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    Ces femmes et ces hommes ont quitté un jour leurs maisons au Salvador, au Honduras , Bresil, Guatemala, Equateur pour chercher du travail aux Etats-Unis.

    Leur voyage s'est fini dans un hangar où 72 corps ont été retrouvés. La plupart d'entre eux avaient été tués d'une balle dans la nuque. Il y a eu 4 survivants, un seul a donné des détails sur ce massacre. 30 victimes n'ont pas été identifiées.

    Selon Luis Freddy Lala Pomadilla, survivant,les Zetas (groupe de tueurs à gages issus des troupes d'élite de l'armée, un temps au service du Cartel du Golfe, et maintenant en compétition avec celui-ci) sont en cause. Les migrants n'avaient pas de quoi payer la rançon exigée, et se seraient refusés à travailler pour les Zetas.

    72 migrantes est un "autel virtuel" à la mémoire des migrants massacrés.

    A VOIR ICI

    A voir aussi Centroamérica, dolor por dolar

     

     



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  • Colussus : la prison géante de Gaza

    vendredi 12 novembre 2010 - 09h:11

    La guerre, les sanctions et un siège psychologiquement traumatisant appliqués à 1,5 million d’êtres humains font de ceux-ci des « êtres maudits », dépouillés de presque tous les droits accordés aux sociétés humaines dans tous les coins du monde, écrit Larbi Sadiki.

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    Gaza : une survie dépendant de l’ingéniosité et de l’improvisation - Photo : Getty

    Gaza « la prison géante à ciel ouvert » n’est pas une expression de Hosni Mubarak, le président égyptien. Elle n’est pas plus une création de Khaled Meshaal du mouvement Hamas et encore moins de Mahmoud Abbas du Fatah. Elle appartient à David Cameron, le jeune et charismatique premier ministre britannique.

    Depuis l’imposition du blocus de Gaza il y a presque quatre ans, aucun dirigeant européen n’avait exprimé avec autant de force et de façon aussi directe l’outrage moral que représentent ces sanctions. Ses paroles ont eu un large écho dans Gaza comme dans tout le monde arabe.

    Grâce à ce qu’exprime Cameron, une misère indicible brise le silence quasi absolu de la société politique internationale, et ainsi se trouve mise en cause l’immoralité de l’indifférence et de l’inaction envers le blocus.

    Avant d’espérer, de façon apparemment illusoire, un état palestinien, le besoin des Gazaouis est de retrouver dignité et humanité. Un regard à l’intérieur de la « grande prison » indique que le blocus a des effets à plusieurs niveaux, se faisant sentir au niveau de l’économie, de la politique, de la diplomatie et de la sécurité.

    Pour la plupart des Arabes, il est facile d’expliquer pourquoi Israël impose un tel blocus déshumanisant, mais le rôle de l’Egypte dans ce blocus défie toute interprétation logique. La musique nous disant que le régime égyptien et d’autres états arabes sont assujettis aux accords internationaux ne convainc ni les Arabes ni les occidentaux.

    Mais se conformer aux sanctions qui traumatisent, déshumanisent et isolent des frères Arabes, comme en Irak (avec des dizaines de milliers morts en conséquence) ou à Gaza serait donc acceptable au nom des bonnes règles de conduite sur la scène internationale.

    La Palestine occupée : Homo Sacer

    Il y a beaucoup de « prisons » qui constellent le vaste paysage politique du Moyen-Orient. Mais Gaza est incontestablement la plus pénible.

    Cameron a déclaré devant le parlement britannique en juin 2010 que le monde ne peut pas « s’occuper du problème du processus de paix au Moyen-Orient tant qu’il y aura une prison géante à ciel ouvert à Gaza ». Israël doit prendre en compte la protestation morale de ses partisans et suivre leur conseil de cesser ce blocus.

    Le blocus sur Gaza est un affront au monde civilisé. Point.

    Les horreurs de l’holocauste nous enseignent ce à quoi aucun groupe humain ne devrait être soumis. L’holocauste appartient à toute l’humanité et a humilié toute l’humanité. Ce n’est pas la propriété exclusive d’Israël.

    Le blocus imposé à Gaza est un outil psychologique puissant visant à extorquer des concessions aux Gazaouis et au mouvement Hamas.

    À Gaza, les obligations imposées aux forces d’occupation par les Conventions de Genève ont été niées et invalidées d’innombrables fois, faisant de cette Quatrième Convention rien de plus que de l’encre sur du papier.

    Dire si Israël est toujours une force de occupation [à Gaza] peut être une question aux controverses sans fin. Mais le fait demeure que les Gazaouis ne peuvent pas se déplacer, ni manger à leur faim, ni regarder la télévision, ni utiliser l’Internet, ni conduire des voitures, ni étudier, ni travailler, ni penser au futur, ni faire et élever des enfants, en résumé ne peuvent pas « vivre » au sens littéral, puisqu’Israël contrôle les accès aériens, maritimes et terrestres dans et hors de Gaza.

    Sans la protection du droit international, Gaza est effectivement traitée presque comme un « Homo Sacer (1) » dans la communauté des groupes humains et dans la société internationale, de ses villes et de ses états. La guerre, les sanctions et un siège psychologiquement traumatisant appliqués à 1,5 million d’êtres humains font de ceux-ci des « êtres maudits », dépouillés de presque tous les droits accordés aux sociétés humaines dans presque tous les coins du monde.

    Au cours des dernières années, les Gazaouis ont été soumis à un « régime [alimentaire] » collectif obligatoire assorti de bombardements. Ils ont été affamés, financièrement dépouillés, et Gaza à été obligée de faire machine arrière vers un état effroyable d’existence moins qu’humaine.

    Les filles d’Obama à Gaza

    Ce qui est déconcertant dans tout cela est que les sanctions maintenues par Israël et l’Egypte ne sont pas imposées par les Nations Unies et que personne dans le monde n’est tenu de les appliquer - sauf les organismes de secours des Nations Unies...

    Pauvre Obama dont l’avènement au pouvoir a aiguisé l’appétit des « damnés de la terre », lui qui devait les libérer de la faim, de l’occupation, de l’autoritarisme et du déni de représentation.

    Il est en panne de mots quand il s’agit de la bande de Gaza. Mais sa langue si ampoûlée s’en prend avec violence et éloquence quand il s’agit des roquettes du Hamas et d’autres factions palestiniennes contre la colonie de Sedorot. Il a eu raison d’apporter son soutien et sa sympathie aux habitants de Sedorot. Ismail Haniyeh, le premier ministre assiégé dans la bande de Gaza fait de même. Comme beaucoup d’autres dirigeants du Hamas, il ne voit pas l’utilité de cette stratégie. Tout comme des dirigeants et une partie du peuple israéliens se sont opposés au blocus et au bombardement de Gaza en décembre 2008 et janvier 2009.

    « Si quelqu’un envoyait des roquettes sur ma maison où mes deux filles dorment la nuit, je ferais tout pour arrêter cela, et j’attends des Israéliens qu’ils fassent de même », avait dit aux Israéliens celui qui était encore candidat à la présidence en Juillet 2008.

    Malia, Sasha et leur petit toutou de compagnie ne supporteraient pas le blocus de Gaza comme le font des centaines de milliers d’enfants - mais sans petits chiens - de Gaza dont les parents n’ont pas les moyens de les nourrir, et encore moins de leur acheter des animaux de compagnie.

    Peut-être Obama a-t-il pensé, mais sans oser le dire : « Si quelqu’un privait d’électricité et de nourriture ma maison où mes deux filles dorment la nuit, je ferais tout pour arrêter cela, et j’attends des Palestiniens qu’ils fassent de même. »

    Le conte des deux cités

    La politique de gestion de l’espace urbain utilisée par Israël est brillante. C’est une autre méthode dans son éventail de moyens de faire la guerre aux Palestiniens. Ramallah est installée dans l’illusion que la normalité est de retour. Les signes extérieurs de cette normalité - la nourriture, une certaine liberté de circulation et d’accès à l’éducation, l’ordre public et les boîtes de nuit - abondent.

    Le mérite en revient en partie à Keith Dayton, l’officier américain qui a transformé les milices indisciplinées du Fatah en un corps homogène pour un « Abbas-istan » en Cisjordanie. Il y a cependant toujours de la police contre la dissidence, de la corruption et du népotisme.

    Contrairement à Ramallah et Bethléem où les niveau de vie paraissent satisfaisants, la bande de Gaza doit se débrouiller avec peu. Le blocus a été allégé et davantage de denrées alimentaires et autres marchandises se frayent quotidiennement un chemin vers le territoire assiégé. Toutefois, dans une très large mesure les biens essentiels pour la reconstruction sont toujours interdits. Le ciment et les métaux sont essentiels à la reconstruction de près de 20 000 maisons détruites ou endommagées durant les bombardements de 2009.

    L’usage du coupon de rationnement est monnaie courante. Avec près de 40% de chômage, le blocus a transformé une grande partie de la population palestinienne en asssités, survivant grâce aux coupons alimentaires et aux rations octroyés par des organismes de bienfaisance et par le gouvernement. S’il n’y avait pas le Qatar, entre autres donateurs, l’administration locale ne serait pas payée.

    Mais comme la crise de liquidité est récurrente, Haniyeh a réduit les salaires à 40 dollars par mois. Les tunnels servent toujours à la contrebande de grandes quantités d’argent mais ce n’est pas suffisant pour faire fonctionner un Etat.

    Main de fer contre main de velours

    C’est exactement la question au cœur du blocus : différencier le système politique palestinien entre les nantis d’Abbas-ville dont les moyens sont garantis, et les démunis de Gaza où la punition collective prétend imposer aux gens de repenser leur loyauté envers le mouvement Hamas et envers sa stratégie politique. Il s’agit d’un puissant moyen psychologique visant à imposer des concessions à Gaza et au Hamas.

    Le temps est venu d’utiliser plus de « main de velours » à Gaza pour attirer les habitants de Gaza et le Hamas à la table des négociations, faisant abandonner à Israël et à l’Egypte leurs tactiques inhumaines. Le Hamas a besoin de renforcer ses compétences diplomatiques pour ouvrir la bande de Gaza. Les habitants de Gaza ont suffisamment subi humiliation et isolement.

    La « carotte » qui est celle de la Cisjordanie n’a pas jusqu’à présent tenté Gaza. Au lieu de faire la queue pour les avantages d’une vie plus sûre à Ramallah et dans ses faubourgs, les habitants de Gaza ont affirmé leur résistance en creusant des tunnels, lesquels au cours des quatre dernières années ont coûté la vie à près de 300 travailleurs.

    Le Hamas a voulu parvenir à l’autosuffisance en fruits et en légumes et il a en partie réussi. Un système de location des terres pour l’agriculture basé sur les muharrarat [anciennement mustawtanat ou colonies abandonnées par les Israéliens] a joué un rôle certain dans cette stratégie.

    La libération de centaines de prisonniers palestiniens en même temps que Gilad Shalit, le soldat israélien capturé [par la résistance palestinienne en juillet 2006], serait peut être une étape dans l’usage de cette « main de velours » envers la bande de Gaza.

    Jusqu’à quand ?

    Il était réconfortant de voir des images des mineurs chiliens ramenés à la liberté et la compassion du monde pour 36 êtres humains pris au piège sous terre pendant plus de deux mois.

    Il y a un demi-million de mineurs (âgés de 0 à 18 ans) et 1 million d’adultes piégés dans la bande de Gaza sous un état de siège inhumain, sans que celui-ci soit mandaté par les Nations Unies, mais le monde entier se contente de regarder. Pourquoi ? Eux aussi doivent être ramenés à la liberté et à la vie.

    * Larbi Sadiki est un maître de conférences en politique au Moyen-Orient à l’Université d’Exeter. Il a écrit dArab Democratization : Elections without Democracy (Oxford University Press, 2009) et The Search for Arab Democracy : Discourses and Counter-Discourses (Columbia University Press, 2004), et prépare la publication Hamas and the Political Process (2011).

    Note :

    (1) Homo Sacer : statut du droit romain. Il s’agit d’une personne pouvant être exclue, et même tuée.


    4 novembre 2010 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
    http://english.aljazeera.net/indept... ou ici
    Traduction : Abd Al-Rahim


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  • L’enjeu médiatique du conflit colombien se polarise autour de Tanja Nijmeijer

    Colombie : le défi des FARC

    « Qu’ils viennent, qu’ils viennent me sauver, et nous allons les accueillir avec des AK (AK47, fusil mitrailleur) »  ironise la jeune hollandaise tout en lançant un avertissement à l’adresse du gouvernement colombien et de l’armée. Dans une vidéo postée par Radio Nederland (RNW), le mercredi 3 novembre 2010, Tanja Nijmeijer se prononce sur sa présence au sein des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) voulant ainsi démontrer qu’elle n’est pas une prisonnière de la guérilla.

    Activement recherché depuis que des photos où elle apparaissait avaient été retrouvées dans l’ordinateur de Mono Jojoy, tué lors d’une attaque aérienne le 26 septembre 2010, la jeune hollandaise a récemment suscité la polémique quant aux raisons de son engagement dans la lutte armée aux côtés des FARC. Le journaliste colombien Jorge Enrique Botero, auteur de cet entretien filmé, diffusé par la chaîne hollandaise, assure que bien que celui-ci date du mois d’août 2010 (avant le bombardement du camp) la guérillera est toujours en vie. Diffusé en deux extraits, la seconde partie de la vidéo témoigne du parcours de Tanja et de son adhésion à la guérilla. « Je suis une guérillera des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie, et je le serai jusqu’à vaincre ou mourir » affirme-t-elle.

    Des déclarations qualifiées d’absurdes par le ministre de la Défense, Rodrigo Rivera. Selon lui se sont là des propos qui montrent une « attitude menaçante et obstinée de ceux qui ont perdu tout contact avec la réalité colombienne ».

    Sans cesse présentées “sur le déclin” par le pouvoir, les FARC ne semblent pas prêtes pour autant à déposer les armes. Partisan depuis plusieurs années de l’affrontement militaire au détriment de la négociation, le gouvernement colombien mise énormément sur l’obtention de résultats concrets face à la guérilla. Le discours se veut offensif et surtout, confiant. L’actuel président Juan Manuel Santos s’était lui même prononcé sur le sort réservé au groupe rebelle en affirmant, suite à la mort de Jorge Briceño (Mono Jojoy), qu’il « est possible de dire que c’est le début de la fin des FARC ». Un son de cloche qui s’est amplement répandu depuis quelques temps au niveau international dans les médias avec pour point d’appui les nombreux coups durs portés à la guérilla. La mort de Raul Reyes en mars 2008, puis celle de Ivan Rios peu de jours après, suite à une trahison, ont été deux événements fortement exploités dans ce sens. La libération d’Ingrid Betancourt par l’armée colombienne en juillet 2008 avait inspiré le président de l’époque, Alvaro Uribe, qui déjà avait annoncé que « la fin des FARC est proche ». La mort de Manuel Marulanda, dit Tirofijo, chef historique des FARC, rendue publique en mai 2008, était venue s’ajouter à l’ensemble des revers infligés au groupe armé comme étant un signe de délitement de ce dernier.

    Cette succession de “victoires” pour Bogota, fortement exploitée, dissimule une réalité plus complexe. Les célébrations hâtives de la “fin des Farc” et l’exhibition, tel des trophées, des différents cadavres de commandants tués, cachent mal la persistance d’un conflit interne qui date déjà de plus de quarante ans.

    En retrait depuis quelques temps, la guérilla a repris une attitude offensive depuis l’été 2010, surtout suite à la succession de Santos à la présidence. De nombreuses attaques ont été enregistrées durant le mois d’août et début septembre : dont une embuscade, le 1er septembre, dans le Caqueta (sud du pays), qui coûta la vie a 14 soldats. Autre fait majeur, les Farc et l’ELN (Armée de Libération Nationale en espagnol) parviennent à un accord de cessez le feu entre les deux organisations et l’annoncent dans un communiqué le 14 septembre 2010.

    Le scandale des “falsos positivos” (faux positifs) est un autre révélateur du piège dans lequel s’est engouffré le pouvoir colombien : face à l’exigence d’obtenir des résultats de la guerre menée contre les Farc, un grand nombre de citoyens sont assassinés par l’armée et par des groupes paramilitaires pour ensuite être présentés comme membres de la guérilla. La découverte de ces meurtres camouflés en affrontements entre guérilleros et soldats a fortement secoué l’opinion publique et a alerté les différents observateurs internationaux (1400 cas supposés en septembre 2010, impliquant 2400 victimes, selon le journal Semana).

    Le conflit colombien dépasse amplement le champ militaire, il embrasse également celui des médias. Pour Bogota il est important que sa stratégie puisse se révéler fructueuse, dans tous les cas qu’elle le paraisse aux yeux du pays. La tentative de présenter Tanja Nijmeijer comme étant une jeune ayant perdue toute illusion sur la guérilla, lors de la publication de son journal intime en 2007, s’est heurtée à la réapparition de celle-ci dans l’actualité, un discours engagé en bouche. Rapidement le pouvoir s’est empressé de pointer du doigt cet engagement, relayé par les médias, soulignant une démarche “absurde”. Deux jours après la diffusion de la vidéo, la soeur de Tanja, Marloes Nijmeijer, s’est adressé à la guérillera sur une vidéo également, relayé sur le site du journal El Tiempo . On y voit une femme qui se dit “en colère” contre sa soeur et affirme ressentir de la “honte” pour celle-ci. Elle l’exhorte également à quitter la guérilla « avant qu’il ne soit trop tard » et ce afin « de faire quelque chose de réellement constructif ». Un message qui, pour El Tiempo, se résume par le titre de “La soeur de l’Hollandaise demande pardon pour les actes de Tanja” . Pour le journal La Vanguardia, l’isolement de la jeune femme se fait plus explicite encore si l’on en croit le titre : “l’Hollandaise membre des Farc assombrit son pays en annonçant qu’elle tirera sur celui qui viendra la « libérer »” .

    L’occasion est exploitée pour faire de “Holanda” (nom de guerre de Tanja) une femme mise au ban, par sa propre famille, par son propre pays ! Face à cela, les Farc savent qu’ils ont là un élément politique de résonance internationale. Sûr que la jeune femme va jouer un rôle plus important au niveau de l’image que souhaite renvoyer le groupe armé. Pour le moment, reste cet extrait vidéo en guise de réponse, en guise de défi lancé au pouvoir par celle qui se dit « fière d’être une guérillera, fière de travailler ici auprès du peuple colombien et aux côtés d’autres guérilleros, travaillant quotidiennement pour la prise de pouvoir et la révolution ».

    Loïc Ramirez

    7 novembre 2010

    URL de cet article
    http://www.legrandsoir.info/Colombie-le-defi-des-FARC.html

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  • L’ÉTAT EST ACCUSÉ D’AVOIR FAIT ASSASSINER 22 DÉFENSEURS DES DROITS DE L’HOMME AU COURS DES 75 PREMIERS JOURS DU GOUVERNEMENT DE SANTOS.

    (D’après agence)

    Au moins 22 militants, 1 journaliste et 1 juge ont été assassinés, en Colombie, au cours des 75 premiers jours du gouvernement de Juan Manuel Santos, selon le rapport qu’un groupement d’associations de défense des Droits de l’Homme a présenté, aujourd’hui, à Washington. Le Groupe Interdisplinaire pour les Droits de l’Homme (GIDH) ainsi que d’autres organisations ont présenté devant la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) le document qui se fonde sur les données fournies par une plateforme de plus de 200 organisations de lutte pour la défense des Droits de l’Homme : la Coordination Colombie-Europe-Etats-Unis (CCEEU).

    Plus précisément, le rapport instruit la mort de 5 militants défenseurs du droit sur les terres, de 7 dirigeants de minorités indigènes, de 1 avocate défenseure des Droits de l’Homme, de 5 militants syndicaux, de 2 éducatrices communautaires et de 2 militantes d’organisations de la communauté des lesbiennes, bisexuelles et transsexuelles (LGBT) .

    En outre, le rapport révèle les meurtres du juge Pedro Elias Ballesteros Rojas et du journaliste Rodolfo Maya Aricape, correspondant d’une radio communautaire indigène.

    Autre cas instruit, l’assassinat de 3 enfants dans la commune de Tame, le 14 octobre, perpétré, selon les organisations, par des hommes du Bataillon de Contreguerrilla Nº 45 , rattaché à la Brigade Mobile nº 5 de la Huitième Division de l’Armée Nationale.

    Ce rapport fait également état des menaces et du harcèlement dont sont victimes des douzaines d’organisations de Défense des Droits de l’Homme - ainsi que leurs adhérents - tout au long de ses 21 pages qui ont pour titre « Les paroles et les actes. Les premiers 75 jours du gouvernement de Juan Manuel Santos et la situation des Droits de l’Homme ».

    Santos assume la Présidence de la Colombie depuis le 7 août 2010.

    Après la conférence de presse de la CIDH (qui célèbre ces jours-ci sa 140º série de séances), María Victoria Fallón, de la GIDH, a déclaré que ce rapport veut faire la lumière sur le fait que même si le langage est différent il existe une continuité entre le gouvernement actuel et le gouvernement précédent d’Alvaro Uribe en ce qui concerne la situation des Droits de l’Homme.

    « Il peut y avoir un changement de style, mais il faut que cela se voie dans la pratique », a précisé María Victoria Fallón qui a insisté sur le fait que les chiffres révélés sont un “sous-compte” en voulant dire par là qu’il est possible qu’il y ait un plus grand nombre de morts non encore identifiés.

    Au cours de la conférence, María Victoria Fallón a demandé aux membres de la CIDH de se rendre en Colombie pour étudier sur place cette situation que le rapport dénonce.

    Elle a, en outre, assuré que les groupes pour la défense des Droits de l’Homme ont besoin du soutien de la Commission pour que progresse le travail en faveur d’une politique de soins et de réparations envers les victimes.

    Rebelión

    http://www.rebelion.org/noticia.php...

    Traduit par Manuel Colinas pour Le Grand Soir

    URL de cette brève
    http://www.legrandsoir.info/+L-EXTERMINATION-DU-PEUPLE-COLOMBIEN-PAR-L-ETAT-LUI-MEME-CONTINUE+.html


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  • QUI A PEUR DE WIKILEAKS ?

    Les attaques contre Wikileaks ne mettent pas en question la véracité des textes, mais leur diffusion

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    Auteur : Manuel Castells

    Ça devait arriver. Depuis quelques temps déjà, les gouvernements étaient inquiets de voir le contrôle de l'information leur échapper sur internet. Jusque là, ils traînaient la liberté de la presse comme un fil à la patte, mais avaient appris à composer avec les médias traditionnels. Désormais, le cyberespace, qui foisonne de sources d'information autonomes, menace sérieusement l'un des fondements de la domination: la capacité de dissimuler les faits.

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    Uncovered Pudenda (L'Empire est nu), par Gianfranco Uber, Italie

    Si l'on ignore ce qui se passe, mais qu'on en a peur, les gouvernants ont le champ libre pour voler et s'amnistier les uns les autres, comme en France et en Italie, ou pour massacrer des milliers de civils et laisser libre cours à la torture, comme aux États-Unis, en en Irak et en Afghanistan. Voilà pourquoi les élites politiques et des médias s'alarment de la publication par Wikileaks de centaines de milliers de documents originaux compromettants pour les pouvoirs surfaits des États-Unis et de bien d'autres pays. Wikileaks est un site internet créé en 2007, tenu par une fondation sans but lucratif enregistrée en Allemagne, mais qui opère depuis la Suède. La fondation compte cinq employés permanents, environ 800 collaborateurs occasionnels et des centaines de volontaires répartis dans le monde entier: des journalistes, des informaticiens, des ingénieurs et surtout - compte tenu de ce à quoi elle s'expose - des juristes, pour assurer sa défense.

    Le budget annuel de Wikileaks se monte à 300 millions d'euros, issus de dons de plus en plus confidentiels, même si l'on sait que certains proviennent de sources telles que l'Associated Press. Lancé à l'origine par des dissidents chinois bénéficiant du soutien de certains opérateurs d'internet à Taiwán, le site a peu à peu attiré des militants hackers et des défenseurs de la communication libre, qui se sont unis pour défendre une même cause au niveau mondial: obtenir et diffuser l'information la plus secrète que les gouvernements, les grandes entreprises et parfois les médias cachent au public.
     
    La majeure partie des informations est transmise au site via internet par messages cryptés au moyen de technologies de pointe. Il est conseillé aux expéditeurs d'effectuer les envois depuis des cybercafés ou des points wi-fi le plus éloignés possibles des lieux qu'ils fréquentent habituellement, de n'écrire à aucune adresse comportant la séquence de lettres wiki, mais d'en utiliser d'autres, qui s'obtiennent facilement (comme http//www.destiny. mooo.com). Malgré les attaques qu'il a subies depuis sa création, le site dénonce continuellement des cas de corruption, d'abus, de tortures et d'assassinats dans le monde entier, qu'il s'agisse des agissements du président du Kenya, du blanchiment d'argent en Suisse ou des horreurs guerrières perpétrées par les Etats-Unis.

    Il a reçu de nombreux prix internationaux en reconnaissance de son travail, dont ceux décernés par The Economist et par Amnesty International. Si les hautes sphères tremblent devant ce prestige et ce professionnalisme croissants, c'est que leur tactique de défense face aux réseaux autonomes consiste à les discréditer. Or, les 70 000 pages mises en ligne en juillet sur la guerre d'Afghanistan et les 400 000 récemment publiées sur l'Irak sont des documents originaux émanant majoritairement de soldats américains ou extraits de rapports militaires confidentiels. Dans la plupart des cas, les auteurs des fuites sont des soldats ou des agents de sécurité américains, dont trois sont actuellement en prison. Wikileaks dispose d'un système de vérification qui comprend l'envoi de reporters en Irak, où ceux-ci s'entretiennent avec les survivants et consultent les archives.

    De fait, les attaques à l'encontre de Wikileaks ne mettent pas en question la véracité des textes, mais condamnent leur publication, sous prétexte qu'elle menace la sécurité des soldats et des civils. Réponse de Wikileaks: d'une part, les noms ainsi que les éléments permettant une identification sont effacés, et d'autre part, seuls sont publiés des documents portant sur des faits passés, de sorte qu'il est improbable qu'ils puissent mettre en péril des opérations en cours. Ces arguments n'ont pas empêché Hillary Clinton de condamner le site, tout en se gardant bien de commenter l'occultation des milliers de civils tués ou des pratiques de tortures dont il est fait mention dans les documents. Si Nick Clegg, le vice-premier ministre britannique, a lui aussi condamné la méthode, il a demandé une enquête sur les faits.

    Le plus extraordinaire reste que certains médias de communication collaborent à l'attaque lancée par les services secrets contre Julian Assange, directeur de Wikileaks. L’auteur d’un commentaire éditorial de Fox News verrait d’un bon œil qu’il soit assassiné. Sans aller aussi loin, John Burns n'en cherche pas moins, dans le New York Times, à créer une nébuleuse autour du personnage d'Assange. Il est piquant que ce journaliste soit un proche collègue de Judy Miller, la reporter du Times qui a annoncé, tout en sachant qu'il s'agissait d'un mensonge, que l’on avait découvert des armes de destruction massive en Irak (voir le film Green Zone).

    Attaquer le messager pour faire oublier le message: un grand classique. En 1971, Nixon n'a pas fait autre chose avec Daniel Ellsberg, qui avait publié les fameux papiers du Pentagone où étaient consignés les crimes commis au Vietnam, provoquant un retournement de l'opinion publique. C'est ce qui a conduit Daniel Ellsberg et Julian Assange à tenir des conférences de presse communes. Digne d'un personnage de roman, le jeune Australien (39 ans) a passé une bonne partie de sa vie à déménager et à mettre ses capacités mathématiques au service d'un activisme mené sur internet pour défendre des causes politiques ou dénoncer certains faits.

    Aujourd'hui plus que jamais, il vit dans une semi-clandestinité, passant d'un pays à l'autre, séjournant dans des aéroports et évitant les pays où l'on cherche des prétextes pour l'arrêter. C'est pourquoi une plainte pour violation a été déposée en Suède - où il jouit d'un peu plus de liberté - avant d'être rejetée par la juge (relisez le début de Millenium, le roman de Stieg Larsson) et découvrirez une étrange coïncidence). Précisons que le Parti des Pirates suédois (10% de votes lors des élections européennes) protège Wikileaks et l'héberge sur son serveur central installé dans un bunker souterrain, à l'abri de toute interférence.

    L'histoire ne fait que commencer. Une organisation de communication libre basée sur le travail bénévole de journalistes et de techniciens, dépositaire et agent de transmission au service de ceux qui souhaitent révéler anonymement les secrets d'un monde pourri, affronte ceux qui n'ont nullement honte des atrocités qu'ils commettent, mais qui s'alarment du fait nous, qui les avons élus et qui les payons, puissions avoir vent de leurs méfaits. À suivre…

    Traduction : Chloé M. (Tlaxcala)

    Révision : Michèle Maliane (Tlaxcala)

    Source: http://www.lavanguardia.es/lv24h/20101030/54062523022.html
    Article publié le 30 octobre 2010
    URL de cet article: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=2325


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