la pauvreté extrême a chutée de deux tiers. Environ 5 millions de vénézuéliens sont sortis de la pauvreté ou de l’indigence, selon des organismes indépendants comme la CEPAL (ONU).

    Les groupes traditionnellement exclus, comme les femmes, les communautés indigènes ou les groupe afro-descendants, se sont vus garantir leurs droits par la Constitution de 1999, augmentant ainsi leur participation dans le processus de changement qui se déroule au Venezuela.

    A la fin 2010, quatre des cinq pouvoirs publics, comme le Tribunal Suprême ou l’Assemblée Nationale étaient (co-)dirigés par des femmes. Les groupes indigènes ont acquis pour la première fois 3 sièges à l’Assemblée Nationale, même s’ils ne sont que quelques pour cent de la population. 42000 conseils communaux sont actifs à travers tout le pays pour décider, réaliser et surveiller les travaux publics requis par les habitants, et les lois récentes renforcent cet état participatif, basé sur le pouvoir communal. Enfin la réforme agraire (4 millions d’hectares remis aux paysans) et le transfert des technologies de partenaires du Sud permettent d’avancer rapidement dans la souveraineté alimentaire et le développement de la production nationale, pour sortir de la dépendance extrême du pays avant la révolution.

    Traduction : Sebastian Franco

    URL de cet article : http://www.larevolucionvive.org.ve/...


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  • Genèse de la disparition forcée en Colombie



    MOVICE

    Traduit par  Christophe Kenderian


    Les premières disparitions forcées se produisent à la fin des années 70’ en Colombie, dirigées contre des militants reconnus de gauche (syndicalistes, étudiants, intellectuels, entre autres), des partis politiques d’opposition comme le Parti Communiste, ou des membres d’organisations insurgées capturés en dehors des combats. À cette époque, on en sait très peu sur ce genre de crime, il n’est pas considéré comme un acte criminel dans le pays. Les autorités judiciaires et politiques le justifient en signalant simplement qu’il s’agit de personnes disparues ou qui ont décidé d’intégrer des groupes insurgés. Depuis, des informations concernant les victimes ont été recueillies, la plupart du temps par des organisations de défense des droits humains qui ont enregistré de nombreux cas dans leurs bases de données, mais ceux-ci restent dans la plus totale impunité.
     

     

    Journée commémorative des disparus, Plaza Bolívar, Bogotá, Colombia

    Cette pratique de la disparition forcée coïncide avec la mise en circulation de manuels d’opération militaire définis par le décret 1 537 de 1974, connu sous le nom de Stratégie de Défense et Sécurité Nationale, et le décret 1 923 de 1978 qui élargit les compétences de la force publique au jugement des civils et octroie des pouvoirs judiciaires à la police. Dans ces deux décrets, la population civile est conçue comme objectif de la lutte contre-insurrectionnelle puisque c’est en elle que « se fonde l’existence de groupes subversifs » ; c’est pourquoi elle est la cible d’opérations d’intelligence, de guerre psychologique et de « défense » contenues dans les manuels de référence

    La classification de la population en listes noires, grises et blanches est une stratégie bien connue à laquelle on applique différentes modalités d’agression, parmi lesquelles la disparition forcée. C’est également une époque de renforcement de la stratégie paramilitaire avec l’apparition du MAS (Muerte a Secuestradores - Mort aux Ravisseurs), dans le Magdalena Medio, et qui s’étendra plus tard à l’ensemble du pays.

    Dans les années 80’, ce crime se généralise et devient permanent. Les groupes paramilitaires, avec la complicité des forces armées, reprennent cette pratique comme modalité d’agression et d’exercice de la terreur contre les paysans qu’ils capturent, torturent et assassinent avant de les faire disparaître. Ils s’approprient ainsi leurs terres et leurs biens, ou encore mettent en œuvre des projets stratégiques d’infrastructure ou d’exploitation des ressources naturelles. Dans les années 90’, la disparition forcée devient le crime de lèse humanité le plus pratiqué par les groupes paramilitaires, elle répond alors à trois objectifs principaux :

    • Exterminer et faire disparaître les dirigeants sociaux et politiques ;
    • Réaliser des actions d’extermination de secteurs de la population considérés indésirables, comme les prostituées, les toxicomanes, les LGBT et les indigents ;
    • Imposer une forme de discipline et de contrôle social de populations entières à qui s’applique cette modalité, afin de créer un état de terreur et en finir avec toute intention de dénoncer ou de s’opposer à la stratégie paramilitaire.

    De nombreuses victimes de disparition forcée terminèrent dans des fosses clandestines, réduites en cendres dans des crématoriums artisanaux construits sur des propriétés d’éleveurs de bétail, de paramilitaires ou de narcotrafiquants, ou dans les grands fleuves du pays, sans qu’on ait pu retrouver leur trace jusqu’à nos jours. Cette réalité, ajoutée à la peur de dénoncer une disparition forcée dans une zone contrôlée par ceux qui l’ont perpétrée et au manque de confiance dans les institutions étatiques ne permet pas de se faire une idée précise du nombre total de victimes. Des témoignages de parents sont encore recueillis car ce n’est qu’aujourd’hui qu’ils osent dénoncer ces crimes, mais de nombreux cas restent à documenter.

    C’est seulement depuis 2000 et la loi 589 que la disparition forcée est reconnue comme un délit, qu’elle est considérée comme telle par l’institution judiciaire. Actuellement, la Colombie souscrit à la majorité des instruments internationaux sur la question et a développé une législation et des mécanismes spéciaux. Pourtant, la détention et la disparition forcée de personnes continuent d’être systématiques, permanentes et généralisées, comme le signalent les rapports de l’ONU, les organismes de défense des droits humains et même les instances officielles. Suite à une importante campagne menée par le Mouvement National des Victimes des Crimes d’État, le gouvernement a consenti à présenter un projet de loi qui permette de ratifier pleinement la Convention internationale des Nations Unies pour la protection de toutes les personnes contre la disparition forcée.

    Combien de victimes de disparition forcée en Colombie ?

    Personne ne peut apporter de réponse précise à cette question. La non reconnaissance de ce délit pendant des années, le fait qu’il apparaisse comme un simple enlèvement ou un homicide et, par conséquent, le manque de rapports officiels, la peur de dénoncer de la part des parents des victimes, la persécution contre les organisations de victimes qui s’occupent de mener des recherches et la volonté constante du gouvernement d’occulter les chiffres, font qu’il est impossible d’avoir des données précises sur la magnitude de ce crime contre l’humanité.

    Jusqu’à mi-2009, le Bureau du Procureur Général de la Nation avait enregistré 25 000 victimes et recevait encore des plaintes. La Commission Nationale de Recherche de Personnes Disparues quant à elle a enregistré 35 086 cas ; elle a par ailleurs déclaré que les cas de disparition forcée ont augmenté dramatiquement entre le 1er février 2007 et le 21 octobre 2008. Durant cette période, 7 763 cas ont été enregistrés, dont 3 090 en 2008. Les registres de médecine légale et sciences légistes disposent de chiffres encore plus élevés.

    De leur côté, les organismes de défense des droits humains, parmi lesquels le Mouvement National des Victimes des Crimes d’État, affirment que depuis 1977, et si on prend en compte les quatre dernières années, les chiffres pourraient dépasser les 50 000 victimes. Organismes gouvernementaux et non gouvernementaux coïncident sur le fait que le nombre de victimes continue d’augmenter. Ces chiffres intègrent la documentation des cas d’exécutions extrajudiciaires au cours de la période de Sécurité Démocratique, crime également connu sous le nom de « faux positifs » en Colombie. Le nombre de cas documentés s’élève à 3 083 (entre juin 2002 et décembre 2009), parmi lesquels un pourcentage élevé ont débuté par des disparitions forcées.
     



    Journée commémorative des disparus, Plaza Bolívar, Bogotá, Colombia

    Un exemple peut illustrer la magnitude de l’horreur. L’Institut National de Médecine Légale signale qu’il a reçu dans la ville de Medellin - entre le 1er mars et le 7 avril 2010 - un rapport mentionnant 109 cas de disparitions forcées. Six personnes ont été retrouvées mortes et 103 sont encore portées disparues, dont 34 femmes. Enfin, la disparition forcée continue d’être une réalité douloureuse et derrière chaque cas, une personne, un projet de vie, une famille et très souvent un collectif, sont gravement affectés.

    Prendre part aux recherches des victimes de disparition forcée

    Le MOVICE est également préoccupé par la faible participation des familles aux processus de recherche des disparus (seules 448 familles ont pu y assister sur plus de 4 000 exhumations réalisées). Dans de nombreux cas, les parents des victimes sont uniquement perçus comme des plaignants, une source d’informations, objet de la preuve d’ADN, mais pas comme des sujets de droit. D’autres raisons expliquent également leur faible participation :

    • Méconnaissance de la part des instances officielles de l’identité des personnes qu’elles recherchent, manque d’investigation préliminaire rigoureuse et efficace. Les organismes ne savent pas qui contacter ni vers où orienter leurs investigations ;
    • Manque d’information adéquate et compréhensible de la part des familles sur leur droit à participer ;
    • Refus de Bureau du Procureur de la présence des parents des victimes et de leurs accompagnateurs lors des exhumations, par manque de sécurité ; argument contradictoire puisque le gouvernement nie l’existence d’un conflit armé, nie le contrôle exercé par les paramilitaires sur certains territoires et met l’accent sur les avancées en matière de sécurité grâce à la Politique de Sécurité Démocratique ;
    • Crainte de la part des fonctionnaires de l’impact émotionnel sur les parents des victimes et des communautés, incapacité à gérer ces situations sans l’appui de professionnels, particulièrement lors des exhumations et des identifications ;
    • Manque de moyens pour que les parents des victimes puissent réaliser un suivi des processus judiciaire et d’investigation ;
    • Annonces des exhumations faites au dernier moment.

    « Nous cherchons les êtres qui nous sont chers. Nous ne cherchons pas des tombes et des os »

    Telle est la réaction des familles de victimes quand elles voient défiler froidement les statistiques des organismes judiciaires sur le succès des exhumations réalisées par le Programme National d’Identification des Victimes non identifiées et de Recherche de Personnes Disparues, du Bureau du Procureur Général de la Nation. Ce programme a été présenté devant la communauté internationale comme étant à la base du succès de la loi 975 de 2005 (connue sous le nom de Loi de Justice et Paix). Pourtant, en se penchant sur les statistiques, s’il est vrai que le Bureau du Procureur a permis quelques avancées, il est encore bien loin d’assurer l’accès au droit à la vérité et à la justice. Plus de 90% des victimes restent aujourd’hui disparues et la plupart des affaires n’ont pas pu être résolues; les paramilitaires n’ont reconnu leurs crimes que de manière globale et l’État n’assume pas sa responsabilité dans ce crime de lèse humanité.

    Le règne de l’impunité rend ces délits bien relatifs. Aujourd’hui encore, de nouveaux cas de disparitions forcées passent aux mains de la justice pénale militaire comme s’il ne s’agissait que de cas d’obéissance due. Des combattants ayant été exhumés figurent dans les statistiques afin de gonfler les résultats des recherches de personnes disparues. D’un point de vue psychosocial, cette re-victimisation des familles ôte tout caractère réparateur aux processus de recherche, d’exhumation, d’identification et d’une remise des corps qui se fasse dans le respect de la dignité.

    Souvenons-nous qu’il est question de plus de 50 000 victimes de disparition forcée au cours des trente dernières années. Le Bureau du Procureur signale que jusqu’au 28 février 2010, 2 488 fosses avaient été retrouvées, contenant 3 017 corps. Mais l’identification et la remise des restes et des corps sont encore très lentes : 910 corps ont été pleinement identifiés, parmi lesquels 796 ont été remis à leur famille.

    Un événement à vite oublier

    Journée commémorative des disparus,
    Plaza Bolívar, Bogotá, Colombia

    Le 15 octobre 2009, dans les installations du Corps Technique d’Investigation (CTI) de Medellin, organisme lié au Bureau du Procureur Général de la Nation, 23 corps de victimes de disparition forcée ont été remis par l’Unité de Justice et Paix. Les familles et la presse furent invitées à participer à l’événement. Les restes se trouvaient dans de petites caisses en bois scellées que les parents n’ont jamais pu ouvrir. Derrière les caisses se trouvaient tous les fonctionnaires de l’Unité de Justice et Paix, du CTI, de la mairie, entre autres. Les parents des victimes quant à eux furent installés sur des chaises, loin des restes de leurs proches ; on leur demanda d’être présent à cette cérémonie pendant laquelle les discours des fonctionnaires représentaient le véritable enjeu vis-à-vis de la presse qui se fit l’écho des bons résultats obtenus par le programme d’exhumation et d’identification des cadavres.

    Ce jour-là, Yoni Rivera était présent avec ses dix frères pour recevoir les restes de leur père Sebastian Enrique Rivas Valeta et de leur frère Wilson Rivas Lopez, tous deux torturés, disparus et assassinés le 20 juillet 1996 dans la commune de Turbo par des paramilitaires qui opéraient dans la région. Leur mère n’a pu assister à l’événement, Rosiris del Carmen Lopez a été cruellement assassinée en 1997 pour avoir dénoncé les faits. Peu importait alors que Rosiris soit enceinte et que ses enfants soient accrochés à ses mollets au moment du meurtre, les assassins n’eurent aucune compassion : elle fut dépecée, étripée, son fœtus arraché et son corps éparpillé pour que ses enfants voient tout. Yoni avait douze ans. Il a eu le courage, avec ses frères, de récupérer les morceaux du corps de leur mère.

    Le jour de la remise des restes, les enfants se sont retrouvés, car ils vivent maintenant dispersés aux quatre coins du département d’Antioquia, mais leur histoire n’a pas intéressé grand monde, ils n’étaient pas les héros du jour. Le Mouvement National des Victimes des Crimes d’État les a réunis pour une célébration eucharistique intime où pour la première fois, ils ont pu parler de ce qu’ils sentaient. Ils ont pu s’approcher des « cercueils » tranquillement, les toucher et exprimer leurs peurs. Le plus âgé se demanda « Ce sont les corps de notre père et de notre frère ? ». Tout ce qu’ils savent à ce jour, c’est qu’on leur a fait une prise de sang pour réaliser un prélèvement d’ADN auquel ils n’ont pas compris grand chose, ils n’ont pas assisté à l’exhumation. « Ce fut comme une remise de diplôme de fin d’études », ont déclaré certains…





    Merci à MOVICE
    Source: http://alainet.org/active/45655⟨=es
    Date de parution de l'article original: 07/04/2010
    URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=4552


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  • Depuis le jeudi 17 mars, plusieurs manifestations ont été réprimées par la police nationale et les forces armées avec un usage excessif de la force. Ce nouvel épisode de répression n'est que la continuité de la violence institutionnalisée d'un gouvernement qui n'a fait qu'assurer la continuité des violations des droits humains.

    Les manifestations pacifiques intégrées par des enseignants, des étudiants, des jeunes, des parents et des mères, ont été réprimées avec des quantités excessives de gaz lacrymogènes dans un évident mépris des procédures autorisées pour la dissolution de protestations. Les capsules de gaz sont utilisées comme des projectiles, jetées directement sur les manifestants et dans des espaces confinés. L'utilisation de canons à l'eau colorée est aussi constatée. Depuis le coup d'état, plusieurs personnes ont été des victimes de cette tactique.

    Le 24 mars, les organes de répression sont entrées à l'Université nationale autonome du Honduras, en violation flagrante du principe d'autonomie universitaire. Pendant environ six heures, la police s'est affrontée avec ses étudiants et étudiantes, armées de pierres, et a jetée plus de 100 capsules de gaz lacrymogène sur le site du campus universitaire, affectant de nombreux étudiants, employés et professeurs. Le lendemain, la répression a été encore plus violente, avec une "pluie" de gaz lacrymogène s'étalant sur l'espace de quelques pâtés de maisons. Plusieurs personnes se sont vues affectées par les gaz et les coups. La police à fait la chasse aux manifestants, et a capturé beaucoup d'entre eux.

    Le 31 mars, La répression policière a fait des dizaines de blessés, au cours des manifestations qui ont eu lieu à Tegucigalpa et dans d’autres villes, pour exiger le retour du président constitutionnel, Manuel Zelaya.
    Des expulsions violentes se sont aussi produites à l’Université Nationale de la ville industrielle de San Pedro Sula.
    Les rassemblements ont été convoqués par le Front National de Résistance Populaire pour appuyer les enseignants qui depuis cinq semaines manifestent contre un projet de loi qui veut privatiser l’éducation publique du Honduras.

     

     

    Después de las muchas exposiciones, la decisión de las Bases de Tegucigalpa es continuar en la lucha, independientemente de lo que digan los otros departamentos, y le piden a los Presidentes de los Colegios Magisteriales que se reúnan, para hacer un planteamiento y entregárselo a Pepe Lobo.

     


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  • Comment Monsanto exploite la crise alimentaire en tentant d’imposer son maïs GM aux fermiers mexicains

    Mexique : Monsanto et l’épi de la mort

    Alfredo ASSEDO

    Monsanto a fait de la chute des réserves internationales de maïs et du désastre causé par le froid dans les cultures de céréales du nord du pays son argument principal pour imposer les semences commerciales de maïs transgénique au Mexique en présentant ses graines manipulées comme la solution pour pallier à la raréfaction de la graminée,et à la pénurie.

    La firme va même plus loin : dans une conférence de presse, le président de la multinationale en Amérique Latine, José Manuel Maduro, a osé affirmer que ".... la décision du Mexique de ne pas les autoriser [les transgéniques] a contraint ce pays à importer 10 millions de tonnes de maïs et c’est la raison pour laquelle une décision rapide est nécessaire." Monsanto est déterminé à imposer l’épi de la mort.

    Le cynisme de Monsanto semble ne pas avoir de limites. La firme prétend que si le Mexique n’est plus autosuffisant en maïs et doit en importer des millions de tonnes annuellement, ce n’est pas à cause d’une politique agricole favorable aux multinationales ni d’un modèle injuste de libre-échange qui privilégie les importations et a abandonné la majeure partie des productions nationales, mais parce que la pays n’a pas adopté les semences commerciales du maïs transgénique.

    Les efforts persistants de la multinationale ont eu des résultats. Après que le gouvernement lui ait refusé l’autorisation de tester la semence pilote du maïs transgénique à Sinaloa, à la fin de l’année dernière, voilà que maintenant, le secrétaire de l’Agriculture, de l’Elevage, du Développement Rural, de la Pèche et de l’Alimentation (SAGARPA) vient d’autoriser Monsanto à semer du maïs jaune, génétiquement modifiée pour résister à l’herbicide glyphosate, dans le cadre d’un programme pilote du premier cycle agricole de Tamaulipas.

    Pourtant le vrai danger -un danger mortel pour l’alimentation, la santé et la culture du pays- serait de choisir Monsanto au lieu de fortifier l’agriculture nationale.

    La culture de maïs transgénique augmentera la perte de souveraineté alimentaire du pays et contaminera les espèces d’origine locales. Selon la Commission Nationale pour l’Usage et la Connaissance de la Biodiversité (CONABIO), on trouve 16 espèces de maïs d’origine mexicaine à Tamaulipas sur les 59 recensées. Dans une étude récente, la CONABIO recommande que "les seules institutions publiques qui ont les capacités nécessaires en matière de sécurité" puissent autoriser la culture de maïs transgénique, et ajoute que "cette culture ne peut être autorisée que dans les zones où le risque de contagion est minimal."

    L’étude a été financée par la SAGARPA et, contrevenant à ses propres recommandations, on a appris qu’au même moment a été donnée l’autorisation d’un ensemencement pilote par Monsanto à Tamaulipas -un état qui, comme toute le reste du nord et tout le territoire du Mexique, est le berceau du maïs originel.

    Une campagne de pressions

    Il y a une intense campagne de promotion des transgéniques au Mexique : les gros agriculteurs du nord du pays font pression pour que le gouvernement accélère la culture de maïs transgénique et la presse et la télévision ne manquent pas de se faire l’écho des thèses de Monsanto. Et même à la foire internationale du livre du Palacio de Mineria, on a eu droit à cette propagande entremêlée d’arguments scientifiques.

    Le programme de la foire traditionnelle organisée par l’Université Nationale Autonome du Mexique incluait une série de conférences intitulées "Les organismes transgéniques sont arrivés au Palacio" présentées par le principal promoteur de la biotechnique au service des multinationales, Luis Herrera-Estrella.

    L’homme de science mexicain, considéré comme le co-inventeur des transgéniques, s’est transformé en défenseur des allégations de Monsanto, une entreprise qui, selon ses propres dires, lui a volé le brevet de cette technologie. En fait, les liens qui unissent le CINVESTAV -le laboratoire où travaille le chercheur- et la multinationale sont de notoriété publique. Herrara-Estrella a même été accusé d’être l’exécuteur "des basses oeuvres" de Monsanto.

    Après que Ignacio Chapela, professeur à l’université de Berkeley ait révélé la contamination génétique des cultures de maïs de Calpulapan dans l’état d’Oaxaca, à l’automne 2001, Monsanto a monté contre lui une campagne de diffamation à laquelle Herrera-Estrella n’était pas totalement étranger. Après des années de persécution et alors que deux inspecteurs internationaux de l’Université de Berkeley avaient accepté de titulariser Chapela au poste de chercheur, son contrat fut rompu suite à la réception la lettre d’un expert qui l’attaquait. La lettre était de Luis Herrera-Estrella.

    Le cycle de conférences de la foire du livre abordait la question des transgéniques seulement de point de vue positif. Une partie des auditeurs s’en plaignit pendant la conférence de Herrera-Estrella. La présidente de l’Union des Scientifiques Engagés pour la Société (UCCS) Elena Álvarez-Buylla qui était dans le public a rapidement brossé un tableau critique de la biotechnique transgénique et a parlé d’un chercheur français reconnu pour ses recherches indépendantes sur les risques des transgéniques qui avait récemment gagné un procès contre des groupes de biotechnique qui avaient fait campagne pour le discréditer.

    Elle n’a pas pu parler longtemps car Herrera-Estrella et ses partisans, contrariés par ses commentaires, l’empêchèrent grossièrement de s’exprimer. On nota aussi que le conférencier n’avait pas mentionné les dangers avérés pour la santé du glyphosate, l’herbicide fabriqué par Monsanto, associé à une de ses variétés de maïs transgénique.

    Les opérations de relations publiques agressives visant à introduire au Mexique le maïs modifiée génétiquement par Monsanto se sont intensifiées depuis l’année dernière parce que les profits de la firme et la valeur en bourse de ses actions ont baissé à cause de la diminution des ventes de l’herbicide Roundup et des graines transgéniques de maïs et de soja en Amérique Latine et en Europe.

    Le marché mexicain représente pour Monsanto des profits potentiels de l’ordre de 400 millions de dollars par an et il y a des gens au gouvernement qui pensent que c’est une raison suffisante pour ignorer les risques que cela fait courir aux espèces locales du maïs, à l’économie et à la santé des Mexicains. Pendant ce temps, dans l’Union Européenne, selon une étude que les Amis de la terre ont publiée il y a quelques semaines, les ventes de semences transgéniques dégringolent au fur et à mesure qu’augmente le nombre de pays qui les interdisent. Selon cette source, sept état membres de l’UE ont interdit la culture du maïs transgénique de Monsanto à cause des nombreuses preuves de leur impact sur l’environnement et l’économie et en application du principe de précaution sanitaire.

    L’opposition du public aux transgéniques est montée à 61%. De manière surprenante -et non sans contradictions- en décembre le gouvernement fédéral mexicain a refusé à Monsanto l’autorisation de réaliser un projet pilote de cent hectares de maïs transgénique dans le Sinaloa, une état du nord-est du pays. Le projet pilote est la seconde des trois étapes inscrites dans la Loi de Biosécurité des Organismes Génétiquement Modifiés, celle qui suit la phase expérimentale et qui précède la libre production et la libre commercialisation.

    Depuis octobre 2009, quelques mois après une réunion entre Felipe Calderon et Hugh Grant, le président de Monsanto, le gouvernement fédéral a approuvé 29 demandes d’expérimentation du maïs transgénique, rompant ce faisant un moratoire de plus de dix ans. La majeure partie des autorisations ont été octroyées à Monsanto et à Dow Agro Science dans le but de "tester" la résistance des maïs à l’herbicide et aux épidémies sur plus d’une douzaine d’hectares. L’année dernière, après avoir gardé secret le site des tests et sans avoir rendu public leurs résultats, et donc en violation de la Loi de Biosécurité, le gouvernement a enregistré 20 demandes d’expérimentations supplémentaires des ces deux multinationales plus Syngenta.

    Si ces demandes sont acceptées, le maïs transgénique couvrira plus de mille hectares. Les contradictions et les hésitations de la position gouvernementale qui refuse les premiers permis pour la phase pilote de Sinaloa et autorise l’ensemencement d’un quart d’hectare à Tamaulipas s’expliquent sans doute par l’action des organisations de paysans et d’écologistes et les efforts incessants d’organismes comme la UCCS à l’approche de la période électorale -cruciale pour un régime qui essaie d’évaluer le coût politique de ses décisions.

    Depuis la fin de l’année 2009, l’Union nationale des organisations régionales de paysans autonomes (UNORCA) a commencé une campagne sur le thème " Non au maïs transgénique ; Monsanto dehors !" en organisant des forums de discussions dans les médias et dans les espaces publiques. Il y a eu des forums à Navojea (à quelques kilomètres de l’un des centres d’expérimentation transgénique) à Chilpancingo et Zacatecas.

    L’année dernière dans le Guadalajara et le Morelia, l’expérimentation de maïs transgénique a été qualifiée de crime contre l’humanité. Il y a désormais de nombreuses voix qui se lèvent contre ce danger. L’opposition s’étend de la UCCS jusqu’à la municipalité de Tepoztlan dans l’état sudiste de Morelos qui conteste la constitutionalité de la culture du maïs transgénique au Mexique.

    Souveraineté alimentaire ou dépendance ?

    Il y a quelques jours la UNORCA, par la voix de son dirigeant national Olegario Carrillo, a affirmé qu’il n’était pas nécessaire que le Mexique se jette dans les bras de Monsanto pour récupérer son autosuffisance en maïs. Au contraire, céder aux pressions de la multinationale qui cherche seulement à s’approprier la richesse agro-génétique des Mexicains ne fera qu’augmenter la forte dépendance alimentaire qu’a engendrée le Traité de Libre Echange de l’Amérique du Nord (NAFTA), et qui fait que les importations dépassent déjà 40% de ce que le pays consomme selon les données du chef auditeur de la Fédération.

    Le problème de fond n’est pas technique ; il vient de ce que le gouvernement mexicain n’a pas de politique agricole adéquate et qu’il ne se donne pas d’objectifs de production alimentaire. Le régime néolibéral a préféré privilégier les importations pour le plus grand profit des multinationales qui se sont appropriées le processus de production. Et bien sur, la multinationale ment quand elle affirme que sa biotechnologie peut résoudre le problème alimentaire du Mexique : il est tout à fait prouvé que les transgéniques n’augmentent pas la production.

    Les maïs transgéniques n’ont pas été conçus pour augmenter les rendements ; la grande majorité des transgéniques sont conçus pour résister aux herbicides produits par Monsanto lui-même. En réalité, ils engendrent davantage de dépendance parce qu’il faut acheter les semences, parce qu’ils contaminent les variétés d’origine locale, et aussi parce qu’ils détériorent l’environnement, l’économie et la santé des gens. Le fait est qu’il serait tout à fait possible de doubler la production annuelle de maïs au Mexique (24 millions de tonnes) si l’on changeait de politique agricole, qu’on aidait les paysans et qu’on développait les surfaces cultivables dans le sud et le sud-est, là où il y a assez d’eau.

    La richesse génétique du maïs mexicain permettrait d’augmenter la production sans avoir à payer des royalties à Monsanto étant donné que le pays possède 60 espèces locales et des milliers de variétés adaptées à tous les types de terrain et de climat. La multinationale nie le risque de contamination du maïs mexicain par le transgénique qu’elle fabrique bien qu’il soit avéré que la coexistence entre la technologie transgénique et la biodiversité est impossible. Monsanto ment comme d’habitude en faisant passer ses profits avant la santé des personnes, la protection de l’environnement et le bien commun comme cela a été amplement prouvé par les recherches effectuées pendant toutes ces années.

    En s’appuyant sur des rapports de la FAO et de l’UNESCO entre autres, la UCCS affirme que les transgéniques, non seulement n’augmentent pas les rendements, mais ils augmentent le niveau de produits chimiques toxiques et détruisent le sol et ne sont d’aucun profit pour les agriculteurs pauvres ni pour les communautés. De plus, ils contribuent à la crise climatique parce qu’ils renforcent un modèle d’agriculture dépendant du pétrole.

    Les organisations de paysans et les scientifiques engagés proposent un modèle alternatif soutenable basé sur la protection de la biodiversité, le recyclage des éléments nutritifs, la synergie entre les cultures, la protection des sols et des ressources stratégiques (comme l’eau) ainsi que l’intégration de nouvelles techniques compatibles avec des systèmes soutenables.

    Les scientifiques sont arrivés à la conclusion que l’agriculture mexicaine a les ressources nécessaires pour garantir l’autosuffisance alimentaire sans utiliser de technologies transgéniques. Selon le chercheur Antonio Turrent Fernández, les petits agriculteurs, membres des ejidos [terres exploitées en commun NdT] ou des communautés peuvent jour un rôle clé dans la production d’aliments de base et dans la gestion des nombreuses et diverses ressources phytogénétiques spécifiques au Mexique. Mais pour cela il faut des subventions publiques pour l’infrastructure, la recherche, le transfert de technologies et de services - c’est à dire qu’il faut changer radicalement le modèle dominant et l’orientation des budgets publiques- et rétablir le moratoire sur la culture du maïs transgénique.

    Alfredo Assedo est directeur de la communication sociale et conseiller à la Unión Nacional de Organizaciones Regionales Campesinas Autónomas México.

    Pour consulter l’original : http://www.bolpress.com/art.php?Cod...

    Traduction : D. Muselet pour LGS

    URL de cet article 13278
    http://www.legrandsoir.info/Mexique-Monsanto-et-l-epi-de-la-mort.html

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  • Assassinat Christian Poveda / Verdict Procès San Salvador

    Ce "procès" n’a été malheureusement que la farce judiciaire attendue, faisant suite aux incohérences de l’enquête de l’instruction qui l’avait précédé.

    Cette parodie de justice a été expédié en deux jours, le verdict a été rendu dans la nuit du mercredi 9 mars.

    Aucune réponse crédible n’a été donné aux questions :

    Pour qui et pourquoi Christian Poveda a été assassiné ?

    La presse a été interdite d’accès aux audiences du premier jour, et n’a pu suivre le procès que son deuxième et dernier jour.

    Le principal témoin à charge « Mayerli », n’était pas présent sur les lieux du crime, mais n’a eu que connaissance de celui-ci, et son identité a été "égaré" durant l’instruction

    Le rapport de police fait sur les lieux du crime lors de la découverte du corps concernant les blessures qui ont causé le décès de Poveda était mensonger.

    Un témoin a été assassiné en 2010.

    RSF, faux cul comme à son habitude, a déclaré à la clôture du procès : "un soulagement et une frustration à l’énoncé du verdict", alors que durant les années de l’instruction ils n’ont fait que de "saluer les avancées positives de l’enquête".

    Malgré ou à cause de conflits d’intérêts au sein de RSF (Alain Mingam de RSF et qui est l’agent pour les ventes photo de Poveda, est par ailleurs liée avec Aida Santos Escobar membre du gouvernement salvadorien au ministère de la justice et il en est de même pour la "co-productrice" de La Vida Loca, Carole Solive), donc pour définitivement oublier ce dossier épineux de l’assassinat de Christian, tout ce beau monde conclu que : " Malgré ses réserves à l’issue de cette affaire, Reporters sans frontières n’ignore en rien la difficulté à lutter contre le crime organisé et à rendre justice dans un tel contexte" ...

    Circulez, rien à voir, la farce est terminée.

    Et que les affaires continuent, Canal + rediffuse "La Vida Loca" et les ventes photos de Christian marchent bien.

    Le président du Salvador Mauricio Funes, pseudo président de gauche et ancien journaliste, qui avait promis que tout serait mis en oeuvre pour éclaircir le meurtre de Christian a préféré laisser l’affaire s’enliser.

    Actuellement il reçoit en visite officielle Barack Obama porteur d’un flot de dollars pour soi-disant luter contre le narco-trafic, dollars qui ne sont en fait que le prix de l’allégeance à l’empire US, pour une politique de militarisation sous contrôle américain de l’Amérique Latine sous couvert de lutte contre la drogue,

    Tout les experts en conviennent les politiques de prohibition des drogues menées depuis de longues années sont d’un échec total, n’ayant pour seuls résultats que : l’augmentations des profits, le pouvoir des narco-cartels, la corruption des autorités policières et juridiques ainsi que des politiques.

    Un commerce clandestin qui se chiffre en tonnes et en milliards de dollars de dollars ne peut se réaliser sans l’assentiment des gouvernements.

    Christian Poveda était gênant, son travail de journaliste remettait bruyamment en cause, police, justice, hommes politiques et derrière les réels bénéficiaires des profits (narco-trafic, commerce et trafic d’armes, sociétés privés de sécurité) qui génèrent et utilisent la délinquance violente des maras.

    Cordialement,
    amisdepoveda@gmail.com

    Dans le pdf : San Salvador "Verdict Procès Assassinat Christian Poveda"

    Ps :

    198 signataires sur la pétition pour la remise en cause de l’enquête des autoritees de la justice du Salvador concernant le meurtre de Christian, dont de nombreux photographes, journalistes, réalisateurs, agences de com, et aussi étudiants et retraités, de France, Belgique, Espagne, Sri Lanka, Italie, Suisse, USA, Canada

    Pour la remise en cause de l’enquête judiciaire sur le meurtre de Christain Poveda ( journaliste assassiné au Salvador le 02/09/2009)

    son lien court : http://www.lapetition.be/petition.p...

    La pétition en espagnol :

    Petition.be - Para presionar sobre la investigación judicial y esclarecer verdaderamente la muerte de Christian Poveda (periodista asesinado en El Salvador 02/09/2009)
    son lien court : http://lapetition.be/en-ligne/petit...

    Deux ajout en espagnol dans le dossier Salvador / Poveda sur le site Chien Guevara :

    http://forget.e-monsite.com/rubrique,version-espagnole,1131113.html
    http://sd-1.archive-host.com/membre...

    Sur le site Michel Collon - L’info décodée :
    http://www.michelcollon.info/Ou-en-...
    http://www.michelcollon.info/IMG/pd...

    URL de cette breve 1699
    http://www.legrandsoir.info/+Assassinat-Christian-Poveda-Verdict-Proces-San-Salvador+.html

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  • gal_3407.jpg

    Les Latino-Américains ne sont pas des criminels nés et ils n’ont pas inventé les drogues.

    Les Aztèques, les Mayas et d’autres groupes humains précolombiens du Mexique et d’Amérique centrale étaient d’excellents agriculteurs et ne cultivaient pas la coca.

    Les Quechuas et les Aymaras produisaient des aliments nutritifs sur des terrasses parfaitement alignées qui suivaient les courbes de niveau des Andes. Ils cultivaient le quinoa, une céréale riche en protéines, et la pomme de terre sur la puna, parfois à plus de trois ou quatre mille mètres d’altitude.

    Ils connaissaient et cultivaient aussi la coca, dont ils mâchaient les feuilles pour alléger les rigueurs de l’altitude. Son usage actuel remonte donc à la nuit des temps, à l’instar de produits cultivés par d’autres peuples comme le café, le tabac ou le vin.

    La coca est originaire des versants abruptes des Andes amazoniennes. Les habitants la connaissaient depuis bien avant l’Empire inca dont le territoire, à son apogée, s’étendait du sud de la Colombie au Nord-Ouest de l’Argentine, couvrant l’Équateur, le Pérou, la Bolivie et l’Est du Chili, soit près de deux millions de kilomètres carrés.

    Mâcher la feuille de coca devint un privilège des empereurs incas et de la noblesse durant les cérémonies religieuses.

    Une fois disparu l’Empire inca à la suite de l’invasion espagnole, les nouveaux maîtres stimulèrent la mastication traditionnelle de la feuille de coca pour que les indigènes puissent travailler plus longtemps dans la journée, et ce droit a perduré jusqu’à ce que la Convention unique sur les stupéfiants adoptée par les Nations Unies en ait interdit l’usage, hormis à des fins médicinales ou scientifiques.

    Presque tous les pays la signèrent. C’est à peine si l’on discutait les questions relatives à la santé. Le trafic de cocaïne n’atteignait pas encore sa gigantesque ampleur actuelle. Depuis, de très graves problèmes ont surgi qui exigent des analyses profondes.

    L’ONU affirme avec délicatesse, au sujet de cette question épineuse du rapport entre la drogue et la criminalité organisée : « L’Amérique latine n’est pas efficace dans son combat contre la criminalité. »

    Les informations publiées par différentes institutions varient à cause du caractère sensible de cette question. Les données sont parfois si complexes et si nombreuses qu’elles peuvent induire en erreur. En tout cas, ce qui est incontestable, c’est que le problème s’aggrave, et très vite.

    Voilà presque un mois et demi, le 11 février 2011, le Conseil citoyen pour la sécurité publique et la justice du Mexique a publié un rapport qui offre des données intéressantes sur les cinquante villes les plus violentes au monde compte tenu des homicides commis en 2010 : le Mexique en réunit le quart. Et, pour la troisième année consécutive, Ciudad Juárez, à la frontière étasunienne, occupe le premier rang.

    Le rapport affirme : « Cette année, le taux d’assassinats à Juárez a été supérieur de 35 p. 100 à celui de Kandahar, en Afghanistan, qui occupe la seconde place, et de 941 p. 100 à celui de Bagdad », autrement dit presque dix fois plus que la capitale iraquienne, qui apparaît au cinquantième rang de la liste.

    San Pedro Sula, au Honduras, occupe la troisième place avec 125 assassinats pour 100 000 habitants, seulement dépassée par Ciudad Juárez, au Mexique, avec 229 et Kandahar, en Afghanistan, avec 169.

    Tegucigalpa, au Honduras, occupe la sixième place, avec 109 assassinats pour 100 000 habitants.

    Ainsi donc, le Honduras, le pays où se trouve la base aérienne étasunienne de Palmerola où un coup d’État a été fomenté sous l’administration Obama, compte deux villes parmi les six premières au monde en matière d’assassinat. La capitale du Guatemala atteint 106.

    Toujours selon ce rapport, Medellín (Colombie) figure parmi les villes les plus violentes d’Amérique et du monde avec 87,42 assassinats.

    Le discours du président étasunien Barack Obama en El Salvador et sa conférence de presse postérieure m’imposent le devoir de publier ces lignes sur ce point.

    Dans mes Réflexions du 21 mars, je l’ai critiqué pour son manque d’éthique : n’avoir même pas mentionné au Chili le nom de Salvador Allende, un symbole de dignité et de courage pour le monde entier, mort des suites du coup d’État fomenté par un président étasunien.

    Comme il devait se rendre le lendemain en El Salvador, un pays centraméricain qui symbolise les luttes des peuples de Notre Amérique et qui a été parmi ceux qui ont le plus souffert de la politique des USA sur notre sous-continent, j’ai écrit : « Là, il va falloir qu’il s’ingénie pas mal, parce que les armes et les instructeurs reçus des administrations étasuniennes ont fait couler bien du sang dans ce pays frère. Je lui souhaite un bon voyage et un peu plus de… bon sens. »

    Je dois avouer qu’il a été un peu plus délicat à cette dernière étape de sa tournée latino-américaine.

    Tous les Latino-Américains, croyants ou non, admirent monseigneur Oscar Arnulfo Romero et les six jésuites lâchement assassinés par les nervis que les Etats-Unis ont entraînés, soutenus et armés jusqu’aux dents. Le FMLN, une organisation militante de gauche, livra en El Salvador une des luttes les plus héroïques de notre continent, et le parti issu des rangs de ses glorieux combattants – dont l’histoire profonde n’a pas encore été écrite – fut élu par le peuple à la présidence du pays.

    Il est urgent en tout cas de se colleter avec le dilemme dramatique que vit non seulement El Salvador, mais encore le Mexique, le reste de l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud.

    Obama en personne a affirmé qu’environ deux millions de Salvadoriens, soit 30 p. 100 des habitants, vivaient aux USA où des centaines de milliers d’habitants ont été contraints d’émigrer à cause de la répression brutale orchestrée contre les patriotes et du pillage systématique de ce pays par les États-Unis.

    Ce qu’il y a de nouveau, c’est qu’à la situation désespérée des Centraméricains, sont venus s’ajouter le pouvoir incroyable des bandes  terroristes, le trafic d’armes sophistiquées et la demande de drogues en provenance du marché étasunien.

    Dans le bref discours qu’il a prononcé avec son visiteur, le président salvadorien a affirmé :

    « J’ai insisté devant lui sur le fait que la criminalité organisée, le trafic de drogues, l’insécurité des citoyens n’étaient pas des questions qui inquiétaient uniquement El Salvador, le Guatemala, le Honduras ou le Nicaragua, ni même le Mexique ou la Colombie, mais qu’elles préoccupaient la région dans son ensemble, et que nous œuvrons à cet égard pour la mise en place d’une stratégie régionale à travers l’Initiative centraméricaine concernant la sécurité régionale (CARCIS). 

    « J’ai insisté sur le fait que cette question ne devait pas être abordée seulement par la répression de la criminalité à travers le renforcement de nos polices et de nos armées, mais qu’il fallait aussi mettre l’accent sur la prévention du délit et que la meilleure arme pour combattre la délinquance en soi dans la région était par conséquente d’investir dans des politiques sociales. »

    Le président étasunien a répondu :

    « Le président Funes s’est engagé à créer plus de possibilités économiques ici, en El Salvador, pour que les gens ne soient pas obligés à se rendre dans le Nord pour maintenir leur famille. 

    « Je sais que c’est particulièrement important pour les quelques deux millions de Salvadoriens qui vivent et travaillent aux États-Unis. […] J’ai donc informé le président des nouvelles lois de protection du consommateur que j’ai signées et qui informent mieux les gens et garantissent que les envois de fonds familiaux parviennent à leurs destinataires.

    « Nous engageons aussi de nouveaux efforts pour faire face aux trafiquants de drogues et aux gangs qui ont provoqué tant de violence dans tous nos pays, en particulier ici en Amérique centrale. […]

    « …nous dégagerons deux cent millions de dollars pour appuyer les efforts ici dans la région, y compris pour aborder… les facteurs sociaux et économiques qui poussent les jeunes à la délinquance. Nous aiderons à renforcer les tribunaux, les groupes de la société civile et les institutions qui défendent la légalité. »

                Rien de mieux pour exprimer l’essence même d’une situation douloureuse et triste.

    Le fait est que de nombreux jeunes centraméricains sont poussés par l’impérialisme à tenter de traverser une frontière toujours plus rigide et plus infranchissable ou de prêter service aux richissimes gangs de narcotrafiquants.

    J’ai une question à poser à Obama : Ne serait-il pas juste que les États-Unis promulguent une Loi d’ajustement pour tous les Latino-Américains, à l’image de celle qu’ils ont inventée pour punir Cuba voilà plus d’un demi-siècle ? La quantité de personnes qui meurent à la frontière des USA ou qui meurent d’ores et déjà chaque année par dizaine de milliers dans les peuples auxquels vous offrez une « Alliance entre égaux » continuera-t-elle de croître à l’infini ?

    Fidel Castro Ruz

    Le 25 mars 2011

    20 h 46


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  • Le Guatemala expulse de force des paysans indigènes

    Les autorités guatémaltèques doivent stopper les expulsions forcées visant des communautés paysannes indigènes, qui ont jusqu'à présent mis à la rue 2 500 personnes et entraîné la mort d'un homme.

    Selon certaines informations, les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes pour expulser de terres faisant l'objet d'un litige 12 communautés paysannes Kekchis à Valle del Polochic, dans le nord-est du Guatemala, entre le 15 et le 18 mars.

    Antonio Beb Ac, ouvrier agricole, a été tué lors des expulsions et deux personnes auraient souffert de complications causées par les gaz lacrymogènes. Deux autres communautés comprenant environ 300 personnes seraient elles aussi menacées d'expulsion.

    Les expulsions à Valle del Polochic ont jusqu'à présent été menées sans réelle consultation, sans préavis, ni solution appropriée de relogement. Ces agissements doivent cesser immédiatement, a affirmé Sebastian Elgueta, chercheur sur le Guatemala à Amnesty International.

    Des milliers de personnes ont perdu leur logement et leurs moyens de subsistance. Sans abri, nourriture ni eau, elles sont exposées à d'autres atteintes aux droits humains et doivent bénéficier de la protection des autorités. Les quelque 60 familles toujours menacées d'expulsion doivent également être protégées.

    En outre, les autorités doivent veiller à mener une enquête impartiale et approfondie sur la mort d'Antonio Beb Ac, à rendre ses conclusions publiques et à traduire en justice les responsables présumés de cet homicide.

    Un juge a émis l'arrêté d'expulsion visant les 14 communautés le 7 février. Cette décision a statué sur un litige concernant la propriété de ces terres, litige opposant une société locale qui en revendique la propriété aux communautés Kekchis, qui font valoir qu'elles vivent et travaillent sur ces terres depuis 30 ans.

    Le 14 mars, des membres des communautés indigènes ont rencontré les autorités afin de tenter de trouver une solution. Le lendemain, la police et l'armée ont commencé à procéder aux expulsions, semble-t-il sans préavis ni avertissement, évacuant les fermes de Miralvalle et d'Agua Caliente.

    Le 16 mars, l'exploitation de Quinich a été totalement rasée. Les 17 et 18 mars, neuf autres communautés ont été expulsées, dont deux qui auraient été chassées de chez elles par erreur.

    Dans les communautés de San Miguelito et Campanas, 60 familles (environ 300 personnes) vivent toujours sous la menace d'une expulsion forcée.

    Le 17 mars, le bureau de la présidence a publié un communiqué annonçant que les autorités appliqueraient tous les arrêtés d'expulsion avec effet immédiat, sans préciser toutefois si elles le feraient dans le respect du droit international.

    Amnesty International redoute que les expulsions forcées ne se déroulent, comme par le passé, sans consulter les populations touchées ni leur proposer des solutions de relogement adéquat.

    Les droits humains de tous doivent être respectés. Les autorités guatémaltèques doivent veiller à ce que les plus vulnérables, les communautés indigènes ainsi que tous les groupes marginalisés, voient leurs droits civils, économiques, sociaux, politiques et culturels dûment protégés, a estimé Sebastian Elgueta.

    Si le gouvernement n'érige pas en priorité les droits fondamentaux des communautés marginalisées, les principes du droit au Guatemala continueront d'être appliqués de manière discriminatoire au détriment des peuples indigènes et de pencher en faveur des grands propriétaires terriens.

    Autres expulsions ici


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  • C’est l’Amazonie, imbécile !

    Tout le monde se souvient de cette phrase par laquelle Bill Clinton terrassa G. Bush père au cours de la campagne présidentielle de 1992. On pourrait employer une expression similaire aujourd’hui : nombreux sont ceux qui pensent, au Brésil et hors du Brésil, qu’Obama est en visite pour vendre les F-16 états-uniens au lieu des Rafales du concurrent français et pour placer les entreprises US dans les futurs contrats mirobolants de l’industrie pétrolière brésilienne en plein boum.

    Une façon d’assurer un approvisionnement régulier et sûr pour satisfaire sa demande insatiable de combustible par des accords avec l’un des pays de l’hémisphère les plus stables, en tous cas bien plus que ces fournisseurs traditionnels du moyen-orient ou même d’Amérique latine. Le carnet d’affaires d’Obama comporte également l’intervention d’entreprises us dans la rénovation de l’infrastructure des transports et des communications du Brésil sans oublier des services de contrôle et sécurité nécessaires à la bonne tenue du Mondial de football (2014) comme des J.O. (2016).

    Ceux qui soulignent ses réalités n’oublient pas pour autant les problèmes bilatéraux qui affectent les relations commerciales. D’abord le protectionnisme persistant des usa et les difficultés qu’il occasionne aux exportations brésiliennes. Les relations sont donc loin d’être aussi harmonieuses qu’on peut souvent les décrire. De plus, le poids régional et international croissant du Brésil n’est pas vue d’un bon oeil par Washington. Sans l’appui du Brésil et de l’Argentine, l’Initiative bolivarienne pour en finir avec l’ALCA n’aurait pas réussi. Un Brésil puissant reste donc une gênant pour les projets impérialistes dans la région.

    Quels sont donc les objectifs de la visite d’Obama dans la région ? Le contexte d’abord : depuis la prise de fonctions de Dilma Roussef, la maison blanche n’a cessé de déployer beaucoup d’énergie pour renforcer les relations bilatérales. Dix jours ne s’étaient pas écoulés pour la nouvelle présidente, qu’elle reçu la visite des sénateurs républicains John Mac Cain et Joh, Barrasso ; quelques semaines plus tard, c’est le Secrétaire au Trésor, Timothy Geithner qui frappait à sa porte pour la rencontrer. L’intérêt des visiteurs fort aiguisé par le changement de président était multiplié par un signal plein de promesses de Brasilia qui par la voix de sa nouvelle présidente disait reconsidérer l’achat des 36 avions de combat de Dassault, annoncé peu avant par Lula.

    Ce changement d’attitude mis en branle tout le lobby des mastodontes du complexe militaro-industriel - c’est à dire le « gouvernement permanent » des usa sans s’occuper de l’occupant provisoire de la Maison blanche - lobby tombé en piqué sur Brasilia dans l’espoir de récupérer un premier contrat pour 6 milliards de dollars éventuellement suivi d’un second si le Brésil augmente, comme on s’y attend, ces commandes de 120 autres appareils dans les années qui viennent. Ce serait pourtant une erreur de croire que c’est le seul motif du voyage d’Obama.

    En réalité, ce qui l’intéresse le plus, en sa qualité d’administrateur de l’empire, c’est d’avancer sur le contrôle de l’Amazonie. Pour cela, il s’avère indispensable de freiner, puisqu’il n’est pas possible de la stopper, la coordination croissante et l’intégration politique et économique en cours dans la région qui furent déterminantes pour faire naufrager l’ALCA en 2005 comme pour faire capoter les tentatives sécessionniste en Bolivie (2008) et de coup d’état en Equateur (2010).

    Il doit aussi essayer de semer la discorde entre les partenaires les plus radicaux de la région (Cuba, Vénézuela, Bolivie, Equateur) et les gouvernements « progressistes » (principalement Brésil, Argentine et Uruguay), qui se débattent comme ils peuvent pour trouver un espace, chaque fois plus réduit et problématique entre la capitulation face aux diktats de l’empire et les idéaux d’émancipation portés par les pays de l’ALBA, ces mêmes idéaux qui, il y a deux siècles, ont inspiré les luttes d’indépendance de nos pays. Le reste est bien secondaire.

    Au vu de ces antécédents, on peut être surpris par l’indécision de Roussef sur le choix d’équipement de ses forces armées car si finalement, le Brésil arrivait à signer le contrat pour l’acquisition des nouveaux F-16 au lieu des Rafale français, la volonté d’affirmer sa souveraineté effective sur l’Amazonie se verrait sérieusement compromise. Ce n’est pas affirmer qu’il faut obligatoirement acheter les avions de Dassault, mais souligner que toute autre alternative est préférable.

    Si une telle chose finissait par se produire, c’est que la chancellerie brésilienne dans une négligence irresponsable aurait oublié le fait que dans l’échiquier géopolitique des Amériques, Washington poursuit deux objectifs stratégiques : le premier est prioritaire, c’est d’en finir avec le gouvernement de Chavez en utilisant n’importe quelle argutie et moyens, légaux et institutionnels ou à défaut à toute forme de sédition. C’est l’objectif manifeste vociféré par la maison blanche mais l’objectif fondamental, à long terme, c’est le contrôle de l’Amazonie.

    C’est là le gisement de richesses immenses que l’empire, dans sa course effrénée pour l’appropriation exclusive des ressources naturelles de la planète, veut s’assurer sans que personne de l’en empêche puisque ses classe dominantes le considèrent comme son hinterland naturel : eau, minéraux, pétrole, gaz, biodiversité et culture alimentaires. Pour les stratèges de pointe états-uniens, le bassin de l’Amazone, comme l’antarctique est une zone de libre accès où l’on ne reconnaît aucune souveraineté nationale, et qui reste donc ouverte pour cette bonne raison à ceux qui possèdent les ressources techniques et logistiques pour son exploitation c’est à dire eux-mêmes.

    Bien sur, aucun porte-parole du département d’état ou du pentagone ne peut dire ces choses à voix haute mais ils agissent en fonction de cette conviction. Pour être cohérent avec cette réalité, il serait insensé pour le Brésil de parier sur un équipement et une technologie militaire qui le placerait en situation de subordination vis-à-vis des usa qui ostensiblement lui disputent la possession effective des immenses ressources de l’Amazonie. Quelqu’un doute-t-il encore que le moment venu, les États-Unis hésiteront une seconde à employer la force pour défendre ses intérêts vitaux menacés par l’impossibilité d’accéder aux ressources naturelles de la région ?

    C’est précisément le contrôle de la région qui est en jeu.

    Obama n’en soufflera pas un mot à son hôtesse, entre autres raisons parce que Washington exerce déjà un certain contrôle de fait sur l’Amazonie à partir de son énorme supériorité en matière de communications satellitaires doublée d’une vaste chaîne de bases militaires avec lesquelles les usa encerclent cette région qui confirment par les moyens traditionnels de l’impérialisme, son ambition d’appropriation territoriale. C’est la réactivation inattendue de la IV flotte US qui a poussé l’ancien président Lula à l’accélération du ré-équipement des forces armées brésiliennes.

    Cette réactivation a été annoncée peu de temps après l’annonce de la découverte d’un énorme gisement pétrolier sous-marin face au littoral de Sao Paulo. Il est devenu d’un coup évident, (comme par un flash cauchemardesque), que Washington considérait inacceptable qu’en plus de bénéficier d’un territoire très étendu et de ressources naturelles immenses, le Brésil devienne une puissance pétrolière et par là même un pays capable de contrebalancer la prédominance us au sud du Rio bravo et dans une moindre mesure, sur l’échiquier politique mondial.

    Par son habile menuet diplomatique de cour, les USA cachent leurs véritables intérêts qui restent ceux d’un empire assoiffé de matières premières, énergie et ressources naturelles de toute sorte sur qui le bassin de l’Amazone exerce une attraction irrésistible. Pour dissimuler ses intentions, Washington a usé -avec succès puisque le bassin de l’Amazonie à fini par être entouré de bases us- d’une subtile opération de diversion et Itamaraty* est tombé dans le panneau comme un bleu : proposer son appui pour que le Brésil obtienne un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU. Difficile de comprendre comment les diplomates expérimentés que sont les brésiliens ont pu prendre au sérieux une offre aussi invraisemblable.

    Aider le Brésil alors qu’on maintient la porte du Conseil de Sécurité fermée à des pays comme l’Allemagne, le Japon, l’Italie, le Canada, l’Inde et le Pakistan. Aveuglés par cette promesse la chancellerie brésilienne comme le haut-commandement militaire du pays n’ont pas vu que tandis qu’ils perdaient leur temps sur des divagations stériles sur ce sujet, la maison blanche installait ses bases un peu partout : sept bases en Colombie (oui, sept !) dans le quadrant nord-est de l’Amazonie, deux bases au Paraguay au sud, une base au moins au Pérou pour contrôler l’accès ouest et une autre base en négociation avec la France de Sarkozy pour installer troupes et équipements militaires en Guyane française pour surveiller le région orientale de l’Amazonie.

    Plus au nord, les bases d’Aruba, Curaçao, Panama, Honduras, El Salvador, Puerto-Rico et Guantanamo pour pressionner le Vénézuela et bien sur Cuba. Prétendre réaffirmer la souveraineté brésilienne sur la région en faisant appel à des équipements, des armement et une technologie guerrière US constitue une erreur monumentale car la dépendance technologique et militaire qui en découlerait laisserait le Brésil pieds et poings liés face aux desseins de la puissance impériale.

    A moins que l’on pense que les intérêts nationaux du Brésil et des États-Unis coïncident. Certains le croient mais il serait très grave que la Présidente Dilma Roussef commette une telle erreur d’appréciation irréparable. Les couts -économiques, politiques et sociaux- que le Brésil et avec lui, toute la région aurait à payer seraient exorbitants.

    Atilio A. Boron

    texte original en espagnol
    http://www.rebelion.org/noticia.php...
    ou http://www.kaosenlared.net/noticia/...
    ou http://aporrea.org/tiburon/a119838.html
    ou http://alainet.org/active/45238&lang=es

    * quai d’orsay brésilien

    traduction non officielle par alfare

    URL de cet article 13136
    http://www.legrandsoir.info/C-est-l-Amazonie-imbecile.html
     

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  • Dans le désert d'Atacama, l'épopée des “33” a caché la forêt des ensevelis
    Du Guatemala à la Patagonie : tous les ensevelis ne sont pas sous terre




    Michel Porcheron

    Au Chili- personne n’oubliera- les Trente-Trois ont tous été remontés sains et saufs de la mine de cuivre de San José, dans le désert d’Atacama, au terme d’un spectaculaire [1] sauvetage de 69 jours suivi jour après jour par le monde entier. Aucun détail n’a échappé aux 1500 cameramen et journalistes de la presse chilienne et internationale, massés dans le Camp Espoir. Mais tout est bien qui finit bien ? 

    Certes, l’histoire des Trente-Trois et de tous leurs sauveteurs est écrite en lettres d’or. Pendant 69 jours l’épicentre de l’émotion mondiale, mondialisée, a été le Camp espoir et l’Opération San Lorenzo du nom du saint patron des mineurs. A San José, à quelque 850 km au nord de Santiago du Chili, à 250 km à l’est du port de Caldera et à une heure de route de la ville de Copiapo, située au centre de la région d’Atacama, s’est jouée une incroyable aventure humaine avec happy end. Y compris pour le président médiatique chilien, Sebastian Pinera, qui crédité de 46 % d’opinions favorables avant le 5 août 2010, soit le plus bas niveau pour un président au Chili depuis 20 ans, est remonté, lui, dans les sondages. Comment ne pas exploiter un tel filon politique ? [2]

    D’autres incroyables aventures humaines : chaque fois s’affrontent deux rhétoriques inconciliables.
     

    Le Chili a offert aux capitaux étrangers la plus grande réserve d’or au monde

    Un peu plus au sud du Chili, à 150 km au sud est de Vallenar, d’autres hommes vivent une autre histoire, qui vaut aussi son pesant d’or. L’or vierge, pur, contre l’or bleu : La plus grande multinationale d’exploitation d’or au monde, la Barrick Gold, contre les Indiens de la vallée du Huasco. Une autre incroyable aventure humaine Là le happy end n’est pas garanti.

    Ici, dans cette partie de la Cordillère, à la jonction du Chili et de l’Argentine, se trouve la plus grande réserve d'or au monde, objet d'un conflit sans merci, loin des télévisions de la planète y compris celles du Chili du président Sebastian Pinera. [3]

    Seule une équipe de la réalisatrice franco-chilienne Carmen Castillo est allé voir et enquêter, pendant quatre ans. En donnant la parole à tous les protagonistes de cette guerre ignorée, dont on entendra parler quand les pelleteuses et les excavatrices commenceront à charger l’or d’une mine à ciel ouvert, qui devrait être creusée à plus de 4500 mètres d’altitude. La compagnie canadienne, fondée par Peter Munk, d’origine hongroise, prévoit là un chantier pharaonique : le Pascua Lama. Carmen Castillo a titré son film-documentaire (90 mn, 2010) « Pour tout l’or des Andes ». [4]

    Carmen Castillo

    Face à Munk et ses bulldozers géants, que pèseront les paysans andins, dont la seule richesse est la culture de vergers irrigués jusqu’ici par l’eau des glaciers ? Car la Barrick Gold est même décidée à faire sauter à son profit les énormes glaciers proches du Pascua Lama…

    L'extraction de l’or nécessitant le recours à l'eau en très grandes quantités et occasionnant le rejet de nombreuses matières toxiques type métaux lourds (cyanure, mercure, arsenic, etc.), les terres et les eaux des agriculteurs sont menacées de pollutions irréversibles. La plupart des Indiens ont décidé de résister, d’autres, moins nombreux, ne veulent voir dans Pascua Lama qu’une source d’emplois et de développements pour la région, selon les promesses de Peter Munk.

    « Ce docu­mentaire a le mérite de confronter deux rhétoriques. Chacune exprime des intérêts matériels bien réels et irréconciliables. Et c'est le nœud du drame ! » considère Bruno Birolli (BB) de TéléObs, supplément de l’hebdomadaire français Le Nouvel Observateur.

    « Pour défendre leurs champs, les Indiens ont-ils le droit de bloquer ce projet pharaonique ?

    Pour tenter de sortir de leur pauvreté, les autochtones doivent-ils accepter un emploi dans la mine, potentiellement dévastatrice pour l'environnement ?

    Au nom de la soi-disant rationalité économique, Munk peut-il effacer d'un trait un mode de vie ? Il parle comme on discourt à Davos. S'il prétend connaître la vérité, ce n'est que celle des multinationales. » (BB)

    Carmen Castillo filme Peter Munk comme il est : cynique, quand il déplore que « ceux qui mouillent leurs chemises » pour créer des emplois ne reçoivent que des critiques de ces « foutus universitaires » [nda : c'est-à-dire les opposants] ou quand il affirme qu'il n'y a pas de free lunch, qu'on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs ! « En somme, il y a toujours des perdants, et ce sont les paysans de la vallée. Et des gagnants » (B.B) Soit le pays tout entier, selon le cynique Peter Munk.
     


    A travers l'or de Pascua Lama, c'est une histoire universelle que raconte Carmen Castillo. Pour Virginie Félix (Télérama) « s’y entrechoquent, dans une complexité très moderne, enjeux économiques et écologiques, respect des traditions et course inéluctable du progrès ». Carmen Castillo [5], « femme d'engagement soucieuse d'échapper au simplisme, se livre à une enquête fouillée, en prenant soin de donner la parole à tous les acteurs de l'histoire ».

    « Elle ne craint pas de mettre en scène ses propres vacillements, d'interroger à haute voix ses doutes. Elle fore et creuse son sujet, jusqu'aux racines du modèle économique chilien, ce « laboratoire du néolibéralisme » qui, au nom de la croissance, a offert aux capitaux étrangers les ressources naturelles du pays sans contrepartie financière.

    Carmen Castillo raconte ainsi l'histoire de cette "guerre" entre une multinationale canadienne pour qui le progrès, inexorable, est seule source de richesse, et des paysans entretenant un rapport sacré à la terre, mais partagés entre la peur de cette machine sans visage ni scrupules et le besoin de travailler. Ensevelis déjà sous des aconcaguas d’indifférence, les Indiens de la Vallée du Huasco auront le choix entre le déplacement forcé, la mort lente par contaminations et un travail de tous les dangers y compris les éboulements. Ce jour là, les télévisions du monde entier reviendront. On ne sait jamais, et si cette fois 34 ensevelis revoyaient la lumière…

    "Nostalgia de la Luz" (Nostalgie de la lumière), film long métrage du Chilien Patricio Guzmán

    Dans ce même désert d’Atacama, à trois mille mètres d'altitude, les astronomes venus du monde entier sont réunis 24 heures sur 24 heures pour observer les étoiles. C'est leur travail. Le ciel d’Atacama est particulièrement propice pour leurs recherches. Au même endroit, mais au sol, la sécheresse de la terre d’Atacama est réputée pour conserver intacts les restes humains : plus ou moins dans l’ordre, ceux des momies, cadavres d’Indiens qui ont habité la région au temps des civilisations précolombiennes, des explorateurs et des mineurs du XIXe siècle, mais aussi les ossements des prisonniers politiques de la dictature d’Augusto Pinochet.

    D’un côté, les astronomes scrutent les galaxies les plus éloignées en quête d'une probable vie extraterrestre, de l’autre, au pied des observatoires, des femmes remuent les pierres, fouillent le sol, à la recherche de leurs parents « disparus. ».

    Patricio Guzman

    Le film de Patricio Guzman « Nostalgie de la lumière » [6] ilustre un terrible paradoxe. Dans cette partie du désert ocre d’Atacama, on en sait beaucoup plus sur l’Univers et ses 13,7 milliards d'années que sur les centaines de Chiliens et Chiliennes portés « disparus » sous la dictature d’Augusto Pinochet dont la nuit aura duré 15 ans (1973-1989).

    A 3000 mètres d’altitude, grâce au plus grand observatoire au monde, les plus grands professionnels de l’astronomie, visent en permanence un ciel pur et transparent.

    3000 mètres plus bas, des femmes plus très jeunes, pelle à la main, continuent depuis 28 ans de creuser la terre, à la recherche du moindre reste humain, qui appartiendrait à un membre « desaparecido » de leurs familles, en réalité assassiné dans les camps d’internement proches, puis à peine enfoui dans les sables devenus charniers. Dans le désert, la junte militaire avait installé un camp de concentration, à Chacabuco. Elle y enterrait des cadavres. Il existe au moins un charnier avéré, entre 400 et 500 corps ensevelis près de Calama, puis exhumés au bulldozer par les militaires pour être jetés dans la mer, ou ailleurs. Des pelles métalliques ont laissé sur place des restes, pieds ou débris de crânes, dont certains ont été identifiés vingt ans plus tard.

    « J'aimerais que ces appareils, qui scrutent notre lointain passé, balaient aussi le désert pour y retrouver les corps », déclare une femme. Un peu plus loin, des archéologues font leur travail traditionnel d’archéologues.

    Affiche version française

    « Avec douceur et sensibilité, le réalisateur est allé à la rencontre de ceux qui ont la tête dans les étoiles et qui n'ont jamais vécu cette terrible époque, et de celles qui ont les pieds sur terre et qui ne peuvent plus oublier ces années noires. Ensemble, ils parlent de la mémoire, de sa force et des plaies qu'elle empêche de se refermer », a écrit ce critique français pour qui Nostalgie de la lumière « se pose en « piqûre de rappel, en vertige cosmogonique et en documentaire très émouvant. Tout ça à la fois, oui ».

    Pour le quotidien Le Monde, le film de Guzman est «un chef-d’œuvre à la sérénité cosmique(…) Il n'est pas seulement le chef-d’œuvre de Guzman, il est un des plus beaux essais cinématographiques qu'on a vus depuis longtemps ». Le génie de Patricio Guzman a été de mettre en relation toutes ces recherches et leurs protagonistes, Gaspar l'astronome, Lautaro l'archéologue et les veuves Victoria et Violeta.

    D’où dit Jacques Mandelbaum, « une science insolite du montage, une magie de l'association entre les choses et les êtres, un art de mettre au jour des connexions insoupçonnées ». Le film montre d’autres personnages forts, comme Luis, qui fut détenu dans une prison où il eu l’occasion de découvrir l'astronomie qui lui permit de survivre ou comme Valentina, jeune astronome, dont le père et la mère furent assassinés. « Il aura fallu à Patricio Guzman quarante ans de lutte pied à pied, de mémoire à vif et de souffrance intime, pour aboutir à cette œuvre d'une sérénité cosmique, d'une lumineuse intelligence, d'une sensibilité à faire fendre les pierres (…) . Une leçon de vie. Silence et respect ».

    Pour l’hebdomadaire Le Point , « depuis son exil en 1973 Patricio Guzman ne cesse de confronter son pays à son passé. Jamais il ne l’a fait avec une telle sensibilité et une telle élévation d’âme ».

    « Reliant ciel et terre, métaphysique et politique, histoire et géographie, intime et collectif, Guzmán invente le documentaire méditatif, dont la beauté surgit d’un agencement d’idées, d’images et de sons absolument inclassable » (Les Inrockuptibles).

    Pour le quotidien Libération (René Solis), « le calme du film et la beauté de ses images fonctionnent alors comme un antidote au déferlement d’émotion. Nostalgie de la lumière permet sans doute aussi de mieux comprendre un événement récent : le sauvetage des mineurs de San José, toujours dans le désert d’Atacama. Comme si derrière cette histoire de vivants arrachés des entrailles de la terre - et la mise en scène exacerbée de la solidarité et de la compassion sous les caméras du monde entier -, affleurait la mauvaise conscience pour tous les morts sans sépulture ».

    Simple coïncidence : au moment où 33 Chiliens sortent intacts et indemnes d’une nuit de 69 x 24 soit 1656 heures, Patricio Guzman rappelle que des centaines d’autres Chiliens et Chiliennes resteront toujours ensevelis pour une nuit sans fin. [7]

    Plus au sud dans le continent un autre « conte » du néolibéralisme

    « Patagonie, les couleurs de la discorde » Documentaire de José Maldavsky (France, 2010). 52 mn. Inédit. [8]

    Plus au sud du continent latino-américain, un autre « conte » dit communément néolibéral, réunit dans un face à face désormais monnaie courante, une communauté aborigène et les « lois » du commerce mondialisé.

    Encore deux rhétoriques, les mêmes, toujours inconciliables.

    Cette fois c’est le réalisateur José Maldavsky qui en 52 minutes « met en scène »  le conflit qui oppose Luciano Benetton, qu’on ne présente plus et des Indiens de Patagonie argentine, représentés par les époux Mapuche, Curiñanco, Atilio, 52 ans et sa femme Rosa Nahuelquir. En langue mapuche, ils ont pour nom, « L’Aigle noir au ventre blanc » et « La Tigresse qui est sortie ».
     

    Photo Diego Guidice

    Benetton, la firme italienne de Trévise, le plus grand propriétaire terrien d’Argentine, avait acquis en 1991 un million d’hectares patagoniennes, achetés plus de 50 millions de dollars, au gouvernement argentin à l’époque de l’hyper-libéral président Carlos Menem (1900-1999). Un dixième de la laine utilisée par United Colors provient d’immenses troupeaux de moutons – 250.000 et 16.000 vaches-- paissant sur cette « propriété » du milliardaire italien. Leur laine -1000 tonnes par an- sera utilisée pour fabriquer, en Tunisie et en Roumanie, les produits United Colors vendus dans 120 pays. [9]

    Or le 23 août 2002, pour être précis, les Mapuche (« Gens de la terre ») revendiquent un confetti de 525 (« Santa Rosa de Leleque, territoire Mapuche récupéré »), de ce million d’hectares, sur lesquels ils décident de revenir vivre et travailler. Sur leur terre. La terre de leurs ancêtres depuis toujours [10]. « Avec une conviction communicative, le réalisateur José Maldavsky retrace l'audacieuse lutte de cette communauté contre le géant du textile, insensible aux ar­guments culturels avancés par les avocats des Mapuche. Porté par une grande sincérité, Pata­gonie, les couleurs de la discorde tient à la fois du film militant et du conte moral, qui se déroule sur fond de mondialisation. Là résident la force et le vif intérêt de ce documentaire », a souligné François Ekchajzer. (Télérama)

    Que pourront faire les modestes Curiñanco face aux bulldozers du magnat du textile pour qui, dans un monde mondialisé, la propriété physique doit appartenir à celui qui peut la faire prospérer avec compétence et travail, tout en favorisant la croissance et le bien-être d’autrui (sic) ?

    Une fois de plus, comme le montre José Maldavsky, le dialogue n’existera pas, il ne sera même pas un dialogue de sourds. Luciano Benetton aura seul la parole.

    Mais ce David contre Goliath est suivi de près par les médias argentins.

    « Comme toujours on s'est mis au travail. On a bâti une étable, on a nettoyé le sol pour faire un potager. On ne craignait pas qu'ils viennent nous expulser. Et pourtant c'est arrivé... » Les Benetton, en effet, n'ont pas accepté la présence de ces « intrus » sur leur domaine. Ils ne veulent pas dialoguer, ils ont fait jouer l’artillerie lourde judiciaire, convoquer des juges, des avocats et multiplier les sommations.

    Mais les Benetton, s’ils maîtrisent et contrôlent leurs propres lois, semble ignorer certaines lois nationales argentines. Depuis 1994, la Constitution du pays protège en partie les droits des aborigènes. Et depuis 2000, l’Argentine a adhéré à une convention de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) accordant aux Indiens le droit de se regrouper en communautés juridiques et d'être consultés sur toute activité productive menée sur leur territoire.

    Adolfo Pérez Esquivel, prix Nobel de la paix 1980, explique: « Mapuch signifie " les gens de la terre". Si on arrache leur terre aux communautés indigènes, on les tue. Ils ont besoin d'être en communion avec elle. Pour le système capitaliste, en revanche, la terre est un objet qu'on achète et qu'on vend. C'est une différence fondamentale de conception de la vie. Et c'est ce que Benetton ne peut pas comprendre. »

    «Je dis que ces valeurs ne peuvent pas être utilisées pour violer le droit de propriété », a plaidé l'avocat des Benetton qui veut oublier que les Mapuches vivent ici depuis treize mille ans.

    Adolfo Pérez Esquivel: « On a changé de conquistadors. Il y a eu les Espagnols, puis les Anglais, à présent ce sont les multinationales... »

    Avec ce qui va avec. Pots-de –vin, dessous-de-table, combines et corruption. « L'entreprise contrôle la région bien davantage que l'Etat lui-même ! » affirment les Mapuche dont une délégation s’est rendue en Italie pour rencontrer Luciano Benetton.

    « Nous lui avons expliqué l'importance de ce lieu pour nous. Il nous a dit qu'il ne comprenait rien, que c'était un caprice de vouloir revenir ici ! Il a dit qu'il allait régler l'affaire, que ce serait fait dans le mois. Et il a tout embrouillé ! »

    Les Mapuches affirment qu'ils ne partiront jamais. « On veut bien les croire. Leur sincérité, leur foi en leur cause, cet élan vital qui les anime semblent inébranlables. C'est un film grave et beau, d'une vérité et d'une profondeur rares. Son auteur, José Maldavsky, a mené une enquête remar­quable. C'eût pu être un brûlot ; son ton mesuré donne toute sa force à ce document qui nous incite à la réflexion sur les droits des minorités et sur une autre manière de concevoir le monde et son développement durable ». ( Richard Cannavo, TéléObs)

    Le journaliste français Olivier Ubertalli (O.U) a signé pour l’hebdomadaire « Le Point » (10 février 2011) un reportage où il est parti à la rencontre du couple Curiñanco « sans le sou » dans leur « baraque de glaise et de tôle » et d’Argentins, (très) concernés par la présence de la multinationale. Son titre « Les Indiens Mapuche contre l’Empire Benetton ».

    « Dans cette sorte de Far West argentin, domaine public et propriété privée se confondent sous le regard bienveillant des politiques locaux ». Ubertalli cite la construction d’un commissariat de Police, à moins de 10 km du terrain récupéré par le couple Mapuche. A El Maiten (4000 habitants), le maire, péroniste, Juan Manuel Cociolo déclare que « Benetton est un acteur indispensable et primordial pour la vie du village ». Le gouverneur de la région, Mario das Neves qui « durant son mandat a redynamisé la région de Chubut en stimulant les investissements privés, et pas seulement ceux des Benetton » est très clair : « Je n’ai absolument rien contre les Benettonrien. J’ai souvent célébré leurs investissements ». Avec ce « modèle Chubut », Mario das Neves sera candidat à la présidentielle de 2011.

    Selon l’envoyé spécial du Point, pour les attachés de communication des Benetton, des Argentins, « il s’agit d’un investissement productif. Mais nous ne sommes qu’une victime de plus dans cette affaire ». « Une victime... Exagéré ?  » interroge le journaliste français. « Pas tant que cela. L’aventure argentine depuis des années tourne au cauchemar pour les Benetton, qui supportent mal qu’on ternisse leur image ».

    Ce fut Adolfo Perez Esquivel qui porta le coup le plus fort contre les Benetton. En 2004, il publia dans la Repubblica un texte où il écrivait notamment : « Je vous avoue ma consternation et ma douleur en découvrant que, comme entrepreneur de notoriété internationale, vous vous êtes servi de votre argent et de la complicité d’un juge sans scrupules pour retirer des terres à une humble famille de Mapuche »…

    Photo du dessus : Atilio et Rosa

    Cette affaire n’est qu’un exemple de « la lutte pour la terre, sujet ultrasensible en Argentine » (O.U). Fernando Kosovsky, qui défend Atilio et Rosa, cite le cas du GAJAT (Groupe d’aide juridique pour l’accès à la terre) où « les plaintes vont d’un refus de connexion au réseau électrique à la réclamation d’un terrain ancestral dont on les a expulsés »

    Il sort « l’artillerie lourde » écrit Ubertalli à propos des Benetton. « Il s’agit dit, l’avocat, d’un véritable génocide économique. Les Benetton spolient les Mapuche de la même manière que les entreprises allemandes les juifs durant la Seconde Guerre mondiale » Trop énorme ? Probablement oui.

    Pour le spécialiste Gonzalo Sanchez, auteur du livre «La Pata­gonia vendida » (« La Patagonie vendue », éditions Marea), cité par Le Point, «le conflit Benetton symbolise tous ceux qui op­posent les peuples indigènes aux grands propriétaires qui décident d'entourer de barbelés des terrains considérés par les Indiens comme communautaires ».

    «Ils peuvent clôturer l'espace, mais pas les ondes radio» commente pour ses auditeurs, au micro de la petite radio FM Petü Mogelein, aux murs ornés du drapeau jaune, blanc et bleu des Mapuche, Mauro Millan, le porte-pa­role des Mapuche.

    De la Patagonie argentine on remonte jusqu’à la Vallée colombienne de Muzo, au nord de Bogota

    Ici, l’exploitation c’est celle de « la verte », l’émeraude, totalement contrôlée par une entreprise multinationale. Or la Colombie est le plus gros producteur mondial d’émeraude. Là encore les autorités nationales ont accordé toutes les dispositions pour que la multinationale fonctionne le mieux possible, en toute légalité, bénéficiant de toutes les protections…. Avec tous les outils modernes appropriés (le marteau piqueur a remplacé la dynamite, la feuille de paye le « gun » et les ouvriers mondialisés les aventuriers) et toutes les contreparties financières qui en découlent. En toute légalité. Tant de profits pour la multinationale, tant pour l’Etat colombien, tant pour les esmeralderos, et des miettes pour ceux qu’on appelle les guaqueros.

    La compa­gnie américaine vient de rache­ter la mine Muzo au «tsar des éme­raudes », Don Victor, alias Victor Carranza, qui a fait son temps et sa fortune sur le dos des « esmeralderos ».

    Une équipe de reporters de Paris-Match (texte de Pierre Delannoy, photos de Serge Sibert) a démontré comment une énorme exploitation sauvage s’est transformée en une gigantesque société « clean » ayant pignon sur rue, respectant toutes les lois, du marché, du travail, de la protection de l’ouvrier. « Des salaires décents, des conditions de sécurité optimisées, un système de santé efficace, c'est la politique de Muzo International », écrit Pierre Delannoy.

    Un concept nouveau dans cette jungle de montagne.

    Gilles Haumont, le directeur de la diffusion de Muzo International, parle même d'« éthique de la filière émeraude. Nos trois piliers essentiels sont la traçabilité des gemmes de la mine jusqu'au consommateur, l'amélioration des conditions de travail et le respect de l'environnement. Nous avons fermé toutes les mines à ciel ouvert. »

    « Des entrailles de la terre, à 150 mètres sous terre, aux joailliers les plus prestigieux du monde, en passant par les banques de Bogota, la route des émeraudes colombiennes a été sécurisée au maximum (…) L'exploitation de la mine de Muzo obéit aux critères internationaux les plus stricts. Le temps de la légende est mort, l'émeraude de Colombie est entrée dans celui du marché », écrit Delannoy (P.D).

    L'ordre règne désormais dans les petits villages de la vallée de Muzo, dans le département du Boyaca. Les vigiles de la Muzo International, la nouvelle société propriétaire des lieux (plus de 200 hectares), sont omniprésents.

    « Longtemps, selon Paris-Match, le commerce de la «verde» a été aux mains des barons de la «blanche», la cocaïne. Avec l'appui tantôt des gué­rilleros, tantôt des paramilitaires. Des fortunes démentes se sont faites et défaites à grand renfort de règlements de comptes sanglants. Dans les années 90 et 2000, la «guerre de la verde » s'est soldée par des milliers de morts. Don Victor a survécu à deux attentats. Le dernier, en mars 2010, était carrément à la roquette ! Le vieux lion, qui avait commencé tout en bas de l'échelle comme «guaquero », littéralement «pilleur de tombes », s'est décidé à temps à passer la main. La légende et son cortège de morts et de nuits d'ivresse foutent le camp. Place à la modernité » (P.D.)

    Donc tout est bien qui finit bien ? Pas exactement. Il fallait bien une petite ombre au tableau de cette rénovation du site minier de Muzo. On les appelle les «guaqueros». C'est le petit peuple des chercheurs d'or vert. Un tamis et une batée à la main, ils pataugent dans le lit boueux du rio Minero.

     « Guaqueros » rappelle Pierre Delannoy, ce sont les pionniers de la «fièvre verte». Il y a un quart de siècle, ils étaient des dizaines de milliers à tenter leur chance sur des terrasses à ciel libre, ouvertes dans les berges du rio. A mesure que l'extraction des émeraudes est devenue souterraine ils ont disparu. Dans les trois villages de Mata de Cafe, Coscuez et Otanche, on ne dénombrerait plus que 5000 familles environ.

    Restent ce que Pierre Delannoy appellent les irréductibles: Ernesto, une trogne de soudard et les yeux jaunes, a trouvé en 1998 une émeraude qu'il a vendue 25 000 dollars. Rodrigo s’est offert, en 1992, une petite ferme avec les 30 000 dollars d'une belle pierre. Mais rien à faire, l'appel de la «verde» est trop fort, il patauge à nouveau dans la gadoue. Mais pas question qu'il aille travailler à la mine.

    «Ici, quand je trouve une émeraude, elle est à moi. Là-bas, de l'autre côté des barbelés, sous terre, elle est pour "eux". » Le rio Minero est de plus avare de ses «larmes», et les «guaqueros» vivent essentiellement des résidus rejetés par la mine.

    La Muzo a tout prévu, dans sa grande bonté, jusqu’à organiser elle-même le travail des guaqueros : ré­gulièrement, raconte Paris-Match, les gardes armés de la compagnie ouvrent les grilles pour laisser passer des bulldozers qui repoussent devant eux, des tonnes de « material», la roche-mère qui contient les fameuses pierres. Certaines ont pu échapper aux triages successifs.

    Un jour, la rumeur a enflé sous les toits de tôle des baraques en planches de Mata de Cafe. Muzo International aurait extrait des quantités record de «verde». « Les damnés de la vallée des émeraudes veulent leur part du festin ». A l'aube, pelle sur l'épaule, ils prennent le chemin de la mine.

    Au même moment, poursuit Pierre Delannoy, dans le réfectoire de la compagnie minière, Ricardo Espi­nosa, directeur du gisement, donne ses consignes à Fernando Guerrero, chef de la sécurité du site, revolver rutilant à la ceinture. «Les "guaque­ros" vont affluer. Renforcez la sécu­rité et donnez-leur le maximum de déchets.»

    Laisser un minimum d'es­poir aux «guaqueros » est l'une des priorités de Muzo International. Quand les «pilleurs de tombes» arrivent, une montagne de caillasses et de boue les attend. Quand « la suerte » est au rendez-vous, les morceaux de «verte » « disparaissent sous les langues, la meilleure cachette ».

    Ailleurs, près de là, rapporte Paris-Match, dans les mines d'or d'Equateur, au sud de la Colombie, quand les mineurs balancent aux pauvres des pleins wagonnets de déchets de terre aurifère, les gardes enfouraillés hurlent à l'attention de la foule: «C'est à vous. C'est la "puta" ! Profitez-en. »

    La Muzo n’ignore rien du réseau des guaqueros. Dont les intermédiaires s’appellent les « planteros ». Personnel ou collectif. Lesquels vendent leur verde aux grossistes de Bogota lesquels la revendront à des courtiers spécialisés.
     

    La Pachamama, déesse amérindienne de la terre, est très sollicitée.

    Au Pérou, à Olmos, on creuse un des tunnels les plus profonds au monde, sous la Cordillère, un tunnel à hauts risques, de dérivation des eaux de la rivière Huancabamba qui seront retenues dans un lac artificiel et par un barrage. C’est que la Cordillère bloque les pluies : sècheresse à l’est du pays, inondations à l’ouest. Si ce projet réussit deux tiers des terres de l’est deviendront cultivables et 100.000 emplois pourraient être créés.

    Toutefois, les dangers rencontrés par les ouvriers sont multiples : tremblements de terre, glissements de terrain, sécurité insuffisante, délais des travaux.

    Un documentaire « Un barrage au cœur des Andes » (44 mn) écrit et réalisé par Sivan A. Ilamathi fait l’inventaire –technique et humain- de cette construction, parmi les plus impressionnantes de la planète. Tout est prévu. Du matériel le plus sophistiqué au pourcentage scientifique de mineurs qui ne seront plus là lors des cérémonies officielles d’inauguration.

    Le Business de l'or au Guatemala : chronique d'un conflit annoncé

    Au Guatemala, 14 ans après la fin officielle de la guerre civile, officiellement signée, les oligarques au pouvoir ont vendu les richesses du sous-sol au secteur privé national et aux entreprises internationales. En toute légalité : la loi minière de 1997 les autorise à exploiter à leur profit le sous sol, en reversant un pour cent des bénéfices à l’Etat. La « paix » dans le pays – plus violent encore que lors de la guerre civile- est celle d’un pays du libre-échange et de l’arrivée massive des capitaux étrangers.

    Les deux cent mille morts et disparus du conflit armé (la plupart des Mayas) n’avaient pas combattu pour que grâce à trois cents concessions (2001) des sociétés privées, exploitent les richesses minières, essentiellement sur des territoires habités par des populations indigènes. Le film (54 mn) de Gustavo Zaracho Le Business de l'or retrace une lutte contre la colonisation et la spoliation : celle de la communauté de San Miguel Ixtaguacan face au colosse canadien Goldcorp [11].

    Notes

    1. Délivrance, joie, fin du calvaire, déclarations répétées (l’opération de sauvetage est "sans précédent dans l'histoire de l'humanité", a dit le président Pinera), images bouleversantes des « miraculés ». Le sauvetage, rappelle—on, a été suivi en continu notamment par CNN International et BBC World en GB, par iTélé et BFM en France, Euronews en Europe et les principales chaînes japonaises. Ces TV ont captivé des millions de gens dans le monde. Même les télés chinoises étaient sur place.

      Sociologue à l'Université catholique, René Rios faisait part de ses craintes face à cette gloire éphémère : "Les médias vont les oppresser. Nombre d'entre eux se verront bombardés d'offres de télévision, pourraient même y faire carrière. Mais cela va durer quelques mois. En mars, ce sera déjà un souvenir."

      Dans son épicerie à Copiapo, Patricia Robles a souligné que l'odyssée des "33" ne fasse oublier "d'autres drames, comme celui des centaines de sinistrés du tremblement de terre qui sont toujours sans abri. Ou celui des Indiens Mapuches qui réclament les terres de leurs ancêtres, expropriés par la dictature de Pinochet".

    2. Un film de fiction (87 mn) de l’Espagnol Antonio Recio, immortalisant leur épopée, « Atacama’s 33 » a été projeté (le vendredi 11 janvier 2011) à la Berlinale, le marché européen du film. Un record, il a été réalisé en moins de quatre mois (distribué par America Video Films, Argentine). Consulter http://atacamas33.com/-

    3. M. Sebastian Piñera –qui gouverne aujourd’hui avec l’extrême droite, après avoir été élu aussi par les pinochetistes- a su parfaitement tirer profit de l’heureux dénouement à San José, comme il sut le faire dès le lendemain du putsch d’Augusto Pinochet le 11 septembre 1973, date à partir de laquelle il bâtit une fortune qui lui permet aujourd’hui de figurer dans le gotha des 100 plus grandes fortunes du monde.

    4. Réalisation : Carmen Castillo • Montage : Eva Feigeles-Aimé • Photographie : Ned Burgess • Vina Bernfeld • Son :Laurent Rodriguez • Coproduction : ARTE France • EX NIHILO

    5. Virginie Félix a rencontré cette ancienne militante chilienne du MIR, exilée en France à la fin des années 1970 après avoir vécu l'horreur et la défaite de ses idéaux, laminés par la dictature de Pinochet. Pour elle, «  il y a, encore et toujours, mille raisons de s'engager ». Veuve de Miguel Enriquez (mars 1944 – 5 octobre 1974) elle évoque pour la journaliste française ses derniers combats avec une « ardeur que ni les années ni les drames ne semblent pouvoir éteindre ».

      Carmen Castillo est une mili­tante « sans nostalgie, qui cherche et s'interroge ». Si elle résiste, c'est aussi « au simplisme » à « la dénonciation facile », parce que les faits sont toujours compliqués ». Ces dernières années elle a trouvé une aide précieuse dans l’idée de « l’écologie socialiste » vue par Daniel Bensaïd, théoricien français de la gauche radicale, dans les réflexions du philosophe John Berger et les poèmes du palestinien Mahmoud Darwich. « Les Indiens des Andes sont comme les Palestiniens : dans la posture du désespoir invin­cible », explique-t-elle.

      Carmen Castillo qui, dès ses débuts de réalisatrice, a eu à son actif diverses œuvres majeures , comme La Flaca Alejandra (1994) , La véridique légende du Sud-Comandante Marcos (1995) ou Inca de Oro (1996) puis plus tard Calle Santa Fe (2007) , se rendra pour son prochain film en Bolivie pour y examiner l’expérience politique inédite du président Evo Morales.

    6. « Nostalgie de la lumière » - Scénario : Patricio Guzmán • Photographie : Katell Djian • Stéphane Guisard. Montage Patricio Guzmán • Emmanuelle Joly • Ewa Lankiewicz • Son Freddy Gonzalez Jacques Quinet • Musique Miranda & Tobar • Production Atacama Productions - Bande-son 2mn 05 sur (notamment) : http://www.lexpress.fr/culture/cinema/nostalgie-de-la-lumiere-bande-annonce_930882.html

    7. Patricio Guzmán, un des plus grands réalisateurs de documentaires, est né en 1941 à Santiago et a fait des études de cinéma à Madrid, Après le coup d'état du général Pinochet, emprisonné il parvient à s’exiler et s'installe à Cuba puis en Europe. Entre 1973 et 1979, il réalise La Bataille du Chili, une trilogie sur le gouvernement de Salvador Allende et plus récem­ment Le cas Pinochet (2001) et Salvador Allende (2004). CONTACT : distribution@pyramidefilms.comwww.pyramidefilms.com

    8. "Patagonie, les couleurs de la discorde". Documentaire de José Maldavsky (France, 2010). 52 mn. Inédit. Production : ETHAN PRODUCTIONS, LA REALIDAD, MOROCHA FILMS

    9. Mais pour les Benetton, ce n’est pas la laine qui fait leur bas du même nom. La culture de céréales dans la province de Buenos Aires, et la production de bois, des pins à bois lourd dans la province de Chubut, constituent les objectifs majeurs. Dans le Chubut, les Benetton de « United Colors of Benetton », possèdent deux estancias, Leleque et El Maiten sur 340.000 hectares. Le groupe français Chargeurs est loin devant Benetton dans la production de laine.

    10. Aux XIXe siècle, alors que la Patagonie figure en dehors des limites du pays, le président Julio Ar­gentino Roca lance la «campagne du dé­sert ». Euphémisme pour évoquer une conquête militaire visant à soumettre et exterminer les peu­ples indigènes. Parmi eux, les Mapuches. Ils ont la résistance dans le sang. Les Es­pagnols le savent bien: ils n'ont pas réussi à les vaincre. Aujourd'hui, il reste environ 75 000 Ma­puches sur 4o mil­lions d'Argentins.

    11. Le film (54 mn) de Gustavo Zaracho Le Business de l'or est disponible en DVD, 15 euros. Le film est produit par le Collectif Guatemala qui en assure la diffusion (ajoutez 3 euros de frais de port) : 21 ter, rue Voltaire, 750 1 1 Paris, 01-43-73-49-60 ou collectifguatemala@gmail.com.

     





    Merci à Michel Porcheron
    Date de parution de l'article original: 31/01/2011
    URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=4166

     


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