• MON-WAKA DANS TA GUEULE !

    C’est la plus belle des mains tendues vers la jeunesse… Avec Mon-Waka, site censé s’adresser aux moins de 25 ans, le gouvernement vient de réussir un très joli coup. Soit prouver aux jeunes qu’il les prend pour des abrutis, tout en illustrant l’inepte propagande qu’il entend leur servir à l’avenir. Sois jeune et tais-toi ? Non, sois jeune et viens causer sur Mon-Waka ; c’est pire…

    Mon-waka dans ta gueule !

    mardi 18 mai 2010, par JBB

     

     

    J’ai juste une petite question pour toi, Ami.

     

     

    Un test aussi idiot que rapide, l’affaire de quelques minutes.

    Adonques…

    Est-ce que tu le reconnais ?

    Non ?

    Je suis surpris.

    Voire carrément (un peu) déçu.

    À tel point, même, qu’on va recommencer ce petit test : est-ce que tu le reconnais, derechef ?

    Toujours pas ?

    Tu me désappointes.

    Beaucoup.

    Et je veux croire que c’est parce que tu appartiens à cette minorité de lecteurs d’Article11 ayant depuis longtemps dépassé la date limite de péremption [1] que tu es incapable de reconnaître Marc-Philippe Daubresse, notre glorieux ministre de la Jeunesse.

    (Oui : ça donne vachement envie d’avoir moins de 25 ans…)

    -

    Marc-Philippe Daubresse - aka j’ai-été-jeune-mais-ça-ne-se-voit-plus-du-tout - est donc, depuis quelques semaines, le nouveau chargé de cette jeunesse qui ne doit surtout pas trop se faire entendre.

    Et je te prie de croire que l’homme - qui sait combien l’attend une tâche difficile - ne reste pas inactif.

    Au contraire, même : il se bouge sévère.

    Il remue, en tous sens.

    Et s’active, de partout.

    Le nouveau-venu gouvernemental a ainsi pris la parole, il y a quelques jours, pour dénoncer « la supercherie » des emplois-jeunes proposés par Martine Aubry.

    Pour fustiger « les emplois jeunes légués par le gouvernement Jospin dans l’Education nationale, pour lesquels n’étaient prévus ni dispositifs relais, ni titularisation, ni indemnités de chômage, ni même principe d’indemnisation ! »

    Et pour dénoncer une mesure « qui ne débouche sur rien si ce n’est de la précarité pour la jeunesse ».

    Tu sais quoi ?

    Il a raison.

    -

    Il ne me viendrait pas à l’esprit de défendre les propositions de Martine Aubry [2].

    Mais je ne peux m’empêcher de constater que le site tout juste lancé, à grande renfort de bruit médiatique, par le même Marc-Philippe Daubresse n’est que peu à la hauteur des glorieuses ambitions qu’il affiche quand il critique les emplois jeunes.

    Sur Mon-Waka, récente et si pathétique tentative ministérielle de s’adresser aux moins de 25 ans qu’elle incline surtout à la pitié, site coûteusement [3] lancé sur Skyblog pour faire accroire que le gouvernement se bouge les fesses pour les jeunes, les services du ministre de la Jeunesse évoquent ainsi le travail saisonnier :

    Tu cherches un taf d’appoint ? Pense au travail saisonnier : vendanges, tourisme… Il y a pas mal d’opportunités, tous les ans, à peu près au même moment, selon le rythme des saisons et le calendrier des vacances !

    ​Serveur, animateur, moniteur de ski, cuisinier…il y a plein d’opportunités dans le travail saisonnier. Alors concrètement, comment ça se passe ?

    Du CDD comme s’il en pleuvait…

    Tu t’en serais douté, tu taffes en CDD. Mais comme tout dépend de la durée de la saison, la fin de ton CDD n’est pas forcément fixée. Dans ce cas-là, tu bosses pendant toute la saison et t’as une durée minimale d’emploi assurée. Bref, on s’adapte !

    Du cash !

    A la fin de la saison, il y a des chances que tu récupères un bon petit matelas d’heures sup. Tu peux les transformer en cash plutôt qu’en jours de repos…pour repartir les poches pleines !

    T’en as pas eu assez ? T’en redemandes ? Pas de souci, lis ça :

    Tu veux renouveler ton contrat ?

    Pas de problème mais que si c’est pour occuper un autre emploi saisonnier. Par exemple, t’as pas le droit de conclure un contrat saisonnier pour être serveur dans un resto d’une station de ski pendant les 6 mois d’ouverture hors saison.

    (…)

    T’as déjà fait un travail saisonnier ?

    Comment ça s’est passé ? Lâche ton témoignage !

    Du cash, un bon petit matelas d’heures sup, les poches pleines

    Ben oui : Lâche ton témoignage !

    Comme mesure « qui ne débouche sur rien si ce n’est de la précarité pour la jeunesse », Marc-Philippe Daubresse se pose là…

    -

    Ce bref parallèle, de Daubresse à Aubry, ne vaut que comme introduction.

    Et je te prie de remarquer que le passage sur le travail saisonnier cité ci-dessus n’est que l’une des nombreuses entrée du site.

    Je ne peux donc que t’encourager à arpenter l’endroit, tant découvrir ses coins et recoins devrait t’apprendre beaucoup - mille fois plus que n’importe quel discours ou analyse - sur la façon dont ce gouvernement traite - et entend traiter - les jeunes.

    En clair : comme les derniers des débiles.

    Entre langage censément jeune et ridicule tentative d’instaurer une mensongère proximité, le site Mon-Waka devrait ainsi t’amuser autant que t’instruire.

    Et je ne doute pas que tu finiras par céder aux multiples invitations gouvernementales à te lâcher.

    Ici :

    T’as été victime de racket ?

    Comment t’as réagi ? Lâche ton témoignage !

     :

    La gendarmerie est présente près de ton bahut ?

    Ça te rassure ? Raconte !

    Ou encore ici :

    T’as passé ton permis plaisance ? Raconte !

    T’avais déjà pensé à passer ton permis plaisance avant de lire ça ?

    Non ?

    Tu n’y avais pas songé ?

    Ben alors : qu’est-ce que tu attends ?

    -

    Il s’en trouvera - tu verras - pour moquer cette énième tentative gouvernementale de donner l’impression aux jeunes qu’on prend leurs problèmes à bras-le-corps.

    Pour remarquer qu’il n’est rien de plus révélateur que le langage abêti utilisé pour s’adresser aux moins de 25 ans, comme si ceux-ci devaient forcément apprécier ce mélange d’argot dépassé et de tournures familières, animaux idiots qu’on apprivoise avec quelques mots connivents balancés pour solde de tout compte.

    Et pour protester que cette pathétique tentative de (fausse) complicité advient au moment exact où le gouvernement multiplie les mesures contre cette nouvelle classe dangereuse, qu’il s’agisse de criminaliser ses débordements ou de l’empêcher de se réunir pour descendre quelques bouteilles.

    Ceux-là - sois-en persuadé - ne sont que de mauvais esprits.

    Et je préfère, quant à moi, célébrer l’œuvre grandiose du tout nouveau ministre de la Jeunesse.

    Marc-Philippe Daubresse déchire salement sa race.

    Et si tu le kiffes autant que moi, n’hésite pas : lâche ton témoignage !

    Notes

    [1] Petite pique, pour ceux qui se souviennent de ce billet. On rigole, on s’amuse, toussa-toussa…

     

     

    [2] Celle-là même qui a, voilà dix jours, soulevé un éclat de rire général en osant cette déclaration à propos du PS : « Si nous n’étions pas là, qui lutterait contre les délocalisations, contre la désindustrialisation, la paupérisation généralisée de notre société, la prolétarisation de notre classe moyenne et la disparition programmée de notre agriculture, de notre pêche, et de nos petits commerçants sous les coups de la grande distribution ? » Tant d’aveuglement rend presque sympathique, non ?

    [3] Coût : un million d’euros.


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