• Ce n’est pas tout de le dire


    assemblée dimanche 29/5 Madrid

    « Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des banquiers et des politiques », dit la pancarte principale de la #spanishrevolution. Certes, mais ce n’est pas tout de le dire ! Ce n’est pas tout de prôner la non-violence absolue en se réclamant de Gandhi et en oubliant que ce dernier avait pris les coloniaux Britanniques par la bourse en demandant à son peuple de boycotter le sel et, même de manière violente et tragique en certains moments. Ni la révolution espagnole ni les arabes et musulmanes (que l’on voit d’ores et déjà, comme prévu, récupérées ou édulcorées) ne parviendront à leur fin sans toucher la bête (ici appelée banquiers et politiciens) à l’endroit où cela lui fait le plus mal : l’indépendance !

    Au risque de me répéter, on ne se façonne pas une révolution pacifique si celle-ci n’est pas supportée par l’immense majorité du peuple et donc, si les revendications ne sont pas susceptibles d’être acceptées comme propres par cette immense majorité. Tant que les « acampados » ne s’allieront pas, d’une manière ou d’une autre, les travailleurs, les petits indépendants et les paysans les plus pauvres autour d’un programme minimal mais crédible et porteur, le mouvement est condamné à disparaître plus ou moins rapidement. Or, qu’est-ce qui fait mal aux politiciens et aux banquiers ? C’est que les premiers n’ont plus aucun pouvoir sur les seconds et que les seconds ont besoin du bras armé des premiers pour continuer leur accumulation. S’attaquer au dieu Marché et à ses contradictions réelles et concrètes ! Bien sûr, l’Espagne n’est pas l’Islande, mais justement, et là-bas, c’est ce qu’ils ont fait : refuser de rembourser la dette, ne plus répondre aux banquiers, etc.

    C’est à démonter cet engrenage que les assemblées et le mouvement tout entier doit s’atteler ; à en faire un mot d’ordre général qui fasse prendre la mèche, réellement, objectivement, dans l’ensemble du pays et, en dehors, dans l’ensemble de l’Europe en crise. Je ne sais ce qui va sortir des assemblées qui ont lieu en ce moment même –je sais que l’épisode enthousiasmant de la Bastille, a été stoppé net, par une charge musclée de CRS sans état d’âme- mais, j’espère que les résultats n’en resteront pas à de vagues déclarations sur la méthode et la forme plus que sur le fond de revendications qui, quoi qu’on y fasse, sont des revendications politiques. S’attaquer aux politiciens véreux, critiquer la démocratie formelle et combattre les privilèges, ne peut, en aucune façon, vouloir dire renier la politique, se battre pour plus de démocratie et mettre en place des manières, une manière, de vie en commun qui soit autre, certes, mais ailleurs que dans les places occupées : dans les usines, les villages, les régions, le pays tout entier, les facultés, etc.

    Loin de moi l’idée de vouloir faire plaisir à tout le monde –que du contraire. Il me semble qu’un des pièges de mes amis de Sol et d’ailleurs (qui savent très bien ce que je suis en train d’écrire puisque le mouvement s’appelle Démocratie REELLE, tout de suite) réside, précisément, dans un vouloir contenter tout le monde qui, en bout de course, ne contentera personne si ce n’est le pouvoir en place qui verra comment l’illusion s’effrite et le danger, par eux ressenti, s’éloigne ou disparaît. Me propos pourraient sembler contradictoires : d’un côté chercher à rassembler l’immense majorité autour d’un ou deux thèmes d’un programme capable de rassembler le plus grand nombre et, de l’autre, l’appel à ne pas chercher à contenter tout le monde.

    La contradiction disparaît, dès lors que l’on touche à la politisation obligée du mouvement –il ne peut en aucun cas en rester à l’état de mouvement spontanné. Politiser la lutte, faire pression, s’organiser et organiser des contre-pouvoirs réels, des actions d’envergure qui visent le centre nerveux de ce qu’il faut bien nommer par son nom : le système capitaliste, pour qu’il flanche et qu’à terme il menace de « révolutionner ». La lutte sera longue, on le savait ; il ne faut pas qu’elle s’arrête avant d’avoir été menée, avant d’avoir été au-delà des prémisses de l’espoir et du courage intelligent qui rassemble au départ du concret. Il faut tenir dans la distance et les politiques le savent qui, tous, de la gauche institutionnalisée aux écolos bon teint, en passant par les idéologues sectaires, les sociaux-démocrates et les libéraux, se tiennent en retrait. Je n’ai lu ni entendu aucun appui convaincu et fort, aucun geste fort qui appuie les revendications ni le mouvement de la part de cette clique ! Aucun renoncement à la pension à vie en tant que parlementaire, aucune proposition de projet de loi contre les privilèges basiques repris dans le manifeste de la plate-forme : rien !

    Certains se méfient du spontanné, d’autres pensent à leur propre jeunesse soixante-huitarde et replongent dans des dilemmes d’avant la chute du mur, d’autres, enfin, craignent pour leur carrière, leurs privilèges, leur fortune… On n’a pas besoin d’eux : ils ont besoin de nous ; mais, de « nous » qui veut dire le peuple et non pas dix mille, même cent mille personnes, même un million : le peuple ! Et, pour le moment, le peuple continue, comme si de rien –même si les élections italiennes confirment la tendance de l’Espagne, la semaine dernière, l’abstention continue de croître jusqu’à des sommets difficilement soutenables, même en démocratie formelle : terreau pour l’extrême-droite. D’ailleurs, à noter que, pour la première fois depuis des décennies, un partie xénophobe et allié de le Pen, a émergé en Catalogne dimanche dernier… Il en va et en ira de même dans toute l’Europe si personne n’est capable de redonner sens au désespoir, de mettre des mots sur des douleurs et des maux, de redonner ses lettres de noblesse à la politique et à l’Utopie.

    Je sais et je suis certain que c’est cela qui sortira des débats épuisants menés dans le plus grand respect de la parole de tous et avec des manières de faire, tellement organisées, qu’il était impossible qu’un petit (ou un grand) leader apparût. Déjà Barcelone a décidé de prendre deux jours de plus afin de « se structurer et pouvoir dé »centraliser le mouvement vers la périphérie » ; Madrid, Séville et Valence viennent, à l’instant (minuit) de décider la même chose. Après, il s’agira d’unifier tous ces petits laboratoires, de les relier autrement que par le Net et les réseaux sociaux.

    Ces laboratoires portent le germe d’un autre possible, d’une véritable révolution (la première) qui met en avant et l’internationalisme et le pacifisme et la protection de la Nature ! L’Utopie vaut la peine t les gens y adhèrent pour peu qu’elle se montre de face, sans chichis. Le grand écrivain Galeano, disait l’autre jour, sur une chaîne catalane, alors qu’il était interrogé sur ce qu’il venait de voir à Madrid, à peu près ceci que je cite de mémoire : « Un ami cinéaste et moi étions en Colombie, devant un parterre d’étudiants et tout se passait bien jusqu’à ce que quelqu’un nous demande ce qu’est l’Utopie. Je regarde, perdu, mon ami et lui passe la parole en me disant « le pauvre » et, à ma grande surprise, il répond tranquillement cette phrase merveilleuse : l’Utopie, c’est comme l’horizon, toujours visible et toujours inaccessible, tu avances de dix pas et il recule de dix pas, mais tu avances ; l’Utopie, c’est cela, ce qui te permet et qui te fait avancer. »

    Sans cela, le risque est grand de tomber dans ce qui, malheureusement, est devenu l’alternatives du Maghreb et du Makrech : démocratie réelle, réformisme mou ou recul et répression. Aucune révolution –et encore moins en ces temps où le pouvoir est tout aussi globalisé que les oppositions et aussi rapidement interconnecté- ne peut se faire sans l’appui des classes populaires et des intellectuels –je l’ai déjà dit- mais sans celui, également, de la petite bourgeoisie et des indépendants, eux aussi victimes du système. En fin de compte, les bénéficiaires du capitalisme sont très peu nombreux, alors pourquoi ses sbires tiennent-ils les rênes si fortement qu’on dirait des laisses invisibles au cou des citoyens avachis, abrutis, manipulés, aliénés ? C’est une des questions auxquelles il faudra répondre et qui n’est pas la plus difficile, afin de mettre en place des contre-pouvoirs efficaces (qui touchent et éveillent la conscience des peuples, au-delà de l’indignation).

    Pour les pays de l’hiver jasmin, sur la rive méridionale de la Grande Bleue, se défaire des multinationales et des puissances « alliées » encore à la tête des politiques et des militaires aujourd’hui démocrates, afin d’en terminer avec une réelle démocratisation, une réelle indépendance économique et politique, une réelle négociation avec Israël d’égal à égal et se sortir des bourbiers Syrien, Libyen, Yéménite, du Bahreïn, etc. Pour l’Espagne, se défaire du poids des restes du franquisme, récupérer la mémoire historique, et se trouver des alliances autres que celles des politiques aux ordres des agences de notation et de l’empire du marché des armes et de la drogue (le tourisme, pour ne citer que lui, repose sur le grand banditisme et la corruption généralisée, sur la péninsule). Pour tous, viser le FMI, la BM, le G8 et le G20… Parenthèse : Galeano disait aussi, dans la même interview que DSK, avant de violer l’employée de l’hôtel, avait violé impunément des pays et des continents entiers –ce qui peut donner une certaine idée de toute-puissance et il devrait être jugé pour les deux types de viols commis. Fin de la parenthèse.

    Je ne vais pas revenir sur mes articles précédents concernant le mouvement Democracia Real Ya (DRY). J’y crois, je veux y croire et nous devrions, nous tous qui sommes pour un monde autre, être solidaires et y croire. La #spanishrevolution a les pieds bien sur terre et a fait preuve d’indépendance, de courage, de ténacité, de lucidité et d’énergies vitales qui la rendent capable non seulement de durer, mais d’aller jusqu’au bout. Il lui faut, à présent, avancer : l’horizon ! La graine semée a d’ores et déjà pris, il s’agit d’en récolter les fruits, en prenant soin, auparavant, et cela durera le temps que cela doit durer, de veiller jalousement à la santé des pousses ! Plus rien ne sera jamais plus comme avant (au Sud de la Méditerranée non plus) : cela a déjà touché le cœur ou l’estomac des partis de la gauche, quoi qu’ils disent, parce que les revendications sont réalistes et que l’analyse de départ est sans failles et inattaquable –raison pour laquelle l’effort doit porter sur l’enracinement de celles-ci parmi les couches les plus larges et de la manière la plus fertile possibles.

    Il n’est pas inutile de le rappeler : le mouvement est contre le système, mais pas apolitique, il vise à un changement de système, clairement progressiste –même s’ils n’aiment pas qu’on les compare à ce qui existe car ils veulent autre chose de complètement nouveau. Ils ont raison, raison pour laquelle c’est révolutionnaire. Ce contre quoi je les mets en garde c’est précisément cela : des demandes si réalistes au départ d’analyses si évidentes peuvent, si le processus n’est pas huilé et très bien structuré, aboutir à l’inverse de l’effet escompté : renforcer la social-démocratie dont les thèses pourraient se voir enrichies par le travail effectué tout au long de ces semaines par les jeunes et les moins jeunes « acampados ». Car, comme le souligne un politicien de Barcelone : « tout cela met en évidence, le manque de politique au niveau Européen susceptible de donner des réponses aux problèmes de la Société » (repris par le journal publico.es du 29/5)

    En fait, le politique que l’on croyait mort, les idéologies et l’histoire finis, reviennent en force –et de quelle manière- sur le devant de la scène, avec des citoyens protagonistes, anxieux de redevenir sujets de leur destin et solidaires des affaires du monde. Jusqu’ici, la révolution cherche à se définir comme révolution sociale : représentation réellement démocratique, lutte contre la corruption et les privilèges, séparation effective et réelle des pouvoirs, contrôle citoyen sur les responsables et les responsabilités des politiques. Un des porte-parole de Sol a pu même déclarer que toutes ces revendications « a minima » se trouvaient déjà dans les textes de Loi et la Constitution, mais sans être respectées ni appliquées

    En somme, une évolution plus qu’une révolution au sens classique du terme. Une évolution qui, sans s’en rendre vraiment compte, de se mettre en place, pousserait le système à s’embourber dans ses contradictions car, en l’état actuel du fonctionnement des affaires du monde, pouvoir et corruption, manipulation et mensonge, non respect des Constitutions et inégalités, maintien des privilèges et politiciens aux ordres du fantôme tout-puissant surnommé « communauté internationale » sont tout bonnement indispensables à sa survie !

    Je terminerai cet article par les paroles de Natalia Muñoz, une des instigatrices du mouvement DRY : « il est logique que certaines choses que nous disons ne soit pas suffisamment rigoureuses car elles ne sont que l’expression d’un mal-être. C’est pour cette raison que nous avons besoin de l’appui de spécialistes et l’aide de tous ceux qui s’y connaissent dans chacun des points abordés. » (in publico.es, idem supra) en somme une espèce de deuxième transition –véritablement consensuelle et partie du peuple, cette fois- contrairement à celle, peureuse, qui suivit la mort du dictateur, l’instauration de la Monarchie et la rédaction d’une Constitution à la Belge, sous la pression des pouvoirs factieux encore en place, le souvenir des horreurs et, en même temps leur déni de fait, de la mémoire historique, le début des années de crise qui annonçaient les Thatcher-Reagan dont on connaît les méthodes, les objectifs et les limites imposées en des temps dits de Guerre Froide. Aujourd’hui, la rue redevient Agora, et l’on ne se contente plus d’abattre des murs, mais on emploie toute son énergie à construire des ponts. La Parole retrouvée –une Parole vraie tant au sens marxien qu’au sens lacanien du terme : quelle, belle et grande, révolution en ces temps d’uniformité et de replis frileux !

    José Camarena 290511 ici 

    © Hozé 5/2011
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  • Déclaration du ministre des Affaires étrangères sur les sanctions imposées par les États-Unis à la société Petroleos de Venezuela SA (PDVSA)


    Le gouvernement et le peuple cubain expriment la ferme condamnation contre cette agression envers le peuple du Venezuela, la Révolution bolivarienne, la PDVSA bolivarienne.

    Le gouvernement de Cuba, tout notre peuple, se solidarise avec le président Hugo Chavez et le peuple vénézuélien et  approuve  inconditionnellement la résolution de l'Assemblée nationale de la République bolivarienne du Venezuela sur cette question.

    Nous partageons la déclaration du commandant Chavez que les énormes réserves du Venezuela  ne sont pas seulement de pétrole, mais dans son peuple : réserves politiques, réserves morales, réserves bolivariennes.

    Les États-Unis violent le droit international et appliquent des lois unilatérales  de manière extra-territoriale.

    Il faut dénoncer cette agression et nous devons nous demander si les Etats-Unis  entament une nouvelle escalade contre la Révolution bolivarienne. La question clé n'est pas l'aspect économique des mesures appliquées contre la PDVSA, mais le risque que ceci implique une décision des États-Unis de provoquer de  nouveaux conflits dans la région, de nouvelles tentatives de diviser l'Amérique latine et les Caraïbes, un moment culminant de son unité et de son indépendance.

    Lorsque le Venezuela est attaqué, Cuba est attaquée. Le Commandant Chavez, le peuple vénézuélien, pourra compter sur notre entière solidarité et notre plein soutien. Nous agirons sur les organismes internationaux Loi dans les organisations internationales, et travaillerons ensemble pour la restauration du droit international, pour empêcher les États-Unis de violer le droit international et de voies de fait  nos peuples.

    Cuba a partagé pleinement  la déclaration de l'ALBA sur cette question et est prête à agir auprès des instances internationales et des forums,  contre cette nouvelle et brutale agression envers le Venezuela et contre notre Amérique.

    La Havane, le 28 mai 2011

    Declaración del Ministro de Relaciones Exteriores sobre las sanciones impuestas por los Estados Unidos a la compañía Petróleos de Venezuela S.A. (PDVSA)


    El Gobierno y pueblo cubanos se solidarizan con el Presidente Hugo Chávez y con el pueblo venezolano, y respaldan de manera irrestricta la resolución de la Asamblea Nacional de la República Bolivariana de Venezuela sobre este tema


    Juventud Rebelde 
    digital@juventudrebelde.cu
    28 de Mayo del 2011 22:47:04 CDT

    El Gobierno y el Pueblo cubanos expresan una enérgica condena contra esta agresión al pueblo venezolano, a la Revolución Bolivariana, a la PDVSA bolivariana.

    El gobierno de Cuba, todo nuestro pueblo, se solidariza con el Presidente Hugo Chávez Frías y con el pueblo venezolano, y respalda de manera irrestricta la resolución de la Asamblea Nacional de la República Bolivariana de Venezuela sobre este tema.

    Compartimos la declaración del Comandante Chávez, de que las grandes reservas de Venezuela no son sólo de petróleo, sino están en su pueblo: reservas políticas, reservas morales, reservas bolivarianas.

    Estados Unidos viola el Derecho Internacional, y aplica leyes unilaterales de manera extraterritorial.

    Hay que denunciar esta agresión y hay que preguntarse si Estados Unidos está iniciando una nueva escalada contra la Revolución Bolivariana. El tema esencial no es el aspecto económico de las medidas aplicadas contra PDVSA, sino el riesgo de que esto signifique la decisión de Estados Unidos de provocar nuevos conflictos en la región, nuevos intentos de dividir a América Latina y el Caribe, en un momento culminante de su unidad y de su independencia.

    Cuando se agrede a Venezuela, se agrede a Cuba. El Comandante Chávez, el pueblo venezolano, podrá contar con nuestra completa solidaridad, con todo nuestro respaldo. Actuaremos en los organismos internacionales, y trabajaremos juntos porque se restablezca el Derecho Internacional, por impedir que Estados Unidos viole de esta manera las leyes internacionales y agreda a nuestros pueblos.

    Cuba comparte totalmente la declaración del ALBA sobre este asunto y está lista para actuar en los foros y eventos internacionales, en una enérgica denuncia y en la adopción de medidas internacionales contra esta nueva y brutal agresión contra Venezuela y contra Nuestra América.

    La Habana, 28 de mayo del 2011

    Compañero-a, Usted es parte del ejercito defensor de la verdad contra el terrorismo mediático  de los aparatos masivos de desinformación, sos un-a combatiente de esta batalla ideologica, tu acción forja consciencias, reenvia toda la informacion que consideres de interes (para nosotros-as todo)

     

     


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  • Le président Zelaya rentre chez lui après deux ans d’exil forcé

    "Oui nous avons pu !!!" crie le peuple hondurien.

    samedi 28 mai 2011

    Un coup de tonnerre vient de trouer le silence sépulcral des médias européens et des médias privés honduriens qui avaient tenté de justifier le coup d’État et qui avaient critiqué l’appui de Lula au président Zelaya. Celui-ci vient en effet de vaincre tous les obstacles pour rentrer dans son pays, le Honduras, un des plus pauvres du continent.

    Ce retour n’est dû qu’à la force croissante des latino-américains, aux syndicats, aux mouvements paysans, indigènes et aux organisations populaires progressistes du Honduras, au travail constant des médiateurs du Venezuela, de la Colombie, du Brésil, du Nicaragua...

    Les États-Unis avaient cru que le coup porté à l’unité de l’ALBA en organisant il y a deux ans ce coup d’État avec leurs élèves locaux de la School of Americas, puis en finançant la dictature et ses mercenaires, pourrait durer et servir de tête de pont pour reconquérir leur influence perdue en Amérique Latine. Mais ni le black-out médiatique, ni les assasinats sélectifs, ni la terreur généralisée, n’ont pu empêcher l’effort conjugué de la résistance hondurienne et des gouvernements latino-américains.

    L’écran de Telesur montre en direct et en continu la fête de milliers de citoyen(ne)s au poing levé, aux cris de "Unidad, Unidad !", et "Si se pudo !, si se pudo !" ("oui nous avons pu, nous avons pu !") qui donneny ce samedi 28 mai 2011 l’abrazo collectif à leur "héros" Mel Zelaya. Le drapeau du Che pointe et les chansons du Front National de la Résistance Populaire rappellent l’impunité des militaires putschistes.

    Ce nombre croissant d’heure en heure exprime un immense saut de conscience. Les visages souffrants du peuple victime du coup d’État ont fait place à la joie indescriptible, aux larmes de joie, à un peuple différent, qui commence à sortir de manière incroyable, dans une ambiance indescriptible, d’une histoire qui au Honduras semblait liée pour toujours à l’armée et à une élite anachroniques, éternelles gardiennes du cimetière et de la misère.

    L’Histoire immédiate - assemblée constituante, justice sociale, châtiment pour les violateurs des droits de l’homme, retour du Honduras au sein de l’OEA et de l’ALBA, etc.. - redevient possible. Le Front de Résistance sort de la clandestinité et peut enfin devenir une nouvelle force politique qui, par la voie électorale et référendaire, et constituante, pourra reprendre le fil interrompu de la transformation.

    Thierry Deronne lien


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  • vendredi de la colère II

    28 mai 2011
    par snony  ici

    Malgré les rumeurs de violences savamment diffusées sur la toile depuis la veille et relayées par les jeunes eux-mêmes qui craignaient des attaques,

    Malgré les appels des Frères et des Salafistes à ne pas manifester ce jour-là, appels qui dans certains quartiers populaires se sont transformés en interdit,

    Malgré les effets d’annonce de l’armée qui, comme chaque veille de gros rassemblement, communique, rassure, désamorce (cette fois, c’était l’ouverture du passage de Rafah, une promesse déjà utilisée mais fixée maintenant à samedi ainsi que le maintien des chefs d’accusation à l’encontre de Moubarak),

    Malgré la chaleur étouffante et l’air brûlant chargé de poussière du désert,…

    … ils étaient des dizaines de milliers sur la place ce vendredi. « Nous sommes le peuple qui a fait la révolution » lance un orateur qui précise : « Aujourd’hui c’est la révolution populaire, pas celle des Frères ni celle de l’armée ». Et le fait est que la bonne nouvelle du jour, c’est que l’Égypte ne se résume pas, comme on pourrait le croire à la lecture des médias occidentaux, à l’armée et aux Frères. La première était totalement absente et la sécurité du rassemblement assurée par les militants (barrages, contrôle des sacs aux entrées de la place). Les seconds n’étaient pas là ès qualité et le fait qu’il y ait quelques barbes et quelques niqab sur la place, montre une fois de plus qu’il vaut mieux éviter tout amalgame.

    video « tour de place ».

    Ce vendredi a surtout été une véritable démonstration de force pour les organisations démocratiques : la place était noire de monde, et à plusieurs endroits, impossible à traverser tellement la foule était dense. On y venait pour « Faire la deuxième révolution » me dit un jeune, c’est à dire « construire un gouvernement civil », en finir avec les injustices sociales et les injustices tout court. Un  orateur prend la parole et enchaîne, en écho « L’armée égyptienne nous appartient, nous voulons un gouvernement civil ».


    Le rôle et le pouvoir de l’armée sont sérieusement mis en cause dans les différentes interventions. Sur cette pancarte : « Mon problème c’est qu’au Conseil militaire, je ne connais pas les personnes qui y siègent. Je veux un Conseil civil, avec des gens connus, à qui on peut demander des comptes ».

    Plus loin ce sont les exigences non satisfaites sur les salaires qui sont discutées, et la constitution dont le maintien en l’état, à peine amendé, est toujours critiqué. C’est d’ailleurs le premier point du tract d’appel à cette journée distribué sur la place : « Nous demandons l’élection d’un comité pour instaurer une nouvelle constitution dans le pays avant toute élection, et, à la lumière de cette nouvelle constitution,  le réexamen de la loi sur les partis politiques, de la loi sur la pratique des fonctions politiques et de la loi qui criminalise les rassemblements. »


    D'autres revendications contenues dans cet appel et reprises par les différentes organisations présentes (parti socialiste, parti nassérien, mouvement du 6 avril, Front national pour la justice et la démocratie, Comités populaires de défense de la révolution, pour ceux que j’ai vus) portent sur la lutte contre la corruption et la purge nécessaire d’un certain nombre de responsables. La récente décision de l’organisme qui traque le « profit illicite » de libérer Fathi Sourour, Zacharia Ezmy et Suzanne Moubarak n’est pas vraiment appréciée. De plus parmi les chefs d’inculpation du président lui-même, les révolutionnaires exigent que celui d’assassinat des manifestants soit maintenu. Dans le même ordre d’idée, ils demandent l’arrestation des membres de la police impliqués dans les meurtres de manifestants et dans les actes de torture, ainsi que celle des policiers impliqués dans la corruption financière du régime.


    Le maintien des tribunaux militaires qui continuent de fonctionner comme ce véritables tribunaux d’exception, sans véritable droit à la défense, est aussi une source de mécontentement. De même la direction des media nationaux par des « membres de la contre-révolution » est un signe que l’abolition de l’ancien régime n’est pas achevée. Les gouvernorats doivent eux aussi être dirigés par des gens « qui n’ont aucun lien avec le précédent système ». Le tract liste ensuite pelle-mêle l’établissement d’un salaire minimum, l’intervention de l’armée pour empêcher les attaques de type confessionnelles, la protection du citoyen « de son corps, de son âme et de ses biens » et la fourniture de soins gratuits aux blessés de la révolution.


    Les salariés des banques sont venus avec un calicot (ci-contre) qui réclame une « purge de l’administration bancaire des symboles de l’ancien régime ». Plus loin, les jeunes du « mouvement du 6 avril » de la région de Manoufia défilent avec un drap noir en guise de banderole affirmant « qu’ils aiment l’Egypte » (photo ci-dessus). D’une façon générale, les calicots sont bien moins luxueux qu’ils ne l’étaient en mars avril, période pendant laquelle je me suis souvent demandée qui payait ces immenses sérigraphies (question sans réponse à ce jour).

    Un autre tract est distribué sur la place qui annonce la création d’un nouveau parti de gauche le « parti de l’alliance populaire socialiste » (page Facebook ici). Je demande à mon voisin combien il y a de partis politiques aujourd’hui en Egypte. Il éclate de rire. « Personne ne le sait ! Il y en a presque un par jour de nouveau ! ».

    L’ambiance est au débat, à la discussion. Des interventions ont lieu sur les trois au quatre petites scènes qui ont été installées. On échange des textes, des informations. Devant le musée par exemple, un groupe discute autour d’une carte

    satellite de l’Egypte. Un ingénieur explique comment le Delta va être englouti avec le réchauffement climatique. « Si le niveau de la mer augmente d’1 mètre, 6 millions de personnes doivent quitter le delta et plus de 4000 km2 de terres agricoles seront perdues. Comment va-t-on nourrir le pays ? ».


    Les questions fusent de partout, on veut comprendre, on veut agir. Mais les solutions semblent bien lointaines.

    Aucun incident à signaler pour cette journée. Le rassemblement devait se disperser à 18h mais les jeunes, notamment ceux du « 6 avril », ont décidé de rester dormir sur la place, jusqu’à ce qu’ils soient entendus.

    Cette nuit, à 2h du matin, un millier d'entre eux étaient encore là, bien décidés à defier le couvre-feu ...


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  • Un couple d’écologistes a été assassiné mardi par balles lors d’une embuscade dans l’Etat amazonien du Para, l’un des plus violent du Brésil en matière de conflits agraires, ont indiqué mercredi les autorités.

    Jose Claudio Ribeiro da Silva  et Maria do Espirito Santo da Silva militaient pour protéger la forêt amazonienne des bûcherons.

    Ils ont été assassinés par des tueurs à gages mardi matin alors qu’ils avaient arrêté leur camionnette pour vérifier l’état d’un petit pont dans la commune de Maçaranduba, dans le sud-ouest de l’Etat.

    Dilma Rousseff, a ordonné une enquête rigoureuse de la police fédérale pour arrêter les responsables du double meurtre dans cette région où les grands propriétaires terriens, commanditaires présumés d’assassinats de petits paysans, bénéficient le plus souvent d’une impunité totale.

    Le couple  faisait partie d’une ONG fondée par le récolteur de latex et écologiste Chico Mendes, assassiné lui-aussi par des tueurs en 1988 en Amazonie.

    La direction de la CPT a réaffirmé la responsabilité de l’Etat pour ce crime et a dénoncé la fait que la justice est toujours très rapide pour juger les demandes de l’élite agraire mais plus que lente pour juger les crimes perpétrés contre les petits paysans.

    Dans l’Etat du Para, 1.237 travailleurs ruraux ont été assassinés au cours des 33 dernières années et dans trois cas seulement les commanditaires, toujours des propriétaires terriens, ont été jugés et condamnés

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