• EVO MORALES : 63% À LA HAUSSE. PAS TROP

    Evo Morales : 63% à la hausse. Pas trop « déçu » ? (ou : « un JDD, ca ment énormément »)

    No hay cosa más sin apuro
    que un pueblo haciendo la historia
    No lo seduce la gloria
    Ni se imagina el futuro
    Marcha con paso seguro
    Calculando cada paso
    Y lo que parece atraso
    Suele transformarse pronto
    en cosas que para el tonto
    Son causas de su fracaso

    Alfredo Zitarrosa

    Il n’y a rien de moins pressé
    qu’un peuple faisant l’histoire
    Il n’est pas séduit par la gloire
    Et n’imagine pas le futur
    Il marche d’un pas sûr
    En calculant chaque pas
    Et ce qui semble être un retard
    Bientôt se transformera
    En ce qui pour le bêta
    Sera causes de son échec.

    * * * *

    Dimanche soir on a fêté jusqu’à tard dans la nuit la victoire d’Evo Morales, avec plus de 63% des voix — et encore, il reste à comptabiliser les chiffres des zones rurales, qui lui sont généralement plus favorables.

    Evo Morales est sans doute le Nelson Mandela de l’Amérique Latine. L’arrivée au pouvoir en Bolivie d’un indien, qui se revindique comme tel, qui représente les exclus de 500 ans d’état colonial et qui entreprend des changements profonds dans ce pays, est clairement comparable à la fin de l’apartheid en Afrique du Sud.

    Quoi qu’il arrive, rien ne sera jamais plus comme avant en politique en Bolivie. Les postes de pouvoir ne sont plus réservés aux blancs. La corruption n’est pas un mal inévitable. Changer la constitution pour servir l’intérêt général, c’est possible.

    Ayant commencé sa trajectoire politique en ’97, avec un peu moins de 4% des voix, arrivé en 2002 dans une deuxième position qui ébranle les pouvoirs établis, Evo Morales gagne les élections en 2005 avec une majorité absolue de plus de 54% au premier tour. Entre temps il a fallu des luttes populaires, “la guerre de l’eau” et “la guerre du gaz”, “octobre noir”, lorsqu’en 2003 “Goni” envoie tirer sur la foule, puis, suivant une mode grossière et trop habituelle en ce début de millénaire en Amérique Latine, plutôt que de renoncer, ce président assassin et décrié s’enfuit à l’étranger en hélicoptère.

    Après une période transitoire, dont on retiendra les référendums populaires qui donnent aux dirigeants le mandat clair d’une réforme profonde des institutions et de récupération des ressources naturelles du pays, Evo Morales arrive au pouvoir, porteur d’un immense espoir populaire de changement. Rapidement il entreprend l’organisartion d’une assemblée constituante et met en oeuvre son programme de nationalisations. Rapidement, mais dans le plein respect de l’ordre constitutionnel, en dialoguant avec l’opposition – qui garde une majorité au Sénat et dans les régions –, avec les entrepreneurs boliviens et les entreprises étrangères, avec les mouvements sociaux, avec les instances internationales, avec la presse.

    L’opposition, propriétaire de tous les medias, lui fait une guerre systématique et déloyale. Prévoyante, et alors que le pays clamait un changment complet, elle avait fait passer une “reformette”, transformant les préfets –jusque là représentants de l’état central– en sortes de gouverneurs élus directement. Jouant sur cette opposition historique à un centralisme abusif qu’elle a elle même construit, cela lui donne une majorité des départements, même si tous ceux-ci réunis sont loin d’atteindre la moitié de la population.

    Elle met des exigences sur la loi électorale pour la constituante, puis elle sabote le travail de l’assemblée. Fin 2007, le gouvernement fait aboutir la constitution quelque peu aux forceps, mais sans entrave au processus démocratique. Premier trimestre 2008, la droite régionaliste organise unilatéralement dans plusieurs départements des référendums “autonomistes” (quasi sessessionistes, en fait), qu’elle gagne par absence de l’officialisme. Pour la constitution, son slogan est “majorité = dictature, 2/3 = démocratie”, évocant la forme de vote qu’elle exigeait. Pour les “status autonomiques”, pas de problème à ce qu’ils soient rédigés hors de toute instance élue, et largement méconnus du public.

    On finissait alors par croire à ce que nous assénait constamment la presse : que si une élection avait lieu, Evo Morales n’aurait plus que l’ombre du soutien initial. Pourant, l’opposition refusait obstinément l’idée d’un référendum révocatoire de mi mandat pour le président, le vice président et les préfets élus. Mais quand cette consultation a finalement eu lieu, elle est déjà sans appel : plus de 67% des boliviennes et boliviens ratifient Evo Morales et Alvaro García Linera. Le soir même, Costas, le préfet de Santa Cruz, traite Evo Morales de “dictateur” et de “macaque”.

    Peut être par réflexe de bête blessée, en septembre 2008 l’opposition tente sa dernière cartouche d’un coup d’état violent, appelant à l’insurrection, se vantant à la télévision d’attentats contre un oléoducs et autres infrastructures vitales du pays. Les paysans marchent sur les villes de l’orient riche en pétrole et bétail. Les fonctionnaires publics voient, impuissants, les vandales détruire les infrastructures publiques. Les policiers respectent scrupuleusement l’ordre de ne pas répondre aux provocations et, se faisant eux mêmes frapper et au risque de leur vie, ils ne tirent pas un seul coup de feu.

    Le crime a lieu à Pando, en ce troisième 11 septembre, des milices et paramilitaires liés à la préfecture de ce département isolé dans la jungle tendent une embuscade à une colonne de gens du peuple venant défendre l’état national contre l’insurrection putchiste. Plus de 20 morts sous les balles, plus de 80 disparus, indiens ne sachant pas nager qui n’ont d’autre échapatoire que de se jetter dans un fleuve turbulent et profond au milieu de l’amazonie. Quelques mois après, un rapport d’enquête internationale de l’Unasur et du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU conclut qu’il s’est agi d’une tuerie, d’un crime contre l’humatiné relevant de la justice ordinaire.

    Et voilà qu’aujourd’hui, ayant négocié pas à pas avec une opposition malhonnête et déloyale tout au long d’un chemin de croix démocratique pour aboutir aux premières élections générales de l’État Plurinational de Bolivie, Evo Morales et son équipe sont réélus avec plus de 63% des voix jusqu’en 2015. Une victoire franche, plusieurs départements de la “media luna” rejoignent la majorité d’un gouvernement pluriel et de dialogue. Un gouvernement qui s’acharne à démontrer qu’une autre Bolivie est possible, une Bolivie qui déjà dit haut et fort au monde qu’un autre monde est possible.

    — -

    Ayant participé pendant ces deux dernières années, avec ma petite goutte de labeur et de passion, aux changements qu’entreprend ce pays, je m’en sens très heureux. Et même, avouons-le, un peu fier.

    Dans un pays qui hérite de 500 ans d’état colonial et de bureaucratie importée, organiser et conduire un ouvrage n’est pas chose facile. Des tas de démarches à chaque étape, et chaque démarche est une entrave. Un système construit par deux décennies de neo-libéralisme qui, sous argument "d’efficacité", réduit l’état à son plus simple appareil, le dépouillant de son devoir de servir l’intérêt général mais conservant les fils de marionettiste nécessairs au intérêts des puissants. Pourtant dans sa sagesse, le gouvernement d’Evo Morales a donné consigne de respecter la loi et la règle. On changera cela peu à peu, démocratiquement et légalement.

    Cela peut être exaspérant pour qui attend des changements plus radicaux. C’est surtout injuste pour qui espère simplement l’équité et la justice sociale. Mais la tactique est claire : face à la violence, la paix, face aux fantaisistes accusations de limitations de liberté, patience et respect scrupuleux de la règle, même sous les insultes et le mépris. Quand on y regarde de près, simultannément aux immenses changements entrepris et malgré les innombrables entraves, ce premier mandat d’Evo Morales est sans doute l’une des plus longues périodes de stabilité du pays depuis des siècles.

    Nous sommes ainsi plusieurs, venus spontannément et individuellement soutenir cette révolution démocratique. Venus comme les birgades internationales étaient venues au secours de la république espagnole, menacée par le fachisme de Franco. Et nous la soutenons et l’encourageons encore.

    L’heure n’est pas au “bilan”, l’heure est à l’engagement, sachant simplement que cette fois-ci nous n’avons plus droit à l’erreur. Ce premier mandat, où l’opposition fait tout ce qui est permis (et ce qui ne l’est pas) pour tenter de renverser ou faire échouer un gouvernement populaire, cette phase de processus constitutionnel, ont donné à ce mouvement sa pleine légitimité institutionnelle et un deuxième mandat franc. C’est mainteant qu’il faudra montrer la capacité de construire un appareil d’état juste et efficace, pour mettre en oeuvre les règles et les projets démocratiquement établis.

    * * * *

    Dans tout ceci, alors, comment peut-on parler “d’être décu” ? Pourquoi ce mot incongru à la fin du titre de ces lignes-ci ? Eh bien c’est simple : dans un article du JDD, je me retrouve avec trois autres “expatriés” comme l’un des “décus de Evo Morales”.

    Après avoir pris soin de parler explicitement avec chacun, j’informe ici que ni Victor Roldán, ni Hervé do Alto, ni Louca Lerch, ni moi-même ne nous considérons comme des “décus d’Evo Morales”. C’est à dire qu’AUCUNE des quatre personnes qui sont interviewvées, ne se sentent en quoi que reflétées dans le titre de l’article. 100%, la TOTALITÉ des personnes citées, considrent leur propos trahis par le titre et par le contenu de cet article mensonger du JDD. Un “attentat idéologique”, me disait Víctor scandalisé, le seul des quatre que je ne connaissais pas jusqu’à ce matin, où je l’ai appelé pour lui demander son avis.

    Qu’on le dise et qu’on le répète : AUCUN D’ENTRE NOUS N’EST UN DECU D’EVO MORALES. Et plusieurs, au contraire, nous nous considèrons comme de fervents défenseurs et supporters de cette révolution démocratique. Même si les citations sont exactes, elles sont à un tel point sorties de leur contexte et absolument contraires à l’essence de notre pensée, qu’elles constituent des mensonge éhontés et déloyaux.

    Vous venez de me lire au sujet de la Bolivie. De plus de deux heures d’interview sur le même ton et avec un contenu similaire, Jean-Baptiste et Julie Mouttet, les deux pigistes en vacances (qui ne parlent pas un traître mot d’espagnol, moins encore d’Aymara ou de Quechua) ne retiennent que trois mots : “une bureaucratie crasse”.

    Oui, j’ai probablement dit ces mots. Mais je parlais de la bureaucratie héritée de 500 ans d’état colonial, qui malheureusement sévit encore.

    Les systèmes corrompus sont en fait les plus bureaucratiques. Il y a plétore de règles inutiles et contradictores. En fait, dans un système corrompu, la règle n’a pas de solution viable. La seule manière de résoudre les choses, c’est de sortir de la règle, par la corruption justement. Et une des immenses difficultés de la situation actuelle, c’est que des fontionnaires intègres, révolutionnaires, et souvent peu formés, ont le souci et l’instruction d’appliquer cette même règle. Ce système n’ayant pas de solution, et face une lutte drastique contre la corruption, les choses ne se font pas, ou se font moins. Et c’est bien difficile de faire comprendre et faire valoir qu’aujourd’hui ce qu’il faut appliquer en premier lieu, c’est la nouvelle Constitution, approuvée par plus de 62% du vote populaire.

    Sortir de leur contexte ces trois mots : “une bureaucratie crasse”, c’est de la malhonnêteté pure et simple.

    Comment sommes nous tombés dans ce piège grossier ? Avant le rendez-vous, j’avais demandé : “si c’est pour faire un article qui casse du sucre sur Evo Morales, c’est pas la peine, je refuse l’interview”. “Oh ! Non, pas du tout ! D’ailleurs en géneral on travaille surtout pour Politis”. “On a fait l’école de journalisme”. Et tout un tas d’arguties du même genre pour gagner la confiance.

    Même, une fois la pige publiée, ils essaient de passer pour les gentils naïfs : “Nous avons été aussi étonnés que vous en le lisant puisque notre titre était : "Bolivie : le bilan positif mais désillusionné des expatriés".” Leur texte initial est certes un peu moins grossier, mais à peine. Je ne me sens pas non plus “desillusiónné”, je ne me reconnais aucunement dans ce terme "d’expatrié", et les quelques citations coupées sont tout aussi tendentieuses, décontextualisées et malhonnêtes.

    In fine, la tactique derrière leurs questions insistantes est claire comme de l’eau de roche. Les deux pigistes apprentis de la presse de vendeur d’armes, Jean-Baptiste et Julie Mouttet, avaient en fait une commande de la rédaction du JDD : trouver les “expats” décus (ou “desillusionnés”) de Evo Morales. De préférence quelques gauchos un peu ringard, histoire de continuer de conclure à “la fin de l’histoire”.

    Ils les cherchent, mais ne les trouvent pas. Et l’article est pour ce dimanche. Alors tant pis pour la déontologie —faut bien bouffer—, on découpe quelques mots qui vont bien pour que la pige réponde à la commande. D’ailleurs, ils le disent eux-mêms, en réponse à mes protestations : “Nous ne pensons avoir déformé tes propos, nous les avons seulement sélectionnés en fonction de nos besoins dans l’article.” Édifiant.... Maintenant, la “déontologie”, c’est comme jadis le droit d’auteur (lorsqu’on ne le confondait pas avec les oxymorons de la “propriété intéllectuelle”) : ca porte sur la forme, pas sur le fond.

    Dimanche, dans le “forum” de l’article, je tente de poster une réaction : “Je suis l’un des interviewvés de cet article, qui est un tas de mensonges, et j’exige un droit de réponse, au moins aussi long. La Bolivie effectue actuellement un changement profond, avec une nouvelle constitution, laÏque et plurinationale, plus de justice sociale, etc. Contre insultes, mensonges, tentatives coups d’état, rascisme et violence, elle maintient paix, démocratie, et libertés.”

    Le JDD s’en fout. Même envoyé aux deux pigistes et dans l’espace “abus” du site du torchon, histoire qu’ils puissent vérifier que j’en suis la source, pas de réponse. Un seul commentaire via “3615 Claire” encense l’article : “Très bon article, bien renseigné et bien argumenté, merci”. Mardi suivant, alors l’article n’est plus en homepage, s’ajoute un deuxième commentaire, un peu contestataire histoire de faire polémique, mais toujours ignorant allégrement la malhonnêteté journalistique des procédés. Non content de pervertir la vérité, le JDD a la malhonnêteté de refuser un droit de réponse et le mépris de ne même pas y répondre.

    Il y a quelques mois, un article dans le Diplo soulignait les ravages de l’absence d’investigation dans la presse d’aujourd’hui. Les journalistes sont évalués à l’abondance, à la réguliarité et surtout à “l’audience” de leur production – même s’il ne s’agit que de strip tease de blogeur – et non pas sur leur capacité et le sérieux de leur investigation, pilier du journalisme comme quatrième pouvoir s’il en est. Mais c’est peut être bien moins et bien pire que cela : quelle est la proportion du contenu de la presse qui n’est qu’un mensonge éhonté, construit selon un procédé où la conclusion conforme aux intérêts suprêmes des patrons du journal est posée d’avance, et dans laquelle il s’agit, coûte que coûte, contre tout critère d’étique et d’honnêteté, de trouver les justifications qui serviront ces intérêts ?

    On peut même se demander quel besoin ils ont de payer des pigistes, quel besoin ils ont d’interviewver des vraies personnes, quelle différence il y a à tout simplement tout inventer ? Le risque d’un procès en diffamation ? Non, ne me faites pas rire...

    Peut-être ces justifications sont-elles du même ordre que celles qui conduisaient l’inquisition – et qui conduit encore plus d’un pouvoir fascsite – à chercher coûte que coûte “des aveux”. Même obtenus sous la torture, même construits de toute pièce par des conjonctures de piège plutôt que d’investigation et d’intime conviction de juges impartiaux, des aveux et des preuves restent importants pour les aspirants maîtres du monde qui confondent la vérité et le théâtre de leurs mensonges. Étrange espèce humaine...

    Daniel Viñar Ulriksen
    http://abuelo.belvil.net/Evo-Morales-63-a-la-hausse-Pas


    Evo Morales: 63% y sigue subiendo. ¿No demasiado «decepcionado»?

    O: «las inmensas mentiras de la prensa armamentista»

    Domingo por la noche celebramos hasta horas avanzadas la victoria de Evo Morales, con más del 63% de los votos - y aún queda por contabilizar las cifras de zonas rurales, que en general le son más favorables.

    Evo Morales es sin duda el Nelson Mandela de América Latina. La llegada al poder en Bolivia de un indio, que se reivindica como tal, que representa a los excluidos de 500 años de dominio colonial y que lleva a cabo cambios importantes en este país, es claramente comparable al fin del apartheid en Sudáfrica.

    Pase lo que pase, en política nada volverá a ser como antes en Bolivia. Los cargos de poder ya no están reservados a los blancos. La corrupción no es un mal inevitable. Cambiar la Constitución para servir el interés público, es posible.

    Habiendo comenzado su carrera política en el ’97 con algo menos del 4% de votos, habiendo llegado en 2002 a un segundo lugar que socavaba los poderes establecidos, Evo Morales gana las elecciones en 2005 con una mayoría absoluta de más del 54% en la primera vuelta. Entre tanto, las luchas sociales tuvieron que pagar un alto tributo. La "guerra del agua" y la "guerra del gas". "Octubre Negro", cuando en 2003 "Goni" mandó disparar al pueblo, y que luego, acorde a una moda grosera y demasiado habitual en América Latina en este principio de milenio, en vez de renunciar, este presidente asesino y desaprobado huye al extranjero en helicóptero.

    Luego de un período de transición, del cual se recordarán los referendos populares que dan a los dirigentes un mandato claro de una reforma profunda de las instituciones y la recuperación de los recursos naturales del país, Evo Morales llega al poder, portador de una inmensa expectativa popular de cambio.

    Sin demora, da curso a la organización de una asamblea constituyente y ejecuta su programa de nacionalizaciones. Sin demora, pero en pleno respeto del orden constitucional, dialogando con la oposición —que conserva una mayoría en el Senado y en las regiones— con los empresarios de Bolivia y las empresas extranjeras, con los movimientos sociales, con los organismos internacionales, con la prensa.

    La oposición, dueña de todos los medios de comunicación, le hace una guerra sistemática e injusta. Precavida, y mientras que el país se exigía los cambios radicales mencionados, se había aprobado una "reformita": la transformación de los prefectos —hasta entonces representantes del Gobierno central— en especies de gobernadores directamente electos. Jugando de esta oposición histórica a un centralismo abusivo que ella misma había construido, esto le da la mayoría de los departamentos, aunque todos estos juntos estén lejos de totalizar la mitad de la población.

    Pone exigencias para la ley electoral de la Constituyente, y luego sabotea el trabajo de la Asamblea. A finales de 2007, el Gobierno concluye la aprobación de la Constitución un poco a las apuradas, pero sin injerencia en el proceso democrático. Primer trimestre de 2008, la derecha regionalista organiza en varios departamentos, de manera unilateral, referendos de "autonomía" (casi secesionistas, en realidad), y los gana en la ausencia del oficialismo. Para la constitución, su lema es “mayoría = dictadura , 2/3 = democracia”, que evoca la forma de votos que exige. Para los "estatutos autonómicos", no hay problema en que sean elaborados fuera de cualquier instancia electa, ni que la inmensa mayoría desconozca por completo su contenido.

    Terminábamos por creer lo que nos repetía incansablemente la prensa: que si se llevara a cabo una elección, Evo Morales apenas tendría la sombra del apoyo inicial. Sin embargo, la oposición rechazaba obstinadamente a la idea de un referendo revocatorio de medio mandato para el presidente, el vicepresidente y los prefectos electos. No obstante, cuando finalmente pudo celebrarse esta consulta, el resultado fue clarísimo: más del 67% de las bolivianas y los bolivianos ratifican a Evo Morales y Alvaro García Linera. Esa misma noche, Costas, prefecto de Santa Cruz, trata a Evo Morales de "dictador" y de "macaco".

    Tal vez por reflejo de bestia herida, en septiembre de 2008 la oposición intenta su último cartucho de un golpe de estado violento, llamando a la insurgencia, jactándose en televisión de ataques contra un oleoducto y otras infraestructuras vitales para el país. Los campesinos marchaban hacia las ciudades de un Oriente rico en petróleo y ganado. Los funcionarios públicos ven impotentes la degradación del bien común por los vándalos. La policía respeta estrictamente la orden de no responder a las provocaciones. Reciben golpes y arriesgan su vida, sin disparar un solo tiro.

    El crimen tuvo lugar en Pando, en este tercero 11 de septiembre, paramilitares y milicias vinculadas a la prefectura de este departamento aislado en la selva, le tienden una emboscada a una columna de personas del pueblo que acuden en defensa del Estado nacional contra la insurrección golpista. Más de 20 muertos bajo las balas, más de 80 desaparecidos, indígenas y campesinos que no saben nadar y que no tienen otra escapatoria que tirarse a un río turbulento y profundo en el medio de la Amazonía. Pocos meses más tarde, un informe de investigación internacional de Unasur y del Alto Comisariado de Derechos del Hombre de la ONU concluye que los actos fueron una masacre, un crimen contra la humanidad que releva de la justicia ordinaria.

    Y he aquí que hoy, tras haber negociado con una oposición deshonesta y desleal, paso a paso en un via crucis democrático hasta las primeras elecciones generales del Estado Plurinaconal de Bolivia, Evo Morales y su equipo son reelectos hasta el 2015 con más del 63% de los votos.

    Una victoria abrumadora, varios departamentos de la "media luna" se unen a la mayoría de un gobierno pluralista y de diálogo. Un gobierno que se empecina en demostrar que otra Bolivia es posible, una Bolivia que ya le dice alto y claro al mundo que otro mundo es posible.


    Habiendo participado en los dos últimos años, con mi gotita de labor y de pasión, a los cambios que emprende este país, me siento muy feliz. E incluso, confesémoslo, bastante orgulloso.

    En un país que hereda 500 años de estado colonial y de burocracias importadas, organizar y dirigir cualquier obra no es nada fácil. Miles de trámites a cada paso, y cada trámite es un obstáculo. Un sistema construido por dos lustros de neo-liberalismo que, bajo argumento de "eficacia" reduce el estado a su más simple expresión, despojándolo de su deber de servir el interés público, pero manteniendo los hilos de titiritero que sirven los intereses de los poderosos. Sin embargo, en su sabiduría, el gobierno de Evo Morales da orden y consigna de cumplir la ley y la regla. Cambiaremos todo eso poco a poco, legal y democráticamente.

    Esto puede ser frustrante para quien espera cambios más radicales. Es sobretodo injusto para quien simplemente busca algo de equidad y justicia social. Pero la táctica es clara: frente a la violencia, la paz, contra las falsas acusaciones de limitación de la libertad, la paciencia y el respeto escrupuloso de la norma, incluso frente al insulto y al desprecio.

    Cuando se lo mira de cerca, simultáneamente a los inmensos cambios realizados y a pesar de innumerables obstáculos y trampas, el primer mandato de Evo Morales es probablemente uno de los períodos más largos de estabilidad en el país desde hace siglos.

    Somos varios en haber venido así individual y espontáneamente a apoyar esta revolución democrática. Al igual que las brigadas internacionales habían ido a apoyar a la República de España amenazada por el fascismo de Franco. Y aún apoyamos y alentamos este cambio.

    No es la hora de un "balance", es la hora del compromiso, sólo sabiendo que esta vez no tenemos derecho al error. Este primer mandato, durante el cual la oposición hace todo lo permitido (y lo no permitido) para intentar derrocar o hacer fracasar a este gobierno popular, esta fase de proceso constitucional, dio a este movimiento su plena legitimidad institucional y un franco segundo mandato. Es ahora que debemos demostrar la capacidad de construir un aparato de estado justo y eficiente, para aplicar las leyes y los proyectos democráticamente establecidos.

    ***

    En todo esto, entonces ¿cómo podemos hablar de "decepción"? ¿Por qué la palabra incongruente al final del título de estas líneas? Bueno, es simple: en un artículo en el Journal du Dimanche (en francés), con otros tres "extranjeros" me encontré presentado como uno de "los decepcionados de Evo Morales".

    Luego de haber cuidadosamente hablado con cada uno de ellos, procedo a informar aquí que ni Víctor Roldán, ni Hervé do Alto, ni Louca Lerch, ni yo mismo nos consideramos como "decepcionados de Evo Morales". Es decir que ninguna de las cuatro personas que entrevistadas en este artículo, se siente reflejada en el título que le ponen. El 100%, TODAS las personas mencionadas, sienten sus propósitos traicionados tanto por el título como por el contenido de este mentiroso artículo del JDD.

    Un "atentado ideológico", me decía hoy Víctor, el único de los cuatro que no conocía hasta el día de hoy, en que lo llamé para preguntarle qué posición tomaba frente a esto.

    Que se lo diga y se lo repita: NINGUNO DE NOSOTROS ES UN DECEPCIONADO DE EVO MORALES. Varios, por lo contrario, nos consideramos firmes partidarios y actores de esta revolución democrática. Aunque las citas entre comillas sean exactas, estando a tal grado fuera de contexto y siendo tan absolutamente contraria a la esencia de nuestro pensamiento, constituyen mentiras descaradas e injustas.

    Me acaban de leer hasta aquí acerca de Bolivia. De más de dos horas de entrevista en el mismo tono y con contenido similar, Jean-Baptiste y Julie Mouttet, los dos free lance de vacaciones (que no hablan una palabra de español, y menos aún de aymara o de quechua) rescatan sólo tres palabras: "una porquería de burocracia".

    Sí, probablemente haya dicho esas palabras. Pero estaba hablando de la burocracias heredada de 500 años de estado colonial, que lamentablemente aún prevalece.

    Los sistemas corruptos son en realidad los más burocráticos. Tienen un exceso de normas innecesarias y contradictorias. De hecho, en un sistema corrupto, "la regla" no tiene solución viable. La única manera de resolver las cosas es la de violar la regla, mediante la corrupción, precisamente. Y una de las inmensas dificultades de la situación actual es que funcionarios honestos, revolucionarios, y a menudo mal formados, tienen el cuidado y la instrucción de aplicar esta misma regla. Al no tener solución el sistema, y frente a una lucha radical contra la corrupción, las cosas no se hacen o se hacen mucho menos. Y es bien difícil hacer entender y valer que hoy la regla que se aplica ante todo es la nueva Constitución, aprobada por más del 62% del voto popular.

    Sacar de su contexto estas tres palabras: "una burocracia de porquería", es pura y simplemente una falta de honradez.

    ¿Cómo pudimos caer en esa trampa grosera? Antes de la entrevista, les pedí: "si es para hacer un artículo que critique a Evo Morales y al proceso de cambio, rechazo la entrevista. “ "¡Oh, no! ¡En absoluto! De hecho, en general, trabajamos principalmente para Politis [1]." "Somos diplomados de la escuela de periodismo". Y un montón de sutilezas similares para ganar la confianza.

    Incluso, una vez publicada la entrevista, los dos free lance tratan de quedar como dos buenones ingenuos: «Nos sorprendió tanto como a Uds. el leer la nota. Nuestro título era: “Bolivia: el balance positivo pero desilusionado de los expatriados”.» Por cierto, su texto original era un poco menos grosero, pero apenas. No me considero "desilusionado", tampoco me reconozco en ese término de "expatriado", y las pocas citas que fueron cortadas son igual de tendenciosas, descontextualizadas y deshonestas.

    En última instancia, la táctica detrás de sus insistentes preguntas es tan clara como el cristal. Los dos free lance aprendices de la prensa de vendedores de armas, Jean-Baptiste y Julie Mouttet, en realidad tenían un pedido muy explícito de la redacción de su pasquín: encontrar a los "expatriados" decepcionados (o sino "desilusionados") de Evo Morales. Preferiblemente algunos izquierdosos pasados de moda, cosa de seguir concluyendo el "fin de la historia".

    Los buscan, pero no los encuentran. Encuentran sólo todo lo contrario. Y el artículo es para este domingo. Entonces al diablo la ética, — hay que morfar— se recortan algunas palabras que permiten que el artículo responda al pedido. Incluso lo reconocen ellos mismos, en respuesta a mis protestas: "No pensamos haber deformado tus propósitos, sólo los seleccionamos de acuerdo a nuestras necesidades en el artículo." Impresionante... Ahora, la "deontología" es como fuera alguna vez que el derecho de autor (cuando no se confundía con los oxímoron de la "propiedad intelectual"): tiene que ver con la forma, no con el fondo...

    El domingo en el "Foro" del artículo, intento publicar una respuesta: “Yo soy uno de los entrevistados en este artículo, que es una sarta de mentiras, y exijo un derecho a réplica, al menos igual de largo. Bolivia realiza actualmente cambios profundos, con una nueva constitución, secular laica y plurinacional, mayor justicia social, etc. Contra insultos, mentiras, intentos de golpe, racismo y violencia, Bolivia mantiene la paz, la democracia y las libertades.

    Al JDD le importa un carajo. Incluso enviado a los dos free lance y al espacio "abusos" del sitio del pasquín derechista para que puedan verificar que soy la fuente, no hay respuesta. Un sólo comentario de "3615 Claire" que alaba el artículo: "Muy bueno el artículo, bien documentado y bien argumentado, gracias."

    El martes siguiente, cuando el tema ya no está en la página principal, se añade un segundo comentario, algo controversial cosa de hacer polémica, pero que aún alegremente ignora la deshonestidad periodística de los procedimientos utilizados. No contento de pervertir la verdad, el JDD tiene la deshonestidad de rechazar un derecho de réplica y el desprecio ni siquiera de responder.

    Hace unos meses, un artículo en el Diplo analizaba los estragos de la falta de investigación en la prensa de hoy. A los periodistas se los evalúa por la abundancia, la regularidad y sobre todo por el "rating" de su producción —aunque sólo sea strip tease de blogger— y no por su capacidad y la seriedad de su investigación, pilar esencial del periodismo como cuarto poder. Pero puede que sea mucho menos y mucho peor que eso: ¿qué proporción de los contenidos de la prensa es simplemente una mentira, fabricada mediante un proceso donde la conclusión, conforme al interés supremo de los patrones de la publicación está planteada de antemano, y donde se trata a toda costa, en contra de cualquier criterio de ética y de honestidad, de encontrar las justificaciones que sirvan esos intereses?

    Incluso podemos preguntarnos ¿qué necesidad tienen de pagar a los free lance? ¿qué necesidad de entrevistar personas reales? ¿qué diferencia habría con simplemente inventarlo todo? ¿El riesgo de una demanda por difamación? No, no me hagan reír ...

    Tal vez estas razones sean de la misma estirpe que la que llevaba a la Inquisición —y aún lleva a más de un poder fascista— a buscar a toda costa "confesiones". Incluso logradas bajo la tortura, incluso totalmente inventadas mediante conjeturas de trampa más que de investigación y íntima convicción de jueces imparciales, las confesiones y las pruebas son importantes para los pretendientes a dueños del mundo que suelen confundir la verdad con el teatro de sus mentiras. Extraña especie humana...


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