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    Une centaine d’enfants manqueront à l’appel à la prochaine rentrée dans le bassin de Béziers

    Alors que le collectif Roms de Béziers avait, ... quelle folie !, espéré une solution bienfaisante, sensible à la condition desespérée et pitoyable des intéressés, bref une solution humaine, l’expulsion du camp de roms de Servian (situé à environ 15 km de Béziers dans l’Hérault) a été décidée.

    Que vont devenir la centaine d’enfants du camp ?

    Qui s’en soucie ?

    Je vous livre le rapport final du président de l’ABCR (association bitérroise contre le racisme), membre du collectif Roms.

    "Fin d’un épisode ( au 1 er août)

    Les … comment dire … les habitants, les personnes, « les sauvages » … qui se sont « installés » route du Golf à Servian, ont refusé les solutions qui leur ont été proposées par la ville de Béziers, de Servian, la Sous Préfecture … qui s’occupent d’eux, cherchent des solutions depuis longtemps …

    Même un Procureur de la République qui énonce des mensonges en audience publique.

    Non pas qu’il soit un menteur, il rapporte les informations qu’il reçoit, auxquelles il fait confiance, m’a-t-il dit quand je l’ai interpellé en fin d’audience.

    Vive altercation où j’ai même décelé sous des propos sibyllins que « nous » ( ?) serions responsables de cette situation …

    Passons sur les stéréotypes de gens sans documents d’identité parce qu’ainsi ils ne seraient pas reconductibles, non ne passons pas : ces gens sans documents d’identité (quelques uns certes) ont fui la guerre, les spoliations, les crimes et les viols.

    Comment oublier que la migration des Roms d’ex Yougoslavie est une migration récente, que ces personnes se revendiquent toujours Yougoslaves parce que telle est leur unique identité administrative, ni Monténégrins, ni Kosovars ni Serbes … qu’elles n’avaient jamais songé à quitter leur terre, celle où ils sont arrivés dix siècles en arrière, où ils avaient leur maison, leur bout d’espace, où ils vivaient à leur manière, mais où du temps de Tito ils vivaient en paix.

    L’éclatement de l’ex Yougoslavie et la constitution de 6 états indépendants, au prix de dizaines de milliers de victimes, états à base ethnique, religieuse ou nationale a brutalement fait d’eux des indésirables.

    Pourquoi ?

    Inlassablement désignés comme indésirables, nuisibles, le fruit était mûr en 1940 pour qu’on les extermine sans trop de réprobation dans l’Allemagne nazie et ses pays satellites, solution radicale pour en finir avec eux.

    Objets d’un constant dénigrement, les Roms sont les nouveaux juifs. Mais nul ne songera aujourd’hui à les gazer une deuxième fois même si la Bosnie (Srebrenica), la Serbie, le Kosovo (camps de réfugiés Roms sur des terrils de mine de plomb) … eux aussi ont eu recours à l’extermination de musulmans, de Roms … d’indésirables, parce que musulmans ou Roms.

    Roms mais non moins humains, Roms mais non moins animés du même instinct de survie que n’importe lequel d’entre nous, tous ceux à qui malgré tout il restait assez de forces et de dignité pour refuser les mauvais traitements ont fui l’ex Yougoslavie.

    Auraient-ils dû rester et se faire allègrement massacrer sur place, spolier sans rien dire, voir leurs maisons détruites et cohabiter quand même avec ces voisins ou « amis » qui tout à coup se sont retournés contre eux ?

    Ces familles ne reviendront pas en Ex Yougoslavie, plutôt crever. Quand aux Roumains et autres Bulgares, Roms aussi, au « camp de la Baume » aussi, « affranchis » il y a cent ans à peine, méprisés et rejetés, les plus pauvres des pauvres ont tenté leur chance ailleurs lors de l’adhésion de leur pays à l’Europe.

    Ils ont vite compris qu’ici ce serait difficile, très difficile de vivre, mais survivre c’est ici plus facile que chez eux, ici la ferraille avec abnégation et huile de coude peut permettre de manger un peu tous les jours, ceux qui ont des enfants le plus souvent restent.

    D’autres partent (22 départs volontaires (prise en charge OFII) sur ce site), faudrait voir leur joie quand ils embarquent au TGV de 7h37 direct Roissy puis vol direct Bucharest ; ici c’est raté mais il rentrent chez eux, chez eux depuis des siècles aussi.

    Au moins là bas même s’ils retrouvent intacte la misère qu’ils ont laissée ils retrouvent aussi père mère, enfants parfois, famille et lieux habituels, même s’ils sont « parqués » entr’eux, même si les enfants n’iront pas à l’école (très peu d’enfants Roms y sont scolarisés), même s’ils vont mourir avant 55 ans, leur espérance de vie conséquence de la misère chronique, du manque de soins … de tout ce que subissent partout tous les parias.

    Roms d’Europe centrale ou des Balkans, pour les uns comme pour les autres partout le même dénigrement, pas seulement en Italie, pas seulement en Allemagne, pas seulement en Autriche, en France aussi, à Béziers notamment.

    Déchaînement de la presse régionale, pas un jour sans que des informations (mais qui donc les « informe » ?) à propos du « camp de la Baume » ne les présentent comme de dangereux asociaux.

    Pas un jour sans qu’ils ne soient collectivement et sans ménagement livrés à la vindicte populaire.

    Quelques récents exemples seulement :

    - « un bon nombre de Roms appartenant à un réseau de cambrioleurs (opération barillet 34 ) », Midi Libre 30 juillet.

    Est-ce que 1 ou 2 constitue « un bon nombre », parce que la dite opération s’il elle a conduit à 10 interpellations sur le site s’est adressée à 4 personnes dont 3 conduites en centre de rétention pour séjour irrégulier (et comme d’habitude relâchées au bout des 15 jours règlementaires de rétention, faute de laisserpasser consulaire) , et la quatrième, une mère de 6 enfants relâchée le jour même, à 4 personnes relâchées le lendemain sans qu’aucune charge ne soient retenue contre elles, et enfin à 2 personnes, placées sous mandat de dépôt (l’une des deux est toujours incarcérée) .

    - Interpellations du 27 juillet Midi Libre … « présomption de vols », entr’autres accusations, … sauf que de cela il n’en a jamais été question à l’audience.

    - Un lieu où il serait difficile d’entrer toujours Midi Libre : inconscient cet enseignant qui, avec l’accord de sa hiérarchie, a fait travailler ses élèves avec les enfants du site.

    Quelle frayeur rétrospective pour les parents …

    Quelle inconscience chez ceux qui, comme nous, sont quotidiennement sur le site.

    Nous qui pouvons affirmer que mensonges et calomnies orchestrées sont le lot commun de ce que nous lisons et entendons.

    101 enfants et jeunes adolescents plus leurs parents et quelques personnes isolées, telle était la composition du groupe qui vivait là, faute de mieux.

    Ils auraient bien voulu vivre ailleurs, éviter la promiscuité, retrouver des conditions d’hygiène acceptables, quitter ce « camp pourri », éviter à leurs enfants la présence et les morsures de rats, mais aller où ?

    Que les élus et autres décideurs se rassurent, le « camp de la Baume » n’existe plus ou presque ; seuls ceux qui n’ont pas encore trouvé l’ailleurs sont encore là, mais ils trouveront. Pauvres et têtus, obstinés à survivre ils n’auront pas le mauvais goût de se suicider sur place, même si un vent de panique a soufflé cette semaine sur le site : les familles se sont éparpillées dans la nature, n’importe où, n’importe comment, caravanes qui cassent dans la précipitation, tension …

    Et désolation : harcelés quotidiennement, humiliés, désemparés, faut voir … quelle tristesse !

    Le sentiment de n’être que du bétail, des animaux qui n’auraient ni conscience ni états d’âme, ni émotions, ni joies ni peines, ni amour les uns pour les autres, les enfants pour leurs parents les parents pour leurs enfants, honte de ne pouvoir faire mieux, plus, autrement …

    Qui peut encore imaginer l’humiliation d’un père ou d’une mère rudoyé, verbalement certes, que psychologiquement certes, mais ainsi maltraité sous les yeux de leurs enfants, éteints depuis quelque temps …

    qui peut encore imaginer la douleur de tous, parce que même les animaux souffrent des mauvais traitements.

    Ils s’en remettront, ils ont l’habitude.

    Certes ils ne seront plus sur la commune de Servian mais ils restent autour de Béziers ( déjà se profilent de nouveaux ghettos) : n’en déplaise aux imbéciles ils ont le souci de la scolarisation de leurs enfants, ils ont le souci de poursuivre aussi leur travail, et oui ils travaillent, la ferraille, nos déchets, faut voir ce qu’ils en tirent encore de ce que nous jetons, faut voir ces adolescents(es) qui retirent le cuivre des alternateurs (2€ le kg – 1 kg à l’heure à peu près – 10 heures, 20 euros, on mange, même à 5 ou 6 ou plus), non ils ne vivent pas d’aide sociale même s’ils perçoivent dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance une aide du Département (90 euros pour 1 enfant, 135 pour deux, plafonnée à 500 pour 6 enfants et plus, aide qui n’est pas mensuelle parce que soumise à conditions comme celle d’un entretien préalable qu’ils manquent parfois comme ils manquent d’autres rendez-vous, véhicule indisponible, pas d’essence ... ou simplement oubli, du jour, de l’heure).

    Au passage n’oublions pas les travailleurs sociaux du Département, les seuls qui se soient préoccupés du sort de ces enfants, les seuls qui avec constance se soient intéressés à eux, enfants et enfants seulement, ni origine ethnique qui vaille, ni religion ou comportement des parents qui vaille, tous enfants d’abord.

    Songez que l’agglo a refusé de leur porter de l’eau, même non potable avions-nous demandé, pour rafraîchir et/ou laver les gosses.

    Ils ont refusé !

    Inutile de revenir sur l’attitude du maire de Béziers et de son premier cercle, technique, administratif, politique, hermétique à toute considération pour ces personnes, affichant ostensiblement leur seul et unique souhait : ailleurs !

    Inutile de revenir sur le député, il n’a même pas eu la courtoisie de répondre à notre demande d’entrevue, il est vrai que nous n’avions pas d’inauguration à lui proposer, pas de photo à prendre pour l’afficher dans la presse locale, juste lui exposer la situation au cas où il ne la connaîtrait pas et lui demander son appui dans la recherche de solutions : une incroyable audace de notre part !

    Mais revenons sur l’agglo : pas un seul maire ou autre élu qui se soit préoccupé du sort de ces familles et en particulier de ces 101 enfants ou adolescents, pas un !

    Comment est-ce possible que pas un seul ne s’en soit soucié ?

    Revenons aussi sur le comportement de l’Etat en la personne du Sous Préfet et de ses services : en eux nous avions un brin de confiance, depuis février ils étaient les seuls à affirmer une volonté, que nous avions fini par croire sincère, de régler ce « problème » humainement (dixit le S Préfet) malgré l’opposition affichée aux deux réunions où nous avons participé de cet aréopage de gens importants, tous affublés de titres de chef de ceci ou de cela … tous hostiles, mis à part les représentants du CG et de l’Education Nationale.

    Brutalement changement de cap : tout le monde dehors avant le 5 août et pour cela mettre la pression sur les familles !

    Sans que solution ne soit apportée, retour un an en arrière, retour aux mêmes méthodes de harcèlement (violentes parfois comme cette menace, s’ils ne partaient pas, d’incarcérer les parents et placer les enfants à la DASS … Résultat, dans la précipitation des enfants « partaient » chez des parents ou amis, jusqu’à St Etienne !) .

    Une dernière chose, le comportement des gendarmes de base, je ne parle pas ici de la hiérarchie, zélée parce qu’ambitieuse, mais du commun, comme tout employé commun des services de l’Etat, dans leur immense majorité ils respectaient les personnes, savaient rester courtois … jusqu’à ces derniers jours et l’ordre de les faire partir impérativement avant le 5 août, là le ton a changé, les méthodes aussi.

    Les ordres, le résultat !

    La hiérarchie ?

    C’est pas la peine d’en parler, c’est vraisemblablement elle qui « informe » la presse régionale, presse qui ne prend pas la peine de vérifier ce qui lui est rapporté, ou bien source qu’il ne faut pas contrarier parce qu’alimentant quotidiennement en faits divers.

    Nous nous en tiendrons là, mais nous aurions encore tant à dire.

    Si, pour finir :

    Qu’il y ait des imbéciles parmi eux aussi, des gens peu sympathiques, des ivrognes, des délinquants autres qu’alimentaires … évidemment ; comptez les sur les doigts de deux mains si vous voulez, mais ni plus ni moins que dans nos villages ou nos rues.

    Depuis que nous les fréquentons (bientôt trois ans pour certains) nous avons fini par apprécier l’immense majorité de ces personnes.

    Oui nous les estimons ces va-nu pieds, c’est aussi la raison de l’interpellation véhémente du Procureur, parce qu’il n’est pas acceptable de laisser « rapporter » , quelle qu’en soit la source, des mensonges tendant encore et toujours à les discréditer et à ne donner d’eux que l’image d’une bande de sauvages sans foi ni loi qui est à nos portes, prête à nous envahir si nous n’y prenons garde.

    Ce ne sont que des gens communs qui aspirent à vivre paisiblement, pas très loin de nous, parce qu’ils savent que parmi nous c’est pas demain la veille."

    Mohamed BOUJADDI

    Source 



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  • Fort avec le faible, faible avec le fort : l’anticonformisme de la revue Médias

    Publié le 4 août 2009 par Ugo Palheta

    Dans son dernier numéro (été 2009, n°21), la revue Médias [1] propose – en collaboration avec HEC [2] – un « manifeste pour la liberté de dire » sous la forme de débats entre des « personnalités de tous bords ». Un tel appel ne pouvait que retenir notre attention. Pourtant, à la lecture, cette liberté semble se réduire à celle du « renard libre dans le poulailler libre », c’est-à-dire à la liberté des journalistes dominants de s’exprimer, comme ils l’entendent, selon le principe simple : fort avec le faible, faible avec le fort. Rien à voir, en somme, avec une critique radicale des médias et une lutte conséquente pour une presse indépendante et pluraliste.

    Les tenanciers des médias dominants aiment à penser d’eux-mêmes qu’ils vont à rebours des idées dominantes, et les barons du journalisme semblent prendre d’autant plus volontiers des poses de libres-penseurs et d’anticonformistes qu’ils se plient à la défense des intérêts dominants [3]. Comme l’actuel président de la République, il leur plaît d’alterner l’appel à « briser les tabous » et le rappel au « bon sens », la critique de l’ « idéologie dominante » (bien entendu de gauche) et l’affirmation du cela-va-de-soi (évidemment de droite). Il serait pourtant peu judicieux d’y voir une contradiction, car ce n’est là qu’un va-et-vient entre deux usages différents d’une même force, de deux formes que prend la vulgate médiatique. Celle-ci ne peut en effet atteindre sa pleine efficacité sans que le discours critique (ou apparemment critique) soit lui-même accaparé par les porte-voix des médias dominants et, notamment, par les intellectuels médiatiques et autres « doxosophes » dont parlait Pierre Bourdieu. Ces derniers ne se contentent donc pas de produire du consensus sur l’organisation (capitaliste) de l’économie, le fonctionnement (antidémocratique) de l’Union Européenne ou la diplomatie (néocolonialiste) française ; il leur faut encore délimiter les cibles et les frontières de ce qu’il est légitime de critiquer. Or, le principe dont procède ce type de critique – interne au champ médiatique – demeure inexorablement le suivant : faible avec les forts, fort avec les faibles.

    I. Inventer de « nouveaux maîtres »

    Le dernier numéro de la revue Médias relève de cette catégorie en proposant à des gens de médias aussi contestataires que Sébastien Cauet ou Bernard Pivot de nous expliquer comment « cultiver son ambigüité » ou « savoir dire non », et en se présentant sous la forme – volontairement tapageuse – d’une Marianne bâillonnée :

    La stratégie rhétorique employée ici est bien connue puisque la revue ne fait guère que plagier un journaliste-intellectuel lui-même condamné pour plagiat il y a quelques années [4] : Alain Minc. Cet anticonformiste de cour avait en effet fondé l’une de ses livraisons annuelles, dont on sait qu’elles lui valent immanquablement et instantanément une invitation dans toutes les émissions de « débat » [5], sur le même type de stratégie, sous le titre pompeux : Epître à nos nouveaux maîtres (2002).

    Cette stratégie rhétorique repose sur une inversion de la réalité et des apparences et consiste, en quelque sorte à faire apparaître les rapports de domination la tête en bas. Vous vous imaginez que les dominants sont plutôt riches, hommes, blancs, hétérosexuels, bien-portants ; vous avez tout faux, car ces derniers subissent quotidiennement les foudres des pauvres, des femmes, des noirs, des arabes, des juifs, des homosexuels et des handicapés. Si les médias sont ainsi muselés, c’est que ces « nouveaux maîtres » empêchent les journalistes de s’exprimer comme ils l’entendent et de faire, en toute « liberté », l’éloge des privilèges et des privilégiés. Convenez-en : le monde est mal fait, et cela suffit à justifier les pleurnicheries d’enfants gâtés d’Alain Minc et de la revue Médias. La vérité de cet anticonformisme de pacotille est d’ailleurs énoncée très clairement dans la revue par une journaliste qui a accumulé une grande partie de son capital médiatique en cultivant une apparence de critique des médias et une apparente impertinence dans des journaux aussi corrosifs que le Figaro et le Point, et dans des émissions aussi décapantes que « Culture et dépendances » (du très-subversif Franz-Olivier Giesbert) ou « Le premier pouvoir » [6] : Elisabeth Lévy. Celle-ci affirme donc : « Nous sommes plombés par un terrible esprit de sérieux . Défense de rire ! Les handicapés, les homosexuels, les Juifs, les jeunes à capuche et les ouvriers licenciés ont aussi le droit qu’on se foute de leur gueule  » (p. 31). Derrière la nécessité et l’urgence de se « foutre de la gueule » des handicapés ou des ouvriers licenciés, ne reconnaît-on pas là le principe évoqué plus haut : fort avec le faible, faible avec le fort ?

    II. Inventer une « idéologie dominante »

    Cet anticonformisme d’apparat revient à retourner le célèbre constat formulé en 1847 par Marx et Engels, et d’affirmer : les idées dominantes d’une époque [en l’occurrence la nôtre] sont les idées des dominés. L’avant-propos de ce numéro de la revue Médias« le camarade Marx » et tente de placer sa propre critique sous l’aile subversive du concept marxiste d’ « idéologie dominante », : « Ainsi faudrait-il toujours se couler dans le moule de pensées correctes, labellisées, agréées, non par le pouvoir […] mais évoque d’ailleurs avec familiarité par cette ’’idéologie dominante’’, dont parlait le camarade Marx et qui n’est rien d’autre qu’un fatras de convenances, de morale à quatre sous, d’idées communes à tous , qui tient lieu de références inconsciente, et pèse de tout son poids sur les rédactions comme dans l’édition » (p. 7). C’est là retirer à ce concept toute la contestation politique qu’il recèle car, pour Marx et Engels, l’ « idéologie dominante » désigne bien autre chose : « les pensées de la classe dominante [l’ « idéologie dominante »] sont aussi, à toutes les époques, les pensées dominantes, autrement dit la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est aussi la puissance dominante spirituelle » [7].

    L’origine des idées dominantes – pour Marx, la classe capitaliste et sa domination matérielle – est ainsi passée sous silence, noyée sous « un fatras de convenances, de morale à quatre sous, d’idées communes à tous ». Si cette idéologie est d’autant plus dominante qu’elle est partagée par tous, elle n’est pas sans servir des « clans » et des « groupes de pression » qu’on préfère ne pas nommer, comme nous en avertit l’auteur de cet éditorial (assez prudent toutefois pour ne pas les nommer) : « Pire que d’une censure en bonne et due forme, nous pourrions bien être victimes d’un air du temps, de réactions de clans [lesquels ?], de groupes de pression de toutes sortes [lesquels ?]  ». De même, voilà qu’apparaissent ces « directeurs de conscience [lesquels ?] qui disent du haut de leur chair ce qui est décent et ce qui ne l’est pas, ce qui est convenable ou non ». Rien n’est plus commode que de s’inventer des ennemis imaginaires (ces « clans », ces « groupes de pression », ces « directeurs de conscience »), sans les nommer : chacun pourra choisir ceux qui lui conviennent ; et rien n’est moins critique que de s’abstenir de les désigner précisément alors qu’on se targue de briser les tabous. Cette critique à la cantonade ne convainc guère, tant l’auteur de ce texte semble coincé entre deux conceptions de l’idéologie : comme « air du temps » commun à tous ou comme venin inoculé par d’innommables « groupes de pression » et d’invisibles « directeurs de conscience ».

    III. Inventer des « parias à vie »

    On ne peut d’ailleurs que s’étonner de voir autant de résistants à « l’air du temps » (qui prétendent refuser les « convenances médiatiques »), ou de « parias à vie » comme les désigne la revue Médias, parader et bouffonner régulièrement dans les médias. Outre Elisabeth Lévy, on compte notamment dans ces « personnalités de tout bord » le journaliste et animateur Henri Chapier, le député UMP Christian Vanneste, le dessinateur du Monde (depuis 1985) Plantu, l’avocat général Philippe Bilger, le comédien Guy Bedos, l’écrivain d’extrême-droite Alain Soral et le professeur d’islamologie Tariq Ramadan (tous deux habitués des plateaux télé). On comprend qu’il était urgent de réunir – « en partenariat avec HEC » – de telles sommités et de tendre enfin un micro à tant de « parias ».

    Mais ne soyons pas avares de compassion pour ces courageux contempteurs de l’idéologie dominante, victimes de toutes les infamies : « qui ose faire fi de ces nouvelles prescriptions est montré du doigt. Utilisez-vous un vocabulaire trop cru , refusez-vous les non-dits imposés  ? Vous voilà affublé d’un de ces qualificatifs qui font de vous un paria à vie  : homophobie, raciste, antisémite ». Des exemples d’accusations gratuites existent, il est vrai [8]. Mais la revue Médias n’en fournit guère. A défaut, mais à charge, il suffit peut-être de puiser dans le répertoire d’un des invités de ce dossier : Alain Soral. Celui-ci, présenté sommairement comme « écrivain », était jusqu’en février 2009 membre du comité central du Front National et s’est présenté aux élections européennes sur la liste d’extrême-droite de Dieudonné. On aurait apprécié que la revue Médias fasse preuve de cette précision dont elle parle avec tant de véhémence quand elle critique (à raison) « des médias peu soucieux de vérifications et de précisions » (p. 7). Soral s’était illustré en 2004 dans une émission de France 2 (« Complément d’enquête »), par des propos qui lui valurent en 2007 une condamnation pour antisémitisme [9]. Est-ce là ce « vocabulaire trop cru » ou ce refus des « non-dits imposés » vantés par la revue Médias ? Quand on souhaite critiquer les censures et les autocensures médiatiques (vœu louable), sans pour autant « cautionner les déclarations de personnes ou de groupes prônant la haine de l’autre » (p. 7), ne vaut-il pas mieux choisir soigneusement ses interlocuteurs, c’est-à-dire les choisir hors du périmètre de l’extrême-droite ?

    IV. Faire diversion

    En quoi consiste, somme toute, l’imposture principale de ce dossier ? Dans l’idée exprimée dans cet avant-propos que ce serait « braver une sorte d’interdit » que de « débattre de tout, avec tout le monde ». « Avec tout le monde ? » Mais quels sont réellement, socialement et idéologiquement, ceux qui sont interdits de débat ? Ceux qui s’expriment dans la revue Médias et eux seulement ? « Débattre de tout » ? Mais quels sont les thèmes effectivement minorés dans les débats ? Et quelles sont les conditions requises pour qu’un débat ait effectivement lieu ? En effet, s’il est bien un principe qui va à l’encontre des logiques qui régissent le « débat public » dans les médias dominants, c’est bien celui qui impose de sélectionner rigoureusement ses interventions médiatiques, et notamment dans les « débats » qui y sont organisés. Comme l’explique avec force l’économiste Frédéric Lordon [10], et Pierre Bourdieu avant lui [11], on ne peut débattre correctement sans s’interroger sur le dispositif médiatique qui encadre la prise de parole. En effet, les conditions de cette prise de parole, de même que la composition du plateau et la répartition du temps alloué aux protagonistes, définissent en partie les limites de ce qui pourra, ou non, être dit.

    Cette critique du « politiquement correct », qui se donne comme une critique des médias, ne saurait être la nôtre. La mystification (à peine sophistiquée) sur laquelle elle s’appuie – le soi-disant renversement des dominations présidant à l’avènement d’une nouvelle « idéologie dominante » – n’a d’autre fonction que de faire oublier la perpétuation de ces dominations, et précisément de certaines d’entre elles : sexisme, racisme, homophobie. Elle tend en outre à disqualifier préventivement les mobilisations qui visent à les faire reculer. De surcroît, inventer de « nouveaux maîtres » (si puissants qu’ils se rendraient invisibles) constitue un moyen confortable de passer sous silence l’emprise des forces économiques et du gouvernement actuel sur les grands médias. Enfin, élever au rang de résistants à cette « idéologie dominante » des « personnalités » qui ne doivent leur capital de contestation qu’à leurs apparitions répétées dans ces médias, n’est qu’une manière de manifester le pouvoir médiatique de consécration – y compris de ceux qui sont appelés à jouer, dans les médias, le rôle de « contestataires ».

    Une telle « critique » – aussi imaginaire que les ennemis qu’elle désigne – n’est donc pas seulement insuffisante : parce qu’elle détourne l’attention des véritables dominations et appelle insidieusement à faire de la liberté d’expression un instrument de combat au service des plus conformistes des anticonformismes (quand ce n’est pas au service des préjugés les plus réactionnaires), elle consacre le statu quo qu’elle prétend contester et tourne le dos aux indispensables combats pour des médias pluralistes et indépendants des pouvoirs.

    Ugo Palheta

    Notes

    [1] Sur cette revue, voir l’article : « Sacro-saint libéralisme : la revue Médias se prosterne ».

    [2] Une telle collaboration, avec une école dont la fonction tient tout entière dans la formation des futurs dirigeants et managers des grandes entreprises, en dit long sur l’orientation du dossier analysé ici.

    [3] Qu’on pense à l’inoxydable Jean-Michel Apathie, dont toutes les prétentions à l’anticonformisme reposent sur ses appels, vibrants et répétés, à la rigueur budgétaire ou à la défense des patrons « séquestrés ». Voir par exemple : « Cette violence de Besancenot que questionnent les questionneurs ».

    [4] Cf. l’article de PLPL à ce sujet : « Le PPA frappé en plein cœur ».

    [5] Voir « Connivences et complaisances : le marathon promotionnel d’Alain Minc ».

    [6] Sur cette émission et ses indignations sélectives, voir par exemple : « ’’Le Premier pouvoir’’ pris de compassion pour Hervé Gaymard et les « élites » et « ’’Le Premier pouvoir’’ à l’assaut du mouvement social ». Sur la suppression arbitraire de cette émission, lire : « Fin de l’émission “Le Premier pouvoir” ».

    [7] K. Marx et F. Engels, L’idéologie allemande, Editions sociales, p. 87

    [8] Pour exemples, lire le dossier « Chavez antisémite ? … Le journalisme d’imputation », ou encore « Nouvelle insanité contre Bourdieu : Finkielkraut propose d’en débattre sur France Culture ».

    [9] « Quand avec un Français, Juif sioniste, tu commences à dire “y a peut être des problèmes qui viennent de chez vous. Vous avez peut-être fait quelques erreurs. Ce n’est pas systématiquement la faute de l’autre, totalement, si personne ne peut vous blairer partout où vous mettez les pieds.” Parce qu’en gros c’est à peu près ça leur histoire, tu vois. Ça fait quand même 2500 ans, où chaque fois où ils mettent les pieds quelque part, au bout de cinquante ans ils se font dérouiller. Il faut se dire, c’est bizarre ! C’est que tout le monde a toujours tort, sauf eux. Le mec, il se met à aboyer, à hurler, à devenir dingue, tu vois. Tu ne peux pas dialoguer. C’est à dire, je pense, c’est qu’il y a une psychopathologie, tu vois, du judaïsme sionisme qui confine à la maladie mentale »

    [10] Voir « Accéder aux médias dominants ? À quelles conditions ? ».

    [11] Dans son « Analyse d’un passage à l’antenne ».

    Source 


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  • Mise au point à propos des "camarades" de la Fédération Anarchiste et autres libertaires

    mardi 4 août 2009

     

    « Une organisation qui se définit comme la gardienne des traditions idéologiques du mouvement anarchiste devient nécessairement conservatrice et finit toujours par considérer toutes les initiatives d’attaque - particulièrement quand elles ne sont pas sous son contrôle - avec soupçon et préoccupation. »
    Alfredo M. Bonanno, Dans l’introduction de Sabate, 1985.

     

    Le 11 Novembre 2008, jour de l’arrestation lyrico-mediatique et antiterroriste des dits « neufs de Tarnac » en Corrèze, la Fédération Anarchiste (FA) nous gratifiait d’un communiqué [1]dans lequel nos libertaires dénonçaient le manque de preuve contre les arrêtés accusés d’une nuit de sabotages à grande échelle du réseau ferré de la SNCF.

    Elle y explique que techniquement, les éléments de l’enquête étaient insuffisants pour accuser ceux de Tarnac. Elle s’étonne également que les auteurs des sabotages de novembre 2007, eux, n’aient pas été appréhendés aussi rapidement. Elle introduit également l’idée d’un complot de la SNCF dans le but de faire oublier sa volonté de fermeture de l’activité du fret, l’affaire des sabotages « tombe à point pour faire passer la pilule ».

    L’on peut déjà noter que la FA préfigure dans son communiqué la stratégie de défense des co-inculpés du 11 novembre et de leurs avocats qui, en rentrant sur le terrain de la « preuve objective », éviteront ainsi de ré-affirmer quelques principes de base comme la destruction de toute les prisons et la liberté pour tout les prisonniers.

    Permettant également de n’affirmer de solidarité qu’envers les cas d’ « injustice », c’est à dire les cas dans lesquels le droit pénal est malmené à des fins politiques. En quelques sorte, et comme l’ont fait les avocats des inculpés, il s’agit de corriger une « dérive » de l’Etat de Droit, et donc permettre ainsi à l’Etat de devenir plus juste et plus équitable. Rien d’etonnant, certes, pour ces adeptes du « welfare state ». Mais il y a un « Mais ».

    Historiquement, l’anarchisme est un courant fondé sur la négation du principe d’autorité et le refus de toutes contraintes découlant des institutions basées sur ce principe, la base minimale d’accord entre les divers sous-courants étant la destruction de l’Etat sous toutes ses formes. Or, il était urgent pour nos libertaires de corriger le tir d’une justice à la dérive, et ce, en apparaissant le plus vite possible pour affirmer leur solidarité… avec l’Etat de droit. Et qui sait, peut être qu’à force de conseiller la justice, la FA obtiendra des subventions assez juteuses pour investir dans son abolition. Mais on entend déjà les mauvaises langues dire que la FA n’est en fait ni anarchiste, ni contre l’existant.

    Le jour même des arrestations, alors que les divers syndicats de cheminots et partis d’extrême gauche affirmaient ne pas être impliqués dans ces sabotages, un « responsable de la Fédération anarchiste nationale » réagissait dans le journal de France 3 Limoges à 19h. Il y affirmait qu’aucun militant de la FA n’était impliqué [2]et que de toute manière, ces pratiques de sabotages n’étaient pas celles de la FA. Rebelote, la FA qui a toujours prétendu lutter contre l’image de l’anarchiste incendiaire de la belle époque, « l’anarchiste poseur de bombe », réaffirme son intégration au système et la condamnation systématique de toute attaque contre ce qui nous détruit (avec ou sans bombes) comme par exemple, le TGV et le monde qui le produit.

    D’abord elle affirme ne pas être impliquée, facilitant le bon déroulement de l’enquête. Que dire d’anarchistes plus prompt à affirmer leur innocence qu’à affirmer une solidarité de principe contre ce monde ? Il y a déjà un peu de la balance ou de l’indic dans celui qui, alors qu’on ne lui avait rien demandé, affirme son innocence en montrant patte blanche au supposé ennemi pour l’aider à pointer du doigt et à isoler (pour mieux réprimer) les « méchants », ceux qui passent à l’acte sans attendre.

    Elle s’arroge également la place convoitée du « gentil », de l’anarchiste de gauche, certes un peu contestataire, mais qui ferait pas de mal à une mouche, ou à l’Etat. Les « méchants » en l’occurrence, sont tous ceux qui, ne jouant pas la carte de l’innocentisme, font le choix d’assumer leurs idées et de garder la tête haute face à l’ennemi. Ceux qui croupissent en prison depuis trop longtemps dans l’indifférence totale de nos libertaires, certains d’entre eux sous juridiction antiterroriste. Est-ce vraiment là le rôle d’une organisation qui se prétend anarchiste de distinguer les bons saboteurs des mauvais saboteurs ?

    Ensuite, elle condamne l’acte en affirmant que ces pratiques ne sont pas les siennes, que « si le sabotage est une arme à laquelle peut légitimement recourir le mouvement social dans une situation où un rapport de force s’est constitué, il n’est en revanche d’aucune utilité dans le cas contraire » en ajoutant tout aussi péremptoirement que « les cheminots-es le savent ».
    Si le recours à des termes comme « Légitime » est déjà largement significatif, on peut se pencher plus en détail sur cette phrase citée plus haut et extraite du communiqué du 11 Novembre de la FA.

    Déjà, le sabotage est une arme à laquelle ne peut recourir que le mouvement social, donc par extension, qui ne peut être le fait d’individus. Cet avilissement de la liberté individuelle au profit de la pression d’un groupe social est typique d’une certaine pensée. Ce « débat », a toujours été celui qui opposait (entre autres) anarchistes et marxistes. Aujourd’hui il est celui qui oppose -entre autres également, et quasi uniquement en France- libertaires organisés et anarchistes autonomes de tout partis, syndicats et autres organisations permanentes telles que la FA, la CNT, la CGA, AL et autres subvertisseurs des « masses ».

    Selon nos libertaires, il faudrait donc que les révoltés contiennent et contrôlent leur rage, qu’ils attendent l’assentiment du fantomatique mouvement social pour l’exprimer. Il s’agit au final d’attendre la révolution imaginaire qu’ils nous promettent depuis 150 ans déjà, le grand soir messianique qui arrangerait tous nos problèmes et ferait de nous des êtres neutres et assainis de toute colère. Cette négation de la guerre sociale est donc aujourd’hui devenue la base d’accord entre les divers libertaires en recherche de respectabilité, de la FA à Alternative Libertaire en passant par No Pasaran, la CNT et José Bové.

    Comme nous l’avons déjà vu dans un autre numéro [3], il y a toujours deux poids et deux mesures en ce qui concerne la révolte, le sabotage ou la reprise individuelle. Mais il faut être aveugle ou mal intentionné pour ne pas reconnaître l’attaque (individuelle ou collective) comme l’une des armes classique des anarchistes, mais surtout des exploités [4]. De tout temps, l’oppression a vu ses fondations fragilisées par le refus en acte de sa bonne marche. En outre, nos fins analystes, affirmant péremptoirement que « les cheminots-es le savent », refont soigneusement l’histoire en révisant les nombreux actes individuels de résistance des cheminots de 39-45, en passant par 1995 jusqu’à là réforme des régimes spéciaux en 2007. Et en effet, nous n’avons que très peu entendu la FA, lorsque des cheminots étaient accusés d’actes de sabotage et incarcérés ces dernières années. A croire que la taxidermie fait des merveilles.

    Anarchistes ! désertez les organisations permanentes.

    Quelques libertaires, qui n’hésiteront pas, lorsque des anarchistes se mettront en travers de leur route.

     

    Notes

     

    [1] Sabotages sur les lignes SNCF : Communiqué de la Fédération Anarchiste, 11 Novembre 2008.

     

    [2] ouf, on avait tous peur qu’elle ne sorte du cadre imposé de la légalité, et qu’elle perde ainsi en credibilité vis-à-vis des medias et de l’Etat.

    [3] Cf. Deux poids, deux mesures, de l’onanisme en milieu militant dans Non Fides N°3

    [4] D’ailleurs nos libertaires ont l’air d’accord avec cette affirmation, mais uniquement lorsque l’attaque est le fait d’un passé glorieux ou d’une tentative d’insurrection exotique


    Suite de l’adresse aux militants de la FA

    Anarchistes, investissez dans l’épicerie !

    mardi 4 août 2009

     


    Voici que la Fédération Anarchiste remet le couvert sur la cocotte.
     

    En effet, Hugues Lenoir, « porte-parole de la Fédération Anarchiste Française » –ainsi qu’il se présente lui-même-, a donné une interview à l’intérieur de la librairie munie d’antivols de la Fédération Anarchiste (Publico) à la chaîne parlementaire (LCP) - canal interne de télévision de l’assemblée nationale et du sénat créée en 1993 ayant « mission de service public, d’information et de formation des citoyens à la vie publique, par des programmes parlementaires, éducatifs et civiques. ». Le tout à l’occasion d’un numéro de l’émission « Ca vous regarde » consacrée à « l’ultra-gauche » et diffusée le Lundi 4 mai 2009.

    Contents de la réussite de nos camarades anarchistes dans les hautes sphères parlementaires et ne voulant en rien gâcher une carrière politique si prometteuse pour nos compagnons si respectables, nous resterons corrects, malgré la tentation compulsive. Mais tout de même, nous nous sentons plus proches de l’anarchiste Vaillant qui lui, en 1893, n’entra au parlement que pour y foutre une bombe. Mais allons aux faits.

    Après avoir précisé que les « anarcho-autonomes » refusaient de répondre à ses questions, le journaliste explique alors qu’il fut obligé de se rabattre sur la FA, dont voici la déclaration fidèlement retranscrite de notre cher porte-parole Hugues Lenoir : « ils sont relativement anti-organisationnels, de ce fait ils ne sont pas complètement les amis de la fédération anarchiste qui justement pense qu’il faut organiser le mouvement anarchiste pour qu’il soit un petit peu plus présent et efficace du point de vue des évolutions sociales. »

    Rien de neuf sous le soleil donc, La FA se dissocie de nouveau en espérant ne pas être les prochains sur le tableau de chasse, mais cette fois ci à la télévision, avec un porte-parole officiel et qui plus est sur la chaîne étatique parlementaire. Il précise pourtant que « ces jeunes gens, de façon contradictoire, développent des pratiques qui nous sont extrêmement sympathiques ; par exemple installer une épicerie dans un village rural, développer des pratiques d’autogestion, développer une espèce de culture locale, ça c’est des choses que nous aussi on fait ici ou là ».

    Ce que tout bon soldat de la FA doit retenir là, c’est que plutôt que de foutre le feu à ce monde comme Vaillant, il vaut bien mieux monter sa petite entreprise au sein de la communauté rurale, et en auto-gestion, comprendre en SARL. On y avait pas pensé.

    Un anarchiste n’a plus d’excuse pour traîner ses guêtres dans cette foutue chiourme new-age, décroissante, bobo et chantre du retour à la terre. A bons entendeurs.

    Browning.

    Extrait de Non Fides N°IV.

     

    Non contente de lutter pour l’aliénation par l’organisation, l’alter-capitalisme et le maintien de ce monde, ou plutôt sa non-destruction, la Fédération Anarchiste n’est plus à une ou deux contradictions prés. Ci-dessus, la une du Monde Libertaire N°1555, hebdo avec code barre officiel de la FA.

    Ce cocktail molotov que l’on voit sur cette couverture d’un gout particulier dans une pure tradition folklorique, est de même facture que ceux utilisés par les amants de la liberté de Clichy-Sous-Bois ou de Villiers-Le-Bel et de tous les autres emeutiers dont la FA s’empresse toujours de dénoncer la violence, "l’irresponsabilité" et "l’auto-destruction". De la mythomanie esthétique comme art de l’exorcisme et expiation des actes manquants.

    Ces prestidigitateurs nous expliquerons un jour comment ce qui dans la réalité se manifeste sous la forme d’un petit commerce, peut-il, mis sous la forme d’un dessin mytho, devenir un cocktail molotov. L’anarchisme c’est l’attaque, l’auto-defense c’est le repli.

    Source 


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  • Les autorités de Santé des pays membres de l’Alternative Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique (ALBA) ont approuvé vendredi à La Paz, le registre de santé unique permettant l’accès universel aux principaux médicaments, dans le cadre de la deuxième Rencontre de Coordination et de la première Réunion Technique du Centre de Régulation des Médicaments. / ABI, 31 juillet 2009, La Paz.

    Des médecins des neufs pays membres de l’ALBA (Bolivie, Cuba, Dominique, Equateur, Honduras, Nicaragua, Saint-Vincent et Grenadines, Venezuela) se sont réunis pendant trois jours afin d’élaborer des politiques de santé et de créer le registre de santé unique, dont l’objectif est d’éviter que les médicaments soient soumis à des logiques de profit. Cette décision répond à la nécessité des populations de pouvoir accéder aux médicaments.

    Le Cubain Rafael Perez, directeur du projet ALBAMED a déclaré, « nous sommes parvenus à un accord sur le registre de santé unique de l’ALBA, ce qui va nous permettre de distribuer des médicaments à nos peuples ».

    Selon Perez, le projet doit doter les pays en voie de développement de médicaments sûrs, efficaces et de qualité, à un coût accessible afin de garantir la réussite des programmes de santé et de faire reculer les maladies et les pathologies qui maintiennent des taux de mortalité élevés dans la population. « Aujourd’hui, les médicaments se vendent à des prix élevés et les gens n’ont pas d’autre choix que de les acheter pour sauver leur vie et celle de leur famille », a-t-il précisé.

    En ce sens, l’élaboration d’une liste de médicaments essentiels qui seront utilisés dans tous les pays de l’ALBA constitue une autre avancée. « Il s’agit d’une liste de médicaments essentiels aux pays de l’ALBA et qui seront pris en charge par l’agence qui importera, distribuera et commercialisera ces médicaments. Ces mesures devraient donner des résultats significatifs »

    Perez a signalé que le registre de santé unique et la liste de médicaments essentiels « seront soumis à considération des chefs d’Etat lors du prochain sommet de l’ALBA, pour approbation ».

    Pour sa part, le ministre de la Santé bolivien Ramiro Tapia, hôte de l’événement, a insisté sur les avancées obtenues lors de la deuxième Rencontre de Coordination et de la première Réunion Technique du Centre de Régulation des Médicaments. « Ces décisions permettront à l’ensemble de la population d’accéder aux médicaments. L’accès à la santé ne peut pas être réservé à une minorité, c’est un droit pour tous ; nous ne pouvons pas accepter qu’à cause des patentes et des brevets sur les médicaments, seuls quelques privilégiés aient les moyens de se les payer et de se soigner. Le temps est venu de changer l’histoire ».

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  • Un article publié il y a deux jours et signé Francisco Jara de l’AFP (Agence France Presse) a été reproduit par de nombreux médias de langues anglaise et espagnole. L’article affirme que le président Manuel Zelaya « a menacé de recourir à la violence » si le régime mis en place par le coup d’état n’était pas renversé.

    Il est facile à prouver que c’est faux.

    En examinant les déclarations et les véritables faits, il est difficile de ne pas conclure que le journaliste de l’AFP, Jara, a volontairement déformé les faits avec préméditation et une intention de nuire.

    L’interprétation des déclarations de Zelaya comme un « menace » ne tient pas à l’examen des propos effectivement prononcés par le Président, et contredisent les nombreuses déclarations de non violence et d’actions pacifiques prononcées par Zelaya ces derniers jours. Mais le journaliste malhonnête de l’AFP n’en fait aucune mention dans son article et a préféré y insérer un version haut en couleurs mais fausse sur une soi-disant menace.

    Le journaliste de la Jornada, Arturo Cano, a reproduit les propos exacts tenus par Zelaya sur la Chaine 4 de la télévision nicaraguayenne, et voici ce que Zelaya a dit : « O se revierte el golpe o viene la violencia generalizada. ». Ce qui se traduit par « Ou le coup d’état prend fin ou la violence se généralisera ».

    Vous avez compris ? Zelaya ne dit pas qu’il s’engagera dans la violence. Il ne dit pas que ses partisans le feront. Dans le contexte de ce qui est réellement arrivé, il est plus logique de comprendre qu’il parlait de la violence généralisée que le régime putschiste a déjà initiée au quotidien. Francisco Jara a déformé les propos, les a mis à l’envers, puis a rajouté le terme « a menacé » pour faire dire le contraire de ce qui avait été dit.

    De plus, ce genre de déclaration est plutôt courant chez toutes les parties en présence dans la crise Hondurienne. Même le médiateur des pourparlers de paix et président du Costa Rica, lauréat du prix Nobel de la paix 1987, a récemment déclaré la même chose :

    « Si les négociations échouaient, M. Arias a dit qu’il craignait « une guerre civile et un bain de sang » ».

    Le simulateur et pseudo-journaliste escroc Francisco Jara de l’AFP aurait pu tout aussi bien déformer les propos d’Arias et les transformer en « menace ». Mais il ne l’a pas fait, bien sûr, parce qu’il n’est pas là pour salir Arias contrairement à ce que lui et d’autres simulateurs escrocs des médias font ouvertement contre Zelaya.

    C’est précisément à cause de charlots comme Francisco Jara que la plupart des gens n’aiment pas ou ne font plus confiance aux médias. Des types comme lui sont monnaie courante dans la profession : prêts à inventer n’importe quoi pour faire un titre à sensation, généralement en faveur du camp soutenu par les gros intérêts financiers.

    Le crime de Francisco Jara contre la vérité et les faits s’est même aggravé dans la suite de son article.

    « Peu après, environ 100 honduriens appartenant à « l’armée populaire » de Zelaya ont commencé leur entraînement dans un camp situé du côté nicaraguayen de la frontière, a témoigné un journaliste de l’AFP. Les recrues, la plupart jeunes et tous désarmées, ont fait des exercices, ont marché et effectué des manœuvres sous les ordres de responsables qui se présentaient comme vétérans de l’armée Hondurienne. Selon les dirigeants, d’autres camps similaires avaient été montés le long de la frontière. »

    Jusqu’où Francisco Jara est-il capable de mentir ? Jusqu’au point d’éliminer le mot « pacifique » des propos précis de Zelaya, où partout il parle de « armée populaire pacifique » ou, en espagnol, « ejército popular y pacífico. »

    C’est juste un mot qui manque, mais un mot d’une importance capitale parce que son absence change totalement le sens du mot « armée » et de sa signification dans un contexte « pacifique ».

    Si vous voulez avoir une idée de ce que Zelaya veut dire par « armée populaire pacifique », écoutez l’interview par Andres Conteris de Democracy Now : http://www.youtube.com/watch?v=3eMNSkKxD6k&feature=player_embedded A 3 minutes et demie de son interview, Zelaya revient sur ce sujet et précise :

    « Je suis un partisan de moyens pacifiques et de la non-violence et je ne suis pas favorable au recours à la force pour résoudre les problèmes, mais plutôt au dialogue. »

    Mais à lire Francisco Jara – dont la petite manipulation participe aux sombres fantasmes de l’oligarchie et des insultes médiatiques proférées contre tous ceux qui ne font pas partie de leur milieu – il fait passer des des cours de non-violence pour des manœuvres militaires. Avec une telle distorsion, Jara aurait décrit Martin Luther King comme un violent terroriste.

    Cette épisode de la félonie de Francisco Jara contre le journalisme est instructive pour celui qui apprend à lire entre les lignes. Alors que tout indique que la résistance hondurienne a choisi le chemin de la non-violence pour renverser le régime instauré par le coup d’état, il devient de plus en plus important pour les partisans du coup d’accuser l’opposition de violence. Cependant, tout montre depuis un mois que c’est le camp du coup d’état qui a exercé le monopole de la violence, souvent brutale, et aujourd’hui tragique.

    Soyez attentifs à d’autres distorsions des pseudo « journalistes » comme Francisco Jara dans les jours qui viennent. Lui et les autres sont la honte de notre profession. La bonne nouvelle c’est que nous aussi nous avons une « armée populaire pacifique » de véritables journalistes qui sont au pied d’œuvre 24/24h pour corriger les contre vérités et rétablir les faits. Et si Jara ou un autre de des déchets humains mercenaire voudraient déformer mes propos, nous sommes plus que prêts pour leur répondre.

    En attendant, je pense que l’AFP devrait licencier ce pauvre type.

    traduction VD pour le Grand Soir

    ARTICLE ORIGINAL
    http://narcosphere.narconews.com/thefield/francisco-jara-afp-commits-felony-against-journalism


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