• Collectif Respect : la fausse-barbe de Hortefeux et Besson dans les centres de rétention

    Un proverbe romain, utilisé par les Habsbourg dit "divida et impera", diviser pour mieux règner. Il illustre bien la décision rendue par Besson suite à l’appel d’offres concernant l’assistance des étrangers placés dans les camps de rétention.

     

    Petit retour en arrière : depuis l’instauration de ces camps en 1984, c’était la Cimade [1]qui portait assistance aux retenus dans toute la France, tentant tant bien que mal de s’adapter aux durcissements de la politique migratoire de la France. Celle-ci connait un changement de paradigme en 2003 avec l’instauration de quotas de gens à expulser.

     

    Arrive la création de ce qui est appelé par la gauche politique et associative le «  ministère de la honte » associant immigration et identité nationale, confié à un proche du nouveau Président, Brice Hortefeux. La Cimade alerte la société civile et, semble-t-il, agace les autorités. Hortefeux décide alors de lancer un appel d’offres, comme pour un marché public classique, pour agréer les associations présentes dans les camps. Il découpe la France en huit zones, chacune confiée à une organisation qui sera tenue au silence, ce qui donne dans le novlangue sarkozyste «  neutralité et confidentialité ».

     

    Un remaniement ministériel voit la promotion du ministre des rafles et des expulsions aux affaires sociales. Eric Besson, membre du parti qui avait ouvert les premiers camps en 1984 ayant rejoint l’UMP, lui succède et poursuit l’oeuvre de son prédécesseur. Il doit notamment se prononcer prochainement sur les tests ADN.


    Il vient de rendre publique la liste des associations habilitées. Six d’entre elles ont été choisies pour les huit lots. Trois pour la Cimade : le Sud-Ouest, le Sud-Est et le Mesnil-Amelot. Forum réfugiés pour la région lyonnaise, France terre d’asile les camps de Palaiseau, Plaisir, Coquelles et Rouen-Oissel ; l’Ordre de Malte ceux de Lille, Metz et Geispolheim ; l’Assfam ceux de Bobigny et Paris ; et le Collectif respect celui de l’Outre-mer.

     

    Toutes ces associations ont pignon sur rue, sauf une : le collectif Respect, qui officiera donc à Mayotte. Ce collectif est inconnu de la plupart des acteurs concernés. En 2008 le collectif a reçu du ministère dirigé alors par Brice Hortefeux une subvention de 28 700 euros. L’association était alors présidée par Frédéric Bard, qui était dans le même temps chargé de mission au… ministère de l’Immigration et dans la même section de l’UMP que P. Stéfanini, secrétaire général de ce ministère. [2]

     

    En faisant quelques recherches sur Internet, on trouve cette pétition lien adressée à « tous les afiricains (sic) d’Afrique et de la diaspora et à tous les français d’origine étrangère » (ce qui représente quelques centaines de millions de personnes) et qui proclame son soutien à ce collectif et son témoignage de l’action en faveur des étrangers. Il y a en tout et pour tout ... trois signataires en deux mois ! Le titre de ce texte est : « Soutien massif au collectif Respect ». 

     

    Soutien aussi massif que sa légitimité à intervenir dans les camps ? Son rôle sera-t-il le même que celui de la Cimade pour informer les étrangers sur leurs droits et les aider dans des démarches juridiques de plus en plus kafkaïennes ou simplement de leur donner un dépliant rédigé dans un sabir incompréhensible, y compris par des gens parlant un français parfait ?

     

    Cette coquille vide n’est pas sans rappeler le Comité national des français juifs, créé en 1986 par un juif pied-noir membre du FN et dissous par une décision du tribunal de grande instance de Paris en 1999. Tout ceci pourrait passer pour un canular ou juste une bonne blague si ça ne remettait pas en cause quelques principes humanistes fondamentaux ... Comme l’a déclaré Eva Joly a propos des durcissements successifs de la politique migratoire de la France depuis 1974 : « Il arrive un moment où le dispositif ne peut plus être durci sans trahir ce que nous sommes. » Et là c’est Sarkozy lui-même qui porte un sérieux coup à l’identité nationale de la France, « pays des droits de l’Homme ».

    Gachet, hns-info

    Notes

    [1] La Coordination Inter Mouvements Auprès Des Evacués a été créée en 1939, pour aider les Alsaciens et Lorrains évacués vers le sud de la France lors du début de la seconde guerre mondiale.

    [2] http://combatsdroitshomme.blog.lemo...


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