• Il y a des débats si rebattus et nauséabonds qu’on n’a même plus envie de mettre à jour leurs grossières ficelles. Tout en haine et racisme, ils squattent notre environnement comme le ténia son intestin. Surtout, ils font oublier que le vrai combat est ailleurs. Non pas dans les stériles querelles de chapelle des vaticinateurs médiatiques. Mais dans le système qui instrumentalise ces questions.

    De la défense de la femme à celle des animaux (en passant par la chrétienté) : les innombrables visages de la haine du bougnoule

    mercredi 31 mars 2010, par Serge Quadruppani

    Aujourd’hui, la haine du bougnoule n’est pas sans rappeler une des grandes figures de la culture populaire, celle du vampire qui aspire le sang de tout ce qui passe à sa portée. On l’a vu quand une droite qui finance l’enseignement privé sur les deniers publics prétendait naguère défendre la laïcité en interdisant aux filles voilées d’étudier.

    On le voit maintenant quand l’idée de l’interdiction de la burqa au nom de l’émancipation féminine est portée par une famille politique dont une bonne partie des représentants insultaient Simone Veil au parlement quand elle présentait sa loi sur l’avortement. Je n’utilise pas par hasard le terme « bougnoule » qui, avec sa lourde charge de racisme bistrotier, eut ses effets les plus meurtriers durant la guerre d’Algérie.

    La rhétorique des « heures les plus sombres de notre histoire » est devenue l’inepte stéréotype mental d’une gauche sans pensée, recrue d’abandons et repliée sur un moralisme démonétisé. Force est pourtant de constater que notre présent, reculant devant la production d’un nouveau radical, consacre l’essentiel des énergies mentales de ses serviteurs médiatiques à utiliser les restes. Recyclant ici un bout de Pétain («  louangé pour avoir attendu les Américains en 1917, il est vilipendé pour avoir refait le même choix en 1940 » - cité par Schneidermann), là l’éloge de la laïcité, ici de la chrétienté, la tambouille anti-Arabe et anti-Noirs a ses marmitons vedettes dont le fond de sauce, baptisé « insolence » ou « anti-politiquement correct », dégouline à longueur de temps des écrans.

    Avec son «  c’est un fait ! » salué par les hourras de tant de téléspectateurs et d’internautes qui ne sont pas tous lecteurs du Figaro, Zemmour prétend mettre l’objectivité de son côté : la majorité des délinquants de rue seraient maghrébins ou noirs. Une autre forme d’objectivité consisterait à dire ce sont très souvent des pauvres qui, pour se sentir moins pauvres, gâchent la vie de gens souvent aussi pauvres qu’eux, et que la majorité des plus pauvres aujourd’hui, ont la peau noire ou sont d’origine maghrébine.

    On pourrait aussi observer qu’objectivement, le contrôle au faciès participe de l’ensemble des processus de ghettoïsation, et donc, renforce ce contre quoi il prétend lutter : l’éventuelle surreprésentation d’une catégorie de population dans la petite délinquance. On pourrait dire enfin qu’objectivement, si la police, au lieu de contrôler les Noirs et les Arabes sortant du métro à la station Barbès, s’intéressaient aux Blancs descendant de voiture avec chauffeur à Neuilly, elle découvrirait chez les Blancs une surreprésentation du délit d’initié, de l’évasion fiscale et du trafic d’influence. Mais l’objectivité n’est qu’un masque puisqu’en réalité, on est dans le domaine des subjectivités construites, des passions collectives.

     

     

    Dans ma boîte aux lettres électronique est arrivé un message ainsi intitulé : «  Quick Halal... BOYCOTTER TOUT CE QUI EST HALLAL !!! DEFENDONS NOTRE FACON DE VIVRE !!! A DIFFUSER ...... » C’était une série de photos montrant comment on tue les moutons dans les abattoirs halal. Peu après, la personne qui m’avait envoyé ce mail, m’en expédiait un autre qui dénonçait le fait qu’une "ancienne fellagha" se faisait soigner à Paris et logeait au George V. Ce n’est pas la première fois que les propagandistes du Front national (qu’ils y soient ou non encartés) se portent au secours des animaux.

    Tel qu’il m’a été décrit par des gens insoupçonnables de racisme, l’abattage hallal est à mes yeux une horreur, tout comme d’ailleurs l’abattage cacher mais je ne suis pas bien sûr que l’abattage laïque soit plus sympathique : c’est l’ensemble de l’industrialisation du vivant, et en particulier de l’élevage qui doit être remis en question, pour préserver notre santé et aussi parce qu’aimer les bêtes paraît chaque jour un peu plus une condition minimale pour arriver à aimer les humains. En tout cas, sur ce terrain-là comme sur tant d’autres (voile et burqa, laïcité), le procédé consistant à prendre dans une culture un aspect discutable ou détestable, mais extrêmement minoritaire ou juste parfois encombrant mais très secondaire, pour en faire le signe de la barbarie essentielle d’une large fraction des classes populaires, ce procédé n’a pas fini de faire des dégâts.

    Depuis que j’ai commencé à penser par moi-même, je sais que, comme disait à peu près un graffiti fameux de la Sorbonne en 68, « on ne peut penser librement à l’ombre d’une chapelle ». Si le fait qu’une femme fuie le regard des autres derrière du tissu me dérange, je ne vois pas pourquoi je ne le dirais pas – en particulier à elle (mais ce n’est pas une raison pour l’interdire d’enseignement ou l’empêcher carrément de sortir dans la rue), et les leçons de morale des fumeurs de shit de mon quartier qui se bricolent une identité musulmane en me reprochant de boire du vin me font rire. Mais si M. Zemmour tient, en tant que Français, à revendiquer des racines chrétiennes, il va falloir qu’il se fourre dans la tête que les seules que je me reconnaisse sont dans l’armée des paysans et des mineurs de Thomas Münzer qui, en l’an du Seigneur 1524, ont étripé les seigneurs au cri de : «  Toutes choses sont communes ! »

    Mais toutes les frictions entre les morales et les modes de vivre ne m’empêcheront pas de penser que l’essentiel se joue dans ce que nous avons de commun. Et ce que nous avons ensemble, c’est d’abord un ennemi qui cherche à essentialiser des différences, et qui nous impose un capitalist way of life toujours plus mortifère. Hallal ou pas hallal, ce qu’on nous fait bouffer, c’est toujours plus de la merde. Des histrions philosophes qui vaticinent sur la montée du fascisme vert aux bouffons zemmouriens qui disent tout haut ce que les électeurs du Front national pensent tout bas, la même technique est à l’œuvre : s’emparer d’un détail pour en faire un tout, dresser une partie de la population contre une autre. Diviser pour régner : c’est aussi banal que ça.

    Mais pour l’instant, dans une large mesure, ça marche.

     


    votre commentaire

  • Les images parlent d'elles-même, la prison de Nancy permet de se la couler douce dans un palace digne d'un 4*... aux frais de la France qui travaille.



    Oui, vous avez bien lu. Un message circulant sur le Net vante les conditions de vie en prison, qu'il juge meilleures que les conditions de travail. Tout juste s'il ne conseille pas d'assassiner son patron pour faciliter le déménagement...

    Ce pourrait être drôle si le message ne contribuait pas à colporter autant d'idées reçues. En examinant de plus près les arguments de l'auteur anonyme du message, sur le plan verbal comme sur le plan visuel, force est de constater qu'il a tout faux.

    Le poids des mots


    Le message commence par évoquer l'espace disponible dans les deux lieux. Sauf qu'il attribue aux cellules des dimensions de 10 x 10, soit 100 mètres carrés. Ben voyons. Si vous ne voyez pas le ridicule de l'affirmation, vous pouvez toujours vous reporter au site du Ministère de la Justice, qui indique qu'une cellule individuelle à la prison de Nancy fait 10,5 mètres carrés, soit guère plus que 3 m x 3 m... (Soit 10 x 10 pieds, ce qui laisse à penser que le message est traduit de l'anglais, une hypothèse vraisemblable, on le verra.)

    Et individuelle ou pas, avec un taux de peuplement de 125,2 % au 01/09/07 en France d'après un rapport du 24/03/09 du Conseil de l'Europe, un prisonnier (sauf VIP ou jugé dangereux, ce qui peut parfois revenir au même) a très peu de chances de se retrouver vraiment seul dans une cellule. Et ce ne sont pas les récentes évolutions législatives qui feront changer les choses, d'après les experts.

    Sans compter qu'un détenu passe 100 % de sa semaine en prison, alors qu'un travailleur ne passe que 20 % de sa semaine au travail. Ca commence bien.

    Et ca continue
    : en prison, tout serait gratuit, à commencer par les repas. Voire. Il y a bien un "service minimum", mais il est si peu nourrissant qu'il est quasiment obligatoire de "cantiner" (= se payer des suppléments), suivant un système prévu par le Code de Procédure Pénale, précisément pour éviter d'accroître la dépense publique. Un système d'ailleurs jugé "baroque et inégalitaire" par un rapport du Sénat du 29/06/2000.

    Le même rapport fait remarquer que les produits d'hygiène basiques, que l'administration pénitentiaire est tenue de fournir d'après le Code de Procédure Pénale, sont la plupart du temps facturés aux détenus. Vous avez déjà payé du papier hygiénique sur votre lieu de travail, vous ? Pas moi, en tout cas.

    Et bien sûr, contrairement à ce qu'on entend trop souvent, la télévision se paye aussi, en prison. Et cher : la location revenait à 3.380 francs par an en 2000, toujours d'après le même rapport - soit 515 euros, alors que la redevance audiovisuelle était de 118 euros en 2009...

    Et les choses n'ont pas évolué depuis 2000, comme en témoigne l'histoire de cet ancien détenu, François Korber, qui accuse de "racket" la prison de Melun... La Cour des Comptes était moins incisive dans un rapport du 10/01/2006, mais elle recommandait quand même aux établissements pénitentiaires "d’établir des règles claires, transparentes et homogènes de tarification pour la location des postes de télévision".

    Il reste les visites des proches pour se consoler ? Hum. Elles sont limitées à 45 minutes, n'ont lieu qu'une à trois fois par semaine, sous la surveillance d'un gardien et dans un cadre que le rapport du Sénat cité plus haut n'hésite pas à qualifier de "souvent sordide".

    Justement, parlons-des gardiens. Ils seraient pires que votre chef, d'après le message. Mais votre patron a-t-il déjà sorti une matraque ou une bombe lacrymogène pour "négocier" avec vous ? Si oui, il vous reste toujours la ressource de quitter votre entreprise pour une autre - le prisonnier, lui, est obligé de rester là où on l'a placé... Le message passe ce point sous silence.

    Et ce n'est pas la seule réalité sur laquelle il fait l'impasse.

    Par exemple, quand vous êtes malade, un médecin vous dispense d'aller travailler. Et quand vous avez atteint un certain âge, vous partez à la retraite.

    Un détenu, qu'il soit malade ou pas, âgé ou pas, continue de purger sa peine : ainsi, d'après le rapport du COE cité plus haut, il y avait en 2007 en France 2.292 personnes de plus de 60 ans en prison, sur un total de 63.500 prisonniers.

    Et les conditions de vie des détenus malades n'ont rien de particulièrement confortables : reportez-vous au livre de Laurent Jacqua, "La Guillotine carcérale", qui décrit entre autres ce que c'est que d'être sidéen en prison.

    Mais, et la loi Kouchner ? Elle a surtout servi à libérer Maurice Papon... Dixit Laurent Jacqua lui-même, toujours en prison fin 2009, même s'il doit être libéré bientôt.

    Le message oublie également de mentionner que le taux de suicide en prison (0,22 % en 1998, toujours d'après le rapport du Sénat) est 137 fois plus élevé que le taux de suicide au travail (qui peut être évalué à 0,0016 % en 2003, d'après une étude de l'INRS) ! Ce qui suffit seul à montrer que l'ambiance en prison n'est pas meilleure qu'au travail. Y compris dans les prisons les plus récentes, comme en témoigne la vague de suicides à Mont-de-Marsan...

    Mais le message oublie surtout un fait élémentaire, qu'il convient de rappeler : au travail, vous êtes libre.(* quoique ...) Pas en prison.

    Le choc des photos


    Oui, mais, et les photos ? Elles montrent un décor plutôt accueillant, non ?

    Sauf que ce ne sont pas du tout des photos de la prison de Nancy.

    Une fois de plus, il suffit d'aller voir sur un site officiel, celui de l'Agence Pour l'Immobilier de la Justice : en consultant la plaquette consacrée à Nancy, on se rend immédiatement compte que les deux décors n'ont rien à voir, ce qui achève définitivement de détruire l'argumentation de l'auteur anonyme de ce message.

    Mais alors, d'où sortent-elle, ces photos ?

    Une inscription en allemand gravée sur le fronton [photo N°3] met sur la piste de la prison de Leoben en Autriche, conçue par l'architecte Josef Hohensinn.

    Le coup n'est pas neuf : en 2008, déjà, on avait essayé de faire passer des photos de Leoben pour celles de la soi-disante prison d'Ostende (en Belgique), qui n'existe même pas ! C'est au tour de la France d'être victime de la même mystification - parions que nos amis canadiens y auront bientôt droit, eux aussi. En tout cas, les anglo-saxons ont déjà fait les frais de cette plaisanterie douteuse, d'après Snopes.

    Le canular est patent, même si évidemment la question de l'opportunité de construire une prison telle que Leoben reste posée. Ceci dit, nous laisserons aux autrichiens cette controverse.

    Remarquons quand même que les mesures de sécurité minimales apparemment en vigueur à Leoben se justifient par le fait qu'il s'agit d'une prison pour détenus non dangereux.

    Et que l'Autriche, en matière de mauvaises conditions de détention, n'a rien à envier à la France, si l'on en croit un rapport du Comité pour la Prévention de la Torture du 21/06/2001 - ne vous fiez pas aux apparences...

    Alors ?


    Vous avez toujours envie d'aller en prison après ça ? Ou vous avez plutôt envie de faire un don à l'Observatoire International des Prisons, voire de devenir visiteur de prison ? Vous n'avez peut-être pas envie d'aller jusque-là, mais évitez au moins de retransmettre ce genre de messages...

    Article par Frédéric - HoaxTeam
    ici


    3 commentaires
  •   Je m'étais promis de ne rien écrire sur ce sujet. C'est râté.

      Il y a quelques jours, Mr Zemmour a déclaré sur un plateau de télévision que la plupart des trafiquants de drogue sont noirs ou arabes (cf. également ici).  Cela a entraîné une multitude de réactions allant du soutien à la liberté d'expression jusqu'à la dénonciation du racisme le plus grossier.

      En présence de telles phrases, la première tentation est d'ignorer la polémique. S'il fallait s'attarder  et commenter à chaque fois que quelqu'un lance des propos de ce genre, les journées et les nuits n'y suffiraient pas. Il est rarement opportun de faire écho à ceux qui font de la réflexion du café du commerce, de la bêtise, ou de la provocation leur fonds de commerce.

      Pourtant, ce qui donne l'envie de réagir, c'est ce qui se cache en arrière plan, ce sont ces pensées sournoises et dangereuses que l'on sent tapies en embuscade, prêtes à la moindre occasion à se montrer au grand jour et à prendre de l'ampleur.

      D'où ces quelques commentaires.


      Avec d'autres interlocuteurs et dans un autre lieu qu'une émission populaire destinée à faire du spectaculaire à peu de frais, il ne serait pas forcément indigne de s'interroger sur les statistiques judiciaires afin de rechercher si, à telles catégories d'infractions, correspondent des catégories d'auteurs différenciables.

      Encore faudrait-il au préalable s'entendre sur les paramètres utilisables. Car quand on fait état de délinquants "noirs ou arabes", on ne sait s'il s'agit uniquement des étrangers ou, dans le même sac, des français dont les ascendants sont d'origine étrangère.

      Quoi qu'il en soit, le point de départ devrait être la réalité. Or, contrairement à ce qu'il a été avancé ici où là, il est un peu réducteur de se contenter de lancer que pour comprendre qui sont les délinquants il suffit de se promener dans les salles d'audience..


      Le Ministère de la justice publie régulièrement diverses statistiques dont la lecture apporte parfois d'intéressantes indications.

      Dans la fiche "info-stats" de décembre 2009, il est mentionné (page 4) que "86,9 % des condamnés sont français, et 13,1 % de nationalité étrangère (pour certains la nationalité exacte est inconnue).

      Il y est également précisé que la part des étrangers-auteurs varie selon les infractions : 11 % en matière de circulation routière (mais 7 % en CEA et 25 % en conduite sans permis), 36 % pour les faux documents, 32 % en matière de travail illégal, et 60 % dans le domaine du transport routier.

      Enfin s'agissant de la nationalité, la proportion des auteurs étrangers est de 15 % d'algériens et 15 % de marocains, 7 % de portugais et 7 % de turcs, 6 % de tunisiens, 4 % de zaïrois et 2 % d'italiens.

      Déjà on constate que les "noirs", s'il s'agit des africains (seuls des zaïrois sont quantifiés), sont très peu nombreux parmi les délinquants sur le territoire français, et que toutes nationalités confondues les étrangers d'Afrique du nord, qui sont certainement les "arabes" dont il a été fait état, sont moins de 10 %.

     
      En complément de ces premiers indicateurs, il est mentionné plus précisément dans le document "Les condamnations - année 2008", également publié par le Ministère de la justice, que les infractions à la législation sur les stupéfiants représentent 13,5 % de toutes les infractions sanctionnées (page 8).

      Un tableau annexe (page 222) nous apprend que, en matière de stupéfiants, et pour l'année 2008, sur 42.649 condamnations 4.019 ont été infligées à des étrangers, dont 972 marocains, 647 algériens, 216 tunisiens, 165 portugais, 154 zaïrois, 136 turcs et 96 italiens.

      Cela permet de relativiser l'affirmation, qui apparaît très fausse à la lecture de ces chiffres, selon laquelle les traficants de drogue sont majoritairement "noirs ou arabes", si l'on montre du doigt des populations étrangères.


      Mais peut-être s'agit-il de stigmatiser l'origine géographique de délinquants pourtant français, que l'on voudrait identifier par leur couleur de peau ou le lieu de naissance de leurs parents ou grand-parents.

      Bien sûr, pour des personnes françaises, il n'existe aucune statistique quand à l'origine familiale. Il est donc impossible de savoir, parmi les français qui violent la législation sur les stupéfiants, combien sont d'une famille d'origine étrangère.

      Alors, sur quoi se fonde l'affirmation selon laquelle les personnes arrêtées pour usage ou trafic de stupéfiants sont très majoritairement noires ou arabes ?

      C'est peut-être le cas. Mais l'affirmation passerait de la remarque de café du commerce à l'analyse scientifique si elle était un peu plus étayée par des références fiables et indiscutables.

      Au-delà, quelle est la part respective des "noirs", et celle des "arabes", sachant que les premiers, au moins en ce qui concerne les étrangers, sont en proportion très faible ?

      Or chacun l'aura remarqué. Aucun chiffre, aucune statistique, aucune étude n'a été citée...


      Mais cela ne serait de toutes façons que l'arbre qui cache la forêt.

      La délinquance est multiforme. Si l'on commence à regarder les couleurs de la peau et l'origine géographique des délinquants, d'accord. A condition que la démarche s'applique à toutes les catégories de délinquants.

      Or il existe bien d'autres infractions spécifiques.

      Mais les violeurs qui comparaissent en cours d'assises, les hommes qui battent leurs épouses, les conducteurs jeunes ou moins jeunes qui boivent délibérément au restaurant ou en discothèque puis qui tuent au volant de leur voiture, les auteurs de fraudes fiscales, les chefs d'entreprises qui détournent l'argent de la société ou trichent lors de  marchés publics pour arranger membres de la famille ou amis, ou qui pratiquent une discrimination ethnique à l'embauche, ou qui bafouent les règles de sécurité au travail et sont responsables d'accidents parfois mortels, qui emploient de la main d'oeuvre étrangère en situation irrégulière pour la maintenir en état de précarité,  ne sont pas spécialement noirs ou arabes, bien au contraire.

      Pourtant, peu nombreux sont les commentaires qui stigmatisent ces français - de France - qui boivent puis tuent, violent, agressent, trichent, ou discriminent.


      Allons maintenant un peu plus loin.

      A supposer même que la plupart des trafiquants de drogue soient "noirs ou arabes", encore faudrait-il se demander s'ils le sont surtout à cause de leur origine géographique, ou pour d'autres raisons.

      Je m'explique par le biais d'un autre exemple.

      On le sait, la plupart des prêtres qui agressent sexuellement des enfants sont membres de l'église catholique. Cela est dû au fait que la doctrine de cette église leur interdit, en principe, toute relation sexuelle, ce qui est biologiquement inhumain et souvent intenable.

      Est-on dès lors autorisé à proclamer de façon simpliste et générale : les catholiques sont plus pervers que les juifs ou les musulmans ? Non. La seule remarque qui peut être faite c'est : les prêtres qui n'ont pas le droit d'avoir des relations sexuelles sont plus enclins que les autres à commettre des agressions sexuelles.

      Et l'on en revient à notre sujet.

      Supposons un instant que les auteurs d'infractions à la législation sur les stupéfiants habitent en forte proportion ce que les sociologues qualifient de "cités-ghettos". La concentration de population, la difficulté pour les forces de l'ordre de contrôler ce qui s'y passe, le niveau socio-économique des habitants, sont des facteurs parmi d'autres favorisant, dans ces lieux, le développement de réseaux de trafiquants.

      Dès lors, si ce sont ces facteurs qui expliquent que les trafics apparaissent plus dans ces cités que dans les quartiers chics des villes, et quand bien même pour des raisons économiques les familles d'origine étrangère à revenus modestes y habitent souvent parce qu'elles n'ont pas financièrement accès à des modes de logement plus onéreux, le commentateur est seulement autorisé à dire :  les trafiquants de drogue sont plus souvent membre des cités que des centre villes.

      Le fait qu'une forte proportion des habitants de ces cités soit "noire ou arabe" n'est plus alors inéluctablement le critère principal qui explique le lien entre cité et trafic de drogue. Un "arabe" des cités n'est pas trafiquant parce qu'il est génétiquement programmé pour cela. Il l'est parce que comme d'autres habitants des cités, y compris des français de longue date, il a évolué dans un milieu déséquilibré et pathogène. Ce qui bien évidemment ne justifie rien.

      Faire le lien entre le trafic de drogue et les "noirs ou arabes" devient alors vicieux en ce sens que l'objectif est de mettre en avant un critère péjoratif, l'origine ethnique, en face d'une délinquance spécifique qui ne s'explique pas essentiellement par cela.

      C'est exactement cela le racisme ordinaire.


      D'où la question finalement essentielle : pourquoi ne met-on en avant que les populations "noires ou arabes" quand il s'agit de commenter la délinquance ? Est-ce un hasard si, à ce sujet, ce sont une fois de plus les mêmes groupes ethniques sur lesquel on veut braquer le projecteur et focaliser au maximum la désapprobation de l'ensemble du groupe social ?

      Il est fort probable que derrière un discours sur la seule délinquance l'objectif recherché aille bien au-delà d'une analyse des infractions commises. Les "noirs et les arabes" ont toujours été des cibles de choix quand il s'est agi de diriger la haine vers d'autres. Les récents propos ne sont que la suite d'une longue série, et ne seront probablement pas les derniers de ce genre.


      Alors oui, finalement, il faut commenter ces paroles à l'emporte pièce et attirer l'attention sur ce qu'elles risquent d'emporter, même indirectement.

      Car aujourd'hui autant qu'hier il nous faut nous méfier de cette peste, que certains se plaisent à répandre, et qui pourrait bien, si nous n'y faisons pas garde, nous ronger jusqu'à l'os.


    votre commentaire
  • Robert Ménard, la torture et la mort.

    Dans l’émission « Contre expertise » sur France Culture, le 16 août 2007 a été évoqué le cas de familles de preneurs d’otages torturées par la police pakistanaise. Ecoutons le patron d’une ONG française : « Je ne dis pas, je ne dirai pas qu’ils ont eu tort de le faire » et encore : « ...moi, si c’était ma fille que l’on prenait en otage, il n’y aurait aucune limite, je vous le dis, je vous le dis, il n’y aurait aucune limite pour la sortir de là. » Chacun aura reconnu Robert Ménard de RSF.

    Dimanche 21 mars, dans l’émission C’est demain la veille sur France Inter, le même humaniste qui a (été) démissionné depuis de son ONG chérie des médias, s’est exprimé sur le cas de Hank Skinner (dont l’épouse est française) condamné à mort au Texas, Etat qui détient tous les records en matière d’exécutions aux Etats-Unis. Le condamné, réclame des tests ADN pour prouver son innocence.

    A quelques dizaines d’heures de la date prévue pour l’exécution, alors que des protestations montaient du monde entier, que disait notre grand défenseur des Droits de l’Homme : « On profite de ce qui semble être une erreur judiciaire pour nous fourguer le problème de la peine de mort. Je pense que ce sont deux débats différents. On peut très bien penser que pour cette affaire-là il faut faire un test ADN et être partisan de la peine de mort. Et être partisan de la peine de mort, ça ne fait pas de vous un monstre qui serait exclu de l’humanité bien pensante, convenable et tout ». Et : « Moi je pense que sur un certain nombre d’affaires, l’affaire Dutroux et tout, je ne suis pas sûr, et je me suis battu 25 ans pour les droits de l’Homme, que je mettrais beaucoup d’énergie pour éviter qu’à Dutroux, on lui coupe le cou ». Une voix lui demanda gentiment : « Tu es pour la peine de mort, en fait ? » (rires dans le studio). Le sage désinvolte répondit : « La peine de mort, ce n’est pas un problème ».

    Le lendemain, dans le Figaro.fr, le même bateleur surmédiatisé se justifiait : « Il va de soi que cette solution radicale n’est valable que si on est sûr à 100% que les gens sont coupables ». Et : « Ce que j’ai voulu dire, c’est que j’ai mieux à faire que de défendre des gens comme Dutroux, c’est peut-être parce que je suis père de famille ».

    Cette nuit, dans le pénitencier de Huntsville, à une heure de l’injection létale, Hank Skinner a appris qu’il bénéficiait d’un sursis. Depuis le rétablissement de la peine de mort aux Etats-Unis en 1976, 451 condamnés ont quitté ce monde au Texas par mise en oeuvre de ce que la pensée ménardienne qualifie de non-problème.

    Demandez-moi pourquoi RSF est moins aimée ici que par ses pourvoyeurs de fonds yankees et par les journalistes de nos radios publiques qui pouffent quand Robert Ménard tient des propos qu’ils ne tolèreraient pas de Le Pen.

    Théophraste. ici


    votre commentaire
  • Convergences

    Riposte Laïque est un site ouvertement islamophobe qui n'en finit pas de pourfendre l'invasion arabo-musulamne qui fait rien qu'à vouloir installer la Charia dans not' pov' pays. Ça, vous connaissez.
    Riposte Laïque organise aussi des conférences - à coup sûr édifiantes - sur le thème "Comment défendre la laïcité en 2010 ?" (Et on pourra penser sans trop se tromper que la réponse à cette stimulante question sera à peu près : "En foutant les bougnoules dehors").



    Riposte Laïque n'organise pas ses conférences n'importe où, il faut dire ; puisque "Le local" où cette sympathique petite sauterie aura lieu est tenu par le délicat Serge Ayoub, qui fut à son époque connu sous le sobriquet de "Batskin" quand il portait élégamment le bombers et les rangers à lacets blancs, toute une époque donc. À présent, ce brave Serge se contente de tenir un bistrot - le "local" en question - qui est le point de rendez-vous de tout le marécage nationaliste parisien. On ne peut d'ailleurs que louer l'immense ouverture d'esprit de Serge Ayoub, qui se flatte d'accueillir toutes les "familles" natio dans son rade. Identitaires à poils ras, cathos tradis à lourdes pulsions refoulées, réacosphéristes en poil de lapin, fanboys de tonton Adolph et autres Kévin-fafounet à homosexualité latente - il faut dire que le milieu compte très peu de filles, et il faut bien se faire plaisir n'est-ce pas...- composent donc l'essentiel de sa clientèle et autant dire que l'endroit est à passer d'urgence au lance-flammes histoire de désinfecter énergiquement.

    Soyons certains cependant que Riposte Laïque pourra s'ébrouer tout à son aise dans pareil biotope, et que ces revigorantes sorties sur l'islamisation de la France seront accueillies avec l'enthousiasme qui leur est dû.

    Il faut également préciser que le site de Riposte Laïque est régulièrement cité par Marianne, le canard de merde de Philippe Cohen, histoire de "poser le débat" sur la très inquiétante et pas du tout fantasmée question du terrible "racisme anti-blanc" qui fait trembler la République.

    Mais quelque part, franchement, n'est-ce pas attendrissant de voir que tous ces gens d'horizons si divergent a priori parviennent à se retrouver et à échanger sur quelques bases simples ?...

    Source CSP Ici


    2 commentaires
  • Jean Ferrat, ressuscité, marche sur les eaux.

    Même Sarkozy y va de son éloge, alors que Jean Ferrat a mille fois étrillé les types de son acabit, de ses idées, de son arrivisme, de son milieu.

    « Qu’il chante, mais qu’il ne parle pas  », disaient aux animateurs d’émissions de variété ceux qui tenaient les ficelles de l’ORTF.

    Qu’il chante ? Oui, mais s’il-vous plaît, Jean, pas « Potemkine », chanson interdite sur les ondes, pas « Ma France », qui fait polémique.

    L’engagement sans faille de cet homme aux côtés des travailleurs fit que l’intelligentsia le déclassa comme un sous-Brassens, sous-Brel, sous-Férré. Un sous-intellectuel, lui qui mit en musique tant de poèmes d’Aragon dont il était l’ami.

    Aujourd’hui, aujourd’hui qu’il est mort, aujourd’hui qu’il ne peut plus ni chanter ni parler, ceux qui voulurent le museler, le cacher au fond de la classe, le priver de laurier, nous jurent qu’il fut un grand parmi les grands.

    Pour un peu, ils rétrograderaient Brassens, autre censuré, mais pour des délits mineurs (gros mots, moquerie des pandores). Ferrat a chanté Cuba, il se mouillait contre la guerre d’Indochine et contre l’extermination des juifs. Brassens a chanté « Mourir pour des idées » et hélas ! « Les deux oncles », sorte de « match nul, la balle au centre » entre « l’ami des Tommies et l’ami des Teutons ».

    Ces différences qu’il eut été malséant de noter du vivant de l’artiste, voyez comme elles vont être portées à son crédit aujourd’hui, avec un demi-siècle de retard sur le jugement du peuple qui lui rendit justice par ses acclamations quand les mous du bide tordaient le nez : « Populiste, démago, compagnon de route du PCF… ».

    Les hypocrites qui pleurent sur son cercueil, les décerveleurs, sont prêts à ressusciter le Ferrat des années 60 pour que se taise le Ferrat des années 2000. Ce sage-là disait que, les médias étant ce qu’ils sont, il ne pourrait plus aujourd’hui, lui, Ferrat, ce géant que la mafia médiatico-politique pleure, enregistrer de disque.

    Mais ils pleurent, ils pleurent ce dur à cuire qui a survécu au cyanure de leurs flèches pour mourir à l’heure de ses cheveux blancs. Ils inondent les alentours en se demandant in petto ou en comité de rédaction s’ils peuvent pousser le bouchon de leur obscène bassesse jusqu’à annoncer que la « perte irréparable » ne fut que provisoire. Car, Jean vient de ressusciter. « Edition spéciale, le grand chanteur, l’immense poète Jean Ferrat aurait été aperçu, marchant sur les eaux de l’Ardèche… »

    Bon pour l’audimat, ça, coco. J’exagère ? Oui, mais à peine, diront (avec une mauvaise foi dictée par la tristesse) ceux qui fréquentent les salles d’attente de coiffeurs ou de médecins.

    Ciao, Jean (et embrasse Georges, qui le mérite, malgré tout).

    Théophraste. ici


    votre commentaire
  • Ne leur donnons pas ce dont ils ont besoin pour nous enfoncer encore plus ... la légitimité !!!
     

    A grand renfort de tambours et trompettes, gavéEs de promesses et de clins d’œil, vous vous apprêtez à aller « remplir votre devoir de citoyenNe ».
     
    Vous allez, l’espace d’un instant , en glissant l’enveloppe dans l’urne, avoir la sensation de vivre un « orgasme démocratique », croire naïvement que vous participez à une œuvre de salubrité publique, à un grand moment de « vie citoyenne ».
     

    Bien sûr, on va vous expliquer que « si vous ne votez pas,… vous votez pour la Droite ». Argument classique, éculé et bien évidemment faux.

    les candidats dits « alternatifs » n’ont aucune chance dans ce contexte d’être majoritaires, et même s’ils l’étaient que feraient-ils ? Ils feraient la « révolution » ?… et sur quelle base concrète ? Non, ça n’est pas sérieux… Ils veulent tout simplement faire une carrière et assurer des finances pour leurs organisations.

    Notre avis ne les intéresse pas, ce qui les intéresse c’est le geste de voter qui donne tout son sens, sa légitimité, à leurs pratiques qui n’ont rien à voir avec nos intérêts.


    4 commentaires
  • Chaque année, c’est l’événement du jour. Et la même interrogation : à quoi peut bien servir une “Journée des femmes”, sinon à ressortir de leurs maisons de retraite les auto-proclamées “figures du féminisme” ?

    Le poil de plus en plus gris, la frimousse de plus en plus fripée et la voix toujours plus chevotante, mais toujours aussi vindicatives, elles rappellent que sans elles, on n’aurait certes pas vu ce qu’on a vu, mais surtout qu’il reste encore tant à faire ! On les sent comme avant prêtes à foncer crocs, bec et ongles acérés, sus aux mâles toujours dominateurs.

    La plupart, remarquons-le, sont généralement très discrètes sur les mâles dominés susceptibles de partager leur existence. Étonnant ! Cette année, les hommages aux femmes ont donc été déclinés comme à l’accoutumée. À six jours du premier tour des élections régionales, c’était même une aubaine pour les candidats qui ont “multipliés les initiatives en hommage aux femmes ou pour plaider pour l’égalité entre les sexes”, comme le titre le quotidien Libération.

    L’UMP a ainsi traité le socialiste Jean-Paul Huchon de “phallocrate”, le candidat francilien du Modem, Alain Dolium, a réuni en meeting “cent femmes pour les 100 ans de la journée de la femme”, la communiste Marie-George Buffet a distribué des roses aux commerçantes de La Défense, tandis que des tracts du Front de gauche proposaient : “Ensemble, construisons des régions féministes”. Pourquoi pas ! Mais que pourraient bien être des “régions féministes” ? Il fut un temps où certains scandaient : “À bas la calotte !”, certains préfèrent aujourd’hui : “À bas le Phallo !”


    Le summun du ridicule sera décerné sans risque d’erreur à Alain Juppé qui a donné de la voix pour reprendre en chœur des tubes comme “Femmes… Je vous aime”, lors d’un karaoké géant. L’imitateur Laurent Gerra a bien raison de décerner le titre de “roi de la déconne” au maire de Bordeaux… La réalité ne fait que rejoindre la parodie, la preuve par “le meilleur d’entre nous” comme disait de lui Jacques Chirac.

    De telles journées se suivent et se ressemblent finalement toutes : certes, les chiffres changent, concernant les taux de chômage, les inégalités au travail, les différences salariales, etc. S’y ajoute désormais les expulsions de “sans-papiers”, sans qu’on voit bien en quoi ce serait un problème plus particulièrement féminin que masculin…
    Cette année, la lutte contre les violences faites aux femmes ayant été choisi par le gouvernement comme grande cause nationale, notre parlement a adopté en février une proposition de loi sur ce sujet.

    Fort bien, mais était-ce vraiment fort utile ? Pourquoi spécifiquement une loi contre les violences à l’égard des femmes ? N’y avait-il pas déjà des lois réprimant toutes les violences physiques ou morales pour protéger tous les citoyens, quel que soit leur sexe ? J’ignorais qu’un mari ait eu le droit auparavant de tuer sa légitime selon sa (mauvaise) humeur ? Voire même seulement de la tatanner sévère, quelles que soient ses raisons…

    Et en quoi une loi spécifique en la matière, protégeant les femmes, arrêtera la brute auquel sa compagne aura déplu ? Cette proposition de loi n’en est donc qu’une de plus. Comme la journée des femmes 2010. De simples opérations de communication, l’une comme l’autre.

    Reste donc à instaurer une Journée des Lois inutiles. Il y a bien sans doute une petite place dans le calendrier, en cherchant bien.


    Philippe Randa
    ICI


    votre commentaire
  • Denis Robert : "Edwy tu charries" !


    Lors d’une récente interview à Siné Hebdo après ma relaxe dans le procès Clearstream, à la question "Vous n’avez pas été vraiment soutenu par la presse ?", j’expliquais que les journalistes de terrain avaient été nombreux à me soutenir et que "même" Plenel était venu "me serrer la main" après ê...tre allé "trois ans plus tôt dans le bureau des juges pour m’accuser d’avoir mis son nom dans les listings". J’ajoutais "Tout le monde peut changer" comme un signe d’absolution.

    Va en paix Edwy, je te pardonne...

    Mais ce passage repris par un blogueur de Mediapart (Le lien ne fonctionne plus et est redirigé vers la Une, heureusement j’ai retrouvé le papier censuré dans le cache de Google), a suscité un débat sur le site du journaliste le plus moustachu de la blogosphère.

    Après avoir été alerté par Google, j’y avais lu, avec un certain agacement, qu’Edwy qualifiait mes propos de "pur fantasme". Mon naturel aimable me poussait à laisser pisser. Mais plusieurs personnes, dont certains abonnées à Mediapart, m’ont alerté et ont voulu réagir. En vain. Plus de lien, plus de possibilité d’éclairer les abonnés du site.

    Voilà plus précisément ce qu’Edwy expliquait : "Je précise à l’intention des lecteurs de bonne foi que ce propos de Denis Robert (…) est un pur fantasme de notre confrère qui parfois raisonne en romancier plutôt qu’en enquêteur. Je n’ai évidemment jamais accusé Denis Robert d’avoir mis mon nom sur les faux listings de Clearstream. Ni dans mon procès-verbal devant les juges d’instruction, ni lors de ma déposition devant le tribunal…".

    Je n’avais pas envie de perdre mon temps à répondre mais plusieurs personnes se sont offusquées de cet échange et m’ont interrogé. Je sais qu’Edwy s’est félicité de ma relaxe. Je l’en remercie. C’était la moindre des choses, mais je ne voudrais pas qu’une contrevérité reste ici comme une vérité établie. Lui et moi avons peu de valeurs en commun sauf peut-être une idée assez élevée de ce que doit être un journaliste. Honnêteté, rigueur, indépendance d’esprit… Je voudrais dire ici que je crois très sincèrement que dans les raisons qui ont poussé les juges d’Huy et Pons à me mettre en examen, le témoignage d’Edwy Plenel a pesé.

    Le 13 juin 2006, voilà ce qu’il est allé dire aux magistrats de la galerie financière.

    Question des juges : "D’après vous, pourquoi votre nom figure-t-il dans les listings Clearstream ?"

    Réponse d’Edwy Plenel  : "Je ne peux faire que des hypothèses. Je n’ai aucun contentieux, à ma connaissance, avec les divers protagonistes de votre instruction (…) La seule personne dont le nom apparaisse comme l’un des acteurs de cette histoire, qui a toujours revendiqué un contentieux à mon endroit, est l’écrivain Denis Robert.  »

    Plenel développe ensuite une critique délirante (selon moi) de mon livre Révélation$ à l’origine de l’affaire Clearstream.

    Il ajoute : "Ces listings pouvaient sembler bizarres mais à partir du moment où l’on épousait la thèse de Denis Robert sur Clearstream, on tombait dans leur piège. Le point de départ de cette affaire est hélas pour moi, une erreur journalistique."

    Puis : "Je ne sais pas qui a mis mon nom et je n’accuse personne. Je rappelle simplement ce contentieux avec Denis Robert, qui me semble lui aussi être passé du réel à la fiction. A chaque étape du scénario du corbeau, l’enquête initiale sur Clearstream est présente. Imad Lahoud rentre en contact avec Denis Robert, Denis Robert met en contact Florian Bourges avec Imad Lahoud et le juge Van Rumbeke tente de comprendre Clearstream en s’adressant à Denis Robert (…)."

    Ensuite, Plenel motivé par sa volonté d’aider les juges va faire encore plus fort. Il déplie un petit papier qu’il lit aux magistrats : «  Quand, le 8 juillet 2004, Le Point accorde crédit, au point de faire sa une, aux dénonciations du corbeau, cette mise en scène est accompagnée d’un article de Denis Robert, qui affirme : "même si la méthode, un corbeau dans la finance, est limite, je crois qu’il n’y en avait pas d’autres pour qu’éclate enfin ce qui, à mes yeux, est la plus grande arnaque financière jamais racontée ». Et Plenel de lire mon papier aux magistrats.

    Je le remercie d’être allé si loin dans le soutien à mes idées. En trois pages de PV, deux me sont ainsi consacrées comme vous pouvez le constater en cliquant sur ce lien.

    Ce 13 juin là donc, après ne pas m’avoir dénoncé aux juges, le brave Edwy est rentré chez lui avec sûrement le sentiment du devoir accompli. Il a ainsi pu continuer son numéro de champion du journalisme sur les plateaux de Canal, au Parti Socialiste, à Marianne, dans les jupons de Dominique de Villepin. Et sur le site de Mediapart où chaque fois qu’il le peut, il nous donne une leçon de courage et de déontologie. C’est évidemment moi qui fantasme et lui qui sait ce qui est juste et bon. Si vous avez des copains à Mediapart, faites leur mes amitiés et demandez leur d’aller jeter un œil à ce vieux lien que je viens de retrouver sur le site de l’Obs.

    Bien à vous.

    Denis Robert Ici

    (merci à Diego Aranega pour son joli dessin)

    votre commentaire
  • Ces Parodies de Philosophes qui nous polluent la Tête

    Selon Wikipédia, un philosophe est un être humain qui « réfléchit avec sa raison sur le monde et la pensée ».


    Par conséquent, tout le monde peut faire de la philosophie, qu’il soit seul dans la nature, en face de sa copie double, adossé à un comptoir de bistrot ou devant les caméras sur un plateau télé.
    Et force est de constater que depuis quelques années déjà, les philosophes médiatiques ont envahis nos écrans, sorte de maîtres à penser-tout-prêt, se prenant pour les garde-fous d’un monde toujours plus innovant, toujours plus débridé, tantôt abject et cruel, tantôt solidaire et humain.


    Qui sont-ils ses péteurs (ou péteuses) plus haut que leur postérieur? Souvent issus de la gauche caviar, officiellement auto-proclamé « philosophe », ils sont plutôt enclins à des idées sociales orientées à gauche.
    Mais évidemment dès qu’il s’agit de la vie quotidienne, de leur argent, de leurs impôts, de leurs relations à l’égard des autres, de l’étranger, du pauvre quidam inconnu, on pourrait aisément les ranger dans la case « néo-cons ».

    Tout le monde connait Bernard-Henri Levy. Une sorte de Bernard Kouchner de la pensée, adepte de la même prétention, de la même arrogance mais avec infiniment plus de classe. Impossible pour lui de laisser ne serait-ce qu’une année s’écouler, sans ramener sa bouille dans les médias, de faire un gros titre, de paraître en une des plus grands journaux ou magazines.


    Les maisons d’éditions ne s’y sont pas trompées: ce Mickael Vendetta du livre pseudo-philosophique fait vendre et c’est évidemment là l’essentiel. Qu’importe la justesse des propos, l’amas de préjugés, les leçons de morale prodiguées, les contre-vérités, les références à des philosophes n’ayant jamais existé (cf la farce de Jean-Baptiste Botul), rien n’est trop beau pour une certaine catégorie de la population qui croît philosopher avec son maitre.


    Un Jedi du Phi au point que la censure d’un livre détricotant le mythe du BHL s’est même vu frappé de censure par son éditeur. Le sujet fait les choux gras de la presse en Belgique. Comme à chaque fois, en France, le sujet éminemment sensible est gentiment… oublié dans nos médias sous contrôle.
    Pour préserver son âme et son chiffre d’affaire, le people-littéraire est ainsi prêt à sacrifier la liberté d’expression chérie de ses homologues auteurs, une hérésie pour tout véritable philosophe.

    BHL vous donnait des boutons? Vous allez adorer son pendant féminin Elisabeth Badinter. Ne reculant devant rien, l’Aigrie (rien à voir avec sa chevelure) se permet même de s’opposer à un fait aussi beau que naturel: l’instinct maternel, reconnu pourtant comme ayant « une base biologique ». Et dans un féminisme débridé et réactionnaire, bien loin du vrai féminisme, elle part en guerre pêle-mêle contre l’allaitement maternel et les couches lavables, tout en égratignant au passage, la porte-parole d’Europe Ecologie.


    Pour s’en convaincre voici les propos de l’inintéressante intéressée issus d’un excellent article d’Arret sur Images:


    L’allaitement : « La mère idéale est sommée d’allaiter son enfant (…) un allaitement exclusif, de six mois [recommandations de l'OMS], la mère doit être disponible pour son bébé 24h sur 24 et il faudrait qu’elle continue pendant deux ans avec une alimentation mixte, ce qui signifie, qu’on le veuille ou non, une sorte de retour de la femme à la maison pour le bien de l’enfant ».
    Les couches : « La bonne mère écologique de rêve, pour Mme Duflot aussi, c’est une femme évidemment qui allaite, qui lave elle-même ses couches, fait des brocolis bio, arrière les petits pots tout préparés dont on ne sait pas exactement de quoi ils sont faits. Et tous ces petits faits, tous ces petits phénomènes qui ont l’air peu important, tracent un modèle de mère et en même temps suscitent un destin féminin qui me semble très régressif ». (Extraits de l’interview de France Inter, le 11 février)


    Difficile de faire mieux?

    Problème de taille, comme toutes les personnes se permettant de donner des leçons, la philo-réactionnaire ferait bien de balayer devant sa porte, car de part ses origines familiales (fille de Marcel Bleustein-Blanchet), elle demeure l’actionnaire majoritaire de Publicis, agence de publicité à l’envergure mondiale dont un des clients n’est autre que… Nestlé.
    Inutile d’y voir une coïncidence puisque une telle polémique pour le lait en poudre et contre l’allaitement maternel, pose clairement le problème d’un mélange des genres et d’un intense travail de lobbying des masses populaires.


    Pour se donner une idée de l’horreur des propos, il n’y a qu’à se tourner vers l’Afrique, où Nestlé s’évertuait cyniquement à promouvoir son lait en poudre dans les maternités, sachant pertinemment qu’une fois rentrées chez elles, les mères africaines ne pourraient diluer ce lait qu’avec de l’eau souillé et contaminée. Mais qu’importent les épidémies et le taux de mortalité des nourrissons, pourvu que Nestlé puisse vendre, vendre, jusqu’à plus soif!


    A lire sur le scandale du géant suisse dont le PDG voudrait que l’eau comme toutes ressources naturelles soit une marchandise comme les autres, l’article de Claire Brisset dans le Monde Diplomatique.fr: Ces biberons qui tuent et l’article d’un blog Le lait Nestlé continue à tuer…

    Ne reculant devant rien et soutenus par leurs amis du monde des médias, ces philosophes de pacotille se payent au final le culot d’être au-dessus des autres, au-dessus des vérités scientifiques et même de la Nature, soit en polluant les débats à l’approche d’enjeux électoraux soit en influençant les masses populaires pour des intérêts purement privés.
    Platon et Socrate se retournent dans leurs tombes…Quant à Nestlé, vous allez voir cette firme autrement!

    Source C'Politic Ici


    2 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique