OBAMA, président des États-Unis, vient d’expliquer, dans son discours de réception du Prix Nobel de la Paix, jusqu’à quel point les guerres sont parfois nécessaires pour que la paix arrive à tous les peuples du monde. Il a pris à son compte ce que les Empereurs romains avaient comme consigne : « SI VIS PACEM PARA BELLUM ».
Le problème c’est que la paix dont il est question est rarement définie et que ceux qui s’en font les promoteurs la ramène très souvent à leur propre paix, peu importe le prix qu’il faille faire payer aux autres humains de la planète terre. Les Empereurs romains avaient un langage plus clair et moins ambigu : la paix reposait sur l’asservissement des autres peuples à leur autorité. Toute rébellion était immédiatement réprimée par une guerre qui ramenait la paix, leur paix.
À y regarder de plus près, le panorama du monde projette une situation dans laquelle le sens de la guerre et de la paix n’a guère changé de la part de ceux qui le dominent. BUSH parlait carrément de la grande confrontation entre le BIEN et le MAL, les forces du BIEN étant évidemment celles les États-Unis d’Amérique et de leurs alliés, alors que les forces du MAL, étant tous les autres qui ne partagent pas leur vision des choses.
OBAMA, dans ses discours de campagne électorale et dans ceux de ses premiers mois de présidence, laissait entendre qu’il fallait sortir de ce schéma plutôt simpliste et repenser les relations des peuples et des nations sur la base du respect, de l’entendement et d’objectifs fondés sur la justice, la dignité et la recherche d’une paix durable pour tous. Cette approche qui lui avait gagné le respect et l’estime, non seulement de ses compatriotes, mais aussi du monde entier, s’évapore complètement lorsque vient le temps de prendre des décisions. Ici, dans nos médias, on parle beaucoup du Moyen Orient, de l’Afghanistan, du Pakistan, de l’Iraq, de l’Iran mais très peu de l’Amérique latine, pourtant si près de nous.
L’Amérique latine avait de grands espoirs dans celui dont les discours reconnaissaient le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, qui croyait dans les vertus d’un dialogue respectueux et sincère, savait reconnaître la transcendance de certaines valeurs comme celle de l’égalité entre les personnes, de la justice entre les nations et les peuples, de la vérité dans les communications. De quoi ouvrir la voie à un dialogue fructueux entre les peuples du sud et celui du nord. Une occasion unique, également, de mettre fin à plus de 50 ans d’injustice à l’endroit de Cuba, toujours soumis à un blocus économique et politique, qui va à l’encontre du droit international et condamné par la très grande majorité (185 sur 192) des pays de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Cet OBAMA, attendu par le Continent latino-américain, ne s’est jamais présenté au rendez-vous de l’Histoire dans le cadre des décisions assumées par son Administration. La CIA et le PENTAGONE ont poursuivi leurs actions d’infiltration et de guerres. La quatrième flotte, véritable armée flottante, fait sentir sa présence dans tous les recoins du Continent. L’oligarchie du Honduras a pu procéder à un coup d’État militaire sous le regard bienveillant de Washington et la complicité à peine voilée de la CIA et de la base militaire que les États-Unis ont dans le pays. Au même moment où se produisait ce coup d’État militaire, OBAMA finalisait, avec le Président de la Colombie, une entente sur la présence de sept bases militaires USA dans ce pays frontalier avec le VENEZUELA et l’ÉQUATEUR. Cette incursion militaire au cœur des Amériques n’est pas sans inquiéter fortement les pays de la région. Une longue histoire d’interventionnisme de cette Puissance a laissé des souvenirs de souffrances, de morts, de tortures, d’emprisonnements de régimes militaires sans morale ni scrupules. Le Plan Condor n’est pas encore si loin dans la mémoire de ces peuples, Plan qui visait l’élimination physique de tous les opposants.
Quant à Cuba, rien de fondamental n’a changé. Le Blocus est toujours aussi criminel, les cinq cubains condamnés injustement par la Cour de justice de Miami sont toujours en prison, les programmes de désinformation et d’infiltration sont toujours aussi intenses. Les mains tendues par les autorités cubaines pour discuter de tous les différends n’ont jamais été accueillies.
Le budget, destiné aux activités de la CIA, pour l’année qui vient, est de 72 milliards $. Ce n’est pas une erreur, il s’agit bien de « milliards $ ». Ce n’est certainement pas pour mettre en évidence la transparence dans les communications, le respect dans les échanges, la bonne foi des interlocuteurs, le désir de résoudre pacifiquement les différents dans le respect des droits de chacun.
S’il faut avoir un PRIX NOBEL POUR LA GUERRE qu’on en fasse un, en précisant toutefois la PAIX au service de laquelle elle sera justifiée.
Oscar Fortin
Québec, le 10 décembre 2009
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