• Le capitalisme connais une nouvelle crise. On peut cependant lui reprocher tout ce que l'on veut, ce système sait susciter le désir.

    Les peuples qui sont tombés dans la marmite il y a presque un siècle ne demandent qu'à poursuivre. Ceux qui y échappent encore n'espèrent qu'à les imiter. Qu'opposer d'aussi fort que ce mythe d'une abondance généralisée ? Il ne suffit pas en effet d'avoir raison en politique. Encore faut-il rendre une alternative désirable.



    votre commentaire
  • Le gouvernement de facto de Roberto Michelletti au Honduras, mercredi dernier, a nommé comme ministre conseiller Billy Joya, connu pour avoir coordonné et dirigé tortures et assassinats dans ce pays pendant les années 80.

    Joya s’est joint au Bataillon de Renseignements 3-16 et fonda l’escadron d’élite de répression « Linx » des Cobras et fut premier commandant de ce groupe.

    De 1984 à 1991 il est resté dans l’escadron de la mort 3-16 où il a assuré plusieurs fonctions, sous le pseudonyme de « Licenciado Arrazola ». On lui attribue la responsabilité criminelledirecte d’au moins 16 cas et d’actions spéciales qui ont laissé plus d’une dizaine de morts et torturés pour leur lien avec des organisations progressistes.
    Les agissements de Joya furent dénoncés en leur temps. Néanmoins ces antécédents n’ont pas de valeur pour Micheletti dont le gouvernement est aujourd’hui répudié par la communauté internationale. L’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies a adopté une résolution dans laquelle elle condamne le coup d’état militaire au Honduras et demande la restitution immédiate du président légitime de cette nation, Manuel Zelaya.
    La résolution adoptée par acclamation, fait un appel aux 192 états membres de l’ONU à ne pas reconnaître le régime militaire qui a pris le pouvoir par la force et à ne pas reconnaître un gouvernement différent de celui de Zelaya.

    Profil de Billy Fernando Joya Améndola, membre de l’escadron de la mort B3-16

    Au Honduras il n’y a pas d’acte de création du Bataillon 3-16, mais les premières disparitions datent de 1981.
    Cette année-là, Washington décida de changer d’ambassadeur à Tegucigalpa. John Dimitri Negroponte fut l’élu. Son curriculum, impeccable : ancien chef de la CIA au Vietnam. Negroponte fut l’homme clef de la stratégie anticommuniste de Washington en Amérique Centrale et dans la création de la Contra du Nicaragua. Les hommes du 3-16 furent entraînés par des agents de la CIA et de distingués militaires argentins.

    A cette époque le général Suárez Manson apparaît lié à l’instruction du 3-16, un des plus grands répresseurs de la dictature argentine. Billy Joya n’a pas étudié seulement les méthodes argentines; étant cadet de l’école militaire Francisco Morazán de Tegucigalpa, il partit avec une bourse d’études au Chili de Pinochet.

    Billy Fernando Joya Améndola, membre de l’escadron de la mort B3-16

    Capitaine de l’armée du Honduras, il était chef de sa division tactique dans le Bataillon 3-16. Il agissait en synchronisation avec la Direction Nationale de Renseignements (DNI), le bras répresseur de l’armée. Expert en infiltration et guerre psychologique.

    De 1984 à 1991 il est resté dans l’escadron de la mort B3-16,  où il a assuré plusieurs fonctions, sous le pseudonyme de « Licenciado Arrazola », entre autres :
    - liaison entre conseillers nord-américains et le bataillon B3-16; chef du Détachement Technique Spécial; coordinateur du B3-16 entre Tegucigalpa et San Pedro Sula; liaison entre les conseillers argentins et le B3-16,
    - il est accusé d’avoir séquestré et torturé six universitaires honduriens en 1982,
    - on lui attribue la responsabilité criminelle directe d’au moins 16 cas et d’actions spéciales qui ont laissé plus d’une dizaine de morts et torturés pour leur lien avec des organisations progressistes, entre autres : les actions des colonies la Campaña, la Matamoros, la San Francisco, la Florencia Sur, l’Aurora, Guamilito et Loarque.
    Actuellement, le gouvernement de facto de Roberto Micheletti au Honduras a nommé comme ministre conseiller Billy Joya.

    Torture et séquestration d’étudiants honduriens

    Le 27 avril 1982, à cinq heures du matin, Joya, à l’époque sous-lieutenant, et six de ses hommes fortement armés pénétrèrent dans l’habitation du sous procureur de la République du Honduras, Rafael Rivera, pour arrêter les étudiants. Deux d’entre eux étaient les filles de Rivera, qui bénéficiaient de l’immunité étant donné le poste de leur père.
    Dans leur lieu de captivité, ces six étudiants croisèrent d’autres détenus qui n’ont jamais réapparu. Malgré que la police et l’armée n’aient jamais reconnu la détention des six universitaires, deux d’entre eux furent mis à disposition de la justice 11 jours plus tard. Ils furent accusés de détention d’armes et d’explosifs. Mais dans la maison de Rivera, où ils louaient leur logement, n’ont été trouvées que des notes.

    Malgré qu’il n’existe pas de traité formel entre l’Espagne et le Honduras, une loi espagnole, celle d’Extradition Passive de 1985, permettait l’envoi de Billy Joyas au Honduras. Le juge compétent à Tegucigalpa devait solliciter, à travers Interpol ou par voie diplomatique, l’extradition. Une fois reçue, les autorités judiciaires espagnoles pouvaient ordonner la détention de Joya. Le juge hondurien aurait 40 jours pour motiver sa demande, qui lorsque approuvée, serait d’immédiate application. Pourtant après une demande du 7 août 1997, sans succès, on constate que le gouvernement du Honduras n’avait pas de volonté d’exécuter cette extradition.

    Asile en Espagne

    Il est entré en Espagne en avril 1996 avec un visa touristique. Il venait de Colombie où il s’était caché après sa fuite du Honduras lorsque a commencé un procès contre lui et d’autres membres de l’escadron de la mort. En octobre 1996, il demanda l’asile politique en Espagne, et le 30 mai 1997 le ministre de l’intérieur espagnol le refusa.
    Le refus de l’asile en Espagne était lié à l’ordre administratif d’expulsion dans les 15 jours. L’avocat de Joya fit appel devant la Chambre des Contentieux, paralysant la mesure. La chambre signala à Joya, le 5 février 1998, que l’ordre d’expulsion était gelé jusqu’à ce qu’il résolve l’affaire de l’asile.
    Joya vivait caché en Espagne depuis avril 1996, à Séville, dans le quartier Los Remedios, dans un des immeubles les plus emblématiques et chers, El Presidente.

    Billy Joya fut accusé en 1994 des délits de torture et de détention illégale, et le 17 octobre 1995 un juge civil de Tegucigalpa dicta un ordre de recherche et capture à son encontre.
    L’avocat espagnol Enrique Santiago, spécialisé dans le droit international humanitaire, a porté plainte, en 1998, à ce sujet au nom d’un des torturés, Milton Jiménez Puerto. La plainte s’est appuyée sur l’article 5.2 de la Convention Internationale Contre la Torture, signée par l’Espagne.
    Joya n’a jamais travaillé en Espagne. Il fut financé et aidé par son beau-frère avec qui il partage une entreprise de sécurité au Honduras. La seule activité connue était celle de catéchiste. Il a aidé les élèves du collège Saint Joseph des Sacrés Cœurs de Séville à comprendre le christianisme.


    Source : Aporrea
    Traduit par Karen Bellemans et révisé par Magali Urbain pour Investig’Action.   
                              


    votre commentaire
  • Après le coup d’Etat du 28 juin au Honduras, Manuel Zelaya, le président destitué, conserve le soutien des pays de l’ALBA, alliance régionale montante. Bernard Duterme explique pourquoi.
     
    Quelle nouveauté l’ALBA représente-t-elle par rapport à d’autres associations régionales en Amérique latine ?

    Bernard Duterme. Cette nouveauté est importante et radicale. LíALBA signifie désormais – depuis son dernier sommet au Venezuela fin juin 2009 – « Alliance Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique ». Cette nouvelle appellation contient déjà en elle-même ses ambitions sociales et géopolitiques, en rupture fondamentale ou, pour le moins, en décalage avec les initiatives déjà existantes (Mercosur, Can, etc.), au profil essentiellement commercial et plus en phase avec les vents dominants de l’économie mondiale et du libre-échange. Hugo Chavez, le président vénézuélien, cofondateur et principal moteur de cette « Alliance » vient de le confirmer : « L’ALBA n’est plus maintenant une alternative, une option ou une proposition théorique, elle est devenue une réalité, une plate-forme politique de pouvoir ». Elle vise un modèle original d’intégration politique, social et économique non subordonné aux Etats-Unis bien sûr, mais qui, au-delà, entend privilégier la coopération entre les peuples et les Etats plutôt que la compétition... C’est sa force et sa faiblesse. Elle est perçue par ses détracteurs ainsi que par certains observateurs sceptiques comme une initiative trop politisée, trop dépendante de la couleur politique des partis (et surtout des personnalités) au pouvoir dans ses pays membres pour pouvoir s’affirmer comme un processus non réversible à la moindre alternance électorale.

    Que représente l’ALBA pour le Honduras ?

    Bernard Duterme. Personne n’est dupe. Pour le Honduras, l’ALBA est d’abord une opportunité économique. Quelque peu lâché sur ce plan par les Etats-Unis et le Fonds monétaire international, le président libéral-conservateur Manuel Zelaya s’est assez vite tourné – à la grande stupeur de l’élite hondurienne qui avait participé à son élection – vers la diplomatie généreuse et volontariste du Venezuela. En montant d’abord dans le train de Petrocaribe (autre initiative du président Chávez qui permet aux pays de la région d’amortir les prix du pétrole), en s’affiliant ensuite à l’ALBA aux côtés de gouvernements à l’identité originelle socialiste nettement plus affirmée, comme Cuba, la Bolivie, le Nicaragua et depuis juin dernier l’Equateur de Rafael Correa. Cela étant, progressivement, Zelaya a aussi donné corps à ce virage à gauche (opportuniste dans un premier temps) sur le plan national, par une série d’initiatives sociales et économiques, visant par exemple à assurer un salaire minimum au Honduras ou à casser le monopole des multinationales pharmaceutiques dans le marché de l’approvisionnement en médicaments...

    Quelles sont les forces sociales en présence au Honduras?

    Bernard Duterme. Fondamentalement, la structure sociale du Honduras reste l’une des plus caricaturales de la région. Le pouvoir et les privilèges de l’oligarchie n’y ont jamais véritablement été remis en question. En cela, le Honduras correspond toujours à son image de « république bananière » et d’« arrière-cour des Etats-Unis ». 70 % de la population vivent sous le seuil de pauvreté ou dans l’extrême pauvreté et plus de 40 % du revenu national proviennent de l’envoi des remesas (argent) des émigrés pour la plupart aux Etats-Unis. Ils y seraient plus d’un million pour une population nationale de moins de huit millions d’habitants. Deux partis traditionnels se partagent l’essentiel du pouvoir politique, mais le poids de l’armée reste déterminant, ainsi que celui des grands médias au service d’un certain conservatisme social et du consumérisme libéral, comme dans pratiquement toute l’Amérique latine. La société civile et les organisations sociales - paysannes notamment - ne sont toutefois pas absentes. Ce sont elles qui ont manifesté et se sont fait réprimer cette première semaine de juillet pour le retour de Zelaya.

    Pourquoi le coup d’Etat au Honduras? Est-il le « maillon faible » de l’ALBA?

    Bernard Duterme. Plus que « la conséquence des procédés illégaux d’un président qui prétend se faire réélire » – version officielle des responsables du coup d’Etat –, ce coup d’Etat est d’abord le fait d’une élite crispée et paniquée qui entend bloquer la progression du « chavisme » en Amérique centrale et au Honduras en particulier. Contrairement à ce qui a été dit et répété, la consultation contestée – et qui a servi de prétexte aux putschistes – n’avait pour objectif que de demander à la population hondurienne si elle acceptait ou non qu’aux prochaines élections générales (présidentielle, législative, locale) de décembre 2009 (auxquelles Zelaya ne pourra de toute façon pas se présenter), un « quatrième bulletin » l’invitant à se prononcer sur la pertinence ou non d’une Assemblée constituante… C’est-à-dire d’une Assemblée qui aurait pour mandat à terme de réformer la Constitution encore très conservatrice du Honduras et hypothétiquement de donner à un ancien président la possibilité de se représenter une deuxième fois.

    Quel est le rôle des Etats-Unis dans le coup d’Etat ?

    Bernard Duterme. Difficile de répondre à ce stade. Une chose est sûre : connaissant le niveau de dépendance de la scène politique hondurienne à l’égard des Etats-Unis et la toujours forte présence militaire de ceux-ci dans le pays, on voit mal comment tout cela aurait pu se passer sans l’aval, l’aide ou la bienveillance de certains secteurs de l’administration étasunienne, qui partagent le même ostracisme à l’égard du « chavisme » et des pouvoirs de gauche latinos. De là à dire que le président Obama a planifié le coup d’Etat, ce serait ridicule. On regrettera toutefois, à ce stade, le ton quelque peu équivoque de sa première « condamnation » du coup d’Etat, par rapport aux mots plus clairs utilisés par l’Organisation des Etats américains et l’Union européenne.  

    Sur qui le peuple hondurien peut-il vraiment compter dans le concert international de condamnation du coup d’Etat? Quel est dans ce contexte le rôle de l’ALBA ?

    Bernard Duterme. Je ne me souviens pas qu’un coup d’Etat en Amérique latine – et il y en a eu ! – ait à ce point fait la quasi unanimité contre lui aussi vite. S’il n’avait été condamné que par l’ALBA en revanche, je n’aurais pas été optimiste sur les chances d’un retour immédiat du président Zelaya à son poste... Mais là, si effectivement tous les acteurs qui ont condamné (OEA, UE, Mercosur, Unasur, SICA, AG de l’ONU et chacun des pays du continent américain…) joignent le geste à la parole, comment les « nouvelles » autorités honduriennes pourraient-elles poursuivre la répression de la contestation interne ?


    Bernard Duterme est directeur du CETRI, Centre Tricontinental (www.cetri.be). Spécialiste des peuples de l’Amérique latine, il a séjourné fin juin 2009 au Venezuela comme membre du jury du Prix Libertador à la Pensée critique.
    Source: Solidaire


    votre commentaire
  • Le coup d'Etat au Honduras est un avertissement qu'il ne faudrait ni ignorer, ni minimiser en l'interprétant comme un fait isolé dans un pays petit et pauvre. Le putsch a eu lieu au Honduras, mais il frappe toute l'Amérique Latine et les Caraïbes: il nous montre que ce passé malheureux n'est pas complètement enterré, et que l'audace que nous avons eu en nous déclarant indépendants et souverains ne nous a pas été pardonnée.


    On ne peut tirer une autre conclusion des évènements honduriens, où le coup d'Etat militaire a été la réponse à la volonté de faire de ce pays une nation plus juste et où les secteurs populaires puissent avoir une voix.
    Nos peuples, avec des démocraties encore imparfaites, injustices et inégalités, ont entamé un processus d'intégration, ils ont conscience de leurs droits et ils les défendent. Ils défendent aussi leurs terres et les richesses qu'elles contiennent. Face à ceux qui veulent leur barrer la route il y a ceux qui les poussent vers l'avant. Il y a des gouvernements qui récupèrent les ressources naturelles et d'autres qui les cèdent.

    Néanmoins, malgré ces différences nous sommes tombés d'accord sur des points essentiels et dans ce contexte, le putsch au Honduras implique un danger généralisé.
    C'est ainsi que l'ont compris l'Amérique Latine et les Caraïbes qui ont réagi de façon immédiate, unitaire et ferme, via tous les organismes d'intégration créés. Ainsi l'ont compris aussi les pays développés d'Europe, qui à travers l'Union Européenne ont exprimé, avec la signature des 27 ministres des affaires étrangères, que le renversement du président Zelaya est une violation inacceptable de l'ordre constitutionnel et ont exigé le retour de la normalité démocratique.


    Des réactions similaires ont eu lieu dans tous les continents, mais il n'est pas inutile de signaler la plus faible d'entre elles: celle des Etats Unis, pays qui est supposé avoir pris aussi le chemin du changement. Le président Obama a affirmé qu'il était très préoccupé à cause des évènements, et que tous les conflits devaient se résoudre pacifiquement par un dialogue sans intromissions étrangères, et demanda à tous les acteurs politiques et sociaux du Honduras de respecter les normes démocratiques et la Charte Démocratique de l'Organisation des Etats Américains.
    Mais avant d'analyser les positions de la nouvelle administration états-unienne il est important de connaître les causes du putsch contre le président hondurien.

    Le péché de Zelaya


    Manuel Zelaya fut le candidat du Parti Libéral qui est un des deux partis politiques traditionnels qui ont se sont relayés au pouvoir pendant les périodes non dictatoriales. Même si ces deux partis peuvent être considérées comme appartenant à la droite politique, le Parti Libéral a revendiqué depuis quelques années une ligne progressiste, et il appartient tout de même à l'internationale Socialiste, de tendance social-démocrate. Zelaya connut dès le début l'opposition des médias qui sont tous, sans exception, de droite. Il fut élu par avec une marge étroite face à son rival du Parti National et fut ratifié comme président après la visite interventionniste d'une envoyée de l'alors président Bush.
    Au gouvernement, la gestion du chef d'Etat s'est orientée vers la recherche d'une plus grande justice sociale, ce qui déclencha une forte opposition de ses adversaires politiques et même de certains responsables de son propre parti. Son plus grand rival fut et continue à être Roberto Micheletti, président du Congrès (Assemblée) qui aujourd'hui, grâce au coup d'Etat, arbore le pouvoir présidentiel. Michelleti est un président frustré: il perdit à chaque fois qu'il voulut être candidat de son parti à la fonction suprême. Il fut battu par Zelaya mais aussi par celui qui a été choisi pour briguer la présidence lors des élections prévues pour le 29 novembre.


    Parmi les différentes mesures mises oeuvre par Zelaya on peut en citer une, basée sur la Loi de Participation Citoyenne, promulguée sous son mandat. Cette loi affirme que les citoyens peuvent demander au président d'appeler à un référendum, dont le résultat a juste une valeur consultative, sur un sujet qu'ils estiment digne d'intérêt. Plus de 400.000 personnes ont sollicité que l'on consulte le peuple à propos de la mise en place d'une Assemblée Constituante. Ce type de référendum, selon la loi, doit être effectué par l'Institut National de Statistiques et n'a d'autre but que de connaître ce que le citoyen lambda pense sur un sujet lambda.
    C'est cela que l'on voulait demander au peuple le jour où le coup d'Etat s'est produit. Et la question était:
    "Etes vous d'accord sur le fait que lors des élections générales de novembre 2008 une quatrième urne soit installée dans le but de demander au peuple s'il souhaite la mise en place d'une Assemblée Constituante?"
    "Oui.... Non".


    La quatrième urne allait s'additionner aux autres trois prévues pour les élections générales: une pour le président de la république, une autre pour les parlementaires et une troisième pour maires et bourgmestres. Le mandat de Zelaya arrive à terme en Janvier, et donc, tout ce qui concerne l'appel à l'Assemblée Constituante aurait dû être traité par son successeur, par conséquent, il n'existait pas l'ombre d'un projet parlant de réélection présidentielle d'une façon ou d'une autre.
    La vraie cause du problème n'a rien à voir avec cela. Le Honduras a une constitution élaborée en 1982, sous le régime dictatorial du général Policarpo Paz Garcîa, et ses 8 premiers articles sont déclarés "immuables": jamais ils ne peuvent être modifiés. Et la raison est très simple: ces articles définissent un type de régime autoritaire et protecteur des intérêts de certains secteurs, lesquels ne sont pas disposés à céder le pouvoir. Celui qui essaiera de modifier la constitution sera considéré comme "traître à la Patrie".


    Voilà l'origine du putsch, mais il a d'autres éléments.
    "Surtout pas de coups d'Etat"
     Revenons sur la réaction initiale du président Obama. A Tegucigalpa, la capitale, des gestions étaient en cours pour trouver une issue au conflit dans les jours qui ont précédé le putsch. Dans ces pourparlers participait le personnel diplomatique des Etats-Unis, dont l'ambassadeur Hugo Llorens fut nommé du temps de Bush. Le diplomate avait fait un voyage à Washington et, pendant son séjour, il fut connu dans les sphères politiques honduriennes que le jeudi de la même semaine, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton avait appelé le personnel de l'ambassade ou un dirigent de l'opposition en disant "surtout pas de coups d'Etat".


    Dans les cercles proches du gouvernement on de parlait que de ça. L'ambassadeur Llorens était connu pour avoir tenu des propos tels que "on ne peut pas violer la Constitution pour en créer une autre, car cela signifierait vivre sous la "loi de la jungle" -conférence de presse du 6 juin. Puis, affirmant que ce qui se ferait en matière constitutionnelle était une affaire entre honduriens, il ajouta "que ce qui doit être fait se fasse dans le cadre de la loi, si on fait ou pas une variante de ce dont on parle, qu'on le fasse dans le cadre de la loi, de la Constitution". Ce qu’il suggérait était clair.


    Si nous n'analysons rien que les faits, la voie suivie par les putschistes fut celle d'accuser le président de violer la loi et la Constitution, puis d’appliquer les dispositions légales et constitutionnelles, tellement promues par Llorens, pour donner le coup d'Etat. S'ils n'avaient pas envoyé les militaires pour capturer et exiler Zelaya, ils auraient même pu donner un semblant de crédibilité à leurs accusations, mais comme dit le proverbe mexicain: la forme c'est le fond. Ce fut un coup d'Etat sans cause justifiée.


    Le président Obama réagit seulement le lundi 29, une fois que toutes les organisations que nous avons citées s'étaient prononcées. Les arguments que l'on lit dans la presse états-unienne ne sont pas acceptables, car en gros ils affirment que le Honduras avait peur que l'on rédige une constitution similaire à la vénézuélienne, ralliant ainsi l'hystérie anti-chaviste, sans avoir compris ce qui est en train de se passer en Amérique Latine. Ils ne font que mettre en évidence leur préoccupation due à la perte de leur hégémonie.


    Concernant l'Amérique Centrale, que les Etats Unis ont toujours considérée comme leur propriété privée, jusqu'au coup d'Etat, l'empire avait perdu le contrôle de cette région. Si c'est ça la manière de le récupérer, toute l'Amérique Latine doit se mettre en alerte. Les changements qui ont lieu dans la région essaient d'ouvrir des voies à la participation populaire comme un élément fondamental d'un système démocratique, et les réformes constitutionnelles sont l'instrument qui ouvre ces voies.
    Après ce trébuchage qui mit en doute les propos tenus par Obama dans ses discours, les Etats Unis ont modifié leur attitude initiale et ont rallié à la dernière heure en tant que "sponsor" la résolution que par unanimité fut approuvée par l’Assemblée Générale des Nations Unies, condamnant le coup d'Etat au Honduras.

    *Frida Modak, journaliste, fut Attachée de Presse du Président Salvador Allende.
    Traduit par Vladimir Altuna pour Investig'Action.
    Source: Agencia Latinoamericana de Información


    votre commentaire
  • Lundi 13 juillet, Manifestation rendez-vous Rue piétonne Croix de Chavaux  (M9), Montreuil, 19h précise.

    A propos de notre expulsion et de la soirée du 8 juillet

    La Clinique occupée  était un lieu d'habitation et d'organisation politique depuis janvier 2009. Elle a été expulsée le 8 juillet à 6h du matin par 200 flics, le RAID et les vigiles. Le quartier de la Croix de Chavaux a été entièrement quadrillée pendant deux heures.

    A 19h, nous nous sommes rassemblés à l'entrée de la rue piétonne autour d'une cantine de rue pour informer de l'expulsion du matin, et affirmer que nous continuerons à occuper la rue quoi qu'il arrive.  Nous avons distribué des tracts et pris la parole. Plusieurs bagnoles de flics nous surveillaient depuis la place. A la fin de la cantine, des feux d'artifice partis de devant la Clinique ont embrasé le ciel. Nous sommes allés devant l'entrée de la Clinique gueuler notre colère, notre rage de voir ce lieu que nous avons fait vivre repris par des flics et des vigiles, avec la destruction comme seul horizon.

    Alors qu'on était juste devant, les flics se sont équipés et ont chargé violemment. Les gens ont commencé à courir pour se protéger. C'est à ce moment là qu'ils ont tiré dans le tas au flashballs à hauteur de tête: cinq personnes ont été touchées : épaule, clavicule et tête. L'une des personnes a perdu un oeil.

    Les flics ont continué à poursuivre les gens jusqu'à la rue piétonne. Plusieurs personnes ont été arrêtées durant la soirée. Trois personnes sont en garde à vue depuis 48h, avec des risques de poursuites pour couvrir le fait qu'il y ait des blessés.

    Les tirs de flashball avaient pour objectif de blesser, au risque de mutiler ou de tuer. Tirer plusieurs coups à bout portant au niveau de la tête n'est pas une erreur. Au moindre trouble, les consignes sont claires : mater. On ne peut pas se dire que la violence de la police lors de cette soirée est une « bavure », elle s'inscrit dans une tension permanente: contrôles d'identités, menaces depuis qu'il y a eu les avis d'expulsion. La police fait son travail : défendre une propriété privée en centre-ville, éviter qu'il y ait du bruit ou de la résistance lors d'une expulsion, faire que rien ne se passe.

    Nous ne voulons pas que la police tire sur des gens en silence. Nous ne voulons pas de police du tout.

    TIR À LA TÊTE : LA PRÉFECTURE S'EXPRIME, LA PRESSE IMPRIME

    « Un jeune homme a perdu son oeil mais pour le moment il n'y a pas de lien établi de manière certaine entre la perte de l'oeil et le tir de flashball » (sic)

    Une fois de plus, c'est la version policière qui sert à nier les brutalités commises par la police elle-même. Il est inadmissible que la presse ne prenne pas en compte la parole des premiers concernés : ceux qui subissent l'ultra-violence policière.

    Ainsi sur le site du Monde, repris par Libération et tiré de l'AFP on peut lire : « Un jeune squatteur perd un oeil après un affrontement avec la police. »

    De quel affrontement parle-t-on ? Voici le témoignage d'un participant à la déambulation de mercredi soir :

    « Les manifestants arrivent devant la Clinique, lieu dont ils ont été expulsés le matin.

    A l'arrivée de la police, les manifestants décident de partir, lançant de vive voix : « on s'casse ! ».

    Des policiers se sont alors précipités sur un participant, le jetant à terre.

    Tandis que quelques uns d'entre nous se retournaient vers le camarade au sol, d'autres policiers, situés à quelques mètres seulement, ont tiré un nombre très important de coups de flashball, immédiatement et sans sommation. Cinq manifestants ont été touchés par ces salves - tous au dessus du torse. Un premier au front, un second à la clavicule, un troisième à l'épaule, un quatrième à la main alors qu'il se protégeait la tête, le dernier en plein visage. Il s'écroule ensanglanté ; des camarades l'aident à se relever, puis il est emmené dans un bar où les pompiers viennent le chercher. Nous avons appris vendredi matin que malgré une opération d'urgence, ce tir lui a coûté l'oeil droit. »

    Trois interpellations ont eu lieu, dans le but habituel de justifier les violences policières. Deux des interpellés ont été relâchés au bout de 45 heures avec une convocation au tribunal le 7 octobre pour destruction d'un distributeur de billets et refus d'empreintes génétique, le 3e est encore en garde à vue. Il sera déféré dans la nuit et passera demain en comparution immédiate à Bobigny. Nous demandons l'abandon des poursuites contre ces personnes (et la libération de celle qui se trouve encore emprisonnée sans raison).

    Nous rappelons que des communiqués ont été envoyés dès jeudi 9 juillet par les expulsés de Montreuil eux-mêmes et la CIP-IDF Chasse à l'opposant : la police vise à la tête un manifestant perd un oeil à Montreuil

    Nous continuons à recueillir les témoignages sur la violence banale de la Police ce 8 juillet au soir à Montreuil. Déjà, récemment, la commission nationale de déontologie de la sécurité a pointé une intervention abusive de la police de Montreuil sur des manifestants le 4 juin 2008 devant le commissariat. rapport 2008

    Jamais nous n'accepterons la répression policière qui pour terroriser les opposants et dissuader toute insoumission, tire et vise ostensiblement la tête. Désarmons la police !

    Message reçu des organisateurs  le 11 juillet 20h

    Place de la Croix de Chavaux,
    A l'entrée de la rue Dreyfus (anciennement Gallieni)
    Montreuil (93)
    Métro Croix-de-Chavaux



    votre commentaire