•  

    On apprend aujourd’hui qu’à Orléans, la rectrice fait porter la responsabilité des mauvaises statistiques sur l’échec scolaire sur les enfants issus de l’immigration.

    Ces propos sont dans le sillage de ceux de Claude Guéant.

    Enfants issus de l’immigration, la formule est vague car on ne sait pas ce qu’elle recoupe.

    Par contre, elle est comprise par beaucoup comme enfants des cités dont les parents ne parlent pas bien français.

    On connaissait donc l’amalgame : L’immigration aboutit à la délinquance, s’ajoute celui-ci : l'immigration est génératrice d’échec scolaire.

    La formule de la rectrice d’Orléans a deux objectifs à part se faire mousser auprès du gouvernement et assurer la promotion de sa carrière : assimiler immigration et échec scolaire et laisser croire que sans l’immigration, le niveau scolaire des jeunes français est correct ce qui justifie la politique de paupérisation de l’éducation nationale.

     

    Je remarque l’insistance avec laquelle on laisse entendre que l’échec scolaire en France serait une question d’origine ethnique et sociale.

    Par contre, rien n’est dit sur les ravages des médias audiovisuels sur le développement des enfants.

     

    Un livre est sorti sur le sujet en février 2011, « Tv lobotomie », et personne n’en a parlé. L’auteur, Michel Desmurget est un chercheur en neurosciences qui a consulté toutes sortes d’étude scientifiques rigoureuses qui concluent que plus un enfant passe de temps devant des écrans, plus grand est le risque qu’il développe un retard de parole et de langage à l’âge d’être maternelle ou un échec scolaire à l’école primaire et au collège.

     

    On a même poussé le bouchon très loin en demandant à un groupe de bons élèves d'augmenter le temps qu'il passe devant des écrans. En un trimestre, un nombre significatif de ces enfants a vu ses résultats scolaires chuter...

     

    Et comme par hasard, les enfants qui regardent le plus la télévision, sont ceux des familles pauvres…

     

    Pourtant, alors qu’il y a péril en la demeure, on n’entend pas un membre du gouvernement, de l’UMP ou même une personnalité de l’éducation nationale proposer ou recommander quoi que ce soit sur le sujet. La télé n’est-elle pas l’endroit rêvé pour les politiciens ? Ils peuvent y mentir en toute liberté et se faire mousser pour pas cher…

     

    Normal, il y a des milliards en jeu, de la multiplication des chaînes de télé à la publicité en passant par la fortune des amis des politiciens, l’oligarchie des médias.

     

    Alors que l’enfant d’immigré, ce cancre en puissance si on suit le raisonnement de nos politiciens, il ne représente rien, même pas une voix aux élections !

     

    L'auteur de TV Lobotomie interviewé par Audrey Pulvar sur France-Inter

     


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  • Le paradoxe du grand père…

    Publié le 20 juin 2011 par

    En physique, il existe tout un tas de paradoxes. Il y en a même un qui s'appelle le paradoxe du grand-père. En gros, il questionne que si vous retournez dans le passé et que vous tuez votre grand-père avant qu'il n'ait engendré l'un de vos parents (ou les deux si vous êtes consanguins), que se passe-t-il lorsque vous revenez dans le présent ?

    Et bien tout simplement, vous n'existez pas, et vous n'avez donc pas la moindre raison de retourner dans le passé pour niquer votre grand-père. Ce qui d'ailleurs vous aurait sans doute valu la cabane et une impossibilité de retour au présent.

    En fait, si je vous cause de ce paradoxe, c'est que j'ai lu dans Marianne un article intitulé "Mélenchon ou la revanche des trostskystes." Oui, vous avez bien lu, vous aussi.

    Et l'article nous explique une autre version du paradoxe du grand-père.

    Monsieur Mélenchon vient d'être adoubé par le parti communiste (dieu ait son âme, s'il la trouve) pour être son candidat à la présidentielle de 2012.

    Or J-L Mélenchon est, de notoriété publique, un ancien trostkyste (dieu n'ait pas son âme, même s'il la trouve).

    Et je ne vous ferai pas l'histoire de l'entente cordiale entre Staline et Trotsky, mais il est aussi de notoriété publique que, depuis cette très fraternelle entente, les partis communistes du monde entier se sont donnés la main pour bouter les trotskystes hors de leurs maisonnettes.

    Bien oui, dès que tu parlais à un communissss de révolution permanente, tu lui voyais les cheveux tellement se hérisser que tu avais envie de lui passer un coup de faucille dessus, histoire de les égaliser.


    Et j'en reviens à mon paradoxe du grand-père. Selon Marianne, l'intronisation de J-L-M, ex-trostkyste, par le PC en tant que présidentiable est donc… une revanche des trostkystes !

    Ouais ! Je sais ! Tout le monde s'en fout ! Et vous avez raison.

    Parce que Mélenchon tout comme le P.C., il y a belle lurette qu'ils ont dû s'essayer au paradoxe du grand-père et qu'ils l'ont bel et bien tué et enterré le papi.

    Depuis quand avez-vous entendu un communissss lancer un appel à la révolution ? Ou un trotskyste à la révolution permanente ? Moi, j'ai beau chercher… Mais il faudrait que j'aille retrouver mon grand-père…

    C'est à peu près comme lorsque l'on me disait que DSK était socialiste… Ouais, et pourquoi par Claude Guéant alors, ou Eric Besson… Et j'en passe…

    Mais revenons à des choses sérieuses.

    En physique encore, il existe un théorème de la calvitie qui nous explique pourquoi les trous noirs sont chauves.

    Il n'est pas très compliqué à comprendre, les trous noirs absorbent tout ce qui se trouve à proximité, ce qui signifie qu'ils sont aussi édentés, aveugles, sourds et muets, puisque s'ils se bouffent les cheveux, ils se bouffent aussi les yeux, les oreilles, la langue… Mais je ne comprends pas comment ils ne finissent par par se bouffer eux-mêmes.

    Peut-être parce qu'il existe aussi des trous blancs, alimentés par ces trous noirs, qui à l'inverse des premiers, expulsent toute la matière qu'ils ont bouffé. Mais, ces trous blancs, il faut bien qu'ils puissent bouffer de la matière avant de l'expulser.

    D'où l'existence de trous de vers qui servent de ponts entre les trous noirs et les blancs, de telle sorte qu'il y ait principe de vases communicants et que les trous blancs, contrairement aux noirs, ne soient ni chauves, ni aveugles, ni… etc, etc.

    Vous y comprenez quelque chose ? Ben moi non ! Alors à bientôt…

    Et pour la révolution, demandez-la à votre permanente… Mais ne demandez surtout pas à votre grand-père s'il est chauve, ça risquerait de le vexer…

    Et tiens, demain, je vous fais un paradoxe de l'orteil...


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  • La marche du collectif « Vies volées par la police »

    C’était le 19 mars [2011] à Paris. Des centaines de personnes ont manifesté entre Opéra et Châtelet. Des centaines de policiers, déguisés en robocops, les « encadraient ».

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    C’était la marche en solidarité aux familles dont la vie d’un enfant, d’un frère, d’un grand père… s’est éteinte sous les bottes de la police, une marche pour arracher la vérité, la dignité au silence assassin qui voudrait faire oublier le sens d’une liste de morts qui s’allonge sans fin.

    Car c’est ainsi que va la règle dans cette société : tout est fait pour que ces familles soient totalement démoralisées. Elles subissent l’isolement, les tracasseries administratives, les calomnies, les inerties et falsifications judiciaires. Elles subissent la double, la triple peine… encore au-delà du travail de deuil. Quant aux policiers responsables, ils continuent à parader en uniforme sous les yeux de leurs victimes. Leurs procès sont repoussés à l’infini, et les rares fois où ils ont lieu, les jugements leur sont toujours favorables. C’est tout l’appareil étatique qui enserre ses victimes en vue de « justifier » ses violences mortelles. Et la succession au pouvoir des partis de droite comme de gauche n’a rien changé au nombre de morts ni aux acquittements des policiers tueurs.

    Certes le 19 mars les manifestants n’étaient pas des milliers. Mais un événement a néanmoins eu lieu. C’est la première fois, depuis des années, que plusieurs familles et leurs comités de soutien ont pu se réunir pour réagir ensemble. Confronter les expériences, constater le mépris récurrent des autorités, le silence complice de la justice… Les faits parlent d’eux-mêmes, les affaires sont liées, il ne s’agit pas de cas isolés, il ne s’agit pas de « bavures », la seule « faute » commise par ces hommes a été celle de croiser le chemin de la police, de se trouver au mauvais moment au mauvais endroit et dans la grande majorité des cas d’être pauvre et ne pas avoir la peau blanche.

    Réunies et soutenues, les familles peuvent imposer à la société avec davantage de force la mise à nu de la violence de l’État par l’intermédiaire de sa police et de sa justice. Malheureusement aucune marche ne fera revivre les morts. En revanche en continuant la mobilisation avec le collectif des familles de ceux dont la vie a été volée par la police, on peut aider à rétablir la vérité et l’honneur.

    Contact


    Mémoire

    Leurs familles et leurs comités de soutien étaient à l’initiative de la marche du 19 mars 2011.

    Mickaël Cohen, graffeur de 19 ans, poursuivi par la police, s’est noyé dans la Marne (94) dans la nuit du 9 au 10 avril 2004.

    Abou Bakari Tandia meurt des suites de sa garde à vue au commissariat de Courbevoie (92) le 5 décembre 2004. Après six années d’instruction, ni les conclusions des médecins légistes contredisant complètement la version policière, ni la reconstitution organisée le 4 avril dernier, n’ont permis à la juge de décider entre le non-lieu ou la mise en examen des policiers.

    Bouna Traoré et Zyed Benna, fuyant la BAC, ont perdu la vie électrocutés dans un transformateur à Clichy-sous-Bois (93) le 27 octobre 2005.

    Fethi Traoré, 31 ans, est mort noyé dans la Marne (94) le 8 mai 2006, il était poursuivi par la police.

    Lamine Dieng, 25 ans, est mort dans un fourgon de police, à Paris (75) le 17 juin 2007.

    Larami Soumaré et Mushin meurent à Villiers-le-Bel (95) percutés par une voiture de police le 24 novembre 2007.

    Reda Semmoudi, sans-papier et futur père, est mort le 8 janvier 2008, défenestré du 9e étage de son appartement à Noisy-Le-Sec (93) lors d’une perquisition.

    Le 4 avril 2008, Baba Traoré, un jeune Malien de 29 ans est mort d’un arrêt cardiaque après s’être jeté dans la Marne en tentant de fuir un contrôle de police à Joinville-le-Pont (94).

    Abdelakim Ajimi est mort à Grasse (06), étranglé par des policiers, le 9 mai 2008.

    Ali Ziri 69 ans, est décédé à la suite d’un contrôle policier à Argenteuil (92) le 11 juin 2009. Son ami Arezki Kerfali, 61 ans, également brutalisé ce jour là est poursuivi pour « outrage », après plusieurs reports son procès devrait avoir lieu en mars 2012.

    Le soir du 9 août 2009 à Bagnolet (93), Yakou Sanogo, 18 ans, poursuivi et pressé par la voiture sérigraphiée de la police, a chuté avec sa moto. Il n’a pu être ranimé.

    Mahamadou Maréga a perdu la vie entre les mains de la police qui l’avait brutalisé, taserisé et/ou asphyxié à Colombes (92) le 30 novembre 2010.

    Non lieu, instructions sans fin… dans aucun de ces cas la justice n’a admis la responsabilité directe ou indirecte des policiers.

    Résistons ensemble n° 96, avril 2011
    Contre les violences policières et sécuritaires.


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  • cherche expert en révolution

    19 juin 2011
    par snony Ici

    Les événements qui ont lieu dans le monde arabe depuis fin 2010 continuent de faire couler de l’encre. Mais une encre qui semble pâlir au fur et à mesure où le temps avance. Deux hypothèses : ou bien ce sont les révolutions elles-mêmes qui flanchent, ou bien se sont les commentateurs, observateurs, experts dont la plume évolue. Rien, de mon point de vue, ne confirme la première hypothèse, mais beaucoup de soupçons se portent sur la deuxième.

    Pour commenter les révolutions il faudrait sans doute commencer par définir ce que c’est. Dans les manuels d’histoire, celles-ci sont d’autant plus saluées qu’elles sont lointaines, géographiquement ou historiquement. Mais y a-t-il des caractéristiques qui permettraient de faire des pronostics sur l’avenir de celles qui sont en cours ? Y a t-il une « théorie de la révolution » à laquelle les commentateurs se réfèrent ? On peine à trouver dans les différentes contributions quelque chose qui aille au-delà de la définition du petit Robert : changement radical sur une brève période de temps. La discussion se déplace alors sur l’appréciation de « radical » et de « bref ». C’est déjà un pas.

    Tout le monde conviendra qu’une période de quelques mois à l’échelle de l’histoire d’un pays peut être qualifiée de brève. Mais qui peut juger du radical hormis les acteurs eux mêmes ? Concernant la révolution en cours en Égypte, on peut lister les problèmes qui ne sont pas encore réglés : la pauvreté, la corruption, l’organisation des prochaines élections, les réformes de l’éducation, les salaires, le droit du travail, à la santé, les questions d’environnement… On peut aussi lister les problèmes nouveaux qui se posent à elle : l’insécurité, la crise du tourisme, le recul des investissements, l’apparition des mouvements islamistes sur la scène publique. On peut lister aussi les problèmes qui se posent à l’étranger qui visite ou réside dans le pays (c’est souvent l’étranger qui commente) : l’insécurité, les bouchons dus aux manifestations, la poussée du port du hijab, les croisières annulées…

    Quel est le seuil à partir duquel le label de révolution est acquis ou perdu ? L’Égypte a arrêté et s’apprête à juger son président, la famille de celui-ci, les plus éminents responsables du PND et les ministres corrompus du précédent gouvernement, des dirigeants d’entreprise et des hommes d’affaires. Leurs biens sont confisqués, les comptes sont épluchés…Oui, un certain nombre de délinquants en col blanc sont encore dehors ; oui, il faut régulièrement que les jeunes se mobilisent pour que les procès annoncés se concrétisent… Mais le simple fait que ces procès aient lieu est le symbole d’une rupture décisive : le droit n’est plus celui du plus fort ! Ce renversement est palpable en Égypte depuis début février, avant même que Moubarak ne tombe. Il y a bien un moment seuil, un moment palpable, où la dictature perd la main, même si elle poursuit une répression sans nom. A ce titre, il semble bien que la révolution ait commencé en Syrie, où les lendemains de massacres rassemblent plus de manifestants que la veille, où la peur donc, a changé de camp.

    Quand on néglige dans les analyses produites, le fait que les peuples « relèvent la tête » comme le disent les égyptiens, on ignore l’essence même d’une révolution : un processus d’émancipation dont l’idée devient hégémonique pour tout un peuple (Gramsci peut encore nous apprendre des choses). Un processus qui ne se cantonne pas à des idées généreuses mais que l’on peut décrire à l’aide d’éléments concrets qu’il faut décider d’observer, à la loupe si nécessaire. A cet égard, la couverture médiatique en France de la création des nouveaux partis de gauche en Égypte, des alliances politiques qui se forment, des nouveaux syndicats indépendants et des espoirs qu’ils soulèvent pour les droits des travailleurs, des luttes actuelles dans les entreprises, ou des initiatives culturelles inédites, est consternante.

    Le récent papier de Thomas Cantaloube interviewant sur Mediapart un membre qatari d’un Think Tank américain soulève d’autres questions. Parler de la fin « du printemps arabe » est déjà en soi, une forfaiture. 1/ L’appellation de printemps arabe est une pure invention occidentale, y compris l’expression « révolution de jasmin » pour qualifier la première d’entre elles. 2/L’entame « les « révolutions » dans le monde arabe ont basculé dans la guerre et la répression » est quelque peu contestable : une seule a basculé dans la guerre (guerre que l’on pourrait nommer la « guerre de BP-Total » ), une seule vit une répression sanglante, la Syrie,et  les cas de de la Tunisie et de l’Egypte ne se résument pas à ces deux mots ; même le Yémen vit une situation beaucoup plus complexe. 3/ « L’optimisme d’hier est devenu le pessimisme d’aujourd’hui » … Pour ce qui est de T. Cantaloube, sa période d’optimisme a été particulièrement brève concernant l’Égypte au moins. Mais y compris si davantage de gens sont pessimistes, quel outil de compréhension cette remarque apporte-t-elle ? Que c’est difficile de faire une révolution ? Eh bien oui. Tout le monde pourrait avoir l’humilité de le reconnaître.

    Et c’est à cet endroit qu’il y a, me semble-t-il, un deuxième biais : d’où parlent les commentateurs de révolutions ? Les termes positifs qui ont été utilisés au début pour les décrire signifient-ils un engagement en faveur de la réussite de ces révolutions, ou seulement l’appréciation provisoire et convenable (convenue ?) que ces révolutions sont des valeurs sûres ? Les lecteurs de Médiapart sont suffisamment aguerris pour s’être interrogés dans leurs commentaires sur la posture du responsable de TT américain. Sans sombrer dans la dénonciation du complot et voir la main de la CIA partout, on peut effectivement s’interroger. Shadi Hamid nous révèle comme un scoop que les dictateurs « ne vont pas abandonner le pouvoir sans se battre », nous renvoyant sur le mode de l’expertise une parole légitimée par le crédit de naïveté qu’il fait lui-même aux révolutionnaires… Le procédé n’est pas très élégant.

    Bien sûr que les dictateurs, et les cohortes de profiteurs qui se sont engraissés avec eux, ne vont pas lâcher le magot comme ça. La révolution ne fait donc que commencer, y compris en Tunisie et en Egypte. A cet égard une question intéressante serait : est-ce qu’on s’attaque davantage aux pouvoirs des oligarchies aujourd’hui qu’hier ? La réponse est évidemment oui. Est-ce que les peuples sont moins résignés aujourd’hui qu’hier ? La réponse est encore oui, et en plus, la contagion est dans le bon sens !

    Un autre traitement de l’information qui pose problème est le micro-trottoir. Le prisme du chauffeur de taxi, dans tous les pays du monde, est redoutable et amplifie, la plupart du temps, les visions les plus réactionnaires. C’est le risque que prend le papier de Claude Guibal pour le journal Libération datant du 28 mai. Les éléments d’informations qu’il contient, pris un par un, sont véridiques  (quoique qualifier le Pdg de Google Egypte, Wael Ghonim, de « figure phare de la révolution » est assez discutable). Rassembler un patchwork de « sentiments individuels » sur l’insécurité, la montée des salafistes, la crise économique, les piétinements de la révolution peut constituer une « prise de température » des différentes contradictions que traverse une société. Mais ce qui est lourd de sens, c’est que ce papier est écrit le lendemain d’une énorme manifestation à laquelle les mouvements islamistes recommandaient de ne pas participer et qui a rassemblé, malgré les menaces d’attaques savamment distillées, des dizaines de milliers de personnes sur l’idée d’une deuxième révolution, associant les travailleurs et la société civile et formulant de nouvelles exigences.  Le quasi-silence sur les enjeux de ce deuxième « jour de la colère » provoque une toute autre lecture de la journée. Une brève sur la manifestation titrée « Les cairottes crient leur rancoeur« , publiée le même jour dans le même journal, ne compense pas vraiment cela en parlant « d’ultime » journée (au lieu de deuxième) et de rancœur (à la place de colère). Les mots sont lourds de sens. De fait, le succès de cette journée est passé complètement sous silence dans la presse française.

    Si on y réfléchit davantage, les journalistes qui essayent tant bien que mal de couvrir ces événements n’ont pas la tâche facile et après tout ils n’ont pas été recrutés sur la base de leurs « compétences révolutionnaires ». La posture de l’Occident observant ces révolutions est peut être davantage en cause. Basculer du soutien de la dictature à l’éloge de l’insurgé n’est pas un exercice facile. Surtout quand, après une période dite « d’euphorie » (qui a provoqué tout de même ici 800 morts et des milliers de blessés) les révolutionnaires décident de s’attaquer à l’injustice sociale, aux dégâts du capitalisme, aux droits des travailleurs. Autant de sujets sur lesquels nos pays ne sont pas franchement en position de donner des leçons. Comment une Europe, capable par exemple de donner en pâture aux banques quelques uns de ses pays membres, pourrait-elle soutenir de façon indéfectible des peuples qui s’attaquent à cette logique de l’argent-roi ? Il y a comme une schizophrénie rampante qui rend très difficile la recherche du ton juste.

    Enfin pour finir, comprendre une révolution en marche est une tache extrêmement complexe et il est évident que les informations mises bout à bout ne forment pas une analyse. « Plus personne ne comprend rien » affichait la semaine dernière un cairotte sur son pare-brise arrière. C’est aussi le sentiment de beaucoup d’observateurs. Mais cela veut seulement dire que la réalité est difficile à appréhender.


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