• 38 litres de sang dans une cuisine pour une datavisualisation! 25 conflits représentés dans une photo.. sanglante.
    La suite sur OWNI


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  • UNE AUTRE POLITIQUE DES DROGUES EST POSSIBLE


    Devenu président de la Mildt, Etienne Apaire a tout entrepris, même appeler le Csa à son
    secours, pour occulter le débat sur le cannabis.
    Mais après des années de silence, une émission de télévision: Et si on légalisait le cannabis?, puis
    un livre : Pour en finir avec les dealers de Stéphane Gatignon et Serge Supersac ont
    entrouvert la porte du débat.

    I1 y a quelques jours la Global Commission on Drug Policy, une commission composée de
    personnalités internationales au-dessus de tout soupçon, déposait un rapport à l'Onu, un
    rapport où non seulement il dénonce la "guere à la drogue", mais propose de dépénaliser
    son usage, et pour le cannabis d'expérimenter des alternatives à sa prohibition.


    En 2011, le CIRC qui fête ses vingt ans organise son dix-septième "Appel du I8 Joint ".
    À l'époque, nous étions persuadés que l'usage du cannabis serait dépénalisé avant l'an
    2000, mais les differents gouvernements en place ont résisté à nos arguments de bon sens en
    déformant nos propos et résisté à nos actions pétaradantes en nous traînant devant les
    tribunaux.

    Depuis le retour de la droite au pouvoir, la seule politique en cours, entre deux campagnes
    de prévention caricaturales, c'est la répression contre les usagers et les jardiniers en herbe,
    une politique aussi coûteuse qu'inutile comme chacun sait.

    Dans la foulée de la Marche Mondiale et à l'approche de la campagne présidentielle,
    l'Appel du 18 joint 20Il est l'occasion pour les amateurs de cannabis, mais aussi pour tous
    les partisans du changement, de dire NON à la tolérance zéro pour les drogues et de dire
    OUI à la légalisation du cannabis.

    À PARIS, RENDEZ-VOUS SUR LA GRANDE PELOUSE DE LA VILLETTE LE SAMEDI 18 JUIN À 16 HEURES 

     

    tract du 18 joint a imprimer

    [téléchargez, imprimez, et faites tourner les tracts du 18 Joint 2011]


    À Lyon c'est le 18 Juin à 18h au Parc de Gerland (Lyon 7e), plus d'infos sur le site du CIRC Lyon.


    À Toulouse c'est le 18 Juin à 18h, au Jardin japonais, Métro Compans-Cafarelli


    À la Réunion c'est le 18 Juin à 18h, place du Barachois à Saint-Denis.


    Samedi 18 juin Appel du 18 joint
    Paris - Lyon - Toulouse - Saint-Denis de La réunion
    http :l/ryww. 18 joint. org
    Pour toute information complémentaire : 06 85 54 48 32
    CIRC
    ici


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  • Les hôpitaux de Gaza bientôt à court de médicaments



    Les groupes de défense des droits humains à Gaza lancent un appel pour que les groupes d’aide internationaux et des groupes de donateurs interviennent et fournissent une aide médicale urgente aux hôpitaux palestiniens dans le territoire assiégé.

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    Les hôpitaux de Gaza font face à des crises répétées de manque de médicaments - Photo : Gallo/Getty

    Les responsables palestiniens font savoir que les stocks de médicaments dans Gaza sont presque épuisés et qu’il y a pénurie. Cela affecte les premiers soins, ainsi que tous les autres niveaux de traitement médical.

    Adham Abou Salmia, porte-parole du service des ambulance de Gaza et des services d’urgence, estime que la crise est aiguë et la situation catastrophique pour les patients dans le secteur de la santé de Gaza. Si les réserves de médicaments ne sont pas reconstituées dans Gaza dans les semaines à venir, il faut s’attendre au pire.

    Le Dr Basim Naim, ministre de la Santé dans le gouvernement de facto de la bande de Gaza, a déclaré que 178 types de médicaments jugés nécessaires sont proches du niveau zéro. Il dit aussi que plus de 190 types de médicaments en stock sont expirés ou sont proches de leur date d’expiration, ce qui a contraint son administration à reporter plusieurs interventions médicales.

    Selon Al Mezan Center for Human Rights, la pénurie dans les réserves concerne 50 pour cent de la liste totale des médicaments sur l’inventaire du ministère palestinien de la Santé à Gaza.

    La pénurie de médicaments dans la bande de Gaza remonte à 2006 - après que le Hamas ait remporté la majorité lors des élections en Palestine occupée - lorsque Israël a imposé de nouvelles restrictions sur le budget de l’Autorité palestinienne, empêchant ou retardant l’aide médicale indispensable destinée à Gaza.

    Le Dr Naim a qualifié de « situation d’urgence » la pénurie de médicaments et de fournitures médicales.

    Lors d’une conférence de presse tenue le 8 juin, il a déclaré que son ministère « a été soumis à des situations de crise humanitaire en permanence depuis plusieurs années ... et à la différence des précédentes crises médicales qui touchaient un nombre spécifique de patients, les crises actuelles auront une incidence sur les services de santé de base pour tous les patients. »

    Annulation des opérations

    Le 10 mai, le Dr Hassan Khalaf, vice-ministre de la santé à Gaza a déclaré à Al Jazeera que l’hôpital Al Shifa dans la bande de Gaza a dû annuler toutes les opérations prévues sur les yeux, les vaisseaux sanguins et les nerfs en raison de la pénurie de médicaments.

    « La crise, aggravée par le manque de médicaments et d’articles essentiels, a touché le niveau de service fourni à l’hôpital Al Shifa », dit-il.

    Un communiqué de presse publié par le Centre Al Mezan pour les droits de l’homme a déclaré que le problème actuel est dû à l’incapacité du ministère de la Santé de rembourser les factures des compagnies pharmaceutiques. Ces coûts sont estimés à environ 56 263 000 de dollars, et le ministère de la Santé ne s’attendait à être en mesure de pouvoir rembourser que 13 325 000 dollars en 2011.

    Au cours des cinq dernières années, le ministère de la Santé de Gaza s’est plaint que la pénurie de médicaments était aussi provoquée par le gouvernement du Fatah à Ramallah. Le Fatah est accusé de ne pas envoyer les fournitures médicales adéquates vers la bande de Gaza. Le Ministre de la Santé, le Dr Naim, a aussi jeté le blâme sur les manquements de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie.

    La bande de Gaza et la Cisjordanie sont dirigées par des gouvernements concurrents, même s’ils ont signé un accord au Caire visant à établir un nouveau gouvernement d’unité nationale. Le Dr Naim dit que les États-Unis et Israël exercent des pressions sur l’Autorité palestinienne pour qu’elle n’envoie pas de médicaments ni de fournitures médicales à Gaza, afin d’affaiblir les conditions de formation du nouveau gouvernement palestinien d’unité nationale.

    Les groupes de défense des droits de l’homme conviennent que les crises ont frappé à la fois la bande de Gaza et la Cisjordanie, en raison de l’instabilité du financement étranger et du refus d’Israël de reverser les taxes et les recettes perçues au nom de l’Autorité palestinienne.

    Les fonctionnaires du ministère de la Santé de Gaza disent que le ministère importe chaque année en mars les stocks de médicaments pour l’année. Mais, pour le moment, les fournitures n’ont pas été reconstituées depuis 2010, et les rayons sont presque vides.

    Le principal hôpital de Gaza doit recevoir toutes les fournitures médicales par l’intermédiaire de l’Autorité palestinienne soutenue par l’Occident, parce que les donateurs internationaux préfèrent l’Autorité palestinienne pour contrôler tous les budgets et les livraisons à but humanitaire, de manière à éviter de traiter avec le gouvernement dirigé par le Hamas.

    Al Mezan a souligné que, après cinq ans, la crise de l’approvisionnement des stocks se poursuit toujours au sein du ministère de la Santé et est « très grave ». Le centre estime « qu’il est urgent d’accélérer les travaux au plus haut niveau afin d’élaborer des politiques et actions pour résoudre cette crise, et assurer la disponibilité d’une réserve suffisante de médicaments et de fournitures médicales pour répondre aux besoins du ministère de la Santé, dans des conditions normales - et en urgence - vu les circonstances. »

    Pendant ce temps, le Dr Naim a annoncé la suspension des opérations et de certains actes médicaux, dont la délivrance de médicaments pour les soins intensifs, les fournitures obstétricales, la suspension de la chirurgie pédiatrique, ophtalmique, pour cathétérisme cardiaque, pour les reins, ainsi que la chirurgie orthopédique et neurologique.

    Le ministère de la Santé est en contact direct avec l’Egypte, le Qatar, la Turquie et le Quartet du Moyen-Orient - composé des Nations-Unies, des États-Unis, de l’Union européenne et de la Russie - pour tenter d’obtenir une réaction rapide et une levée immédiate du siège imposé sur le secteur de la santé, déclare le Dr Naim.

    Des actions et pas seulement des mots ...

    À Ramallah, cette semaine, 700 médecins palestiniens ont collectivement démissionné de leurs postes dans les hôpitaux à travers la Cisjordanie. Les responsables de la santé estiment qu’une telle démarche collective est une première dans l’histoire palestinienne.

    Ces médecins, qui ont fait la grève avant leur démission, sont parmi les 1050 médecins qui avaient demandé une négociation avec le ministre de la santé dans le gouvernement du Fatah, le Dr Fathi Abu Moghli. Dans une déclaration faite par le chef du syndicat des médecins palestiniens, à Ramallah, le Dr Jawad Awwad a déclaré que cette démission collective était due à « la politique humiliante du Dr Abu Moghli à l’égard des médecins et du refus de dialoguer, en dépit d’une grève de 60 jours. »

    Pendant ce temps le Dr Mounir al-Boursh, directeur du service pharmaceutique de la bande de Gaza au sein du ministère de la santé a déclaré que son hôpital était « impuissant » en raison de la pénurie de fournitures médicales, dont les analgésiques, les antibiotiques, les antiseptiques, les pansements et des équipements de rechange pour les générateurs électriques. Ces générateurs, dont la puissance électrique permet de conserver à température adéquate le sang, le plasma et les vaccins, sont encore plus vitaux pour les hôpitaux dans la zone côtière de Gaza qu’ailleurs, car il y a de fréquentes coupures de courant.

    Pendant ce temps, le gouvernement du Hamas dans le territoire sous blocus a annoncé qu’il allait déduire 5% sur les salaires de ses 40 000 employés de Gaza pour financer l’achat de fournitures médicales et de médicaments.

    La crise de la santé implique plus que simplement des fournitures médicales. Les hôpitaux mal équipés ont contraint de nombreux habitants de Gaza à devoir tenter de se faire soigner en Cisjordanie et dans les hôpitaux israéliens, mais cela nécessite un permis de sortie pour chaque patient afin de pouvoir passer par le contrôle israélien d’Erez.

    Récemment, Israël a refusé l’accès à Ismail Salameh, un bébé âgé de 10 mois, qui devait recevoir un traitement médical dans un hôpital israélien, un processus coordonné et pris en charge financièrement par le ministère de la santé de Ramallah.

    Ismail a depuis reçu un traitement médical à l’hôpital al-Rantissi à Gaza. « Mon bébé a une hémorragie dans son cerveau, » dit sa mère. « Il faut un transfert urgent pour un traitement médical. »

    Même si Israël a concédé plusieurs centaines de permis de sortie pour des patients qui ont besoin d’un traitement médical en dehors de la bande côtière, les autorités sanitaires de Gaza accusent Israël de retarder l’attribution des permis et de faire attendre les patients plus longtemps que nécessaire.

    Abu Salmia, le porte-parole des services ambulanciers et des services d’urgence de Gaza, admet que la situation sur le plan de la santé à Gaza a atteint un niveau critique exigeant « plus d’action et pas seulement des paroles. »


    12 juin 2011 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
    http://www.peace-programme.org/
    Traduction : al-Mukhtar


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  • Une deuxième baffe pour Berlusconi



    Gorka Larrabeiti

    Traduit par  Fausto Giudice

    Les Italiens ont rejeté massivement  le retour  à l'énergie nucléaire, la privatisation de l'eau et des services publics et l'empêchement de juger  Berlusconi et ses ministres

    Grande joie en Italie, hier, quand il est apparu que le quota requis (50% plus un des électeurs inscrits) était atteint   pour valider les résultats  des quatre référendums abrogatifs  sur la gestion des services publics (eau, transports, déchets), les taux de service de l'eau, l'énergie nucléaire et les entraves légales à la possibilité de  juger le Président et les membres du  Conseil des ministres. Environ 95% des 26.900.000 électeurs  (57% du total) qui s'étaient rendus aux urnes ont voté quatre fois oui. Un résultat  écrasant.
     
    Il est très difficile d'atteindre le quota  lors d'un référendum abrogatif. Cela faisait 15 ans que cela ne s’était pas passé.  On dit que Fukushima a été la clé qui explique l'énorme participation des électeurs. On dit  aussi qu’il s’est agi d’un vote politique contre Berlusconi. En deux semaines, Il  Cavaliere a essuyé deux défaites électorales spectaculaires. Tout d'abord, lors des élections locales quand il a perdu des villes symboliques comme Milan et Naples.

    Et voilà que les Italiens lui désobéissent en masse en allant aux urnes alors qu’il les avait invités «aller à la plage » dimanche. Les ruses de Berlusconi  pour que la participation aux référendums n’atteigne pas le quota requis n’ont servi à rien. «Nous en avons marre de prendre des baffes. Maintenant, c’est nous qui allons dicter  l'ordre du jour », a averti Roberto Calderoli, ministre de la Ligue du Nord, le parti sans lequel  Berlusconii ne pourrait pas continuer à gouverner. Le gouvernement Berlusconi est chancelant, et, logiquement, les partis d'opposition exigent en bloc la démission de l'actuel président du Conseil et la convocation immédiate d’élections politiques.


    Mais la signification de cette victoire va au-delà de l’immédiateté et de l’actualité  politiques de la baffe à Berlusconi ou ou du déclin du berlusconisme, et cela  pour deux raisons. Premièrement, parce que c'est un triomphe d'un référendum promu par le bas, sans autre moyen que la mobilisation populaire dans les réseaux sociaux et dans les rues.

    Il est vrai que le parti  Italie des Valeurs s’était fait le promoteur de la collecte des signatures nécessaires pour obtenir un référendum, mais ce sont  les mouvement pour l'eau publique et contre l'énergie nucléaire qui se sont mobilisés les premiers. Deuxièmement, parce que ce qui était en jeu, à savoir l'eau, l'énergie, l'environnement et la justice sont des biens publics qui appartiennent à tout le monde car ils ne sont à personne, et une majorité transversale a décidé qu’ils devaient le rester. Ce référendum révèle le désir de participer, d’échapper à l'égoïsme, et de revenir au commun. Nichi Vendola, chef de file du parti Gauche, écologie et liberté, (SEL) résume ainsi la situation actuelle: «Aujourd'hui, c’est l'Italie des biens communs qui gagne et celle des lobbys qui perd .»
     
    Selon Giuseppe di Rita (1), président de CENSIS (Centre d'Études en Investissement Social), une fondation qui publie un rapport annuel socio-économique sur l'Etat italien, 'un cycle politique fondé sur la subjectivité qui a commencé dans les années 60 et a atteint son apogée avec Berlusconi est en train de se refermer. Un cycle qui a produit un «malaise social» dans cette dernière phase, parce que la société s’éloigne du modèle  "tout est à moi" et recommence à se réunir, à s’agréger. Le « je », axe du libéralisme qui prétend encore dominer le monde, est en train de cesser d’être le centre du monde car il ne fait que conduire à " des formes d’agressivité diffuse ou automutilante (anorexie, boulimie, consommation de drogues). Et à des situations familiales exaspérante, à des crimes et délits violents."
     
    Di Rita dit: «Aujourd'hui, on commence à percevoir que solitude et l'individualisme ne sont pas une aventure de puissance, mais de dépression. Le dérèglement des pulsions est un produit de l'égocentrisme, d’une culture qui fait du moi le principe du monde, et de plus dans la une phase où la reconnaissance sociale se raréfie."
     
    Et tandis que Berlusconi, qui a reçu hier Nétanyahou, continuait à faire des blagues sur le Bunga Bunga, pour essayer de détourner l'attention de la défaite et la centrer à nouveau sur sa personne, l'Italie nous a donné une grande joie. L’ère du « moi-moi-moi » prend fin. Le « nous » est de retour.

    Note
     
    1. Ida Dominijanni, entretien avec Giuseppe di Rita. "Il lento sipario sulla Seconda Repubblica", Il Manifesto, 8-6-2011, p.7.
     



    Merci à Tlaxcala
    Source: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=5048
    Date de parution de l'article original: 14/06/2011
    URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=5053


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  • L’accaparement des terres : l’Inde en guerre contre ses paysans



    Vandana Shiva

    Traduit par Michèle Mialane

    Notre terre, avec ses mers, ses rivières et ses eaux dormantes, qui fournit leur nourriture aux groupes humains divers à qui elle a donné naissance, qui porte toute cette vie qui respire et foisonne, nous offre en premier lieu la joie d’étancher notre soif.

    Prithvi Sukta, Atharva Veda.

     

    En Inde, l’État arrache par la force leurs terres aux paysans et les remet aux spéculateurs, aux grosses sociétés foncières et minières et à l’industrie du divertissement.


    La terre, c’est la vie. Pour les paysans et les peuples autochtones de tout le Tiers Monde, c’est le fondement de leur subsistance. Mais c’est aussi désormais le premier investissement au  sein l’économie mondialisée. Comme la mondialisation exige de plus en plus de ressources, la terre devient un enjeu majeur des conflits. En Inde  65%  de la population dépend de la terre. Parallèlement l’économie mondialisée, poussée par la spéculation financière et le consumérisme effréné, exige de plus en plus de terre pour ses mines et son industrie, ses villes, ses autoroutes et ses plantations pour les agrocarburants. Le montant des spéculations financières représente cent fois la valeur totale des biens et services réels.

    Le capital financier est avide d’investissements et de retour sur investissement.  Il lui faut changer en profit toute la planète - l’air et l’eau, les plantes et les gènes, les microbes et les mammifères. La transformation en marchandise pousse les entreprises à s’accaparer les terres de l’Inde, aussi bien par la création de zones spéciales qu’au moyen d’investissements étrangers directs  dans les  biens fonciers.

    La terre, pour la plus grande partie de l’humanité, c’est la Tierra Madre, Mother Earth, Bhoomi, Dharti Ma.La terre, c’est l’identité même des peuples, la base de leur culture et de leur économie. Le lien avec la terre est un lien avec Bhoomi, notre terre ; 75% de l’humanité vit de la terre et la terre est son berceau. La terre est le premier employeur au monde : elle représente 75% de la richesse du Sud mondialisé.

    Le fondement de la  colonisation , c’était l’appropriation des terres par la violence. Et maintenant la mondialisation et le néocolonialisme induisent un accaparement massif des terres indiennes, africaines et latino-américaines. On s’accapare la terre en vue d’investissements spéculatifs, de l’extension des villes, de l’extraction minière et des autres industries, de la construction de routes et d’autoroutes. On vole leur terre aux paysans après les avoir pris au piège de l’endettement et poussés au suicide.

    Les problèmes de la terre en Inde

    En Inde, un mélange empoisonné  des lois coloniales 1894 régissant les acquisitions foncières et de la dérèglementation néolibérale des investissements et transactions commerciales favorise  l’accaparement des terres - et avec lui le règne de la cupidité et de l‘exploitation sans frein. L’avènement d’un État policier et l’utilisation de lois coloniales réprimant les révoltes, et rendant antinationale la protection des intérêts de l’État et de la nation joue aussi son rôle.

    Il y a des années que la Banque mondiale s’efforce de transforme la terre en marchandise. En 1991, son programme d’ajustement structurel a stoppé la réforme agraire et dérèglementé l’industrie minière, les routes et les ports. Alors que les lois postérieures à l’indépendance, prévoyant de laisser les terres aux paysans qui l’exploitaient, étaient abolies, la loi de 1894 est restée.

    Ainsi l’État a pu contraindre les paysans et peuples autochtones à lui céder leurs terres, revendues ensuite à des spéculateurs ou à des entreprises immobilières, industrielles et  minières.

    Dans toute l’Inde, depuis  Bhatta dans l’Uttar Pradesh à Jagasingphur dans l’Orissa et Jaitapur dans le Maharashtra, le gouvernement a déclaré la guerre à nos paysans, nos annadatas (paysan en telugu) pour les dépouiller de leurs terres fertiles.

    L’instrument de ce vol a été la loi coloniale sur les acquisitions foncières, utilisée par les dominateurs étrangers contre les paysans indiens.  Le gouvernement se comporte comme ces étrangers lorsqu’ils instaurèrent en 1894 cette fameuse loi, afin de s’approprier la terre au profit des entreprises : JayPee Infratec dans l’Uttar Pradesh pour l’autoroute Yamuna, POSCO dans l’Orissa et AREVA à Jaitapur - le tout au bénéfice d’intérêts privés et non de l’intérêt public, aussi débridée que soit notre imagination. C’est aujourd’hui monnaie courante chez nous.

    Les guerres pour la terre sont lourdes de conséquences pour notre démocratie, la paix sociale et l’écologie, notre sécurité alimentaire et l’alimentation de la population rurale. Ces guerres doivent cesser, ou c’en est fait en Inde de l’écologie et de la démocratie.

    Pendant que le gouvernement de l’Orissa s’apprête à arracher leurs terres aux gens deJagasingphur, qui luttent démocratiquement contre cette spoliation depuis 2005,Rahul Gandhia fait savoir qu’il était opposé à la réquisition des terres à Bhatta dans l’Uttar Pradesh dans un cas similaire. Jairam Ramesh,Ministre de l’Environnement, a concédé qu’il avait donné le feu vert au projet de POSCO « à la suite de fortes pressions.» On peut se demander : « Qui fait pression ? » Il faut en finir avec ce « deux poids, deux mesures » dans la question des terres.

    Un pays méprisé

    À Bhatta Parsual, Greater Noida (UP), la société Jaiprakash Associates (infrastructures) a acquis 2400 ha de terre pour y construire des résidences de luxe et des installations sportives, dont un circuit de formule 1, sous prétexte de construire l’autoroute Yamuna. Longue de 165 km, elle enlèvera des terres à 1225 villages. Les paysans ont protesté contre cette  injuste spoliation et le 7 mai 2011 des heurts entre manifestants et policiers ont causé la mort de quatre personnes et fait de nombreux blessés. Si le gouvernement poursuit ses guerres pour la terre au cœur du grenier à céréales indien, la paix n’a aucune chance.

    En tout cas l’argent ne peut  compenser l’aliénation du pays. Comme l’a dit Parshuram, 80 ans, qui a perdu sa terre à cause de Yamuna :  « Tu ne sauras jamais ce que l’on ressent quand on vous enlève votre terre. »

    Alors que le gouvernement verse 300 roupies (6 dollars US) aux paysans pour 1 m2 de terre - sur la base de la loi de 1894-  , il la revend 600 000 roupies (13 450 dollars) à celui qui porte le projet de « développement ». C’est à dire qu’il multiplie la valeur et donc le profit  par 200 000 . Cet accaparement des terres et ces profits alimentent la pauvreté, l’expropriation  et les conflits.

    De la même manière, à Jaitapur (Maharashtra), la police a ouvert le feu sur des manifestants pacifiques contre la centrale nucléaire projetée dans une cité près de  cette petite ville portuaire. Une personne a été tuée et au moins huit autres ont été grièvement blessées. La centrale de Jaitapur, la plus grande du monde, sera construite par la société française AREVA. Après la catastrophe de Fukushima la contestation s’est accrue - l’entêtement du gouvernement a fait de même.

    Aujourd’hui une situation analogue se prépare à Jagasingphur, Orissa, où 20 bataillons ont été envoyés pour soutenir l’acquisition anticonstitutionnelle de terres et protéger le plus gros investissement étranger en Inde, l’aciérie POSCO. Le gouvernement se propose de détruire 40 plantations de bétel pour pouvoir prendre leurs terres. Le bétel rapporte aux paysans 400 000 roupies (9000 dollars) par an pour 0,4 ha cultivés. Le mouvement contre POSCO s’est heurté un nombre incalculable de fois à la violence étatique au cours de ses 5 ans de lutte pacifique. Il entreprend une nouvelle action démocratique et non-violente - peut-être la dernière - de résistance à un État qui cherche à le spolier de sa terre de manière antidémocratique en usant de violence et se place au-dessus des lois et des droits constitutionnels.

    La « plus grande démocratie du monde» détruit les bases de sa démocratie en menant ses guerres pour la terre. La Constitution reconnaît aux individus et aux panchayats (Conseils de village) le droit de décider démocratiquement en matière  de  terre et de développement, mais le gouvernement ignore leurs décisions, ce qui est apparu clairement dans l’affaire POSCO, lorsque trois panchayats ont refusé de céder leurs terres.

    Le recours à la violence et la privation des moyens d’existence, caractéristiques de la tendance actuelle, met en danger non seulement l’avenir de la démocratie indienne, mais aussi pour la survie de l’Inde en tant que nation. L’Inde, qui  affirme avoir une économie prospère et une forte croissance, est incapable de nourrir 40% de sa population ; n’est-ce pas là une honte nationale ?

    La terre n’est pas destinée à se couvrir de forêts de béton, qui seraient la preuve qu’un pays se développe et bénéficie d’une forte croissance ; elle fournit l’eau et la nourriture, les fondements mêmes de la vie humaine. Donc c’est clair : l’Inde a besoin, non d’une politique d’accaparement des terres fondées sur une loi coloniale améliorée, mais d’une politique de maintien de nos sols, qui respectera notre écosystème, si important: par exemple la fertile plaine du Gange et les régions côtières, en raison de leur  rôle écologique et de contribution à la sécurité alimentaire.

    Donner une terre fertile à des entreprises privées qui forment désormais une nouvelle caste zamindar (noblesse héréditaire) ne peut être d’intérêt public. Les autoroutes privées et routes à grande vitesse ne sont pas des infrastructures indispensables. La véritable infrastructure dont l’Inde a besoin, c’est une infrastructure écologique garantissant l’eau potable et une alimentation correcte. Couvrir de béton et d’usines notre terre  fertile, d’où nous tirons notre nourriture, signifie enterrer l’avenir de notre pays.

     



    Merci à Vandan Shiva
    Source: http://english.aljazeera.net/indepth/opinion/2011/06/20116711756667987.html?utm_source=Al+Jazeera+English+List&utm_campaign=f238e19811-Newsletter&utm_medium=email
    Date de parution de l'article original: 07/06/2011

    URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=5028


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