• Haarp, Glurp, Beuark… C’est un complot ! Cherchez l’erreur


    AUTEUR:  Ayman EL KAYMAN


    Le 13 janvier 2010, Haïti a été frappé par un tremblement de terre. Le 13 est un chiffre magique qui dénote la main d’une puissance occulte derrière le séisme. Ne cherchez pas, la puissance occulte, ce sont les USA, le Pentagone, et derrière eux, les Illuminati, et derrière ceux-ci, les…Envahisseurs (venus d’une planète non déterminée).

    Avant Haïti, la puissance occulte a déclenché les tremblements de terre en Iran, en Turquie, en Chine, le tsunami en Asie du Sud-est, le cyclone Katrina et tous les autres cyclones qui ont ravagé la Caraïbe. La preuve ? Dans le ciel au-dessus des territoires frappés par les séismes, on a chaque fois vu les mêmes nuages colorés. Et ces nuages portent la signature… HAARP !

    HAARP ? Non, ce n’est pas une interjection de personnage de BD. C’est l’acronyme du High frequency Active Auroral Research Project, un projet de recherche financé par le Pentagone, tellement obscur et incompréhensible pour les profanes qu’il alimente depuis des années tous les délires possibles. Un des objectifs de HAARP est de détecter les tremblements de terre. Certains ont vite fait d’en conclure qu’il peut les déclencher.

    Je ne vous en dis pas plus. Il vous suffit de taper « haarp» sur Google et vous aurez le choix entre  630 000 pages. Ma préférée du moment est celle-ci : http://www.bibleetnombres.online.fr/haarp.htm dont voici un extrait pour vous allécher :



    Cliquer sur l'image pour l'agrandir
    Œil de l'ouragan Isabel le 12 Septembre 2003
    « Ce pentagramme inscrit à l'intérieur d'un cercle, dans l'œil de l'ouragan Isabel par la NASA en milieu de journée du 12 Septembre 2003 est à lui seul suffisamment explicite pour éveiller de justes inquiétudes sur la nature des temps que nous vivons sur le plan eschatologique. La taille de cette figure satanique est d'environ 70 kilomètres.
    Il est donc salutaire de connaître la nature des nouvelles armes qui font l'objet d'expériences en grandeur réelle, la planète servant de laboratoire comme on nous y a habitués depuis l'invention de la bombe atomique. » (sic)


    Que penser de ces délires ? J’avoue ma perplexité. Non pas que je ne croie pas le Pentagone capable des pires saloperies, mais j’ai du mal à suivre les délires des illuminés qui sévissent sur Internet et diffusent tous les bobards possibles, repris par des sites et blogs qui se veulent anti-impérialistes mais néanmoins sérieux.  De quoi fournir des armes aux « Voix de Son Maître » qui partent en guerre contre les « théories du complot ». « Main basse sur l’info », la dernière soirée Thema d’ARTE, le 9 février, présentée et préparée par le consternant Daniel Leconte, nous en a donné un exemple éclatant. Toute la soirée a consisté à nous asséner  qu’Internet était plein de fous furieux absolument pas crédibles, et qu’il fallait garder sa confiance à la « vraie » presse et aux « vrais » journalistes, du Spiegel à France2, en passant par Charlie Hebdo et autres Point.

    À propos du tremblement de terre d’Haïti et du projet HAARP, une des plus grosses manipulations qui a circulé sur le Net n’émanait pas de blogueurs fous, mais du très respectable quotidien espagnol ABC. Celui-ci a titré faussement un article publié le 20 janvier 2010 Chávez acusa a EE.UU. de provocar el seísmo de Haití (Chávez accuse les USA d’avoir provoqué le séisme d’Haïti). L’article ne contenait aucune indication d’une quelconque déclaration de Chávez, mais se contentait de citer un article publié le 18 janvier sur le site de la télévision d’État vénézuélienne  vive,  "Terremoto experimental" de Estados Unidos devastó Haití (Un "tremblement de terre expérimental » des USA a ravagé Haïti), qui rendait compte d’un rapport émanant de la flotte russe et émettant des hypothèses sur la responsabilité du projet HAARP dans divers tremblements de terre. Petit détail : cet article n’était qu’une reprise d’une dépêche de l’agence de presse espagnole EFE. On peut se demander pourquoi ABC a jugé nécessaire de reprendre  la version vénézuélienne de cette « info » sans citer sa première source – russe et espagnole – et en l’attribuant à Chávez.

    « Crois ce que tu vois et pas ce que tu entends », disait mon papa. Mais c’était dans des temps reculés, avant la télé et internet. Aujourd’hui, il dirait : « Crois ce que tu vois toi-même dans le ciel réel et pas dans des photos du ciel diffusées sur Internet »

    <o:p></o:p>Ayman El Kayman, délégué du FILCI (Front Intergalactique de Lutte contre la Conjuration des Imbéciles)

    <o:p></o:p>Bonne semaine, quand même !
    Que la Force de l’esprit soit avec vous !
    ...et à la semaine prochaine !


    Source : Coups de dent - Chronique satirique hebdomadaire sur l'actualité politique française et mondiale

    Article original publié le 16/2/2010

    Sur l’auteur

    Ayman El Kayman est un auteur associé à Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cet article est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur et la source.

    URL de cet article sur Tlaxcala :
    http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=10026&lg=fr

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  • Levy, Frêche, Kahn, Kant.

    Jean François Kahn vante la camelote vendue au Bazar de Hôtel Levy, et sous couvert d'une bonne engueulade à propos de l'emballage il tente de nous refiler la viande avariée BHL comme encore mangeable.

    Que ce dernier des derniers ait longuement daubé sur Kant à partir d'une "blague de potache" comme s'il s'agissait "d'une réalité philosophique fondamentale", Kahn déplore que ça ne fasse "rire que quelques minutes", que ça ait "moins de résonance" que tous les Frêche-cancans.
    "Qui sait de quoi parlent exactement ces livres ? Quelles thèses, quelles théories, quelles visions, il y défend ?"

    Des visions en parlant de B.H Lévy, quelle foutaise!

    Le postillonneur en chef voudrait, comme on dit, ne pas jeter le bébé avec l'eau sale du bain.
    L'eau sale se serait "la mise en scène de la personne", le bébé : "la pensée, l'oeuvre" de BHL.
    Il lui reproche, finalement, son seul mérite, qui est d'avoir introduit en France le marketing philosophique, dont le premier principe est qu'il faut qu'on parle d'un livre coûte que coûte et qu'on en fasse parler davantage que ce dont le livre lui-même parle, ou aurait à dire.
    Kahn écrit: "Statut humiliant à bien y réfléchir, qu’être un emballage dont le contenu laisse indifférent. "

    Pourtant qu'est il d'autre ?

    Dès 1977, l'ancien philosophe Gilles Deleuze résumait ainsi l’œuvre des « nouveaux philosophes » et le formidable « marketing littéraire » qui leur servait déjà de caisse de résonance : « Je crois que leur pensée est nulle. Je vois deux raisons possibles à cette nullité. D’abord ils procèdent par gros concepts, aussi gros que des dents creuses, LA loi, LE pouvoir, LE maître, LE monde, LA rébellion, LA foi, etc. Ils peuvent faire ainsi des mélanges grotesques, des dualismes sommaires, la loi et le rebelle, le pouvoir et l’ange. Plus le contenu de pensée est faible, plus le penseur prend d’importance, plus le sujet d’énonciation se donne de l’importance par rapport aux énoncés vides. »

    Deux ans plus tard, le 18 juin 1979, Pierre Vidal-Naquet écrivait à la rédaction du Nouvel Observateur :

    "Monsieur le Directeur,
    Votre publication a eu récemment l’occasion de faire écho de façon favorable au livre de Bernard-Henri Lévy, Le Testament de Dieu, publié aux Éditions Grasset dans la collection « Figures ». Je pense que votre bonne foi a été surprise.
    Il suffit, en effet, de jeter un rapide coup d’œil sur ce livre pour s’apercevoir que loin d’être un ouvrage majeur de philosophie politique, il fourmille littéralement d’erreurs grossières, d’à-peu-près, de citations fausses, ou d’affirmations délirantes. Devant l’énorme tapage publicitaire dont bénéficie cet ouvrage, et indépendamment de toute question politique et notamment de la nécessaire lutte contre le totalitarisme, il importe de rétablir, dam les discussions intellectuelles, un minimum de probité.

    Je n’entends pas fournir ici une liste complète des erreurs de Bernard-Henri Lévy, cela demanderait un gros volume ; je me contenterai d’une simple anthologie de « perles » dignes d’un médiocre candidat au baccalauréat.

    ...Qu’il s’agisse d’histoire biblique, d’histoire grecque ou d’histoire contemporaine, Monsieur Bernard-Henri Lévy affiche, dans tous les domaines, la même consternante ignorance, la même stupéfiante outrecuidance, qu’on en juge ..."
    Suivent trois pages de bourdes, d'erreurs, de contre-vérités, de falsifications en tout genre, toutes plus ahurissantes les unes que les autres.

    En 1976 «Time» magazine consacrait aux pseudo-philosophes Bernard-Henri Lévy, André Glucksman, Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, une couverture, sous l'étiquette "Nouveaux philosophes", ravi de revoir un anticommunisme refleurir en France, joint à une américanolâtrie, ailleurs que sous la plume de vieux cons du genre Aron.

    La "démarxisation" de l'intelligentsia française était l'enjeu, à cet égard la réussite fut totale.
    Sur le cadavre du Marxisme, qui était une Physique sociale, ces vers se mirent au travail accélérant la décomposition de la conscience.

    Dès le lendemain, le plateau d'«Apostrophes» révélera à vingt-cinq millions de téléspectateurs ébaubis, le look très petite gouape du sentier, mâtiné Gonzague Saint Bris, avec aussi, accessoirement, sa fumeuse "pensée", binaire: totalitarisme/démocratie !

    Ce fut l'inexorable promotion de cet envahissant concept fourre-tout de "totalitarisme", qui permit d'évacuer toute connaissance sérieuse, faisant fi des circonstances historiques particulières, des forces sociales en présence, et qui créa cette confusion délibérément entretenue entre nazisme, fascisme, bolchevisme, stalinisme, Pol Pot, Hitler, Mao, Saddam Hussein, Arafat etc....

    De la bouillie pour les chattes.

    Contre tout savoir, construit, difficile, on est passé à un pathos de bons sentiments d'une mièvrerie effarante, de la politique qui est réfléchie, virile, à la moraline, lunaire, bavarde, larmoyante et emphatique, qui ne connaît rien d'autre que l'hystérie du moment.

    Sous un fatras de pseudo-concepts, d'autant plus redondants qu'ils sont vides de sens, "les nouveaux philosophes" firent évoluer la pensée philosophique de l'intelligence rationnelle à l'émotion journalistique.

    Le grotesque de la rhétorique, l'indigence du propos, sont balancés par l'enflure des personnages, tel BHL, car "plus le contenu de pensée est faible, plus le penseur prend d'importance, plus le sujet d'énonciation se donne de l'importance par rapport aux énoncés vides."

    La naissante gynécocratie va se jeter sur cette "pensée" si bien faite pour elle.
    Tous aujourd'hui, sont devenus des néo-conservateurs bon teint, dominés par le sionisme, unique objet de leur adoration.

    Deleuze frappera dur et juste et à coups redoublés sur ces ni nouveaux ni philosophes, qui sont des charognards qui prospéraient sur les cadavres du goulag, des boats-people et sur tous les martyrs de l'histoire.

    De ce groupe, "Lévy "écrit -il, est un «imprésario, script-girl, joyeux animateur et même disc-jockey»
    L'auteur de «l'Anti-Oedipe», tout à fait visionnaire, décèle surtout chez eux, une «force de réaction fâcheuse» à travers la domestication inédite de l'intellectuel par le journaliste. Une soumission sans équivalent «de la pensée aux médias». Désormais, « le journal n'a plus besoin du livre».

    "Mais, achève-t-il, "les nouveaux philosophes, c'est vraiment l'infection....Rien de vivant ne passe par eux, ils auront accompli leur fonction s'ils tiennent assez la scène pour mortifier quelque chose.»

    Terminons par un autre intellectuel véritable, Cornélius Castoriadis qui écrit à propos de BHL: "Sous quelles conditions sociologiques et anthropologiques, dans un pays de veille et grande culture, un “auteur” peut se permettre d’écrire n’importe quoi, la « critique » le porter aux nues, le public le suivre docilement – et ceux qui dévoilent l’imposture, sans nullement être réduits au silence ou emprisonnés, n’avoir aucun écho effectif ?"

    - Ce sont bien des "conditions anthropologiques" inédites inaugurant une mutation plus fondamentale encore que la révolution du néolithique.
    Ou bien, et cela dans la prochaine période historique, nous réussirons à nous débarrasser de la Domination dont tous les BHL du monde ne sont que les symptômes, ou bien toute civilisation humaine sera définitivement abolie, il ne nous restera plus qu'à imiter les chéris de ces dames, et nous re-singer.
    félix le chat

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  • Le monde idéal de Christophe Barbier

    Fumeurs, obèses, chauffards, numérotez vos abattis !


    Ron Mueck, Big Man, 2000, sculpture technique mixte

    Ron Mueck, Big Man, 2000, sculpture technique mixte

    Monsieur Christophe Barbier, grand-éditorialiste de son état, assis dans le fauteuil de Servan-Schreiber et de Françoise Giroud à l’Express, n’est pas dépourvu d’estime pour sa personnalité si éminente qu’on le compte, paraît-il, parmi les intimes de la Première Dame de France. Il faut le voir déambuler dans les couloirs de son journal, écharpe rouge au cou, peut-être pour ressembler à un autre grand modeste, Jean-Pierre Elkabbach, réciter son édito-vidéo du jour.

    Il a son rond de serviette chez Calvi, et il a longtemps participé sur I-Télé à “ça se dispute” où il se faisait ridiculiser de manière hebdomadaire par Eric Zemmour avant que Nicolas Domenach soit appelé à le remplacer afin de rendre le match un peu moins déséquilibré. Sur Internet, donc, il innove avec son éditorial en vidéo mais n’avait jamais créé le Buzzz. Cela devait lui manquer. Il a donc profité du nouveau règlement de la compagnie Air France sur les places occupées par les obèses pour enfiler les bêtises comme d’autres les perles sur un collier. Ceux qui sont habitués à ses chroniques me rétorqueront que c’est le cas à chaque édito barbieresque mais, cette fois-ci, il y a ajouté un ingrédient supplémentaire : la provocation crasse.

    Pour Christophe Barbier, il y a deux sortes d’obèses. Il y a ceux qui n’y peuvent rien, qui sont génétiquement programmés pour l’être. A ceux là, on ne peut guère en vouloir, concède t-il dans un élan de générosité. Et puis il y a les autres “qui payent le prix de comportements dérégulés. D’un manque de volonté. D’une manque de violence qu’on se fait à soi-même pour que son personnage, son corps ne crée pas des problèmes à la collectivité, notamment dans les transports en commun.”

    Passons sur la rigueur scientifique du Grand-Editorialiste. Et renvoyons à la réponse d’un spécialiste de ces questions sur le site d’Arrêt sur Images.

    Passons également sur le fait que, sans doute effrayé par les conséquences du buzz et se souvenant que, non seulement il y a des obèses dans la rue, mais que l’un d’entre eux pourrait bien lui balancer sa grosse main sur son jolis minois, Barbier s’est confondu en excuses et a admis avoir osé une provocation.

    Et venons-en précisément aux raisons qu’il avance pour justifier cette provocation : la responsabilité individuelle envers sa santé pour le bien de la collectivité. Que veut donc nous dire Barbier par là ? Effrayé par le déficit de l’assurance-maladie, est-il sur le chemin de lancer quelques pistes en vue de sa résorption ? Ces irresponsables de fumeurs et ces grosses feignasses d’obèses, qui s’empiffrent et ne courent pas au bois le dimanche, ne pèsent-ils pas trop sur nos finances publiques ? En avant-première, voici les prochaines propositions de L’Express sur ce dossier épineux : privatisation totale de l’assurance-maladie. Les assurances privées mettront en place un système de bonus-malus sur le modèle de l’assurance automobile.

    Dans le cas où ce peuple si conservateur rejetait cette idée de bon sens, il conviendrait donc de réformer drastiquement notre système de remboursement des soins dans le sens d’un contrôle accru des efforts de chacun :

    Idéal : introduction d’une puce dans les organes respiratoires et digestifs de chaque assuré social afin de contrôler sa bonne hygiène de vie. Des prises de sang seront également effectuées de manière régulière et inopinée.

    En attendant que cette innovation technique soit possible et généralisable, l’assuré social s’engagerait sur l’honneur à suivre un régime précis établi par le médecin-conseil de sa caisse. Des contrôles inopinés pourraient avoir lieu au domicile de l’assuré, ou tout autre lieu de vie (restaurant, cantine d’entreprise, bar etc…)[1 L'assuré social devra, en outre, conserver toutes les notes de ses achats alimentaires. Dans le cas de repas pris lors d’invitations, l'hôte devra remettre un menu signé à l’invité afin que ce dernier puisse l’archiver en cas de contrôle.].  Dans le cas où il serait établi que le régime n’a pas été respecté, une majoration des cotisations sociales serait calculée sur la feuille de paie du contrevenant. En cas de récidive, la radiation pour cinq ans du système d’assurance-maladie serait prononcée.

    En ce qui concerne les accidentés, l’assurance maladie se rapprocherait évidemment des autorités (police, justice, experts en assurance) pour connaître la responsabilité de chacun. Il est évident qu’on ne saurait dilapider l’argent public pour des irresponsables ayant contrevenu au code de la route. Le handicap ne serait pas pris en charge en cas de responsabilité établie de l’assuré lors de son accident. Si, à cause de l’incapacité nouvelle à travailler, il lui serait devenu impossible de rembourser les frais onéreux engagés par la collectivité, sa famille se substituerait à lui. Outre le bénéfice engendré par l’assurance-maladie, cette mesure pourrait contribuer à resserrer le lien familial.

    Les assurés sociaux exemplaires qui, en sus de respecter le régime du médecin-conseil, feraient des efforts supplémentaires (activité sportive raisonnable, militantisme dans les associations anti- tabac ou ligues anti-alcooliques…) pourraient bénéficier d’abonnements gratuits à L’Express, d’une photo dédicacée de son guide suprême voire d’une cure de thalassothérapie en compagnie de Carla Bruni.

    Bienvenue dans le monde souhaité par Christophe Barbier. Cela ne vous fait pas envie ?

    Source ici


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  • La Première Guerre mondiale des mots

    Quand j’entends parler de « liberté » et/ou de « démocratie », je sors mon rouleau à pâtisserie


    AUTEUR:  Michèle MIALANE


    Selon le Petit Larousse illustré :

    Démocratie : Régime politique dans lequel le peuple exerce sa       souveraineté lui-même, sans l’intermédiaire d’un organe représentatif (démocratie directe) ou par représentants interposés (démocratie représentative.)

    Le « Tiers État » qui, avec l’aide de quelques nobles et curés divers, a introduit dans mon pays la « démocratie » (représentative car déjà alors il paraissait bien difficile aux millions de Français de délibérer et de trouver un consensus) l’a dotée de la fière devise qui orne le front de nos édifices publics : « Liberté, égalité, fraternité. »

    Ce Tiers État qui était en fait la bourgeoisie montante- et d’aucuns en son sein souhaitaient sincèrement améliorer le sort d’un « peuple » quelque peu pressuré par une monarchie agonisante - n’avait pas été élu au suffrage universel. Il a fallu attendre 1848 pour que l’idée se fasse jour. Encore devait-on montrer patte blanche ou plutôt membre viril pour être électeur.  Et cela devait durer, dans le pays qui avait inventé le concept, jusqu’en 1944, où nous autres femmes dotées d’une intelligence inférieure et d’une affectivité surdéveloppée avons enfin eu le droit de mettre un bulletin dans les urnes de la République, ce qui à dire le vrai n’a pas été un facteur décisif de l’abolition du Code Napoléon.


    À Versailles ! Paris, 5 octobre 1789

    Le Tiers État de 1789 avait été élu par des citoyens payant l’impôt. Imagine-t-on que des pauvres absolus puissent avoir une pensée saine ? Cela explique sans doute que la propriété fut déclarée « droit inaliénable et sacré » par les Constituants alors que le droit à la nourriture n’existe encore de nos jours que dans la jurisprudence (cas de « l’état de nécessité » qui vous autorise, si vous n’avez pas un sou en poche et rien mangé depuis trois jours, à piquer un cassoulet  avec ou sans porc  dans un supermarché sans encourir les foudres de la Justice.) Notre cher Secrétaire d’État au logement l’a bien rappelé l’autre jour lorsqu’on lui a demandé (sur la Cinq) s’il était vraiment acceptable d’empêcher les gens de squatter un appartement vide depuis dix ans quand le moindre loyer à Paris excède la moitié du SMIC et qu’il fait moins dix degrés : la propriété, même laissée à l’abandon, c’est sacré, plus que le confort et même la vie d’un pauvre qui crève de froid, non mais !

    La « démocratie » donc, c’est la démocratie « représentative », soit le pouvoir législatif délégué à des gens élus. Élus par qui ? Nous l’avons vu : par ceux que le système déjà en place juge bons. (Je précise que les États généraux étaient convoqués par le roi et que la noblesse et le clergé y disposaient de places réservées, la moitié environ du total. En 1789, Louis XVI convoqua les États généraux en raison de la désastreuse situation financière du royaume). Il arrive que cela tourne au désavantage de ce système. C’est rare. Cela faillit être le cas en 1793. Mais l’on se reprit.

    Alors : Qui représentent ces délégués ?

    Inutile de rechercher, de nos jours, quelle est la proportion respective des professions libérales et des salariés du haut de l’échelle, bref du gratin, d’une part et des employés, ouvriers, petits paysans, bref de la piétaille, de l’autre dans l’Assemblée du peuple, et de la comparer à cette même proportion dans l’ensemble de la population. Je suis résolument contre la parité homme-femme car le système implique que de toute façon la plupart des petits, lorsqu’ils accèdent à des postes de pouvoir, ont trahi ou vont le faire. Voyez Fadela Amara. Comme dans un système patriarcal les femmes ne sauraient être que des femmes-alibis, dans un système où les riches sont maîtres les pauvres ne sauraient être que des pauvres-alibis. Pour Fadela Amara, les deux à la fois. Ça vaut une décoration !Femme du peuple

    Comment voulez-vous dans de pareilles conditions que cette Assemblée prenne le parti de gens dont au mieux elle ignore tout, qu’au pire elle redoute, que presque toujours elle méprise ? La prétendue « démocratie athénienne » était moins faux-cul : elle n’était le fait que d’hommes (mâles) riches et ne prétendait pas agir dans l’intérêt des pauvres, des femmes, encore moins des esclaves. Car c’était une démocratie esclavagiste, comme plus tard la République romaine. Et bien plus tard encore les Etats-Unis d’Amérique. Du reste la France révolutionnaire n’a été qu’à peine troublée par l’esclavage dans ses colonies, et les diverses Républiques qui se sont ensuite succédées, avec quelques intermèdes, ont exalté le fait colonial ; comme chacun sait, quoi de plus démocratique que la colonisation ? Les colorés ont comme les femmes une intelligence inférieure et une affectivité surdéveloppée, c’est bien connu. Il leur faut des maîtres !

    Venons-en au fait : dans ce prétendu « gouvernement du peuple », les conquêtes sociales ont été ... des conquêtes ; acquises de haute lutte par le mouvement ouvrier en général, la paysannerie n’étant devenue contestataire que très récemment dans les pays dits « démocratiques ». Je citerai en France les deux grands mouvements du Front populaire et de mai 1968. Les lois votées en faveur du peuple n’ont pas été décidées magnanimement par ses « représentants  », mais leur ont été arrachées. Les femmes, elles, ont livré au quotidien des combats longs et opiniâtres.

    Mais ce cache-misère de l’absence de souci pour le peuple a volé en lambeaux depuis - je prie les anticommunistes de m’en excuser- la chute de l’Union soviétique. Car depuis longtemps cette invention antique, puis française, servait les intérêts des maîtres du monde, en particulier du monstre états-unien (et de son séide britannique), qui n’hésitait pas à qualifier de « démocratiquement  élus » ou de « démocrates » les dictateurs sanglants qu’elle soutenait un peu partout  après les avoir le plus souvent mis en place elle-même. De Suharto à Videla en passant par Trujillo, Marcos et le Chah d’Iran...le choix est vaste. Soyons juste, la France n’a pas été en reste, essentiellement en Afrique, encore que je ne puisse faire autrement, aujourd’hui précisément, que de mentionner la famille Duvalier, haïtienne comme chacun sait. C’était bien simple : quiconque était anticommuniste était démocrate, quiconque n’était pas anticommuniste était totalitaire, ou en grand danger de le devenir. (On ne savait pas au juste ce qu’était le communisme, mais c’était le Mal absolu puisqu’il était l’Ennemi de la Liberté et il était tapi dans son antre moscovite d’où il tentait d’étendre sur le monde ses malsains tentacules). Avec la disparition de la menace soviétique, le monstre a perdu toute vergogne et a invoqué la démocratie pour renverser tous les régimes qui n’étaient pas à sa botte, surtout s’ils avaient le mauvais goût de détenir trop de ressources énergétiques ou minières.

    J’avais proposé il y  a quelques années les définitions suivantes :

     -Est démocratique tout régime en accord avec les Etats-Unis, y compris ceux qui se sont imposés par coup d’État militaire, pratiquent la détention et l’assassinat arbitraires, torturent , bâillonnent toute opposition et pressurent les pauvres.

     -Est totalitaire tout régime qui ne se plie pas aux diktats des USA, même s’il respecte tous les critères de la « démocratie » : liberté de conscience, d’expression, de circulation, etc., et même liberté des médias et élections « libres».

    Et voilà : nous en arrivons au pire : la liberté, cette raison d’être de la « démocratie», est aussi la condition sine qua non de son établissement.

    Sémantiquement c’est gênant.  Et pas seulement sémantiquement : si la démocratie ne peut s’établir sans liberté, c’est que la liberté lui a préexisté ? Et si elle lui a préexisté, elle peut exister sans elle ?


    Les tricoteuses jacobines, an II, gouache, Pierre-Etienne Lesueur, 1793-1794, Paris, musée Carnavalet © RMN / Agence Bulloz
     

    Revenons au Petit Larousse :

    Liberté : État d’un être qui n’est pas soumis à la servitude (merci ! Comment définissez-vous la servitude ? Comme un « état où l’on est privé... d’indépendance. » Autrement dit : de liberté !) plus une petite dizaine de définitions, toutes relatives à un cas précis (liberté de conscience, de culte, d’expression, de circulation...). Bref, la liberté, dans l’absolu , c’est assez merdique à cerner.

    Les Constituants mentionnés plus haut, et qui avaient promu la propriété au rang de « droit inaliénable et sacré », sans lui assigner aucune limite, avaient bien senti le problème :  la propriété, on sait bien ce que c’est. Essayez de vous installer dans le lit de votre voisin, ou seulement  de payer avec le porte-monnaie de la dame qui est devant vous, voire modestement de jouer avec le dernier Nintendo de votre petit frère, vous verrez  que vous êtes  à peu près seul contre tous. Mais la liberté ? La liberté, elle, c’est vous qui la définissez, alors elle est limitée ... par celle d’autrui. Dirent les Constituants.

    Car le problème est que  dans le concret il  y a, tout au plus, la liberté de faire telle ou telle chose (Voir plus haut, le Petit Larousse). Et ça peut conduire à de sévères bagarres, quand deux libertés empiètent l’une sur l’autre, ce qui est à peu près toujours le cas. On l’a en partie résolu, ce problème, en admettant que tous les « autrui » ne se valent pas. Il y en a qui sont plus égaux que d’autres... Une autre de mes constatations c’est : notre système est parfaitement juste si on admet qu’un homme vaut deux femmes, un Blanc dix colorés (ces deux lois souffrent quelques exceptions) et un riche autant de pauvres que son compte en banque vaut celui du pauvre (Cette fois, aucune exception).

    C’est ainsi que, dans notre système qui n’a que ce mot à la bouche, des actionnaires inutiles ont la liberté de mettre à la rue, pour empocher un peu plus d’argent dont déjà ils regorgent, des milliers d’êtres humains  qui aimeraient avoir la liberté de conserver leur emploi. Un propriétaire de dix immeubles a la liberté  de refuser d’en louer un, à un prix raisonnable, à dix familles en possession d’enfants qui aimeraient avoir la liberté de se  loger correctement. Un milliardaire a la liberté de priver d’eau et de nourriture cent mille êtres humains, en détournant à son profit, pour ses menus plaisirs, le cours d’eau qui les fait vivre et  au bord duquel ils aimeraient avoir la liberté de continuer à vivre. Ce que nous appelons « liberté », dans un monde marchandisé, c’est la loi de la jungle, dans une jungle où la force se nomme « l’argent ».

    Alors, qu’on remplace notre devise par ces trois mots : esprit critique, égalité en droits (en droits ; j’y tiens ! l’égalité  tout court est un leurre) et solidarité. Au moins, ça voudra dire quelque chose.

    Appendice :

    Dans notre système français « démocratique » :

    Un texte (le TCE) rejeté par 55% des votants, avec une forte participation électorale, a été imposé par le Parlement, y compris les « représentants » de deux Partis (P.S  et Verts) dont les électeurs avaient voté contre à plus de 60%.

    Une loi contestée par une Chambre où l’exécutif dispose d’une très forte majorité va passer en force, si ce n’est déjà fait (Taxe professionnelle)

    Une loi rejetée par le Conseil Constitutionnel, gardien d’une Constitution -adoptée (très largement) au suffrage universel - sera imposée sous peu  par l’exécutif (Taxe carbone).

    Un débat qui n’intéresse absolument pas plus de  la moitié des Français, et fort modérément la majorité des autres (l’identité nationale) est lancé à grands frais, alors que le projet de statut de la Poste ne fait l’objet d’aucun référendum (il est déjà adopté) , bien qu’une consultation organisée de bric et de broc au coin des rues ait mobilisé deux millions de votants (et nombreux sont ceux qui comme moi y auraient participé s’ils en avaient eu la possibilité) qui  le rejettent à 90%.

    Vous me fournirez bien d’autres exemples ?




    Pour lire d'autres articles de cette Première guerre mondiale des mots, cliquez ici 

    La Première guerre mondiale des mots est une initiative de Palestine Think Tank et Tlaxcala.

    Les auteurs souhaitant y participer peuvent envoyer leurs contributions à  contact@palestinethinktank.com et à tlaxcala@tlaxcala.es.



    Source : l'auteure

    Article original publié le 19/1/2010

    Sur l’auteure

    Michèle Mialane est membre de Tlaxcala, le réseau international de traducteurs pour la diversité linguistique. Cet article est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteure et la source.

    URL de cet article sur Tlaxcala :
    http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=9780&lg=fr


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  •  À l'occasion du deuxième anniversaire de la "Loi sur la mémoire historique"



    Le 27 décembre 2007 a été publié dans le Bulletin officiel de l'Etat espagnol (BOE) numéro 310 le texte de ce que nous avions appelé "une loi aberrante". Deux ans après sa promulgation, nous ne pouvons que nous en tenir à cette qualification.

    Le problème principal par rapport à la "Loi sur la mémoire historique" est qu'elle ne reconnait pas d'un point de vue juridique les victimes du franquisme : pas seulement celles de la guerre civile, mais aussi celles de toute la durée de la dictature. Cette loi ne reconnait pas non plus les victimes espagnoles de la seconde guerre mondiale, ni celles qui ont lutté dans les armées alliées, ni celles qui ont été exterminées dans les camps nazis, comme par exemple les Espagnols républicains exterminés dans le camp de Mauthausen.

    La loi adoptée en 2007 implique la reconnaissance de la légalité franquiste et a clairement pour intention de servir de défense à cette légalité en mettant sur un pied d'égalité les victimes et les victimaires, c'est-à-dire les responsables de crimes graves, selon le droit international.

    Cette loi ignore les Résolutions 32(1) et 39(1) de l'Assemblée générale de l'ONU (adoptées en 1946), qui proclament que le régime de Franco a été "fondé avec l'appui des puissances de l'Axe", et que "par son origine, sa nature, sa structure et son comportement général, le régime franquiste est un régime fasciste calqué sur l'Allemagne nazie de Hitler et l'Italie fasciste de Mussolini et institué en grande partie grâce à leur l'aide". Il s'agit là de l'unique définition à valeur juridique dans le droit international existant. Or, la loi sur la mémoire historique l'occulte, en utilisant des définitions n'ayant aucune valeur juridique.

    Cette loi ignore délibérément la Résolution 95(1) de l'Assemblée générale de l'ONU, ainsi que la jurisprudence européenne comparée en ce qui concerne les victimes des pays de l'Axe, c'est-à-dire, les victimes du fascisme et du national-socialisme, et la jurisprudence concernant directement le traitement juridique des victimes de violations graves des droits de l'homme.

    L'article 3 de la loi proclame l' "illégitimité" des tribunaux franquistes, acceptant par conséquent leur légalité. Comme nous le disions dans un communiqué en date du 14 août 2007, cette position doctrinale faisait remonter la discussion à l'année 1930, lorsque les célèbres légistes et avocats Dr Felipe Sánchez Román et Dr Luis Jimenéz de Asúa défendirent, lors d'une assemblée du Barreau de Madrid, la nullité du Code pénal de 1928, connu sous le nom de "Code de Primo de Rivera", qui fut adopté par décret royal le 8 septembre 1928. Leur proposition fut approuvée par la majorité des avocats du Barreau de Madrid. Le rapport en question énonçait clairement que "Le Code pénal gouvernemental, imposé par décret royal en date du 8 septembre 1928, avec accord préalable du Conseil des ministres de la Dictature, est entaché, pour cette seule raison d'origine illégitime, du vice d'illégalité le plus total."

    A cette occasion, José Antonio Primo de Rivera -le fondateur de la Phalange espagnole et fils du Dictateur Miguel Primo de Rivera y Orbaneja (1923-1930)-, dans un long article publié le 15 avril 1930 dans le journal "La Nación" de Madrid et intitulé "Ce qui s'est passé au Barreau de Madrid : un abus de la majorité", explique par le détail pourquoi ce code pourrait être illégitime, mais qu'il est légal, position qu'il défendit lors de l'assemblée du Barreau de Madrid susmentionnée.

    Un an plus tard, le 15 avril 1931, parmi les premiers actes législatifs du gouvernement de la Seconde République espagnole figure un décret apparu dans la Gaceta (actuel B.O.E.) le 16 avril de la même année "qui dispose que le Code pénal de 1928 ainsi que les Décrets-lois de la Dictature qui établirent ou modifièrent la définition des délits ou la fixation de peines sont abrogés, ne sont plus en vigueur et ne produisent plus d'effet."

    Avec les mêmes arguments que ceux défendus par Luis Jiménez de Asúa en 1930, lorsqu'il affirmait que le Code pénal de 1928 avait "une origine illégitime, et que par conséquent était entaché du vice d'illégalité le plus total", nous pensons que les lois franquistes doivent être analysées et, par voie de conséquence, nous refusons expressément le critère selon lequel elles sont " illégitimes " mais  "légales " puisque, comme nous l'avons dit, il s'agit d'un critère clairement réactionnaire contraire à tout système démocratique dans un état de droit.

    Il s'agit donc d'une loi contraire au droit international, à la jurisprudence européenne et qui, par conséquent, viole le propre droit interne espagnol. C'est une loi aberrante.

    C'est pour cette raison que, à l'occasion du deuxième anniversaire de la promulgation de la loi, nous nous voyons dans l'obligation, par souci d'éthique, de déclarer que la dénommée "Loi sur la mémoire historique" est nulle de plein droit et irrémédiablement illégale.

    11 janvier 2010

    Gregorio Dionis, Président Équipe Nizkor
    Ana Vieitez, Présidente de AfarIIREP - (Association des familles et des amis des victimes républicaines du franquisme)
    Dolores Cabra, secrétaire générale de l'Association pour la création d’un regroupement d’archives de la guerre civile, des brigades internationales, des «Niños de la guerra» (enfants de la guerre), de la Résistance et de l’exil espagnol – AGE (Archivo Guerra y Exilio – archive guerre et exil)

    Reçu par mail

    Traduc. RLB

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    Ante el segundo aniversario de la "Ley de la memoria".



    El 27 de diciembre de 2007 fue publicado en el Boletín Oficial del Estado núm. 310 el texto de lo que dimos en llamar "Una ley aberrante". A dos años de su promulgación no cabe más que ratificarse en esa calificación.

    La cuestión central en relación con la "Ley de la memoria" es que no reconoce jurídicamente a las víctimas del franquismo: no sólo a las de la Guerra Civil, sino a las de todo el periodo dictatorial. Tampoco reconoce las víctimas españolas de la II Guerra Mundial, ni las que lucharon en los ejércitos aliados, ni las que fueron exterminadas en los campos nacionalsocialistas, como por ejemplo los españoles republicanos exterminados en el campo de Mauthausen.

    La ley aprobada en 2007 implica el reconocimiento de la legalidad franquista y tiene una manifiesta voluntad de servir de defensa de esa legalidad al plantear la igualación de víctimas y victimarios, o sea, de los responsables de una serie crímenes graves bajo el derecho internacional.

    Esta Ley ignora las Resoluciones 32(1) y 39(1) de la Asamblea General de la ONU (aprobadas en 1946), que proclamaron que el Régimen de Franco fue "fundado con el apoyo de las Potencias del Eje", y que "En origen, naturaleza, estructura y conducta general, es un régimen de carácter fascista, establecido en gran parte gracias a la ayuda recibida de la Alemania nazi de Hítler y de la Italia fascista de Mussolini". Ésta es la única definición con valor jurídico en derecho internacional existente y la Ley de la memoria la oculta, utilizando definiciones sin valor jurídico alguno.

    Esta Ley desconoce intencionadamente la resolución 95 (I) de la Asamblea General de la ONU, así como la jurisprudencia comparada europea en cuanto a las víctimas provocadas por los Países del Eje, es decir, las provocadas por el fascismo y el nacionalsocialismo, y también la jurisprudencia directamente relacionada con el tratamiento jurídico a las víctimas de violaciones graves a los derechos humanos.

    El artículo 3 de la Ley proclama la "ilegitimidad" de los tribunales franquistas aceptando, por ende, su legalidad y, como dijimos en un comunicado de 14 de agosto de 2007, esta postura doctrinal retrotraía la discusión al año 1930 en que los conocidos juristas y abogados D. Felipe Sánchez Román y D. Luis Jiménez de Asúa defendieron en una asamblea del Colegio de Abogados de Madrid la necesidad de dejar sin efecto el del Código Penal de 1928, conocido como "Código de Primo de Rivera", y que fue aprobado por Real Decreto de 8 de septiembre de 1928. Su propuesta fue aprobada por mayoría del Colegio de Abogados de Madrid. La ponencia en cuestión afirmaba expresamente que "El Código penal gubernativo, impuesto por Real Decreto de 8 de septiembre de 1928, previo acuerdo del primer Consejo de ministros de la Dictadura, adolece, por esta sola razón, de ilegítima procedencia, del más rotundo vicio de ilegalidad".

    En aquella oportunidad el fundador de la Falange, José Antonio Primo de Rivera, en un largo artículo publicado el 15 de abril de 1930 en el diario "La Nación" de Madrid y titulado: "Lo del Colegio de Abogados: un abuso de la mayoría", explica en forma extensa por qué dicho código puede ser ilegítimo, pero es legal, postura que defendió en la mencionada Asamblea del Colegio de Abogados de Madrid.

    Un año después, el 15 de abril de 1931, el Gobierno de la II República, entre los primeros actos legislativos que acomete, promulga un Decreto aparecido en la Gaceta de 16 de abril de ese mismo año, "Disponiendo quede anulado sin ningún valor ni efecto el titulado Código Penal de 1928, como igualmente los titulados Decretos-leyes de la Dictadura que establecieron o modificaron definición de delitos o fijación de penas".

    Con los mismos argumentos defendidos por Luis Jiménez de Asúa en 1930, cuando afirmaba que el Código Penal de 1928 era "de ilegítima procedencia, [y por lo tanto gozaban] del más rotundo vicio de ilegalidad", consideramos que deben analizarse las leyes franquistas y, por lo tanto, rechazamos expresamente el criterio de que son "ilegítimas" pero "legales", en cuanto, como hemos dicho, es un criterio claramente reaccionario y que repugna a cualquier doctrina política y jurídica democrática.

    Se trata por tanto de una ley contraria al derecho internacional, a la jurisprudencia europea y que, consecuentemente, viola el propio derecho interno español. Es una ley aberrante.

    Es por ello que en el segundo aniversario de su promulgación nos vemos obligados, por imperativo ético, a declarar que la denominada "ley de la memoria" es nula de pleno derecho e insalvablemente ilegal.

    11 de enero de 2010

    Gregorio Dionis, Presidente del Equipo Nizkor
    Ana Vieitez, Presidenta de AFARIIREP - (Asociación de Familiares y Amigos de Represaliados de la II República por el Franquismo)
    Dolores Cabra, Secretaria General de la Asociación para la creación del Archivo de la Guerra Civil, las Brigadas Internacionales, los Niños de la Guerra, la Resistencia y el Exilio Español. AGE (Archivo Guerra y Exilio)

     


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  • Du sable dans les moteurs...

    ...des machines a construire un nouveau centre

     

     

     

    Brique après brique, coulée de béton après coulée de béton, l’Etat fait construire un nouveau centre fermé à Steenokerzeel, à côté du 127 bis. Le centre est conçu sur le modèle carcéral, c’est-à-dire avec des cellules individuelles et un minimum d’espace collectif (et donc d’espace d’organisation). Il est destiné aux détenus qui vivraient de manière un peu trop agitée leur détention et à ceux dont l’expulsion est imminente. L’achèvement de cette nouvelle prison est prévu pour l’été 2010. Il est clair que l’existence de ce centre sera comme une nouvelle épée de Damoclès pointée sur tous ceux qui auront la détermination de se révolter.

    Engeolés

    Et de révoltes, il en est question aussi bien dans les centres fermés que dans les autres taules de l’Etat. Cela fait des années que ça chauffe du côté des détenus  : qui a oublié quand les détenus du centre fermé 127 bis ont foutu le feu à leur cage lors de l’été 2008 ? Il semble que les cellules d’isolement qui existent déjà dans les 6 centres fermés belges, et où l’on fait croupir ceux qui s’agitent, n’aient pas été suffisantes pour leur faire passer l’envie de casser les barreaux de leur prison. D’où la création de ce nouveau centre spécifique pour les « cas difficiles » construit sur le modèle carcéral. Ce nouveau centre vient s’ajouter au 6 autres existants (Steenokkerzeel, Vottem, Merksplas, Bruges, Inad, 127), et aux nombreuses taules existantes et à venir. Outre le centre, en effet, taule spécifique pour la catégorie des « irréguliers  », l’Etat se fait grande joie de nous annoncer la construction d’une dizaine de prisons dans les années à venir. Elles viendront s’ajouter aux quartiers d’isolement de la prison de Bruges - récemment construit, aussitôt détruit par des détenus puis reconstruit - et de Lantin qui viennent en réponse à trois années de mutineries dans les taules belges.

    Gérés

    Les centres fermés, comme les taules, sont l’un des éléments de la gestion sociale et économique de la population. Le rôle économique des centres est assez évident. L’Union européenne est en train de se construire un espace aux frontières renforcées avec un cordon de pays périphériques bien gouvernés selon ses critères libéraux et démocratiques. En clair, cela signifie, dans le domaine de l’immigration qu’elle finance, outre le renforcement des frontières, la construction de camps dans ces pays. Elle y déporte les clandestins attrapés aux frontières. L’Italie ne se prive pas , par exemple, de rediriger les boat people qui tenteraient d’accoster sur son sol vers les camps lybiens - quand elle, et les autres pays du pourtour méditerranéen, ne les forcent tout simplement pas à crever dans les eaux internationales.

    En même temps, l’Union tolère une certaine porosité de ses frontières pour maintenir une main d’oeuvre clandestine bon marché. Aux patrons, elle offre le moyen de pression qu’est la peur du centre fermé et de l’expulsion pour faire plier cette main d’oeuvre.

    L’immigration comme politique économique n’est certes pas une stratégie nouvelle. Dans les années soixante ce sont les italiens que l’Etat belge a fait venir pour remplir ses mines. Mais le capitalisme mute, un nouveau créneau s’ouvre. Il ne s’agit plus de faire venir en masse, mais bien de selectionner ici et dans les pays tiers les individus rentables. Donc, d’un côté l’Etat joue sur la main d’oeuvre clandestine ou sur une main d’oeuvre contrôlée par l’octroi d’un permis de séjour de durée limitée et conditionné par l’obtention d’un contrat de travail ; de l’autre côté sur l’immigration choisie. L’immigration choisie (ou économique) c’est quand l’Etat belge, et plus largement l’Union européenne, installent leurs comptoirs dans les pays extra européens pour recruter directement de la main d’oeuvre qualifiée, scientifique, …. Mais c’est aussi l’idée qui se retrouve dans la dernière régularisation de masse ( circulaire du 18 juillet) qui se base, entre autre, sur des critères de rentabilité pour décider qui a droit à des papiers (les critères envisagent les qualifications du demandeur d’asile et dans quelle mesure ces qualifications sont utiles à un secteur en manque de main d’oeuvre).

    Technocratisme, quand tu nous tiens : Les humains sont, dans les plans des dirigeants, des pions à déplacer et utiliser dans une perspective de rentabilité et de bonne gestion. La Belgique est même à l’avant-garde dans le domaine de l’objectivation des humains puisqu’elle a décidé de louer des cellules aux Pays-Bas pour y envoyer des prisonniers belges.

    Normés

    Mais la taule, le centre fermé, sont bien plus qu’une gestion économique. L’un des aspects de la taule, du centre fermé, c’est aussi d’intégrer la population par la peur. La peur de tomber, mais aussi cette peur de faire partie des parias qui fait se serrer les individus, mus par un instinct grégaire, dans la chaleur réconfortante de la norme. Et la norme aujourd’hui c’est la citoyenneté.

    La taule, comme stratégie de pouvoir, sert de repoussoir à la société. Le prisonnier, cette anti-thèse du citoyen, tout comme le « délinquant » et de plus en plus, le « vandale », « l’incivique » servent de contre-modèles. Tout dans les médias, dans les politiques, dans les discours démocratistes des gôchistes poussent à s’y identifier par la négative. Derrière ces discours, on retrouve cette idée de la Société, du Bien Commun, la Foi en la Démocratie et la délégation de la résolution de nos problèmes à l’Etat.

    Ce rôle de la norme citoyenne est d’autant plus présent dans les discours de ceux qui s’organisent dans l’espoir de se faire régulariser par l’Etat qu’ils doivent montrer leur capacité à intégrer les valeurs de la démocratie. Difficile alors de discerner ceux qui servent le discours citoyen par stratégie et ceux qui y croient vraiment et qui ne demandent qu’à être intégrés. Mais ce discours n’est pas sans conséquences, la première d’entre elles étant de renforcer l’intégration de la norme citoyenne comme condition préalable à une régularisation. La seconde étant que l’espace pour mettre quelque chose d’autre en avant, pour sortir du revendicatif, de la recherche de crédibilité et de légitimité (auprès des médias, des politiciens) est restreint, d’autant plus quand toute une série de gôchistes embraient sur le thème de l’honnête sans-papiers, travailleur, victime, innocent, ancré et prêt à s’intégrer.

    Innocents

    Or, il y a des évidences qu’il s’agit de casser. A commencer par ces catégories et ces figures. Dire que les centres fermés sont des taules est assez commun, il n’y aura pas un humaniste ou un gôchiste pour le contredire. Par contre, là où ça accroche, c’est quand des tentatives sont faites de casser le discours des « innocents » sans-papiers des centres, et des « coupables » criminels des taules est souvent moins évident. En somme beaucoup voudraient voir dans le délit de clandestinité une simple erreur administrative à régler, et dans la condamnation des « criminels » une punition légitime de la société. Mais remettons les pendules à l’heure : traverser une frontière est un délit condamnable et condamné, ce n’est pas une erreur administrative, mais la conséquence logique d’un monde composé d’Etats délimités par des frontières et qui entendent contrôler leur population.

    Quant à la « Société », cette grande illusion, et son corollaire le « contrat social » dont on nous rabât les oreilles, nous en sommes encore à nous demander quand, depuis que l’Etat moderne en a fait son leitmotiv, nous avons eu l’occasion d’en examiner les termes. L’Etat voudrait nous faire croire qu’en naissant dans ce monde, on signe automatiquement pour une espèce d’intérêt général au-dessus de nous. Un intérêt « général » qui correspond, somme toute, assez bien avec les intérêts financiers et de puissance de quelques uns. Une illusion qu’à coup de répression aussi bien qu’à coups de monnayage tel que le confort technologique, l’assurance d’une vie bien tranquille dans les bras de l’Etat Providence, l’illusion d’un choix dans la marchandise politique et la possibilité d’avoir sa part de domination, s’est si bien ancrée qu’elle en est devenue une évidence sociale. Au point que l’intérêt des dominants devienne l’intérêt de tous.

    Cette distinction « innocent », « coupable  », rentre d’ailleurs parfaitement dans la stratégie de l’Etat belge pour justifier les centres puisque c’est entre autre sous cet argument qu’il fit construire le premier centre fermé en 1992. Puisqu’il y avait des personnes pour s’opposer à l’enfermement des « illégaux » dans les prisons, l’Etat y trouva une excuse pour leur construire des taules spécifiques. C’est d’ailleurs le même argument qui est repris actuellement au Luxembourg pour construire le premier centre fermé. Ces raisons d’Etat, sont un argument de plus pour rejeter ces catégories d’innocence ou de culpabilité.

    La figure du sans-papier, pauvre, victime, et de bonne volonté est une construction utile à ceux qui luttent à partir de catégories (les sans-papiers, le peuple untel, les sans-…), mais a quelque chose d’engluant pour ceux qui s’attaquent à toute autorité. Pourquoi les individus d’une catégorie construite artificiellement par les Etats, et reproduite socialement, échapperaient aux relations de pouvoir qui caractérisent le reste de la société ? Oui il y a des « sans-papiers » qui jouent sur des appartenances communautaires pour en exploiter d’autres.

    Oui, il y a des trafiquants d’êtres humains de toute origine qui se font un max de thunes sur ce qu’ils considèrent comme du bétail. Le reconnaître, c’est aussi faire un pas hors d’une espèce d’humanitarisme qui verrait dans cette catégorie le bon sauvage, la victime, le désespéré ; c’est se donner la possibilité d’intégrer une lutte contre toute forme d’autorité dans la lutte contre les frontières.

    Révoltés, mais pourquoi ?

    Entamer, aujourd’hui, une lutte contre la construction du nouveau centre fermé offre l’occasion de dépasser concrètement les figures du « sans-papiers » et du « Belge » en se liant directement avec des personnes à partir d’un contenu et non plus à partir de catégories. Et cela d’autant plus à un moment où les régularisations massives viennent remplir les attentes d’une partie des sans-papiers organisés. En effet, si d’un côté les occupations ont pu créer une dynamique de lutte qui parfois a pu déborder du revendicatif ( en tout cas à Bruxelles), leur reflux suite à la nouvelle directive pourrait aussi permettre d’élaborer une lutte sur des bases propres qui ne soient ni dépendantes de l’urgence des situations personnelles ni d’une logique de soutien.

    Reposer la question des camps de l’Etat dans le domaine public, empêcher si possible que celui-ci se munisse d’un nouvel outil de répression. Poser la question des centres ne se limite pas à leurs seuls territoires mais à toute la mécanique sociale qui les fait exister. Il y a dans cette mécanique des techniciens qui porte plus de responsabilité que d’autres : qui décide ? L’Office des étrangers, les partis... Qui construit ? BESIX, Jacques Delens,... Qui rafle ? La police, la STIB, la SNCB, ...

    Mais la question de ce qui fait exister les rafles, les centres et les expulsions est plus large. Elle touche à cette odeur malsaine qui émane du tréfond des rapports sociaux. Une odeur de racisme, une odeur de commerce, une odeur de normes et d’évidences assassines, d’exploitation à tous les niveaux… que recouvre l’odeur insipide du démocratisme. Les centres, comme toute domination, existent parce que des personnes au sein des institutions et des structures marchandes en décident ainsi, mais aussi parce qu’il existe un assentiment diffus, une acceptation largement répandue au sein de la population. Ils existent aussi parce que, avec ou sans-papiers, il y a toujours des personnes pour tirer profit des autres en jouant sur des appartenances et sur des catégories.

    Développer une lutte autour de cette question, c’est donc développer une lutte contre tous ces mécanismes qui font exister le vieux monde : patriarcat, exploitation, morale (religieuse, nationaliste, militante,…)… Seulement alors, on sort des luttes partielles pour attaquer la totalité des rapports qui nous oppressent. Alors on peut faire exister le conflit avec l’existant au sein des luttes elles-mêmes.

    Se lier sur un contenu, pour nous, cela signifie pouvoir remettre en avant des bases révolutionnaires et anti-autoritaires. En pratique cela signifie des relations sans médiations, le refus des hiérarchies, l’attaque directe, … Cela signifie aussi de toujours tenter d’élargir une lutte spécifique à l’attaque de l’existant dans sa totalité. Cela signifie, enfin, se méfier des alliances douteuses. Ne pas oublier la force du citoyennisme, de l’attrait de l’idéologie dominante qui peut à tout moment séparer les « bons » des « méchants », les « innocents » des « coupables » ; tout en retenant aussi que les personnes changent, et que si certaines sont définitivement ancrées dans la défense de la société, ils sont beaucoup aussi à en quitter ses chemins trop droits. Et dans les chemins obscurs et tortueux des bois, il y a des rencontres à faire.

    Quelques brigands ont d’ailleurs déjà fait quelques sorties dans les clairières fliquées de la société pour attaquer la machine à expulser. Ci et là, on les retrouve empêchant un contrôle d’identité dans un bus ou dans la rue ; attaquant des compagnies qui se font du blé sur l’enfermement ; diffusant des appels à la révolte sur les murs ; ou encore boutant le feu à leur cellule…

    Alors rejoignons, nous aussi, les bois obscurs, pour y préparer l’attaque de la domination.

    P.-S.

     

     

     

     


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  • Pas question de soutenir Siné-Hebdo.

    Maxime VIVAS

    Je lis dans le Grand Soir (site ouvert, comme on le voit) un « Appel à soutien à Siné-Hedo », appel envoyé, semble-t-il, par un lecteur.

    J’ai soutenu ce journal au début, comme tous ceux qui ont désapprouvé le mauvais procès fait à Siné. J’ai donc cessé de lire un temps Charlie-Hebdo, malgré mon attachement à certains de ses dessinateurs et chroniqueurs, dont les « historiques » bourrés de talent.

    En page 2 du n° 26 de son hebdo, Siné a écrit à propos du voyage de Jack Lang à Cuba : « Je me demande pourquoi Jack Lang est le plus détestable ? 1- D’avoir accepté d’être l’émissaire particulier de l’homoncule ou, 2- d’avoir été serrer la paluche de l’abominable stalinien, frère du dictateur gâteux ? J’hésite… les deux me font gerber. .

    Vladimir Marciac s’en était ému dans LGS le 9 mars 2009 par un long article intitulé : « Siné Hebdo, un nouveau-né borgne et ridé ».

    La question de savoir si venait de naître un nouvel hebdo capable de se démarquer de la pensée unique, comme chacun l’espérait, ou bien une affaire commerciale et un outil de règlement de comptes était posée.

    Pour ma part, j’ai vu débarquer en septembre sur le stand de Cuba Si à la fête de l’Huma une grande partie de l’équipe de Charlie Hebdo "nouvelle formule" (comprendre : sans Philippe Val).

    La lutte de Siné contre les corridas et pour les bons coups de rouge ne saurait me faire oublier ce qui se passe de nouveau, de grand et de généreux en Amérique latine, parce que Cuba a ouvert la voie. C’est autre chose que la caricature que la presse en donne en France, Siné-Hebdo inclus, hélas !

    Je viens de passer un mois au Venezuela (je suggère : « Le jeune apprenti dictateur de Caracas me fait gerber »). On rencontre à chaque coin de rues, dans ce pays où les partis politiques se comptent par dizaines, où la presse pléthorique est majoritairement anti-chaviste, où le président Chavez se soumet régulièrement au jugement des urnes, des Vénézuéliens qui disent leur amour pour Cuba et qui savent que ce pays ne peut, sous peine d’irakisation rapide, jouer à les imiter. L’Amérique-latine est en marche vers une lutte d’émancipation de l’empire yanki. Qui ne le voit et n’en voit les difficultés ne voit rien. Pourquoi faudrait-il suivre un aveugle ?

    Ceux qui, chez nous, analysent Cuba en trois lignes d’injures en s’appuyant sur 50 ans d’idées reçues décontextualisées et d’informations pour la plupart mensongères (qu’ils contribuent à propager) ne méritent pas un seul peso de soutien.

    Et puis, j’ai lu aussi dans Siné-Hebdo, journal de Siné et sous la plume de Siné qu’il se faisait plein de thunes avec Siné-Hebdo. Il faudrait savoir, Siné !

    Donc pour l’instant, je garde mes sous. S’il est un média à subventionner, ce serait plutôt Le Grand Soir qui donne la parole aux uns et aux autres avec un petit parti pris bien pardonnable pour ceux qui risquent de finir sous les bombes.

    Maxime VIVAS Ici 


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  • L’arrestation de Christophe, le 27 novembre, marque un palier dans la bouffée délirante d’Etat que l’on nomme pudiquement "affaire de Tarnac". Sa mise en examen situe le point où une procédure ne se poursuit qu’afin de se sauver elle-même, où l’on inculpe une personne de plus dans le seul espoir de maintenir le reste des inculpations.

    En fait de "premier cercle", Christophe appartient surtout au petit nombre de ceux avec qui nous discutons de notre défense. Le contrôle judiciaire qui voudrait, pour l’avenir, lui interdire de nous voir est l’aberration de trop ; c’est une mesure consciente de désorganisation de la défense, aussi. A ce point de torsion de toutes les notions du droit, qui pourrait encore exiger de nous que nous respections ces contrôles judiciaires et cette procédure démente ? A l’absurde nul n’est tenu. Il n’y a pas besoin de se croire au-dessus de la justice pour constater qu’elle est en dessous de tout. Au reste, une société qui se maintient par des moyens si évidemment criminels n’a de procès à intenter à personne.

    La liberté sous contrôle judiciaire est le nom d’une sorte d’expérience mystique que chacun peut se figurer. Imaginez que vous ayez le droit de voir qui vous voulez, sauf ceux que vous aimez, que vous puissiez habiter n’importe où, sauf chez vous, que vous puissiez parler librement, au téléphone ou devant des inconnus, mais que tout ce que vous dites puisse être, un jour ou l’autre, retenu contre vous. Imaginez que vous puissiez faire tout ce que vous voulez, sauf ce qui vous tient à coeur. Un couteau sans manche auquel on a retiré la lame ressemble davantage à un couteau que la liberté sous contrôle judiciaire ne ressemble à la liberté.

    Vous flânez sur un boulevard avec trois amis ; sous la plume des flics qui vous filochent, cela se dit : "Les quatre objectifs se déplacent en direction de..." Vous retrouvez après des mois de séparation un être qui vous est cher ; dans le jargon judiciaire, cela devient une "concertation frauduleuse". Vous ne renoncez pas, même dans l’adversité, à ce que toute amitié suppose de fidélité ; c’est évidemment une "association de malfaiteurs".

    La police et sa justice n’ont pas leur pareil pour travestir ce qui tombe sous leur regard. Peut-être ne sont-elles finalement que cette entreprise de rendre monstrueux ce qui, aimable ou détestable, se comprend sans peine.

    S’il suffit de ne se reconnaître dans aucune des organisations politiques existantes pour être "autonome", alors il faut bien admettre que nous sommes une majorité d’autonomes dans ce pays. S’il suffit de regarder les directions syndicales comme des traîtres avérés à la classe ouvrière pour être d’"ultragauche", alors la base de la CGT est présentement composée d’une série de dangereux noyaux d’ultragauchistes.

    Nous désertons. Nous ne pointerons plus et nous comptons bien nous retrouver, comme nous l’avons fait, déjà, pour écrire ce texte. Nous ne chercherons pas à nous cacher. Simplement, nous désertons le juge Fragnoli et les cent petites rumeurs, les mille aigreurs misérables qu’il répand sur notre compte devant tel ou tel journaliste. Nous désertons la sorte de guerre privée dans laquelle la sous-direction antiterroriste voudrait nous engager à force de nous coller aux basques, de "sonoriser" nos appartements, d’épier nos conversations, de fouiller nos poubelles, de retranscrire tout ce que nous avons pu dire à notre famille durant nos parloirs en prison.

    S’ils sont fascinés par nous, nous ne sommes pas fascinés par eux - eux que nos enfants appellent désormais, non sans humour, les "voleurs de brosses à dents" parce que, à chaque fois qu’ils déboulent avec leurs 9 mm, ils raflent au passage toutes les brosses à dents pour leurs précieuses expertises ADN. Ils ont besoin de nous pour justifier leur existence et leurs crédits, nous pas. Ils doivent nous constituer, par toutes sortes de surveillances et d’actes de procédure, en groupuscule paranoïaque, nous, nous aspirons à nous dissoudre dans un mouvement de masse, qui, parmi tant d’autres choses, les dissoudra, eux.

    Mais ce que nous désertons d’abord, c’est le rôle d’ennemi public, c’est-à-dire, au fond, de victime, que l’on a voulu nous faire jouer. Et, si nous le désertons, c’est pour pouvoir reprendre la lutte. "Il faut substituer au sentiment du gibier traqué l’allant du combattant", disait, dans des circonstances somme toute assez semblables, Georges Guingouin (Résistant communiste).

    Partout dans la machine sociale, cela explose à bas bruit, et parfois à si bas bruit que cela prend la forme d’un suicide. Il n’y a pas un secteur de cette machine qui ait été épargné dans les années passées par ce genre d’explosion : agriculture, énergie, transports, école, communications, recherche, université, hôpitaux, psychiatrie. Et chacun de ces craquements ne donne, hélas, rien, sinon un surplus de dépression ou de cynisme vital - choses qui se valent bien, en fin de compte.

    Comme le plus grand nombre aujourd’hui, nous sommes déchirés par le paradoxe de la situation : d’un côté, nous ne pouvons pas continuer à vivre comme cela, ni laisser le monde courir à sa perte entre les mains d’une oligarchie d’imbéciles, de l’autre, toute forme de perspective plus désirable que le désastre présent, toute idée de chemin praticable pour échapper à ce désastre se sont dérobées. Et nul ne se révolte sans perspective d’une vie meilleure, hormis quelques âmes sympathiquement désespérées.

    L’époque ne manque pas de richesse, c’est plutôt la longueur du souffle qui lui fait défaut. Il nous faut le temps, il nous faut la durée - des menées au long cours. Un des effets principaux de ce qu’on appelle répression, comme du travail salarié d’ailleurs, c’est de nous ôter le temps. Pas seulement en nous ôtant matériellement du temps - le temps passé en prison, le temps passé à chercher à faire sortir ceux qui y sont -, mais aussi et d’abord en imposant sa propre cadence. L’existence de ceux qui font face à la répression, pour eux-mêmes comme pour leur entourage, est perpétuellement obnubilée par des événements immédiats. Tout la ramène au temps court, et à l’actualité. Toute durée se morcelle. Les contrôles judiciaires sont de cette nature, les contrôles judiciaires ont ce genre d’effets. Cela va bien ainsi.

    Ce qui nous est arrivé n’était pas centralement destiné à nous neutraliser nous, en tant que groupe, mais bien à impressionner le plus grand nombre ; notamment ceux, nombreux, qui ne parviennent plus à dissimuler tout le mal qu’ils pensent du monde tel qu’il va. On ne nous a pas neutralisés. Mieux, on n’a rien neutralisé du tout en nous utilisant de la sorte.

    Et rien ne doit plus nous empêcher de reprendre, et plus largement sans doute, qu’auparavant, notre tâche : réélaborer une perspective capable de nous arracher à l’état d’impuissance collective qui nous frappe tous. Non pas exactement une perspective politique, non pas un programme, mais la possibilité technique, matérielle, d’un chemin praticable vers d’autres rapports au monde, vers d’autres rapports sociaux ; et ce en partant des contraintes existantes, de l’organisation effective de cette société, de ses subjectivités comme de ses infrastructures.

    Car c’est seulement à partir d’une connaissance fine des obstacles au bouleversement que nous parviendrons à désencombrer l’horizon. Voilà bien une tâche de longue haleine, et qu’il n’y a pas de sens à mener seuls. Ceci est une invitation.

    Aria, Benjamin, Bertrand, Christophe, Elsa, Gabrielle, Julien, Manon, Mathieu et Yildune sont les dix personnes mises en examen dans l’affaire dite "de Tarnac".

    Source ici 


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  • N°118- Berlin, Bilin, Nilin : Ces onze murs murant le monde qui rendent le monde murmurant

    Le Mur de Berlin, la « barrière de protection antifasciste » qui était censée protéger le paradis socialiste de l’enfer capitaliste, rasé à Berlin même, se réincarne (ou plutôt se réinbétonne) aux quatre coins de la planète :

    - En Palestine, où il est censé protéger « l’Unique Démocratie du Moyen-Orient » du « terrorisme » indigène

    - Aux USA, le long du Rio Grande, où il est censé protéger la « bonne Amérique » de l’invasion latina

    - À Ceuta et Melilla, où il est censé protéger l’Europe riche de l’invasion des Nègres affamés.

    - Au Sahara occidental, où il est censé protéger l’occupant marocain des attaques menées par les indigènes, chassés par l’occupation en Algérie

    - Au Pakistan, pour protéger le « pays des purs » des méchants Talibans

    - Au Cachemire occupé par l’Inde, pour le protéger des « méchants-terroristes-cachemiris-manipulés-par-le-Pakistan »

    - À Chypre, où il est censé éviter aux serviettes grecques de se mélanger avec les torchons turcs

    - En Corée, où il est censé protéger le Sud démocratique du Nord totalitaire

    - En Arabie saoudite, où il est censé protéger les pétro-princes des pouilleux yéménites

    - À Bagdad, où il est censé protéger les « bons Chiites » des « mauvais Sunnites »

    - À Belfast, où il est censé éviter aux bons et loyaux sujets protestants de Sa Majesté de se friter avec les papistes républicains

    Cela fait onze murs à abattre, onze chaînes de dominos à faire basculer. De toute urgence. Du boulot en perspective pour Angela, Nicolas, Lech, Mikhaïl, Hillary et Barack.

    À Nilin, ils ont déjà commencé les travaux de démolition :

    « Marquant le 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin, les Palestiniens ont démoli ce vendredi dans le village cisjordanien de Ni’lin, un pan de mur construit par Israël. Lors de la manifestation hebdomadaire contre le mur, qui traverse le centre du village situé dans la région de Ramallah et isole les habitants de 60% de leurs terres agricoles, quelque 300 manifestants ont méthodiquement démantelé une section en béton avant que les forces israéliennes n’ouvrent le feu. Ils ont brûlé des pneus et abattu une dalle de béton de huit mètres de haut en s’aidant d’un vérin mécanique pour voiture. «Il y a vingt ans, personne n’imaginait que la monstruosité d’un Berlin divisé en deux pourrait jamais être abattue, mais il n’a fallu que deux jours pour le faire», a déclaré Muhib Hawaja, un des manifestants, au journal israélien Yedioth Aharonot. «Aujourd’hui, nous avons prouvé que nous aussi pouvions l’imposer, ici et maintenant. Ce sont nos terres au-delà de ce mur, et nous n’avons pas l’intention d’accepter son existence. Nous triompherons car la justice est de notre côté.» (Ma’an News Agency/ info-palestine.net, 7 novembre 2009)
    Ayman El Kayman, délégué général du SMDM (Syndicat mondial des démolisseurs de murs)



    Bonne semaine, quand même !
    Que la Force de l’esprit soit avec vous !
    ...et à mardi prochain !

     

     

     

     

     

     

    SOURCE ICI 


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  • Antifascistes encore un effort ... si vous voulez l’être vraiment.

    Jean BRICMONT
    Pour guérir radicalement la censure, il faudrait la supprimer car l’institution est mauvaise et les institutions sont plus puissantes que les hommes.
    Karl Marx (1)

    Divers amis se sont inquiétés du fait que mon nom soit cité dans un article (non signé) de « REFLEXes », intitulé « Procès Dieudonné - Faurisson : la Cour des Miracles négationnistes » et relayé par l’AFPS et Bellaciao. J’ai donc lu l’article avec attention, il s’attaque à un certain nombre de gens qui ont assisté au procès de Dieudonné et Faurisson suite au spectacle du Zénith (2) et particulièrement à Paul-Eric Blanrue, auteur du livre « Sarkozy, Israël et les juifs », dont j’ai recommandé la lecture. Cet article est intéressant parce qu’il illustre tous les défauts d’une certaine « gauche antifasciste ».

    Le fond de l’affaire tourne autour de la liberté d’expression. Ayant expliqué ailleurs mon point de vue à ce propos, je ne vais pas y revenir en détail. Et, avant de continuer, je voudrais souligner (même si cela devrait être inutile) que défendre la liberté d’expression de X ne signifie nullement approuver les idées de X. Cette défense découle seulement d’une réflexion sur les principes de droit sur lesquels repose une société démocratique. Et, dans une société réellement démocratique, il y aura nécessairement une telle multiplicité d’opinions qu’il est impossible de les approuver toutes-mais on peut néanmoins considérer que l’expression de toutes ces idées, aussi folles et mutuellement contradictoires qu’elles soient, doit être légale. La liberté d’expression est un principe fondamental de la démocratie, et pas, comme on le dit trop souvent, un « prétexte » pour « soutenir » X ou Y. Il est pour le moins étrange que des « antifascistes » approuvent le fait que l’on rende, comme l’a dit Chomsky à propos de l’affaire Faurisson, un triste hommage aux victimes de l’holocauste en adoptant la doctrine centrale de leurs bourreaux, à savoir qu’il appartient à l’état de déterminer la vérité historique et de condamner ceux qui ne s’y conforment pas.

    Mais, même si l’on ne partage pas ce point de vue, la question de la pente glissante se pose : jusqu’où ira-t-on dans la répression des opinions « scandaleuses » ? On requiert un an de prison (avec sursis) contre Dieudonné pour un sketch. On est évidemment libre d’estimer ce sketch de très mauvais goût, insultant, et le condamner moralement. (3) Mais un an de prison (même avec sursis) ? Que répondra-t-on aux Noirs et aux musulmans qui pourraient se sentir insultés par d’autres sketches (y compris certains sketches de Dieudonné) ? Comment éviter que les musulmans, qui se considèrent insultés par les caricatures du Prophète, et l’impunité dont elles jouissent (heureusement), n’y voient une nouvelle preuve du « deux poids, deux mesures » à leur égard ? (4) Aujourd’hui, divers courants au sein de l’Union Européenne veulent sacraliser la mémoire des « victimes du communisme ». Où s’arrêtera-t-on ? Une partie de la gauche s’inquiète de cette dernière sacralisation-mais peut-être aurait-elle été mieux avisée de ne pas entrer, justement à propos des victimes du fascisme, dans le jeu de la sacralisation.

    A mon humble avis, c’est cette constante restriction de la liberté d’expression qui devrait donner « froid dans le dos » aux antifascistes véritables.

    Par une pure coïncidence, cette affaire Dieudonné se produit en même temps que la levée de boucliers du monde intellectuel et artistique en faveur de Polanski. Alors que, dans cette dernière affaire, le « talent artistique » semble tout permettre, même des miracles, comme le fait de commettre une erreur de jeunesse (dixit BHL) à 43 ans, ou d’avoir des rapports sexuels avec une mineure non consentante sans commettre de viol (dixit Costa-Gavras), pas un mot n’est prononcé par ce même monde intellectuel et artistique en faveur de Dieudonné qui, au cours de toute sa carrière, n’a jamais été « coupable » que de délit d’opinion. Dans le cas de Polanski, le fait qu’une fille pose nue (Finkielkraut) ou paraisse plus âgée qu’elle n’est (Costa-Gavras), ou que le violeur soit une victime (du nazisme et du communisme-Finkielkraut et BHL) sert de circonstance atténuante. Finkielkraut vit dans « l’épouvante ». Lelouch compare la police suisse à la Gestapo. BHL en appelle à l’esprit de tolérance suisse, mentionnant Voltaire, comme si c’était Polanski et non Dieudonné qui était poursuivi pour délit d’opinion. Etrange époque où la lutte contre « l’ordre moral » et contre le « fascisme », ou encore le « il est interdit d’interdire », mènent simultanément à la complaisance à l’égard du viol et au rejet de la simple liberté d’expression.

    L’article de REFLEXes soulève aussi le problème du « guilt by association », de la culpabilité par association, fortement dénoncée aux Etats-Unis, surtout dans la gauche, parce que c’était une des armes favorites du McCarthysme. Que viennent faire dans cet article Michel Collon, la librairie Résistances et moi-même ? Michel Collon rien, à part le fait que j’en suis « proche ». Mais pourquoi le citer lui et pas Noam Chomsky, Alan Sokal, Régis Debray, Anne Morelli, ou quantité d’autres, dont je suis tout aussi « proche » ?

    La librairie Résistances, elle, a été attaquée par des nervis sionistes et a tenu un meeting en plein air suite à cette agression, au cours duquel Me Bastardi Daumont, avocat de Blanrue et de Faurisson, a pris la parole. Où est le crime ? Que reproche-t-on à Me Bastardi Daumont ? Suggère-t-on que Faurisson ne doit pas avoir d’avocat, contrairement aux pires assassins ? S’il doit bien en avoir un, est-ce un crime d’être celui-là ? Pense-t-on qu’un avocat partage nécessairement les vues de son client ? Pourquoi cette coïncidence (être à la fois l’avocat de Blanrue, de Faurisson et participer au meeting de soutien à la librairie) ? Sans doute parce que, précisément à cause du climat de terreur intellectuelle « antifasciste » qui règne en France, les avocats prêts à défendre le principe de la liberté d’expression ne se bousculent pas au portillon.

    Et moi-même ? J’ai lu le livre de Blanrue et je l’ai trouvé salutaire. Bien que moins complet, il est un peu le « Mearsheimer et Walt » français, en ce sens qu’il met, pour la première fois, le doigt sur un problème fondamental de nos sociétés, à savoir l’extraordinaire influence sur notre vie politique des réseaux pro-israéliens (ou du lobby pro-israélien comme disent Mearsheimer et Walt). Je le lui ai dit et je l’ai autorisé à me citer sur son site. Je ne lui ai pas trouvé d’éditeur, contrairement à ce qu’affirment nos spécialistes de l’antifascisme (et du renseignement), même si j’aurais été heureux de pouvoir le faire. Comme le dit Alain Gresh, le livre de Blanrue « mérite débat » ; mais le livre a été de facto censuré en France, vu que le diffuseur français de son éditeur belge a refusé de le distribuer (initiative extraordinaire de la part d’un diffuseur, si on y réfléchit : qu’est-il advenu du bon vieux capitalisme et de la « soif de profit » ?). De plus, bien que Blanrue soit un auteur relativement connu, aucun grand média ne parle de son livre. La puissance des réseaux sionistes est accrue par le tabou qui empêche de parler d’eux. Le terrorisme intellectuel « antifasciste » ne fait que renforcer ce tabou. Le grand mérite de Blanrue est de tenter de sortir de ce cercle vicieux qui, comme il le souligne d’ailleurs , n’est pas, à terme, « bon pour les juifs ».

    Bref, j’apprécie le livre de Blanrue et je le dis. Quelle relation entre cela et le fait qu’il assiste au procès Dieudonné-Faurisson (ce qui, vu les enjeux juridiques de cette affaire, est tout à fait compréhensible) ou qu’il ait eu dans sa jeunesse des activités « suspectes » (aux yeux de la police de la pensée) en Moselle ? Il a été chrétien ? Je vais l’avouer : moi aussi (ainsi, il existe encore des chrétiens en France et en Belgique ; quelle horreur ! Que fait la police ?). Il a été royaliste ? Moi pas, mais en tant que Belge, j’en ai rencontré beaucoup et je n’ai pas remarqué qu’ils mangeaient des enfants au petit déjeuner. Et j’ai connu assez de gens qui ont, dans leur jeunesse, fait une apologie sans nuance de Staline, de Mao, ou de toute forme de violence, pourvu qu’elle soit « révolutionnaire » (et dont certains se sont recyclés dans l’antifascisme), pour que le genre d’accusations portées contre Blanrue me laisse froid (est-il vraiment si fréquent de trouver des gens en France dont le parcours est, comme dit REFLEXes, « politiquement limpide et irréprochable » ?).

    De plus, quand il s’agit d’auteurs comme Heidegger, Céline ou Foucault (oui, oui, même Foucault), il est permis de citer, d’étudier, d’admirer une partie de leur oeuvre sans se soucier de ce qu’ils ont dit ou fait par ailleurs, et qui est souvent plus étrange que ce que l’on reproche à Blanrue. Pourquoi ne pourrait-on pas avoir la même attitude par rapport au citoyen Blanrue ? Existe-t-il un principe de Polanski généralisé qui veut que pour des gens suffisamment célèbres (Heidegger et co), on puisse parler de leur oeuvre ou d’une partie de celle-ci sans parler de la personne ou de l’ensemble de l’oeuvre, mais pour les moins célèbres, non ?

    J’avoue également avoir un petit problème avec la notion d’extrême droite en France. Pour les « antifascistes », l’extrême droite, ce sont exclusivement les gens qui sont supposés être nostalgiques de Vichy, de la monarchie, de l’Algérie française, qui sont trop souverainistes à leur goût, ou encore, pour certains, les « islamo-fascistes ».

    Mais pourquoi la censure n’est-elle pas d’extrême droite ? Pourquoi l’apologie de la guerre (et la négation de crimes de guerre) à Gaza, au Liban, en Afghanistan et en Irak ne l’est-elle pas ? Pourquoi le fait de considérer qu’un peuple a le droit de s’installer sur la terre d’un autre et de l’en chasser à jamais (c’est-à-dire en lui refusant tout droit au retour) n’est-il pas d’extrême droite ? Pourquoi n’est-il pas d’extrême droite de célébrer comme démocratique (avilissant ainsi ce concept) un état défini explicitement sur une base ethnique ? (5) Pourquoi la notion de culpabilité collective (appliquée au peuple allemand, français etc.) n’est-elle pas de « l’essentialisme raciste » et donc d’extrême droite ? N’est-ce pas encore plus le cas quand cette culpabilité devient transmissible aux descendants ?

    Si l’on veut bien élargir ainsi la notion d’extrême droite (ce qui me semble justifié d’un point de vue conceptuel et historique), on se rend compte que le gouvernement français, la plupart des médias et des intellectuels, et bien sûr, une bonne partie de la « gauche antifasciste » sont d’extrême droite, ce qui complique considérablement la nécessaire « lutte contre l’extrême droite ». Il ne suffit pas de ne pas « ouvrir son antenne » à Soral ou à de Benoist, mais il faudrait la refuser à pratiquement tout le monde. De plus, l’extrême droite la plus dangereuse est-elle celle de la « nostalgie », ou celle qui influence la politique et la pensée occidentale actuelles ?

    Finalement, il est regrettable de voir que des articles comme celui de REFLEXes sont repris par des associations pro-palestiniennes comme l’AFPS (ou Bellaciao). Bien sûr, ils ont le droit de le faire, là n’est pas la question. Mais le fait de diffuser certains articles plutôt que d’autres est un choix politique, et ce choix peut être discuté. Or ce choix signifie que la priorité, pour ces organisations, n’est pas de défendre la liberté d’expression mais bien de hurler avec les loups dans la dénonciation des « méchants » (Dieudonné, Blanrue etc.).

    Comment ne pas voir que le discours sur l’holocauste est instrumentalisé pour soutenir Israël et pour faire taire les critiques (la question n’étant pas de « mettre en cause » l’holocauste, mais de se demander pourquoi cet événement doit déterminer notre politique étrangère) ? Le temps où une majorité de gens aimaient réellement Israël, « la seule démocratie au Moyen-Orient », « la villa au milieu de la jungle » etc. est passé. Mais l’étape qui reste à franchir, pour qu’une autre politique envers le Moyen-Orient soit possible, est de libérer la parole et de faire cesser l’intimidation et la culpabilisation à propos de tout ce qui concerne Israël et le sionisme.

    La « solidarité avec la Palestine » commence ici, principalement dans la lutte contre les réseaux pro-israéliens. Diffuser et faire connaître le livre de Blanrue, ou celui de Mearsheimer et Walt, défendre la liberté d’expression, aider à libérer le discours et à ouvrir le débat, c’est réellement « aider la lutte des Palestiniens », et c’est l’aider de façon essentielle.

    Nous ne devons pas montrer aux sionistes que nous sommes « gentils », en nous « démarquant » sans arrêt de X ou de Y qui a eu une parole trop dure ou trop franche, mais montrer que nous sommes libres et que le temps de l’intimidation est passé. Heureusement, de même que les Palestiniens résistent, il existe encore des gens en France qui défendent les principes les plus élémentaires de la République et de la laïcité. Il ne reste plus qu’à souhaiter que les « antifascistes » se joignent à eux.

    Jean Bricmont

    (1) Remarque sur la récente réglementation de la censure prussienne, 1842, Textes philosophiques, 1842-1847, Cahier Spartacus, no 33, 1970.

    (2) Au cours duquel (en décembre 2008) Dieudonné fit remettre un « prix de l’infréquentabilité et de l’insolence » à Robert Faurisson, par son assistant déguisé en costume de déporté. Suite à cela, Dieudonné est poursuivi, entre autres, pour insultes à caractère raciste.

    (3) Il faut néanmoins rappeler que si la liberté d’expression était respectée en France, il n’y aurait jamais eu d’affaire Faurisson, ce dernier serait probablement inconnu et il n’y aurait probablement pas eu le show du Zénith. La censure incite toujours à la transgression et il n’y a aucune raison de penser que l’affaire du Zénith soit la dernière du genre, quelles que soient les peines qui seront prononcées.

    (4) Voir la vidéo http://www.youtube.com/watch?v=KvNPhiT0b0I pour une illustration de ce sentiment d’injustice.

    (5) Par exemple, où faut-il situer sur le spectre politique la citation suivante : « Si l’on regarde une carte du monde, en allant vers l’est : au-delà des frontières de l’Europe, c’est-à-dire de la Grèce, le monde démocratique s’arrête. On en trouve juste un petit confetti avancé au Moyen-Orient : c’est l’État d’Israël. Après, plus rien, jusqu’au Japon. [...] Entre Tel-Aviv et Tokyo règnent des pouvoirs arbitraires dont la seule manière de se maintenir est d’entretenir, chez des populations illettrées à 80%, une haine farouche de l’Occident, en tant qu’il est constitué de démocraties. » Elle est de Philippe Val (dans Charlie-Hebdo, 26 juillet 2006), ancien directeur de Charlie-Hebdo et actuel directeur de France Inter. Voir Le plan B, Frappes médiatiques sur le Liban, 5 janvier 2009 (http://www.leplanb.org/spip.php?page=article&id_article=102) ; ce journal précise : « selon le Rapport des Nations unies sur le développement humain de 2003, seuls trois pays au monde avaient alors un taux d’illettrisme supérieur à 80%. Et aucun d’entre eux n’était situé entre Tel-Aviv et Tokyo, puisqu’il s’agissait du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Ailleurs, entre Tel-Aviv et Tokyo, le taux d’illettrisme était de 23% en Iran, de 9% en Chine, de 7% aux Philippines. Et... de 13% au Liban. »

    SOURCE LE GRAND SOIR 


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