A observer les réactions très prudentes des occidentaux, après le soulèvement populaire en Egypte, une conclusion s’impose. La démocratie, les droits des peuples ne sont que des facteurs parmi d’autres dans la tête des dirigeants occidentaux. Seuls les gens naïfs pensent que pour faire de la politique en occident, il faut être attaché à des valeurs humanistes universelles.
Finalement, la grande leçon à tirer de la révolution égyptienne, c'est le manque d'ambition et l'incompétence de la diplomatie occidentale ces trente dernières années. Une politique qui le plus souvent se résumait à préserver par tous les moyens, l’accord signé en 1979 entre Israël et l’Egypte et ses conséquences en matière de domination de l'occident sur une partie de l'orient.
1979, c’était il y a 32 ans. Un accord de paix avait été arraché par Israël et les Etats-Unis à Anouar El Saddate, le prédécesseur de Moubarak, assassiné un peu plus tard.
Depuis, et c’est limpide aujourd’hui, tout avait été construit sur le plan des relations internationales pour que cet accord ne soit jamais remis en cause. La paix avec la Jordanie à l’Est, la paix avec l’Egypte à l’Ouest, ainsi Israël se voyait conforté dans ses projets d’expansion de son territoire par deux de ses voisins. Une paix qui se résumait à un blanc-seing donné à Israël. On est en paix donc on ne bougera pas!
L’occident aurait donc fait de la sécurité absolue d’Israël et de sa volonté d’expansion, le pivot de ses relations avec le Proche-Orient. Et la sécurité d’Israël impliquait le contrôle de l’Egypte… Pourquoi ?
Trois raisons peuvent être retenues :
Le contrôle du canal de Suez
Une tête de pont occidentale et forte sur le plan militaire et nucléaire qui permet de se projeter en Orient, de « tenir » les régimes arabes et leurs ressources pétrolières.
La satisfaction du désir d’un peuple très important qui constitue l’occident, notamment dans ses élites ; peuple qui fut martyrisé par une partie des occidentaux. Cela fait d’ailleurs dire à certains : En 1914-1918, l’Europe a failli se suicider et à peine remise en 1939-45, elle s’est mutilée d’une partie d’elle-même en exterminant les juifs.
On pourrait aller jusqu'à dire qu'à partir du moment où l'Egypte et le canal de Suez étaient sous contrôle occidental, à partir du moment où la péninsule arabique et son pétrole étaient sous contrôle occidental alors plus rien ne pouvait empêcher Israël de mener sa funeste politique vis-à-vis des palestiniens. Juste quelques garde-fous moraux pour conforter les opinions publiques. La promesse de négociation n'étant qu'une carotte bien commode pour entretenir l'espoir, c'est à dire une chimère.
Tout cela explique parfaitement l’attitude des occidentaux face aux soulèvements populaires qui ont lieu dans les pays arabes.
Les pays occidentaux sont quasiment sur la même ligne qu’Israël. Les Etats-Unis et l’Europe font dans le pathos démocratique juste pour leur opinion publique mais, en réalité, ils craignent de tout perdre, Israël compris.
Ils ont peur non pas d’un régime islamique dur qui instaurerait la charia mais de tout régime qui remettrait en cause le contrôle du canal de Suez et l’accord de coopération avec Israël suivant l’idée simple que ce qui affaiblit Israël, affaiblit l’occident et que ce qui affaiblit le transport maritime, affaiblit le commerce international et donc les économies occidentales.
Imaginons une seconde qu’un nouveau régime en Egypte s’assure une manne financière plus importante au niveau du canal de Suez. Imaginons une seconde que l’Egypte décide de faire pression sur Israël pour que celui-ci renonce à ses colonies…
Les Egyptiens - et nous avec eux- , découvrent toute l’imposture de ce général-président pas plus humain que le chef de la junte birmane finalement, placé au pouvoir pour garantir le passage pour pas cher, des cargos, pétroliers et autres porte-conteneurs dans le canal de Suez et pour coopérer avec Israël afin de spolier les palestiniens.
Si la révolution réussit et qu’un régime démocratique authentique et indépendant atteint le pouvoir, les égyptiens vont se poser les questions qui fâchent.
Avec le canal de Suez par lequel transite un quart du commerce mondial, avec des dizaines de millions de touristes par an comment ce pays peut-il rester aussi pauvre et ne pas profiter d’un essor économique qui lui a fait défaut jusqu’ici ?
Pourquoi les occidentaux qui se prétendent nos amis, nous ont laissé sous le joug d'oppresseurs et leur fournissait de quoi nous réprimer, nous emprisonner, nous torturer?
La vérité anéantit les menteurs qui la dissimulaient, blesse les innocents qui l'ignoraient et brise les comparses qui se taisaient.