107ème suicide ou mort suspecte connu(e) en détention en 2010
Le nombre de suicides ou de morts suspectes en prison ne diminue pas.
Un suicide ou mort suspecte tous les trois jours en prison,
10 fois plus qu’en milieu libre.
DETAIL PAR PRISON POUR 2010
C.D. Chateaudun C.D. Eysses 02/07 - Suicide de Halan Florisse, 19 ans, par pendaison 05/12 - Suicide de M.De Grande, âge inconnu 18/11 - suicide d'un homme de 46 ans par pendaison 20/09 - Suicide d’un homme de 34 ans par pendaison. 22/09 - suicide d'un homme de 55 ans 02/10 - Mort suspecte de Ala Jaouad, 28 ans
22/08 - Mort suspecte d’un homme d’une trentaine d’années, à l’hôpital de Roanne après avoir été retrouvé inconscient dans sa cellule C.D. Saint Mihiel 22/11 - Mort suspecte d'un homme (âge inconnu)
21/08 - Suicide par pendaison d’un homme, de 48 ans, en détention provisoire 28/06 - Suicide par pendaison d'un homme de 29 ans, après 3 tentatives de suicide.
en détention provisoire, par pendaison 28/07 - suicide par pendaison de mohammed Allag, 62 ans. Écroué pour non respect du port de la ceinture de sécurité qu'l ne pouvait utiliser pour raison médicale. 20/10 - Mort d’un homme de 23 ans à la suite d’une tentative de suicide par pendaison. Le détenu souffrait de dépression au moment de son suicide et venait de quitter l’unité de soins psychiatriques pour une cellule d’isolement 20/09 - suicide d'un homme de 34 ans par pendaison 02/10 - Suicide d’un homme de 28 ans par pendaison, à 7 mois de prison ferme pour violences et dégradations 17/12 - Suicide d'un homme de 45,par pendaison, le lendemain de son incarceration
31/07 - Suicide d'un homme de 36 ans par le feu, après une 1ère tentative de suicide. 04/09 - Suicide d’un homme( de nationalité espagnole) de 65 ans par pendaison, il était en grève de la faim depuis le mois de juin.
M.A. COULAINES(OUVERTE DEPUIS JANVIER 2010 18/07 - Suicide par pendaison d'un homme de 28 ans |
M.A. Compiègne 01/04 - Suicide d’un homme de 44 ans par pendaison, en détention provisoire M.A. Digne
25/12 - Suicide d’un homme de 37 ans en permission 15/11 - Suicide d'un homme de 32 ans par pendaison 07/10 - suicide d'un homme de 35 ans, au quartier disciplinaire, par pendaison
23/03 - Suicide d’un homme de 27 ans par pendaison, en détention provisoire, ayant annoncé sa volonté de se suicider 16/04 - suicide d'un homme,âge inconnu, Suicide d’une femme par pendaison, âge inconnu 24/08 - Suicide par pendaison d’un homme de 20 ans, en détention provisoire 27/08 - Suicide par pendaison d’un homme de 67 ans devant faire l’objet d’un suivi psychiatrique, en détention provisoire 17/03 - Suicide par pendaison d’un homme de 42 ans 25/07 - Suicide d'un homme de 25 ans par intoxiction médicamenteuse au SMPR.
25/06 - Suicide d’une femme de 50 ans par pendaison 10/10 - suicide d'un mineur de 17 ans par pendaison. Son avocate avait demandé son hospitalisation. 30/04 - Décès d’un inconnu M.A. Strasbourg 17/12 - Suicide d'un mineur 20/04 - Mort suspect d’Eugène Dubois, 25 ans, par absorption médicamenteuse 20/07 - Suicide par pendaison d’un homme de 39 ans condamné à 6 mois fermes et souffrant de troubles psychiatriques 08/12 - Suicide d’un homme de 25 ans, Suicide de M. Barthélémy, âge inconnu, première quinzaine d’octobre 27/09 - Suicide d’un homme, âge inconnu 15/06 - Mort suspecte par intoxication médicamenteuse d’un hômme inconnu, âge inconnu 21/06 - Suicide d’un homme, âge inconnu, au quartier d’isolement, durant le mois de juin
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Rappel historique
L’association Ban Public a créé le 13 avril 2002 un observatoire des suicides et des morts suspectes en prison1. Cette action était motivée par la détérioration grave des conditions de détention2.
Le nombre de suicides et morts suspectes en prison a quintuplé en cinquante ans.
En 2002, et pour la première fois, l’Administration Pénitentiaire a été condamnée pour faute lourde après le suicide d’une personne incarcérée4.
Nous rappelons que l’Administration Pénitentiaire est garante de l’intégrité des personnes incarcérées5.
Nombre de suicides en 2009 selon l’Administration Pénitentiaire : 122
Le 18 janvier 2010, Mme Michèle Alliot-Marie, Garde des Sceaux, a tenu une « Conférence de presse politique pénitentiaire6 » au cours de laquelle elle a rendu public un nombre officiel de 122 suicides en 2009 ayant eu lieu sous écrou contre 115 en 2008.
Le 18 août 2009, à l’occasion de la remise de l’étude commandée le 7 août 2009 à la Direction de l’Administration Pénitentiaire7, Mme Michèle Alliot-Marie a « affirmé sa volonté de transparence sur le sujet » des suicides en prison.
Pourtant, aucun communiqué de presse officiel n’est venu informer l’opinion publique de la réalité des décès en prison depuis cette date.
L’omerta continue sur la réalité des chiffres quant aux conditions et lieux réels des décès.
Nous rappelons à Mme Michèle Alliot-Marie, Garde des Sceaux, la définition du terme « transparence » :
Qualité d’une institution qui informe complètement sur son fonctionnement, ses pratiques.8
Nombre de suicides et morts suspectes connus en 2009 selon Ban Public : 139
Nous rappelons que ce nombre ne représente que les suicides et morts suspectes connus. Il doit donc être envisagé comme un minimum.
108 suicides connus et attestés (en détention)
24 morts suspectes9
7 suicides attestés (hors détention, selon l’Administration Pénitentiaire)
Voir en annexe la liste détaillée des suicides et morts suspectes connus en 2009
Sur le nombre de suicides et de morts suspectes, Ban Public exige :
La vérification de ces chiffres par une commission indépendante
Une information complète sur les :
Nombre de suicides sous écrou
Nombre de morts suspectes
Nombre de suicides de surveillant(e)s10
Lieux et circonstances des décès
Une information complète sur toutes les tentatives de suicides
La publication systématique des enquêtes « sur les causes de la mort »
La publication officielle de ces chiffres avec les statistiques mensuelles11
L’étude de ces différentes données doit permettre d’analyser les dysfonctionnements du système pénitentiaire et tendre à les éradiquer en ciblant les établissements à risque.
Une telle analyse permettra de proposer un modèle solide de prévention en s’appuyant sur les expériences positives des établissements réussissant à ne pas entrer dans une spirale infernale de déni de souffrances et de décès.
Sur la prévention du suicide, Ban Public exige :
La pérennisation et la généralisation immédiate des mesures expérimentales redonnant de l’humanité et de la dignité, afin de porter assistance à toutes les personnes en danger en prison. Il n’y a pas de temps à perdre en expériences supplémentaires, coûteuses et redondantes avec celles qui ont déjà fait leurs preuves.
La globalisation et l’amplification des mesures prenant en compte la politique pénale, les aménagements de peines, la réintégration, l’ouverture à la société civile afin de redonner un sens à la vie.
La sanctuarisation des liens familiaux garantissant à tous de recevoir amour, repères, ancrage dans la vie et perspectives d’avenir12.
L’instauration en urgence d’un statut officiel de parrainage de prisonnier permettant de pallier toute impossibilité familiale.
Nous exigeons que les familles et proches soient informés et respectés, accompagnés et protégés tant pendant l’incarcération d’un(e) proche que lorsqu’un décès intervient.
Nous exigeons que les mesures d’accompagnement juridique, psychologique ou matériel soient prises en charge par le Ministère de la Justice.
Les propositions de Ban Public
L’ensemble des propositions de Ban Public concernant le suicide en prison peuvent être consultées à l’adresse suivante : http://prison.eu.org/article11608.html
En conclusion
Nous rappelons à Mme la Garde des Sceaux que la transparence ne se décrète pas et que l’humilité est de rigueur dans la lutte contre les suicides et morts suspectes en prison : 10 suicides au 20 janvier 2010, soit déjà une augmentation par rapport à la moyenne mensuelle du 31 août au 31 décembre dont elle se félicitait. C’est sur le long terme que les résultats devront être jugés.
L’absence de communication autour de ces drames, imposée sous prétexte que cette dernière inciterait au passage à l’acte, les effets d’annonces de la mise en place de mesures poudre aux yeux, n’ont en rien amoindri le nombre de morts, et ont au contraire ajouté encore plus de désespérance alors que la déshumanisation perdure.
Le silence, l’indifférence, le mépris, l’abandon, le déni de la souffrance vécue, l’absence chronique d’une réponse humaine adaptée et basée sur la réalité des prisonniers et de leurs proches, et surtout, l’absence d’une volonté politique permettant de repenser et de changer concrètement et durablement les choses afin de ramener de l’espoir et offrir des perspectives d’avenir, tout cela tue. Et tuera encore.