(nécrologie anticipée, sait-on jamais).
Né en 1937 en Algérie Jean-Pierre Elkabbach fut d’abord journaliste à Oran, Alger et Constantine puis à l’ORTF. En mai 1968 croyant que la Révolution triomphait, il fit grève et fut brièvement placardisé. Puis, on le vit partout : sur la une, sur la deux, sur la trois, sur France Inter, Europe 1, etc.
Il fut également président de la chaîne Public Sénat, conseiller spécial pour la stratégie des médias du groupe de Jean-Luc Lagardère, président de Lagardère Media et administrateur de Lagardère Active Broadcast. A ces moments perdus, cet homme infatigable écrivait. On lui doit, signé avec son épouse Nicole Avril, un ouvrage intitulé « Taisez-vous Elkabbach », phrase attribuée à Georges Marchais qui ne l’a jamais prononcée. En 1996, il sera victime d’une vaine polémique sur les contrats exorbitants qu’il avait offerts à certains animateurs-producteurs, comme Jean-Luc Delarue.
Il résistera également avec le flegme d’un grand professionnel à une contestation partisane et mesquine au sein de sa rédaction, d’Europe 1, pour avoir demandé conseil à Nicolas Sarkozy sur le choix d’un journaliste politique à embaucher.
Ses détracteurs accusaient Jean-Pierre Elkabbach d’être trop proche du pouvoir, mais pas le moindre élément probant ne vient étayer leur thèse. Journaliste exemplaire qui sut se tenir à l’écart des puissances économiques et politiques, il commit dans sa vie une seule erreur qui interdit peut-être toute comparaison entre lui et Albert Londres : en avril 2008, il laissa un animateur d’Europe 1 annoncer par erreur la mort de Pascal Sevran. Cette tache énorme dans un parcours sans faute au service exclusif de l’information, de la vérité et de l’objectivité lui valut une cruelle « mise en demeure » du CSA.
Par bonheur, il fut en quelque sorte lavé de cette trop sévère sanction par l’attribution du grade d’officier de la Légion d’honneur. Travailleur infatigable, érudit, élégant avec son écharpe dont les caricaturistes outranciers disaient qu’elle était assez longue pour lui permettre de « cirer les pompes de ses invités », il portait ses charges professionnelles multiples et écrasantes comme un sacerdoce sacré, rien n’étant à ses yeux plus important que l’information libre et indépendante sans laquelle il n’y a pas de démocratie.
Il va nous manquer. Le Paysage Audiovisuel Français (PAF) perd un exemple et un père.
Et tous les empafés perdent un frère.
Théophraste . Ici
PS. Le 1er avril, notez bien.