• horefminis

    Quelle ambiance délétère dans les coulisses, en haut de l'état !

    On tire à hue et à dia sur la politique étrangère de la France. Il faut dire qu'il y a de quoi!

     

    D’élection en élection, de sondages désastreux en sondages catastrophiques, de remaniement en remaniement,  la France s’enfonce de plus en plus dans le marasme économique et social et perd de son influence dans le monde, une influence miraculeusement préservée jusqu’ici au fil des décennies malgré les erreurs, les errances, les fourvoiements.

     

    La diplomatie française n’est plus que l’ombre d’elle-même. Dans une France alignée sur les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, Israël et l’Allemagne, dans une Europe en panne de leadership et sans poids véritable, dans un monde où tout va très vite, y compris les changements de régime politique, la diplomatie française devrait être en pointe pour envisager les évolutions du monde, à défaut de les anticiper.

     

    En effet, elle a connu presque toutes les régions du monde de façon intime à travers ses conquêtes, à travers la colonisation. Elle reste présente sur tous les continents avec ses régions et territoires d’outre-mer, elle a une langue parlée par des centaines de millions de personnes, une histoire qu’on lui envie, une expérience politique internationale extrêmement riche, un siège permanent au conseil de sécurité. Cela fait de sérieux atouts pour peser au moins un peu sur le cours du monde.

     

    Et bien non ! Rien de cela ! La politique étrangère de la France se limite à des coups de menton médiatiques, des promesses de contrats (pas toujours tenues) et la mise en œuvre d’une propagande qui prend de moins en moins.

     

    C’est terrible tout de même ! Les dictateurs sanguinaires n’étaient pas ceux qu’on avait annoncés. Merde alors, on nous aurait menti ? Rappelez-vous, ce n’est pas vieux !

     

    Ahmadinejad, nouvel hitler, était l’homme à abattre pour tous les défenseurs des droits de l’homme.

    Chavez était le dictateur fanfaron avec lequel il ne fallait pas transiger, ne pas commercer ou le moins possible.

    Au Zimbabwe, Mugabe était infréquentable jusqu’à ce qu’il quitte le pouvoir.

     

    Par contre, on trouvait que Khadafi faisait des progrès, avait abandonné sa démarche terroriste, il était prêt à se ranger, à promouvoir la démocratie peu à peu. On espérait que les échanges commerciaux allaient lui donner le goût de la stabilité et de la démocratie. Il fallait donc le ménager.

     

    Ben Ali était présenté comme un type honnête, plein de bonne volonté mais résolument opposé aux « islamofascistes ». Il était donc un pur démocrate, attaché à la liberté de son peuple qu’il tenait d’une main de fer pour lui éviter la tentation islamiste. C’était pour le bien du peuple qu’agissait Ben Ali, forcément ! Voilà ce qui se disait à l’Elysée !

     

    Moubarak était auréolé d’être le successeur, que dis-je, l’héritier spirituel de Sadate, l’homme des accords de paix avec Israël, présenté comme un martyr assassiné par les forces obscurantistes qui agitaient, paraît-il, la population égyptienne dans les basses fosses de l’islamisme terroriste et antisémite.

    Moubarak, lui aussi, tenait son pays d’une main de fer mais c’était pour la bonne cause, c’était pour que la démocratie survive, pas en Egypte mais en Israël !

     

    L’Arabie Séoudite et sa monarchie absolue et religieuse d’inspiration salafiste trouvait grâce aux yeux de Nicolas Sarkozy qui allait même jusqu’à dire : « «La politique de civilisation, c’est ce que fait l’Arabie Saoudite sous l’impulsion de sa majesté le roi Abdallah, c’est ce que font tous ceux qui s’efforcent de concilier le progrès et la tradition, de faire la synthèse entre l’identité profonde de l’Islam et la moderniser sans choquer la conscience des croyants»

     

    Et il ajoutait :

     

    Une politique de civilisation, c’est une politique de solidarité, une politique de partage. C’est une politique qui ne veut pas seulement s’occuper des conséquences mais qui veut aussi s’attaquer aux causes, aux causes de la misère, aux causes de l’inégalité.
    C’est une politique qui reconnaît tous les hommes et tous les peuples égaux en droits, égaux en devoirs, égaux en dignité, c’est une politique qui place la vie au-dessus de tout. C’est une politique des intérêts vitaux de l’humanité. C’est une politique de responsabilité vis-à-vis des générations futures, vis-à-vis de la planète
    . »


    Dommage que les idées humanistes qui ont façonné la France, ne soient devenues qu'un bon cirage pour les bottes des riches dictateurs!

     

    Les peuples arabes chassent leur dictateur et, par un étrange hasard, dans un clin d’œil de l’histoire, il s’agit de despotes avec lesquels l’occident était ami, ne se souciant pas une seconde de leurs peuples sauf pour les empêcher d’avoir l’idée d’immigrer en Europe.

     

    Le changement devra être très profond car il concerne les mentalités des occidentaux savamment formatés à se méfier des arabes envisagés soit comme des apprentis terroristes soit comme des futurs immigrés, résultat de la propagande néocolonialiste, occidentaliste et sioniste.


    Milton ici


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    Libye : « Couper la tête du serpent ! »

    Un groupe d’officiers de l’armée a publié une déclaration exhortant leurs compagnons d’armes à « rejoindre le peuple » et à aider à éliminer Kadhafi.
     
     


     

     

    Des fissures profondes montrent que Kadhafi est en train de perdre un soutien vital : des représentants du gouvernement libyen en Libye même ou à l’étranger ont démissionné, des pilotes de l’armée de l’air ont fait défection et des bâtiments publics importants ont été détruits au cours des affrontements dans la capitale.

    Au moins 61 personnes ont été tuées dans la capitale ce lundi, ont déclaré des témoins à Al Jazeera. Les protestations semblent gagner en force, avec des manifestants disant qu’ils ont pris le contrôle de plusieurs villes importantes et de la ville de Benghazi, à l’est de Tripoli.

    Selon la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) basée à Paris, les manifestants ont pris le contrôle de Syrte, Tobrouk, Misrata, Khoms, Tarhounah, Zenten, Al-Zawiya et Zouara.

    Les manifestants ont appelé à une autre nuit de révolte contre le doyen des chefs du monde arabe, en dépit de la répression menée par le dictateur.

    Un énorme marche anti-gouvernementale à Tripoli lundi après-midi a été attaquée par les forces de répression qui ont utilisé des avions de chasse et des tirs à balles réelles, ont déclaré des témoins à Al Jazeera.

    « Ce à quoi nous assistons aujourd’hui est inimaginable. Des avions et des hélicoptères bombardent indistinctement une zone après l’autre. Il y a beaucoup, beaucoup de morts », a déclaré Adel Mohamed Saleh dans une émission en direct.

    « Toutes les personnes qui se déplacent, même si elles sont dans leur voiture, vont être prises pour cible. »

    Défection de militaires

    Deux jets le l’armée de l’air libyenne ont atterri à Malte ce lundi, et leurs pilotes ont demandé l’asile politique.

    Les pilotes ont affirmé avoir fait défection après avoir refusé d’obéir aux ordres d’attaquer des civils manifestant à Benghazi en Libye.

    Les pilotes, qui ont dit être colonels dans l’armée de l’air libyenne, ont été interrogés par les autorités maltaises dans le but de vérifier leur identité.

    Pendant ce temps, un groupe d’officiers de l’armée libyenne a publié une déclaration exhortant leurs compagnons d’armes à « rejoindre le peuple » et à aider à éliminer Kadhafi.

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    Face aux manifestations devenues une véritable insurrection populaire, dans un silence international devenu habituel, le régime libyen massacre à présent sa propre population en usant de tous les moyens à sa disposition.

    Les officiers exhortent le reste de l’armée libyenne à marcher sur Tripoli.

    Des diplomates prennent le parti des manifestants

    Les ambassadeurs de la Libye dans plusieurs pays ou institutions, dont les États-Unis et les Nations Unies, ont fait savoir qu’ils se rangeaient du côté des manifestants et ont demandé à Kadhafi de démissionner.

    Ali Aujali, ambassadeur de la Libye aux Etats-Unis, est devenu le dernier diplomate à réclamer la démission du leader libyen, disant devant l’agence Associated Press lundi soir que Kadhafi devait démissionner et donner une chance Libyens « de construire leur avenir ».

    Il a dit qu’il ne démissionnait pas, mais qu’il travaillait pour le peuple libyen.

    Lundi soir également, A.H Elimam, ambassadeur de la Libye au Bangladesh, a démissionné pour protester contre l’assassinat de membres de sa famille par des soldats gouvernementaux.

    Plus tôt lundi, les diplomates à la mission libyenne à l’Organisation des Nations Unies se sont mis du côté de la révolte contre le dictateur et ont demandé à l’armée libyenne d’aider à renverser « le tyran Mouammar Kadhafi ».

    Dans un communiqué publié alors que les manifestations ont éclaté à travers toute la Libye, le responsable adjoint de la mission et d’autres membres du personnel ont déclaré qu’ils étaient au service du peuple libyen, et ont exigé « la suppression immédiate du régime en place », appelant les autres ambassades libyennes à leur emboîter le pas.

    Kadhafi mène une bataille sanglante pour s’accrocher à son pouvoir vieux de de 41 ans, alors que la révolte contre son régime a atteint la capitale, Tripoli.

    Dans le communiqué publié à New York, il est fait état de centaines de tués dans les cinq premiers jours du soulèvement.

    Un porte-parole de la mission aux Nations Unies, Dia al-Hotmani, a déclaré le communiqué avait été rédigé par le représentant permanent adjoint Ibrahim Dabbashi, et d’autres membres du personnel.

    Abdurrahman Shalgham, ambassadeur de la Libye au Nations Unies, n’était pas présent à la conférence de presse, mais il a déclaré au journal Al-Hayat que tous les diplomates de mission ont appuyé la déclaration « à l’exclusion de moi-même ». Il a dit être en contact avec le gouvernement Kadhafi et tenter « de les persuader de mettre fin à leurs actes ».

    Génocide

    Dia al-Hotmani a expliqué que lors d’une réunion ce lundi dans les bureaux de la mission de New York, le personnel « a exprimé notre sentiment d’inquiétude sur le génocide en cours en Libye ».

    « Nous ne voyons pas de réaction de la communauté internationale », a-t-il ajouté.

    « Le tyran Mouammar Kadhafi a affirmé clairement, par l’intermédiaire de ses fils, à quel niveau d’ignorance ils étaient tous, et combien ils méprisent la Libye et le peuple libyen, » ajoute la déclaration rédigée en langue arabe.

    Près de 300 personnes auraient été tuées dans les violences dans la capitale et les démonstrations entrent dans leur deuxième semaine.

    Des témoins puis Tripoli ont déclaré à Al Jazeera mardi que des avions de combat avaient bombardé des quartiers de la ville lors de nouvelles attaques. Ils ont dit aussi que des « mercenaires » tiraient sur les civils dans la ville.

    Des habitants du quartier Tajura, à l’est de Tripoli, ont déclaré que des cadavres gisent encore dans les rues.

    Dia al-Hotmani a condamné l’utilisation par Kadhafi de « mercenaires africains » pour tenter de réprimer l’insurrection et a dit craindre « un massacre sans précédent à Tripoli. »

    « Couper la tête du serpent ! »

    Le communiqué appelle « les officiers et les soldats de l’armée libyenne, où qu’ils soient et quel que soit leur rang ... à s’organiser et à marcher sur Tripoli et à couper la tête du serpent."

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    Les manifestants ont pris le contrôle de plusieurs villes - Photo : Reuters

    Il est aussi fait appel à l’Organisation des Nations Unies pour imposer une zone d’exclusion aérienne sur les villes libyennes afin de prévenir que des mercenaires et des armes y soient expédiées.

    Il a également exhorté les gardes d’installations pétrolières en Libye à protéger celles-ci de tout sabotage « par le tyran lâche », et a appelé les pays à empêcher Kadhafi de fuir et de se tenir à l’affût de tout mouvement d’argent.

    Dabbashi et ses collègues ont appelé la Cour pénale internationale basée à La Haye à lancer une enquête immédiate sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité que Kadhafi, ses fils et ceux qui le soutiennent ont commis.

    Ils ont appelé les employés des ambassades libyennes à travers le monde à « se tenir aux côtés de leur peuple », en particulier la mission des Nations Unies au siège européen de Genève, qui selon eux devrait déclencher une initiative du Conseil des droits de l’homme.

    On ne sait pas pour l’instant si d’autres ambassades libyennes étaient susceptibles de répondre à l’appel, mais l’ambassadeur du pays en Inde, Ali al-Essawi, ait déclaré qu’il démissionnait pour protester contre la violente répression dans son pays.

    Les ambassadeurs de la Libye auprès de l’Union européenne, de la Ligue arabe et de l’Indonésie ont également démissionné, tandis que les ambassades du Japon et la Malaisie ont été fermées ce mardi.


     
     

    22 février 2011 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
    http://english.aljazeera.net/news/a...
    Traduction : Info-Palestine.net

     

     


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  • Péchés du père, péchés du fils

    Lamis Andoni - AL Jazeera

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    Tandis que Kadhafi s’est appuyé sur des slogans révolutionnaires creux pour se maintenir au pouvoir, son fils veut s’appuyer sur l’argent du pétrole pour conserver le sien.
     
     
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    Plusieurs personnes se sont rassemblées devant l’ambassade libyenne à Londres en signe de solidarité avec les manifestants en Libye - Photo : AFP

    L’absolue brutalité utilisée dans le répression des manifestations anti-gouvernementales en Libye met en pleine lumière la tromperie des dictatures arabes post-coloniales qui se sont appuyées sur des slogans révolutionnaires comme source de légitimité.

    Depuis son ascension au pouvoir par un coup militaire en 1969, le colonel Muammar Kadhafi a employé chaque élément de la rhétorique révolutionnaire pour justifier ses actions servant à consolider le pouvoir dans les mains de ses parents et proches associés et à créer un réseau de forces de sécurité et de milices pour contraindre les Libyens à se conformer aux caprices de son régime cruel.

    Par son soutien aux mouvements révolutionnaires dans différentes régions du monde - ceux, naturellement, qui ne mettent pas en danger son propre rôle - il a cherché à se faire valoir en tant que « défenseur des opprimés », provoquant ainsi la colère de l’Occident. Mais les gens qui aujourd’hui défient courageusement la sauvage répression exercée par son régime, envoient le message selon lequel les slogans anti-occidentaux - même si occasionnellement suivis d’un soutien à des causes justes- ne peuvent plus justifier le maintien de régimes oppressifs dans la région.

    Une nouvelle ère commence dans laquelle les dirigeants seront jugés sur leur capacité à représenter les aspirations des peuples et seront tenus pour responsables de leurs actes. Pousser des cris de guerre de ralliement contre un ennemi étranger, même lorsque cet ennemi est très réel, tout en infligeant l’injustice à son propre peuple ne sera plus toléré.

    Les régimes arabes post-coloniaux, y compris ceux qui sont apparus sur les vagues - ou ont même jusqu’à un certain point véritablement été les représentants - de la résistance anti-coloniale, ont dû recourir à la police secrète et aux lois répressives pour subordonner leurs sujets. La leçon est claire : sans démocratie représentative, les républiques arabes se sont métamorphosé en repoussantes dynasties héréditaires qui traitent leurs pays comme leurs propres entreprises privées anonymes.

    Tout en piétinant les intérêts de son propre peuple, Kadhafi s’est façonné l’image d’un champion de la cause palestinienne, usant des attaques verbales les plus violentes contre Israël. Mais c’est un thème récurrent dans une région où les chefs doivent avoir recours à des discours creux sur la difficile situation des Palestiniens afin de donner à leur régime le timbre de la « légitimité ». L’« appui » de Kadhafi, cependant, ne l’a pas empêché d’expulser des Palestiniens habitant en Libye et de les laisser échoués dans le désert quand il a cherché « à punir la direction palestinienne » pour être entrée en pourparlers avec Israël.

    Mais bien plus cynique encore que son support « pro-palestinien » est son exploitation de la situation pénible des peuples africains en se faisant introniser leader du continent. Cette exploitation est tragique, si les informations s’avèrent exactes, puisqu’il a employé des travailleurs migrants africains sub-sahariens contre les manifestants libyens. Mais il est hélas tristement et terriblement crédible qu’un dictateur impitoyable, un hysterique conduit par la peur de perdre sa richesse et son pouvoir, puisse exploiter des pauvres marginalisés contre des pauvres opprimés.

    Le chouchou de l’Occident

    Seif al-Islam, le fils de Kadhafi qui est apparu à la télévision d’état libyenne pour avertir que les manifestants menaçaient d’entraîner la Libye dans la guerre civile, n’a pas besoin à la différence de son père, de feindre de vouloir soutenir les défavorisés du monde. Car son pouvoir a une origine totalement différente. Quand Seif a prévenu que des « rivières du sang » couleraient si les manifestations ne s’arrêtaient pas, il se donnait le droit, simplement parce qu’il est le fils de son père, d’écarter les revendications de millions de personnes et de proférer d’indignes menaces.

    Seif peut paraître plus sophistiqué que son fou de père, mais sa prestation était celle d’un seigneur féodal incapable de saisir pourquoi ses serfs défieraient son autorité.

    Il n’a aucun besoin d’utiliser les subterfuges de son père en usant de la rhétorique révolutionnaire creuse dont Kadhafi s’est servi avec succès devant le Conseil Révolutionnaire du pays et les Comités Révolutionnaires - lesquels sont censés représenter les intérêts du peuple - pour cimenter le pouvoir de sa famille, et comme outils pour subjuguer les masses.

    Mais le rôle de Seif a été défini non seulement par son pouvoir dans le pays. Selon Vivienne Walt qui écrit dans Time Magazine, depuis la levée des sanctions occidentales contre la Libye en 2005, Seif a joué le rôle « d’assurance » pour les compagnies qui ont investi des millions de dollars dans le pays.

    « Dans les entrevues avec des cadres de l’industrie pétrolières, tous déclarent que Seif est la personne que la plupart d’entre eux aimeraient voir au pouvoir en Libye. Il a fait quelques apparitions au Forum Économique Mondial. Et durant deux visites en Libye, j’ai vu d’innombrables cadres d’entreprise américains et européens faire la queue pour un rendez-vous avec Seif, » a-t-elle écrit récemment.

    Il est peu étonnant que Seif se sente assez sûr de lui-même pour proférer des menaces à l’encontre du peuple libyen alors qu’il n’a même aucune fonction officielle. Sa position en tant que chouchou de l’Occident l’autorise - d’après ce qu’il semble clairement considèrer - à piétiner la vie d’autrui. Et cela peut également expliquer l’hésitation de l’Occident à condamner sans équivoque la brutalité insigne du régime Libyen.

    Alors que le père assurait sa griffe sur le pouvoir et construisait une dictature tout en prétendant à « la légitimité révolutionnaire, » Seif a toujours escompté avoir le tampon occidentale de la légitimité en gardant ouverte la porte pour les compagnies d’exploitation étrangères, de la principale ressource du pays. La répression menée par le père au nom de la révolution, et le statut du fils comme agent des compagnies étrangères a créé un pays riche en pétrole où un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et où existent 30% de chômeurs. C’est cela, la Libye de Kadhafi.

    Mais le peuple libyen lance maintenant un bruyant adieu à la Libye de Kadhafi et de sa famille et, avec de grands sacrifices, il construit un pays nouveau, plus libre.

    * Lamis Andoni est une analyste et une commentatrice des questions du Moyen-Orient et de la Palestine.

    De la même auteure :

    -  La résurrection du panarabisme - 21 février 2011
    -  A tous les tyrans du monde arabe... - 17 janvier 2011
    -  Le renouveau des mobilisations sociales et politiques dans le monde arabe - 7 janvier 2011
    -  L’Europe doit émerger de l’ombre des Etats-Unis - 26 décembre 2010
    -  Un ultime acte de résistance ? - 14 décembre 2010
    -  Que va penser le monde arabe de ses dirigeants ? - 3 décembre 2010
    -  Israël veut sous-traiter l’occupation de Gaza à l’Union Européenne - 9 août 2010
    -  Calme précaire à Gaza et temps des soupçons - 21 mars 2008
    -  Les Palestiniens aspirent à l’unité - 18 janvier 2008


     
     

    21 février 2011 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
    http://english.aljazeera.net/indept...
    Traduction de l’anglais : Abd al-Rahim

     

     


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  • Lettre ouverte a Mr Boillon, en réponse aux excuses présentées sur sa page Facebook

    yasmine

    Votre Excellence,

    Monsieur l’Ambassadeur,

    Si je me permet de vous écrire aujourd’hui, c’est parce que, comme vous, lors de votre lettre d’excuses publiée sur votre page facebook « j’estime qu’il est important de sortir des polémiques, » mais auparavant, quelques éclaircissements s’imposent.

    L’action qui vous a été confiée est une mission dont vous avez été investi au nom de la Nation française. Votre fonction est des plus délicates car non seulement vous représentez votre gouvernement, mais aussi la France et les Français, et vous vous devez de faire bonne figure, vous plus que n’importe quel autre diplomate.

    Je ne m’étalerai pas sur les dysfonctionnements des protocoles diplomatiques concernant votre prise de fonction, qui n’a pas respecté les règles de la diplomatie. D’autres s’en sont chargés avant moi.

    La question qui vous a été posée Monsieur l’Ambassadeur, celle de savoir ce « que (vous pourriez) répondre aux préoccupations du peuple tunisien par rapport au comportement de la France durant la révolution », était une question tout à fait légitime compte tenu de la réaction de la France, pays allié et ami depuis toujours, face aux évènements qui ont secoué le pays.

    Par ailleurs, vous semblez avoir oublié, Monsieur l’Ambassadeur, que l’ère Ben Ali dont la France a été complice (il suffit de lire la régente de Carthage), cette ère est révolue, du moins concernant notre liberté d’expression.

    Quelques faits toutefois pour mémo :

    Acte 1 : Interview du 2 février au JT de France 2.

    Mme Alliot Marie reconnaît avoir pris ses vacances en familiale entre Noël et nouvel an en Tunisie et affirme deux choses. La première, plutôt alarmante, compte tenu de la fonction qu’elle occupe. Elle affirme ne pas avoir été au courant de la situation du pays ou du moins ne pas en avoir saisi la gravité. Pour une ministre des affaires étrangères, cela est plutôt inquiétant... surtout quand on passe des vacances dans le dit pays.

    Je rappelle que l’incident qui a mis le feu aux poudres est la mort de Bouazizi, survenue le 17 décembre 2010, soit une petite dizaine de jours auparavant.

    « Quand je suis ministre, je suis ministre,et quand je suis en vacances, je suis comme tous les Français. » dit elle oubliant que tous les Français ne font pas partie des hautes sphères de l’État.

    Acte 2 : Grâce aux révélations de Mediapart confirmées par la cabinet de Madame la Ministre, nous apprenons que MAM a eu l’occasion de s’entretenir avec le président déchu.

    Je fais bref, je passe ce qui me paraît pouvoir être de l’ordre privé si l’on veut rester indulgent. Transaction immobilière , les voyages en jet, et le tutti quanti.

    Quelques jours plus tard, des colis contenant des explosifs et tout le nécessaire pour réprimer la foule en colère ont été interceptés le 14 janvier. Une haute autorité aurait donné l’ordre formel de ne pas faire partir les colis.

    Quelques jours auparavant, Madame la Ministre avait proposé « le savoir-faire français » à la police tunisienne.

    La question qui vous a été posée traduit donc l’angoisse de tout un peuple, Monsieur, dont vous avez à reconquérir la confiance. Elle est d’autant plus justifiée par les éléments que je viens d’évoquer.

    Il était de votre rôle de garder votre sang froid, et de ne pas traiter cette question de « débile »

    Elle révélait juste l’appréhension,d’un peuple privé de son plus vieil ami dans un véritable coup dur.

    La langue d’Ibn Khaldoun que vous maniez avec aisance, et qui vous a valu votre affectation en Irak, mais aussi quelques petits surnoms sympathiques, comme « mon petit arabe » dirait Mr le Président Sarkozy, ou encore « mon fils », dirait Khadafi dont vous avez géré la visite officielle à Paris d’une main de maître, ne suffira pas à gagner le cœur des tunisiens...

    La Tunisie n’est pas l’Irak. Nous ne sommes pas en guerre. Nous entamons une Révolution, avec pour étendard « Liberté, égalité, dignité »

    Votre Excellence, vous semblez avoir oublié que nous avions été humiliés, bâillonnés de longues années durant. La dignité et la bravoure ont permis au peuple non seulement de renverser le pouvoir en place d’une manière presque pacifique, mais aussi le gouvernement mis en place par la suite, jugé trop proche de l’ancien régime.

    De même notre ministre des affaires étrangères, a lui aussi fais les frais pour avoir soutenu votre ministre...

    Non, Monsieur l’Ambassadeur, plus personne ne nous musèlera. Nous veillons a cela.

    J’aurai pensé que la liberté toute nouvelle dont nous venons de faire l’acquisition aurait pu à elle seule tempérer votre comportement. Vous auriez alors fait preuve de vraie diplomatie, en mariant l’art du verbe et celui de l’habilité, pour vous dépêtrer de cette situation, qui, j’avoue, était des plus sensibles.

    C’est là qu’un vrai diplomate aurait fait la différence. Votre manque d’expérience en est en partie la cause, mais vous auriez relevé le défi avec un peu plus de sagesse, et pourquoi pas même une note d’humour. Cela aurait suffit à décrisper la situation.

    Dans votre lettre d’excuses publié sur votre page Facebook, vous dites ceci : « Je suis venu vous parler avec le cœur, avec humilité. »

    Moi aussi, Monsieur l’Ambassadeur, je viens vous parler avec le cœur, avec humilité. Il ne s’agit pas là de vous agresser ni de vous offenser.

    J’ai moi même beaucoup d’amour et de respect pour ma seconde Patrie, la France. C’est un geste sain pour la colère qui ronronne en moi. Vous avez véhiculé une image qui entiche la France, ma France, et les Français. C’est pourquoi j’écris cela.

    J’écris cela pour que mes concitoyens tunisiens ne cristallisent pas un rejet de la France, dû a vous, et à vous seul.

    J’écris cela pour que mes concitoyens français comprennent que notre réaction, alors que nous vivons sous tension depuis prés de deux mois, notre réaction est légitime. Le but n’était pas de faire polémique. Nous nous sommes sentis insultés, humiliés.

    Enfin, j’écris cela parce que je déteste l’injustice et que vous avez été injuste.

    Vous nous dites dans votre lettre Monsieur « que cela a été interprété comme une marque d’arrogance et de respect »

    J’ai visionné la séquence de Mosaique d’une durée de 6.01 .Je l’ai visionné au moins une dizaine de fois. Et j’ai été littéralement indigné a chaque fois.

    Monsieur l’Ambassadeur, dois-je vous rappeler que vous vous en êtes pris à des femmes ? La galanterie, le savoir vivre est le savoir être ne sont-ils pas liés à l’histoire de France ? Dois-je vous rappeler la longue tradition des ambassadeurs français, la galanterie à la cour des rois ?

    Tout dans votre attitude, dans votre verbe prêtait à la désinvolture, au dédain et à l’arrogance. Quel manque de grâce, votre Excellence, pour un homme de votre position !

    En outre, vous qui n’aimez pas que l’on évoque votre jeune âge compte tenu du degré de responsabilités qui vous incombe (sujet de la deuxième altercation avec l’une des journalistes), vous osez vous abriter derrière un « je suis jeune, et je paye le défaut de mes qualités. »

    En l’occurrence deux choses. Ce n’est pas votre jeunesse, Monsieur l’Ambassadeur qui vous a fait défaut, et votre parcours en témoigne pour vous. C’est l’humilité. Vous avez pris ces gens de haut.

    Ni votre position d’ambassadeur, ni vos rapports privilégiés avec le président de la République, Mr Sarkozy ne doivent vous légitimer dans votre attitude. On est tous des semblables. Nous respirons le même air, et nous marchons sur la même terre. Nous nous devons de nous traiter avec respect mutuel.

    Votre Excellence, si vous me permettez, accordez vous un moment seul, coupé de tout parasitage. Installez vous confortablement dans votre fauteuil. Si vous ne voulez toujours pas être sincère avec vous même, revisionnez la vidéo. Décortiquez vos dires. Vos gestes. Le ton. Les expressions de votre visage. Et surtout,s oyez honnête avec vous même.

    Vous avoir imposé ce poste alors que vous êtes encore au stade « trop fougueux et trop impatient comme les révolutionnaires ! » dites vous dans le texte avec un point d’exclamation, n’est pas dû à une erreur de jugement de votre part, mais de ceux qui ont estimé que vous aviez les qualités adjugées nécessaires à ce poste. Ces mêmes personnes ont omis de vous signaler qu’un ambassadeur au service de la nation qu’il représente, fut il le plus jeune ambassadeur de France, ne convient pas d’apparaitre dans le plus simple appareil, maillot bleu extrêmement moulant, et torse nu épilé au poil,a rborant un style à la Mickeal Vandetta,vous qui êtes celui qu’on nomme votre Excellence !

    A moins que la nouvelle diplomatie du quai d’Orsay tente de se refaire une image new age, new look, oubliant les codes de conduite dont doivent faire preuve les représentants d’une nation.

    Quand au terme de bizutage, Monsieur, il a pour définition dans le Larousse (de poche) : « Faire subir des brimades à un bizut, élève de première année d’une grande école, et ce, à son arrivée. »

    Notre peuple, Monsieur, est connu pour son bon vivre, mais aussi pour la qualité de son accueil, la réputation de l’hospitalité tunisienne n’est plus à faire. Nous n’avions pas préparé un guet apens ! Votre bizutage, comme vous le nommez, n’est dû qu’à vous même, votre Excellence.

    Le reconnaître vous permettra de repartir du bon pied, bien que cela aura entiché votre jeune carrière. Mais c’est en forgeant que l’on devient forgeron,n’est ce pas ?

    Vous avez fait la promesse d’être plus poli a l’avenir... On n’attend pas d’un ambassadeur qu’il soit plus poli, Monsieur, il se doit d’être poli ! Ce sont les règles de la bienséance que doit maîtriser tout diplomate, bon ou mauvais. L’ego n’a pas toujours sa place dans la diplomatie. Raison d’état oblige.

    Je crains que la « pont de confiance », cette « nouvelle page », ne soit plus compliqué àmettre en oeuvre, mais rien n’est impossible dit-on....

    Enfin, et j’en aurai fini, dans la diplomatie, l’art du langage a ses propres codes. On ne dit pas « Vous n’avez rien compris, on dit... je me suis mal faite comprendre... ».

    A présent, nous pouvons sortir des polémiques.

    Je vous prie de croire, Monsieur l’Ambassadeur, en l’expression de mon profond respect.

    Yasmine

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  • Kadhafi dénonce les manifestants et fait appel à ses partisans

    mardi 22 février 2011, par La Rédaction Al-Oufok

    Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a affirmé mardi dans un discours télévisé que les manifestants dans le pays étaient des "mercenaires", et il a appelé ses partisans à descendre dans les rues pour le soutenir.
    Jurant de ne pas quitter son pays et se disant prêt à y "mourir en martyr", le numéro un libyen a imputé la révolte en cours à des bandes de jeunes "rats et mercenaires" cherchant à transformer la Libye en Etat islamique.
    "Mouammar Kadhafi est le chef de la révolution, je ne suis pas un président qui démissionne (...) C’est mon pays. Mouammar n’est pas un président qui abandonne son poste. Mouammar est le chef de la révolution jusqu’à la fin des temps."

    "Je ne quitterai pas ce pays, je mourrai ici en martyr", a-t-il dit.
    Dans ce discours incendiaire et décousu, il a exhorté ses partisans à descendre dans les rues mercredi pour en prendre le contrôle, et annoncé la formation de nouveaux comités révolutionnaires le même jour. Il a aussi affirmé que les Libyens pouvaient avoir la constitution de leur choix.
    Kadhafi, qui intervenait apparemment devant un bâtiment bombardé en 1986 par l’aviation américaine, a également dit que les manifestants méritaient la peine de mort aux termes de la législation libyenne.

    Ashton annonce la suspension de l’accord négocié avec la Libye
    Catherine Ashton, haute représentante de la diplomatie européenne, a annoncé mardi que l’Union allait suspendre les négociations en cours avec la Libye pour un accord-cadre commercial.
    "Je déplore la perte de vies et je condamne tous les actes de violence", a-t-elle déclaré au sujet de la répression brutale par les forces de sécurité libyennes de l’insurrection populaire déclenchée il y a une semaine contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi.
    "Nous allons suspendre l’accord cadre que nous sommes en train de négocier", a-t-elle ajouté.

    L’Est de la Libye échappe au contrôle du régime Kadhafi
    L’Est de la Libye échappe au contrôle du numéro un Mouammar Kadhafi, la révolte s’étant propagée comme une traînée de poudre à travers le pays, ont déclaré mardi à Reuters des militaires passés dans le camp des insurgés.
    Des habitants de Tobrouk, ville côtière de plus de 100.000 habitants en Cyrénaïque, ont assuré mardi que la population contrôlait la ville depuis trois jours. La fumée qui s’élève au-dessus de la ville provient d’un dépôt de munitions qui a été bombardé par des soldats fidèles à l’un des fils Kadhafi, ont-ils dit.

    "Toutes les régions orientales échappent maintenant au contrôle de Kadhafi (...) le peuple et l’armée sont main dans la main ici", a déclaré un officier, Hany Saad Marjaa, au correspondant de Reuters, l’un des premiers journalistes étrangers à pénétrer en Libye depuis le début du soulèvement.
    Le côté libyen de la frontière avec l’Egypte est contrôlé par des éléments armés hostiles à Kadhafi, qui saluent les visiteurs en provenance d’Egypte.

    L’un de ces hommes en armes brandissait un portrait de Kadhafi, renversé et barré des mots "Boucher, tyran, assassin des Libyens !", a constaté le correspondant de Reuters en traversant la ville de Moussaïd, du côté libyen de la frontière.
    Dans Tobrouk, des habitants s’emploient à rétablir une situation normale. Des insurgés armés de couteaux, de barres et de fusils d’assaut gardent les rues. Des hommes en armes posent pour des photos en faisant le V de la victoire.

    "On a des vivres, les pharmacies sont ouvertes, les hôpitaux fonctionnent, tout est ouvert", a déclaré un habitant, en ajoutant : "Chacun s’est proposé pour aider, des jeunes et des vieux, des hommes et des femmes".

    Des militaires passés dans le camp des insurgés dirigeaient la circulation sur les grandes artères.
    Deux cents personnes environ se sont rassemblées dans le centre de la ville en clamant : "Le peuple veut la chute du régime !" et "A bas, à bas Kadhafi !" Et sur les murs, on pouvait lire ces graffiti : "On en a assez !" Selon un Libyen, Benghazi, deuxième ville de Libye avec plus de 700.000 habitants, a été "libérée" dès samedi.

    (Mardi, 22 février 2011 - Avec les agences de presse)


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