• Propagande, mass medias et "menace iranienne"


    Sophie Perchellet & Renaud Duterme       

    Ce qui se passe en Iran nourrit l'imaginaire de nos pays Occidentaux. Les gouvernements et les médias nous disent que l'Iran est un pays islamiste, gouverné par un président antisémite qui ne souhaite qu'une chose : la destruction d'Israël pour probablement prendre le leadership de la région et rassembler les pays musulmans autour de lui. Pour détruire Israël, l'Iran avance vers le nucléaire militaire, fournit des armes au Hamas et au Hezbollah ... Voilà donc, en gros, ce que l’on peut tirer de la presse occidentale.

     


    La guerre de l’information  a commencé


    Depuis plus de trois ans, il y a donc une escalade psychologique entre l'Iran d'une part et le reste du monde d'autre part. Alors que l'Iran est accusé de vouloir acquérir le nucléaire militaire, le gouvernement rétorque que le pays ne veut que le nucléaire civil. Alors qu'une énorme campagne de propagande, orchestrée par Washington et Israël, dénonce le fait que l'Iran souhaite rayer Israël de la carte, l'ONU confirme que la traduction de cette phrase d'Ahmadinejad est erronée[1]. L'amalgame entre population et gouvernement laisse penser que tout Iranien est antisémite alors même que la population de confession juive, présente depuis l'exil de Babylone atteint 20 000 personnes. Le gouvernement israélien a même proposé de rémunérer les juifs iraniens pour qu'ils retournent sur la "terre mère" mais a essuyé de cinglants refus. Alors que le fait de réussir à lancer un satellite apparaît pour les pays occidentaux comme un avancement technologique, si c'est l'Iran qui le fait, cela se transforme en menace imminente.

    Que faut-il donc penser de l'Iran ? Représente t-il réellement une menace ? Et si oui, pour qui ? Nous ne pouvons répondre à ces questions sans d'abord revenir sur des points historiques de l'Iran.


    Un peu d’histoire…


    L'Iran et la population iranienne existent depuis l'Empire Perse, empire rayonnant surtout sous la dynastie Achéménide (648 AV JC). C'est donc un pays solide, un des Etats les plus anciens de la région.

    C’est sans doute une des raisons pour laquelle l’URSS et le gouvernement britannique envahissent le pays en 1941 pour l’entraîner dans la guerre contre les puissances de l’Axe[2].

    En 1953, le docteur Mossadegh est élu mais le malheureux eût pour projet de nationaliser les compagnies pétrolières. Cela ne plût pas aux anglais, très présents par l'intermédiaire de BP (Brithish Pétroleum), qui se tournèrent alors vers Washington et la puissante CIA. Peu après, Mossadegh fut renversé, jugé et exécuté sous l'égide de la CIA qui mit en place le Shah Phalavi. S'en suivit une dictature de 40 ans, renversée par la révolution islamique de 1979. L'Irak de Saddam va alors profiter de cette période de réorganisation du pays pour envahir l'Iran en 1980. Soutenu par les Etats-Unis, son but est de s'emparer des champs de pétrole du Khuzestan. Cela va durer 8 ans. Curieusement, alors que l'administration Carter avait rompu les relations diplomatiques avec l'Iran depuis l'affaire des otages de l'ambassade en 1980, l'administration Reagan vendra secrètement des armes aussi en Iran (affaire Iran-Contra). L’objectif est clairement de déstabiliser le pays afin qu'il ne se développe pas économiquement. Le pays restera neutre lors de la guerre du Golf de 91.

    Cela étant dit, il est bon de se rappeler qu’historiquement l'Iran n'est pas une nation qui envahit les autres ou leurs déclare la guerre. Seulement, la République se situe sur une terre riche en gaz et en pétrole. Rappelons aussi que les Iraniens ne sont pas des Arabes (bien qu'il y en ait en Iran) mais des Perses qui parlent, pour la grande majorité farsi. L'Iran a reconnu Israël très vite et n'a pas fait partie du contingent arabe qui se battit contre lui en 48 ou en 67.

    C'est donc seulement depuis Ahmadinejad (2005) que l'attention se reporte sur Israël. Ce président, avec son discours agressif, prône le droit à l'Iran d'acquérir le nucléaire et se place dans l'axe des anti-impérialistes américains. Cela réduit de facto les aspirations des Iraniens au développement car le discours présidentiel renforce les embargos internationaux. Mais est-ce la seule raison de l’acharnement sur le pays ? Où y a-t-il, comme trop souvent, des intérêts géostratégiques derrière ? Poser la question est y répondre.


    L’Iran : obstacle à l’hégémonie américaine ?


    En effet, l’Iran possède 10% des réserves mondiales de pétrole et 15% des réserves de gaz[3]. Il va sans dire qu’en cette époque de raréfaction énergétique, ce fait est loin d’être négligeable. « Le contrôle énergétique est un parfait levier pour la domination mondiale »[4]. Or, comme chacun sait, les Etats-Unis ne s’y sont pas trompés, en atteste leur politique vis-à vis de la région : occupation militaire pour certains pays (Irak, Afghanistan), bases américaines présentes sur d’autres (Arabie Saoudite, Pakistan), soutien aux pétro-monarchies, etc.

    A y regarder de plus près, l’Iran est le dernier pays obstacle à une mainmise américaine sur la région. De plus, certaines prises de position du président iranien ont le don d’agacer les tenants de l’ordre économique mondial dominant. En atteste son discours[5] à la conférence contre le racisme de Durban II à Genève.


    Retour sur la polémique de la conférence de Durban II


    Ce dernier était pertinent sur plusieurs points[6], en particulier sur la responsabilité de l’Occident dans un grand nombre de méfaits (esclavage, colonialisme, guerres, etc.). Or, la diabolisation du président iranien (à grand coup d’accusations antisémites et négationnistes[7]) a permis d’occulter l’entièreté du discours, excepté sur la critique de l’Etat d’Israël[8]. Cette attitude typiquement ethnocentrique (le discours a été fort apprécié par des délégations du sud) a démontré une fois de plus l’arrogance et le mépris des gouvernements des pays riches à l’égard du reste du monde. Des crimes commis par le passé et dont les conséquences se font toujours sentir sur des milliards de personnes sont encore trop souvent niés ou minimisés. Prétendre à un monde débarrasser du racisme et de la misère devra indéniablement passer par la reconnaissance et par des réparations quant aux désastres des impérialismes américains et européens. Dans le cas contraire, le risque est grand que des leaders populistes canalisent la rancœur des peuples exploités à des fins haineuses. Cela étant dit, que faut-il retenir de la menace iranienne ?


    Que faut-il donc retenir de la "menace iranienne" ?

     
    Que l’Iran n’a jamais envahit un pays voisin. Que les iraniens ont le droit de développer économiquement leur pays. Qu’Ahmadinejad est pour les Iraniens ce que maints dirigeants sont pour leur peuple : un président démagogique, peu apprécié, qui prive son pays des libertés essentielles en donnant au monde une image faussée de sa population. Il serait néanmoins erroné de croire qu’une intervention militaire contre l’Iran rendrait service à la population. La population iranienne est la seule à même de prendre en main son destin. En atteste d’ailleurs les manifestations d’hostilité face au gouvernement toujours plus nombreuses. Si nous voulons vraiment soutenir le peuple iranien dans sa lutte contre la tyrannie, faisons le en exigeant de nos gouvernements la fin de leur politique systématique de 2 poids 2 mesures (arrêt du soutien à l’Arabie Saoudite, pressions sur Israël quant à sa politique guerrière, retraits des troupes en Irak et en Afghanistan, etc.). De plus, les différentes interventions étrangères qu’a connues le pays (invasions soviétiques et britanniques, renversement de Mossadegh, guerre contre Irak, etc.) ont contribué à un important nationalisme de la part de la population. Par conséquent, une nouvelle ingérence peut, à juste titre, être ressentie comme une menace pour le pays et donc contribuer à resserrer la fibre nationaliste.

    Au contraire, ne nous laissons pas berner par l’attitude des grands médias internationaux, pour lesquels l’Iran est la nouvelle cible à abattre (après l’URSS, l’Irak, etc.). La propagande qui a lieu n’a d’autre but que de nous rendre l’idée d’une guerre contre le pays comme de plus en plus légitime. L’administration américaine est trop empêtrée en Irak et en Afghanistan pour se lancer dans une nouvelle aventure meurtrière, mais jusqu’à quand ?

     
    A retenir : lorsque les Etats-Unis décident qu'un pays est une menace, c’est qu’il porte directement atteinte à l’hégémonie étatsunienne.

     
    Notes:

    [1] La traduction exacte : « L'Imam a dit que ce régime occupant Jérusalem doit disparaître de la page du temps ».

    [2] GRESH Alain, Le régime iranien joue la fibre nationaliste, in L’Atlas du Monde Diplomatique 2010, Paris, Armand Colin, 2010.

    [3] http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=15742

    [4] ACHCAR Gilbert, CHOMSKY Noam, La poudrière du Moyen-Orient, Paris, Fayard, 2006, p.87.

    [5] Celui-ci peut être visionné dans son intégralité sur http://www.dailymotion.com/video/x92ro7_ahmadinejad-lintegralite-de-son-dis_news

    [6] Nous insistons que nous ne parlons que du discours, en le prenant indépendamment de la personne qui parle.

    [7] La question selon laquelle le président iranien est ou n’est pas antisémite est difficile à déterminer et n’est pas le but de ce texte. Il est clair qu’il a commis des actes plus que douteux, notamment l’organisation de la conférence sur l’Holocauste à laquelle les révisionnistes Faurisson et Roger Garaudy ont été conviés. Cela étant dit, ses propos sur Israël dans le cadre de ce discours à Genève discours n’étaient ni antisémite (dans le sens où il fustigeait le gouvernement israélien) ni négationnistes (puisqu’il évoquait les Juifs victimes de l’Holocauste).

    [8] Le tollé et la sortie de plusieurs représentants européens de la salle ont été provoqués par la phrase du président selon laquelle la souffrance juive a été un prétexte à la création de l’Etat d’Israël.  
     
    Source: Mondialisation.ca lien


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  • Iran, un appel qui alimente le feu de la guerre

    Domenico LOSURDO, Gianni VATTIMO

    « Il manifesto » de samedi 6 février a publié un Appel « Pour la liberté d’expression et la fin de la violence en Iran ». Le signent, ensemble avec des intellectuels habitués à légitimer ou à justifier toutes les guerres et les actes de guerre (blocus et embargos) déchaînés et opérés par les Usa et Israël, d’autres personnes qui, par contre, en de plus nombreuses occasions, ont participé activement à la lutte pour la paix et pour la fin de l‘interminable martyre imposé au peuple palestinien. Malheureusement, ceux qui donnent le ton de l’Appel sont les premiers.

    1) Dès le début, on parle des « résultats falsifiés de l’élection présidentielle du 12 juin 2009 » et de « fraudes électorales ». Entre autres, c’est le président brésilien Lula qui a mis en doute ou ridiculisé cette accusation. Pourquoi donc devrions-nous accorder foi à ceux qui régulièrement, à la veille de toute agression militaire, ont recours à des falsifications et manipulations en tous genres ? Qui ne se souvient des « preuves » exhibées par Colin Powell et Tony Blair sur les armes de destruction massive (chimiques et nucléaires) possédées par Saddam Hussein ?

    2) L’Appel continue en opposant la violence du régime iranien à la « non-violence » des opposants. En réalité des victimes se trouvent aussi parmi les forces de police. Mais c’est un autre refoulement surtout qui est grave : depuis de nombreuses années l’Iran est la cible d’attentats terroristes accomplis soit par certains mouvements d’opposition soit par des services secrets états-uniens ou israéliens. En ce qui concerne ces derniers attentats, voilà ce qu’écrivait G. Olimpio sur le Corriere della Sera en 2003 (le 7 octobre) déjà : « en parfaite identité de vue avec Washington », les services secrets israéliens ont la tâche d’ « éliminer » aussi, en même temps que les « chefs des groupes palestiniens où qu’ils se trouvent », les « scientifiques iraniens engagés dans le projet de la Bombe » et jusque ceux qui, dans d’autres pays, sont « suspectés de collaborer avec l’Iran ».

    3) L’Appel s’attarde lourdement sur la brutalité de la répression à l’œuvre en Iran, mais ne dit rien du fait que ce pays est sous la menace non seulement d’une agression militaire, mais d’une agression militaire qui est prête à prendre les formes les plus barbares : sur le Corriere della Sera du 20 juillet 2008, un illustre historien israélien (Benni Morris) évoquait tranquillement la perspective d’ « une action nucléaire préventive de la part d’Israël » contre l’Iran. Dans quel monde vivent les signataires de l’Appel : est-il possible qu’ils n’aient pas lu chez les auteurs classiques même de la tradition libérale (Madison, Hamilton etc. ) que la guerre et la menace de guerre constituent le plus grave obstacle à la liberté ?

    S’il n’est pas étonnant que les idéologues des guerres déchaînées par Washington et Tel Aviv soient signataires (ou fassent la promotion) de l’Appel, ce serait bien que les signataires d’orientation différente s’interrogent : l’éthique de la responsabilité impose à tout le monde de ne pas contribuer à nourrir le feu d’une guerre qui menace le peuple iranien dans son ensemble et qui, dans les intentions de certains de ses promoteurs, ne doit pas hésiter devant l’occurrence d’avoir recours à l’arme nucléaire.

    Domenico Losurdo http://domenicolosurdo.blogspot.com/
    Gianni Vattimo

    Traduction : Marie-Ange Patrizio

    Outre Il manifesto, l’ « Appel » auquel font référence D. Losurdo et G. Vattimo a été publié

    - samedi 6 février sur le quotidien tunisien Al Awan, (et non égyptien, comme indiqué par le Nouvel Observateur...)
    http://www.alawan.org/%D8%A8%D9%8A%...

    puis,

    - mardi 9 février, en français sur

    Libération : « Liberté pour l’Iran »
    http://www.liberation.fr/monde/0101... et

    le site du Nouvel Observateur : « Appel international – Pour la liberté d’expression et la fin de la violence en Iran ».
    http://tempsreel.nouvelobs.com/actu...

    La réponse des deux philosophes italiens à leurs collègues "illustres intellectuels, universitaires et miliants associatifs" (cf. le Nouvel Observateur) est donc parue le même jour que la version française (originale de l’"Appel"). La version italienne ne fait pas mention d’une traduction ni de source pour l’original. (NdT)

    Source : Il manifesto http://www.ilmanifesto.it/il-manife...

    SOURCE
    http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13407&type=analyse


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  • Les leçons de l’Irak sont ignorées et la cible est maintenant l’Iran


    Le réarmement militaire du Golfe par les Etats-Unis et la promotion par Blair d’une guerre contre Téhéran, sont de sérieux avertissements que nous sommes à la veille d’une nouvelle catastrophe, écrit Seumas Milne.
     
     

    [Où l’on peut se demander si le battage fait en France sur le port du voile intégral ne fait pas partie d’une campagne psychologique de préparation à une confrontation armée avec l’Iran - N.d.T]

     

     

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    Les troupes occidentales ont commis d’innombrables massacres en Irak. Ici une photo prise à Falloujah, ville irakienne bombardée avec des obus au phosphore par l’armée américaine en 2004.

    Nous étions supposés avoir compris les leçons de la guerre contre l’Irak. C’est ce à quoi l’enquête Chilcot en Grande-Bretagne est censée avant tout servir. Mais les signes venus du Moyen-Orient indiquent que cela pourrait se produire encore une fois. Les Etats-Unis pratiquent l’escalade militaire dans le Golfe, ont indiqué des officiels cette semaine, amplifiant sa présence navale et fournissant de nouveaux systèmes d’armes aux états arabes alliés, pour une valeur atteignant des dizaines de milliards de dollars.

    La cible est tout naturellement l’Iran. Le Koweit, les Emirats Arabes Unis, le Qatar et le Bahrain sont tous en train de prendre livraison de batteries de missiles Patriot. En Arabie Saoudite, Washington commande directement une importante force de 30 000 hommes pour protéger les installations pétrolières et les ports. A eux seuls les Emirats Arabes Unis ont acheté 80 chasseurs F-16, et le Général Petraeus, commandant des forces armées des Etats-Unis, prétend maintenant être en mesure « d’abattre l’armée de l’air iranienne en entier ».

    Les Etats-Unis prétendent que cette militarisation croissante est défensive, destinée à décourager l’Iran, à calmer Israël et à rassurer ses alliés. Mais l’évolution politique que cela représente est assez claire. La semaine dernière Barack Obama a averti que l’Iran ferait face « à des conséquences de plus en plus graves » pour ne pas avoir arrêté son programme nucléaire, tout en faisant le lien avec la Corée du Nord - comme George Bush l’avait fait dans à son discours sur « l’axe du mal » en 2002.

    Lorsque le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a rappelé cette semaine son accord pour que l’Iran transfère la majeure partie de son uranium enrichi à l’étranger pour y être retraité, les Etats-Unis ont répondu par la négative. « La main tendue » d’Obama, jusqu’alors combinée avec la menace de sanctions, voir pire, semble avoir été presque retirée.

    Le vice-président des Etats-Unis, Joe Biden, l’a souligné en déclarant que les dirigeants iraniens « semaient les graines de leur propre destruction ». Et en Israël - qui s’est juré d’utiliser tous les moyens possibles pour empêcher l’Iran d’être en mesure d’acquérir des armes nucléaires - se multiplient les menaces de guerre contre les alliés de l’Iran, le Hezbollah au Liban et le mouvement palestinien du Hamas. « Nous devons recruter le monde entier pour combattre Ahmadinejad, » a éructé le président israélien Shimon Peres ce mardi.

    Les similitudes avec les préludes de l’invasion de l’Irak sont indubitables. Comme en 2002-2003, on nous dit qu’un état dictatorial du Moyen-Orient, développant secrètement des armes de destruction massive, défie les résolutions des Nations Unies, empêche des inspections, menace ses voisins et soutient le terrorisme.

    Comme dans le cas de l’Irak, aucune preuve n’a été fournie pour étayer ces accusations, bien que de fausses fuites au sujet de programmes secrets soient régulièrement diffusées dans la presse dominante. Récemment, un ancien responsable de la CIA a rapporté que les services de renseignements américains avaient donné foi à des documents, forgés de toutes pièces et publiés dans le Times, prétendant démontrer que l’Iran prévoyait d’expérimenter un « déclencheur à neutrons » pour une arme atomique. Cela rappelle les soit-disant tentatives de l’Irak d’acheter de l’uranium au Niger.

    Au cas où quelqu’un n’ait pas saisi le parallèle, Tony Blair a martelés [ces accusations] chez nous lors de l’enquête sur l’Irak vendredi dernier. Loin de montrer des remords quant au carnage qu’il a contribué à répandre sur le peuple irakien, l’ancien premier ministre a été autorisé à transformer ce qui était supposé être un gril pour lui, en une plate-forme pour faire la promotion d’une guerre contre l’Iran.

    Démontrant que le néo-conservatisme est bien vivant et en parfaite santé à Londres, Blair a essayé de traiter le fait que l’Irak n’avait aucune arme de destruction massive comme un simple question juridique, tout en adoptant la même approche à l’égard de l’Iran. Les intentions supposées [de l’Iran] et ses capacités étaient suffisants pour justifier la guerre, a-t-il insisté. Mentionnant l’Iran 58 fois, il a expliqué que la nécessité « de s’occuper » de l’Iran faisait apparaître « des questions très similaires à celles que nous discutons ».

    Vous pourriez penser que les opinions d’un homme qui selon l’avis de 37% de peuple britannique, devrait être poursuivi pour crimes de guerre seraient traitées avec mépris. Mais Blair reste délégué du Quartet [Etats-Unis, Russie, Union Européenne et Nations Unies] pour le Moyen-Orient - même si durant le même temps il empoche 1 million de livres sterling par an d’un fonds d’investissements des Emirats Arabes Unis qui négocient actuellement une participation aux bénéfices de l’exploitation des réserves de pétrole irakiennes.

    Il n’est pas non plus le seul à faire pression en faveur de la guerre contre l’Iran. Un autre néo-conservateur de l’ère Bush, Daniel Pipes, a écrit cette semaine que la seule façon pour Obama de sauver sa présidence était « de bombarder l’Iran » et de détruire « la capacité en armes nucléaires » de ce pays, impliquant quelques éléments un peu gênants pour les Etats-Unis comme une occupation au sol ou des victimes.

    La réalité est qu’une telle attaque serait potentiellement encore plus dévastatrice que l’agression contre l’Irak. L’Iran a la capacité d’appliquer des représailles armées, à la fois directement et indirectement par ses alliés, ce qui non seulement mettrait le feu à la région mais bloquerait aussi 20% des approvisionnements mondiaux en pétrole qui transitent par le détroit d’Ormuz. Cela ferait aussi certainement reculer la possibilité d’un changement [politique] graduel de l’Iran.

    L’Iran est un État autoritaire mais divisé, maintenant durement fissuré par l’opposition. Mais ce n’est pas une dictature du type de celle de Saddam Hussein. Contrairement à l’Irak, Israël, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, l’Iran n’a envahi et occupé le territoire de personne, mais elle a à ses frontières les troupes de deux puissances hostiles et dotés d’armes nucléaires. Et malgré tous les discours incendiaires de M. Ahmadinejad, ce sont les États-Unis et Israël disposant d’armes nucléaires qui maintiennent l’option d’une attaque contre l’Iran, et non l’inverse.

    L’agence nucléaire des Nations Unies, l’AIEA, n’a de son côté trouvé aucune preuve que l’Iran chercherait à fabriquer des armes nucléaires, tandis que les propres agences de renseignements des Etats-Unis ont estimé que le programme suspecté d’armements avait été arrêtée en 2003, bien que cela doive maintenant être révisé vu le nouveau climat. Les dirigeants iraniens ont longtemps insisté sur le fait qu’ils ne voulaient pas d’armes nucléaires, alors que beaucoup les soupçonnent de vouloir devenir une puissance nucléaire capable de produire des armes s’ils se sentent menacés. Etant donné l’histoire récente de la région, ce ne serait guère surprenant.

    Pour le gouvernement américain, comme sous l’administration Bush, le vrai problème est le pouvoir indépendant que représente l’Iran dans la région la plus sensible dans le monde - dans une situation encore aggravée par la guerre en Irak. Les signaux émanant de Washington sont mélangés. Le responsable du renseignement au niveau national expliquait ce mardi que les États-Unis ne pouvaient rien faire pour empêcher l’Iran de développer des armes nucléaires s’il était décidé à le faire. Peut-être que le renforcement du dispositif militaire dans le Golfe n’est qu’un bruit de bottes... La préférence est clairement pour un changement de régime, plutôt que pour une guerre.

    Mais Israël est très capable d’aller de l’avant si cette option échoue, et les risques seraient élevés pour les États-Unis et ses alliés, dont la Grande-Bretagne, d’être entraînés dans les retombées d’une éventuelle attaque.

    Comme on l’a compris dans le cas de l’Irak, l’opinion des boute-feu comme Blair et Pipes peut rapidement se généraliser. Si nous voulons éviter une répétition de cette catastrophe, des pressions pour empêcher la guerre avec l’Iran devraient s’appliquer dès à présent.

    (JPG)
    Seumas Milne

    * Seumas Milne est journaliste et éditeur associé au journal britannique The Guardian

    Du même auteur :

    -  Mahmoud Abbas : « Je soutiens le mur égyptien » - 5 février 2010
    -  Le terrorisme est le prix à payer pour le soutien aux despotes et aux dictateurs - 10 janvier 2010


     
     

    3 février 2010 - The Guardian - Vous pouvez consulter cet article à :
    http://www.guardian.co.uk/commentis...
    Traduction de l’anglais : Nazem

     

     

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  • Après la « normalisation » de l’Irak et de l’Afghanistan : Le tour du Yémen

    Chems Eddine CHITOUR
    photo du Yemen, voir la série sur New York Times
    « Quand les riches se font la guerre ce sont les pauvres qui meurent »
    Jean Paul Sartre

    Que se passe t-il au Yémen dont on dit que c’est la nouvelle poudrière qui va faire exploser la marmite du Moyen Orient ? Petit pays de 20,9 millions avec une superficie de 527970 km2, un taux d’alphabétisation de 47,7 % , il est composé de Musulmans sunnites (55 %), et de musulmans chiites (42 %). Les autres habitants sont chrétiens, hindouistes, juifs. C’est une République islamique.

    Sa principale ressource est le pétrole. Son PNB-PPA par habitant (à parité de pouvoir d’achat) (en dollars) est de 751. Sa consommation d’énergie est de 184 kilogramme-pétrole par habitant. On voit que c’est un pays sous développé qui n’a rien d’exceptionnel. Ce qui fait son intérêt c’est d’abord sa position géographique sur le flanc sud de l’Arabie Saoudite , il a une vue directe sur le détroit de Bab el Mandeb, il est placé sur les routes du commerce international notamment pétrolier et sur la zone de « piraterie » dit-on somalienne.

    C’est ensuite la découverte du pétrole qui ne peut laisser indifférent ceux qui en ont besoin. C’est enfin le régime, un régime despotique : Ali Abdallah Saleh au pouvoir depuis trente ans et qui a pu éliminer tous ces adversaires et qui, comme tout homme, doit passer la main ; d’où une lutte sourde pour la succession d’autant plus féroce que le Yémen est le seul pays musulman où la proportion Sunnite Chiite est du même ordre. Ce qui explique en partie l’état de guerre civile depuis plus de 10 ans entre le gouvernement central (sunnite) aidé par l’Arabie Saoudite et les Houtistes (chiite) du Nord (zone frontière avec justement l’Arabie Saoudite) aidés, dit-on, par l’Iran, le Satan actuel de l’Occident...

    Une autre complication est venue, dit-on dans la presse mainstream, avec l’irruption d’Al Qaida qui après l’Irak, le Pakistan, l’Afghanistan, et même, dit-on, l’AQMI du Maghreb, ouvre un « succursale » au Yémen. Il faut donc - au nom de la lutte contre le terrorisme international - le combattre. Le Yémen, troisième front de la lutte contre le terrorisme écrit le New York Times. Les questions se multiplient aux Etats-Unis après l’attentat manqué, le 25 décembre, du jeune Nigérian Umar Farouk Adulmutallab. Celui-ci a tenté de faire exploser un avion au-dessus de Detroit. Il a affirmé avoir été entraîné par Al-Qaida au Yémen, où le quotidien américain révèle que les Etats-Unis ont ouvert très discrètement depuis un an un troisième front contre le réseau terroriste. L’armée américaine y a notamment envoyé des forces spéciales pour assurer la formation de militaires yéménites. (1)

    Dans le même ordre d’idée concernant Al Qaida au Yémen, Jeffrey Fleishman écrit : « Profitant de la situation chaotique qui règne dans le pays, l’organisation terroriste recrute et tisse un réseau solide susceptible de frapper n’importe où. L’attentat manqué contre un appareil de la compagnie Northwest Airlines, le 25 décembre, en est l’illustration. La branche d’Al-Qaida au Yémen, qui a revendiqué la tentative d’attentat sur un vol de la Northwest Airlines qui assurait la liaison entre Amsterdam et Detroit, compterait près de 2 000 militants et sympathisants, affirme un spécialiste du terrorisme yéménite. (…) Le pays ne fournit plus seulement des penseurs radicaux, il attire désormais les extrémistes qui rêvent de rejoindre un front en pleine évolution au Moyen-Orient. (2)

    (….) Le groupe qui, selon les analystes, a pour objectif l’établissement d’un califat islamique dans tout le golfe Persique, à partir duquel il pourrait attaquer ensuite les intérêts occidentaux et israéliens - opère depuis l’autre rive de la mer Rouge, en Somalie, où une autre branche du réseau s’est installée dans la région de non-droit qu’est devenue la Corne de l’Afrique. Ce scénario inquiète Washington. (…) “Au niveau mondial, Al-Qaida est peut-être militairement affaibli, mais ce n’est pas le cas au Yémen. On y trouve beaucoup d’armes. Le Yémen est un Etat idéal pour le développement d’Al-Qaida. Les djihadistes peuvent tirer parti du chaos qui règne dans le pays." (2)

    Autre appréciation aux antipodes de la doxa occidentale : « Ce nouveau conflit est très grave : Pour plusieurs raisons. Au départ, il s’agit d’un foyer d’instabilité, mettant aux prises des courants de l’Islam différents (…). L’Occident divise pour régner, c’est machiavélique. Ensuite, le Yemen occupe une position stratégique, dans la Mer Rouge, et donc convoitable, d’autant que les rivaux russes, chinois, ou d’autres, peuvent être tentés de s’implanter là où il n’y a pas encore de bases anglo-saxonnes. De surcroît, chaque parcelle de sol peut recéler des ressources que l’Amérique, toujours à l’affût d’espace vital, veut utiliser elle-même pour maintenir son niveau de vie, assurer sa prééminence, continuer à dominer le monde ». (3)

    « Les USA tentent par tous les moyens de perpétuer leur hégémonie, comme toujours par la force puisqu’ils la préfèrent au Droit. Mais il y a plus : Cette zone, en partie sous influence Chiite, intéresse l’Iran, et donc les USA bien décidés à affaiblir l’ennemi qu’il s’est choisi. Dans ce cadre, on situe mieux la tentative avortée d’attentat, parfaitement grotesque d’ailleurs, du pseudo terroriste d’Al Qaïda. (…) Bref, nous avons à nouveau un (projet d’) attentat sous fausse bannière, sans doute moins d’Al Qaïda que des services secrets occidentaux, ou au mieux, nous avons un simple prétexte pour justifier ce qui est programmé de longue date ». Donc, nouveau terrain d’opération pour les USA. Et c’est très grave.

    Non seulement parce que les populations, évidemment, commencent à souffrir (raids aériens, drones, meurtres ciblés...), mais parce que ces choix illustrent parfaitement les objectifs réels du Prix Nobel de la Paix, nouveau visage d’une politique qui ne varie pas, furieusement néo-coloniale, impériale, hors-la-loi, comme du temps de Bush. Pour moi, nous assistons aux prémices d’une tactique planétaire : Prendre prétexte d’un fait plus ou moins mis en scène, et complaisamment relayé par une presse servile, pour s’implanter sur toujours plus de territoires : Mise en place de bases militaires et de marionnettes dévouées aux ordres de Washington, pillage des ressources, contrôle des populations et des zones, voire des routes pétrolières, signaux lancés aux rivaux, supplantation des Chinois ou des Russes, etc. A ce tragique jeu, qui commence par des opérations de basse intensité et se termine par la sanglante mise à sac de tout le territoire convoité, les Occidentaux sont passés maîtres. Ils avancent pas à pas, mais tout, au final, tombe dans leur escarcelle.. ». (3)

    « (…) Tout se fait discrètement, en petit comité, entre dirigeants du complexe militaro-industriel, entre amis, entre futurs bénéficiaires, ou comme dirait notre cher Sarkozy, tout, vraiment tout, est désormais possible. Et tant pis si un peu partout les peuples en font les frais, tant pis s’ils sont massacrés, bombardés, terrorisés, mutilés, blessés, meurtris, démunis, ruinés, dressés les uns contre les autres, anéantis, exterminés, c’est du grand art, disons-le : Du grand terrorisme, du terrorisme absolu, celui d’Etat. Toutes les lois humaines, de guerre, internationales, sont violées, le champ est libre : on convoite, on s’empare... vols, mensonges, crimes, tout est permis.... Le cynisme est total » (3)

    La dernière phase paroxystique de la guerre au Yémen contre les rebelles Houthis a fait plus de 2000 morts en moins d’un mois et plus de 150 000 sans-abri. Les troupes du gouvernement yéménite se battent contre environ 15 000 rebelles Houthis, armés et entraînés par l’Iran et retranchés dans les montagnes du Nord, autour de Saada, sur la frontière de l’Arabie Saoudite. Les bombardiers de l’armée de l’air saoudienne tapissent les zones rebelles et civiles, et l’armée de l’air et la marine égyptienne transportent des munitions pour l’armée du Yémen avec les encouragements et le financement des Etats-Unis.

    Plusieurs sources confirment les traits saillants du conflit en cours au Yémen : La petite armée yéménite de 66 000 hommes, manquant de stocks de matériel militaire organisés, a bientôt commencé à se trouver à court de munitions et d’équipement militaire. L’armée égyptienne s’est empressée de fournir cet approvisionnement nécessaire, en mettant en œuvre un corridor naval et aérien.

    L’Administration Obama s’est lancée dans la mêlée, grâce à son assistance financière alimentant les efforts saoudiens et égyptiens pour venir en aide au Yémen. Autant que les Etats-Unis et Israël avaient été pris par surprise par les capacités militaires du Hezbollah, lors de la guerre du Liban en 2006, les Américains et ses alliés ont été stupéfaits par la maîtrise du champ de bataille des rebelles Houthi. La 1ère Division d’infanterie mécanisée de l’armée yéménite, renforcée par chacune de ses 6 brigades de commandos- parachutistes et le soutien aérien saoudien, s’est avérée incapable, depuis septembre, de briser la résistance des rebelles.

    La situation ressemble de plus en plus à une guerre par procuration entre Riyad et Téhéran, la presse saoudienne du 5 novembre n’hésitant pas à parler d’"assaut des agents de l’Iran contre la frontière". Les Saoudiens accusent les Iraniens de vouloir étendre l’influence chiite dans la région en fournissant armes et argent aux rebelles, tandis que les Iraniens reprochent aux Saoudiens de soutenir le régime yéménite d’Ali Saleh et de vouloir exporter la doctrine wahhabite. Le Yémen est devenu la priorité des priorités pour le président Barack Obama depuis l’attentat avorté du Nigérian Omar Farouk Abdulmutallab contre un avion, le jour de Noël.

    Le général David Petraeus s’est rendu à Sanaa et y a rencontré le président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, pour lui transmettre un message de son homologue américain. Le Premier ministre britannique Gordon Brown a appelé à la tenue d’une conférence internationale à la fin du mois, pour parler du terrorisme au Yémen et en Somalie, et à la création d’une unité spéciale pour intervenir dans la région. Le mot clé est "Al-Qaida", qui utilise le sol yéménite comme terrain d’entraînement, centre de recrutement et base de lancement pour des attaques contre des cibles américaines et européennes. Omar Abdulmutallab a reçu sa formation dans une université fondamentaliste de Sanaa et a rencontré les dirigeants d’Al-Qaida pour la péninsule Arabique à Aden et à Abyan [fief présumé d’Al-Qaida, dans le sud du Yémen]. (4)

    « (…) Ce pays n’a jamais disparu des écrans radar d’Al-Qaida. Aujourd’hui, le président américain veut doubler les aides au Yémen et s’engager dans une guerre commune avec les forces yéménites contre l’organisation terroriste. Concrètement, cela signifie que le pays sera mis sous tutelle militaire américaine, puisque ce genre d’aides et de coopération ne se fait pas sans contrepartie. Les Américains n’interviendront pas au nom du bien-être des habitants, mais pour protéger leurs propres intérêts. Cet engagement n’empêchera pas le Yémen d’être un Etat en faillite. Il risque même d’aggraver les difficultés et risquera de transformer toute la péninsule en foyer d’instabilité. Rappelons-nous que l’intervention américaine a fait de l’Afghanistan et de l’Irak les pays les plus corrompus et les plus instables du monde. Le destin du président yéménite Ali Abdallah Saleh ne sera peut-être pas meilleur que celui de l’Afghan Hamid Karzai. (4)

    Pour François Marginean, s’agissant de « l’attentat raté d’Amsterdam », nous sommes en face d’un complot du style Armes de Destruction Massive prélude à l’invasion de l’Irak. Il écrit : « (…) Les États-Unis ont accusé Abdulmutallab d’être lié à une cellule d’Al Qaïda située au Yémen et en Arabie Saoudite. Vous vous rappelez quand on nous disait qu’Al Qaïda était en Afghanistan ? Nous avons ensuite envahit. Et la fois où on nous disait que l’Irak était devenu la nouvelle base d’Al Qaïda ? Nous avons aussi envahit le pays. Que pensez-vous que nous risquons de voir se produire si Obama et les médias clament que le Yémen et l’Arabie Saoudite sont la nouvelle demeure du célèbre groupe terroriste crée à l’origine par la CIA ? Mais qu’en est-il réellement ? Nous pourrions commencer par demander comment Umar Farouk Abdulmutallab a pu être capable de monter à bord de l’avion qui partait d’Amsterdam vers Détroit sans passeport. Nous savons tous que le profilage ethnique existe, surtout envers les musulmans.

    Particulièrement depuis le 11 septembre 2001 et la subséquente guerre contre le terrorisme. Imaginez maintenant un jeune homme provenant d’un pays musulman voyageant seul et sans bagage, avec un billet allez simple en direction des États-Unis et sans passeport. (…) et qui a convaincu le personnel à la porte de sécurité de laisser passer Umar Farouk Abdulmutallab sans passeport ? (…) Et pour palier à tout cela, on nous dit qu’il va falloir augmenter la sécurité dans les aéroports, se soumettre à des fouilles à nu virtuelles, faire du profilage ethnique à fond, attendre en file des heures, le temps de nous créer de nouveau une illusion de sécurité et de nous faire frire aux rayons X potentiellement mutagènes et cancérigènes. » (5)

    Le 4 janvier 2010, la Secrétaire d’Etat US, Hillary Clinton, a déclaré que l’insécurité au Yémen est une menace régionale et globale. Il faut donc armer les Arabes. On apprend, que l’Administration Américaine a signé une série de marchés d’armements à grande échelle avec les pays arabes, en vertu desquels les Etats-Unis ravitaillent l’Egypte, l’Arabie Saoudite, la Jordanie, les Emirats arabes unis, de moyens de combat ultramodernes, comme des missiles antinavires, des missiles antichars, des bombes intelligentes etc. Ces marchés visent à renforcer ce qui est appelé "l’axe modéré dans le monde arabe"…

    En définitive à travers le Yémen c’est la configuration réelle du Grand Moyen Orient qui est modelée. Le pays à abattre est l’Iran accusé d’aider les Houtistes. Pour cela L’Occident est prêt à s’allier à Al Qaida Sunnite pour combattre le chiisme et créer une nouvelle Fitna. Il serait prêt a à libérer les « terroristes » yéménites d’Al Qaida retenus à Guantanamo pour les incorporer dans l’armée yéménite. Des jours sombres se profilent pour le monde musulman du fait de la duplicité des potentats arabes. Après l’Irak, après l’Afghanistan la « démocratie aéroportée » est offerte au Yémen pays de vieille civilisation du mythique Royaume de Saba qui terminera comme l’Irak dans le chaos. Ainsi va le monde …

    Professeur Chems Eddine Chitour
    Ecole Polytechnique enp-edu.dz

    1.The New York Times Le Yémen, troisième front de la lutte contre le terrorisme 28.12.2009

    2.Jeffrey Fleishman Al-Qaida fait son trou au Yémen, Los Angeles Times 30.12.2009

    3. Yemen, une nouvelle guerre impériale qui ne dit pas son nom http//www. 20.six.fr/ basta./art/ 173504043/ 4 .1.10

    4. Abdelbari Atouan Branle-bas de combat au Yémen Al-Quds Al-Arabi 04.01.2010

    5.François Marginean : Le présumé terroriste prend le vol 253 de Northwest sans passeport ; fiché comme terrorisme :
    http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=16831


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  • http://ensemblesnuipp.files.wordpress.com/2008/03/flashball_-_french_police_01.jpgCétait terrible. Des manifestations où les forces de l'ordre ont utilisé armes de poing et matraques en plus des traditionnels gaz lacrymogènes.

    Des gens qui ne demandaient qu'à s'exprimer pacifiquement ont été mutilés, blessés, certains envoyés aux urgences.

    Tout le monde souligna le comportement violent, brutal, cruel des policiers. Beaucoup de manifestants furent arrêtés et emmenés dans les locaux de la police où ils furent à nouveau maltraités et fouillés. Oui, c'est certain, ce régime était sur la défensive. Ses dirigeants préféraient une répression féroce au dialogue qui sied aux vraies démocraties.


    Tout cela se passe en Iran mais aussi en France.


    Certes en Iran, l'état envoie des policiers à moto pour frapper les manifestants voire tuer. Horrible! Barbare!
    Mais, en 1986, Malik Oussékine fut tué par des policiers à moto en plein Paris... C'était il y a longtemps? Dans le gouvernement de 1986, on trouvait une jeune secrétaire d'état, Michelle Alliot-Marie; le ministre de l'intérieur était le gentil Charles Pasqua et un certain Nicolas Sarkozy travaillait dans ce ministère comme délégué interministériel.


    Certes en Iran, les policiers dans les manifestations, utilisent des pistolets mais en France, on a les tasers et les flash-balls qui éborgnent et mutilent comme cela s'est passé par exemple à Montreuil il y a quelques mois.


    Certes en Iran, on torture dans les commissariats, mais dans la France de Sarkozy, on déshabille, on fouille au corps et on humilie.


    Il y a un proverbe qu'on me répétait quand j'étais môme. Bon, je l'ai adapté à l'air du temps : Ne regarde pas le flingue qui vise l'oeil de ton voisin mais le flash-ball qui vise le tien.


    Oui, les iraniens qui s'opposent au régime ont raison de traiter Ahmadinejad de dictateur.


    Oui, nous en France, avons tendance à donner des leçons de démocratie aux pays qui ne nous plaisent pas. C'est sûr que l'Arabie Séoudite, le Gabon, la Guinée, la Libye, la Tunisie et la Chine n'ont pas grand chose à craindre de nos leçons de morale.

     

    Sarkozy a fait la révérence devant le roi d'Arabie Séoudite.


    Le gouvernement français a viré un de ses ministres sur demande expresse d'Omar Bongo du Gabon.


    Patrick Balkany a défendu la junte guinéenne.


    Kadhafi a été reçu en grande pompe à Paris.


    Sarkozy et Fillon défendent les "menus" progrès de la démocratie de la Tunisie qui vient de condamner à plusieurs années de prison un journaliste.


    Sarkozy n'a pas eu un mot pour le dissident chinois qui vient d'être condamné à 11 ans de prison juste pour avoir souhaité plus de démocratie.


    L'UMP a fait du parti communiste chinois un parti "frère".


    Donc, même si la situation est dramatique en Iran, même si l'opposition iranienne en lutte a besoin du soutien du peuple français, n'écoutons pas les suppliques des crocodiles, n'adhérons pas à l'exploitation politique qui est faite par nos dirigeants.

    Eux ont bien d'autres intérêts que ceux du peuple iranien.

    Eux ne voient que l'affaiblissement d'un pays qui leur tient la dragée haute avec courage depuis pas mal de temps.


    Iraniens, faites ce que vous avez à faire avec Ahmadinejad mais n'oubliez pas que les dirigeants occidentaux qui prient pour votre salut aujourd'hui, sont les "dignes" successeurs de ceux qui ont poussé l'Irak à vous faire la guerre pendant huit ans. 800.000 de vos compatriotes y avaient perdu la vie...

    Milton Dassier ici


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