• Rapport n° 36 sur les violations israéliennes des droits humains

    Les Forces d’occupation israéliennes poursuivent systématiquement leurs agressions contre les civils palestiniens et leurs biens, et maintiennent leur siège total de la bande de Gaza.

    Durant la dernière semaine :

    • un enfant palestinien a été tué par les FOI dans la bande de Gaza ;
    • 6 civils palestiniens, un résistant et un journaliste israélien ont été blessés par des tirs des FOI ;
    • les FOI ont utilisé la force contre les manifestations non violentes organisées pour protester contre la construction du mur d’annexion en Cisjordanie ;
    • les FOI ont conduit 38 incursions dans les communautés palestiniennes en Cisjordanie et 5 dans la bande de Gaza ;
    • elles ont arrêté 22 Palestiniens, dont 2 mineurs, en Cisjordanie, et 5 mineurs dans la bande de Gaza ;
    • les forces navales israéliennes ont poursuivi leurs attaques contre les pêcheurs palestiniens et les bateaux en cours de pêche dans la bande de Gaza ;
    • les FOI ont maintenu un siège total sur les Territoires palestiniens occupés et ont isolé la bande de Gaza du monde extérieur ;
    • les troupes positionnées aux check-points militaires et aux passages frontaliers en Cisjordanie ont arrêté 6 civils palestiniens, dont 2 femmes ;
    • elles ont maintenu leurs mesures qui visent à créer une majorité juive à Jérusalem-Est sous occupation ;
    • les FOI ont prolongé la fermeture d’un centre de développement palestinien pour une année de plus ;
    • la colonisation s’est poursuivie en Cisjordanie ainsi que les agressions des colons contre les civils palestiniens et leurs biens ;
    • Israël a jeté les bases d’une nouvelle colonie entre la colonie Ma’ale Adomim et Jérusalem-Est ;
    • Israël a approuvé la construction de centaines de logement dans les colonies israéliennes ;
    • les FOI ont détruit 4 réservoirs d’eau à Hébron.
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    Un bulldozer déblaie des blocs de rocher sur un chantier de construction à Har Homa,
    une colonie à l’est de Jérusalem

     

    Violations israéliennes recensées durant la semaine du 3 au 9 septembre


    1 - Incursions dans les zones palestiniennes et agressions contre les civils palestiniens et leurs biens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza

    Jeudi 3 septembre

    Incursions dans la région de Jénine : vers minuit et demi, les FOI pénètrent dans Jénine, fouillent des maisons (1 Palestinien de 20 ans arrêté). Village de Bouqin, vers 1h du matin, (1 arrestation, 19 ans).

    Région de Qalqilya : vers 1h30, incursion dans Qalqilya même (1 arrestation).

    Région de Jéricho : 2h du matin, camp de réfugiés d’‘Aqabet, au sud de Jéricho (1 arrestation).

    Région de Bethléhem : 3h du matin, village de Nahalin (2 arrestations, deux mineurs de 17 ans).

    Bande de Gaza : 10h00, les FOI pénètrent à 400 mètres au sud-est d’al-Shoja’eya, banlieue Est de Gaza ville. Elles nivèlent les terres qu’elles avaient défoncées précédemment, détruisent également plusieurs réservoirs affectés au réchauffement de l’eau. Des confrontations armées avec la résistance palestiniennes ont eu lieu. Un résistant palestinien a été blessé.

    Région de Ramallah : Mo’taz Salah Khawaja, 8 ans, du village de Ni’lin à l’ouest de Ramallah, est brûlé aux jambes par l’explosion d’une bombe sonore lancée par les FOI près du mur d’annexion.

    Vendredi 4 septembre

    Naplouse : les FOI entrent dans un village à l’est de Naplouse, vers 1h du matin (2 arrestations de jeunes de 19 ans).

    Tulkarem : incursion dans Tulkarem (1 arrestation).

    Bande de Gaza : 12h00, les FOI pénètrent à 200 mètres dans Abu Raida à l’est de Khuza’a village situé à l’est of Khan Yunis. Les terrains sont nivelés suite aux précédents défonçages de ces terres agricoles.

    Dans l’après midi, Ghazi al- Za’anin, 14 ans, de Beit Hanoun, est tué à bout portant par les FOI alors qu’il se promène avec sa famille. Cet enfant est le second à être tué en moins d’une semaine. Des témoins oculaires ont indiqué au PCHR qu’il était 13h40 quand Maher Ghazi al-Za’anin conduisait ses 4 enfants dont Ghazi, 14 ans, à leur ferme située à 500 mètres de la frontière au nord-est de Beit Hanoun. Arrivés à proximité, ils descendent de voiture et terminent leur chemin à pied. Au cours de leur marche, ils sont surpris par une jeep militaire qui vient en sens inverse. Pris de peur ils se mettent à courir. Les occupants de la Jeep tirent. Ghazi prend une balle dans la tête et s’écroule. Le père le prend dans ses bras pour le ramener à la voiture. Les FOI tirent sur la voiture qui est touchée de 2 balles. Le père réussit cependant à rejoindre l’hôpital de Beit Hanoun. L’enfant est transféré à l’hôpital Shifa à Gaza ville dans un état critique. Il est admis aux soins intensifs où l’on annonce son décès le lendemain matin.

    Samedi 5 septembre

    Jénine : village de Qabatya où l’armée entre vers 1h du matin, patrouille dans les rues et ouvre le feu. Elle se retire du village par la suite, aucune victime n’est signalée.

    Tulkarem : village de Bal’a, 1h30 ; de Deir al-Ghossoun et ville et camp de réfugiés de Tulkarem, vers 2h du matin ; Thinnaba, banlieue Est de Tulkarem.

    Ramallah : vers 2h, village de Beit Leqia, fouille de la maison de Younis Sa’id Mousa, 22 ans, que l’armée emmène pour interrogatoire. 2h30, village de Bil’in, fouille des maisons appartenant aux familles de Yassin Mohammed Yassin, 21 ans, Hamza Suleiman Bernat, 16 ans, et Mohammed Ahmed Yassin 20, pour les arrêter. Aucun n’a été arrêté car ils étaient absents de leur domicile.

    Tubas : incursion vers 2h30 dans le camp de réfugiés d’al-Fara’a.

    Hébron : vers 3h, dans le village de Tarqoumia, de Dura, d’Ethna et de Beit ‘Awa.

    Dimanche 6 septembre 09

    Ramallah : village de Bitounia, l’armée pénètre vers 1h30 du matin dans le bâtiment d’al-Sho’la et le fouille.

    Jérusalem : à Al-Ram, 2h, au nord de la cité, fouille de la maison d’‘Abdul Ra’ouf al-Maslamani qui est emmené pour interrogatoire.

    Bethléhem : village de Beit Fajjar vers 2h30, fouille des bureaux de l’association Beit al-Taqwa.

    Bande de Gaza : 17h30, les FOI pénètrent à 150 mètres au nord du village dédouin situé au nord de la bande ce Gaza. 5 jeunes qui faisaient paître leurs troupeaux sont arrêtés Mohammed ’Arafat Abu Khousa, 17 ans, Sameh ’Abdul Qader Abu Hashish, 15 ans, Fraih Qassem Abu Hashish, 12 ans, ’Aa’ed Hazzaa’ Abu Hashish, 16 ans et Ibrahim Shihda Abu Jarad, 17 ans.

    Lundi 7 septembre

    Qalqilya : vers minuit et demi, fouille de maisons dans la cité.

    Naplouse : camp voisin de Balata.

    Mardi 8 septembre

    Hébron : village d’Ethna, vers minuit et demi, (2 arrestations).

    Tubas : vers 1h du matin, dans le camp de réfugiés d’al-Far’a (3 arrestations).

    Ramallah : vers 3h du matin, incursion dans le camp de réfugiés d’al-Jalazoun (1 arrestation, 18 ans).

    Tulkarem : à Safarin, vers 3h (1 arrestation).

    Jénine : vers 3h30, dans les villages de Qabatya et Rummana.

    Le tribunal militaire israélien a ordonné le transfert d’‘Abdullah Yassin Fuqaba, 44 ans, du village de Kufor al-Labad à l’est de Tulkarem, qui avait été mis en détention administrative dans les prisons israéliennes, vers la ville de Bethléhem.

    Bande de Gaza : 20h00, les FOI pénètrent à 300 mètres sur le secteur de Hamdoush au nord de Beit Lahiya. Elles font feu sur des propriétés civiles. Pas de victimes. Les FOI se retirent de cette zone à 01h55 le mercredi.

    Mercredi 9 septembre

    Jénine : village de Jaba’, vers 1h du matin, l’armée fouille la maison d’‘Imad Amin Canaan et l’arrête. Vers 3h30, village de Qabatya, où l’armée patrouille et ouvre le feu dans les rues, se retirant du village un peu plus tard, sans faire de victimes.

    Tulkarem : vers 1h, village de Deir Al-Ghossoun (1 arrestation).

    Hébron : village de Beit Ummar, 1h30 (1 arrestation). Village de Sa’ir, 2h (arrestation de 2 frères).

    Bande de Gaza : 07h00, Maysara Mohammed Hussein al-Kafarna, 24 ans, de Beit Hanoun est admis à l’hôpital, touché par une balle au pied droit. Les FOI lui avaient tiré dessus depuis la frontière alors qu’il en était à 350 mètres.

    Vers 10h00, les FOI pénètrent à 700 mètres au nord de beit Hanoun et tirent sur des maisons et sur des fermes. Pas de victimes.

     

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    Des Palestiniennes en prière pendant le Ramadan sur l’esplanade de la mosquée al-Aqsa dans Jérusalem occupée.
    (photo AP)


    2 - Maintien du bouclage sur les Territoires occupés

    Les mesures qui entravent les déplacements des Palestiniens se sont poursuivies cette semaine ainsi que le bouclage serré des Territoires : Cisjordanie dont Jérusalem-Est sous occupation, et bande de Gaza


    Bande de Gaza

    Mouvements des personnes et des biens aux postes - frontières

    Rafah International

    Date  : Détails
    2 septembre  : 1 Palestinien sort ;
    251 autres rentrent.
    3 septembre  : 28 Palestiniens sortent ;
    373 autres rentrent.
    4 septembre  : 24 Palestiniens sortent ;
    111 autres rentrent.
    5 septembre  : 4 Palestiniens rentrent.
    6 septembre  : 1 Palestinien sort.
    7 septembre  : 15 Palestiniens sortent ;
    10 autres rentrent
    8 septembre  : 8 Palestiniens sortent ;
    193 autres rentrent.

    Karm Abu Salem (Kerem Shalom)

    Date  : Détails
    3 septembre  : 125 containers
    4 septembre  : fermé
    5 septembre  : fermé
    6 septembre  : 79 containers
    7 septembre  : 81 containers
    8 septembre  : 92 containers

    Nahal Ouz Crossing

    Date  :
     :
    Gaz domest.
    (tonnes)
     :
     :
    Fioul indust.
    (litres)
    2 septembre  : 221  : 689 000
    3 septembre  : 0  : 0
    4 septembre  : 0  : 0
    5 septembre  : 0  : 0
    6 septembre  : 0  : 0
    7 septembre  : 218  : 1 000 433
    8 septembre  : 272  : 862 000

    Beit Hanoun (Erez)

    Date  :
     :
    Patients  :
     :
    Accompagn.  :
     :
    Arabes
    israéliens
     :
     :
    Presse  :
     :
    Internat.  :
     :
    Gazaouis
    2 septembre  : 17  : 17  : 14  : 2  : 26  : 4
    3 septembre  : 19  : 18  : 8  : 3  : 66  : 9
    4 septembre  : 1  : 1  : 16  : 6  : 15  : 0
    5 septembre  : 0  : 0  : 0  : 0  : 0  : 0
    6 septembre  : 16  : 16  : 21  : 1  : 10  : 4
    7 septembre  : 25  : 24  : 5  : 1  : 7  : 2
    8 septembre  : 28  : 27  : 14  : 4  : 31  : 30

    Al-Mentar (Karni)

    Ouvert le lundi 7 pour l’entrée de 4 320 tonnes de grains et de fourrage.


    Cisjordanie

    Jérusalem : Pour le second vendredi du Saint Ramadan, les FOI avaient dit qu’elles permettraient aux civils palestiniens de Cisjordanie de plus de 50 ans d’aller prier à la mosquée al-Aqsa. Cependant, des centaines de civils n’ont pu entrer dans la cité à causes des limitations de leurs déplacements, imposées par les FOI postées sur les différents check-points autour de la ville. L’armée d’occupation avait renforcé sa présence à l’intérieur de Jérusalem. Mardi midi, 8 septembre, les FOI ont imposé des restrictions supplémentaires à Jérusalem, monté de nouveaux barrages sur les routes qui conduisent à la cité, y arrêtant et fouillant tous les véhicules palestiniens.

    Naplouse : des contrôles prolongés ont été faits à la porte de fer montée sur la route Naplouse/Tulkarem, avec des heures d’attente supplémentaires pour les Palestiniens, spécialement dans la matinée. Au check-point de Shavi Shomron, sur la route Naplouse/Jénine, et de Za’tara, au sud de Naplouse, restrictions maintenues.

    Jeudi soir, 3 septembre, l’armée postée sur ce même check-point de Shavi Shomron, a arrêté Khaled ‘Abdullah Zakarna, 19 ans, de Jénine.

    Ramallah : au check-point de Jaba’-Qalandya, au sud-est de Ramallah, des restrictions supplémentaires ont été imposées ainsi que des contrôles prolongés. Les FOI ont monté un certain nombre de barrages volants.

    Bethléhem : samedi soir, 5 septembre, au check-point Container, au nord de la ville, arrestation de Mohamed Shareef Jaradat, 31 ans, du village de Sa’ir, près d’Hébron.

    Passage frontalier d’Al-Karama avec la Jordanie, dimanche matin, 6 septembre, arrestation de 3 civils palestiniens dont deux femmes : ‘Afaf Jameel Sa’abna, 28 ans, du village de Fahma près de Jénine ; Alaa’ Eyad Hussein, 25 ans, du même village et ‘Omar Ahmed Jom’a, 25 ans, d’al-Rama, également près de Jénine.

    Qalqilya : dimanche soir, 6 septembre, les FOI postées à une porte du mur d’annexion près du village de Falamia, ont arrêté Ahmed Saleh Khuraisha, 26 ans, du village proche de Jayyous.

    Harcèlement contre les civils palestiniens sur les check-points militaires israéliens :

    Durant cette semaine, les troupes d’occupation sur les check-points qui séparent Qalqilya d’Israël (109 barrages) ont obligé Ayman ‘Abdul Maqsoud Tibbiya, 41 ans, et ses trois enfants à attendre dans sa voiture en plein soleil, de 10h30 à 17h30, alors qu’ils se dirigeaient vers le village d’Habla. Quand ils ont pu partir, il a voulu déposer plainte devant le bureau de coordination du district israélien. Là, les troupes l’ont roué de coup et lui ont déversé du thé sur le corps.

    Vers 5h, le dimanche matin, 6 septembre, les FOI ont arrêté le véhicule de Mohammed Mahmoud Dua’is, 27 ans, de Yatta, alors qu’il emmenait 5 salariés palestiniens à leur lieu de travail, en Israël. Elles l’ont sorti du véhicule et frappé violemment. Il est resté inconscient pendant plusieurs minutes. Elles lui ont balancé de l’eau au visage et ont recommencé à le frapper. Les salariés ont été retenus pendant une heure avant d’être relâchés, mais Du’ais est resté en détention. Elles l’ont emmené dans sa voiture au check-point de Lasiver, dans le secteur de Mnaizel, à l’est de Yatta, au sud d’Hébron. Là, elles ont recommencé à le frapper. Vers 18h15, un véhicule de police israélien est arrivé sur la zone, les soldats ont alors caché Du’ais dans une petite pièce du check-point. Il s’est mis alors à crier et à appeler à l’aide. Quand la police l’a entendu, elle est intervenue et a emmené Du’ais, après avoir mis en garde les soldats car il pouvait mourir. La police a contacté le père de Du’ais qui est venu avec une ambulance et l’a évacué vers l’hôpital.


    3 - Construction du mur d’annexion

    La construction du mur d’annexion s’est poursuivie à l’intérieur de la Cisjordanie. Durant cette période, la force a été utilisée comme toujours par les FOI contre les manifestations non violentes organisées par les Palestiniens avec des internationaux et des militants israéliens pour les droits de l’homme.

    Bi’lin, village à l’ouest de Ramallah : vendredi 4 septembre, après la prière, des groupes de Palestiniens se sont rassemblés dans le centre du village, puis se sont avancés vers le mur ; après des altercations avec les forces d’occupation ils ont lancé des pierres sur l’occupant qui a répliqué aussitôt par des tirs à balle enrobées de caoutchouc, des grenades assourdissantes et des lacrymogènes sur les manifestants. Un jeune Palestinien de 16 ans, Ahmed Abu Raham, et un autre de 29 ans, Rani ‘Abdul Fattah Bernat, ont été touchés par des grenades aux jambes.

    Nil’in, près de Bil’in : même jour, même manifestation avec des internationaux et des militants israéliens. Dans l’affrontement qui a suivi avec les soldats postés près du mur, ceux-ci ont tiré à balles en caoutchouc, lancé des grenades sonores et à lacrymogène. Trois manifestants dont un journaliste israélien et un journaliste local ont été blessés : Hammouda Sa’id ‘Amira, 23 ans, journaliste local, touché d’une grenade lacrymogène au ventre ; Mohamme ‘Awadh ‘Amira, 32 ans, touché également au ventre ; David, journaliste israélien, touché à la main.


    4 - Judaïsation de Jérusalem-Est

    Les mesures arbitraires contre les Palestiniens pour les obliger à partir de Jérusalem se sont intensifiées et le PCHR a voulu consacrer cette partie de son rapport hebdomadaire pour publier les violations des droits humains perpétrées par l’occupant contre les Palestiniens à Jérusalem-Est.

    -  Lundi midi, 7 septembre, la police israélienne a emmené Hazem Abu Sair, directeur du centre Nidal pour le Développement de la communauté dans la vieille ville de Jérusalem, et lui a remis une décision signée par le chef de la police prolongeant la fermeture du centre jusqu’au 11 septembre 2010. Il faut indiquer que la police israélienne avait commencé par fermer ledit centre pour un mois à partir du 15 juillet 2007.

    -  Dimanche matin, 6 septembre, des colons ont attaqué des membres du clergé près du monastère arménien. Ils ont violemment frappé les membres du clergé à coups de crosse. Aussitôt, la police israélienne est arrivée sur les lieux. Les religieux se sont plaints à la police, qui les a arrêtés tous les deux. La police les a gardés pendant 3 jours et a voulu les expulser vers l’Arménie, mais elle a dû abandonner sous la pression médiatique et politique.


    (JPG)
    Quartier Pisgat Zeev, Jérusalem-Est occupée, où Israël veut construire des centaines de nouveaux logements ; au fond, derrière le mur, le campe de réfugiés de Shuafat.
    (photo AP)


    5 - Colonisation et agressions des colons contre les civils palestiniens et leurs biens

    -  Jeudi 3 septembre, l’armée d’occupation a pénétré dans la zone d’al-Baq’a, à l’est d’Hébron. Des bulldozers ont détruit des réservoirs d’eau de 1 000 m3, en ciment, utilisés pour l’irrigation. Les réservoirs appartenaient aux familles al-Rajabi et Jaber. Durant cette incursion, des agriculteurs palestiniens ont tenté d’arrêter les destructions des réservoirs. L’armée les a alors violemment frappés. 3 fermiers souffrent de contusions : Badawi Fawaz al-Rajabi, 20 ans, ‘Ali Saleh Jaber, 55 ans, et Badwan Badawi al-Rajabi, 30 ans. Selon les agriculteurs, les FOI ont ravagé 12 dunums (1,2 hectare) de champs de légumes. Cette agression fait partie des tentatives des FOI et des colons de s’emparer de 30 dunums de terre du secteur.

    -  Samedi 5 septembre, Murad Mohammed Abu Haikal, 19 ans, et Labib Mohammed Abu Haikal, 16 ans, d’Hébron, ont été attaqués par des colons israéliens de l’avant-poste de Ramat Yishai, dans le quartier central de Tal Rumaida, à Hébron. Murad souffre d’une fracture du nez et de contusions sur tout le corps. Selon l’enquête menée par le PCHR, il était environ 13h30 quand les deux civils rentraient chez eux, et que deux colons israéliens les ont approchés. Les colons ont poussé Murad contre un mur et l’ont tabassé. Labib a tenté d’aider Murad. L’affrontement a duré 5 minutes. Les deux civils se sont rendus alors au check-point militaire à l’entrée du quartier, où ils ont informé la police israélienne. Des dizaines de colons se sont regroupés et ont essayé de les agresser sous les yeux des FOI et de la police. Plus tard, les deux civils sont allés au commissariat près de la colonie Kiryat Arabat, pour déposer plainte. Les deux colons ont également déposé plainte contre les deux Palestiniens, qui ont été gardés jusqu’à 16h40.

    -  Dimanche 6 septembre, le ministre de la Défense israélien, Ehud Barak, a signé les projets de construction annoncés récemment. Le cabinet (Conseil de ministres restreint à 6 ministres) s’est réuni pour discuter de la répartition des 450 à 500 logements approuvés par le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, le 6 septembre. Ils seront répartis en différentes colonies notamment Har Gilo, au sud de Jérusalem, Mode’in Elite, à l’ouest de Ramallah et Ariel, au nord de Salfit.

    -  Le lundi 7 septembre, une cérémonie a été organisée pour jeter les bases d’un nouveau quartier colonial appelé Mafsirit Adomim, dans la zone E1, entre Ma’ale Adomim et l’est de Jérusalem occupée. La cérémonie a eu lieu après qu’un accord entre la police israélienne et la municipalité de Ma’ale Adomim ait été approuvé par la Cour suprême israélienne. La municipalité de Ma’ale Adomim avait fait appel devant la Cour suprême car la police avait publié un ordre interdisant l’organisation de cette cérémonie. Les ministres Daniel Herkovic et Uzi Landau, les députés Uri Ariel, Zvolon Orlliv, Uri Urbakh, Danni Danon et Ze’ev Alken, le maire de Ma’ale Adomim, Bani Kesrael, et les dirigeants du Conseil colonial de Cisjordanie ont assisté à la cérémonie. Il est indiqué qu’il est prévu de créer là 3 000 logements supplémentaires. Selon les déclarations de la direction de la municipalité de Ma’ale Adomim, il y a 37 000 colons à Ma’ale Adomim, et la colonie a besoin de 600 logements nouveaux chaque année.

    Le mouvement israélien, La Paix Maintenant, a indiqué il y a quelques jours, que le gouvernement israélien avait terminé les préparatifs pour construire des dizaines de logements dans le nord de la vallée du Jourdain, dans l’est de la Cisjordanie. La Paix Maintenant a dit qu’il y avait 100 logements actuellement en construction. Ces logements ont été approuvés par l’ancien ministre de la Défense, Amir Peretz, en 2006 et par le ministre de la Défense, Ihoud Barak, en 2008. Le gouvernement israélien continue d’approuver la création de nouvelles constructions dans les colonies.

     

    (JPG) Document public

    Pour plus d’informations, notamment les noms des victimes, merci de consulter notre site (http://www.pchrgaza.org) ou de nous contacter à notre bureau de Gaza, par mel (pchr@pchrgaza.org) ou par téléphone (+972 (0)8 2824776 - 2825893).

    Rapport hebdomadaire pour la période du 3 au 9 septembre 2009 : PCHR
    traduction pour ce qui concerne Gaza : Jacques Salles, et la Cisjordanie, JPP.



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  • La Complicité, pas la dette : base pour une solidarité anarchiste


    Si nous avons décidé de traduire ce texte plutôt théorique de Willful Disobedience, c’est parce que celui-ci trouve une résonance directe avec la réalité pratique quotidienne, qui alimente les discussions entre anarchistes et marxistes, entres anarchistes et communistes libertaires.
    Quiconque souhaite conjurer le gauchisme et l’activisme doit pouvoir se poser ces questions là. Considérer que « la liberté des autres étend la mienne à l’infini » n’est pas considérer que « la liberté des autres s’arrête là où commence la mienne ». Il y a là deux conceptions opposées de la liberté. Au delà du fait que la première hypothèse s’affirme, contrairement à la seconde, en positif, la seconde définit la liberté sous un angle répressif et limitant. Il faut également pouvoir enfin se débarrasser des notions de « combat contre les privilèges » comme il faut se libérer des luttes « pour des droits », qui ne font que nous enchaîner un peu plus.


    Aucun de nous ne doit rien à personne. Cela devrait être un principe directeur derrière toute pratique anarchiste. Tous les systèmes de pouvoir, toutes les hiérarchies et toutes les relations économiques sont justifiés par l’idée que chacun d’entre nous, en tant qu’individu, doit son existence à la collectivité qu’est cet ordre social. C’est une dette sans fin, une obligation éternelle qui ne peut jamais être remplie, qui nous garde enchaînés à un cycle d’activité qui maintient cette société. En tant qu’anarchistes et qu’insurrectionnalistes, notre but est précisément le complet renversement de ce cycle d’activité, des relations sociales qui gouvernent nos vies. Quelle meilleure occasion pour commencer, que le refus absolu du plus basique des principes économiques et politiques : la dette.

    Malheureusement, une grande partie de la lutte sociale en cours se base elle-même sur des suppositions économiques et/ou politiques, et particulièrement sur celle de la dette. Les gens parlent de réparations, de dédommagements, d’obtenir ce que l’on nous doit, ce qui est de droit. Cela s’entend même dans la façon dont nous parlons de lutte des classes quand l’idée "de reprendre ce qui nous appartient" est utilisée pour signifier que nous avons un droit parce que nous l’avons « gagné » - c’est-à-dire, l’idée que « le produit doit appartenir à celui qui le produit ». Cette façon de concevoir la lutte des classes reste fermement implantée dans l’économie, qu’il est dans notre intérêt de détruire.

    La méthodologie économique et politique de la lutte oppose le privilège au droit. De cette manière, il suppose que l’individu est dépendant d’un pouvoir supérieur, le pouvoir qui accorde les droits et les privilèges (c’est-à-dire, l’ordre social existant). En fait, les droits et les privilèges sont vraiment la même chose : des libertés limitées qu’un pouvoir supérieur accorde à un individu en raison d’une certaine valeur inhérente ou gagnée que ce pouvoir reconnaît en lui. Ainsi, l’opposition du droit et du privilège est une fausse opposition. Elle n’est rien de plus qu’un désaccord sur la façon dont le pouvoir devrait nous valoriser et un appel à lui pour une reconnaissance de notre valeur. Une lutte pour des droits n’est rien de plus qu’une lutte pour se vendre à un meilleur prix. Au maximum de sa radicalité, cela devient la tentative de vendre tout le monde au même prix. Mais certains d’entre nous ne veulent pas être vendus du tout.

    L’espèce de « solidarité » que cette méthode de lutte induit est une relation de service basée sur le concept de dette. Quand vous exigez que je renonce à « mon privilège », vous n’êtes pas juste en train de me demander de sacrifier quelque chose à votre conception de la lutte. Plus significativement, vous supposez que je reconnais ce privilège, me définissant en des termes nécessaires pour le gagner, par concession.
    Pour utiliser un exemple, disons que vous exigez que je renonce à mon privilège masculin. Il y a quelques suppositions dans cela : 1) que je me vois essentiellement comme masculin ; 2) que je possède ce privilège et peut ainsi en disposer comme je le souhaite ; et 3) que je vous le dois, c’est-à-dire, que j’ai une dette envers vous en raison de ma masculinité. Mais ce n’est pas le cas, en fait, je ne me vois pas uniquement comme un homme, mais comme un individu unique, comme moi-même.

     

    Vous pouvez répondre avec justesse que cette société sexiste, néanmoins, me perçoit effectivement uniquement comme un homme et m’accorde des privilèges spécifiques qui vont à votre détriment. Mais concrètement nous voyons que je ne possède pas ce privilège, pas plus que je ne possède la masculinité qui m’est accordée. Tout cela m’est imposé par l’ordre social. Le fait qu’ils puissent fonctionner à mon avantage par rapport à vous n’en font pas moins une imposition à moi, à mon individualité. En fait, cet avantage agit comme un dessous de table par lequel les dirigeants de cette société essayent de me persuader de ne pas m’unir avec vous contre lui. Mais ce dessous de table fonctionnera uniquement si je perçois l’avantage du privilège masculin qui m’est accordé par cette société comme étant de plus grande valeur pour moi que ma capacité à définir ma propre sexualité, et créer mes propres relations avec d’autres de n’importe quel genre, et en mes propres termes.

    Quand je reconnais cette société comme mon ennemi, je reconnais tous les privilèges et les droits qu’elle accorde à ses ennemis comme des impositions et des limitations qu’elle impose à mon individualité. Puisque le privilège masculin est quelque chose d’accordé et donc, défini et appartenant à l’ordre social, même si nous restons dans la structure économique et politique de la lutte, ce n’est pas moi, mais cet ordre social qui a une dette envers vous. Mais comme nous l’avons vu, les concepts de « privilège » et de « droit » dépendent de l’idée d’un distributeur légitime qui se tient au-dessus de nous et décide de ce que nous méritons. L’ordre social est ce distributeur. Ainsi, il ne peut être dit qu’il vous doit quoi que ce soit.

    Il distribue ce qu’il possède en ses termes, et si vous n’êtes pas d’accord avec ces termes, cela ne fait pas de vous son créancier, mais son ennemi. Et seulement en tant qu’ennemi de cet ordre social, pouvez-vous être véritablement l’ennemi du privilège, mais alors, vous devenez aussi l’ennemi du « droit ». Tant que vous ne décidez pas de rétablir le « droit » en faisant appel à une autorité supérieure, comme par exemple une meilleure « société future », vous serez en position de pouvoir enfin commencer la lutte pour faire de votre vie votre propre vie. À ce niveau de conflictualité totale à l’ordre social existant, nous pouvons nous rencontrer et nous unir dans la vraie solidarité, basée sur la mutualité, la réciprocité et la complicité, unissant nos efforts pour renverser cette société.

    En fin de compte, toute forme de solidarité qui repose sur des bases politiques et économiques – la dette, les droits et les devoirs, le sacrifice et le service – ne peut être considérée comme de la solidarité, au sens anarchiste. D’une perspective économique et politique, la « liberté » est un terme quantitatif se référençant simplement à la baisse des restrictions. Cette vision est résumée dans la déclaration : « votre liberté s’arrête là où commence la mienne ». Cette « liberté » est celle des frontières et des limites, de la contraction et du soupçon - la « liberté » sacrée de la propriété privée. Elle fait de chacun d’entre nous le maton de l’autre – une triste base pour la solidarité.

    Mais la conception anarchiste de la liberté est quelque chose de qualitativement différent de la restriction. C’est notre capacité, celle des individus, à créer nos vies en nos propres termes dans la libre-association avec d’autres de notre choix. Quand nous concevons la liberté de cette façon, il y a le potentiel de se rencontrer d’une telle façon que la liberté de chacun d’entre nous s’étend quand elle rencontre la liberté de l’autre. C’est la base de la mutualité ; notre vivre ensemble améliore chacun de nous. Mais dans le monde tel qu’il existe actuellement, il y en a beaucoup avec qui une relation de mutualité n’est pas possible.

    Ceux qui détiennent le pouvoir social et politique, ceux qui conservent la richesse comme leur propriété sacrée, ceux dont la tâche sociale est de maintenir l’ordre de la domination et tous ceux qui passivement supportent cet ordre limitent ma liberté, sapent ma capacité à créer ma propre vie en mes propres termes et de librement m’associer avec d’autres pour réaliser ce but. Les maîtres de ce monde et leurs chiens de garde imposent leurs termes à ma vie, me forçant à des associations prédéterminées. La seule relation possible avec eux et avec l’ordre social qu’ils soutiennent est l’inimitié, l’hostilité totale et permanente.

    Je découvre la base pour la mutualité précisément dans ceux qui sont les ennemis des dirigeants de ce monde et de leurs laquais, ceux qui s’efforcent de reprendre leurs vies et de les vivre selon leurs propres termes. Et c’est là que la mutualité - le principe que la liberté des autres étend la mienne - devient la complicité. La complicité est la réunion d’efforts dans le but d’étendre la capacité à l’autodétermination individuelle contre ce monde de domination.

    C’est la reconnaissance active que la rébellion spécifique d’autres étend ma propre liberté, qui me permet de trouver des façons d’agir ensemble avec ces autres contre les forces de domination et le contrôle social. Il n’est pas nécessaire de connaître personnellement ces autres, ils peuvent très bien porter leurs luttes une moitié de globe plus loin. Il est seulement nécessaire de reconnaître notre propre lutte dans la leur et d’avoir une action appropriée là ou nous sommes. Ni par charité, ni par sens du devoir, mais pour nous-mêmes.

    « Nous ne nous devons rien, pour ce que je semble vous devoir, Je dois surtout à moi-même. »

    Extrait de Willful Disobedience Vol. 4, No. 2, USA.
    Traduit de l’anglais et adapté par nos soins.
    Extrait de Non Fides N°IV.


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  • Mythes et réalités de la lutte contre la drogue au Venezuela

    La fin des accords qu’entretenait au Venezuela le Gouvernement Bolivarien avec la Drug Enforcement Administration (DEA) a été la pierre angulaire d’une guerre médiatique et psychologique contre la Révolution Bolivarienne. Nombreuses sont les déclarations du gouvernement des Etats-Unis qui laissent croire que les mafias de la drogue règnent en paix sur le Venezuela.

    Ces calomnies, pourtant contredites par de nombreux rapports d’organismes internationaux sont amplifiées par les grandes entreprises transnationales de communication. Le consommateur de ce type d’information a alors tendance à dénigrer le gouvernement bolivarien.

    Or c’est bien là l’effet recherché : faire passer la Révolution Socialiste vénézuélienne pour un complice du trafic de drogue international au yeux de l’opinion publique mondiale, et ce, à fin de justifier n’importe quelle action belliqueuse mené au nom de la légitime guerre contre ce problème de santé public. Le récent accord que les Etats-Unis viennent de conclure pour pouvoir utiliser sept bases colombiennes afin de lutter contre le trafic de drogue et le terrorisme concrétisent ces menaces guerrières.

    Mais plutôt que de tirer à boulets rouges sur le gouvernement bolivarien, il convient de se demander d’où vient notre information, et que vaut la crédibilité des sources principales de cette campagne continue de mensonges médiatiques, à savoir le gouvernement des Etats-Unis et les multinationales qui voient dans la Révolution Bolivarienne un obstacle à leurs intérêts. Nous revenons ci-dessous sur les cinq principaux mythes qui font du Venezuela un allié du narcotrafic (1).

    1°) Le Venezuela ne collabore pas à la lutte internationale contre le trafic de drogue

    Le 8 août 2005, le gouvernement vénézuélien mettait fin à la collaboration qu’entretenaient, au Venezuela, ses services de lutte contre la drogue avec leurs homologues étatsuniens de la Drug Enforcement Administration (DEA). La raison invoquée : les agents nord-américains passaient le plus clair de leur temps à des activités d’espionnage au lieu de la dite coopération. La DEA possédait notamment des bureaux au sein même du Bureau National Antidrogue vénézuélien (ONA, en espagnol, Oficina Nacional Antidrogas), auxquels le propre directeur de l’ONA n’avait même pas accès.

    Or le renvoie des agents de la DEA installés à Caracas n’isole pas le Venezuela dans la lutte anti-drogue puisque d’une part, ce pays maintient 50 accords internationaux dans ce domaine avec 37 pays, la plupart européens, et d’autre part, le Venezuela continue d’établir un lien permanent avec les autorités étasuniennes pour combattre ce fléau comme en témoigne l’extradition de trafiquants de drogue vers les Etats-Unis.

    De même, afin d’honorer les accords de collaboration que les autorités vénézuéliennes maintiennent avec de nombreux pays, plusieurs trafiquants internationaux, quand ils ne sont pas jugés au Venezuela, sont remis aux mains de la Justice des pays qui en font la demande comme ce fut le cas en 2008 lors d’extraditions vers la Colombie, l’Italie, les Etats-Unis, la Belgique et la France.

    En plus des accords bilatéraux, le Venezuela collabore pleinement avec la Commission Interaméricaine pour le Contrôle de l’abus de Drogues, instance rattachée à l’Organisation des Etats Américains (dans laquelle siège les Etats-Unis), avec la Commission des Stupéfiants de l’Organisation des Nations Unis (ONU) ainsi qu’avec INTERPOL.

    Durant l’année 2008, les ambassadeurs d’Espagne, d’Allemagne et de France au Venezuela ont réalisé conjointement avec la ONA plusieurs séminaires et réunions de travail durant lesquels fut réaffirmé l’engagement commun dans la lutte contre la drogue.

    En septembre 2009, le Venezuela accueillera la réunion annuelle, pour Amérique Latine et les Caraïbes, des Directeurs des Agences Nationales chargés de combattre le trafic de drogue (HONLEA par ses sigles en anglais ; Head of National Drug Law Enforcement Agencies). Ces réunions placées sous l’auspice de l’ONU ont pour but de renforcer la coopération entre les pays et coordonner la répression du trafic de drogue à l’échelle régionale. Les pays européens, asiatiques et africains participent à cette réunion en qualité d’observateurs.

    Dire que le Venezuela ne collabore pas à la lutte internationale contre le trafic de drogue est une contrevérité qui ne résiste pas un seul instant à l’examen objectif du travail du Venezuela en la matière, et des accords que le pays bolivarien honore avec de nombreux pays et organismes internationaux.

    2°) Le président Chavez est un facilitateur du trafic de drogue international

    Le 20 janvier 2008, lors d’une visite en Colombie, l´ancien directeur du Bureau de la Politique de Contrôle des Drogues de la Maison Blanche, John Walters, a déclaré "qu’Hugo Chavez est en train de devenir un important facilitateur du trafic de Cocaïne vers l’Europe et d’autres régions de l’Hémisphère", comprendre les Etats-Unis. Si aucune preuve ne viendra jamais étayer l’affirmation du fonctionnaire étasunien, son intention est facilement compréhensible. Il s’agit d’accuser Hugo Chavez de collusion avec le trafic de drogue international. Cette accusation fut la pierre angulaire médiatique qui avait légitimé l’intervention des Etats-Unis au Panama en 1989, et dans une moindre mesure l’invasion de l’Afghanistan en 2001 (en plus du terrorisme). Ce fut aussi la raison invoquée pour la mise en place du Plan Colombie et le renforcement de l’aide militaire au gouvernement colombien dans sa guerre contre la guérilla. En bref, c’est une puissante arme dans la propagande de guerre préalable à toute intervention militaire.

    Or, selon l’ONU, 50% de la cocaïne présente sur le territoire étatsunien entrent par la côte Pacifique et 38% entrent en longeant le littoral des pays d’Amérique centrale. Autrement dit, 88% de la cocaïne présente aux Etats-Unis ne transitent pas par le Venezuela.

    Si Hugo Chavez et le Venezuela ne facilite en rien le trafic de drogue international (en 2008, le nombre de détenus vénézuéliens en Europe pour trafic de drogue a même diminué passant de 121 à 30 condamnations), en revanche on ne peut dire la même chose pour les Etats-Unis.

    Le rapport mondial sur les drogues de l’ONU pour 2008 rappelle quelques chiffres éclairants. Le plus grand producteur de cocaïne est la Colombie avec 61% de la production mondiale, le plus grand producteur d’opium au monde est l’Afghanistan qui concentre 92.5% de la production. Ces deux pays comptent sur une présence massive de l’armée des Etats-unis sur leur territoire, par le Plan Colombie pour l’un et l’opération "Liberté Immuable" pour l’autre. Malgré l’occupation militaire étasunienne, le rapport de l’ONU nous enseigne que les résultats en matière de lutte anti-drogue dans ces pays sont catastrophiques. En ce qui concerne la Colombie, la production de cocaïne n’a pratiquement pas baissé en 10 ans d’aide technique et militaire des Etats-Unis à travers le Plan Colombie. Dans le cas de l’Afghanistan, la production d’opium a, selon l’ONU, augmenté de 141% depuis la présence de troupes militaires étasuniennes et de la DEA dans ce pays. Qui est le "facilitateur" ?

    3°) Le Venezuela héberge et protège des trafiquants de drogue internationaux

    Il ne fait pas bon être trafiquant de drogue au Venezuela depuis que le gouvernement a décidé de renvoyer les fonctionnaires de la DEA. Les chiffres parlent d’eux même. En 2004, avec l’aide des fonctionnaires étatsunien, la justice vénézuélienne a condamné 1179 trafiquants (dont 273 étrangers). Quatre années plus tard, et sans la présence de la DEA, le Venezuela mis sous les verrous 9133 trafiquants (dont 419 étrangers). Sans les fonctionnaires de la DEA, les condamnations ont augmenté de 675% pour l’année 2008 !

    Si nous cumulons les résultats des quatre dernières années de coopération avec la DEA et que nous les comparons aux quatre premières années d’une politique vénézuélienne indépendante et souveraine de lutte contre le trafic de drogue, les résultats sont éloquent et encourageant pour l’Etat vénézuélien. Lors des quatre dernières années de présence de la DEA, 8823 personnes ont été arrêtées. Lorsque le Venezuela assume seul sa politique antidrogue, 15174 délinquants ont été traduits en justice. Soit une augmentation de 72%. Pour la seule année 2007, 68 fonctionnaires de police accusés de collaborer avec le crime organisé ont eux aussi été mis en détention.

    En cours de l’année 2008, quatorze parrains de la drogue qui pensaient avoir trouvé refuge au Venezuela furent arrêtés et extradés, principalement vers la Colombie et les Etats-Unis. Parmi eux se trouvaient, entre autres, les colombiens Marcos Orozco Wilches, Aldo Alvarez Duran, Farid Dominguez, et Gustavo Otero Borrero, recherchés pour trafic de drogue et blanchiment d’argent. Mais surtout, le Venezuela peut être fier de l’arrestation de Hermagoras Gonzalez Polanco alias "Le Gros", chef du cartel de La Guarija et principal dirigeant de l’organisation paramilitaire colombienne Autodefensas Unidas de Colombia (AUC) dans cette région. Quant au chef du cartel colombien de l’Atlantique Nord, Libardo de Jesus Parra Gonzalez, il fut interpellé à Maracaibo. Ces criminels internationaux ont tous été extradés en Colombie ou remis à INTERPOL.

    De même, l’italien Giovanni Civile, arrêté en septembre 2008 et sollicité par la France pour trafic de stupéfiant est en attente d’extradition.

    Malgré la fermeture des bureaux de la DEA à Caracas, les autorités vénézuéliennes continuent de collaborer avec la Justice des Etats-Unis. Les narcotrafiquants Daniel Ervin Davis et le mexicain Luis Ramon Guerra en savent quelque chose : ils ont été extradé vers le grand voisin du Nord.

    Alors que, durant les années de collaboration avec la DEA, l’organisme étasunien se réservait l’exclusivité du traitement des sollicitudes d’extraditions sans en aviser leurs partenaires vénézuéliens, depuis la rupture des accords avec cette organisme, le Venezuela a expulsé ou extradé 23 barons internationaux du trafic de drogue.

    En récupérant sa souveraineté dans la lutte contre le narcotrafic, le Venezuela est aujourd’hui plus un véritable enfer qu’un havre de paix pour les trafiquants internationaux.

    4°) La consommation de drogues a explosé au Venezuela depuis le renvoie des agents de la DEA

    Une des orientations de la ONA est de considérer que "les saisies de drogue doivent se mesurer en gramme, et non en tonne". En effet, si les saisies record de drogue effectuées par l’agence vénézuélienne sont des coups très durs portés au narcotrafic, il n’en demeure pas moins qu’une attention première doit être porté sur le consommateur, et pas seulement en terme de répression sinon en insistant sur la prévention.

    Dans ce domaine, la ONA a tissé des partenariats avec toutes les organisations et les secteurs de la vie sociale vénézuélienne afin de sensibiliser la population aux effets dévastateurs de la consommation de drogue. Pour systématiser ses différentes politiques de prévention, la ONA a lancé, en 2008, le Plan "Semons des Valeurs pour la Vie" dont le but est de former des citoyens vénézuéliens pour qu’ils combattent la racine du fléau de la drogue.

    Ainsi, des ateliers de formation ont été réalisés au sein des écoles de la République pour perfectionner le message pédagogique que les enseignants délivrent à leurs élèves. Dans les Universités, des bureaux internes antidrogue ont été crées pour développer des projets de prévention au plus proche de la communauté universitaire.

    Dans le monde du travail, la ONA collabore avec toutes les entreprises publiques et privées de plus de 50 employés afin de réduire l’absorption de drogues et d’alcool sur les lieux de travail. De juillet à novembre 2008, une formation a été dispensé à des représentants du patronat vénézuélien dans le but leur aider dans la prévention de la consommation et pour qu’ils répercutent l’information au sein de leurs entreprises.

    Des nombreux événements sportifs, comme des tournois de basket-ball, de football, de boxe ou d’échec, ont été organisé par la ONA dans les communautés populaires des grandes villes du pays pour encourager les jeunes à s’investir dans une activité sportive régulière et se détourner ainsi des vices de la drogue. Ces rencontres sportives furent aussi le scénario idéal pour propager le message de la ONA en matière de prévention.

    De plus, l’agence vénézuélienne s’est particulièrement investi dans le travail auprès des populations les plus exposées au problème de drogues pour des raisons socio-culturel : enfants et adolescents des rues, population carcérale, Peuples Premiers, personnes soufrant d’handicap moteur ou physique, ou encore communautés vivant à la frontière avec la Colombie, premier producteur de cocaïne au monde.

    Comme agence gouvernementale, la ONA a su s’adapter aux changements structurels de l’appareil étatique vénézuélien en véritable Etat Révolutionnaire en donnant priorité à la collaboration avec les Conseils Communaux. En accord avec les articles 8 et 9 de la Loi sur les Conseils Communaux, la ONA participe à l’élaboration de Comité de Prévention Communal afin de déléguer aux organisations de base, la réalisation du travail local d’information sur les dangers de la drogue. De plus, pour renforcer son réseau social, la ONA a institutionnalisé avec l’aide des communautés organisées, la figure de responsable antidrogue à tout les niveaux de l’Etat vénézuélien (Régional, Municipal et Parroquial) incorporant ainsi 11.296 citoyens au travail préventif de lutte contre la drogue.

    Ce travail quotidien de prévention s’est traduit par de bons résultats. Selon les chiffres de l’ONU, le Venezuela a une faible consommation de drogue par habitant nettement inférieure à celle des pays européens et sans aucune comparaison possible avec le premier pays consommateur de drogue au monde : les Etats-Unis. A titre d’exemple, la ville de New York a une consommation de cocaïne par habitant prés de 12 fois supérieure à celle de la ville de Paris, et l’emporte de très loin sur n’importe quelle grande ville vénézuélienne.

    5°) Les résultats obtenus par le Venezuela dans la lutte contre la drogue sont déplorables

    S’il y a bien des personnes qui ne croient plus à ce mensonge médiatique, ce sont bien les trafiquants eux même. Les résultats du gouvernement bolivarien en matière de lutte contre le narcotrafic n’a eu de cesse de croître depuis le renvoi des fonctionnaires de la DEA.

    Alors que le gouvernement vénézuélien avait saisi 43 tonnes de drogue en 2004, grâce à la collaboration de la DEA, ce chiffre allait augmenter à 77.5 tonnes en 2005 lorsque les fonctionnaires étasuniens étaient expulsés. Les bons résultats de cette politique souveraine en matière de lutte contre le narcotrafic se trouvent confirmés dés lors que l’on analyse les saisis des quatre premières années sans la collaboration de la DEA (250.298,19 kilos de drogues saisis) avec les quatre dernières qui ont précédé (153.884,65 kilos de drogues saisis). On constatera une augmentation de prés de 63% des tonnes de drogues saisis sur le territoire vénézuélien lorsque la DEA ne pratique pas d’ingérence dans les affaires du pays.

    Mais les bons résultats du Venezuela ne s’arrêtent pas là. Lors de l’Opération Boquete, qui a eu lieu au cours de l’année 2008, 223 pistes d’atterrissage clandestines utilisées par les trafiquants de drogue ont été détruites. Cette Opération a été menée conjointement par 600 fonctionnaires provenant de la ONA, des Forces Armées Nationales Bolivariennes et de la Garde Nationale Bolivarienne, appuyés en cela par des hélicoptères MI-17, par des avions de chasse F-16 ainsi que par dix nouveaux radars chinois récemment acquis pour lutter contre le narcotrafic.

    De même, la destruction de laboratoires clandestins, généralement installés le long de la frontière avec la Colombie, est une priorité du gouvernement vénézuélien. Pour la seule année 2007, le Venezuela a démantelé 12 laboratoires clandestins qui produisaient jusqu’à une tonne de cocaïne par mois.

    En règle générale, les bons résultats du Venezuela en matière de lutte contre le trafic de drogue sont fréquemment salués autant par des organismes internationaux comme l’ONU ou l’Organisation des Etats Américains (OEA) à travers son mécanisme d’évaluation multilatéral, que par les nombreux pays qui maintiennent des accords bilatéraux avec le Venezuela dans ce domaine.

    Romain Migus ICI 

    Notes

    [1] Les chiffres que nous utilisons sont extraits du Rapport Mondial sur les Drogues réalisés par l’ONU en 2007, et 2008 ainsi que sur les résultats du Bureau National Antidrogue vénézuélien.

    WDR 2007 : http://www.unodc.org/pdf/research/wdr07/WDR_2007.pdf

    WDR 2008 : http://www.unodc.org/documents/wdr/WDR_2008/WDR_2008_eng_web.pdf

    Oficina Nacional Antidrogas : http://www.ona.gob.ve


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  • La pitoyable affaire Hortefeux n'a pas retenu l'attention des commentateurs sur l'un de ses aspects les plus inquiétants, la critique d'Internet. Les pourfendeurs de la liberté d'expression sur la Toile ont en effet, une nouvelle fois, profité d'un débat public pour jouer leur petite musique insidieuse, espérant préparer les esprits à de futures restrictions de leur liberté d'expression.

    Ainsi, Jean-François Copé affirmait le 14 septembre sur France2 : “Je crois que l’on a oublié quelque chose de très important qui touche notre profession (la politique) et la vôtre (le journalisme) : Internet”, ajoutant
    : “Il faudra un jour ou l’autre que l’on assume un débat public sur Internet et la liberté.”

    Analysons de près cette déclaration, plus révélatrice qu'il n'y paraît en première lecture. Qui en effet a filmé la séquence où Brice Hortefeux exprime des propos controversés sur les militants UMP d'origine arabe auvergnate ? Une chaîne de télévision, Public Sénat. Et qui a refusé ensuite de la diffuser à l'antenne ? Public Sénat. Qui a permis qu'elle sorte de la censure journalistique pour être portée à la connaissance du public ? Internet.

    Après le reportage bidonné de France2 sur Luc Chatel dans un supermarché, après la visite truquée d'une usine par Nicolas Sarkozy, au lieu de s'indigner d'un nouvel acte de censure, ou d'auto-censure de la part d'une chaîne de télévision publique, Jean-François Copé a préféré s'en prendre à la Toile, qui a joué le rôle démocratique que n'assument plus les médias. C'est là que l'affaire devient très intéressante.
    Quand la plupart des journalistes se taisent, cachent ou déforment la réalité, seule la Toile ose bousculer les puissants. C'est précisément cela qui dérange le système en place, qui s'est exprimé pour l'occasion à travers l'un de ses représentants, Jean-François Copé.

    Ce n'est pas la première fois que des piliers du système partent à l'assaut d'Internet, prenant pour prétexte la lutte contre la pédophilie ou le terrorisme afin de réclamer une "régulation d'Internet".

    Nadime Morano par exemple est coutumière de ces attaques contre la Toile, elle qui déclarait en 2008 sans craindre le ridicule "
    Internet, c’est comme une magnifique voiture de course. Si vous n’avez pas votre permis de conduire et que vous ratez un virage, c’est la mort. Il en va de même sur la Toile."

    Autre pourfendeur de l'Internet libre, Frédéric Lefebvre, qui tente régulièrement au parlement de faire voter des amendements liberticides. Ainsi, en novembre 2008, il proposait, heureusement sans succès, qu'au nom "de la protection de l'enfance et du respect de la dignité humaine", le CSA soit en charge de "la labellisation et de la régulation de tous les sites incluant des contenus audiovisuels créés par les utilisateurs". Fini les vidéos pour nous rafraîchir la mémoire quand les médias sont défaillants, fini les conférences et interviews en ligne de ceux qu'on ne voit jamais sur le petit écran, fini la créativité militante. Mais quel monstre oserait s'opposer à une si noble cause, "la protection de l'enfant et le respect de la dignité humaine" ?...

    La gauche du système n'est pas en reste. Philippe Val, patron de Charlie Hebdo et nouveau directeur de France Inter selon la volonté de Nicolas Sarkozy, a toujours détesté la Toile. Déjà en 2001,
    il écrivait : "Qui est prêt à dépenser de l’argent à fonds perdus pour avoir son petit site personnel ? Des tarés, des maniaques, des fanatiques, des mégalomanes, des paranoïaques, des nazis, des délateurs, qui trouvent là un moyen de diffuser mondialement leurs délires, leurs haines, ou leurs obsessions. Internet, c’est la Kommandantur du monde ultra-libéral. C’est là où, sans preuve, anonymement, sous pseudonyme, on diffame, on fait naître des rumeurs, on dénonce sans aucun contrôle et en toute impunité. Vivre sous l’Occupation devait être un cauchemar. On pouvait se faire arrêter à tout moment sur dénonciation d’un voisin qui avait envoyé une lettre anonyme à la Gestapo. Internet offre à tous les collabos de la planète la jouissance impunie de faire payer aux autres leur impuissance et leur médiocrité. C’est la réalité inespérée d’un rêve pour toutes les dictatures de l’avenir."

    François Hollande n'a jamais non plus goûté aux délices de la liberté sur Internet. Plusieurs fois, il a exprimé son désir de voir cette liberté encadrée.

    Précisons qu'Internet n'est pas un espace en dehors des lois. Contrairement à ce que tentent de faire croire les "régulateurs de la liberté d'expression", la Toile est soumise aux mêmes lois que celles qui régissent l'expression publique en général, à savoir l'interdiction de l'injure, de la diffamation et l'obligation de ne pas contester un certain nombre de vérités historiques officielles.

    En réalité, si Internet dérange, c'est parce qu'il est le dernier espace de la liberté de l'esprit, le seul endroit où la contestation et la diffusion d'idées non conformes est encore possible. Quand un nombre croissant de citoyens éteignent leur téléviseur, referment leur journal, dégoûtés par la bien-pensance généralisée et la complaisance avec le pouvoir et ses amis, c'est Internet qui fait office de refuge.
    C'est évidemment sur la Toile, et nulle part ailleurs, que les vrais débats aujourd'hui ont lieu, que les idées bouillonnent, que l'information circule.

    Prenons garde de ne pas perdre subrepticement, sous des prétextes moraux, notre liberté d'informer, de débattre, de convaincre, de lutter. Il faudra être très vigilant vis-à-vis de tout ce qui se fera dans le cadre de la loi Hadopi 2, il faudra aussi surveiller le parlement européen, régulièrement secoué de cette même volonté de contrôler Internet de très près, comme nous l'avions révélé il y a quelques temps.

    Surtout, il faut à tout prix éviter que ne s'installe dans l'esprit d'un nombre croissant de Français l'idée qu'Internet = danger, loi de la jungle. C'est ce que cherchent à l'évidence les ennemis de la liberté sur la Toile, à coup de déclarations qui vont toujours dans le même sens, et profitant de n'importe quelle affaire pour servir ce discours.

    SOURCE LE VRAI DEBAT 


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    Communiqué de la Ligue des Droits de l'Homme

    Après avoir aménagé des centres de rétention pour y enfermer des enfants et même des nourrissons, après avoir osé prétendre qu'en France on a l'habitude de ne pas séparer les enfants de leurs parents lorsqu'on les rafle… Avant qu'un préfet ne propose au contraire à des parents en voie d'expulsion d'abandonner leurs enfants aux services sociaux français, le gouvernement poursuit à sa manière la préparation du 20e anniversaire de la Convention internationale des droits de l'enfant : il envisage tout simplement… la suppression de l'institution du Défenseur des enfants, créée par la loi du 6 mars 2000.

    Sans doute l'actuelle Défenseure des enfants a-t-elle déplu en prenant au sérieux la défense des enfants et de leurs droits, comme la Commission nationale de déontologie des forces de sécurité avait eu le tort de reconnaître l'existence de violences policières, ce qui lui avait valu naguère une tentative d'étranglement budgétaire. La punition sera donc la même pour ces deux Autorités trop indépendantes : elles disparaissent au profit du Défenseur des droits prévu par la récente révision constitutionnelle, institution généraliste et donc moins gênante. Dans le projet débattu en Conseil des ministres, on ne trouve pas même une référence, fût-elle symbolique, au respect de la Convention internationale des droits de l'enfant. La France, si ce projet devait être adopté, se singulariserait une fois encore tristement parmi les démocraties européennes.

    Et pour que la forme soit digne du fond, le gouvernement a soigneusement évité de consulter la Défenseure des enfants et même de répondre à ses demandes de concertation : la « rupture » avec la tradition républicaine concerne le respect des contre-pouvoirs et du dialogue institutionnel autant que la garantie des droits fondamentaux.

    La Ligue des droits de l'Homme appelle toutes celles et ceux qui considèrent que le respect des droits des enfants doit être préservé des manœuvres politiciennes à se mobiliser pour éviter cette inacceptable régression de l'Etat de droit.

    Paris, le 16 septembre 2009

    Ligue des Drots de L'Homme 

     

    ******

    CREATION D’UN DEFENSEUR DES DROITS

    … et disparitions de LA DEFENSEURE DES ENFANTS, qui a publié un communiqué de presse

    Dominique VERSINI, qui n’a été à aucun moment ni consultée ni auditionnée (malgré les demandes de rendez-vous qu’elle a formulées auprès de l’exécutif dès la connaissance du projet de création d’un Défenseur des droits fin 2007), conteste à la fois la méthode, qui relève de la maltraitance institutionnelle [1] ainsi que les 2 projets de lois qui posent de nombreuses interrogations :

    Le nouveau Défenseur des droits, qui a été institué par la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008 sans que son périmètre soit défini au moment du vote, a pour but, selon le projet, de renforcer et de donner plus de cohérence et de lisibilité à la protection des droits et des libertés des citoyens en le dotant de pouvoirs renforcés. Si tel est le but, on ne comprend pas pourquoi le Gouvernement a décidé de limiter son champ d’intervention aux compétences du Médiateur de la République, du Défenseur des enfants et de la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS), excluant de fait la protection de droits aussi fondamentaux pour nos concitoyens que ceux concernant les discriminations, le contrôle des lieux privatifs de liberté, la protection de la vie privée menacée par la multiplication des fichiers informatiques qui resteraient gérés respectivement par la HALDE, le Contrôleur général des lieux privatifs de liberté (CGPL) et la CNIL.

    La Défenseure des enfants exprime son total désaccord sur le fait qu’ait été décidé arbitrairement et sans aucune concertation de dissoudre certaines autorités indépendantes et d’aménager une simple articulation avec d’autres.

    Elle demande donc au Gouvernement d’expliciter sur la base de quelles logiques il a pris la décision de supprimer à mi-mandat une autorité indépendante de la République en charge de la défense et de la promotion des droits de l’enfant dont le travail est reconnu unanimement en France et à l’étranger.

    > Concernant plus spécifiquement les enfants :

    La Défenseure des enfants rappelle que depuis sa création l’Institution a traité des réclamations concernant près de 20.000 enfants.

    1. La Défenseure des enfants considère que cette nouvelle organisation va affaiblir la mission de défense et de promotion des droits de l’enfant :

    -Les enfants (mais aussi leurs parents) ne s’adresseront pas facilement à un Défenseur des droits qui n’aura pas une compétence visible et spécialisée pour les enfants. Les modèles européens auxquels fait référence le projet de loi prévoient sous une forme ou sous une autre un Défenseur des enfants en tant que structure distincte ou adjointe du Médiateur général.

    -En matière de défense des droits de l’enfant le projet de loi marque un recul par rapport à la loi du 6 mars 2000 qui a confié au Défenseur des enfants la mission de défendre tous les droits fondamentaux des enfants consacrés par la loi ou par un engagement international régulièrement ratifié ou approuvé, et notamment la Convention internationale des droits de l’enfant à laquelle il n’est à aucun moment fait référence dans le projet.

    Cela ne pourra qu’entraîner une réduction des interventions que la Défenseure des enfants est amenée à faire régulièrement auprès des pouvoirs publics en faveur d’enfants qui vivent des situations qui ne sont pas formellement interdites dans le droit français mais qui sont contraires à leur intérêt supérieur au sens de la Convention internationale des droits de l’enfant : par exemple, la présence d’enfants dans les Centres de rétention administrative, le traitement des mineurs étrangers isolés, l’accès aux soins des enfants de Mayotte, … C’est donc l’Autorité morale et la force d’interpellation de la Défenseure des enfants à travers ses interventions et avis qui sont réduites.

    -Le projet de loi ne prévoit rien sur le maintien de la mission de promotion des droits de l’enfant qui est affirmé dans l’article 5 de la loi du 6 mars 2000, que la Défenseure des enfants a développé considérablement en 3 ans – en partenariat avec des conseils généraux de tout bord politique et avec l’Education nationale – par la création de 32 « jeunes ambassadeurs » faisant leur service civil volontaire auprès de son institution et ayant sensibilisé sur les droits de l’enfant plus de 50 000 enfants en trois ans dans 12 départements.

    Elle rappelle qu’elle anime également une équipe de 60 correspondants territoriaux qui la représentent sur tout le territoire. Leurs attributions (promotion des droits de l’enfant, médiations interinstitutionnelles de premier niveau lorsqu’un droit de l’enfant est menacé, liens avec les différentes autorités publiques, enquêtes de terrain sur la mise en œuvre des droits de l’enfant, tutorat des jeunes ambassadeurs …) diffèrent de celles des délégués du Médiateur de la République. Le projet de loi ne dit rien sur le devenir de ces hommes et de ces femmes issus de la société civile qui, souvent depuis la création de l’institution, se dévouent à la cause des enfants.

    2. Dominique VERSINI rappelle que l’apport du Défenseur des enfants dépasse le traitement des réclamations et s’inscrit dans une réflexion de société sur les grandes questions concernant les enfants

    En 3 ans elle a fait des propositions de réformes législatives sur des questions de société reprises par le Gouvernement (le statut des tiers beaux-parents, la situation des enfants dans les séparations parentales conflictuelles,…), des propositions d’améliorations de politiques publiques (le rapport sur les Adolescents en souffrance mis en application par la ministre de la Santé a entraîné la multiplication des Maisons des adolescents et des équipes mobiles de pédopsychiatrie), des recommandations relatives aux mineurs étrangers isolés, aux tests ADN, et à la justice des mineurs.

    3. L’Institution du Défenseur des enfants contribue à porter la parole des enfants au plus haut niveau de l’Etat

    En 2009, a été réalisée une grande consultation nationale donnant la parole aux collégiens et lycéens sur 10 sujets qui les concernent (famille, éducation, discriminations, violences, justice, handicap, santé, expression et la participation …). Leurs 200 propositions, rassemblées dans un livre d’or de la parole des jeunes et destinées au Président de la République et au Parlement, seront rendues publiques par leurs porte-parole à la Sorbonne le 20 novembre 2009.

    La Défenseure des enfants pense qu’il serait particulièrement opportun que le Gouvernement vienne à cette occasion expliquer aux jeunes le nouveau dispositif envisagé pour la défense de leurs droits.

    4. Dominique VERSINI va assurer la Présidence du réseau européen des 35 Défenseurs des enfants (European Network of Ombudspeople for Children).

    Ces Défenseurs des enfants se réunissent en assemblée générale à Paris du 23 au 25 septembre 2009 pour échanger leurs expériences en matière de respect des droits de l’enfant en présence de représentants du Conseil de l’Europe et de la Commission européenne.

    La Défenseure des enfants invite le Gouvernement, le Parlement et la presse à venir les rencontrer pour comprendre leurs différentes modalités d’organisation qui, dans tous les cas, identifient nettement la visibilité de la fonction de Défenseur des enfants.

    Dominique VERSINI considère que la suppression du Défenseur des enfants sous la forme décidée par le Gouvernement marque un recul dans le respect des droits fondamentaux des enfants et va à l’encontre des préconisations du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies qui, dans son rapport du 22 juin 2009, a demandé au Gouvernement de « continuer à renforcer le rôle du Défenseur des enfants ».

    Pour mémoire :

    Dominique VERSINI, conseiller d’Etat, ancien secrétaire d’Etat chargée de la lutte contre la précarité et l’exclusion (2002-2004) et Co-créatrice du Samu Social de Paris (1993), a été nommée Défenseure des enfants par décret du Président de la République le 29 juin 2006 pour une durée de 6 ans (2006-2012). Elle a succédé à Claire Brisset (2000-2006), actuelle médiatrice de la Ville de Paris.

    Contact presse: Laetitia GOT-THEPAULT

    01-53-63-58-66 / 06-32-47-63-93

    www.defenseuredesenfants.fr

    Laetitia GOT-THEPAULT, Chargée de mission Presse/Communication auprès de la Défenseure des enfants

    104, boulevard Auguste Blanqui

    75013 PARIS

    Tél.: 01. 53. 63. 58. 66 Mobile : 06. 32. 47. 63. 93

    Fax : 01. 53. 63. 58. 95

    Mail : laetitia.got@defenseurdesenfants.fr

    Site web : www.defenseuredesenfants.fr

    [1] L’Institution du Défenseur des enfants comprend 28 permanents, 60 correspondants territoriaux et 34 jeunes ambassadeurs civils volontaires


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