C’était il y a cinq ans, à un mois près. Un ministre de l’intérieur proposait de nettoyer au karcher la cité des 4000 à La Courneuve.
Le ministre avait l’air très décidé et paraissait plein d’autorité. Cela lui permit de devenir Président de la République. Comme ministre et comme Président, il prit d’ailleurs de nombreuses décisions, fit voter environ 25 lois afin que la sécurité revienne et que les délinquants soient mis hors d’état de nuire.
Tout y passa : la prostitution, la délinquance des mineurs, les bandes, la récidive, les fichiers, les empreintes ADN, les contrôles d’identité, les gardes à vue, les enquêtes fiscales sur les biens des délinquants et même les rassemblements dans les halls d’immeubles.
On apprit ainsi que près d’un million de personnes par an se retrouvaient en garde à vue, que les prisons avaient vu leurs effectifs de prisonniers doubler.
Et puis aujourd’hui, là où tout avait commencé, à La Cité des 4000 de La Courneuve, un règlement de compte entre trafiquants dégénère en assassinat. Un mort en pleine rue. La veille, à deux cents mètres, des coups de revolver avaient été échangés et une femme avait reçu une balle perdue à la jambe.
Cinq ans de restriction des libertés pour ça !
Cinq ans de flicage intensif pour ce résultat !
Le karcher, c’est sur nos libertés qu’il a été passé. Les trafiquants continuent, ils se sont adaptés. Aujourd’hui, face à des policiers armés de flingues, de taser, de flash-ball, face à des policiers qui mettent en garde à vue pour un oui ou pour un non, qui visent le visage avec leur flash-ball, qui contrôlent au faciès, n'importe quel individu flippe. Un simple individu a plus peur de la police que des délinquants.
La vérité est simple à comprendre pourtant. Dans la société d’aujourd’hui, dans certains coins chauds ou en passe de l’être, « chacun » voit en « l’autre » un délinquant. Tout est fait pour ça: les JT, les débats, les séries policières. Un contrôle, une garde à vue pour « l’autre » et « chacun » est rassuré jusqu’à ce qu’un autre apparaisse.. Vous êtes l'autre de chacun et chacun est l'autre, question de circonstance. Compris?
Et si on pense que la chasse dans les cités au jeune basané qui se défonce au shit et hurle des grossièretés peut tenir lieu de politique de sécurité, on se met le doigt dans le cul jusqu’au coude.
Le sarkozysme n’est pas plus efficace dans la lutte contre la délinquance au fond.
Les premiers délinquants de France sont ceux qui ont créé les conditions de la délinquance.
Les dirigeants politiques et leurs amis.