• PERPIGNAN rassemblement de soutien - Comité de soutien « Justice pour Yann et Pierre »

    Face à la « justice », Pierre et Yann ne sont pas seuls !

    Le mercredi 12 août à 8h00, le Comité de soutien « Justice pour Yann et Pierre » appelle à un rassemblement devant le Tribunal de Perpignan où sera rendu le verdict !

    En 2007, Pierre et Yann, deux militants de la Coordination des Groupes Anarchistes, de SUD Étudiant Perpignan et pour l’un d’entre eux de Maulets au moment des faits, ont été placés en garde à vue. Cueillis chez eux, la police a perquisitionné leurs appartements et a pris leurs ordinateurs. Nos deux compagnons paient encore aujourd’hui la volonté du pouvoir de décrédibiliser et criminaliser à tout prix la lutte contre la LRU, qui a animé les universités ces dernières années. Après 48h de garde à vue, et 7h supplémentaires enfermés dans les cellules du tribunal, aucune des charges initiales n’a été retenue contre eux. Des plaintes nominatives d’outrage ont été déposées par certains professeurs contre Pierre et Yann. Les deux étudiants ont donc été accusés de « dégradations, vol, menaces de mort... » par ces mêmes profs qui se sont fait remarquer par leurs attitudes provocatrices et violentes, et pour leur opposition à la grève.

    Un an et demi après, le comité de soutien « Justice pour Pierre et Yann » (CGA, Maulets et SUD Étudiant) a permis de recueillir plus de 3000 signatures, et de multiplier les rassemblements et les manifestations de soutien. Le 29 juin, Pierre et Yann passaient au tribunal accusés finalement d’outrages, outrages en réunion et pour avoir refusé le fichage ADN pendant la garde à vue.

    Le fichage ADN est d’ailleurs un sujet particulièrement polémique. On remarque que les services de police doivent demander son accord au gardé à vue, avant de prélever sa salive, pour être enregistré au Fichier National Automatique des Empreintes Génétiques (FNAEG). Le refus du fichage ADN peut être réprimé par 1 an de prison et 15.000€ d’amende. Selon l’article 16.1 du Code Civil : « Chacun a droit au respect de son corps. Le corps humain est inviolable ». Les prélèvements génétiques sont une attaque à la dignité et l’intégrité physique ; personne ne peut être contraint à une intervention, sans fondement médical, sur son propre corps. C’est une atteinte aux libertés individuelles. En étendant ce fichage à pratiquement tous les crimes et délits (à l’exception de la délinquance économique et financière...), on se dirige vers un fichage génétique généralisé, contraire au respect des libertés de chacun.

    Lors du procès, les deux étudiants ont pu compter sur le témoignage de 6 militants qui ont contextualisé les agressions supposées, au moment de la mobilisation contre la LRU. A l’intérieur et à l’extérieur du Palais de Justice, plus de 200 personnes se sont rassemblées pour apporter leur soutien aux deux étudiants. Ainsi, le tribunal fut forcé d’entendre ce qui n’avait échappé à personne : ce procès était clairement politique, et les deux anarchistes, Pierre et Yann, en étaient les têtes de turc. Les professeurs anti-grève qui avaient porté plainte contre eux étant absents, c’est le juge qui a fait la lecture de leurs déclarations, et qui avait visiblement à coeur de défendre ces « pseudo-victimes ».

    Pierre et Yann n’ont reconnu aucun des faits, aucune des déclarations, aucune des charges qu’on tente de leur imputer ! Aujourd’hui comme hier, nous dénonçons toutes les manoeuvres qui prétendent démontrer artificiellement les charges contre les militants. S’ils sont condamnés, ce sera simplement parce que leurs choix politiques et leur implication ne s’accordent pas avec les défenseurs de l’État, d’un ordre établi indiscutable et d’une société acritique.

    Nous réclamons l’arrêt des poursuites contre Pierre et Yann ! Nous faisons un appel à l’ensemble des acteurs des luttes étudiantes et plus généralement des mouvements sociaux à être solidaires et à agir contre la criminalisation des luttes.

    Le mercredi 12 août à 8h00, le Comité de soutien « Justice pour Yann et Pierre » appelle à un rassemblement devant le Tribunal de Perpignan où sera rendu le verdict !

    Rassemblement de soutien sans badge, ni drapeau.

    POUR RAPPEL

    La contestation et la grève demeurent aujourd’hui encore des moyens de lutte reconnus et légaux, même si certains désireraient les voir privés de tout contenu, sinon totalement abolis…
    La lutte contre la LRU et les divers mouvements d’occupation, un peu partout dans l’hexagone, et notamment à Perpignan, ont montré une grande détermination et une grande maturité.
    Les adversaires de cette lutte, et ils sont nombreux, ont montré tout au long du conflit le peu de cas qu’ils font d’une simple attitude «démocratique», eux qui ne se privent jamais de parler au nom de cette même «démocratie»…Une importante partie de la communauté «universitaire», sur Perpignan notamment, a joué le pourrissement du conflit quasiment dès son origine… Malgré les votes successifs et majoritaires en faveur du blocage de la Fac, les manœuvres n’ont jamais cessé, manœuvres qui tendaient à discréditer le mouvement et ses militants les plus en vue ! Les responsables de l’Université ne reculèrent devant rien allant même jusqu’à entretenir un climat d’affrontement au besoin en permettant aux anti-grévistes de disposer, tout au long du conflit, d’un amphi -l’Amphi 3- situé à quelques mètres de l’Amphi 4, tenu par les grévistes…

    Aujourd’hui le président de l’U.P.V.D. et une partie des enseignants opposés au mouvement de grève, ont assigné en «justice» deux camarades étudiants, militants de la Coordination des Groupes Anarchistes, du syndicat SUD Etudiant, et pour l'un d'entre eux de l'organisation Maulets, aux fallacieux motifs de «dégradations ; vol ; menaces de mort…». Ce sont ces mêmes enseignants qui se sont illustrés, sans ambiguïté aucune, par des attitudes provocatrices voire violentes. Des attitudes manquant totalement de « mesure » d’autant qu’elles émanaient d'individus ayant la tâche d’instruire, de guider, d’encadrer, d’aider mais jamais, au grand jamais, d’insulter, de provoquer, de frapper, etc…

    Sur la base des plaintes déposées par les instances de l'Université et par ces enseignants, mercredi 19 décembre au petit matin Yann et Pierre, ont été arrêtés à leur domicile. La police a procédé à une perquisition à leur domicile et à la saisie de leurs ordinateurs. Nos deux camarades font les frais de la volonté du pouvoir de discréditer et criminaliser partout la lutte contre la LRU qui agite les universités depuis le mois d'octobre. A l'issue d'une garde à vue de 48h, auxquelles il faut ajouter 7 heures d’enfermement au tribunal, aucune des charges initiales n’a été retenue contre eux. Des plaintes nominatives d’outrages ont été déposées par des enseignants à l'encontre de Pierre et Yann. Uniquement à partir de ces accusations, ils sont placés sous contrôle judiciaire:

    - il leur est interdit de sortir des limites territoriales : le département des Pyrénées-Orientales,
    - il leur est interdit de se rendre à l'Université de Perpignan, sur le campus universitaire, au restaurant universitaire,
    - ils doivent s’abstenir de tout contact entre eux, mais aussi avec l’ensemble du personnel de l’Université…

    Alors qu'il y a présomption d'innocence, ce type de contrôle tend à accréditer la thèse inepte que Yann et Pierre sont de dangereux individus, et qu’ils sont coupables avant même d’avoir été jugés ! Pierre et Yann n’ont reconnu aucun des actes, aucune des déclarations, aucune des charges qui leur étaient imputés !

    Un des effets de ces mesures iniques revient à interdire à nos camarades d'aller à la fac et donc de poursuivre leurs études. C’est démentiel dès lors que les «plaignants» déclaraient n’agir qu’en vertu de la seule «liberté pour tous de suivre les cours...» Nous dénonçons ces pratiques qui font encore monter d'un cran la répression sur les mouvements étudiants. Nous dénonçons ces mesures d'acharnement qui ont pour but de les faire rentrer dans le rang.

    -Nous réclamons l'annulation du contrôle judiciaire infondé auquel Yann et Pierre sont soumis.
    -Nous dénonçons par avance toute tentation de monter artificiellement des poursuites contre eux.
    -Nous réclamons l’arrêt de la procédure à l’encontre de Pierre et Yann
    -Nous appelons l'ensemble des acteurs des luttes étudiantes et plus largement du mouvement social à se solidariser et à réagir à ces tentatives de criminalisation des luttes.

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    Justícia per Pere i Yann!

    La contestació i la vaga són encara, avui dia, uns mitjans de lluita reconeguts i legals, tot i que alguns els voldrien veure buits de contingut, o fins i tot totalment suprimits...
    La lluita contra la LRU i els diversos moviments d’ocupació, a tot l’Estat francès i especialment a Perpinyà, han fet prova d’una gran determinació i d’una gran maduresa.
    Els contraris a aquesta lluita, i són molts, han mostrat al llarg del conflicte el seu desinterès per unes decisions democràtiques, quan ells no es priven mai de parlar en nom d’aquesta mateixa «democràcia»... Una part important de la comunitat «universitària», particularment a Perpinyà, ha volgut ofegar i reprimir el conflicte gairebé des de l’inici... Malgrat les votacions successives i majoritàries a favor del bloqueig de la Universitat, les maniobres mai no han deixat de multiplicar- se, maniobres que tendien a desacreditar el moviment i els seus militants més visibles ! Els responsables de la Universitat no van recular de cap de les maneres, i van anar fins a fomentar les tensions i els enfrontaments ; per exemple donant als estudiants oposats al bloqueig un amfiteatre, durant tot el bloqueig, a pocs metres de l’Amfiteatre 4 ocupat pels estudiants en vaga...

    Avui, el president de la UP i una part dels professors oposats al moviment de vaga, han posat davant de la «justícia» dos companys estudiants, militants de la Coordinació dels Grups Anarquistes, del sindicat SUD Etudiant i, per un dels dos, de l’organització Maulets, suposadament acusats de «degradacions, robatori, amenaces de mort...». Aquests mateixos professors es van destacar, sense cap ambigüitat, amb actituds provocadores i fins i tot violents. Unes actituds sense cap «mesura», sobretot quan provenien de persones el rol de les quals és instruir, guiar, ensenyar, ajudar però de cap de les maneres insultar, provocar, pegar, etcètera.

    En base a les queixes dipositades per les instàncies de la Universitat i per aquests professors, el dimecres 19 de desembre a la matinada, Yann i Pere han estat detinguts a casa seua. La policia ha registrat els apartaments i ha agafat els seus ordinadors. Els nostres dos companys han pagat la voluntat del poder de desacreditar i de criminalitzar a tot arreu la lluita contra la LRU que sacseja les universitats des del mes d’octubre. Després d’una guàrdia vista de 48h, a les quals s’han d’afegir 7 hores tancats al tribunal, cap de les càrregues inicials han estat retingudes contra ells. Unes queixes nominatives d’ultratge han estat dipositades per alguns professors contra el Pere i el Yann. Unicament a partir d’aqueixes acusacions, se’ls plaça sota control judicial :

    - els és prohibit sortir de Catalunya Nord
    - els és prohibit anar a la Universitat de Perpinyà, al campus universitari, al restaurant universitari
    - els és prohibit tot contacte entre ells, però també amb el conjunt del personal de la Universitat.

    Tot i la presumpció d’innocència, aquest tipus de control tendeix a fer creure que el Yann i el Pere són unes persones perilloses, i que són culpables abans del judici ! Pere i Yann no han reconegut cap dels actes, cap de les declaracions, cap de les càrregues que se’ls posava a l’esquena ! Una de les conseqüències més vergonyoses d’aquestes mesures consisteix en prohibir als nostres companys d’anar a la Universitat i per tant de continuar els seus estudis. És totalment al•lucinant, quan les preteses «víctimes» declaraven actuar en virtut de la «llibertat per tots de seguir els cursos...». Denunciem aquestes maneres de fer, que fan pujar d’un grau la repressió als moviments estudiantils. Denunciem aquestes mesures i aquest aferrissament, que tenen l’objectiu de sotmetre’ns tots a l’ordre establert.

    -Exigim l’anul•lació del control judicial dràstic i no justificat al qual Yann i Pere estan sotmesos.
    -Denunciem per endavant tota temptació de perseguir-los, de manera artificiosa.
    -Exigim que s’aturi l’expedient en contra del Pere i el Yann
    -Fem una crida al conjunt dels actors de les lluites estudiantils i, de manera més àmplia, del moviment social, a solidaritzarse i a reaccionar a aquestes temptatives de criminalització de les lluites.

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  • Quel avenir pour les peuples de l’Amazonie péruvienne ?

    La Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme a exigé une enquête indépendante, alors que le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur les peuples autochtones, James Anaya, a visité le Pérou la semaine dernière afin d’obtenir des informations auprès des groupes autochtones sur les faits. Restent à voir les effets de ces interventions.

     

    Le massacre

    La réaction initiale du gouvernement face à la brutalité qui eut lieu dans la province péruvienne de Bagua est surprenante : dans les 24h, le Ministère de l’Intérieur a lancé une publicité télévisée [1] montrant comment les peuples autochtones « terroristes », avec le soutien d’un « complot international », tentent de saper le progrès économique et le développement au Pérou, tout en assassinant « férocement » « d’humbles » policiers.

    Souvent, une telle réaction – rapide, agressive et défensive – est utilisé pour dissimuler d’incommodes vérités. Effectivement, en dépit des efforts pour cacher la vérité, ce qui s’est passé le 5 Juin sur la « Curva del Diablo » sur la route près de la ville de Bagua dans le nord du Pérou s’est avéré de plus en plus gênant pour les autorités péruviennes. Selon le récit du gouvernement, des Awajun et Wampi ont attaqué la police à un de leur barrage routier. Cette action était organisée pour protester contre une dizaine de décrets présidentiels – non-consultés – permettant d’ouvrir l’Amazonie à une agriculture industrielle à grande échelle, l’exploitation minière et l’exploitation pétrolière. Cependant, selon le récit des populations locales –confirmé par les reportages et images publiés par les médias alternatifs – la police a commencé à tirer sur les manifestants dès l’aube, alors que beaucoup étaient encore endormis. [2] Ceux-ci n’étaient pas armés et ont été atteint par les balles, alors même qu’ils tentaient de secourir leurs amis blessés et mourants. [3]Certains manifestants autochtones, aidés par des mestizo (non-autochtone) de Bagua, ont répliqué avec des pierres, des bâtons et des lances ; d’autres ont tenté de s’enfuir. Depuis ses hélicoptères, la police tirait d’hélicoptères des gaz lacrymogène et des balles réelles sur la foule ceux qui tentaient de fuir. Un petit groupe d’autochtones a pris des policiers en otage dans les locaux d’une exploitation pétrolière proche, entraînant davantage de morts. [4]

    Le nombre officiel de décès parmi les policiers s’élève à 23 et à 9 chez les autochtones [5] ; mais le nombre réel de décès d’autochtones est d’environ 60 (quoique les chiffres changent quotidiennement), et des centaines d’autres sont blessés. Comment se fait-il que nous n’avons pas un compte précis ? [6] Chaque témoignage indépendant raconte une histoire terrible et compromettante : corps (autochtones bien entendu) enlevés par les hélicoptères et lancés dans le fleuve, corps brûlés, corps jetés dans des fosses et couvertes hâtivement, corps retirés de force de l’hôpital... Dans leur hâte, la police a par inadvertance « perdu » le corps d’un des leurs, dont les restes, comme ceux de centaines de personnes autochtones, sont encore recherchés par les familles. Les communautés locales Awajun et Wampi, par peur de représailles, refusent de présenter le compte de leurs morts : ceux détenus ont raconté le viol, la torture et les menaces de la part de la police.

    La réaction du gouvernement à ce massacre est honteuse. Son doigt accusateur a été instamment braqué sur les dirigeants du mouvement indigène, un mouvement qui, jusqu’à présent, et malgré la pression continue sur leurs terres et leurs moyens de subsistances, n’a jamais utilisé la violence et fait constamment appel à des solutions pacifiques. Pour certains au sein du gouvernement, la situation a été tellement embarrassante que cela a mené à des démissions : le Premier Ministre Yehude Simon a promis sa démission dès que l’enquête indépendante sera clôturée, tandis que le Ministre de la Femme et du Développement, Carmen Vildoso, a démissionné quelques jours après l’événement tragique. Néanmoins, Alberto Pizango, le président d’AIDESEP (Association interethnique pour le développement de la forêt péruvienne), la principale organisation autochtone nationale, ainsi que d’autres dirigeants, restent sous mandat d’arrêt pour sédition et trahison.

    Toutefois, le silence que le gouvernement péruvien imposait a été rapidement brisé. Deux volontaires belges présents à la Curva del Diablo ont pris un grand nombre de photos incriminantes. [7] Les médias internationaux ont commencé à relater l’histoire du point de vue des autochtones.  [8]

    La Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme a exigé une enquête indépendante, alors que le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur les peuples autochtones, James Anaya, a visité le Pérou la semaine dernière afin d’obtenir des informations auprès des groupes autochtones sur les faits. Restent à voir les effets de ces interventions.

    L’histoire

    Depuis l’indépendance de la République péruvienne en 1821, l’Amazonie (qui couvre plus de 60% de la surface du pays) a été considérée comme une source riche et inépuisable de ressources pour l’État péruvien. La colonisation agricole de l’Amazonie, entamée pendant le 19ème siècle, a été une entreprise militaire – les colons étaient protégés par l’armée, qui leur ont offert des armes à feu avec lesquels chasser les Indiens. Lors du boom du caoutchouc de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle, bien plus de sang que de caoutchouc s’écoulait de l’Amazonie – les Huitoto à eux seuls, ont perdu plus de 30,000 des leurs dans la frénésie sanguinaire pour les matières premières [9]. Les colons ont continué à arriver en masse, et avant le milieu du 20ème siècle, de nombreuses terres indigènes déjà été prises par des latifundos –d’immenses exploitations agricoles – sur lesquels les autochtones devaient travailler dans des conditions d’esclavage. En 1974, le gouvernement militaire de Velasco Alvarado a finalement octroyé un droit foncier aux communautés autochtones au travers d’une loi. Bien que cette loi reste fondamentalement problématique ne concerne qu’un faible pourcentage des terres indigènes, un certain contrôle sur l’utilisation de leurs terres et ressources a été obtenu par les communautés autochtones. Ultérieurement, la guerre civile des années 1980 et 1990 a provoqué une interruption dans le saccage continu de l’Amazonie et des terres indigènes. Malheureusement, ce processus fût repris avec une férocité extraordinaire au début du siècle, et plus encore depuis la présidence d’Alan Garcia.

    L’Accord de Libre Commerce entre le Pérou et le gouvernement des États-Unis, ratifié par le Congrès des États-Unis en Décembre 2007 a tout récemment relancé le pillage a grande échelle de l’Amazonie péruvienne [10].

    Afin d’assurer que le sol péruvien produise quasi gratuitement les besoins quotidiens des Etats-Unis, de la nourriture aux matières premières, en passant par à l’énergie, le Congrès péruvien a accordé au président des pouvoirs spéciaux pour rédiger des décrets d’urgence. Le pouvoir exécutif n’a pas perdu de temps pour rédiger et adopter une centaine de ces décrets qui ébranlent gravement le contrôle des peuples autochtones sur leurs territoires. Alan Garcia a présenté sa politique pour l’Amazonie dans une série d’éditoriaux publiés dans le journal El Comercio en 2007 et 2008. Pour lui, les populations amazoniennes sont comme le « chien dans la mangeoire » [11] - tout en refusant de manger, ils refusent la nourriture aux autres aussi. Ainsi selon le président, les peuples autochtones vivent sur d’immenses quantités de ressources inexploitées, ils sont sauvages, égoïstes et entravent les progrès pour tout le pays ; ils doivent donc être contraints à renoncer à leurs terres, ce qui se trouve sous leurs terres, leurs moyens de subsistance, leurs cultures, et leurs aspirations – au profit de la « nation péruvienne ». "L’Amazonie", affirme Garcia, « est la première ressource du Pérou » et « elle appartient à tous les Péruviens ». [12]

    En août 2008, un mois de manifestations des populations autochtones amazoniennes a abouti à la dérogation de quelques-uns de ces décrets et à un début de dialogue entre les groupes autochtones et le gouvernement. Ces efforts ont rapidement été trahis. À la fin de 2008, de nouveaux décrets présidentiels et un « dialogue » en lambeaux a provoqué de nouvelles manifestations, qui ont repris en force le 9 avril 2009. Les routes et voies navigables de l’Amazonie ont été bloqués, de même que les oléoducs et les gazoducs. Le gouvernement s’est impatienté et la police a sorti les armes. Les populations autochtones de bagua, qui pendant plus de 50 jours attendaient patiemment le dialogue sur ses lieux des blocages, se sont défendues. Résultat : des centaines d’Awajun et de Wampi auraient « disparus », l’état d’urgence a été déclaré dans toute l’Amazonie et la loi martiale appliquée, un couvre-feu a été imposé à Bagua, et le conflit se propage dans le pays.

    L’objectif

    Les injustices ne s’arrêtent pas là : les terres, vies et droits des peuples autochtones d’Amazonie ne sont pas seulement violés par ces décrets, mais aussi par l’imposition implacable et sans consultation de concessions d’exploitation pétrolière, d’exploitation minière, forestières, et plus récemment, de concessions pour des barrages hydroélectriques.

    La carte d’exploitations pétrolières dans l’Amazonie péruvienne :

    Visiblement, une vaste majorité de l’Amazonie appartient en concession aux compagnies pétrolières : les concessions vertes sont celles où les contrats sont déjà signés, en orange où les contrats sont en cours de négociation, en jaune où les contrats sont en vente, et en bleu où les accords sont faits et le contrat attend la signature.

    La carte des 15 concessions de méga-barrages proposées dans l’Amazonie péruvienne :

    Légende : Jaune = territoires enregistrés des communautés autochtones/ Vert = aires protégées/ Marron = Réserves des peuples autochtones non-contactés/ Orange = Réserves proposées pour les peuples autochtones non-contactés

    L’objectif annoncé des concessions pétrolières et hydroélectriques, ainsi que de l’exploitation minière, forestière et agricole à grande échelle, est d’assurer le « développement » et le « progrès » du Pérou. Dans les faits, des projets d’une telle envergure aboutissent rarement au « développement », leur « effet de diffusion » économique est une fantaisie, et leurs conséquences les plus fréquentes sont une augmentation de la corruption, des inégalités croissantes et les violations des droits de l’homme.

    Les victimes

    Les contrats pour la construction de six d’entre les quinze barrages (et dont cinq se trouvent en territoire autochtone) ont déjà été signés avec le gouvernement brésilien. Celui-ci, en échange de la promesse d’énergie bon marché provenant du Pérou, a convenu de vendre les services de leurs entreprises constructrices de barrages, nommément Electrobras.

    Le principale barrage qui revient dans le discours des présidents péruvien et brésilien – et dont la construction commencera dans les prochaines années – est le barrage dit Pakitzapango sur le fleuve de l’Ene dans la Selva Central, un site profondément ancré en territoire autochtone. Le territoire en question appartient à la nation Ashaninka, le plus grand groupe autochtone dans l’Amazonie péruvienne. La zone touchée par le barrage est la même zone touchée par l’une des plus grandes concessions pétrolières (bloc 108, Pluspetrol).Sa proximité avec Lima et aux sierras ont déjà valu à cette région de souffrir énormément de la fièvre du caoutchouc et de la colonisation incontrôlée.

    En outre, c’est la seule région amazonienne qui a subi la tragédie de la guerre civile. D’ailleurs, les Ashaninka sont le seul peuple de l’Amazonie a qui le rapport de 2001 de la Commission pour la Vérité et la Réconciliation du Pérou dédie un chapitre [13] . Ce document tente de rendre compte des 69 000 décès – des mains des militaires et du Sentier Lumineux, un groupe révolutionnaire maoïste – durant la guerre civile des deux dernières décennies du 20ème siècle. Environ 4000 Ashaninka de l’Ene ont été tués, et 5000 ont été déplacés. En tant qu’acteurs dans le théâtre d’une guerre étrangère à eux, les Ashaninka ont éventuellement été forcés de prendre les armes contre leurs oppresseurs, qui dans ce cas étaient les Senderistas (militant du sentier lumineux). Les Ashaninka sont donc devenus héros nationaux malgré eux, étant donné que sans eux la guerre ne se serait pas terminée dans la jungle.

    Bien que la proposition pour l’exploitation pétrolière pose un grand danger pour les Ashaninka, le barrage signifie, littéralement, la fin du monde. Dans la mythologie apocalyptique des Ashaninka, la fin du monde aura lieu quand un énorme crabe bloquera l’Ene, causant l’inondation de toutes les communautés vivant en amont et la sécheresse en aval. Malheureusement, dans ce cas, mythe n’est pas loin de se faire réalité. Les barrages dans le monde entier ont régulièrement abouti à des abus des droits de l’homme ; parmi d’autres : perte de terres et de moyens de subsistance, maladies, déplacements, militarisation, transformations dramatiques de l’écosystème local, achèvement de sources alimentaires et hydriques, et changements climatiques. La Commission Mondiale sur les Barrages [14] , une initiative des Nations Unies pour examiner l’efficacité des barrages, a indiqué en 2001 que les barrages aboutissent presque toujours à la dégradation de l’environnement et les violations des droits de l’homme, et n’ont jamais de produit les résultats pour le développement promis. En dépit de cette recherche et de l’importante résistance populaire aux barrages au cours des 30 dernières années, le gouvernement péruvien a choisi la voie des méga-projects hydroélectriques comme pilier central de son « développement » - et comme d’habitude, il compte utiliser pour cela le vaste espace considéré comme « vide » de l’Amazone.

    Une question se fait de plus en plus pressante au sein des organisations, communautés et familles Ashaninka : le gouvernement péruvien cherche-t-il à nous exterminer ?

    D’ailleurs, un journaliste commentant les événements récents de Bagua [15]se demande pourquoi Alan Garcia n’a-t-il pas ordonné l’utilisation du napalm contre les « sauvages préhistoriques » de l’Amazonie. Il semble que la question des Ashaninka mérite réellement d’être posée.

    L’avenir

    La violence qui s’est produite à Bagua a eu des conséquences profondes. Les deux décrets les plus aggressifs ont été abrogés et quelques ministres ont démissionné. Mais cela reste un résultat peu positif. Après trois semaines durant lesquelles le président refusait d’admettre une quelconque responsabilité, le 29 juin Alan Garcia a reconnu qu’il y eut des « lacunes » dans l’opération policière de Bagua, tout en dénonçant dans cette même déclaration, que les Awajun et Wampi étaient des « assassins ». La résistance de ceux qui gouvernent à admettre la vérité sur les événements, les disparitions, et leur responsabilité fondamentale n’est pas seulement frustrante, c’est d’avantage une alerte pour tous : la lutte pour l’Amazonie ne fait que commencer.

    L’exploitation pétrolière, les barrages, l’exploitation minière, et des concessions forestières n’ont pas été abrogées. L’Accord de Libre Commerce avec les Etats-Unis reste tel quel, sans aucune modification, et les huit autres décrets nuisibles pour les peuples autochtones restent en vigueur. Pourtant, le seul moyen d’éviter d’autre "Curva del diablo », ne se fera que par un changement systémique et fondamental.

    En ce qui concerne les autres Péruviens, la violence leur a fait prendre conscience que non seulement il existe (encore) des personnes vivant dans l’Amazonie, mais que tous sont responsables d’assurer que les droits de ceux-ci soient respectés.

    Emily

    QUE FAIRE ?

    Par courrier

    - envoyer une lettre et signer la pétition appelant à la fin de la violence et à une véritable enquête sur les évènements

    -  envoyer des lettres a Alan Garcia et le président Regional Vladimir Huaroc - voir http://pakitsapango.ashanincare.org pour des lettres modèle - exigeant que les communautés Ashaninka de l’ene soient pleinement consultés concernant les barrages proposés et que leurs droits et leur décision finale soient respectés. Financièrement
    -  pour faire des dons aux communautés en lutte : http://www.amazonwatch.org/peru-protests.php

    Localement
    -  se réunir devant les ambassades du Pérou

    Se tenir informer

    Pour se tenir au courant et diffuser des information : visiter régulièrement les sites

    Notes

    [1] La propagande du gouvernement péruvien : http://www.youtube.com/watch ?v=JDVgw4pbHEk

    [2] La vérité occultée par le gouvernement : http://www.democracynow.org/2009/6/8/peruvian_police_accused_of_massacring_indigenous et pour une immersion dans les événements de ce matin-là, voir le reportage brut de journalistes péruviens, découpée en 14 « morceaux », dont la première se trouve sur http://www.youtube.com/watch ?v=GOLvtote2Us et les 13 autres disponibles en téléchargement. et les 13 autres disponibles en téléchargement.

    [3] Le Tiananmen de l’Amazonie : http://www.independent.co.uk/news/world/americas/images-reveal-full-horror-of-amazons-tiananmen-1708990.html et pour toute l’histoire photographique des événements, telle qu’elle est racontée par les photographes présents sur le site : http://www.nrc.nl/redactie/buitenland/peruphotostory.pdf.

    [4] Pour une enquête post-hoc sur ce qui s’est réellement passé, voir http://www.youtube.com/watch ?v=rG7rHB1nnOw.

    [5] Par dessus ces décès d’autochtones, un certain nombre de métis locaux ont été tués étant donné qu’ils étaient venus pour soutenir la résistance indigène à la Curva del Diablo,

    [6] Que s’est-il passé avec les chiffres des déces ? http://reflexionesperuanas.blogspot.com/2009/06/reflexiones-peruanas-n-206-al-volver-de.html .

    [7] Voir http://www.nrc.nl/redactie/buitenland/peruphotostory.pdf.

    [8] Parmi d’autres : http://news.bbc.co.uk/2/hi/americas/8093729.stm & http://edition.cnn.com/2009/WORLD/americas/06/08/peru.violence/ http://www.economist.com/displaystory.cfm ?story_id=13824454 & http://www.repubblica.it/2009/06/sezioni/esteri/amazzonia-rivolta/amazzonia-rivolta/amazzonia-rivolta.html ?ref=search & http://www.repubblica.it/2009/06/sezioni/esteri/amazzonia-rivolta/prete-italiano/prete-italiano.html ?ref=search & http://www.lemonde.fr/archives/portfolio/2009/06/12/au-perou-les-indiens-d-amazonie-font-chanceler-le-gouvernement_1205839_0.html.

    [9] Voir, pour une analyse excellente Taussig, M (1986) Shamanism, Colonialism and the Wild Man

    [10] Voir http://americas.irc-online.org/am/6191#_ftn4 pour un bon aperçu.

    [11] Il est tragique et paradoxal que Garcia utilise l’analogie des peuples autochtones comme des chiens, étant donné que de nombreuses victimes Awajun et Wampi et des témoins du massacre du 5 juin, ont dit qu’ils ont été tirés dessus « comme des chiens » par la police (cf http://reflexionesperuanas.blogspot.com/2009/06/reflexiones-peruanas-n-206-al-volver-de.html et http://news.bbc.co.uk/2/hi/americas/8093729.stm).

    [12] Http ://www.elcomercio.com.pe/edicionimpresa/Html/2007-10-28/el_sindrome_del_perro_del_hort.html pour commencer, dans lequel Garcia présente le « syndrome » et l’ensemble de ses causes et de ses symptômes ; ensuite il prévoit une prescription dans http://www.elcomercio.com.pe/edicionimpresa/Html/2007-11-25/receta_para_acabar_con_el_perr.html et finalement il montre comment le « chien dans la mangeaoire » fait du mal aux pauvres dans http://www.elcomercio.com.pe/edicionimpresa/Html/2008-03-02/el-perro-hortelano-contra-pobre.html.

    [13] Voir les pages de la Commission Vérité et Réconciliation http://www.cverdad.org.pe/.

    [14] Voir les pages de la Commission mondiale des barrages http://www.dams.org/.

    [15] voir l’immonde article http://www.correoperu.com.pe/correo/columnistas.php ?txtEdi_id=4&txtSecci_parent&txtSecci_id=84&txtNota_id=73466.

    A VOIX AUTRE 


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  • C'est une triste nouvelle. Willy Deville nous a quittés ...

    Il s'était fait connaître dans les années 70 avec son groupe Mink DeVille issu de la scène punk new-yorkaise. En 1987, Willy DeVille poursuit sa carrière en solo et sort  l'album «Miracle», qu'il signe au côté du chanteur de Dire Straits, Mark Knopfler. En 1992, il signe "Backstreets of Desire" où figure sa reprise de  "Hey Joe", un tube mondial.  Son dernier album studio "Pistola" était sorti en 2008.


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  • Il faudra se souvenir à quel point les frasques médiatiques autour de la personne de Dieudonné auront été, en quelque sorte, prémonitoires  de l'encadrement de la liberté d'expression et de la pluralité de l'information.

    C'est à se demander en effet, si la désinformation mise en œuvre pour briser l'humoriste n'a pas été un galop d'essai afin de contraindre plus tard, les "empêcheurs de tourner en rond" de la politique et du spectacle.

    Aujourd'hui, Laurent Joffrin dans Libération, se demande si l'AFP est toujours indépendante. Il argumente autour de sa question à partir de trois faits journalistiques dont son journal a été la victime. Des informations trouvées par Libé mais non reprises par l'AFP ou alors d'une manière si prudente que naissent des doutes sur la probité de l'agence. Effectivement, cela paraît troublant.

    Pourquoi comparer avec Dieudonné?

    Parce que ce qui mena Dieudonné à sa perte médiatique est justement la façon dont les médias ont fait monter la mayonnaise de la calomnie en se servant le plus souvent d'ingrédients fournis par l'AFP et d'autres agences.

    Nous avions été plusieurs à démontrer comment, dans ses dépêches, l'AFP tronquait les déclarations de l'humoriste pour les présenter comme relevant de l'injure raciale ou de l'incitation à la haine raciale.

    Les menaces, le harcèlement, les agressions et les vingt et quelques procès en furent les conséquences. Vingt et quelques procès tous gagnés par l'humoriste à une exception! Ce qui prouve qu'en démontrant le trucage des dépêches et des articles de la presse, l'humoriste démontrait que tout cela pourrait être téléguidé, que certains avaient lancé une chasse à l'homme pour le tuer médiatiquement puis professionnellement.

    Par la suite, Dieudonné a préféré faire filmer par ses proches toutes ses apparitions médiatiques pour pouvoir, le cas échéant, répondre aux mensonges des dépêches par la vérité des images.

    Il y avait même des sites qui répertoriaient tout ce qui sortait dans les médias sur Dieudonné. Une vraie mine d'or! Personnellement, j'allais souvent sur http://intox.hopto.org qui n'existe plus mais vous trouverez une bonne liste de ces sites ici: http://soutiendieudo.free.fr/

     

    Donc, en 2005, nous assistions à l'agonie de la liberté d'expression et de la liberté de la presse, sa cousine. Et, aujourd'hui, en 2009, certains de ceux qui ont participé à la chasse au Dieudonné, s'étonnent de se voir à leur tour victimes. Pauvre Laurent Joffrin, pauvres journalistes! Doublement bernés en somme!

    Bernés par les antiDieudonné, puis bernés par Dieudonné lui-même. Car, c'est bien pour leur montrer à quel point ils étaient des suiveurs de dépêches imbéciles, des mouches attirées par le miel des rumeurs fondées sur du sable, que l'humoriste s'est permis certains dérapages bien contrôlés..

    Dieudonné est fou, alors il fera ami-ami avec Raël juste le temps d'une photo!

    Dieudonné est ami avec Le Pen, alors il en fera le parrain de sa fille juste pour que les médias se précipitent et lancent une enquête sur une affaire bidouillée, bidonnée pour se bidonner de leur zèle soudain.

    Dieudonné est un nazi comme beaucoup l'ont dit, alors Dieudonné fera venir sur scène Faurisson et se comparera à lui pour la seule chose qu'ils ont en commun: leur odeur de bannis des idées..

    Et à chaque fois, ça marche. La presse se précipite, déjà enivrée des vapeurs du scandale qui se profile puis, après plusieurs articles, éditos, commentaires, rebonds, tribunes libres, se ravise en affirmant des trucs style : "Non il ne faut pas que nos colonnes servent de tribune à ce triste sire".

    Libération aurait peut-être mieux fait de se préoccuper de liberté d'expression au lieu de verser dans l'angélisme hypocrite des gens respectables et convenables. Vous savez comme ceux qui, à la sortie de la messe, donnent une pièce à un mendiant tout en affichant un masque respectable par dessus leur mépris de la misère.

    Libération devrait peut-être se poser la question de la façon dont des faits divers à connotation antisémite faisaient et font encore l'objet de dépêches non vérifiées reprises immédiatement par tous les journaux alors qu'il faut plusieurs jours pour qu'un fait divers à caractère raciste figure à la page 5 et encore, avec des précautions quant à la véracité de sa dimension raciste.

    Car c'est bien parce qu'il y a eu des affaires Dieudonné que certains lynchés se sont vus blanchis d'accusation d'antisémitisme.

    C'est bien parce qu'il y a eu des affaires Dieudonné que la presse a finalement enquêté et parfois pris parti sur d'autres lynchages médiatiques (Edgar Morin, Charles Enderlin, Pascal Boniface, Bruno Guigue, Siné..etc) et a mis en évidence le rôle de certaines personnes et de certains groupes influents ou impunis dont on ne parlait jamais auparavant.

     

    La réaction de Laurent Joffrin? Elle me rappelle l'arroseur arrosé ou le jardinier du dimanche qui a scié la branche sur laquelle il est assis.

    Blog de Milton Dassier sur l'actu 



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  • Serge CHARBONNEAU
    photo : David Fernández

    C’est dommage que si peu de gens, maîtrisent la langue de Cervantès.

    Hier, le Président diabolisé (depuis déjà une décennie) du Venezuela a donné une conférence de presse pour les médias internationaux. La soldate Beatriz Lecumberri du bataillon de l’AFP était présente. Le démon Chávez lui laissa les premiers mots pour donner le coup d’envoi à cette rencontre. La soldate Lecumberri de AFP a donc eu l’honneur de poser la première question. Le démon Hugo Chávez lui répondit de façon plus qu’exhaustive. Une réponse de près d’une heure.

    Non seulement il répondit à sa question concernant les allégations du gouvernement Uribe de Colombie l’accusant d’avoir acheté des armes de la Suède pour les vendre ou les donner à la guérilla « marxiste » [1] des FARC, mais il en profita pour donner un cours d’armement et d’Histoire.

    La bête noire (puisque ce qualificatif si constamment employé pendant la saine (sic) l’administration Bush identifie maintenant, « le gros verrat » dans l’esprit de bien des gens) a non seulement mis en contexte avec une précision incroyable les accusations colombiennes, il donna un cours d’armes de combat, suivi d’un important cours d’Histoire régional. Aussi, il nous fit part de plusieurs anecdotes et circonstances que son rôle de gradé de l’armée vénézuélienne lui a permis de vivre en tant qu’acteur important dans les événements de la région. Cette conférence de presse était plus qu’intéressante. Une conférence de presse d’une très grande importance pour comprendre ce qui se passe en Amérique latine.

    Ce matin, cherchez un seul reportage de la soldate Beatriz Lecumberri (AFP) concernant cette importante conférence de presse, vous n’en trouverez pas (en tout cas, je n’ai rien trouvé). Dans les journaux mondiaux (toujours à l’unisson), on trouve deux titres. Le plus "adéquat" est : « Les armes suédoises des Farc ont été volées au Venezuela en 1995, dit Chavez ».

    Remarquez le « dit Chávez » qui annule en quelque sorte la crédibilité de la nouvelle. Tout le monde sait (après se l’être fait dire depuis des années) que Chávez est (en théorie et selon les soldats de l’information internationale) un fieffé menteur (sic). Donc, bien que Chávez ait démontré d’une façon incontestable l’absurdité de l’accusation colombienne, toute sa remarquable démonstration reste sans effet. Le bataillon médiatique est simplement contre la bête noire, peu importe la réalité, les faits, les circonstances et les preuves. Une fois de plus nous constatons que le bataillon médiatique opère pour un camp et que l’information journalistique est une illusion terrible.

    Pour compenser ce maigre entrefilet, je vous invite à assister à cette importante conférence de presse tenue au palais de Miraflores de Caracas, hier, mercredi le 5 août 2009. « Chávez demuestra la falsedad de las pruebas de Uribe sobre las supuestas armas incautadas a las FARC » Chávez démontre la fausseté des preuves de Uribe concernant les armes supposément saisies aux FARC (en octobre 2008). Article et vidéo en 4 parties : http://www.radiomundial.com.ve/yvke/noticia.php?30010

    C’est avec une clarté et une précision chirurgicale que la bête noire (titre qu’on nous a enraciné dans le profond de notre cerveau) démontre l’absurdité de cesdites preuves. De plus, Chávez, ce Président diabolisé, qui n’a jamais opprimé sa population, qui a été élu et confirmé dans son poste plusieurs fois par la voie des urnes (toujours amplement surveillées par des centaines d’observateurs étrangers (400 aux élections de décembre 2006), qui n’a jamais envahi aucun pays, qui ne s’est jamais ingéré dans la politique interne d’aucun pays (autrement qu’amicalement lors de rencontres bilatérales ou multilatérales (MERCOSUR, UNASUR, ALBA)), nous a livré avec émotivité ses valeurs et ses convictions. Il a aussi fait part de comment il avait vécu plusieurs événements concernant cette guerre interne de Colombie ainsi que les attaques répétées contre lui.

    Malheureusement, aucun reportage rapportant fidèlement cette vibrante conférence de presse n’est disponible dans nos médias. Par contre, on peut trouver un second titre faisant référence d’une façon plus que partielle à cette rencontre d’hier avec les médias internationaux : « Tensions Venezuela/Colombie : Chavez interdit l’importation de 10.000 voitures ». Un titre que vous pouvez retrouver dans l’ensemble de la presse dominante. Un titre vide mettant au premier plan un aspect négligeable de cette présentation de Hugo Chávez.

    C’est cet aspect, totalement secondaire, que les bataillons médiatiques ont choisi de transmettre à la population. C’est l’aspect le plus inoffensif pour ne pas que l’image du gros verrat ne s’améliore.

    Il faut noter la présentation "malhonnête" de AFP (repris par TV5 [2]).

    L’article se termine en disant :

    «  M. Chavez a poursuivi en déclarant que les lance-roquettes et fusils automatiques trouvés en Colombie dans un camp des rebelles marxistes avaient été volés dans un arsenal vénézuélien il y a 14 ans, démentant l’affirmation des Colombiens selon laquelle ces armes avaient été fournies par le Venezuela aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

    Ces armes se trouvaient à la base de Cararabo, proche de la frontière colombienne, et furent volées en 1995, a affirmé le président Chavez, qualifiant les accusations de Bogota de "sale action" destinée à détourner l’attention alors que la Colombie s’apprête à autoriser l’ouverture sur son sol de sept bases militaires américaines. »

    Il est faut de dire : « Chavez a poursuivi en déclarant… »

    Chávez n’a pas « poursuivi », il a débuté sa conférence de presse avec ces accusations colombiennes des armes supposément saisies aux FARC en octobre 2008. Sa conférence a duré plus d’une heure sur ce seul point.

    Il a parlé environ 5 à 10 minutes, tout au plus concernant l’aspect économique entre le Venezuela et la Colombie, en s’appliquant à démontrer que par ses décisions politiques il avait augmenté de façon incroyable le commerce entre les deux pays, et ce, au bénéfice de la Colombie. Il a dit, qu’étant donné les circonstances (ces attaques diffamatoires répétées contre son gouvernement), il était tout simplement pour faire affaire avec l’Argentine et le Brésil qui eux se comportent en gouvernement honnête et "ami" et non pas comme Uribe qui vient signer des accords en jouant hypocritement l’amitié et en ayant un poignard dans sa manche près à lui planter dans le dos.

    Une guerre est en cours en Amérique latine. Une guerre dont nous sommes les témoins aveugles. Aveugles parce que les bataillons médiatiques qui participent activement à cette guerre nous voilent délibérément la réalité.

    Cette conférence de presse, malgré son importance, malgré la justesse des preuves et des éléments démontrés, ne nous est pas fidèlement rapportée. La soldate Beatriz Lecumberri, une des vaillantes soldates de AFP, n’a rien fait transpirer des propos du Président vénézuélien.

    On nous garde confortablement dans nos préjugés et on travaille à conserver intacte dans notre esprit l’image de la bête noire.

    On constate, une fois de plus que le bataillon médiatique joue un rôle de premier plan dans cette guerre.

    Tout le monde sait que la première victime d’une guerre est la Vérité. Nous en avons, une fois de plus la preuve.

    La couverture du Coup d’État au Honduras est aussi une autre preuve flagrante. La dictature s’est maintenant installée en douce et ce régime dictatorial est devenu le gouvernement « de facto ».

    C’est honteux de constater comment nos (sic) vils soldats de l’information servent de façon félonne les intérêts qui les emploient et desservent à ce point l’information.

    L’Information qui, dans une société démocratique, est la pierre angulaire de la santé du système. Sans une information honnête, toute démocratie ne devient qu’illusion.

    Il faut que les citoyens en soient conscients. Il faut que le citoyen s’informe par lui-même.

    Internet est un outil extraordinaire pour parvenir à mieux s’informer. Sans internet, jamais nous ne pourrions voir l’importante conférence de presse qui s’est tenue hier à Caracas.

    Il faut profiter d’internet et il faut être conscient que probablement, cet outil d’information extraordinaire nous sera retiré peu à peu. Soit par des coûts le rendant inaccessible, soit en contrôlant l’information qui y circule.

    Il faut profiter d’internet le temps que nous le pouvons et il faut essayer d’empêcher qu’on nous enlève peu à peu, en douce, cet outil trop démocratique.

    La démocratie est d’une fragilité bien plus grande que l’on peut l’imaginer.

    Serge Charbonneau
    Québec

    P.S. : Hugo Chávez a dit attendre un invité de marque aujourd’hui à Caracas. Il a failli vendre la mèche hier, mais a décidé au dernier moment de nous garder la surprise. Peut-être ai-je mal compris, mais, il faut s’attendre à une rencontre, peut-être, importante.

    Il faut aussi chercher les reportages ou la diffusion en direct de la prochaine rencontre de l’UNASUR prévue la semaine prochaine à Quito. Il sera question des sept nouvelles bases militaires US en sol colombien. L’UNASUR va sûrement condamner cette présence illégitime de militaires états-uniens sur le sol sud-américain. Mais peu importe les condamnations, l’empire ne recule pas. Il n’y a qu’à voir l’installation sans encombre de la nouvelle dictature au Honduras. Malgré que la communauté internationale ait condamné sans ambages et unanimement le Coup d’État, rien n’a empêché la dictature de prendre le pouvoir. On peut noter la « faiblesse » de la communauté internationale, de l’ONU ainsi que de tous les regroupements de pays, pour contrer ce gouvernement obscur et global qui contrôle (ou tente de contrôler totalement) le monde.

    [1] Guérilla « marxiste ». Les bataillons médiatiques ont pris l’habitude de toujours mentionner le qualificatif « marxiste ». Bien que ce qualificatif ne veuille rien dire quant à la réalité actuelle de la guérilla colombienne, il sert à nourrir le bon vieux sentiment de la « maladie » de l’anti-marxisme. Une maladie qui sert à alimenter les préjugés, préjugés servant à voiler les valeurs morales et la simple réalité de l’injustice du pouvoir oligarchique et de l’incroyable fossé entre les classes sociales (surtout en Amérique latine).

    [2] http://www.tv5.org/cms/chaine-franc...

    Source 


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